Cosmogonie pour le temps présent

Cet article est d’abord une suite du précédent :
j’ai voulu approfondir les symboles de la peinture de Raza :
« le bindu et la spirale » ;
alors m’est venu le désir d’écrire une cosmogonie,
c’est à dire une vision personnelle de l’origine du monde
et de son sens.

De toute manière, il s’agit surtout de tenter une poésie de l’origine du monde,
il s’agit de laisser la poésie remplir son rôle pour moi essentiel,
de retrouver le sens le plus profond de notre vie dans le cosmos.

 

Je vais dévoiler tous les mystères :
mystères religieux ou naturels, mort, naissance, passé,
cosmogonie, néant.
Je suis maître en fantasmagories.
Arthur Rimbaud  « Une saison en enfer »

A l’origine, il y a le Vide

1 A l’Origine, il y a le Vide
– on l’appelle aussi l’Un, le Soi, l’Absolu, le Tao, le Tout, l’Etre, le Brahman,le Nirvana, Dieu, etc…

Dieu semble être le plus mauvais terme,
car il a été galvaudé et déformé par la malheureuse histoire
des traditions religieuses monothéistes,
qui se sont disputées ses images projectives.

Ces noms innombrables semblent indiquer
l’impossibilité de nommer cette Origine,
aussi nous l’appellerons par défaut le Vide,
ou « Cela-qui-n’a-pas-nom » ,
Cela-qui-est-impensable,
innommable, informulable,
totalement mystérieux.

2 Ce Vide est resté longtemps à se contempler lui-même
en son infinitude,
en sa vacuité silencieuse,
immobile et éternelle.

3 Un jour
personne ne sait pourquoi – c’est un insondable mystère de plus –
peut-être par ennui ou par jeu,
certains disent par amour,
le Vide a décidé de tourner la roue de la création
d’émettre une vibration de vie,
un souffle, un son ou un signe primordial,
afin d’actualiser son prodigieux potentiel endormi.

4 Alors sont apparues les formes
la multitude, la variété, l’infinité des formes
lancées dans une fuite vertigineuse en avant,
sous l’emprise du temps et de l’espace,
s’exprimant de l’infiniment petit à l’infiniment grand,
se dévoilant dans la visibilité de la matière,
ou se cachant dans l’invisibilité de l’esprit,
rayonnant dans la lumière
ou se réfugiant dans des trous d’obscurité insondables.

5 Ce moment de l’apparition des formes,
la science l’appelle du vilain mot de « big bang »,
mais c’est une conception discutable,
une projection de la violence culturelle occidentale,
dépourvue de toute poésie.
Il est permis aussi de rêver d’une création lente et silencieuse,
presque imperceptible à son début,
comme un doux soupir, une caresse affectueuse,
un frisson quantique livrant tendrement sa première forme
à l’existence de l’univers.

6 En même temps que se déployait la multitude des formes
un lien est apparu entre elles, une cohésion,
certains l’appellent l’amour,
d’autres parlent d’une interdépendance,
c’est l’union des formes en leur infinie diversité,
permettant de maintenir un certain ordre
de répondre à certaines lois,
de suivre le Dharma.

 

« Et tout ce qu’Il créa, Il résolut de le dévorer »
Brihadaranyaka Upanishad 1-2-5

7 Mais au fur et à mesure que naissait cette multitude des formes,
leur destruction cyclique est aussi apparue en son évidence implacable,
la mort redoutable s’est faite compagne inséparable de la vie,
le chaos périodique s’est invité au milieu de l’ordre et de l’harmonie,
lui donnant ce caractère d’impermanence,
ce parfum d’éphémère voué à l’inexorable disparition,
au désordre du désastre sans rémission.

8 Ce cycle perpétuel de la création / destruction des formes,
cet éternel retour du chaos et de la dissolution
succédant au règne de l’ordre et de la cohésion,
cette loi supérieure de la Mort et de la Renaissance
constitue en elle-même l’Enigme de l’énigme,
le Mystère suprême,
un drôle de jeu bizarre,
nommé par les hindous « la Leela du Seigneur »,
comme si ce Principe suprême n’ayant pas de nom,
du haut de son Vide souverain,
avait décidé de jouer avec sa création de manière fantasque et imprévisible,
dans une dualité déconcertante et redoutable,
entre harmonie et conflit destructeur,
entre création compulsive et sacrifice dévorateur.

 

Le bindu et la spirale

« C’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière »
Jean Rostand

1 A l’Origine,
du côté de ce mystère qui a présidé à l’apparition de la première forme,
il y a la belle histoire du « bindu ».

2 Le bindu,
c’est comme si le Vide se décidait un jour à se mettre en forme
par une puissante contraction,
une condensation de lui-même
une rétraction originelle
produisant la première forme,
la plus simple et la plus petite possible :

le point,

3 un minuscule point noir
apparaissant seul comme un trou béant
au centre de l’infini du Vide transparent.

4 Un point noir
planté là dans le terreau du néant,
comme une graine, une semence, un germe,
comme l’oeuf du monde,
le nombril du monde contenant à l’intérieur de lui-même,
la promesse et la potentialité de tous les mondes à venir,

5 un point noir
dont la couleur opaque
est chargée du spectre de toutes les couleurs à venir,

6 un point noir qui en se détendant,
en se déployant sur une large expiration à n’en plus finir,
a d’abord engendré le champ noir de la nuit,
une ténèbre inondant partout l’espace
de son manteau d’obscurité.

7 Car l’obscur était là bien avant toute lumière,
l’obscur est cette immense « matière noire« ,
comme l’appellent actuellement les astrophysiciens,
inondant de sa ténèbre mystérieuse la quasi-totalité de l’univers.

8 C’est alors que ce vaste champ noir
encore teinté d’une immatérialité nébuleuse,
s’est tâcheté bientôt de poussières et de rayons lumineux,
mille lumières de feu se sont allumées sur l’écran géant de la nuit cosmique,

9 des kyrielles d’étoiles ont commencé leur étrange ballet
chacune à partir d’un feu central,
en une sorte de friction explosive,
dessinant dans le noir d’étranges trainées de feu,
dont les formes récurrentes ressemblaient étrangement
à l’enroulement fastueux de la spirale.

10 Alors dans cette nuit matricielle qui s’ennuyait en son vêtement noir,
les spirales se sont multipliées à l’infini,
une débauche de vortex de lumières,
une accumulation sans fin de galaxies tournoyantes,
dont les astrophysiciens interloqués, émerveillés, médusés,
découvrent progressivement sur leur télescopes,
le spectacle incroyable.

 

« Le monde se matérialise et l’homme se spiritualise selon la même spirale,
c’est la respiration du cosmos »  Jill Purce

11 Le bindu, dessinant artistement dans l’espace ses galaxies de gaz, de poussières et de feu,
s’est déployé  en une multitude de formes les plus variées,
mais c’est la spirale qui semble donner à l’ensemble
sa structure la plus convaincante, la plus cohérente
la plus intégrante,
c’est la spirale qui se déploie dans le cosmos
avec le plus de majesté et de beauté.

12 Certains parlent d’un ordre tourbillonnaire universel,
d’autres plus artistes d’une danse cosmique virevoltante,
dont les derviches tourneurs seraient les interprètes inspirés
pour de mystiques extases.

13 Pourtant quand on revient sur terre,
cette petite planète de seconde zone, perdue au fin fond d’une banlieue oubliée de l’espace,
la spiralisation du monde sensible semble plutôt rare :
déambulez dans n’importe quelle grande ville du monde,
impossible d’y contempler la moindre spirale,
mais s’accumule pêle-mêle la lourde géométrie anguleuse
des blocs rectangulaires et carrés.

14 Seule la nature offre parfois un rappel
de cette élégance extrême de la création :
écorces de la pomme de pin traçant d’harmonieuses volutes autour de leur fruit,
graines de la fleur de tournesol multipliant les spirales d’or,
coquille de l’escargot et de certains mollusques spiralant paisiblement leur chemin,
écailles de l’ananas, crosse de la fougère,
queue du caméléon, corne du mouflon
étrange inventaire à la Prévert

15 Ce sont aussi les tourbillons enroulant dans l’eau leur mouvement de succion inquiétante,
les monstrueuses turbulences océaniques avalant sur leur passage toute présence,
tandis que dans l’atmosphère l’oeil destructeur des cyclones fait régner la terreur tournoyante,
ce sont ces phénomènes de la nature extrême,
qui donnent aussi à la spirale toute son ambivalence :
mouvement involutif d’enroulement sur elle-même
entraînant inexorablement la destruction des formes,
retour tournoyant à l’incréé par la dévoration absorbante.

16 Mais la contemplation des lumières du ciel
fascinèrent sans doute l’esprit des hommes avec beaucoup plus de ferveur,
pour faire de la spirale ce motif symbolique,
omniprésent dans toutes les traditions culturelles,
et porteur de son sens le plus profond :
la spiritualisation de son âme.
Car la spirale est bien plus qu’un symbole générique de la vie
avec son énergie impétueuse, tourbillonnante et imprévisible,
la spirale représente  le mouvement de l’âme humaine,
quand il lui prend l’envie d’évoluer vers la transcendance,
car la spirale est d’abord une spirale mystique,
un outil de développement intérieur vers le Tout,
en résonance avec la contemplation du cosmos,
de ses étoiles et de ses galaxies.

