Fasciathérapie sur l’île

Continuons notre voyage sur l’île d’Hoedic, cette petite île bretonne si riche  de bonnes surprises et de ressources.
Aujourd’hui, je vous propose un interview que j’ai réalisé cet été auprès de Béatrice Garraud fasciathérapeute sur l’île.
Je transcris sur le blog le début et la fin de l’interview,
que vous pouvez lire en entier, en format pdf,  sur mon site dédié à la psychothérapie intégrative,
avec tous les autres interviews
Cet interview est aussi paru dans le magazine Santé Intégrative n°23

Que veut dire ce mot bizarre : fasciathérapie ?
Fascia est un mot d’origine latine voulant dire « bande ou bandelette ». C’est le nom donné aux tissus conjonctifs  recouvrant l’ensemble des viscères, des muscles, des artères ; c’est un tissu très fin en forme de toile d’araignée reliant , tous les éléments du corps, les uns avec les autres.  Parcouru de minicapillaires sanguins, il occupe une surface très importante et présente l’intérêt d’être partout dans le corps . Les fascias sont aujourd’hui définis comme tissu sensoriel ayant la capacité de se crisper et de se décrisper fortement, d’où l’intérêt et l’attention particulière que lui a donné un ostéopathe français, chercheur, Dani Bois, il y a maintenant plus de vingt ans. Aujourd’hui, le nombre d’articles parus sur internet montre l’intérêt porté aux  fascias dans le monde. Même en chirurgie, et en particulier en chirurgie esthétique, un brésilien de renom, me disait de ce tissu : “ le fascia est à connaître et à manier avec une extrême délicatesse pour réussir les opérations”.
Ce tissu est comme une peau intérieure que l’on sent se décrisper directement sous les mains, avec un retour de son coefficient élastique et un effet sur l’élasticité générale du corps. Dani Bois a, en autre, décrit  le point d’appui du fascia. L’effet de ce  point d’appui donne  à l’organe qu’il entoure, un « sentiment » d’aisance et d’espace.  Lorsqu’on redonne cette aisance au tissu, son élasticité, son oxygénation, son mouvement, il y a traitement de l’élément anatomique sous-jacent, d’où le nom de thérapie.
C’est une thérapie, qui s’adresse à qui, en tant que patient / client ?
Je dirai qu’elle s’adresse à tous les corps, car le corps présente immanquablement des endroits, des segments, parfois une globalité, crispés. Je pourrai même ajouter que non seulement cette thérapie s’adresse à des corps ayant des problèmes physiques, mais aussi  des corps ayant des problèmes psychiques ; en effet, on observe aujourd’hui précisément, comment une action judicieuse dans notre monde sensoriel peut détendre le monde physique mais aussi clarifier le monde psychique.
Ça s’adresse donc à tout le monde ?
Oui, pour moi, c’est une lecture autonome, complémentaire, et supplémentaire de ces deux mondes physique et psychique et de leurs symptômes (déjà bien décrits et connus).
Mais vous traitez particulièrement qui dans votre clientèle ?
Je traite beaucoup d’adultes avec des maux physiques comme les lombalgies, les migraines, mais aussi des maux psychiques comme la dépression, l’insomnie, autant de cas uniques que d’individus. Avec mes 20 ans d’expérience de lecture du sensible, je reçois beaucoup d’adolescents avec des problèmes de comportement et de mal de vivre ; pour eux, mon toucher est spectaculaire, il leur redonne le sentiment d’exister, de se sentir eux-mêmes, autonomes dans leurs corps physique et psychique. Je m’adresse aussi beaucoup aux enfants,  de 2 à 3 ans, avec des crises d’angoisse, des colères, etc. Attention, je n’ai pas réponse à tout, mais je pense que la spécificité de la lecture, le diagnostic de la fasciathérapie est important pour beaucoup de maux restant encore trop souvent sans réponse.

A la fin de l’interview, voici quelques propos intéressantes sur l’île :

Nous arrivons maintenant à votre île. Que pouvez-vous nous dire sur la santé et son lien avec cette île en pleine nature ?

