Cet été, il y a eu deux morts importantes qui m’ont beaucoup touché : celle d’Arnaud Desjardins dont j’ai déjà parlé, et surtout celle de David Servan-Schreiber, dont j’ai admiré les livres et que j’ai pu cotoyer à deux reprises.
Il est difficile d’écrire un article au sujet de DSS, tellement tout a déjà été dit et redit, pour saluer, de manière unanime, la grandeur, l’humanité, l’intelligence de l’homme, et je ne peux qu’emboîter le pas dans ce sens, en soulignant quelques points qui me semblent importants.
Le pionnier
DSS fut un pionnier, en avance sur son temps, dans deux secteurs de la société « en arrière de leur temps », je pense à la psychiatrie et à la médecine conventionnelle pure et dure, en particulier l’oncologie.
En psychiatrie, il fait paraître en 2003 « Guérir », un livre qui fait date : entre « le tout médicament » et le « tout psychanalyse », il porte à la connaissance du grand public – études scientifiques à l’appui – un certain nombre de techniques venant d’outre-atlantique, renouvelant complétement l’arsenal thérapeutique classique : l’EMDR, la cohérence cardiaque, la communication émotionnelle non-violente, l’hygiène de vie – en particulier la marche à pied ou le jogging plus efficace que le Prozac, etc… Le livre a un immense succès, c’est un ballon d’oxygène dans ce monde clos et rébarbatif de la psychiatrie.
Cinq ans après, c’est « Anticancer » et l’introduction auprès du grand public de la notion de médecine intégrée ou intégrative, c’est à dire une médecine, qui, en complément des traitements médicamenteux classiques, démontre l’importance de la qualité de l’alimentation, de certains compléments alimentaires, de l’hygiène de vie et des facteurs psychologiques. Encore une fois, c’est un travail de pionnier qui obtient un très grand retentissement, mais qui lui vaut aussi beaucoup d’inimitiés et de combats venant des forces du statu-quo ou du retour en arrière – ce qui a peut être contribué à un certain épuisement et surmenage dont il parle dans son dernier livre : « On peut se dire au revoir plusieurs fois« .
L’être humain aux qualités exceptionnelles
DSS fut une personne aux qualités humaines exceptionnelles. Je l’ai rencontré deux fois et à chaque fois ce furent des rencontres marquantes.
D’abord dans une conférence tout public de mon quartier, je fus impressionné par l’efficacité et l’intelligence de son propos démontrant avec une redoutable précision, – chiffres à l’appui – les bienfaits de sa médecine intégrative ; mais surtout je fus interpellé par sa pugnacité, son courage pour affirmer des vérités qui visiblement dérangeaient, en particulier celles relatives aux dangers des ondes électromagnétiques et à l’utilisation inconsidérée du téléphone mobile. Je voyais le professeur invité à l’occasion pour faire la controverse, vaciller dans ses certitudes et ses préjugés, tant la démonstration était implacable et marquée d’une force d’autant plus redoutable qu’elle était tranquille et calme.
La deuxième fois, je le rencontrais à un déjeuner lors des rencontres de Millançay, il était à la même table. Il s’enquit avec beaucoup de simplicité de savoir qui j’étais, et quand je lui racontais que j’avais suivi la formation EMDR et un stage complémentaire d’une américaine Maggie Philipps, venue parler de l’EMDR et de la « Mindfulness », il me pressa de questions sur ce stage avec une grande curiosité ; puis, quand je commençais – comme à l’habitude – à devenir un peu caustique sur le contenu, je le vis prendre ses distances avec beaucoup de douceur et de tact, avec une sorte de sourire dont je sens encore toute la profondeur et qui me laissa un peu stupide dans un silence, dont j’avais à comprendre les clés.
Le mystère
Il y a une question qui me taraude depuis la sortie de son dernier livre, cette sorte de testament avant son départ fin juillet : mais pourquoi est-il parti si tôt, si jeune ?
Est-ce par surmenage, parce qu’il n’a pas ménagé ses forces dans l’ardeur de son combat pour la médecine intégrative, comme il semble l’avancer dans son livre dans une sorte de confession troublante ?
Est-ce par une sorte de sacrifice de sa vie, par l’entremise d’une maladie terrible qui l’a frappé très jeune, mais qui, comme le suggère toutes les grandes traditions, lui a permis de faire émerger la conscience à un niveau supérieur ?
Est-ce dans la résolution d’une sorte de « karma » familial », dont il parle aussi beaucoup, d’une certaine manière dans ce livre, en faisant référence si souvent à son père ?
Il n’y a que des hypothèses sans réponse et un halo de mystère autour de sa disparition.
