Il me semble intéressant de mentionner ces paroles d’un chamane kogi, recueillies par Eric Julien dans son livre « les indiens kogis, la mémoire des possibles » (p. 157). Il démontre toute la profondeur de la philosophie de ce peuple premier – ce « peuple racine » dirait Eric Julien. On croirait lire un texte de la philosophie évolutive de Ken Wilber ou un texte d’Aurobindo.
Mais cela contredit aussi d’une certaine manière certains préjugés de Ken Wilber par rapport à la pensée des peuples premiers, qu’il relègue un peu rapidement à un niveau de conscience archaïque ou mythique, incapable de connaître encore les lumières de la rationalité occidentale, moderne.
Ce texte, qui mériterait d’ailleurs un développement de la part de ce chamane, prouve tout le contraire : la preuve de l’accession de la philosophie kogie des mamus, au niveau de la « philosophie éternelle » la plus haute, avec une vision unitaire et holistique, évolutive de la conscience humaine à plusieurs niveaux, dans une sorte de hiérarchie qui donne cohérence – et que Ken Wilber nomme la Grande Holarchie (de Plotin à Aurobindo).
Cette vision n’est pas un luxe de la pensée, artificielle et purement intellectuelle, elle est capable de donner de donner sens et cohérence à la vie – tout ce qui manque actuellement à la pensée occidentale, dominante basée sur le réductionisme matérialiste des sciences, et qui génère « un monde plat », sans profondeur – comme le dirait encore Ken Wilber…
De même, dans le domaine des psychothérapies, cette vision peut aider à organiser en un tout cohérent, la diversité des techniques et courants psychothérapeutiques qui peuvent paraître sinon éclectiques et confusionnels. (voir sur mon site les paradigmes de la psychothérapie intégrative)
Mais voici le texte du Mamu Marcello Novalita
« Pendant son existence, l’homme doit traverser neuf étapes, neuf niveaux cosmiques, neuf vies qui correspondent à neuf états de conscience. Ces niveaux cosmiques partent du centre de la terre, en forme d’anneaux, de spirales. Le premier est le plus petit, c’est de là que partent les choses pures, spirituelles. Pour passer à un niveau supérieur, il faut passer par une évolution intérieure. chaque niveau est plus large que le précédent, jusqu’au cinquième. L’homme doit ensuite revenir à cet état de pureté qu’il avait lorsqu’il était au premier niveau, lorsqu’il a commencé à se différencier du tout. Pour cela , il faut qu’il continue son ascension et sa transformation à travers quatre autres niveaux, pour atteindre le neuvième monde où de nouveau la Mère spirituelle. »
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Merci Alain, pour cette belle citation qui me donne envie d’en savoir plus… Si tu peux obtenir un peu plus de détails, je suis preneur!
Et je suis d’accord avec ce que tu dis à propos de Ken Wilber. Il est d’ailleurs assez élogieux à propos des travaux de son ami Roger Walsh, auteur de, entre autres, « The Spirit of Shamanism », donc peut-être il a nuancé ses propos, récemment ?
Ce que tu écris souligne aussi le risque des classifications trop hâtives et généralisées, qui deviennent ainsi des clichés considérés comme vrais, au lieu d’avoir plus ou moins de valeur dans la pratique ?
Peut-être y a-t-il une différence entre les modèles mythiques et les modèles plus récents, là où ces derniers ne prennent pas les métaphores « à la lettre », mais justement comme des métaphores pour des expériences subjectives (ce qui ne veut pas dire « pas réelles »).
Pour ton premier questionnement, j’ai envie de citer les propos d’Eric Julien dans l’interview que je lui ai consacré dans le journal « Santé Intégrative », pour décrire un rituel de danse de mamus qui dure 9 jours. je trouve que ces 9 jours ont des similitudes avec les 9 niveaux, mais je vais demander à Eric s’il a des détails supplémentaires.
