Commentaires sur le livre du Dr Olivier Chambon
sous-titré : « réflexion d’un psychiatre sur la science et l’au-delà » (Guy Trédaniel éditeur)
La bonne nouvelle de ce livre
Ce livre est important, car il apporte une bonne nouvelle : nous nous trouvons à l’orée d’une nouvelle spiritualité ;
ce n’est pas, comme autrefois, une spiritualité révélée ou prophétisée par une personne seule, mystique et illuminée, qu’il faudrait croire les yeux fermés,
ce n’est pas non plus une religion institutionnalisée, dont il s’agirait de suivre le dogme et le rituel dans la plus stricte obéissance,
non, il s’agit de bien autre chose, il s’agit d’une foule de témoignages méticuleusement recueillis et analysés par des docteurs et des professeurs, tous des gens dont le sérieux et la rigueur scientifique ne peuvent être mise en doute, et qui vous annoncent du haut de leur autorité :
« il existe un autre monde que ce monde de l’incarnation terrestre et matérielle, il existe un autre monde de lumière, peuplé d’entités surnaturelles, rayonnantes d’amour et de bonté ».
Ce monde, il a été visité par des milliers et des milliers de personnes (1) pendant « leurs expériences extraordinaires autour de la mort », et leurs témoignages recueillis à leur retour sur terre, se ressemblent étrangement, souvent sans rapport avec leur culture d’origine ou leurs croyances antérieures.
Vous me direz, tout cela n’est pas complétement nouveau, car depuis les recherches du Dr Elisabeth Kübler-Ross dans les années 60, les travaux sur ce thème se sont accumulés – comme en témoigne d’ailleurs l’impressionnante bibliographie à la fin de cet ouvrage -, mais il fallait un livre de cette qualité pour nous en faire non seulement un résumé et une synthèse pertinents, mais aussi une vision intégrative pour en tirer toutes les conséquences scientifiques, philosophiques et spirituelles.
Le Dr Olivier Chambon et ses livres précédents
De toute manière, le Dr Olivier Chambon n’est pas un inconnu, j’en parle depuis longtemps, en particulier sur mon site internet et dans le magazine Santé Intégrative.
J’ai salué sa réflexion pionnière au sujet de la psychothérapie intégrative dans son livre écrit avec avec le Pr Michel Marie-Cardine « Les bases de la psychothérapie, approche intégrative et éclectique (1999)« ,
ensuite pour ses incursions dans certains domaines injustement méprisés par la psychologie régnante : ainsi l’utilisation des psychédéliques en psychiatrie et psychothérapie avec son livre: « La médecine psychédélique(2009)« , puis au sujet de la portée thérapeutique du chamanisme, il écrit avec le chamane Laurent Huguelit, « Le chamane et le psy, dialogue entre deux mondes «
Les phénomènes péri-mortels (PPM)
Aujourd’hui, il signe donc sous la forme d’un interview avec William Belvie, un nouveau livre pertinent, où vous saurez tout sur les derniers développements de « ces expériences extraordinaires autour de la mort », mais surtout les réflexions que ces expériences suscitent au niveau scientifique.
Pour cela, – c’est le seul inconvénient parfois agaçant de cette lecture -, il vous faudra apprendre à jouer du glossaire à la fin du livre, et vous familiariser avec les nombreux sigles utilisés par cette nouvelle science.
Ainsi, il y a d’abord le terme générique des PPM (phénomènes péri-mortels), où l’on peut ranger trois sortes d’expériences, répertoriées selon une terminologie anglophone faisant référence internationale : les NDE (Near Death Experience) appelées en français les EMI (Expérience de Mort Imminente), les NDA (Near Death Awareness) ou conscience accrue au seuil de la mort chez les mourants), enfin les ADC (After Death Communication), c’est à dire les communications spontanées avec les morts que les vivants peuvent tisser.
C’est dans cette dernière catégorie que j’ai appris l’existence d’expériences que j’ignorais. Ainsi les IADC (Communications induites avec les morts), ne sont pas seulement l’apanage des médiums rentrant en contact avec le monde de l’au-delà, mais elles sont de natures très variées – on peut même les obtenir quelquefois en psychothérapie avec le protocole EMDR (traitement des traumatismes par les mouvements oculaires), dans une variante décrite par A. Botkin (2).
