« Connectez-vous à la terre »

Après les envolées dans le Vide de Tchang-Tseu
et les transparences du Ciel et de la Mer,
il est temps de revenir sur terre,
et d’harmoniser les contraires…

« Connectez-vous à la terre »
C’est le titre d’un livre paru,  il y a déjà quelques temps,
aux éditions Trédaniel,
un livre qui interpelle au bon sens du terme, car « la connexion à la terre » est un chapitre important de la psychothérapie intégrative.
Dommage que le titre soit gâché par un sous-titre un peu exagéré :
«  Peut-être la découverte la plus importante sur la santé !« .
Il s’agit d’ailleurs un défaut du livre, comme s’il découvrait pour la première fois un principe de santé vieux comme le monde, et qu’il le présentait comme une panacée capable de guérir tous les maux, avec une caution scientifique méritant sûrement plus de rigueur et de nuance.
Mais une fois ces critiques posées, le livre est très intéressant, car il a le mérite d’actualiser un sujet primordial et de nous y faire réfléchir.

La découverte de Clinton Ober

Cet ouvrage est écrit en grande partie par Clinton Ober, à l’origine technicien et vendeur américain de télévision par câble ;
il est assisté par Stephen T. Sinatra, un médecin cardiologue, intéressé par l’électromédecine et toutes les thérapies alternatives aux maladies cardiaques ; celui-ci vient apporter une sorte de caution médicale à ses découvertes.
C’est donc un livre écrit avec une approche très pragmatique et expérimentale, se voulant scientifique dans le champ de la physique électrique et électromagnétique.
Je ne ferai ni commentaire, ni jugement sur ce champ qu’il ne m’est pas possible d’évaluer.
Par contre, ce qui m’a semblé d’abord intéressant, c’est l’histoire personnelle de Clinton Ober, et comment il a été amené à faire cette découverte de la connexion à la terre, comme principe de santé fondamental.
Epuisé par son travail de chef d’entreprise en installation TV, sa santé de plus en plus défaillante, Clinton Ober décide un jour de tout quitter, maison, famille et possessions, pour s’en aller à l’aventure sur les routes,
avec un camping-car, dans l’intention de trouver sa mission sur terre.
L’équipée dure cinq ans ;
un jour, attablé à la terrasse d’un café d’une ville californienne,
commençant à désespérer de trouver cette mission,
il regarde les gens passer devant lui sur le trottoir et il lui vient tout à coup une idée fondatrice qui va déclencher toute cette histoire
– idée qui illustre très bien le principe de la « bissociation » chère à Arthur Koestler  pour comprendre le mécanisme de création intégrative.
Il s’agit de la fusion intuitive entre deux idées appartenant à des mondes différents, créant tout à coup une idée nouvelle, qui intègre les deux précédentes dans une vision créatrice.
En l’occurrence Clinton Ober, d’un côté observe la démarche problématique de ces gens qui défilent devant lui sur le trottoir, munis de chaussures aux épaisses semelles de caoutchouc ou de plastique,
et de l’autre côté, il se souvient de son ancien métier de poseur de TV par câble, où pour supprimer les interférences et les parasites se formant sur l’écran, il suffisait de connecter le poste de télévision à la terre, en le branchant à une prise de terre.
Il lui vient alors l’idée créatrice, fondatrice de tout son travail à venir :
l’aspect maladif de ces gens ne provient-il pas de leur absence de connexion à la terre, comme s’ils étaient traversés de parasites semblables à ceux des postes de télévision non branchés à la prise de terre ?
Alors, pour vérifier son hypothèse, il commence d’abord une série d’expériences sur lui-même, s’efforçant de marcher le plus souvent pieds nus dans l’herbe, et, pendant le sommeil, en connectant le matelas de son lit par un fil relié à un piquet planté dehors dans la terre.
Au bout de quelques jours, les troubles du sommeil dont il souffrait, disparaissent comme par enchantement, ainsi que toutes ses douleurs chroniques.
Sa mission est désormais trouvée,
il lui sent pousser des ailes pour tester sa découverte sur des personnes de plus en plus nombreuses, souffrants de pathologies les plus diverses ;
pour cela, il invente des patch à électrodes, des surmatelas et des tapis de sol connectés à la terre, faisant de multiples conférences, et regroupant autour de lui de plus en plus de monde, dont des médecins comme Steven Sinatra, avec qui il échafaude sa théorie de la terre comme l’anti-inflammatoire originel, capable de venir à bout de tous les maux de notre civilisation actuelle.