17 Déjà le monde mégalithique avec ses tumulus(1)
aimait graver à l’entrée des chambres funéraires ou de méditation,
une barrière de spirales pour indiquer le passage vers l’autre dimension,
un seuil pour rentrer dans l’immortalité,

18 déjà les rishis imprégnés de l’antique sagesse dravidienne,
connaissaient la présence du serpent lové sur lui-même,
endormi à la racine de la colonne vertébrale,
et qui attend, à force d’ascèse, la montée de sa spirale ascendante
pour venir réveiller les sept roues de l’énergie ;

19 plus tard, les sages taoïstes
inventent le symbole de la double spirale yin yang
,
pour indiquer le mouvement intérieur de la dualité,
quand elle s’unit harmonieusement.

20 Alors, les spirales de toutes formes,
s’enroulant ou se déroulant dans différentes directions
se rapprochant de leur centre ou s’en éloignant,
les spirales s’invitent partout,
surtout dans les traditions ésotériques afin d’inspirer les initiés :
double spirale du sentier des alchimistes, ascension de l’âme dans les manuscrits hermétiques,
spirales de Jacob Böhme se déployant depuis la terre vers Dieu.

21 C’est dans l’architecture des temples que la spirale prend toute sa splendeur
escaliers spiralés des cathédrales médiévales,
ascension de la Montagne Sacrée dans le minaret de Samarra,
suivre les huit niveaux de l’octuple sentier bouddhiste
en circomambulant lentement les spires du temple de Borobudur
se laisser guider vers le centre d’Auroville, en parcourant les jardins spiralant,
jusqu’au Matrimandir où l’on vient rituellement méditer.

22 Quant au pauvre Van Gogh en sa voyance hallucinée,
il peint La nuit étoilée (1889) dans un ciel zébré de spirales,
où planètes, nuages, lune et soleil virevoltent une danse endiablée.

23 Arrivent le temps présent,
l’hypermondernité perdue dans l’idolâtrie de sa technoscience,
où les âmes sont englouties sous le flot des marchandises à consommer,
tandis que s’agitent sur les écrans les ombres confuses des « zombis ».
Alors, la spirale mystique se fait de plus en plus en rare,
on ne parle plus que de la spirale inflationniste
et de sa croissance
économique sans limite,
ayant perdu son centre et son axe,  oublié le sens de sa giration,
spirale erratique, lancée dans une course folle vers la désintégration.

24 Seule la spirale dynamique de Don Beck ‘serait l’heureuse exception de l’époque,
elle tente de spiritualiser à sa manière la conscience collective,
en proposant de ses couleurs pleines de promesses évolutives,
un chemin vers l’unité.

25 En fait, la grande crise actuelle du monde,
serait ce choix crucial entre deux spirales

lancées dans des directions opposées :
d’un côté une spirale involutive et régressive tournant à toute vitesse sur elle-même
vers l’engloutissement de l’être humain,
destiné à être remplacé par une sorte de robot technologique,
créature hybride digne des pires scénario de la science fiction
– c’est la spirale suicidaire du transhumanisme -,
de l’autre une belle spirale évolutive à la Don Beck,
bien centrée sur l’axe du bindu,
tournoyant en spires de plus en plus larges
vers une conscience globale de l’être humain, capable de réunifier
la Terre, l’Homme et le Cosmos.

(1) tumulus de New Grange en Irlande (3e 4e millénaire)

Tags : , , , , , ,

52 réponses à “Cosmogonie pour le temps présent”

  1. Anne-Marie dit :

    Je confirme que la spirale est primordiale, je l’ai souvent perçue dans mes recherches, mais ne suis pas encore arrivée à simplifier le tout en une unité.
    Par contre ce que j’ai perçu il y a juste une semaine, c’est que la planète bleu, ce point étonnant dans l’univers rempli de vivants avaient été captée pour être asservi par l’homme. Il y avait élaboré toutes sortes de constructions, d’organisations, de traditions, de philosophies, d’institutions, d’outils, etc. et asservi les vivants afin de les exploiter. Alors une enveloppe bienveillante est venue pour détruire ce que l’homme avait construit et rendre à chacun sa liberté afin d’y être heureux

  2. Olivier dit :

    Sur le site Eveil et Philosophie, j’ai lu, il y a deux jours un poème cosmogonique de Jean Biès qui résonne avec le tien…

    À l’ombre d’arbres purs de toute vie encor,
    las de sa ronde identité, l’Absolu rêve de se faire
    quelque chose comme épaisseur, multitude, se donner corps
    loin des silences innommés qu’éternellement Il profère.
    Il se voudrait, au fond de la coïncidence, différent.
    La plénitude pleure en Lui de n’être pas plus évasive…

    Alors, son Unité s’oublie et d’elle-même se déprend.
    Il entend sourdre l’univers parmi la transparence oisive ;
    il y suscite des saisons et des soleils en majesté.
    Danseur agile, un mouvement agite ses bras dans l’argile :
    tout ce qui n’était pas s’étonne d’exister.

    L’Illimité ne se veut plus qu’humble lisière, aile fragile,
    se vêt de la tunique d’or des fins et des commencements,
    s’efforce à l’éphémère, n’ose dépasser le bois d’érables,
    s’arrête source et se blottit derrière les bruissements
    du maitre-espace tout pétri d’impondérables.

    Toutes les créatures tendent leur essor vers leur destin.
    L’Un démembré jette son âme, ivre, au nombre qui la dépèce,
    se laisse devenir milliers du fond de son centre indistinct,
    se distribue à l’univers en son essence et son espèce.

    Mais tant d’êtres !… L’Être éclaté s’y voit et ne s’y connaît plus.
    Parmi les mondes dévalant du cœur d’une multiple amande,
    l’Absolu, dispersé, se cherche et se parcourt et se demande
    comme, étant autre que Lui-même, Il reste toujours l’Absolu. »

    • merci Olivier, très beau poème qui m’inspire beaucoup :
      avec la ressemblance à mon texte, d’un Absolu qui s’ennuie avec Lui-même,
      et qui par une sorte de jeu désinvolte tente la création.
      L’idée nouvelle à laquelle j’adhère,
      c’est que cet Absolu semble complétement dépassé par sa création,
      il est perplexe et ne sait plus que faire.
      Merci à la poésie d’ouvrir ainsi des espaces inattendus,
      des « fantasmagories » entre vérité et doute,
      un peu comme si toute la création était la fantasmagorie d’un Absolu
      en mal de poésie.

      • Je voudrais juste ajouter une réflexion supplémentaire au sujet de l’Absolu ou de Dieu qui semble dans ce texte de Jean Bies, dépassé par sa création, en particulier dans cette manifestation cruelle et scandaleuse : l’irruption du mal et de la souffrance, la dévoration – voir par exemple les massacres actuels en Syrie, comment cela peut-il se justifier ?
        la 2e hypothèse vers laquelle je serai tenté de pencher, c’est celle d’un Absolu fantasque, imprévisible, qui joue avec sa création un jeu étrange, incompréhensible, avec en particulier cette étrange loi de la destruction souvent cruelle de ce qu’il a créé.
        Il y a une 3e hypothèse soulignée en particulier par la mystique juive du Tsimtsoum : Dieu s’est retiré volontairement de sa création, pour mieux la laisser vivre, pour ne pas l’écraser de son contrôle, d’où cette impression d’ imperfection, d’inachèvement du monde, avec comme seul cadeau fait à l’homme et peut-être à d’autres entités dans le cosmos, le cadeau de la Conscience ou du Libre-arbitre. Le seul problème qui demeure : pourquoi dieu a-t-il fait ce cadeau avec autant de parcimonie ? Pourquoi l’homme dans son immense majorité semble plutôt assujetti à l’Inconscience, à la folie, à l’égarement ?
        Ce qui est intéressant, c’est qu’il y a toujours une part de mystère dans toute cosmogonie : toutes les hypothèses sont permises, aucune n’est entièrement satisfaisante…

  3. marko dit :

    Bonjour Alain,

    C’est excellent, comme d’habitude… J’aime beaucoup la maniere dont tu meles une analyse, une mise en perspective rationnelle, analytique des mythes, philosophies religions, dans le fond des Histoires que l’on se raconte collectivement avec des elans poetiques inspires et simplement Beaux…

    Le poeme partage par Olivier est assez complementaire… ‘L’Etre eclate s’y voit et ne s’y connait plus…’ C’est exactement ou nous en sommes, en quete d’integration de tous ces eclats qui nous composent… un travail de tisserand, une mosaique, une cosmogonie… Neanmoins ‘L’Absolu reste toujours l’Absolu’… traversant chacun de nous, impregnant chacun de nous…

    Je me permets enfin de partager ici egalement le premier chapitre de la fable Le Reveil des Geants… une autre vision personnelle faisant echo a cet Absolu partage dans l’Un… (Par contre je m’excuse, mais a chaque fois que je fais un copier coller, les separations entre les strophes sont zappees… dans un sens ce n’est pas grave, les separations sont toujours artificielles :) … mais si elles peuvent apporter un confort de lecture… ;) )

    Amities,
    marko

    I. Géants

    C’était lui le Néant,

    Qui transcende l’insignifiant.

    La clarté d’un aimant

    Et l’essence dans les vents.

    Une perfection de diamant

    Dans le chant de l’inexistant.

    Une chanson d’une puissance magique,

    Aux profondeurs éternelles,

    Un horizon infini dans le rien,

    Qui se déploie…

    Des profondeurs de l’infini jaillit la lumière

    Et transcende le Néant, spontanément.

