Un des objectifs de ce blog est de mentionner certaines tentatives intéressantes d’intégration à l’époque actuelle, mettant en acte et à l’oeuvre une vision intégrative nouvelle, c’est à dire ce besoin urgent de relier, de réunir, de faire dialoguer, d’harmoniser, ce qui était autrefois séparé, cloisonné, enfermé, en particulier dans les différents domaines du savoir.
L’institut Naropa est un bel exemple de cette vision intégrative. Il a été fondée en 1974 aux Etats-Unis par Chogyam Trungpa, un maître bouddhiste, qui avait pris ses distances avec la tradition figée du bouddhisme tibétain – en témoignent ses vêtements à l’occidentale. L’institut Naropa a permis un superbe rapprochement aux Etats-Unis, entre le monde de l’art, les sciences humaines et les traditions spirituelles. Ainsi, sa rencontre avec Chogyam Trungpa et cet esprit intégratif, a permis au grand poète américain, Allen Ginsberg, de prendre son envol.
Fabrice Midal dans son livre « Risquer la liberté » rapporte les paroles de Chogyam Trungpa, quand il a présenté son projet en juin 1974 : « L’idée de fonder l’institut Naropa provient de l’idée de travailler à partir de ce qui existe dans ce pays, mais aussi des autre traditions de par le monde…Le point fondamental ici est que nous pouvons travailler ensemble, nous pouvons nous relier les uns aux autres sur la base de la confiance – dimension qui semble terriblement déficiente dans la tradition éducative occidentale. »
Fabrice Midal fait ensuite le commentaire suivant : « Chogyam Trungpa invita pour l’été un aéropage d’artistes, d’intellectuels, d’historiens, de psychologues, dont Allen Ginsberg, Gregory Bateson, Gary Snyder, Anne Waldman, Ram Dass, John Cage, herbert Guenther, Stanislav Grof. A la surprise générale, ce ne fut pas quelques centaines d’étudiants qui vinrent, mais plus de mille trois cents. Ce fut un ,événement considérable. »
Tags : bouddhisme, intégration, maitres, spiritualité
Ah Chogyam Trungpa, quels magnifiques contributions nous a-t-il laissé; ce qui rend la fin de sa fin encore plus tragique, pour moi.
Je me suis souvent demandé s’il y a un lien entre sa prise de distance avec la tradition et son grave alcoolisme plus tard?
Et si oui, quels leçons en tirer? Leçons que j’espère autres que « il faut rester dans la tradition »
Je ne savais pas la fin tragique de Chogyam Trungpa dans l’alcoolisme. ça nous laisse un peu dubitatif, avec plein de questionnements. Peut être est-ce le contexte d’une époque qui a pesé sur tout cela, le vent de folie du new age, le dérèglement de tous les sens – y compris le sens spirituel. Trunpa n’est pas le seul à avoir emprunté ces chemins chaotiques : il y eut maître Deshimaru à Paris qui honorait un peu trop le whisky, il y eut Kerouac, Alan Watts, Ginsberg, Burroughs et tous les autres. Par ailleurs, dans la tradition spirituelle, il y a aussi tous les maîtres un peu fous, Drukpa Kunley, en tête, le fou divin du 16e siècle, les maîtres taoïstes de la Chine, poètes et vagabonds, buveurs et « trousseurs de filles » : Han Shan, Basho, Hosaï, etc… La liste est longue. La pleine conscience n’est pas forcément « politiquement correcte ». L’ouverture du champ de tous les possibles s’ouvre aussi sur un espace « par delà le bien et le mal ». Mais tout cela sonne bizarre à notre époque actuelle qui apparait finalement très sage, très sérieuse, en tout cas au niveau de la « mindfulness » et de ses intégrations spirituelles scientifiquement correctes.
Oui, on a dit que cette surconsommation d’alcool (les vomissements après coup n’ont pas sauvé son corps, hélas) dût être compris comme enseignement et fût une expression de « sainte folie » pas compréhensible par les simples mortels comme moi. Soit.
Entre ses disciples on a aussi dit que son mort prématuré (son foie étant dans un très mauvais état) était une sacrifice. Hmmm
Et la personne, désigné par Trungpa lui-même pour le succéder, a infecté pas mal de ses disciples avec son HIV; il ne croyait pas qu’il fût nécessaire de prévenir ses amants, croyant que son propre état d’illumination le et les rendrait immune…
Je n’ai peut-être pas un esprit assez élevé, mais je reste critique. Les rumeurs des pratiques abusives par des « grands maîtres » ne sont pas tous de la calomnie, et se ne justifient pas toujours, je crois, en parlant de « sante folie ».
Ceci, Choyam Trungpa a écrit des merveilles, crée des pratiques intégrant art et spiritualité magnifiques et crée des centres d’une dynamisme rare. Et par exemple Pema Chodron, une de ses disciples le mieux connues et le plus appréciées, continue a témoigner de l’importance du grand maître qu’était, aussi, Chogyam Trungpa.
Des états, voire niveaux, de grande réalisation ne resoudent peut-être pas, ou pas entièrement, les problèmes plus bas?
