La catastrophe viande (1ère partie)

Le temps de tous les périls

Il y a le péril nucléaire – bombes et centrales nucléaires confondus -, il y a le réchauffement climatique et son CO2 délétère qui nous asphyxie lentement, il y a l’épuisement inexorable des ressources naturelles et de la forêt amazonienne, il y a l’épuisement de l’eau potable et de ses précieuses nappes phréatiques, il y a la misère galopante, la très grande pauvreté, le scandale des famines, encore là en ce début du 21e siècle, il y a la pollution des mers et des rivières menaçant faune et flore, il y a les guerres meurtrières toujours prêtes à s’embraser, il y a les tremblements de terre, les tsunamis et l’éruption toujours possible des volcans, etc … La liste pourrait encore être longue de toutes ces catastrophes qui nous menacent aux alentours de cette étrange année 2012.
Mais il y a une catastrophe supplémentaire, dont on ne parle pas beaucoup, elle est insidieuse, elle est pour ainsi dire invisible, elle nous concerne presque tous, et pourtant nous n’aimons pas en parler, car nous en sommes pour la plupart des complices directs : c’est la « catastrophe–viande ».

L’émission d’Arte « Doit-on encore manger des animaux ? »

Merci à l’émission de télévision sur Arte, le mardi 27 mars 2012, sur le thème « Doit-on encore manger des animaux ? », avec ce très juste documentaire « L’adieu au steak » de Jutta Pinzler, dont on peut voir quelques extraits sur internet . C’est cette émission qui m’a donné envie d’écrire cet article, car elle a essayé de soulever courageusement, le temps d’un soir, le couvercle du non-dit et de la bonne conscience générale.

La complicité générale

Mais pourquoi ce silence ?
D’une part, il y a bien sûr le verrou féroce des lobbies agro-alimentaires, qui se font beaucoup d’argent autour du marché juteux de la viande – juteux, c’est le cas de le dire, de sang et d’argent mêlés.
De l’autre, il y a la complicité générale de tous les consommateurs du monde entier, dont le nombre ne cesse de grandir, depuis l’accession des classes moyennes des pays émergents à la consommation carnée – la Chine en tête – ne rêvant que d’une chose pour paraître riche, engouffrer chaque jour le « sacro-saint steak » appelé « hamburger ». Pour expliquer cette complicité générale, il suffit tout simplement aussi de nommer l’addiction du pauvre cerveau humain dans sa partie la plus archaïque du « primate– prédateur », toujours dans le manque (1), car il a été si souvent privé pendant de nombreux millénaires du festin de la viande pour sa survie quotidienne. Il n’est plus question de survie dans les sociétés d’abondance de l’hyper-consommation matérielle, mais l’addiction est toujours là, comme un réflexe incontrôlable, une mémoire inextinguible.
Une prime spéciale pour la France
et sa fameuse gastronomie légendaire, qui s’en va essaimer de par le monde ses cuisiniers et ses plats de viande mijotés à toutes les sauces.
Alors, pour décrire cette catastrophe-viande, nous allons suivre un long parcours, comme un funeste voyage, depuis l’assiette du consommateur de nos pays repus, jusqu’à ces lointaines contrées, où l’on cultive à l’infini, le soja OGM pour nourrir les précieux cheptels.

Une assiette empoisonnée

Commençons donc par l’assiette de viande : « Attention danger ! » Elle est de plus en plus à haut risque, c’est une assiette empoisonnée, et les études scientifiques se succèdent comme autant de couperets, pour en montrer la dangereuse nocivité.
D’abord, il y a les trois graves maladies chroniques en ligne de mire, celles qui font le plus de ravages dans nos sociétés d’abondance, elles sont visées par la trop grande consommation de viande, en particulier de viande rouge : c’est le diabète conséquence le plus souvent de l’obésité, le cancer en particulier celui du côlon et les maladies cardio-vasculaires.
A propos du diabète, on peut lire dans l’Express du 11/8/2011 : « Manger 100g de  viande rouge tous les jours augmente de 19% le risque de devenir diabétique.
Ce risque s’accroît de 51% en consommant seulement 50 grammes de viande rouge transformée sous forme de « hot dog » ou de charcuteries (comme le pastrami), selon ces chercheurs dont les travaux paraissent dans la version en ligne de l’American Journal of Clinical Nutrition. « 
A propos du cancer, toujours dans le même journal :
« La consommation de viande rouge triplerait le risque de récurrence chez des patients traités pour un cancer du côlon comparativement à ceux avec un régime abondant en fruits, légumes et poissons, selon une étude publiée en août 2007 Journal of the American Medical Association (JAMA). Enfin, selon des travaux américains parus en novembre 2006 dans les Archives of Internal Medicine, manger quotidiennement de la viande rouge accentuerait le risque de certains cancers du sein chez les femmes avant la ménopause« .
A propos des maladies cardio-vasculaires :
« Les risques d’accident cardiovasculaire augmenteraient de 42 % avec la consommation journalière de viandes transformées (hot-dog, salami, saucisses, mortadelle, bacon fumé…) selon l’étude de la faculté de médecine de Harvard (Etats-Unis). Graisses saturées et cholestérol se retrouvent en proportions égales dans les viandes fraîches et les transformées. Mais le taux de sel est 4 fois plus important dans les viandes transformées que dans les fraîches et les conservateurs (nitrates) y sont 50 % plus nombreux. Les scientifiques insistent donc sur le fait qu’une politique nutritionnelle devrait être menée afin d’inciter à réduire la consommation de viandes transformées (pas plus d’une fois par semaine reste raisonnable). »