    La lumière voyage vite,

    C’est bien connu,

    Et c’est dans cette fuite

    Qu’elle sème l’imprévu.

    L’imprévu d’un univers qui fleurit,

    Danse et se développe,

    Dépasse et enveloppe.

    L’imprévu d’une Matière,

    Qu’on peut pourtant toucher.

    Le Néant est très rationnel,

    On pourrait presque le caresser.

    De cette origine primaire,

    Ainsi naquit la lumière,

    Puis se proposa la matière

    Aux désirs de l’antimatière.

    Immanence spontanée de la vie,

    Qui jamais ne cesse de jouir

    Aux extensions créatrices de ses expressions,

    Des développements infinis de l’Esprit en action.

    Matière et antimatière ont bien dansé,

    A l’unisson de la source.

    De tant de créativité

    Ont pu jaillir mondes et univers,

    Dimensions et interactions infinies.

    D’atomes en cellules,

    De quarks en particules innommables,

    La lumière s’est diffusée en tous sens,

    En tous points, développant ses refrains.

    Dynamiques originelles qui structurent l’infini,

    Élan inénarrable de la lumière créatrice.

    Lumière qui dispose de la matière

    Et offre l’espace à l’univers.

    Lumière qui souffle la vie,

    Peuple les univers de soleils,

    Étoiles, météore, novas, planètes,

    Et pléthores d’astres sans pareil.

    De toute taille et de tous poids,

    Dimensions extrêmes

    Et distances qui s’enchaînent.

    Pour notre propos le Néant

    Propose la planète des Géants

    Comme étape dans la grande Histoire cosmique.

    Un détail me direz-vous,

    Avec une regard critique.

    Mais face au Néant tout prend de l’importance,

    C’est là le cœur de toute science.

    Le cœur transcendant, vibrant

    Aux infinis points de l’univers.

    Il vibre avec entrain

    Sur la planète des Géants.

    Ceux-ci émanent en direct de la source,

    A peine quelques infimes médiations

    Transcendées par l’amour et les visions.

    La conscience des Géants est océane,

    Parfaitement intégrée à la trame.

    Ainsi, ils peuplent à leur envie un monde

    Harmonieux où les créatures les plus diverses

    Émergent et s’épanouissent, au gré de l’Esprit.

    Ils ne connaissent pas l’ennui.

    De miracles en microbes,

    De microbes en bactéries,

    La vie s’étend et les Géants s’incarnent.

    Depuis les profondeurs et dans chaque interstice,

    Les Géants catalysent la vague créatrice.

    Au fond des mers et des volcans,

    Ils composent les éléments.

    Mille bactéries et fleurs magnifiques,

    Chaque vie ciselée dans une parfaite fragilité.

    Une délicatesse d’orfèvre,

    Qui dessine les feuilles des arbres

    Et les yeux des enfants.

    Une vision de Géant,

    Qui anime les feuilles des livres

    Et les vœux des amants.

    Une vision d’enfant,

    Curieux et souriant,

    Malicieux et bienveillant.

    De ces impulsions inspirées

    Sont sont nées tant de variétés de vies,

    Astrales, minérales, végétales,

    Animales et mentales,

    Et tant d’autres qui dépassent les discours

    De par leurs détours et leurs amours.

    Progression à rebours, subtilité de velours.

    De ce souffle tout puissant

    Sont nés les Armuziens,

    Peuple millénaire, instant de l’univers.

    Harmonie armuzienne issue des Géants,

    Qui bientôt se reposent de leurs élans.

    Tant d’énergie dispensée dans la distance,

    Tant de relais disposés à la transe.

    La transe de la création continue,

    Qui anime les cellules d’Armuz.

    Sous tension dans l’inachevé,

    Histoire d’une espèce,

    Qui marche et qui pense,

    Qui parle et qui danse.

    La danse de la Grâce dévolue

    Avec passion pour l’éternité.

    Un but sans but,

    Immanence des sources de la vie.

    Les armuziens boivent avec délicatesse

    Et dans leurs veines la vie se presse,

    Rugissant ses flots de tendresse.

    Les Géants peu à peu s’effacent

    Pour laisser place à l’Odyssée,

    Mais dans les vents souffle leur promesse.

    « De ce souffle de conscience

    Déposé dans vos cœurs,

    Chantera la présence

    Qui transcende les erreurs.

    Nous déposons ce conte dans le vent,

    Qui berce les enfants.

    Nous gravons ce conte dans la Matière,

    Qui soutient les univers.

    Allez votre Histoire et gardez la mémoire,

    Déployez vos vies, votre autonomie,

    Et rejoignez le souffle.

    Celui de l’origine, du Néant qui s’affine,

    De la source créatrice qui offre.

    De ce souffle d’Amour,

    Déposé dans vos âmes,

    Saura le temps venu

    Se ranimer la flamme. »

    (…)
    ML (2012)

    • merci Marko, j’aime bien ce texte plein de fantaisie. Décidément, nous allons pouvoir bientôt créer une anthologie de cosmogonies poétiques pour le temps présent !
      Juste pour le plaisir de discuter, je me suis demandé pourquoi je me suis refusé à utiliser le mot « Néant » pour désigner le Principe à l’origine de toute création, en lui préférant le mot Vide.
      Pour moi, le Néant représente une sorte de vide absolu, un non-être, dont il est impossible de tirer une quelconque création, tandis que le Vide est tourné vers le plein de la création, le vide a soif de se remplir.
      Mais tout cela n’est peut-être que querelle de mots dérisoire, puisque nous sommes sur un plan de la réalité au delà ou en deça de toute nominalisation.

      • marko dit :

        Bonjour Alain,

        C’est toujours un plaisir de discuter… surtout en conscience des limites des mots pour approcher le coeur des choses… tentatives d’exprimer, d’approcher les choses… Concernant le terme de Neant, c’est un bon point… Je vais essayer d’y repondre.. d’autant plus que ce mot revient assez souvent dans ma poesie…
        Cela me ramene a une discussion avec un ami lorsque nous avions 15ans… J’avais a l’epoque une foi tres ancree dans la religion catholique du fait de mon education, mais une foi (deja plus qu’une croyance, mais encore assez aveugle ou naif…:)) a la fois naive, innocente, revoltee et ouverte… Ainsi, au cours d’une discussion avec un tres bon ami (encore a ce jour) athe convaincu, nous echangions osuvent sur le pourquoi de croire ou non, qui sommes nous… Un de nos premiers compromis, un de nos premiers ponts de comprehension fut de nous dire qu’il y avait bien quelque chose, a minima un grand point d’interrogation, entre le Tout et le Neant, entre tout et rien… Nous avions alors decide d’appeler cela Nihilom (entre nihil et omni), d’ou le titre de mon blog de poesie:)
        Ce terme m’a beaucoup aide dans des discussions et m’a donne beaucoup de force, notamment dans des discussions avec des con-vaincus par leurs croyances (certaines manieres de se dire atheiste, rationnel ou autre sont clairement des croyances egalement)… Une bonne maniere de construire un pont entre les extremes…:)
        Par ailleurs, j’aime l’idee qu’il nous faut peupler le Neant, le Neant c’est peut-etre ce qui nous separe de la vacuite… Peut-etre nous faut-il traverser le Neant, bruler les illusions pour embrasser la vacuite et de la engager ce va-et-vient entre l’Un et le mutliple…
        Le Neant evoque aussi en partie la destruction, l’aneantissement, part de l’equilibre et des cycles qui nous traversons a l’echelle de chacun et du collectif… L’utiliser d’autres manieres est pour ma part un moyen d’integrer et de depasser cette part de Neant en moi-meme… adopter cette part destructrice dans une dynamique creatrice… Dans le fond, j’aime m’affranchir du sens des mots, multiplier les sens et les resonances, les niveaux de lecture de chaque mot… Meme du Neant il est possible d’en tirer quelque chose! ;)

        marko

        • gaignoux vandi yves dit :

          Spirale … respiration … Spirituel … Vagues …. Avec des cycles infinis : ceux de la Lune , ceux de Jupiter , de Saturne et les autres …. Cercles qui nous fabriquent à leur image en reflet dans un temps assez vaste …..
          Nous sommes cela …

          • oui, Yves, la spiritualisation de la spirale vient sans doute de la contemplation du ciel et des astres, comme vous l’écrivez de manière inspirée, mais en même temps les planètes que vous citez, la Lune, Jupiter, Saturne, ne décrivent pas vraiment des spirales, mais plutôt des cercles ou des orbes qui ne s’éloignent pas ou ne se rapprochent pas de leur centre selon un axe, comme le font la plupart des spirales, ce qui leur donne leur caractère évolutif.
            La différence entre le cercle et la spirale est importante ; le cercle est beaucoup plus statique ; le mouvement du cercle est un mouvement cyclique qui revient toujours au même, en une sorte « d’éternel retour », ce qui n’est pas le cas de la spirale dont le mouvement est plus dynamique ; les cycles des spires sont orientées dans une direction.