Déconnexion totale

Le constat de départ est en effet assez effrayant : notre déconnexion à la terre est totale, c’est devenu notre lot commun, prisonniers que nous sommes des grandes mégapoles ; c’est vraiment étonnant d’avoir attendu si longtemps, pour qu’un livre en dénonce de cette manière la dangerosité et les méfaits sur la santé.
Cette déconnexion de la terre a des racines à mon sens très anciennes, elle plonge à l’origine de la culture occidentale, jusqu’aux religions monothéistes des déserts du moyen-orient. Celles-ci, en particulier le christianisme, véhiculent d’abord une culture de combat et de défiance face à la terre et son corollaire la nature. Dans la bible, l’homme soumis à une terre ingrate et aride, est chargé par Dieu de l’aménager, de la gérer au mieux, afin de la faire fructifier par l’effort collectif et volontariste du travail. Pour cela, il a fallu éradiquer les multiples paganismes, le plus souvent issus de la forêt et synonymes d’une nature plus généreuse et bienveillante, qu’il s’agissait d’abord de célébrer dans une amoureuse et festive connexion.
Le matérialisme scientifique issu du 16e siècle, va renchérir sur cette vision négative de la religion dans sa relation à la terre ; cette dernière devient une matière abstraite, rationnelle, rentable, que l’on va modeler et artificialiser au maximum tout en s’en détachant de plus en plus.
Cette vision technoscientifique aboutit à cette monstruosité des mégapoles actuelles, où s’entassent les foules humaines, évoluant fébrilement sur une épaisse couche de béton, de bitume et d’asphalte, sur des sous-sols troués de caves, de carrières et d’égoûts, tandis qu’aux alentours, la terre des campagnes est dévastée par les remembrements, la déforestation, les traitements à base d’engrais chimiques et de pesticides : la déconnexion à la terre est totale, avec, comme le livre en fait l’hypothèse, une tension générale que l’on appelle le stress, et qui serait comme une inflammation collective, contagieuse, faute d’être reliée à la terre, le plus efficace des anti-inflammatoires.

La culture orientale et le qi gong

Ce discours n’est pas complétement nouveau, même si les symptômes de la déconnexion vont s’aggravant.
La culture orientale à travers deux de ses pratiques les plus connues, le yoga et le qi gong, semble avoir compris toute l’importance de la connexion à la terre.
Tout vient de l’Inde et du yoga : les multiples postures debout, allongées ou assises font référence à cette connexion ;
même la méditation insiste sur l’assise, c’est à dire la manière dont le périnée, le coccyx et le bassin sont posés sur le sol dans leur connexion énergétique à la terre.

Mais c’est en Chine avec le qi gong que cette connexion devient la plus insistante et la plus spectaculaire.
C’est Bodhidharma, selon la légende, qui aurait inventé les fondamentaux du  qi gong, vers le 5e siècle après J.C.
Beaucoup d’histoires circulent à son sujet, car c’est un personnage haut en couleur et hors du commun :
il serait venu d’Inde à pied, sur les injonctions de son maître à une époque où le bouddhisme périclitait,
il fait une entrée très remarquée à la cour de l’empereur de Chine,
en portant ostensiblement une chaussure sur sa tête.
Cette chaussure a donné lieu à de multiples interprétations, en particulier sur son caractère anticonformiste et rebelle, mais la meilleure explication n’est-elle pas sa volonté d’attirer l’attention sur la nécessité de marcher pied nu bien connecté à la terre ?
En tout cas la légende raconte que Bodhidharma écoeuré par le pragmatisme des chinois qui ne comprennent rien à l’art de la méditation bouddhiste, se retire neuf ans dans la montagne pour méditer seul dans une grotte, face à un mur, dos tourné au monde extérieur.
C’est pendant cette longue retraite méditative, qu’il a la vision des postures de base du qi gong.
Il ne lui reste plus qu’à partager sa découverte :
dans la montagne, près de sa grotte, se trouve le monastère de Schao Ling ;
Bodhidharma frappe à sa porte pour enseigner aux moines sa technique.
C’est un très grand succès, le qi gong devient la discipline de base des moines, qui le complètent ensuite par de multiples autres techniques que nous connaissons tous actuellement, car elles se sont répandues comme traînée de poudre dans nos environnements délétères (Taï chi, Kung fu, …).

La posture de l’enracinement vertical.