En tout cas, pour lui, comme le raconte ses proches, il avait accepté complétement ce mystère et il fut encore une leçon de vie face à la mort, ne se départissant pas de son calme, de sa sérénité et de sa douceur, tout en prenant, comme d’habitude, ses responsabilités à la rencontre de la redoutable Déesse munie de sa faux.
Tags : intégration, médecine, mort, psychiatrie, santé
Lucidité,force tranquille,a l’écoute ,curieux,courageux…on pourrait en rajouter des centaines en ce qui le concerne.
Sa foi dans ses recherches ,et les rencontres qu’il a pu faire lui ont permis de transcender le moment de son départ.
quel exemple !
Et nous ,quand nous nous retournerons sur notre passé,seront nous aussi fiers ?
bonjour
je ne l’ai pas lu et pense que beaucoup de gens ne l’ont pas lu.
Combien de fois ai-je entendu après la parution de ses ouvrages (et leur médiatisation) : « le cancer est une maladie psychologique » ou « si elle a le cancer c’est qu’elle le veut » et autres âneries. A aucun moment je n’ai entendu ou lu quoique se soit sur la « médecine intégrative ». Sauf sur ce blog.
Ca me donnera envie d’en savoir plus et pourquoi pas lire servanschreiber
aurevoir
oui, la médecine intégrative défendue par DSS, mais aussi par Thierry Janssen et Guy Corneau (voir tag médecine et les pages sur mon site qui leur sont consacrées), prend en compte les différentes dimensions de l’être humain : physique, émotionnelle, mentale, sociale, énergétique, spirituelle. Si bien que dans une maladie, qu’elle qu’elle soit, il s’agit d’agir sur ces différentes dimensions par des moyens différents. Par exemple pour le cancer, tel que le décrit DSS dans son livre « Anticancer », il s’agit de suivre les traitements de la médecine conventionnelle qui s’adressent au corps, et en même temps, faire un travail sur soi-même (émotionnel et mental), prendre soin de son alimentation et de son hygiène de vie (physique et comportemental), pratiquer la méditation de la pleine conscience (spirituel), utiliser les médecines complémentaires (acupuncture, homéopathie, etc) (dimension énergétique), etc. Cette accumulation de moyens, en complémentarité, permet une plus grande efficacité dans le traitement, études scientifiques à l’appui. Bonne lecture de David, ça vaut vraiment le coup !
Bonjour,
David Servan-Schreiber m’a aidée par ses principaux ouvrages sur la dépression et sur le cancer et par d’autres articles, entretiens… J’écoute et je pratique de façon régulière ses exercices de relaxation et de cohérence cardiaque que l’on peut se procurer sur le net.
J’ai lu son deuxième ouvrage sur le cancer avant de découvrir que j’en étais atteinte. Cela m’a permis de réagir avec moins de panique face au diagnostic. D’emblée je ne me suis pas sentie « seule » face à la maladie mais comme appartenant à une famille de gens qui combattent et qui s’entraident. Une véritable communauté qui réagit, qui vit et n’accepte pas la fatalité.
Cet ouvrage permet à celui ou celle qui se découvre atteint du cancer de se situer face à ce monde médical auquel on appartient pas forcément et qui fait peur, auquel on adhère comme à une punition injustifiée. Il permet de comprendre que l’on reste maître de soi même malade et que les moyens de dire NON à cette maladie sont pluriels. Nous sommes UN et si la médecine traditionnelle, si l’on peut en bénéficier, fait un maximum pour nous sauver, il nous appartient d’en faire PLUS en fonction de ce que nous sommes, de notre projet de vie, de notre amour de la vie et des moyens matériels dont nous disposons.
Croire en soi, prendre ces mains tendues pour trouver la force de mener à bien son ou ses traitements et transmettre à d’autres cette force, c’est ce que David a fait. Il l’a fait en tant que médecin, en tant que scientifique, en tant que personne atteinte du cancer.
Le travail qu’il a réalisé mérite le plus grand respect et est pour moi une oeuvre de fraternité. Je ne peux que suggérer de le lire, d’écouter sa voix. Suivre cette main tendue me permet d’élaborer et de vivre avec une certaine philosophie de la guérison, de respect et d’ouverture vers tout ce qui vit. Car il y a une vie, peut-être la vraie vie après le cancer. Et si l’idée de la mort est plus présente, la vie est alors vécue avec une conscience nouvelle.
Croquons la vie !
Merci Marie pour ce magnifique message.
Bonjour, il me semble que DSS, parle dans son livre, « Guérir », de dépression, d’anxiété…
Mais connaissez vous des lectures, sur la psychose maniaco dépressive, ou, la bi polarité…
???
Merci
Thérèse
…
il y a un livre du Dr Christian Gay qui s’appelle : « Vivre avec des hauts et des bas » éd. J’ai Lu