        • oui, c’est ça, Marko, le Néant correspondrait à une phase de révolte, de destruction, de dévoration devant le mal, la souffrance de ce monde, ça me fait penser à « l’Etre et le Néant » de Sartre et cette période d’après guerre de la philosophie de l’absurde symbolisée par Beckett. « Il n’y a rien, aucun salut, ce monde est absurde, c’est le Néant ». Cette posture est le plus souvent transitoire, elle est intenable ; brille bientôt tout ce qui fait la valeur de ce monde. Le Vide peut apparaître, plus proche de la Lumière, d’ailleurs les bouddhistes parlent de Vacuité lumineuse.
          Le Néant peut faire aussi penser à une sorte de voile de ténèbre qui recouvre toute Lumière, comme si le Principe premier à l’origine de la création, aimait se cacher, se dissimuler derrière un voile d’obscurité. Cela peut expliquer un certain succès de l’athéisme ou plutôt le refus de toute vision ou dimension spirituelle. comme si derrière le monde visible, derrière la matière, il n’y avait rien.

  4. François Degoul dit :

    Merci, Alain de ces contributions.

    Le 14 mars 8h42 dernier alinéa vous écrivez « comme si le principe premier (…) aimait à se cacher, à se dissimuler ».
    Ca me rappelle une belle citation d’Héraclite (je crois) que j’ai retenue de Jean Beaufret, un de mes profs de philo:
    en grec « phusis kruptesthai phileï », mot à mot « la nature aime se cacher ».
    Mais cette traduction est un contresens, nous disait-il!

    Il ne sa’agit pas de la pudeur humaine, mais d’une sorte de pudeur de l’Etre, car « phusis », avec ce suffixe -is, désigne une vie, une évolution, une action, celle du verbe « phueïn » signifiant justement « devenir », ou pour les plantes « pousser, croître ».
    (même racine que dans le passé du verbe latin « fui », j’ai été, conservé dans le français « je fus, il fut… »).

    La « phusis » que nous traduisons par « nature », c’est cette dynamique de vie qui fait tout pousser, et qui de fait ne se montre que par ses effets… Ce qui aime à se cacher, c’est bien le mystère de la Vie.

    Merci aussi à Marko de témoigner du dialogue entre croyance athéisme, avec le nécessaire compromis verbal ou philosophique sur ce qui nous échappe.

    Simplement au terme abscons de « nihilom » fièrement sorti de vos jeunes méninges, je préfèrerais dire en mots simples le « RIEN TOUT ».

    François D.

  5. Olivier dit :

    Pour François, à propos de la maxime « phusis kruptesthai philei » de Héraclite…

    « A la traduction latine traditionnelle qui substantive la nature : la nature (phusis) aime (philei) à se cacher (kruptesthai) Pierre Hadot oppose la plus grande richesse sémantique du grecque pour lequel « phusis » n’est pas une substance mais un verbe signifiant « ce qui fait apparaître » de telle sorte que l’énigme suivante se trouve formulée : ce qui fait apparaître aime ce qui fait disparaître.

    Par cette traduction le conflit Eros (ce qui fait apparaître)-Thanatos (ce qui fait disparaître), est soustrait à son dualisme par l’intermédiaire du verbe philei –aimer-signifiant que c’est un même mouvement qui aime ce qui fait apparaître (l’objet) et ce qui fait disparaître (le symbolique), ce qui dévoile et ce qui voile. » Alain-Didier Weill…

    • Merci François de nous rappeler un des plus célèbres fragments d’Héraclite, ce très grand poète cosmogonique, que par ailleurs je révère, comme je l’ai déjà mentionné.
      Merci à Olivier d’avoir éclairé ce contre-sens de traduction « La nature aime se cacher » par une traduction beaucoup plus fidèle à la philosophie d’Héraclite fondée sur l’impermanence de toute chose : « ce qui fait apparaître aime ce qui fait disparaître », en faisant référence à Pierre Hardot, dont le livre fameux « Le voile d’Isis » fera l’objet d’une de mes lectures prochaines.
      Ce sens héraclitéen se rapproche d’ailleurs de ce que j’ai écrit dans cette cosmogonie pour illustrer une création partout vouée à la destruction et au principe universel de « mort et renaissance ». Héraclite ajoute juste à cette dualité redoutable et mystérieuse, une dimension supplémentaire d’amour, ce qui fait dire à Olivier que la dualité est dépassée : Eros et Thanatos sont Un, ils ne sont pas en lutte l’un contre l’autre, la mort est consubstantielle à la vie et vice -versa, il n’y a donc aucune crainte à avoir, rien à redouter quand la mort entre en scène, c’est la vie qui continue à travers ce mode d’expression ; on peut même extrapoler que par cet acte d’amour de « l’apparition / disparition », l’Etre ou l’Un entretient une sorte de dialogue amoureux avec sa création, comme une respiration. La création laissée au seul principe de l' »apparaître » deviendrait vite un excès, une pléthore, une surabondance, le « disparaître » serait une sorte de retour nécessaire et nourricier vers le Vide.
      Cela semble d’une grande actualité, quand on considère le monde actuel lancé dans la folle spirale de la croissance sans limite et sa pléthore d’objets réels et virtuels : le principe de disparition ou de destruction semble inhérent, nécessaire et comme salutaire. Si l’homme ne s’en charge pas afin de mettre une sorte de limite à sa création, alors l’Etre s’en chargera par amour, pour corriger « l’hubris », la démesure.
      Il y a beaucoup à dire aussi sur le contre-sens de la traduction « la nature aime se cacher », ce sera pour un prochain commentaire.

  6. Claudine D dit :

    Bonjour,
    Jusqu’à présent, je n’avais fait que goûter la très belle rêverie cosmogonique d’Alain, sans avoir rien de personnel à ajouter Cependant,mon esprit plus historique que philosophique a été attiré par un article du dernier numéro du Monde Culture et Idées du samedi 15 mars, publié sous la signature de Stéphane Foucart. C’est un long compte-rendu d’un ouvrage en anglais, non encore traduit : « The Origins of the World’s Mythologies », de Michael Witzel (Oxfor University Press, 2013). Certains d’entre vous l’auront sans doute remarqué, mais j’en résume ici quelques passages pour ceux qui ne l’auraient pas lu, car il m’a paru d’un grand interêt et donne un peu le vertige par la profondeur dans le temps à laquelle il nous fait descendre.

    Cet ouvrage est d’abord interessant par sa démarche qu’on peut qualifier d’intégrative, car l’auteur, professeur de sanscrit et linguiste, a aussi utilisé les résultats d’autres sciences comme la génétique des populations, l’archéologie, l’histoire du climat, pour étayer sa thèse.

    L’originalité de ses recherches tient dans la comparaison qu’il fait entre les cosmogonies et les mythologies d’un grand nombre de peuples, ce qui le mène à la conclusion que, de l’Europe à l’Amérique, en passant par le Moyen-Orient et l’Asie, on retrouve un fond commun de récits qui ne peut s’expliquer, d’après lui, que par une origine commune : l’héritage du premier groupe d’Homo Sapiens sorti d’Afrique autour de 40000 ans.

    Je cite Le Monde résumant la trame des éléments que l’on retrouve partout:
    « … Le monde est créé à partir du néant ou d’un état chaotique de la matière; émergent deux figures divines, l’une masculine (le ciel), l’autre féminine (la Terre); le ciel engendre successivement deux générations de divinités secondaires; s’ensuit un enchaînement de cycles au cours desquels le ciel s’élève, le Soleil apparaît , où les dernières générations de divinités usent d’une boisson d’immortalité puis se débarrassent – généralement par le meurtre – de leurs divins prédécesseurs.
    L’un de ces nouveaux dieux terrasse un dragon. Ce n’est bien sûr pas fini: les humains sont ensuite créés par volonté divine comme descendants somatiques d’une déité, puis se rendent coupables d’un excès d’orgueil, qui leur vaut une vaste et meurtrière inondation. Un esprit « farceur »…… apporte ensuite la culture aux rescapés…. C’est le règne des hommes qui commence et se poursuit jusqu’à la destruction du monde. »

    Voilà ce qu’on trouve, paraît-il, dans la plupart des cosmogonies mondiales. Pour l’auteur, il ne peut pas s’agir d’archétypes, de ressemblances produites par des constantes de la pensée humaine, car il existe un continent, l’Afrique, qui ignore toute cosmogonie. La mythologie y raconte « l’histoire » des hommes, mais l’Univers était déjà là de toute éternité.

  7. Claudine D dit :

    Voici la suite.
    Cette étude me suggère deux remarques:

    D’abord le néant (… ou le Vide si vous voulez) et le chaos (qui sous-entend plutôt le trop plein et l’inorganisé) ne sont que deux aspects d’une même situation: l’absence d’univers organisé tel que nous le connaissons actuellement. Comment cette idée est-elle venue aux premiers Homo Sapiens ? Sans doute parce qu’il y avait, dans cet univers organisé, encore trop de choses qu’ils ne comprenaient pas, sur lesquelles leur imagination a brodé; mais là on ne peut qu’en être réduit aux hypothèses.

    Ma deuxième remarque: ces récits se sont perpétués de bouche à oreille, pendant des millénaires, par delà les différences de langues de cultures et de religions établies qu’ils ont englobées: pensons au mythe de Kronos, à celui du Déluge dans l’Ancien Testament (l’inondation étant , paraît-il un des évènements le plus souvent présent), ou encore à Apollon apportant les arts aux hommes. Cela provoque l’admiration et nous fait prendre conscience que nos racines fondamentales sont encore bien plus anciennes et profondes que nous ne l’imaginions. Partager des mythes avec les Mayas ou avec les populations indigènes d’Australie, qui aurait osé avancer cela auparavant ? Ici des arguments puissants semblent le montrer et nous faire sentir, de manière encore plus évidente l’unité non seulement biologique, mais aussi émotionnelle et spirituelle de l’humanité.

