Il y a des endroits, où la Nature est prodigue, précieuse, généreuse, débordante d’offrandes.
De son génie créateur, elle s’est surpassée en inventant le cocotier, cet arbre magique qui aime dresser sa fière silhouette ébouriffée, le long des rivages des pays tropicaux, comme par exemple dans toutes les îles de Polynésie.
Le cocotier donne tout, largement, sans compter :
Ses feuilles, ou plutôt ses palmes, qui se balancent en frissonnant sous la caresse des vents alizés,
il les offre à profusion pour recouvrir le toit des maisons, pour fabriquer des haies, des murs, des paravents,
mais aussi pour tresser des sacs, des assiettes, des plats pour la nourriture ou la simple décoration,
sans oublier les vêtements, les masques, les parures, les boucliers…
Son fruit, la noix de coco, est de la même prodigalité :
il donne un lait dont la fraîcheur permet de se désaltérer par les grandes chaleurs,
il propose une chair blanche protéinée pour accompagner délicatement les mets,
et quand on sèche cette pulpe, on obtient le coprah qui délivre une huile recherchée pour nourrir la peau de monoï,
n’oublions pas son écorce servant à entretenir le feu ou à protéger la terre de certaines plantations.
Son tronc est précieux lui aussi : il sert à construire la structure des maisons, leurs charpentes et les frondaisons,
et si l’on creuse le bois des troncs les plus élancés,
on obtient barques et pirogues effilées,
pour s’en aller béatement pêcher dans le lagon.
Mais que se passe-t-il actuellement ? Le cocotier semble délaissé.
les noix de coco jonchent souvent le sol à l’abandon,
les troncs couchés pourrissent dans les palmeraies.
Son plus redoutable ennemi est venu des lointaines métropoles,
il s’appelle « supérette, super ou hypermarché »,
et il déverse à profusion ses objets de consommation provoquant l’addiction généralisée,
graisses saturées, sucres industriels, boites de conserve bon marché, plats tout préparés,
plastiques et cosmétiques à satiété pour overdose de déchets.
Le néo-colonialisme de la société de consommation occidentale mène inexorablement son invasion destructrice,
provoquant par exemple dans les territoires d’outre-mer le plus fort taux d’obésité et de diabète,
remplaçant, comme partout, dans le monde entier, les objets de l’artisanat local, respectueux de la nature,
par des gadgets de pacotille « made in china », à l’obsolescence programmée,
venant transformer cette même nature en une immense poubelle désolée.
Dans cette guerre totale, insinuante, silencieuse et sournoise,
comme on peut l’observer dans toutes les îles principales de la Polynésie,
le cocotier est l’ennemi à abattre.
Aussi gît-il souvent à terre, inutile dans les palmeraies sinistrées,
au mieux son bois sera-t-il exploité pour construire quelques bungalows « couleur locale », afin de faire rêver le touriste,
et son huile précieuse, soutirée pour l’enrichissement de l’industrie cosmétique.
Il est grand temps de « secouer le cocotier » d’un système qui s’est emballé,
afin que cet arbre magique puisse reprendre sa place privilégiée
dans le jardin d’Eden des îles tropicales.
Tags : alimentation, arbre, consommation, ecologie, economie, iles, nature, pollution, santé, société
Aux arbres ,citoyens !
oui, il y aurait un beau chant écologique à inventer !