De même, il existe maintenant la Trans Communication Induite (TCI), où la conscience des défunts se sert des appareils électroniques actuels pour communiquer avec les vivants ; ainsi elle peut s’exprimer par l’intermédiaire des ondes radio, le téléphone, l’ordinateur, le magnétophone, la télévision, etc (3). A noter que le film récent de Clint Eastwood « Au delà » est une illustration bien documentée des possibilités et des problèmes posés par ce type de communication des vivants avec les morts.
Le combat pour une science nouvelle et intégrative
Ce qui me plait particulièrement dans ce livre, c’est que le Dr Olivier Chambon est au combat, il est engagé, non seulement pour dénoncer le dogmatisme de la science matérialiste actuelle qui fonctionne comme une religion dominante avec tous les travers habituels de l’exclusion des déviants, mais aussi pour tenter de définir l’émergence d’une science nouvelle, que l’on pourrait appeler une science intégrative.
Cette science ne s’en tient pas seulement au monde sensible et matériel, mais a le courage d’intégrer toutes les expériences de cet autre monde invisible de la conscience, qu’il s’agit maintenant de valider épistémologiquement.
Cela a commencé avec l’étude des Etats Modifiés de Conscience (EMC) – prières, méditation, hypnose, EMDR, rebirth et respiration holotropique, voyages chamaniques, prises de psychédéliques, etc -, en particulier grâce au travail de Stanislav Grof, et cela se poursuit actuellement avec l’importance prise par les Phénomènes Péri-Mortels (PPM) qui représentent peut-être la famille la plus importante de ces EMC.
Des études sur les PPM, on peut tirer au moins deux conclusions scientifiques importantes.
La première, c’est la preuve de la survie de la conscience après la mort physique, dont les signes sont l’arrêt cardiaque et l’électroencéphalogramme (EEG) plat au bout de quelques secondes. Avec les NDE, l’expérience dure quelquefois pendant plusieurs dizaines de minutes, avant que la personne soit réanimée et témoigne de son voyage, en particulier dans le monde sensible d’ici bas avec force détails – ce qui écarte l’hypothèse de l’halluciation.
Il en résulte aussi une sorte d’autonomie de la conscience, que l’on décrit alors comme une conscience délocalisée ou de nature quantique, non sécrétée par la chimie ou la biologie du cerveau.
« Le cerveau ne crée pas la conscience, il est un outil de la conscience, il est un transcodeur (émetteur-récepteur) de la conscience pour qu’elle puisse interagir avec le monde matériel. La conscience originelle est de nature quantique, totalement indépendante du cerveau ».
John Eccles (prix Nobel de médecine), David Bohm, Wilder Penfield, parmi les plus illustres scientifiques accréditent ce modèle quantique de la conscience délocalisée, dont les PPM et en particulier les NDE sont une illustration criante.
Le livre insiste aussi sur les nouveaux modèles multidimensionnels de compréhension de l’être humain : le modèle de Régis Dutheil avec ses trois mondes : un monde matériel sous-lumineux, un monde lumineux et un monde supralumineux, où évoluerait la conscience originelle ou l’état de conscience quantique :
« La conscience est comme un iceberg : on en voit la partie émergée « ordinaire », sous-lumineuse, dans la réalité quotidienne, mais la partie la plus importante, immergée est la partie superlumineuse (…) La mort ne serait alors qu’un déplacement ou élargissement de la conscience par passage du mur de la lumière ».
Le livre se termine sur l’intéressant modèle d’ Emmanuel Ransford (5) qui propose une compréhension audacieuse intégrant lui aussi physique quantique et phénomènes périmortels.
Deux remarques personnelles
Deux remarques me sont venues à l’esprit en refermant ce livre :
Olivier Chambon a raison de dire que « la mort est le dernier sujet tabou de notre culture matérialiste »,
mais curieusement il y a un étrange paradoxe à cela : le progrès des techniques médicales appartenant à cette même culture matérialiste – en particulier le progrès des techniques de réanimation – permet a contrario l’incroyable multiplication actuelle des phénomènes périmortels (PPM), en particulier les NDE.