La première posture du qi gong, la plus importante, telle qu’elle m’a été enseignée, est la posture de l’enracinement vertical à la terre.
Elle consiste à rester debout, immobile, le plus longtemps possible, les pieds parallèles, bien posés au sol, écartés de la largeur des épaules, avec l’appui principal sur le talon, cet os épais et stable (calcaneum), ressemblant à une sorte de plate-forme idéale, capable de recevoir la plus grande partie du poids corporel, tandis que la plante des pieds est délicatement posée au sol – le qi gong parle alors d’une respiration primordiale par les pieds « la racine du souffle se situe dans les talons« .
Autrefois, tant que cette posture n’était pas maîtrisée complétement, – et cela pouvait durer très longtemps -, on n’enseignait pas les suivantes, comme si la connexion à la terre, était le préalable à toute autre pratique.
Cela peut se comprendre, car l’enracinement est un trésor de ressources essentielles.
Dans une première phase, il y a d’abord un relâchement, un lâcher-prise, un vidage, comme si on laissait les tensions physiques, émotionnelles et mentales, descendre vers le bas, pour être progressivemant absorbées par la terre,
avec cet étrange ressenti intérieur, que ce sont des énergies lourdes qui glissent  le long du corps et à l’intérieur, pour traverser les jambes puis la voûte plantaire, et être comme aspirées par la terre.
Cela est accentué par l’intention mentale de se vider de ces énergies négatives, et les visualisations diverses, comme par exemple celle d’une fumée de couleur grise  – car c’est une loi de l’énergétique que l’intention et la visualisation en décuple les effets.
La tradition taoïste aime décrire ce processus de lâcher-prise par cette image : « enlever tous les petits cailloux de la rivière pour permettre à l’eau de chanter joyeusement ».
Il faut prendre le temps de ce lâcher-prise :  les énergies négatives, émotionnelles et mentales mettent du temps pour se détacher du corps. Quelquefois on peut accélérer le processus par des tremblements de tout le corps ou par des bruits d’expectoration de la bouche.
Cette phase fait penser aussi à ce que Clinton Ober appelle l’écoulement vers la terre d’un excès d’ions positifs accumulés sous forme d’électricité statique et qui perturbent le fonctionnement cellulaire.
Quand on commence à ressentir un mieux-être, une sorte de soulagement, s’engage alors la deuxième phase de l’enracinement. Il s’agit de favoriser par un geste très simple, en écartant les coudes des deux côtés du corps sur l’inspiration, l’intention de faire monter une énergie nouvelle, provenant de la terre. Celle-ci est accentuée par la visualisation de la couleur rouge- brun qui monte depuis la plante des pieds, le long des jambes, pour venir remplir la cavité abdominale ou le bassin, une zone considérée en Chine comme le centre de l’énergie – certains la nomment l’Océan d’énergie. On la compare aussi au feu d’une forge, dont le soufflet entrenant la combustion, serait le diaphragme.
Il s’agit d‘une sorte de revitalisation intérieure, de recharge énergétique puissante sur le souffle, à laquelle sans doute le livre de Cinton Ober fait allusion, en parlant des électrons libres négatifs de la terre, qui viennent neutraliser les radicaux libres chargés positivement par le processus inflammatoire.

Unir la terre et le ciel

Encore une fois, merci à ce livre d’avoir tourné notre attention sur un chapitre  fondamental de la thérapie intégrative, et cela en droite ligne avec la médecine chinoise, dont le qi gong en est un pilier fondamental.
Mais la connexion à la terre suffit-elle ?
Le livre ne s’intéresse pas à cette question, mais le qi gong, lui est très clair :
l’enracinement à la terre n’est que le premier chapitre d’une longue série de postures consacrées à l’épanouissement complet de l’être humain.
Un proverbe chinois résume bien cette vision holistique :
« Plus les racines sont profondes, plus l’arbre grandit ».
Aussi, le qi gong va s’employer à faire grandir l’arbre humain, une fois que ses racines sont bien posées.
Il s’agit de mettre en place progressivement la verticalité, l’axe central, montant du coccyx à la fontanelle, afin de faire monter l’énergie de la terre et recevoir les énergies du ciel.
Alors commence une lumineuse intégration du ciel et de la terre,
dont le point de rencontre se situe au niveau du coeur,
dans ce centre énergétique essentiel, dont la fonction, l’Amour, est aussi en Occident un leitmotiv important, là où il est attendu qu’un jour l’être humain puisse s’installer durablement.
On pourrait dire aussi que la connexion à la terre soigne nos maux physiques et émotionnels, tandis que la connexion au ciel soigne l’Esprit – il n’est pas surprenant qu’en Occident on en fasse l’impasse…
Qui osera écrire le livre « Connectez-vous à la terre et au ciel, la découverte essentielle pour une santé globale ! »

