Il se trouve que j’ai toujours été plus intéressé par le Ciel que par la Terre.
Aussi ma fascination pour les Nuages du Ciel est sans égale,
surtout quand ils se promènent au dessus de la Mer.
Un livre merveilleux
j’ai trouvé dernièrement dans ma librairie parisienne préférée – la Librairie Galerie Nicaise (145 bd St Germain, 75006) –
un merveilleux livre : « Contre-nuits » aux éditions Alternatives (2004).
Il s’agit d’un dialogue entre « les estampes, manière noire » d’Albert Woda et des textes poétiques de Jacques Lacarrière,
– un auteur que j’adore depuis si longtemps ; un jour je vous parlerai de ses « Gnostiques » et de ses « Hommes ivres de Dieu ».
Là, parmi des textes inspirés, consacrés surtout à la Nuit,
j’ai été attiré par ce poème dédié à la célébration des Nuages.
Je prends bien soin de mettre des majuscules à ces mots : Ciel, Nuages, Mer, Terre, …
car ils représentent des éléments sacrés de la Nature,
comme on le rencontre dans l’esprit du chamanisme et du paganisme anciens
– traditions dont on perçoit heureusement actuellement le renouveau
et qui ont beaucoup de choses à nous apprendre
en ces temps de matérialisme débridé et étriqué.
Je crois aussi que la poésie peut participer de ce renouveau,
comme si elle était chamanique en son essence.
Se rencontrent, se joignent, se mêlent, s’épousent ici, en océanes noces, le nuage et la mer.
Pariade longtemps désirée et longtemps préparée.
Il a fallu des jours et des jours pour que le nuage peu à peu prenne forme, s’agrandisse et se densifie, s’alourdisse de tendres moiteurs
et se charge d’aquosités, de pressantes pluviosités, emplisse tout son sein des délicats cristaux d’une neige amoureuse.
Pleuvoir est sa façon d’aimer.
Epandre son ivresse, épancher sa passion, déverser son désir,
voilà le credo du nuage.
Se décharger aussi de sa pesante adoration en se penchant, s’inclinant jusqu’à l’eau, ces flots tant convoités, cette mer tant désirée.
S’alléger du pesant fardeau de l’amour est sa façon d’aimer.
Ne rien garder de ce qu’il fut en son passé,
vivre en flottant dans un constant présent
et finir sa vie de nuage en une aqueuse, débordante et fatale étreinte avec celle qu’il a choisie, voulue, élue depuis les hauteurs du ciel.
Dans le lexique amoureux des nuages, pleurer, pleuvoir sont synonymes.
si d’aventure vous y cherchez le verbe aimer, vous y trouverez fondre en larmes.
Telle est la loi amoureuse de la Nature,
et si on y adjoint l’infinitude du cosmos, cela devient totalement émerveillant, de sorte qu’il n’est pas difficile de croire en une Puissance, Force, Perfection d’ordre spirituel, qui nous dépasse et nous inspire.
C’est d’ailleurs ce qui arrive à bon nombre d’astrophysiciens actuels, dont je vous parlerai un jour :
ils s’élèvent en spiritualité, en transcendance.
L’Amour est partout à l’oeuvre silencieusement pour maintenir la cohésion de la Nature,
et l’homme dans son inaboutissement, son handicap, sa maladresse ontologique serait une étrange exception à cette loi,
avec cette croyance fatale qu’il vaut mieux combattre plutôt qu’aimer la Nature,
provoquant déséquilibre et désastres multiples.
Les anciens avaient bien compris cette vérité, aussi respectaient-ils, célébraient-ils la Nature,
en tentant de prendre modèle sur Elle,
Les chinois taoïstes de l’ancien temps en avaient fait leur adage,
qui en parlant de l’Amour et plus particulièrement de « faire l’amour »,
utilisaient l’expression « yun yu » signifiant « nuages et pluie »
ou plus poétiquement : « Les jeux des nuages et de la pluie« .
Tags : Amour, chamanisme, ciel, mer, nature, paganisme, poésie
Comme j’aime les photos
Comme j’aime le poème de Jacques Lacarrière
Comme j’aime votre commentaire
Comme j’aime le soleil qui sur les photos rappelle que la lumière n’est jamais loin de l’ombre
Comme j’aime ….alors je fonds en larme…
Martine