Dans cet ordre d’idée, c’est un autre médecin – cette fois anesthésiste et réanimateur -, le Dr J.J. Charbonnier, qui signe une série de livres très importants sur le sujet, de manière à nous réconcilier avec la mort. (4)
Nous assistons aussi, avec ces descriptions multiples des PPM (phénomènes péri-mortels), et en particulier avec les récits des NDE à une sorte de retour à l’origine de la spiritualité, ainsi que nous l’indiquent les plus anciennes traditions spirituelles répertoriées, en particulier égyptiennes, mésopotamiennes et tibétaines.
En effet, le principal sujet de préoccupation spirituelle de ces traditions, était de dresser – comme actuellement -, une cartographie la plus claire possible du monde après la mort, afin d’accompagner au mieux les mourants.
C’est donc comme si la boucle était bouclée, et après une longue période de réductionisme matérialiste, on en revenait progressivement à la source, à l’origine de la spiritualité ;
c’est comme si la voie royale qui conduit à l’Autre Monde était de nouveau progressivement revisitée,
voie royale, dont l’originalité est de nous aider à mieux vivre et avec plus de sens, dans cette vie sur terre – nous en avons actuellement tellement besoin.
Le Dr Olivier Chambon conclut d’ailleurs ainsi son livre ainsi :
Le but de cet ouvrage c’est de faire en sorte que les gens ne tournent plus le dos aux mourants et à la mort, comme à une chose qui serait horrible et tabou, mais au contraire s’en rapprochent pour y découvrir des trésors de vie » (…)
J’aimerais conclure par les deux principales questions posées par « l’être de lumière » aux gens qui vivent une NDE : « Comment as-tu aimé ? et « Qu’as-tu fait pour les autres ? ». On ne leur demande pas « Combien tu as gagné ? » ou « Est-ce que tu avais une grosse voiture ? ». Je vous propose de garder les deux premières questions au centre de votre vie. »
(1) prévalence des NDE estimée à 4% de la population, soit 12 millions de personnes aux Etats-Unis et 4 millions en France. Pour les ADC (communication après la mort) , c’est beaucoup plus : 25% de la population générale, 125 millions rien qu’en Europe ont fait cette expérience.
(2) Botkin A. « Induced After Death Communication, a new therapy for healing Grief and Trauma (2005)
(3) le Père Brune en parle beaucoup dans ses livres « En direct de l’Au-Delà » (1993) et « Les morts nous parlent » (2005) poche Oxus.
(4) voir en particulier son dernier livre « Les 7 bonnes raisons de croire à l’au delà » Guy Trédaniel éditeur 2012
(5) Emmanuel Ransford, « La nouvelle physique de l’Esprit », éditions le Temps Présent 2007
Tags : conscience, livres, mort, religions, sciences, spiritualité
Cet aspect intégratif de la science me passionne, comme le dialogue entre religions et philosophies, qu’elle nourrit.
Je n’ai personnellement vécu aucune des expériences mentionnées, mais connaissais déjà « La vie après la vie » du dr. Moody.
Ces données confirment ma conception cartésienne selon laquelle « je suis une chose qui pense, (…) qui sent », et n’ai pas besoin de corps ni de cerveau pour cela. Je considère bien mon cerveau commme un « émetteur-récepteur ».
Je vois pourtant deux types de limites à ces recherches.
Dans quelle mesure d’abord un matérialiste ne peut-il objecter que puisqu’il n’y a paz réellement mort, les états de conscience ainsi vécus peuvent résulter de quelque vague reste d’activité biologique, comme un feu sous la cendre?
Ensuite, les expériences de conscience entre fausse mort et réveil ne durent qu’un moment. Le grand mystère, si la conscience ne meurt pas, c’est de savoir comment elle vit, après la mort, ce que les terriens apppelent le temps: passe-t-elle à une « éternité » effaçant le temps, ou garde -t-elle quelque chose de temporel, avec variations de l’état intérieur et progrès spirituel comme sur cette terre?
L’existence de ces questions et les réponses très partielles mais intéressantes qu’y apportent les « Révélations » que je connais me ramènent à celles-ci, ma démarche « intégrative » prenant en compte tout ce qu’elle connaît.
