Toute tornade comporte en son centre
un oeil que les goélands peuvent
traverser en silence
poète japonais anonyme du 14e siècle
Accueillir dans le silence
Quel formidable haïku !
D’abord, le déguster en silence
et laisser parler l’espace entre les mots,
car ces mots viennent directement de l’Ailleurs,
où règne le silence du non-mental.
Aussi ces mots ne peuvent être compris que dans un état de non-mental,
où c’est le vide de la page qui prime
et le silence…
La force du haïku et de la poésie
Ensuite, vient l’interprétation personnelle,
tout à fait discutable, parcellaire, subjective, hypothétique.
Pour un tel haïku, il y a mille interprétations possibles,
et j’aimerais être émerveillé par certaines de vos interprétations personnelles.
C’est la force des haïkus, de la poésie, des symboles, des métaphores, des mythes,
que de laisser la place à la multiplicité des interprétations possibles de chacun.
Comme cela fait du bien, ce flou artistique,
noyés que nous sommes au milieu de tous ces langages assertifs
qui nous assomment,
et dont une certaine science affublée de son système technique et industriel,
en est le plus bel exemple.
L’oeil du cyclone et les goélands
Ce haïku me semble d’une grande actualité.
La tornade, c’est bien sûr la crise, la grande Crise généralisée et intégrale,
cette période d’extrêmes turbulences,
qui souffle actuellement sur notre planète, dans tous les domaines de la vie,
mettant en péril la survie de l’espèce humaine.
L’oeil fait penser immanquablement à l’oeil du cyclone,
c’est à dire cette colonne de vide et de calme
autour de laquelle tourne le souffle tourbillonnant du vent.
Cet oeil est une belle métaphore pour désigner
un espace intérieur de paix, de calme, de sérénité,
le vide contemplatif de la conscience,
un centre de lumière immobile,
qui n’est pas touché par la tornade alentour.
Cet oeil est la ressouce intérieure la plus rare et la plus précieuse
Il se manifeste et s’entretient par des pratiques empruntées au « développement transpersonnel »,
dont la méditation de la pleine conscience (mindfulness) est l’exercice essentiel.
Quant aux goélands qui traversent cet espace sans problème,
ils représentent pour moi la plus belle image de cet haïku,
non seulement, parce que j’adore ces oiseaux sauvages et farouches,
qui aiment se réunir le matin à l’aube sur les plages désertes,
mais aussi parce que ce sont des oiseaux ordinaires,
que l’on trouve partout – même à Paris sur les berges de la Seine.
Cela pourrait indiquer que l’accès à cet oeil de sagesse
n’est plus réservé à une élite spirituelle ;
chacun peut en faire l’expérience à condition bien sûr de le vouloir,
avec cette sorte de volonté intérieure, très profonde,
que semblent posséder les goélands avec leur bec acéré
et leur regard pénétrant.
« On a grand besoin d’impassibilité en ce moment… »
Cet haïku me fait penser aussi à ce que déclare dans le journal Le Monde daté du 11/ 11 /11,
l’écrivain Vassilis Alexakis, dans un interview consacré à la crise grecque :
La Grèce pourrait tirer partie de cette situation pour convier, sur une île de la mer Egée par exemple, des sages de toute l’Europe, voire de toute la planète, pour essayer de voir quel genre de vie nous voulons. La Grèce pourrait prendre une initiative, parce qu’au fond le seul capital qui lui reste, ce sont ces philosophes présocratiques qui disaient une chose admirable : il faut à tout prix préserver son impassibilité. On a grand besoin d’impassibilité en ce moment
Tags : crise, haïku, metaphores, nature, oiseaux, pleine-conscience, spiritualité, vent
…il y a aussi cette tornade d’informations,
et l’arrêt proposé à partir d’une attente
dans le silence intérieur un mot prend son vol, s’étire
arabesque ascendante
il écrit là
ce qui n’avait pas été imaginé
une grâce infinie
ou
dans une messe chantée
pourquoi pas celle en si
après l’unisson vibrant des diffétents pupitres
et ce temps de silence
une voix comme un astre s’élève
et nous emporte
bien au delà du choeur
oui, c’est ça Monique :
d’où la nécessité de cultiver le silence intérieur par ces temps troublés,
par ces temps de tornade,
et il y a plein de moyens pour cela,
comme ceux que vous évoquez : la poésie ou la musique sacrée ;
c’est à chacun de trouver son « truc ».
La force intérieure qui m’anime est de loin le travail avec « l’argile », matériaux noble et malléable à l’infini,
la recherche de formes originales s’empare de toute ma conscience, je vis la naissance de ces réalisations venues de nulle part. Cela fait 25 années que cela me procure un bien-être intérieur, depuis je le partage en donnant des ateliers super enrichissants accompagné d’échanges.
Il y a toujours près de moi un guide pour poser les bons gestes avec lequel je suis en symbiose.
(Ps: un commentaire sur le film me ferais plaisir.)
Une bonne journée à vous.
« la recherche de formes originales s’empare de toute ma conscience, je vis la naissance de ces réalisations venues de nulle part. » : vous décrivez très bien l’origine de toute création authentique : la toute conscience » et le « nulle part », ce que ce texte appelle « l’oeil du silence » ou d’autres le « Vide » la « Vacuité intérieure originelle » ; sur mon site internet il ya un texte d’Osho qui parle très bien de cela : http://www.psychotherapie-integrative.com/creation/osho-creativite.htm