Mais il faut aussi parler de tout ce qui peut roder funestement dans l’assiette de viande : hormones, antibiotiques, enzymes, conservateurs, etc, mais surtout ces bactéries et virus qui, à intervalle régulier, donnent des sueurs froides à l’espèce humaine toute entière en faisant courir le risque d’une pandémie majeure : l’infernale histoire dès 1990 de la vache folle au joli nom d’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), les épidémies de fièvre aphteuse dans le cheptel anglais, la grippe aviaire ou virus H5N1 proliférant dans les batteries des poulaillers industriels des lointaines contrées asiatiques, le MRSA ou staphylocoque doré, une bactérie mutante et résistante aux antibiotiques et qui pointe la responsabilité des porcheries industrielles, la grippe porcine H1N1 venue du Mexique au printemps 2009…
Il est craindre malheureusement que la liste ne soit pas close…

Lire la suite dans le prochain article

(1) voir le livre de Martine Laval « N’écoutez pas votre cerveau »

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22 réponses à “La catastrophe viande (1ère partie)”

  1. catherine dit :

    Tous les grands romanciers d’anticipation nous avaient prévenu mais nous n’avons pas écouté! C’est d’-OR- eilles dont nous avons besoin!

  2. Pascal Caro dit :

    Et la catastrophe  » l’homme  » ? L’eau, la viande, le nucléaire, la chimie, l’écologie, les guerres, etc.

    Bien sûr il y a aussi l’Homme et ses réussites: La conscience, la gratitude, l’amour du prochain, l’attention à la Mère Terre, la mesure, la dignité, etc.

    Quel camp allons-nous choisir ?

    • je ne crois pas, Pascal, qu’il s’agisse seulement de choisir son camp, dans une sorte de combat qui m’apparait encore plus désastreux, car les polarités opposées vont se renforcer.
      Je crois plutôt qu’il faille manier la prise de conscience de la situation actuelle dans sa globalité, afin d’intégrer le positif et le négatif en même temps et trouver une solution non-violente qui fasse consensus planétaire.
      je crois aussi que les catastrophes vont s’accélérer et que cela va faciliter le processus d’évolution de la conscience humaine.

      • Pascal Caro dit :

        Je crois pourtant Alain qu’il y a bien « à choisir son camp », en ce sens qu’on choisit en permanence par nos actions ce qui va dans le sens de la guérison du monde ou de sa maladie.

        Il ne s’agit nullement d’un choix agressif mais d’un choix EN CONSCIENCE. Oui les évènements vont aider à accélérer un processus individuel et collectif mais il y a dès maintenant des choix importants à faire entre la mécanicité aveugle et la présence consciente autant qu’il nous est possible.

        Alors nos vies prennent une autre route, un autre sens d’où la violence est de plus en plus absente.

  3. catherine dit :

    Tout est question de graduation, jamais nous n’arrivons au oui ou au non, ça veut dire qu’il faut mettre en actualisation nos potentialités souterraines. C’est tous ceux qui le voudront assez qui feront bouger l’oscillomètre je crois, non?