« Dans quelle mesure d’abord un matérialiste ne peut-il objecter que puisqu’il n’y a paz réellement mort… » : il y a mort physique, François, c’est à dire arrêt du coeur et arrêt prolongé du cerveau (EEG plat pendant quelquefois très longtemps). c’est ce qui fait dire que la conscience n’est pas le produit du cerveau, elle a une autonomie, une vie à part, une qualité qui n’est pas réductible aux qualités physiques, en particulier l’espace-temps.
« passe-t-elle à une “éternité” effaçant le temps, ou garde -t-elle quelque chose de temporel,… » les personnes qui ont eu des NDE ont du mal à décrire cela, il semble que l’Autre Monde qu’elles ont visité soit plus proche d’un éternel présent, où tout se passe très vite et en même temps : ainsi elles font l’expérience de leur vie entière, mais en instantané, avec en prime le sens profond de cette vie.
Mais de toute manière, un matérialiste trouvera toujours une objection, car il n’est pas prêt à faire le saut au delà du monde visible, aussi le jour de sa mort il sera paniqué.
Je ne connais rien de ces expériences décrites. En revanche, l’été dernier j’étais sur une plage de l’Italie du Sud, en Calabre, et j’ai perdu connaissance. J’étais seule sur la plage et c’est parce qu’il pleuvait et que je restais par terre sous la pluie sans bouger qu’un passant a alerté les secours. J’ai ouvert les yeux alors que j’étais dans l’ambulance sans aucune notion du temps qui s’était passé et avec de grosses difficultés mnésiques. Je ne savais plus où j’habitais, le seul souvenir c’était des domiciles anciens, pour le reste trou noir.
Une expérience décoiffante à vrai dire, qui m’a fait comprendre beaucoup de choses et d’abord que mon corps était le siège de ma conscience et que sans conscience, plus rien n’existe, c’est le trou noir.
Les physiciens s’interrogent sur le trou noir justement…
Puisque vous avez fait l' »expérience » du « trou noir », ne peut-on pas dire que vous aviez « conscience » du « trou noir », conscience que votre conscience était complètement nue et vide?
Ben, oui, mais pendant que j’étais dans le trou noir, je ne savais pas que j’étais dans le trou noir, c’est après, en apercevant la lumière, par mes yeux qui s’ouvraient, et en voyant les visages des personnes qui étaient au-dessus de moi que j’ai compris que j’avais traversé une zone dont je ne saurai jamais rien. Mais si je ne m »étais pas réveillée je ne l’aurais jamais su mais j’y serais encore complétement. Comme quoi, ce que l’on connait, c’est toujours l’envers du décor!
« mon corps était le siège de ma conscience… » : ça me semble plus complexe que cela Catherine : oui, en un sens vous avez raison, nous ne pourrions pas parler ainsi de la conscience si nous n’étions pas incarnés dans un corps sur cette terre en ce moment, mais en autre sens, il existe plein d’expériences de conscience qui outrepassent complétement le corps, où le corps est totalement oublié : les rêves, les voyages chamaniques, l’hypnose et bien sûr les NDE, le corps est totalement absent ; c’est ce qui fait dire que la conscience est ailleurs, partout, délocalisé, comme le champ quantique des physiciens.
Par ailleurs, il semble bien que l’état de perte de connaissance dont vous parlez, puisse être apparenté à une toute petite NDE ne durant pas assez longtemps pour être suffisamment riche d’expérience. Il aurait été intéressant d’aller visiter ce trou noir…
j’ai envie de dire que le siège de la conscience est par-tout, et entre autres dans mon corps, mais ce siège de mon corps peut être un piège, car pouvant la restreindre et la réduire.
Oui, je crois que nous sommes de la conscience, un morceau de conscience dans un corps, conscience qui nous déborde donc largement, comme le vêtement au-dessus du porte-manteau comme disait Bergson, et qu’il nous revient de le comprendre. Le corps est un instrument de musique qui laisse passer ce souffle de la conscience, ensuite selon la manière dont nous allons jouer de notre instrument, il y aura des couacs ou de belles harmonies, c’est la manière qui compte, la main, le doigté!