    • Merci Claudine pour cet apport intéressant qui mérite réflexion ; je vais acheter le Monde Culture et Idées du 15 mars.
      Mais ma réaction première, c’est que je ne suis pas très d’accord avec ces tentatives de réduire les mythologies, les cosmogonies à une unité première. Cela a déjà été tenté, mais il y a toujours une mythologie qui surgit avec son originalité, sa créativité, pour détruire le bel édifice intellectuel forcément réducteur. Il y a des éléments communs dans les mythologies, mais il y a aussi tellement de différences : rien à voir entre une origine où c’est le Chaos et une autre où c’est le Vide, une autre où c’est le Néant, une autre où c’est le Dieu de la Genèse, etc, etc.
      Ce qui me semble au contraire le plus frappant c’est l’extrême diversité, le foisonnement des mythologies, et des cosmogonies : chaque peuple, chaque race, chaque continent invente sa propre histoire avec une imagination débordante, histoire qui d’ailleurs ne dure qu’un temps et se trouve bientôt passé de mode. C’est donc plutôt la complexité qui domine et me semble le plus intéressante, un peu comme un Mircea Eliade a écrit une mythologie comparée, d’une richesse et d’une diversité incroyable.
      Dans mon esprit d’ailleurs en proposant cette cosmogonie, c’est plutôt dans l’esprit d’apporter ma modeste contribution à l’entretien de la diversité imaginative et poétique du genre, à une époque où c’est la mythologie de l’astrophysique avec son BingBang, relayée par la mythologie de la technoscience qui impose une hégémonie unitaire finalement appauvrissante et désséchante.
      Dès que la rationalité s’en mêle, les cosmogonies et les mythologies perdent leur fécondité et leur magie.

  8. Claudine D dit :

    J’aurais un point de vue beaucoup plus nuancé que le vôtre.
    Je n’ai pas dit que j’adhérais pleinement à la thèse de Witzel. Il faut attendre certainement quelques décennies et d’autres travaux la confirmant ou l’infirmant pour se faire une opinion précise. Mais je pense qu’elle est très fructueuse pour faire avancer les réflexions.

    D’un autre côté, vous dites accorder beaucoup plus d’intérêt à la créativité de chaque peuple. Cette créativité n’est pas niée par Witzel; c’est sans doute à cause d’elle que la structure ancienne unique sous jacente, s’il y en a une, n’est pas apparue clairement jusqu’à présent.

    Prenons comme point de comparaison la linguiste : ce n’est qu’au XIX° siècle, après de nombreux travaux de comparaison, que la famille des langues indo-européennes a été démontrée; jusque là, la créativité de chaque peuple, alliée à l’évolution historique, avaient masqué cette unité d’origine. Il se peut très bien qu’il en soit de même pour les cosmogonies et les mythologies.

    • Je vais lire attentivement la thèse de Witzel et nous pourrons ainsi en rediscuter, :
      je me méfie juste du structuralisme, c’est à dire des tentatives de structuration unitaire de la réalité formelle, il me semble que l’on passe à côté de la poésie du monde et que l’unité se passe à un autre niveau que la raison structurale.
      C’est juste un point de vue, par ailleurs tout à fait discutable.

      • J’ai lu l’article au sujet du livre de Witzel ; on le trouve sur internet sous la rubrique : « Dans les rêves de Cro-Magnon » de Stephane Foucart.
        Le résumé de Claudine est très bien fait, car je n’ai pas appris grand chose de nouveau, et je suis toujours aussi dubitatif sur l’entreprise de Witzel afin de retrouver un mythe fondateur, une mythologie originelle fondant toutes les mythologies suivantes. C’est intéressant, c’est séduisant, c’est efficace à l’anglosaxonne, car se voulant scientifique, mais les 59 commentaires qui font suite à l’article m’ont finalement plus intéressé, car beaucoup sont critiques et ont apporté de l’eau à mon moulin.
        Il faut être assez « gonflé » pour proposer ainsi une mythologie originelle datant de 45 000 ans, caution scientifique à l’appui, quand on sait qu’il n’y a aucun écrit, aucune trace de cette filiation pendant environ 43 000 ans ! Il y a forcément projections, réductions, hypothèses ; rien ne peut être affirmé sous l’angle de la certitude. Au mieux, il est permis de faire comme Mircea Eliade et beaucoup d’autres, quelques recoupements, de noter quelques thèmes récurrents, comme par exemple le thème du déluge.
        Plusieurs personnes parlent aussi de contre-vérités, comme par exemple l’affirmation que les mythologies et cosmogonies africaines ne commencent qu’avec l’apparition de l’être humain. J’ai entendu un jour à la radio un très beau texte poétique africain qui relatait d’une manière très originale l’origine du monde, bien avant la création de l’être humain. Contre-vérité aussi de dire que cette origine se caractérise unitairement par le Néant ou le Chaos. Dans la tradition orientale indienne, par exemple, on parle soit de Brahman, soit du Vide.
        Il y a des commentaires intéressants aussi sur la possibilité de comprendre une certaine unité des mythes par la référence aux archétypes psychologiques jungiens qui pourraient être partagés par l’ensemble de l’humanité, comme en a fait l’hypothèse Jung. Cela me semble être une démarche plus profonde que la recherche historique du mythe originel.

        De toute manière, pour en revenir au texte de l’article relatif à « une cosmogonie pour le temps présent », il me semble qu’il y a une grande différence entre une cosmogonie d’origine mythologique fondée sur la puissance hypnotique des images, et une cosmogonie plus philosophique, plus abstraite, en référence à des principes métaphysiques, spirituels ou religieux, comme l’est par exemple la spirale ou la notion de Vide créateur., afin de toucher à la conscience réflexive du lecteur, même si la poésie apporte par ailleurs son parfum d’onirisme.

  9. Catherine B dit :

    Le temps présent, c’est cela aussi, et comme dit Gandhi, » »celui qui se met au service d’une bande de brigands, est aussi coupable qu’eux, même s’il se contente de leur servir de porteur de guetteur ou d’infirmier » on pourrait ajouter d’agent de la fonction publique enseignante…Gandhi and co!

    Ceux qui acceptent, se taisent, consentent par leur inaction, leur silence alors qu’il se passe ce genre de choses en Europe sont indignes et barbares.

    http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=5FKcfQJcyGs

  10. Anne-Marie dit :

    Catherine ! il ne sert à rien d’avoir peur.
    L’origine du monde montre bien un sexe de femme mais c’est une représentation comme dirait Magritte. Je suis navrée de la bêtise des adultes mais voilà peut-être qui va vous consolez: http://echelledejacob.blogspot.fr/2014/03/les-paradoxes-de-la-domination.html. 1/2 h d’écoute et vous comprendrez que tout ça c’est du vent. Ne craignez rien, faites confiance au grand vent de l’Esprit.

  11. Catherine B dit :

    En attendant Anne-Marie ne pas empêcher en prêchant la confiance, c’est laisser s’infiltrer le poison.

    Relisez la Bible, l’esprit zen…

  12. Anne-Marie dit :

    Non, je ne crois pas. Pardon c’est ma vision et pas la vôtre.
    Toutes les modes que nous avons dû traverser ! toutes les folies, c’est ahurissant comme l’imagination est puissante. Oui, en Allemagne, un père de famille a été condamné à 24h de prison parce qu’il défendait le point de vue de sa fille (9 ans je crois) qui était sortie pendant le cours de sexologie. Il n’avait pas voulu payer l’amende qui lui aurait permis de ne pas passer par la prison. Oui, il approuvait le comportement de son enfant. Oui, ça s’est passé en Bavière récemment.
    Nous le constatons, il y a bien des folies légales. Mais justement, si le légal se désolidarise de la légitimité, il va y avoir problème. Et je crois que ces difficultés suscitent des interrogations au cœur même de l’être humain et ce cheminement l’amène à s’individuer. Or selon moi, c’est à cette version de l’être humain que tout un chacun est appelé.

  13. Catherine B dit :

    Avec de tels raisonnements Anne-Marie, vous fermez les yeux sur toutes les maltraitances qui ont cours aujourd’hui, or, selon moi, aucune fin, aussi belle soit-elle puisque vous parlez du processus d’individuation ne saurait justifier ces infamies. Et taire ces barbaries, c’est consentir à la barbarie et donc être barbare soi-même.

  14. Catherine B dit :

    « le Royaume des Cieux appartient aux violents  »
    « Je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée » l’épée qui sépare et différencie, distinguant ainsi le bon grain de l’ivraie!
    Et Gandhi qui nous dit: « si l’on veut que la non-violence progresse sur les plans individuel et collectif, la vérité doit être dite, même si elle paraît dure à entendre et est impopulaire »

    • Catherine, vous voilà donc de retour, mais je vois que votre ton n’a pas changé : que de véhémence, que de violence verbale, et en plus cela m’apparait complétement à côté de la plaque. C’est un peu comme si vous vous étiez trompé de blog ou trompé de sujet, non point que je ne sois pas d’accord avec ce long film qui dénonce la théorie du genre, mais désolé, nous parlons pas de cela aujourd’hui, c’est hors sujet.
      Il n’y a qu’Anne-Marie pour vous répondre, qui aime elle aussi être hors sujet, mais je crois bien que vous êtes encore partie pour un dialogue de sourds, tellement l’émotion vous aveugle.
      Certes Gandhi disait des choses déplaisantes pour les anglais, mais avec un si grand calme intérieur, une sorte de sérénité qui était désarmante.
      Je regrette mais la violence n’appartiendra jamais au Royaume des Cieux, en tout cas sur ce blog.