« J’ai demandé à un vieux mamu ce qui se passait pendant ces cérémonies, dont certaines durent neuf jours et neuf nuits. Il ma répondu : « pendant quatre jours nous allons vers l’Un, puis pendant quatre jours nous revenons, le cinquième jour nous sommes Un ». Il est difficile de rendre compte de ces cérémonies qui se passent uniquement entre chamans, sachant que le rôle de spectateur n’a pas de sens. Ce que l’on peut dire, c’est qu’ils atteignent un état de conscience modifiée qui leur permet de percevoir une autre réalité du monde, un monde qui est le même que le notre, mais qu’ils perçoivent de façon différente.«
Au sujet de ta deuxième remarque sur les classifications et les schémas, il me semble que le piège c’est la rigidité et le dogmatisme. Il est intéressant de voir qu’il y a de nombreuses manières de schématiser l’évolution de la conscience humaine et cette description d’un mamu kogi, différente de celle de Ken Wilber, en réalité l’enrichit et l’éclaire à sa manière. Ce qui reste important et fait l’unité sous-jacente à ces deux schémas, c’est le fait de reconnaître l’existence de plusieurs niveaux ou états de conscience et un sens évolutif à ces différents niveaux, toujours plus larges, plus profonds, plus vastes, jusqu’à se fondre complétement dans le grand Tout – qu’on l’appelle la Mère ou tout autrement. Mais le plus important et tu as raison de le souligner, c’est comment ces schémas peuvent être pratiques et participer de l’évolution individuelle et collective, et là, je crois qu’il faut laisser à chacun une liberté de choix, sinon on peut tomber dans un certain dogmatisme théorique qui semble caractériser Ken Wilber actuellement, par exemple.
Si je traduis le rythme de ces 9 jours dans un modèle de psychothérapie, cela me fait penser aussi à la transformation essentielle de Connirae Andreas: quelque 4 (ou un peu plus) pas vers « l’essentiel », « le coeur » pour y rester un bon moment, se faire imprègner par cet état, et ensuite les mêmes étapes de retour, mais cette fois-ci irradiés par la qualité essentielle trouvée…
L’idée de prendre autant de temps pour « l’aller » que pour le retour me plait beaucoup.
Je touve très judicieux, Maarten, ce rapprochement avec « la transformation essentielle ». L’esprit intégratif, c’est vraiment pouvoir faire des liens de cette qualité. Pour les gens qui ne connaissent pas, il s’agit d’un protocole de la PNL (de 3e génération au moins !), mis au point par Connirae et Tamara Andreas, dont l’importance est d’intégrer à la PNL une dimension spirituelle. Il faut absolument, qu’un jour je fasse un article sur ce protocole, un peu oublié, j’ai l’impression. En attendant, il y a le livre « Transformation essentielle » aux éditions de la Tempérance, il date de 1998, mais on le trouve encore sur internet.
Merci Alain
Je serai très heureux si nous pourrons faire mieux connaître cette belle approche. Le livre de Connirae et Tamara Andreas est excellent dans sa « pédagogie ».
Il y a quelques semaines j’ai d’ailleurs entendu une très bonne nouvelle: les soeurs Andreas sont en train de publier un livre sur « l’alignement des positions perceptuelles », un complément de la transformation essentielle qui aide à développer la congruence, la prise de recul et l’empathie… Si je ne me trompe pas, ce sera le genre de livre à mettre dans les mains de tous les psys…
Bonjour,
Je souhaiterais communiquer avec Mr Eric Julien dans le cadre de son association.
Cordialement.
Liliane Rossi
Bonjour,
L’esprit a sans doute une histoire, mais il n’y a pas d’histoire de l’esprit.
Vous êtes invité à visiter mon blog (fermaton.over-blog.com), le code d’Einstein. C’est une théorie mathématique de la conscience humaine.
Cordialement
Clovis Simard
je dois avouer que je ne suis pas très sensible à cette conception mathématique de la conscience, pour moi trop compliquée. Mais pour monter la Montagne de la conscience et de son évolution, il y a plusieurs chemins, plusieurs méthodes. Merci de m’avoir fait connaître le vôtre.
Suite à la lecture de votre page, j’ai le plasir de vous faire part que j’ai écrit un conte initiatique sur les Kogis :
http://www.neo-planete.com/2011/01/14/%C2%AB-tisserand-du-soleil-%C2%BB-hommage-a-la-tribu-des-kogis/