Oui, bien sûr que cela doit être bien plus complexe que ce que j’en dis bien modestement car je n’y connais pas grand chose. Je ne parle que d’une expérience Alain et ne veux en rien en faire une généralité.
Alors certes, c’est vrai toutes ces expériences qui outrepassent dites-vous le corps, ok, n’empêche si elles peuvent se dire, se formaliser c’est bien grâce au corps. Un peu comme un récepteur de radio, il y a des messages qui passent partout mais s’il n’y a pas de capteur pour nous permettre de recevoir les messages radio, nous ne captons rien et c’est donc comme si ceux-ci n’existaient pas.
C’est une expérience étrange en effet que de vivre cela, ça permet de remettre les pendules à l’heure, de retrouver l’humilité qui ne devrait jamais nous quitter mais qui pourtant nous quitte, me quitte, et dans humilité, j’entends humus, la terre!
Merci d’avoir aborder ce sujet qui concerne plus de personne qu’on ne le pense.
Nombreuses sont les traditions religieuses chamaniques, philosophiques qui relatent de tels faits.
La plupart de ces sujets sont étudiés aussi en France avec beaucoup de rigueur et de sérieux depuis le début du siècle.Ces phénomènes se prêtent assez mal aux travaux statistiques, déja que…
http://www.metapsychique.org/
On peu ne pas être d’accord avec ces sujets mais s’accorder au moins une fois dans sa vie cette curiosité ; celle regarder sans préjugés.
Dans la plupart des cas, les personnes qui ont vécu ces phénomènes se taisent n’ayant personne à qui se confier.
De nombreuses neurologues et autres spécialistes nient ces faits parmi elles la plupart des psychologue , psychanalyse et psychiatre d’ou une vraie « réserve » des patients.
Effectivement ces histoires peuvent ressembler à celle d’un roman, mystèrieuses mais improbabes.
La force de persuation est telle dans le milieux médical que l’on fini par douter de soi, c’est mieux que de passer pour un (une) mythomane, on est alors bien à l’opposé d’une écoute bienveillante.
Sujet d’actualité aussi parce que des revues acceptent d’en parler, ce qui n’est pas si mal.
Ce site récent :
http://inrees.com/
Merci à l’auteur génial de ce blog et une très bonne année à lui et a tous.
merci pour votre message et surtout d’avoir signalé l’existence et le site de L’Institut Métapsychique International (IMI). L’INREES, J’en en ai déjà parlé, en particulier sur mon site : http://www.psychotherapie-integrative.com/experiences-extraordinaires.htm
Merci Alain de me rappeler la durée de l’EEC plat. Il ya là effectivement de quoi faire sérieusement réfléchir un matérialiste.
Pour « le sens profond de cette vie » perçu en un raccourci, ça recoupe précisément le témoignage d’un ami. Militant gauchiste assez politicien, vers la quarantaine, suite à un accident grave, il s’est vu mort et, comme vous dites « paniqué », se disant à peu près: « je suis aux portes de la mort et j’existe toujours… mais qu’est-ce que je vais faire maintenant? j’ai passé ma vie à chercher le pouvoir. Spirituellement je suis « nu comme une crêpe » (ce sont ses mots). Et dans une prière intérieure, une sorte de négociation, il promit, s’il s’en sortait, de changer complètement sa vie, ce qu’il fit durablement.
Catherine, votre histoire me ramène à une autre question: celle du souvenir qui peut rester ou s’effacer après un sommeil peuplé de rêves, après un évanouissement comme le vôtre, un coma, une NDE, à laquelle j’aurais tendance à assimiler dans l’Evangile la résurrection de Lazare et les quelques histoires analogues dans l’Evangile et l’Ancien Testament.
Dans les cas de NDE, d’une nuit avec des rêves, d’un coma qui m’a été rapporté, on garde des souvenirs prouvant que la conscience ne s’est pas éteinte. Dans votre « trou noir », Catherine, vous pensez qu’elle s’est éteinte, mais peut-être est-ce simplement au réveil l’oubli qui a été le plus fort, comme chez le Lazare de l’Evangile, dont Vigny regrettait le silence:
« Sur son tombeau désert, faisons monter Lazare ».
