Dans la jungle des villes

Intermède  poétique, inspiré par la grande ville :

« Ils sont là,
agrippés à ces murs immenses troués de fenêtres,
ils sont là en foule, en vrac
répandus sur les trottoirs,
s’en allant courageusement, chaque matin,
tête baissée, courbés sans doute sur des rêves  impossibles,
des bribes de vie facile,  factice.
Ils semblent avoir oublié d’où ils viennent :
cet espace profond s’offrant aux largesses du ciel,
où les nuages sont maîtres de sagesse,
et le balancement des vagues sur la plage
résonnent comme des caresses.
Ils sont là,
agrippés à ces murs immenses troués de  fenêtres.

Dans la même veine, voici quelques vers du poète mexicain Thomas Segovia :

« Dans les rues qui ne dorment pas
la ville infatigable avilit la nuit
elle la traîne dans les flaques
de ses plaisirs laborieux
La prostitue sur des rives vacantes
Qu’outragent des fleuves de somnambules

Entre une enseigne lumineuse
Et un raide gratte-ciel de bureaux
J’entrevois un passant
La lune distante
Ruminant ses éternelles brumes »

Thomas Segovia    Cahier du nomade    Collection Poésie / Gallimard

Tags : ,

Les commentaires sont fermés.