    • Anne-Marie dit :

      Catherine, je ne crois pas à la parole de vérité d’un groupe.
      Oui, le royaume appartient à celui qui se fait violence pour s’ouvrir à autrui, pour comprendre, pour l’accompagner. Mais ce n’est pas un groupe que je rencontre mais une personne qui souffre.
      Je suis d’accord avec Gandhi lorsqu’il dit « la vérité doit être dite ». Mais ce n’est pas la vérité que vous nous avez dit, c’est une réalité choquante basée sur un mensonge. Il y a tant et tant de ces réalités que nous découvrons au cours de nos journées, que seul mon prochain m’interpelle. Pas les vidéos. Oui, il faut du discernement, cette épée qui sépare, différencie, cherche… notre esprit qui accueille l’autre, mais ne veut pas se laisser entraîner.
      Je n’ai pas regardé au-delà de 5 minutes, ça me suffisait pour me donner à vomir. Dans un monde qui favorise l’argent, c’est normal et évident que c’est « utile » pour déstabiliser, choquer, écœuré et c’est parce que la vidéo que je vous ai envoyée l’expliquait que je croyais que vous comprendriez

  15. Catherine B dit :

    La violence Alain, c’est la conscience du fait que l’on porte atteinte à l’humain, mais encore faut-il en connaître les principes, PRINCIPES du vivant, pour savoir qu’on leur porte atteinte, c’est ça le hic voyez-vous. Il y a une telle indifférence, une telle complaisance partout que plus personne ne sent et ne dit quoique ce soit. Et venir me dire que je vous dérange c’est quand même fort de café pour un blog qui prétend s’inscrire dans un mouvement d’intégration.

    La vie, car c’est d’elle dont il s’agit, n’est pas circonscrite dans tel lieu ou tel débat, non, Alain, elle est partout, elle diffuse en tout et en tous.

    Et si l’on sème des patates aujourd’hui, ne nous attendons pas à voir pousser des asperges demain.

    De plus, la responsabilité, qu’en faites-vous? Qu’allez-vous dire demain et même aujourd’hui à tous ces êtres qui ont été violenté physiquement, affectivement ou psychologiquement. Il est de saines colères voyez-vous …

    • En tant que créateur et modérateur de ce blog, je suis obligé Catherine de revenir sur vos propos, afin de tenter de les modérer. Une longue expérience des blogs sur internet m’a appris qu’il faut faire attention à la forme et au choix des mots : le déficit de sens du virtuel peut tourner rapidement à la violence verbale et à l’invective stérile.

      1 D’abord, je fais une différence entre la colère et la violence. La colère est souvent juste, elle correspond à la défense d’un territoire. Elle passe assez vite, c’est un mouvement d’humeur qui peut être rattrapé. Par contre la violence est à un niveau supérieur et beaucoup plus dangereux, car c’est une colère destructrice qui veut tuer l’autre, avec des arguments quelquefois longuement mûris. La violence est injustifiable, c’est le grand problème de l’humanité. Comme l’explique très bien Marko, la violence réveille la violence chez l’autre et l’on aboutit très vite à des situations de destruction générale catastrophiques (voir le retour cyclique des guerres). J’ai eu l’impression malheureusement que vos messages étaient un appel à la violence vue dans ce sens, et j’espère que je me trompe, sinon vous me retrouverez toujours là comme modérateur.

      2 Mais imaginons qu’il s’agisse seulement d’un coup de colère de votre part, je n’en ai même pas compris le déclencheur : s’agit-il du thème de la cosmogonie qui vous fâche ? s’agit-il d’un commentaire de quelqu’un qui vous a offusqué ? s’agit-il de la théorie du genre, mais à ce moment là, comme je l’ai dit dans le message précédent, vous êtes hors sujet, à moins de nous expliquer qu’il y a un lien ? ou y a t-il une autre raison ? Il faudrait vous expliquer là dessus, Catherine, en tentant de retrouvant la raison…

      3 Vous me dites : « je vous dérange c’est quand même fort de café pour un blog qui prétend s’inscrire dans un mouvement d’intégration. » Sachez, Catherine, que l’intégration dans laquelle je m’inscris – j’espère que vous avez lu Ken Wilber – n’intègre pas n’importe quoi, surtout quand c’est quelque chose qui nous tourne vers le bas, en l’occurrence vers la violence.
      Dans l’intégration que je défends, il y a une hiérarchisation des valeurs, dans laquelle la violence verbale n’a pas sa place, c’est tout – et vous avez beaucoup de « culot » de citer Gandhi, dont toute l’oeuvre est justement d’éviter cette violence aveugle.

      Donc, chère Catherine, cela se voit que nous n’avez fréquenté ce blog depuis longtemps, car vous me semblez vraiment en décalage de ton, même si ce que vous voulez défendre a sûrement de l’intérêt ; ce n’est comme cela que vous pourrez convaincre les gens.

  16. marko dit :

    Bonjour,

    Je partage la perception d’alain concernant la vehemence de vos propos… et il me semble qu’une opposition frontale animee de colere tend a nourrir l’objet suscitant la colere plutot que de construire autre chose…
    Par ailleurs, ‘plus personne ne sent et ne dit quoi que ce soit’…. je m;insurge face a ces propos injustes… Autour de moi, j’observe quotidiennement un regain de bonte, d’altruisme et d’activisme qui me rechauffe l’ame et renforce mon esprit pour construire autre chose… Nous avons meme aujourd’hui des figures telles que Pierre Rabhi que meme les merdias traditionnels ne peuvent passer sous silence tant son message est clair,integratif et sans violence,sans haine, simplement epris d’une rage legitime…
    Je ne sais s’il est de saines coleres… dans ma perception la colere s’apparente a un laisser aller ou notre ego limite prend le dessus sur le Soi empathique… l’humilite face a l’infini… qui sommes nous pour juger… savoir que tout le monde pense ceci ou agit comme cela…
    Nous ne sommes que des petits etres humains, magnifiques,illimites,miraculeux certes, mais a condition de conserver une grande humilite… chacun peut faire sa ‘part de colibri’… mais je ne me risquerai pas a dire que nous devons le faire… je connais pas la vie des autres, leurs antecedents, leurs grands parents, ni leurs enfants, leur avenir, ce qu’ils pensent et emettent dans leurs moments les plus intimes…
    Bref, j’aime l’idee de rage, encore une fois legitime, mais catalysee en energie creative… constructive… la colere me semble une forme de gachis d’energie… mais ce n’est qu’un point de vue personnel (et une perception semantique choisie et limitee… on peut sans aucun doute comprendre/definir le mot colere tel que je le fais avec le mot rage, et inversement… la surface compte tres peu…)…
    Et un petit poeme pour la route evoquant justement cette epoque etrange et l’amour, la rage, la vie… ;)

    Epoque Etrange

    Quelle époque étrange,
    Où il est si facile de freiner
    Les élans les plus sincères
    De nos destinées.
    Vivre l’instinct, à l’instant ;
    Nous ne savons rien,
    A peine vivons nous par moment.
    Trop de certitudes et d’images,
    D’histoires qui nous mettent en cage.
    Déconstruire les frêles assemblages
    Qui gouvernent nos trajectoires.
    Faire le choix de l’ignorance,
    Humilité nécessaire à la connaissance,
    A l’alchimie du grand Tout.
    Chacun, questions en réflexions
    En suspension sur le fil des actions.

    Quelle époque étrange,
    Où la mort se tient à portée
    De nos ententes malades,
    En mal de Vérité,
    De vacuité, d’espace, d’émotions
    Qui s’enlacent en paix symphoniques.

    Quelle époque étrange
    Où l’on met l’Amour en rayons
    Sur des étagères de définitions barbares,
    De concepts disséquant le Néant.
    L’Amour est plus vaste que les éléments.
    Le chimiste manque ce que l’alchimiste
    Vit en théorème d’existence.
    La ligne de présence,
    Qui rénove les sciences, les silences,
    A la mesure des besoins de l’espèce.
    Présence rugissant en silence,
    Rage sincère de l’espérance.

    Mettre en lumière le génie
    Qui transcende les démons,
    Mettre en lumière les promesses de la source.
    Non, pas des promesses,
    L’expérience de ces vents inspirés.
    L’essence d’une chaleur qu’on ne peut dompter.
    Prendre le temps, dire merci,
    Viser à l’harmonie pour élancer les perspectives
    En un profond mouvement intérieur.
    S’imprégner de lumière, d’amour, de silence,
    Et prendre son temps…
    Les profondeurs appellent des choix sans horloge,
    Sans éloges, sans personne pour regarder.
    Seul, Témoin, sans masque face à face,
    Libérer la Beauté, l’élan de vie.