Curieusement à ce propos le Coran évoquant la lointaine résurrection des morts dit
qu’alors ceux-ci ne croiront être restés dans leur tombe « qu’une heure ou qu’une matinée »..
Ce que je retiens, c’est la notion de réveil, et l’inadéquation entre le temps du »sommeil » et les impressions du réveil. Vous au réveil vous étiez assez perdue, mais il m’est arrivé de l’être un peu aussi quand au matin je me réveille ailleurs que chez moi.
En fait je crois que c’est comme un saut quand ça arrive, c’est comme si nous n’étions plus alors dans la même dimension du temps et de l’espace, nous sommes ailleurs et nous obéissons alors à d’autres lois.
Puis quand on revient c’est la transition, le pont entre les deux mondes qui se traverse différemment selon chacun. Pour moi, il m’a fallu du temps pour retrouver ce que je faisais là, mais l’oubli de mon domicile actuel était en lien avec une charge émotionnelle très forte donc je ne sais pas trop bien interpréter cet épisode.
Je crois que la conscience est là partout mais s’il n’y a personne pour en témoigner, alors c’est comme si elle n’existait pas. La conscience a besoin de nous pour se savoir être, sourire!
Je retrouve les vers du « Mont des oliviers » de Vigny, où il prête à Jésus la prière suivante:
« Sur son tombeau désert, faisons monter Lazare,
Du grand secret des morts qui’il ne soit plus avare
Et de ce qu’il a vu donnons-lui souvenir:
Qu’il parle ».
Suit une longue série de questions métaphysiques.
Dites-moi François, si je peux me permettre, où trouvez-vous la source étymologique des mots sur le net? Y a-t-il un site « merveilleux »? Ceux auxquels je me réfère sont plutôt bof, c’est pourquoi je me permets de vous demander vos sources. C’est parce que j’aimerais connaître l’étymon de con-science, science surtout, mais j’aimerais faire ces recherches de façon autonome sans avoir à vous ennuyer à chaque fois. Merci d’avance
Sur un sujet un peu différent mais néanmoins proche, je voudrais faire part de mon intérêt pour un ouvrage que je suis entrain de lire, intriguée que j’ai été par l’écoute d’une conférence de l’auteur , Jean Staune, beaucoup trop dense et rapide pour que ses apports très nouveaux puissent être assimilés par un profane. Je me suis donc plongée dans « Notre existence a-t-elle un sens? » (Presse de la Renaissance, 2007), préface de l’astrophysicien Trin Xuan Thuan, et postface du neurologue Domonique Laplane.
Jean Staune a une formation peut-être pas intégrative, mais interdisciplinaire, à la fois scientifique, économique et politique. Il a des activités dans divers domaines, a participé à la fondation du Club de Budapest et à l’Université Interdisciplinaire de Paris (UIP), privée, qui organise des cours et des colloques sur les liens entre sciences et spiritualité.
L’objet de « Notre existence a-t-elle un sens? » est de montrer que l’opposition frontale entre sciences et religions, qui a occupé tout leXIX° et une bonne partie du XX° siècles, n’est plus de mise aujourd’hui, car les dernières avancées de la science – aussi bien la physique quantique que les études récentes sur l’évolution, et bien d’autres – ne sont plus en désaccord, pour qui sait en tirer les conséquences philosophiques, avec l’existence de plusieurs plans (ou niveaux) de réalité.
Enfin les deux domaines peuvent se parler. Les personnes qui acceptent ce dialogue ne sont pas nombreuses, mais leur nombre augmente, et c’est tant mieux.
Voici un court passage (p 93):
« Le monde d’avant la modernité était un monde ouvert sur un (ou plusieurs) autre(s) niveau(x) de réalité……. La modernité avait déconstruit toutes ces approches préscientifiques et s’était empressé de refermer notre monde sur lui-même. Et voilà que nous assistons à une « réouverture » du monde, non par la mystique ou la philosophie, mais par la science elle-même… la science elle-même nous indique qu’il paraît y avoir un niveau de réalité situé hors de notre monde et qui, loin d’être une pure abstraction, peut, dans certains cas, exercer une sorte d’influence causale sur notre monde ».