  4. Pascal Caro dit :

    Oui, il y a à faire pencher la balance pour qu’une cristallisation opère. :)

  5. Marie-Hélène Gitton Arbour dit :

    bonsoir, merci de cet article qui soulève des problèmes de premier ordre malheureusement personne n’en parle vraiment (mais cela commence, cf l’excellente émission cash du vendredi sur France 2 à 22h, cette émission sur Arte etc) à cause des lobby bien sur ! Il faut aussi mentionner la souffrance de tous ces animaux qui, la plupart du temps vivent dans des conditions atroces, considérés comme des produits de consommation au service des hommes et plus du tout comme des êtres vivants, sensibles. Quelle considération en effet portons nous aujourd’hui à ces compagnons de vie ? mais l’homme peut courir à sa perte si à un moment donné il ne change pas radicalement son mode de fonctionnement, j’attends ce moment là, je l’espère peut-être de façon utopique mais il faudra bien renouer avec les valeurs du vivant, perdre l’idée de la suprématie humaine, de la sur-consommation pour certains tandis que c’est la survie pour d’autres.

    • la question de la souffrance animale, je vais l’aborder dans le prochain article, Marie-Héléne. Effectivement cette question est primordiale, car elle nécessite de changer notre vision de la suprématie humaine sur la création.

  6. Monique dit :

    Oui, ce sont les problèmes prioritaires actuellement.
    Le poison est dans l’air, dans l’eau, dans l’assiette.
    Nous sommes informés depuis longtemps.
    Lisons et écoutons Jean-Marie Pelt.
    à part , la prise de conscience, que peut faire l’individu face aux lobbies!?

    • Pascal Caro dit :

      Pour moi, Monique, la prise (ou les prises) de conscience implique des actes en accord avec qui nous sommes.
      Face aux lobbies, il y a des façons plus ou moins voyantes de se situer avec justesse sans oublier le respect des êtres vivants dont nous faisons partie individuellement et collectivement.
      Des actes guère visibles à première vue peuvent avoir beaucoup de poids autour de soi et avec le temps.

    • il y a des actes simples comme ne plus manger de viande, ou le moins possible, et que cela fasse tâche d’huile progressivement, en justifiant courageusement et clairement son choix. Les lobbies sont des « tigres en papier » et les politiques encore plus – il ne faut rien attendre de ces derniers.

  7. Monique dit :

    Oui, Pascal, je rejoins votre point de vue. Choisir le camp des « Choix en Conscience ». Inciter les politiques à refuser absolument les invitations alléchantes des lobbies.Quand ils acceptent les cadeaux, ils perdent leur indépendance, et leur esprit critique.

  8. Monique dit :

    Alain,quand les lobbies sont des entreprises pharmaceutiques , ou agro-alimentaires, ce ne sont malheureusement pas des tigres en papier. La fabrication de médicaments, de pesticides, d’engrais, de produits chimiques dévastateurs de la santé, se fait à grande échelle, de façon intensive au niveau mondial. Et ce sont les politiques qui décident des lois, donc, je fais le rêve de croire que ces politiques ouvrent un jour les yeux et les oreilles! Mais, il est déjà tard ..
    Les pesticides sont partout, même dans le sang des inouits!..
    Je partage ce choix de comportement alimentaire, de ne plus manger de viande rouge.
    Et de choisir des produits locaux (afin d’éviter les transports en avion polluants).

    • oui, vous avez raison, Monique, en un sens : ces lobbies sont des tigres redoutables qui nous dévorent tous au niveau mondial ; mais dans un autre sens ils sont en papier, car car fondés sur le mensonge et la coercition ; en période de crise majeure où nous sommes ils peuvent s’écrouler en un jour comme chateaux de cartes. Qui eut cru que des mastodontes de la banque seraient balayés si rapidement en 2009 ? Et les empires… l’histoire nous montre qu’ils se sont volatilisés très rapidement. Quant aux politiques, c’est la même chose, ils seront balayés de la même manière, on en voit les prémices en Grèce.
      Partout la désobéissance civile fait tâche d’huile et invente des solutions nouvelles, comme par exemple, vous avez raison, de s’abstenir de manger de la viande.

  9. Monique dit :

    C’est vrai, Alain, que les lobbies sont fondés sur le mensonge et qu’ils sont coercitifs. S’ils peuvent, eux, s’écrouler en un jour, La chimie qu’ils ont fabriquée et que nous avons mise dans la terre et dans les organismes vivants, humains y compris, elle, n’arrêtera pas ses dégats terribles en un jour!!.. 365000 nouveaux cas de cancer toutes catégories en 2011, augmentation de la stérilité masculine, les endocrinologues signalent de plus en plus d’anomalies, l’étude AGRICAN montre l’augmentation des cancers chez les agriculteurs , le Parkinson est reconnu maladie professionnelle chez les agriculteurs( suite à l’utilisation des pesticides chlorés comme le DDT ), le déficit du système immunitaire chez les Inuits, autour de la mer d’Aral tout le monde est malade,et on pourrait allonger la liste ….Je suis pessimiste ?
    lucide plutôt.malheureusement. La Politique, c’est le « Vivre Ensemble ». Il va nous falloir évoluer vers une politique responsable.

