Pour un carême global et durable

Le temps présent est au carême. Nous y sommes entrés depuis quelques jours, traditionnellement, mais sans doute depuis bien plus longtemps déjà, métaphoriquement, car l’on commence à entendre de plus en plus dans les chaumières le doux refrain de la « décroissance » nécessaire.

J’ai lu récemment un article de journal intitulé « Le carême, antidote au réchauffement climatique », qui m’a donné envie de renchérir. Je suis d’accord avec l’auteur pour dire que le carême traditionnel de 40 jours a  besoin d’être étendu, au delà des timides restrictions purement alimentaires, vers toutes nos addictions de consommation à l’occidentale, sûrement bien plus redoutables : il s’agit d’encourager un « jeûne carbone » avec réduction des émissions de CO2, un jeûne technologique avec régulièrement une journée entière sans téléphone, sans télévision, sans ordinateur, sans ipod, etc – tout cela afin de protéger notre pauvre planète, réchauffement climatique en tête, mais aussi pour protéger nos âmes tombées en grande dépendance technologique.
Mais si l’on veut des résultats, il faut oser aller bien plus loin vers un carême global et durable.  Un carême global ne serait plus limité à une poignée de chrétiens, mais s’adresserait à tous les citoyens, c’est à dire à toutes les personnes conscientes de l’urgence de réduire leur train de vie et de changer leurs habitudes, afin d’éviter la catastrophe générée par une société de « production – consommation – destruction ». De même, il ne s’agirait plus d’un carême limité à cette courte période de temps de 40 jours, mais d’un carême durable, d’un carême prolongé, comme une sorte de nouvel art de vivre au long cours, capable de sauver notre planète et nous-mêmes, en tant qu’espèce humaine.
Pour ne prendre que le seul carême alimentaire, là encore, nous pouvons aller beaucoup plus loin que le timide traditionnel « vendredi -sans-viande ».  Au sujet de cette consommation de viande, les études scientifiques s’accordent à dire que si nous tenons à notre santé et à la santé de la planète, nous devons réduire celle-ci de manière drastique. L’élevage serait en effet responsable de 18% des gaz à effet de serre, 40% des céréales cultivées dans le monde sont destinées à alimenter le bétail, 70% des terres autrefois boisées de l’Amérique du Sud sont consacrées à l’élevage. Pour satisfaire la consommation de viande d’un français, 652 m2 de soja sont nécessaires, généralement en Amérique latine. Par ailleurs, avec les besoins des pays émergeants toujours plus importants, la consommation de viande devrait doubler d’ici 2050, posant de manière encore plus inquiétante la question des terres réquisitionnées pour cet élevage pléthorique, ne laissant plus de place aux cultures vivrières. Les vaches seront partout grasses et plantureuses, tandis qu’aux alentours, pour la majorité des hommes, s’étendraient famine et grande pauvreté. Il faudrait aussi parler du scandale des algues vertes en Bretagne dues aux porcheries industrielles, au danger des pandémies comme celle de la vache folle ou de la grippe porcine induites par des animaux fragilisés par l’exploitation industrielle.
Au niveau de la santé de notre organisme, ce n’est pas mieux, la consommation exagérée de viande est pointée du doigt par les études médicales – et cela malgré la désinformation des lobbies de la viande toujours très puissants.  Sa trop grande richesse nutritive, ses graisses trop lourdes à assimiler, ses traces de vaccins et d’antibiotiques ingérés à haute dose, seraient un facteurs important de l’augmentation des maladies cardio-vasculaires, du diabète, de l’obésité et de certains cancers.
Bref, il s’agirait de réduire, le plus vite possible, notre consommation de viande, non plus seulement en se soumettant à une prescription religieuse aux motifs anciens un peu fumeux, fondés sur la restriction, le renoncement, le pouvoir de la frustration, mais éclairé par des informations sanitaires et écologiques claires, que toute conscience citoyenne est capable de comprendre et de mettre en pratique. 
Alors, il est vraiment venu le temps du carême, de ce carême global, d’abord écologique et sanitaire, tourné en priorité vers nos habitudes alimentaires, capable de nous conduire progressivement vers de nouvelles manières de vivre, où les valeurs de simplicité, de frugalité seront honorées et consenties en toute conscience. Cela fera l’objet d’une prochaine page.

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Une réponse à “Pour un carême global et durable”

  1. zephir dit :

    Bonjour,

    J’aime bien votre blog. Je suis catholique.
    Je suis végétarienne.
    Je voudrais savoir si je peux reprendre certaines de vos phrases clées pour les diffuser largeemnt dans un tract à destination des paroissiens de ma paroisse. ,??? et leur proposer également sur ce tract d’aller voir votre blog ??? Merci pour vos engagements en faveur d’un monde plus juste et durable.