Bien sûr Jean Staune se fait vigoureusement attaquer par les tenants encore très majoritaires du matérialisme, certains l’accusant de ne pas être philosophe, d’autres de ne pas être un savant et donc de ne pas avoir le droit de s’exprimer au nom de la science, d’autres encore de vouloir faire de l’entrisme créationiste auprès de la communauté scientifique par l’intermédiaire de l’UIP
Catherine, votre comparaison de la conscience avec un instrument de musique me plaît beaucoup; c’est très poétique.
Merci Claudine de nous partager Jean Staune qui fait partie de mes auteurs de référence : voir sur mon site dans la partie « esprit intégratif », l’article réservé à la science :
http://www.psychotherapie-integrative.com/esprit-integratif/science.htm
Pour ce qui est du commentaire sur une comparaison de Catherine, je crois que nous n’avons pas lu la même chose. Je reprends sa phrase : « Le corps est un instrument de musique qui laisse passer ce souffle de la conscience, ensuite selon la manière dont nous allons jouer de notre instrument, il y aura des couacs ou de belles harmonies, c’est la manière qui compte, la main, le doigté! ».
Je me sens plus proche de ce que dit catherine : c’est le corps ou le cerveau qui est l’instrument de musique capable ou non de jouer la musique de la conscience qui l’outrepasse largement. J’ajouterai qu’il ne s’agit pas seulement de doigté, mais aussi de bien nettoyer son instrument de musique : une hygiène physique et surtout mentale est nécessaire, car sinon l’instrument est fortement brouillé par les couacs de l’inconscient et les rigidités de la raison transformant la musique en une litanie binaire.
L’instrument de musique, c’est le corps dans l’image que j’ai en tête.
Et le vent qui passe en nous c’est la conscience.
Et selon ce que l’on fait avec notre instrument de musique, selon ce que l’on fait avec nos doigts en quelque sorte, la manière dont nous allons utiliser notre énergie vitale, nous créons des vibrations différentes, tant quantitatives que qualitatives.
Pour poursuivre un peu.
C’est comme si nous avions la responsabilité de construire chacun notre caisse de résonance, car chacun sait qu’un instrument de musique qui n’a pas de vide en lui, pas de caisse de résonance, ne peut pas laisser passer le souffle…il ne résonne (raisonne) alors que de ses propres bruits croyant pourtant en-tendre ceux de dehors, n’est-ce pas d’ailleurs ce que l’ami Shakeaspeare essaie de nous dire avec le bruit et la fureur, question que je vous pose car j’ai cru comprendre que vous étiez une ancienne prof de lettres et donc meilleure que moi pour répondre à cela.
Et faire le vide, c’est à dire fabriquer sa caisse de résonance, ça se construit sur un feu de joie!
Le feu de nos encombrants qui encombrent notre « » »espace » » » vibratoire justement!
Si on les brûle, on fait de la place pour que l’air puisse circuler!
Bon, j’arrête là.
Pour vos lectures Claudine, je les trouve toutes les deux tout à fait remarquables pour avoir dévoré les deux bouquins goulûment.
C’est un nouveau souffle qui souffle aujourd’hui, il est très prometteur et me remplit de joie.
La physique quantique fait des ponts avec la spiritualité, je vous conseille de vous rapprocher de Basarab Nicolescu qui soutient chaleureusement l’oeuvre du philosophe Lupasco, et avec eux c’est le retour du merveilleux qui nous est offert sur un beau plateau doré avec de jolis fils dorés eux aussi.
Que demander de plus?
Que des tas de gens s’y intéressent et se rallient à ces principes vitaux dont nous avons furieusement besoin.
A bientôt de vous lire Claudine.
ah ! je n’avais pas lu votre réponse, Catherine, et c’est intéressant car les deux réponses se recoupent en disant un peu la même chose, chacun à sa manière.
J’ajouterai juste par rapport à cette belle phrase : « Et faire le vide, c’est à dire fabriquer sa caisse de résonance, ça se construit sur un feu de joie! « , pas toujours « sur un feu de joie ». La pratique journalière de mon métier (la psychothérapie), me montre qu’il faut souvent passer aussi par des vallées de larmes et des braseros de colères très anciennes pour atteindre ce Vide dont l’entretien certes, une fois qu’Il est installé, passe aussi par une sorte de Joie et d’émerveillement du moment présent.