    L’Amour, la rage, la Vie,
    Une trinité pour cette époque étrange.
    L’Amour avant tout, avec Tout ;
    La rage pour écraser les démons de l’éveil,
    Et la vie, car la source veille à nos bourgeonnements.
    L’Amour, la rage, la Vie ;
    La reconnaissance, le partage, l’Esprit…
    Blablabla, des mots…
    Qu’as-tu en ton Esprit ?
    Je ne sais si j’écris pour moi, pour toi…
    Sûrement pour Nous, mais pourquoi ?…
    Chacun son idée pour vivre l’élan de l’expérience,
    Chacun ses vérités accordées à la Source des silences.
    Quelle époque étrange,
    Si sourde au silence…

    ML (2013)

  17. Anne-Marie dit :

    Peut-être que je ferme les yeux, peut-être aussi je n’ai pas vocation à partir en guerre contre les passions. Je vous suggère de regarder, de chercher « en vous » la cause de cette colère.
    « Ceux qui acceptent, se taisent, consentent par leur inaction, leur silence alors qu’il se passe ce genre de choses en Europe sont indignes et barbares. » Voilà des propos qui prouvent la certitude que l’ordre établi a bien existé, doit continuer à régner, et qu’il faut être du bon côté.

  18. Anne-Marie dit :

    Vous me faites aimer la poésie ! J’en suis la 1ère stupéfaite.
    Quelle merveille, mais quelle merveille que d’être vivant ! et de pouvoir parfois comprendre autrui ! Je vous garantis que le Royaume est bien là, présent.
    Nous ne sommes pas capable de juger un être et de plus c’est trop génial. Quoi ? de rencontrer, de découvrir, d’aimer, de partager. Doucement, ne bouscule pas, laisse-moi savourer la vie et chanter n’importe quoi, vive la vie, que c’est bon la vie.

  19. Anne-Marie dit :

    Pardon Marco, puis-je mettre le poème sur facebook ? (entre nous j’y ai déjà mis ta version du notre Père )

  20. marko dit :

    Bonjour Anne-Marie,

    Merci, et merci a la vie avant tout… Concernant le travail creatifs, j’aime beaucoup ces vers de Keny Arkana, artiste de hip-hop:
    ‘J’ai fait les choses par conscience, non j’ai fait les choses par amour… ce qui en decoule ne m’appartient pas…’
    Tout a fait d’accord en cela avec ton approche:
    ‘Nous ne sommes pas capable de juger un être et de plus c’est trop génial. Quoi ? de rencontrer, de découvrir, d’aimer, de partager. Doucement, ne bouscule pas, laisse-moi savourer la vie et chanter n’importe quoi, vive la vie, que c’est bon la vie.’

    C’est avec grand plaisir que tu peux partager le poeme sur facebook… Par ailleurs, si cela t’interesse, j’ai cree une page facebook pour promouvoir mon nouveau blog sur lequel je diffuse notamment des poemes un peu plus anciens illustres par un ami (https://www.facebook.com/unmultiple)

  21. Catherine B dit :

    Je vais donner la parole à Gandhi car je pense qu’il est meilleur « messager » que moi, soumis à vos réflexions sans obligation d’y souscrire bien sûr.

    « dire ou écrire quelque chose qui déplaît n’est certainement pas violent si les propos que l’on tient semblent correspondre à la vérité. Pour qu’il y ait violence, il faut que la pensée, le mot, ou l’acte contienne une intention violente, l’intention de nuire à celui qu’on appelle l’adversaire. Souvent, les gens ont peur de dire ce qu’ils pensent et finissent par devenir hypocrites parce qu’ils se font de fausses idées sur les convenances ou qu’ils craignent de froisser la susceptibilité des auditeurs ou des lecteurs. Si l’on veut que la non-violence progresse sur les plans individuel et collectif, la vérité doit être dite, même si elle paraît dure à entendre et impopulaire. »

    Reste à chacun en conscience à savoir ce qu’il pense de cette théorie du genre et de constater en son for intérieur si en elle-même elle contient ou non des germes de violence? C’est une question ouverte et non fermée , à chacun de se déterminer là-dessus, mais savoir ce qui se trame pour ne pas dire ensuite, je ne savais pas, c’est tout. On ne saurait d’un revers de main me semble-t-il, mais peut-être suis-je encore bien naïve, se défaire si facilement de cette problématique qui touche des enfants , futurs adultes de demain.

    Il ne faut pas confondre le thermomètre qui indique la fièvre avec la fièvre elle-même!

    • Tout le monde est d’accord, Catherine, avec ce texte de Gandhi sur la Vérité – toute sa réflexion d’une vie tourne d’ailleurs autour de cette valeur (satya).
      Mais la manière beaucoup trop émotionnelle avec laquelle vous vous exprimez, n’est pas proche de cette recherche de la Vérité ; traiter celui avec lequel on n’est pas d’accord de « barbare » ne fait pas avancer le processus de Vérité qui est souvent une co-création.
      Par ailleurs, la manière dont vous avez détourné le propos de cet article « la cosmogonie », est aussi une violence en elle-même avec l’esprit de ce blog, à laquelle d’ailleurs Anne-Marie s’est montrée complice.
      Je ne tiens pas que la réflexion philosophique et spirituelle sur la cosmogonie soit dévoyée sur un débat difficile et complexe sur la théorie du genre, qui nécessiterait un autre article avec des textes de fond pour ouvrir le débat et non une video assez « cheap » – moi aussi je n’ai regardé que cinq minutes. Je n’ai pas envie d’écrire actuellement un tel article, car je ne suis pas assez informé.
      Sauf la nécessité préalable de faire le lien avec une cosmogonie actuelle de la théorie du genre, je ne tiens pas à ce que le débat continue sur ce sujet.

  22. Anne-Marie dit :

    Je crois qu’il y avait bien des germes de violence dans cette vidéo. Je ne veux pas la revoir.
    Qu’est-ce que je pense de la théorie du genre ? Ça me fait sourire.
    Pour moi, il est évident que les primates s’arrêtent à ce qu’ils voient. Ils ont vu qu’il y avait quelque chose qui pendait entre les jambes, ils se sont rassemblés entre eux, car l’étrangère (celle qui n’en a pas) est forcément différente, personne ne peut le nier. Ce fut le 1er mouvement politique : l’exclusion. Mais l’étrangère faisait des petits, fécondait, était fertile, il fallait la posséder. 2ème acte politique: on lui donne un statut, c’est bien la preuve qu’on ne nie pas la réalité. Etc. etc. etc. Ainsi va le monde. Entre les conventions édictées par les institutions, légalisées par le primate, il y a toujours eu violence sur les vivants.
    Je me dis que cette théorie du genre est nécessaire car vraiment les primates sont trop bêtes.
    A tout cloisonner, tout cerner, tout définir, avec des mots dont ils se croient propriétaires, alors que les mots nous traversent, si peu de raison, ce serait à désespérer, si justement quelque chose ne venait pas détruire leur constructions bien ordonnée.
    Il appartient à chacun d’entre nous de réfléchir, de se situer par rapport à autrui, de vivre avec la volonté de s’ouvrir aux autres. Le primate n’a pas cette volonté, il n’a que le désir de dominer ou de trouver une théorie qui lui permette de laisser son nom.

  23. Anne-Marie dit :

    Chère Catherine
    Ce matin j’ai écouté la chronique de Philippe Meyer : http://www.franceculture.fr/emission-la-chronique-de-philippe-meyer-0. Il m’a mis la puce à l’oreille. J’ai donc fait des recherches et voici ce que je trouve : « Une stupéfiante révélation a récemment indiqué que dans la moindre manifestation de violence dans les milieux scolaires des États-Unis, y compris les massacres infâmes dans des lycées de Denver et de l’Arkansas, le monoxyde de dihydrogène était concerné. Il s’avère que le monoxyde de dihydrogène est ouvertement accessible aux élèves de tous âges à l’intérieur des locaux d’enseignement, supposés à l’abri des influences extérieures. Pas un seul des responsables que nous avons interrogés n’a pu dire avec certitude la proportion de cette substance en circulation dans leur propre établissement.  »
    Sous prétexte que l’industrie en a besoin, tout est justifié par l’état

    • Je ne vois pas ce que vient faire cette information. encore une fois, elle me semble hors sujet ; on ne va pas démarrer un débat sur les milliers d’exemples de la violence du monde actuel.
      Je lisais ce matin dans le journal le rapport du GIEC sur le changement climatique, c’est encore bien plus accablant, et alors ?
      Qu’est-ce qu’on en fait pour une Cosmogonie du temps présent ? Quel est le lien ? J’ai ma petite idée, mais j’aimerais mieux que ça vienne de vous, Anne-Marie.

  24. Anne-Marie dit :

    Cosmogonie : un système de la formation de l’Univers.
    Me voilà directement interpelée. Alors comme personne ne nie les milliers d’exemples de la violence du monde actuel, je suggère que nous abolissions l’argent. Ça mettra un terme à l’insupportable, l’intolérable, l’irrespirable.
    Pour moi, l’économie est un système qui distribue les ressources en fonction des besoins afin que chaque élément, organisme, appareil puisse à son tour produire ce qui doit être produit pour l’harmonie et le maintien de l’organisme tout entier. Comme l’organisme ici est la planète et ses vivants, il est facile de décider que l’on supprime l’argent(qui ne sert qu’aux personnes morales : institutions, entreprises, conventions, lois, associations, etc.) et grâce aux codes-barres et la connaissance exacte que nous avons des ressources, nous agirons comme la photosynthèse qui à partir du gaz carbonique et du végétal crée de l’oxygène et permet la faune et la richesse de la biodiversité. Voyez vous-même : prosperdis.org ou desargence.org.