Article à paraître dans le magazine Santé Intégrative n°36 Novembre / Décembre 2013

 

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6 réponses à “« Connectez-vous à la terre »”

  1. Maarten dit :

    Merci Alain…

    Pour complémenter un peu ce texte et approfondir le lien avec la psychothérapie: ceux qui se connaissent un peu dans le monde des thérapies psychocorporelles savent probablement qu’un des des étudiants le plus importants de Wilhelm Reich, Alexander Lowen, a développé de son côté l’importance de l’enracinement et développé des exercices importantes pour développer cette capacité, si important dans l’autonomie et la capacité de « supporter les défis » et « se soutenir », de trouver et oser aller son propre chemin unique.
    Le lien avec la phase (« pré-oedipienne ») de la séparation et individuation selon Margareth Mahler s’impose, élabore plus par d’autres enseignants dans ce mouvement qui a actualisé beaucoup les décourvertes si importantes de Wilhelm Reich.
    Le lien avec « la Mère » (la Mère Terre comme archétype) , et la mère biographique s’impose également.
    Lowen lui-même a plus mis l’accent sur
    1) le lien avec la sexualité (et donc les problèmes dits oedipiens); car on ne peut pas avoir un bassin bloqué et être bien enraciné)
    2) L’importance de résoudre sa peur de tomber – aussi métaphore pour oser s’abandonner, lâcher sa contrôle, surtout quand on s’ouvre à la jouissance dans la relation amoureuse et sexuelle – et … « tomber amoureux ».
    Ce que Lowen a un peu moins accentué mais qui me semble primordial, c’est que cette peur est très liée à la sécurité (ou manque de sécurité) que le bébé ressent dans les bras de sa mère…

    Tout cela souligne aussi que le développement de l’enracinement implique bien plus que de faire quelques exercices simples… Cela nous incite à faire face à des carences et peurs très archaïques…

    Et pour finir: ce que peu de personnes savent, c’est que c’est le collaborateur de Lowen, John Pierrakos, qui a été à la base de ce changement essentiel qui démarque la différence entre l’approche de Lowen (et donc Pierrakos) et Wilhelm Reich: là où les patients de Reich restaient sur le divan – ou plutôt matelas, pour mieux permettre l’expression d’émotions très intenses que Reich pouvait provoquer), chez Lowen les patients faisaient une partie importante de leur travail debout. Et c’est vrai, cela change beaucoup…
    Pierrakos était voyant: il voyait combien, plus la difficulté de faire descendre l’énergie dans la terre, plus les difficultés de ses patients étaient importantes.

    Tout ce qui est lié à l’enracinement est vraiment passionnant et important…
    Si tu oses l’aventure, Alain, je t’enverras une copie d’un article (hélas largement en anglais, seulement la première partie est traduite en français), avec comme titre: « La Terreur de l’Enracinement et la Nuit Obscure de l’Âme).
    Comme tu connais plus qu’un peu tes mystiques, tu sais que « la nuit obscure » est, dans la mystique Chrétienne, une phase clé vers une vraie spiritualité, vers une vraie maturité dans sa relation avec le divin…

    Ah, tant de choses à dire à ce sujet…

    Bonne dimanche à tous et toutes,
    Maarten

    • Merci Maarten, pour ce précieux message qui approfondit ce que j’ai appelé un chapitre important, voire essentiel de la psychothérapie intégrative.

      Merci de nous rappeler l’importance de la psychothérapie humaniste des années 60, avec en particulier les enseignements de la bioénergie par les disciples et continuateurs de Wilhem Reich – en l’occurrence Lowen et Pierrakos. La psychothérapie actuelle avec ses protocoles aseptisés émotionnellement tente d’effacer de notre mémoire, ces pionniers courageux et souvent dérangeants pour l’ordre actuel, lisse et dans l’acceptation parfois mièvre…

      Merci de souligner que la posture debout de l’enracinement a été introduite par Lowen et que cela a changé beaucoup de chose par rapport aux catharsis émotionnelles de Reich qui se pratiquaient allongées, avec à mon sens un danger d’hystérisation ou d’inflammation émotionnelle plus dommageable que thérapeutique – même chose pour le rebirth. En effet, l’évacuation émotionnelle dans la posture allongée, se fait principalement par le haut du corps, en particulier par la bouche, le thorax, les bras, ce qui à mon sens peut être parfois dangereux, en renforçant l’inflammation.