Euh oui bien sûr, je ne le sais que trop, disons que ça passe par l’épreuve et que ça peut possiblement déboucher sur la joie, si on se laisse in-formé(e) des messages de l’épreuve que l’on traverse, in-formé(e) au vrai sens du terme, c’est à dire formée dans, au-dedans de nous!
Bon, j’espère que je ne vais dégoûter personne des mots, avec le triturage que je leur fais subir !( c’est un paradoxe, je les réduis pour les grandir, sourire!)
ôh, je suis humaine, bien humaine, avec les grosses fôtes que je viens de faire. Les yeux de Claudine et de François auront dû faire des écarquillements, qu’il me soit beaucoup pardonnée, j’étais un cancre à l’école!
Il n’y a même pas besoin de vous pardonner, Catherine, car ici, les fautes d’orthographe ne sont pas la préoccupation première. Personnellement j’ai plutôt envie de vous féliciter pour cette manière bien à vous que vous avez de « triturer » les mots, de même qu’à poser le sens de leur étymologie.
La question que vous posez à François m’intéresse aussi : je n’ai jamais réussi à trouver un bon dictionnaire d’étymologie, en particulier qui ne s’arrête pas au latin, mais fasse des recoupements avec le fond commun venant du sanscrit, le fond indo-européen.
Alain et Catherine, je partage, hélas, vos déceptions sur nos moyens d’accès à l’étymologie, mais d’un côté, ça ne vous empêche pas de « triturer » les mots français, de jouer poétiquement avec eux.
Mais ça ne suffit pas, et tous nous sommes curieux d’étymologie, de retrouvailles avec le sens originel.
Je réponds d’abord sur « conscience », latin « conscientia », fait d’être « conscius », qui veut dire « sachant avec », « complice », « partageant un secret ». Et « conscient », en latin, se dit « complice avec soi-même », « conscius sibi ». Puis on a fini par sous entendre le mot « sibi ».
Je ne le savais pas, mais je trouve ça très intéressant.
Pour mes sources, je commence avec le Robert, qui me donne le mot latin de départ.
Après j’explore le fameux dictionnaire latin-français de Gaffiot, qui permet de voir l’histoire du mot en latin.
Après (rarement), je vais au-delà, notamment avec le Dictionnaire étymologique de la langue latine de Ernout et Meillet, que jusqu’à présent je consultais en bibliothèque, mais dont grâce à vous je viens de découvrir qu’il est en ligne.
Comme ça correspond à ma formation universitaire, je garde chez moi quelques outils complémentairesn et dans mon cerveau quelques habitudes intuitives.
De toutes façons, l’outil le plus intéressant est le Gaffiot, mais je viens de chercher en ligne, et malgré les annonces de google, je n’ai pas réussi à y accéder. Ce très encombrant bouquin me paraît pour l’instant irremplaçable.
Merci François, voilà ce que j’ai trouvé, je continue à chercher dans la jungle nétique!
http://www.lexilogos.com/latin/gaffiot.php?p=398
Merci François, l’étymologie est quelquefois précieuse, mais il me semble que pour certains mots comme le mot « conscience », la difficulté de leur donner un sens outrepasse la mise en mots et donc leur étymologie, quelle qu’elle soit.
La conscience serait plus une affaire d’expérience intérieure subjective, très variable, dont la validation par consensus intersubjectif peut prendre des sens bien différents selon les époques et les modes et les expériences intérieures des philosophes et des maîtres spirituels.
M’intéresse personnellement en tant que pratique, l’expérience de la pleine conscience (mindfulness), ou, au niveau intellectuel et philosophique, les différents niveaux de conscience tels qu’ils sont décrits de manière évolutive par Ken Wilber – ces différents niveaux donnant une multitude de sens à la conscience, en fonction de sa progression.
Merci Catherine pour le site web du Gaffiot. Je l’avais bien aperçu, mais je n’avais pas compris qu’on pouvait choisir aisément sa page et avoir ainsi accès sans peine à tout le dictionnaire.