    Rien ne nous empêchera d’écrire des contes, l’imagination ne sera pas interdite, mais tout se fera « gratuitement » pour le bonheur d’offrir sa vision. Si quelqu’un veut faire peur, qu’il le fasse sans tirer profit sauf d’avoir réussi « un beau poisson d’avril ». Tout à l’heure je relisais Descartes, j’en ai même recopié des § justement en pensant à Catherine. Il écrit « il serait maintenant besoin que je parlasse de plusieurs questions qui sont en controverse entre les doctes, avec lesquels je ne désire point me brouiller, je crois qu’il sera mieux que je m’en abstienne, et que je dise seulement en général quelles elles sont, afin de laisser juger aux plus sages s’il serait utile que le public en fût plus particulièrement informé. »

  25. Claudine D dit :

    Décidément, ce beau texte d’Alain aura attiré, je ne sais pourquoi, un nombre invraisemblable de commentaires sans aucun rapport avec le sujet d’origine. Cela a pour moi complètement gâché le sujet et me rend très triste. On n’a pas le droit, intellectuellement, même si c’est possible concrètement, de détourner ainsi un sujet pour y placer ce qui vous importe personnellement.

    Je ne discuterai pas les affirmations de Catherine et d’Anne-Marie, pour ne pas entrer dans cette déviance, bien que j’aurais beaucoup à en dire. Mais je leur demande de bien vouloir poursuivre leur confrontation, si elles souhaitent le faire, ailleurs que sur ce blog. Je les en remercie d’avance.

    • Merci Claudine de me prêter main forte. Je réitère votre demande : si vous voulez, Catherine et Anne-Marie discuter de vos idées fixes qui n’ont aucun rapport avec cette cosmogonie – pour l’une « la théorie du genre », pour l’autre « la suppression de l’argent » – merci de le faire entre vous en dehors de ce blog.

  26. Pour revenir à nos moutons (cosmogoniques), je voudrais signaler la réédition récente d’un livre magnifique en relation avec le sujet, qui s’appelle : « Le héros aux mille et un visages » de Joseph Campbell aux éditions de poche « J’ai Lu » collection « Bien-être ». Campbell fut un génie de la mythologie comparée qu’il acclimate à la modernité dans un langage puissant et très accessible.
    Dans le Prologue, dans une partie intitulée « Le nombril du monde », je lis :
    « Le torrent de vie s’inscrit à une source invisible, en un point qui s’inscrit au centre du cercle symbolique de l’univers – tiens, tiens, voilà qui nous rappelle le bindu et la spirale ! – , point autour duquel on peut dire que le monde tourne.
    Sous cet emplacement, se trouve la tête du serpent cosmique qui soutient la terre, le dragon, symbole des eaux abyssales, qui représentent l’énergie divine créatrice de vie.
    L’arbre de vie, c’est à dire l’Univers se développe à partir de ce point. Il s’enracine dans les ténèbres qui le soutiennent – tiens, tiens ! – ; l’oiseau d’or du soleil perche sur sa cîme ; une source, le puits intarissable, bouillonne à ses pieds… »
    Je continuerai demain matin ou toute à l’heure si j’ai le temps, bonne soirée à tous.

    • voici la suite :
      « Ou bien l’image peut être celle d’une montagne cosmique portant à son sommet, comme un lotus de lumière, la cité des dieux, et dans ses replis, les cités des démons toutes scintillantes de pierres précieuses. Ou bien encore, ce peut être l’image de l’homme ou de la femme cosmique (le Bouddha ou Kali, la déesse dansante hindoue, par exemple). Assis à cet emplacement ou s’y tenant debout, ou même fixés à l’arbre, sont Attis, Jésus, Wotan ;
      le héros, en effet, en tant qu’incarnation de Dieu, devient lui-même le nombril du monde, le point ombilical par où les énergies de l’éternité jaillissent dans le temps. C’est pourquoi le nombril du monde est le symbole de la continuité de la création : le mystère du maintien du monde accompli grâce au miracle continu de vivification qui jaillit en toute chose. »
      Voilà pour ce soir, afin d’entretenir les rêves de la nuit, d’où sont sûrement sortis la plupart de ces mythologies pleines de poésie.

  27. Anne-Marie dit :

    Claudine, je comprends votre colère et votre plaidoyer pour les vivants, c’est d’ailleurs pour cette raison que je suis sortie de ma léthargie, alors si vous voulez m’écrire voici mon courriel : annemarie.beneix@free.fr

  28. Catherine B dit :

    Dé-viance, comme vous y allez CLaudine, croyez-vous que la vie choisisse des voies rectilignes pour se dire? Allez, je vous laisse… N’ayez crainte, vous allez pouvoir discuter tranquillement. La vie ne n’exprime que dans le paradoxe et les ruptures de cohérence! au ciel alors!

  29. Anne-Marie dit :

    Rien ne justifie l’infâme, c’est exact. Et c’est pour cette raison que je parle plus des vivants qui souffrent que de la vie, parce que la vie est biologique, mais les vivants ont une part de l’être.
    L’interpellation de Catherine concerne l’être et non l’humain ; l’homme se croit toujours supérieur au primate. Il oublie toutes les mises en garde.
    Pour moi, ce sujet ne sortait pas de la cosmogonie pour le temps présent parce qu’il est aussi râpeux, aussi excessif, aussi peu respectueux, aussi pauvre que ce que nous vivons sur terre.
    Oui, je suis convaincue que l’Esprit est à l’origine de toute création pour reprendre Olivier « La vérité est un défi, le plus grand qui soit. C’est un défi à s’enquérir ,un défi à chercher, et un défi à être. ce n’est pas quelque chose que vous devez devenir. » Mais il y a des primates qui ne croit ni à la vérité, ni à l’Esprit et qui ne cherche que l’intérêt de leur égo. Il dit aussi « I must assert that God alone is the giver of negation and of all higher approaches beyong that. » et c’est exact. Pensez à Moïse qui obéit et se rend chez pharaon sur ordre de dieu et se fait attaquer la nuit même (et c’est grâce à l’intervention de sa femme qu’il a la vie sauve) Pensez à David qui jouait de la musique et Saül a pris sa lance pour le tuer, pourtant Saül était l’oint, le roi, mais il était jaloux. Rien ne justifie l’infâme, c’est à nous qu’il appartient d’avoir du discernement. L’Esprit donne ce discernement, il ne nous appartient pas en propre. En effet, la vie est une proposition et nous sommes toujours responsables de nos actes et de nos comportements.

  30. Pour conclure, j’ai envie de dire qu’il y a plusieurs sortes de cosmogonies, et cela m’a été inspiré par la lecture de Joseph Campbell :
    Il y a une cosmogonie de l’Origine du monde et de l’univers : c’est un peu ce que j’ai essayé de faire dans cet article avec le Soi, le bindu et la spirale ; c’est un exercice difficile car toutes les hypothèses sont permises, il n’y a aucun point de référence, c’est une affaire au delà de l’humain, que peut-être il ne pourra jamais vraiment comprendre : « pourquoi toute la création de cet univers plutôt que le rien ? »

    Ensuite il y a une cosmogonie du monde intermédiaire des divinités. Elles sont soumises à la dualité des formes, même si celles-ci sont beaucoup plus subtiles que les formes physiques de l’ humain. Cette 2e cosmogonie alimente un foisonnement de mythes et de mythologies, dont s’abreuvent la plupart des anciennes traditions religieuses et paîennes, car les chamanismes de la nature, de son imagination débordante, a produit une somme incroyable d’histoires, où dieux et déesses participent activement à la création d’un sens, comme des messagers importants du premier Principe créateur.

    Enfin il y a une 3e cosmogonie, celle qui s’occupe de la création de l’homme. Là encore les hypothèses sont très variées pour expliquer ce qui apparait comme une chute dans les limitations de toutes sortes qu’elles soient physiques, temporelles ou spirituelles, en même temps qu’un désir inextinguible de transcendance qui est la marque des héros.

    En ce sens, ce que j’ai écrit là, ne serait qu’une première partie. Il me reste à écrire deux autres chapitres, mais surtout le 3e, qui serait une manière de se rapprocher du destin de l’être humain, très préoccupant en ce moment, ainsi que le souligne Anne-Marie.

  31. Anne-Marie dit :

    « Dans cet âge féroce du loup où se trouve l’humanité d’aujourd’hui, il est besoin de résistance créative d’êtres humains qui indiquent la naissance d’une ère nouvelle. »
    Ce temps est commencé je crois. A la différence des époques précédentes où le sens était donné de l’extérieur, est venu le temps où c’est l’être humain qui souhaite donner sens à son existence. Ça dérègle beaucoup de certitudes, d’institutions, de croyances.
    Ce que je sais de la résistance ? Elle est l’expression d’une aspiration à la justice, mais ne crée rien. Par contre si à la résistance se joint l’aspiration au dépassement de soi, alors on débouche sur la fidélité. Là, je crois s’enclenche quelque chose de l’ordre du spirituel ou de l’individuation ?
    je ne sais.

  32. Anne-Marie dit :

    Du 4 avril, vous avez écrit ceci : Il me reste à écrire deux autres chapitres, mais surtout le 3e, qui serait une manière de se rapprocher du destin de l’être humain, très préoccupant en ce moment, ainsi que le souligne Anne-Marie.
    Nous parlons bien de ce besoin de dépassement, de donner sens par soi-même autrement dit d’imprimer l’espace de temps qui nous est donné. (pour moi, il est évident que les comportements de mise en danger de soi, par la drogue, par le jihad, par des actes époustouflants de maitrise de soi (il disent devoir se concentrer à l’extrême pour traverser le vide).