      Au contraire l’évacuation du trop plein émotionnel vers le sol, vers la terre, en posture debout, me semble beaucoup plus douce et efficace, surtout quand elle est accompagnée du souffle et d’un certain nombre de gestes très simples. Je n’ai pas eu la chance d’apprendre cela dans une formation à la bioénergie, après trois années de formation à la thérapie reichienne, mais heureusement, c’est en pratiquant pendant de longues années le qigong, que j’ai pu vérifier le bien fondé de cette posture debout de l’enracinement, où la dimension émotionnelle était aussi très importante.

      Merci de nous parler aussi de la dimension émotionnelle archaïque de la connexion à la terre, qui renvoie bien sûr à la connexion originelle à la mère, de nature pré-oedipienne.
      Ainsi, quand on poursuit longtemps la posture de l’enracinement debout en qigong (c’est à dire plus d’une heure) avec une position des bras repliés en avant, le dos un peu voûté et les jambes fléchies, on se retrouve dans une position foetale – les échographies actuelles montrent qu’il s’agit d’une posture du foetus à partir de la 9e semaine. A la clé, il y a donc pour certains des régressions, des reviviscences importantes, aussi puissantes que celles du rebirth par exemple.

      Enfin, merci aussi d’aborder le chapitre de la dimension spirituelle ou plutôt transpersonnelle de la connexion à la terre. Je ne sais pas si cette connexion à la terre relie à la dimension « obscurité, nuit originelle » de la spiritualité que l’on retrouve non seulement quelquefois dans le christianisme – je connais comme tout le monde le célèbre poème de Saint Jean de la Croix – , mais surtout à ma connaissance chez les gnostiques (voir mon article sur ce sujet dans le blog).
      Je ressens plutôt la connexion à la terre, comme une connexion à la Terre – Mère, c’est à dire une connexion de dimension chamanique, à la déesse Gaïa bien sûr, mais aussi aux entités divinisées de la Nature, en particulier celles des peuples de la forêt, autour de la végétation et en particulier la puissance des arbres. C’est un leitmotiv dans le gigong de s’identifier à l’enracinement de l’arbre, à sa force, sa stabilité, sa puissance de protection, etc
      Mais je suis preneur de ton texte, Maarten, si tu peux le mettre en copié / collé sur le blog, il est le bienvenüe.

  2. Anne-Marie dit :

    Un article très intéressant que je souhaite communiquer à des amies. Il me manque trop de connaissances pour en faire l’analyse. Ce qui m’interpelle c’est la phrase : »dans l’intention de trouver sa mission sur terre. » Il a eu la sagesse de tout quitter pour rechercher ce pour quoi la vie lui a demandé d’être sur terre. Je suis en effet convaincue qu’il n’y a pas d’erreur de la part de la vie. C’est notre regard sur elle qui nous trompe. Comment faire comprendre aux 7 milliards que nous sommes que nous sommes tellement déconnectés de la réalité que nous oublions notre mission ?

    • Oui, moi aussi, Anne-Marie, j’aime bien cette révélation soudaine de sa « mission » chez Clinton Ober, dans ce livre.
      Ce qui caractérise la « mission », c’est qu’elle vient pour ainsi d’en haut, sous forme d’une inspiration soudaine appartenant à la dimension spirituelle de l’être humaine. Elle a toujours à voir avec la Connaissance, l’Amour et la recherche du Beau. Elle met la personne qui en a eu la révélation, entièrement à son service, de même qu’au service des humains, de la terre et du monde.
      La révélation de sa mission est effectivement, vous avez raison, relativement rare. La plupart des êtres humains vivent selon leurs déterminismes de base, en bons prédateurs formatés par la société où ils vivent.
      C’est très difficile à faire comprendre, le plus souvent on se heurte à un mur. C’est à chacun de faire son chemin vers plus de conscience, jusqu’à ce que sa mission devienne claire ; ce chemin est long, il prend selon moi de nombreuses vies…

  3. Anne-Marie dit :

    « il prend selon moi de nombreuses vies… » Vous me rappelez quelqu’un rencontré dans un train. Il voulait me parler de ses vies antérieures. Je lui ai répondu que je n’avais pas le temps de chercher mes vies antérieures, qu’il me fallait absolument réussir celle-ci…. parce que pour moi, je n’avais pas le droit à l’erreur. Je ne sais pas si la réponse donnée est conforme à ce que j’ai écrit après les points de suspension, je ne sais plus. Je sais que pour moi, il y a comme un absolu pour moi dans cette vie.
    Je crois savoir ma mission : convaincre les humains qu’ils ne sont pas programmés pour mourir, que c’est leur regard, leurs préjugés qui les entraînent à mourir.
    Ça nous éloigne beaucoup des pieds sur terre !