    • catherine dit :

      Bien d’accord avec vous Monique, tout ce que vous dites me semble on ne peut plus juste, et pourtant et pourtant il nous faut vivre quand même, essayer en tout cas . La responsabilité commence par nous, à notre petit niveau je crois, car le monde tel qu’il est construit aujourd’hui est la mise en oeuvre d’une somme d’acceptations et de renoncements, même si certains renoncements et certaines acceptations ont plus de poids que d’autres , n’empêche, c’est la combinaison du plus et du moins qui donne ça, cette vacherie de monde malade de la peste! Je crois pour ma part, que le ré-enchantement du monde ne se fera pas à gros coups de révolutions tonitruantes, mais au contraire se construira à bas bruit, sur le terreau que nos pieds foulent tous les jours, là, où nous sommes, dans des actes très très ordinaires que seul le regard permettra de voir comme extraordinaire. Ouvrir un horizon du possible autrement, pas demain, là, maintenant tout de suite, ça c’est possible. Dire non, à ce qui est mortel et oui, à ce qui est vital. Déloger les faiseurs de mort et demander des comptes à ceux qui sont supposés nous re-présenter dans les instances, à commencer par les instances européennes, ce serait déjà une sacrée bonne idée, et raffermir les sanctions pour tous les manquements, tous les abus!

  10. Monique dit :

    Tout à fait sur la même longueur d’âmes que vous, Alain, ( comme dit Frédéric Lenoir)..

  11. Monique dit :

    Catherine, c’est à vous que je m’adressais hier soir. En vous disant que j’étais sur la même longueur d’âmes que vous!  » le ré-enchantement du monde ne se fera pas à gros coups de révolutions tonitruantes, mais au contraire se construira à bas bruit, sur le terreau que nos pieds foulent tous les jours, là, où nous sommes, dans des actes très très ordinaires que seul le regard permettra de voir comme extraordinaire. », j’aime beaucoup cette approche, dans les petites choses qui n’ont l’air de rien et qui changent tout..

    • je me sens aussi tout à fait d’accord avec cette démarche de l’ordinaire qui devient extraordinaire et qui peu à peu permet les grandes révolutions, dont le fondement ne peut être qu’une lente maturation intérieure de chacun. La manière de se nourrir fait partie de ces petites choses ordinaires qui peuvent avoir d’immenses répercussions aussi bien physique que spirituelle.

  12. Slama dit :

    Merci Alain pour eux !! Nos amis les animaux te le rendront au centuple….
    Pour ma part, Je dirais simplement que les animaux sont ici pour nous aider à nous montrer notre propre Beauté à travers eux. Mais compte tenu de ce qu’on leur fait subir, il est fort probable que l’humain ne se considère pas comme ayant un bel être, mais plutôt comme étant un animal apeuré lui même…
    Lorsque j’admire la beauté d’un animal, un oiseau par exemple, je ne vois que moi à travers lui, que mon profond et admirable moi, le Soi Universel !!!!
    Alain Slama

    • merci alain pour ce magnifique message qui renverse complétement la perspective conventionnelle de la suprématie humaine. je suis d’accord à 100% avec toi : les animaux et plus généralement la nature, en particulier pour moi les arbres, me rappellent à cette Beauté originelle que nous avons perdue le plus souvent en tant qu’être humain – ce qui peut expliquer tout cette folie, tout ce gâchis – et la contemplation immobile du vol d’un oiseau, comme tu le dis très bien, peut directement nous sortir de notre amnésie et nous éveiller à cette nature originelle que l’on peut appeler le Soi ou l’Etre, ou Dieu – peu importe le mot. C’est l’aspect spirituel de l’impossibilité de manger de la viande sur lequel je reviendrai.

  13. Dia dit :

    Emissions à voir dans le meme registre ce dimanche 10 juin :
    sur canal en clair à 12h 55 : special investigation (produits du terroir)
    sur france 5 à 20h 35 : les dessous des produits frais

    Tout un menu !!!

    Bien à vous