Je vais être encore plus critique que toi, Maarten. Je crois qu’il faut en finir avec la notion de Maître et surtout avec cette relation infantilisante au Maître, qui a fait trop de dégâts et a perverti les plus belles voies de réalisation, de même d’ailleurs toutes les religions, puisque la dévotion au Maître n’est qu’un cas particulier de la soumission infantile à toute prêtrise. Ces actes d’autodestruction d’un Trungpa ou d’un Deshimaru peuvent d’ailleurs être compris comme une volonté d’en finir avec ces communautés de disciples stupides. a la place des Maîtres d’antan, il nous faut des instructeurs, des guides temporaires, sans aucune relation de dépendance religieuse. En ce sens C. Trungpa n’était pas encore assez sorti de sa tradition. Dans la laïcité de l’apprentissage de la « pleine conscience », il y a peut être quelque chose de nouveau de ce côté là , du côté de la laïcité de la relation à l’instructeur ?… c’est un beau sujet à développer, ça mérite un article.
Je suis tout « preneur » pour un tel article, Alain.
Je pense avec toi que la « dévotion » des disciples rend le travail d’un disons « grand enseignant » très difficile. Comme si l’idéalisation, quand pas bien gérée, ne gêne pas seulement l’évolution des « disciples », mais aussi risque de tirer « l’instructeur » vers le bas. Il me semble que c’est en partie ce qu s’est passé avec Chogyam Trungpa.
Mutatis mutandis, le même problème se joue dans les formations psy, et dans notre travail comme psychothérapeute. Et bien sûr je me compte parmi les « pêcheurs » en ce domaine.
Voilà pourquoi le travail en équipe, et les discussions approfondies entre pairs, est si importante pour moi…
Je pense que la relation psychothérapeutique est souvent plus saine, au sens où elle fait partie de certaines formations psy – par exemple le transfert/ contre-transfert de la psychanalyse ou l’approche centrés sur la personne de Carl Rogers, etc – c’est aussi un sujet important des supervisions ou covisions que je pense nécessaires. Donc, en principe le psy a des outils pour réguler la relation et tendre à l’autonomie de son client. En spiritualité et ses développements personnels et transpersonnels, je ne crois pas qu’il y ait à ma connaissance une telle réflexion. C’est le plus souvent le paradigme traditionnel de la dévotion « maître-disciples », où le disciple n’a pas le droit à la parole, encore moins à la critique ou au questionnement. Je me suis fait sortir un jour « manu militari » à la fin d’une séance de méditation, parce que les nouveaux n’avaient pas le droit à la parole pendant la 1ère année, comme chez les francs-maçons. Soumission, soumission…
Voilà une réponse à ton message de 18.16 (qui va apparaître en dessous celui-ci):
Relativement, probablement oui, Alain;il y a une plus grande espace de liberté dans le cabinet des psys.
Ceci dit, je ne crois hélas pas que c’est un scoop que beaucoup de thérapeutes (votre dévoué inclus, d’ailleurs, au moins le moment où une zône « sensible » en moi est touchée), et peut-être encoredes formateurs, ont du mal à gérer la critique de leurs patients ou formateurs (je préfère ne pas nommer quelques exemples de grand renom).
Les thérapeutes ont aussi leur techniques pour détourner les critiques. Par exemple, « Ce n’est pas moi que vous critiquez, mais votre parent que vous projettez sur moi »,ou: « imaginez que je suis assis sur cette chaise vide devant vous, et dites à cette personne ceque vous voulez dire », tout en suggérant que cette critique ne lui (= le thérapeute) ne concerne pas…
Et dans mon travail comme superviseur je vois aussi l’effort de beaucoup de thérapeutes pour éviter que les patients deviennent « trop » critiques envers eux, par exemple par une gentillesse mal avisée à ce moment.
Un peu comme contrepoids à mes propos critiques, voici une citation de Chogyam Trungpa magnifique et très de l’actualité, je trouve:
« We tend to think that the threats to our society or to ourselves are outside of us. We fear that some enemy will destroy us. But a society is destroyed from the inside, not from an attack by outsiders. We may imagine the enemy coming with spears and machine guns to kill us, massacre us. In reality, the only thing that can destroy us is within ourselves. If we have too much arrogance, we will destroy our gentleness. » Chogyam Trungpa, » Sacred Path of the Warrior. »
Traduction vite faite: » ; Nous tendons à penser que les menaces pour notre société ou pour nous-mêmes sont en dehors de nous. Nous craignons qu’un certain ennemi nous détruise. Mais une société est détruite de l’intérieur, pas d’une attaque par des étrangers. Nous pouvons imaginer l’ennemi venir avec des lances et les mitrailleuses pour nous tuer, nous massacrer. En réalité, la seule chose qui peut nous détruire est en nous-mêmes. Si nous avons trop d’arrogance, nous détruirons notre douceur. »
personnellement,je pense ce que décrit chögyam trungpa transcrit par Maarten Aalberse dattant le 8 mars 2010 à 13h07 se trouve une grande par de réalité,car la société rend de plus en plus les gens paranöiaques ,individuels,virtuels et rien ne va dans la perspective de nous améliorer interieurement tous sont basés que sur la compétitivité,l’argent ,le sexe,la violence ,le pouvoir,où on ne fait que nous vendre des rêves associés qu’à de la frustration,rien ne nous encourage la sagesse . Je peux parfois imaginé la déception que pouvait éprouver quelques fois un homme sage.