Cette île a un kilomètre sur deux, c’est à dire, où que nous soyons, nous voyons la mer, la mer, cette base liquide, originelle. C’est aussi un lieu qui nous renvoie à nous-mêmes, parce qu’il n’y a que ce caillou au milieu de l’eau. J’ai eu l’intuition en arrivant ici, que ce lieu était éminemment soignant en lui-même, géographiquement. La mer, omniprésente donne la sérénité comme un liquide amniotique. C’est un lieu extrême, particulièrement révélateur, qui met en face de soi-même. Je suis venu ici avec ma grande question « qu’est-ce qui fait que l’on bouge ? ». J’ai senti que cette nature ferait 50% de mon travail de recherche. Elle a un effet cocon, contenant, rassurant, thérapeutique ; le corps est en contact sensoriel avec quelque chose de son origine, de sa Source. Pour ma recherche, c’est parfait : le phénomène « petite île » a quelque chose de naturellement très corporel. Quand une personne s’allonge sur ma table, il y a déjà quelque chose de posé, j’ai moins de travail à faire, j’ai surtout une sorte de disponibilité du corps, une ouverture, une aisance, comme nulle part ailleurs. De plus, il n’y a pas de voiture, et la voiture est un élément qui peut nous bousculer à chaque instant, une source de stress opérante, dont je me rends compte tous les jours par son absence. La façon de marcher des enfants  sur l’île est édifiante, ils sentent corporellement qu’il n’y pas de danger. Cette posture privilégiée de ce lieu, que l’on voit par exemple chez une personne en vacances, qui va nager tous les jours, se reposer beaucoup, car il n’y a rien à faire ici, – on n’utilise pas la carte bleue, il n’y a pas de consommation en dehors de la nourriture – tout cela me permet ensuite d’aller dans l’intérieur, dans les profondeurs, voir l’aspect qui ne lâche jamais,
Est-ce que vous pouvez nous parler des stages résidentiels que vous organisez sur cette île ?
Je propose effectivement sur l’île des cures particulières, qui réunissent justement d’autres professionnels, dont nous avons parlé précédemment. Il y a un professionnel du monde physique faisant des massages, un professionnel du monde psychique (psychologue, psychothérapeute ou spécialiste de l’expression) et un professionnel comme moi qui s’occupe du monde sensoriel. J’invite des personnes à suivre cette cure, où ils ont trois soins par jour de ces trois disciplines pendant quatre jours. Son originalité est cet environnement propice dont je viens de parler, mais surtout sa collégialité de connaissances perceptives. Il s’agit d’une synergie de trois mondes, de trois regards, de trois modes de connaissance sur les personnes. Nous faisons le point chaque soir pour chaque personne ayant reçu les trois soins, et nous établissons un projet de soins pour le lendemain. Le fil rouge est avant tout sensoriel et intégratif, comme vous dites,  sur un chemin qui consiste à passer d’un univers stressé à un univers reposé, détendu, ouvert. Par ailleurs, je l’avoue, l’échange avec les autres pratiques me donne cette connaissance essentielle pour avancer encore , et répondre à ma question d’enfant.
Et l’île, c’est quelle partenaire ?
J’en ai fait effectivement avec le temps, une vraie partenaire. Cette nature puissante de beauté, serait l’enveloppement premier – et pourquoi pas spirituel – de l’individu. Son histoire ancienne parle d’un lieu de prière pour les moines. La nature est si forte : une belle tempête, un grand ciel bleu, un brouillard impénétrable, et la présence particulièrement paisible des oiseaux. Tout cela contribue à une sorte de neutralité globale. Il y a aussi ce lieu particulier, où se déroule le stage : c’est un sémaphore, c’est à dire un lieu chargé d’envoyer des signes aux bateaux pour passer au bon endroit sur la mer. Je fais aussi cela avec les personnes qui viennent en cure. L’histoire et le présent sont donc utilisés avec cohérence, pour accompagner les êtres humains, les aider a passer au « meilleur endroit » sur leur chemin.

 

 

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