La revanche du ventre

Cet article est un article de commande
pour le magazine Santé Intégrative de Novembre – décembre 2015.
Cela veut dire qu’au départ, je n’avais pas vraiment d’idées particulières sur le sujet,
juste la certitude, selon la philosophie intégrative et multidimensionnelle de l’être humain,
que le ventre était important, en particulier par rapport à l’époque actuelle,
et qu’il ne fallait pas le mépriser pour se réfugier dans les hautes sphères psychologiques et spirituelles,
en continuant ainsi la vieille dualité conflictuelle de la culture occidentale entre le corps et l’esprit.

Alors, les idées sont arrivées peu à peu en une sorte de « brain storming » spontané,
surtout en marchant lors de mes promenades sur la pavé parisien.
On pourrait presque dire aussi que le spectacle désolant de tous ces corps déformés arborant sur le trottoir de la grande ville, leur ventre proéminent, m’a en quelque sorte inspiré,
de même que la profusion indécente de tous ces produits débordant des étals des supermarchés, afin de nous empoisonner.

Puis il a fallu organiser tout cela lui donner une structure et une cohérence intérieure,
avec le sentiment un peu désabusé, que même si après tant de déni, l’intérêt que lui porte les sociétés occidentales d’abondance, peut être considéré comme  un progrès,
cette valorisation du ventre, pose tellement de problèmes, que l’on pourrait presque parler dune régression physique, mentale et spirituelle centrée sur les besoins irrépressibles et addictifs de cette part de nous-mêmes.

Etrange revanche du ventre, après tant de déni, tant de mépris, tant de dualité séculaire,
conséquence sans doute, d’une philosophie platonicienne ne s’intéressant qu’aux idées pures, très loin des remugles malodorants venant de nos viscères, ou alors inspirée par le culte chrétien de l’Amour christique dans la négation des diaboliques désirs venus d’en-bas du corps, à moins que ce soit, plus récemment, le triomphe de la raison et de ses sciences sévères, asservissant sous son contrôle chiffré, les facéties de notre « bedaine ».
Mais le fait est que nous sortons d’un long tunnel noir d’obscurantisme viscéral, et c’est avec une heureuse surprise que nous pouvons voir surgir dernièrement, parmi les grands succès de librairie, un livre sur le ventre : « le charme discret de l’intestin » (1), écrit par une jeune étudiante allemande, au ton alerte, décidée à faire enfin toute la lumière sur ce continent ventral inconnu, dont le territoire le plus important est parcouru par les détours labyrinthiques de l’intestin.

1. Le ventre-poubelle

Il est grand temps de sortir de ce déni du ventre, tellement dommageable, car après avoir soulevé si peu d’intérêt, si peu d’attention pendant si longtemps, il est considéré par une grande majorité de nos semblables, comme une vulgaire poubelle, que l’on peut remplir n’importe quand, avec n’importe quoi et n’importe comment – bien pire que les poubelles du monde extérieur recevant plus de respect, soumises qu’elles sont au tri sélectif.
Il faut ajouter aussi, que la société de l’hyper-consommation généralisée, qui s’est mise en place progressivement, profite amplement de ce déni et fait de notre pauvre ventre, une cible de choix survalorisée de ses appétits marchands, en déversant sur les étals des supermarchés, une gargantuesque nourriture, généralement de la plus mauvaise qualité, car au moindre coût.
Les résultats ne se sont pas faits attendre et le monde entier souffre dorénavant, parmi la multitude des maladies chroniques engendrées par cette gabegie, d’une inquiétante épidémie d’obésité galopante :
les proéminents « ventres- poubelles » semblables à des décharges saturées de déchets et ne sachant plus comment se vider, prolifèrent partout sur les trottoirs des grandes villes, jusqu’à ce que mort prématurée s’ensuive, avec tout son cortège de ces innombrables maladies aux noms inquiétants (diabètes, cancers, maladies cardio-vasculaires et auto-immunes, etc).
On pourrait d’ailleurs ajouter que le succès du monde virtuel et son « cloud » d’informations, est fondé sur la même logique du ventre : « ingurgiter le plus grand nombre possible d’informations, le plus vite possible, jusqu’à « l’informe » jusqu’à l’indigestion ». « Trop d’infos tuent l’info » et voilà pointer les grandes régressions cognitives et culturelles avec tous leurs symptômes.

Une deuxième conséquence paradoxale de ce long déni, c’est qu’il s’écrit et se dit actuellement une profusion de choses, que l’on pourrait qualifier de tout et de n’importe quoi, au sujet de comment s’y prendre pour remplir correctement ce ventre ; il s’agit de la prolifération sans fin des régimes alimentaires.
Tout cela est normal : quand il y a eu un long refoulement, un étouffant silence, voici venu le temps de la cacophonie, dès que les langues se délient.
Aussi, je ne me lancerai pas dans une réflexion supplémentaire sur la multitude de ces régimes face à la santé du ventre. Une chose est sûre, – et ce n’est pas trop bien vu de dire cela par ces temps qui courent du « laisser-faire hédoniste » et du « jouissez sans entrave ! » -,
c’est que le ventre, au sujet de la nourriture destinée à le remplir, demande une sorte de discipline, on pourrait presque dire une ascèse, sous-tendue par une attention, une information, une réflexion judicieuse – on pourrait presque dire une sagesse. En effet, le ventre peut devenir assez rapidement insatiable, addictif et incontrôlable devant la profusion consumériste des victuailles – peut-être le réflexe d’une très ancienne mémoire se souvenant de ces longues périodes des disettes d’antan, et aimant se ruer sur l’abondance revenue, en prévention de l’avenir – sucres et graisses en priorité, les pires ennemis de notre santé, quand ils sont en trop grand quantité.
Alors, l’éducation devient nécessaire à la nécessité de manger sobrement, frugalement, sainement, voire même privilégier l’entraînement régulier à des périodes de jeûne ou de diète volontaires, afin que le ventre puisse périodiquement se reposer de ses trop-pleins. Non seulement il faut trier ce que l’on met dans sa poubelle, mais aussi il faut la vider complétement de temps en temps, pour la laisser vide quelques temps se reposer…
C’est d’ailleurs un peu la même chose pour la deuxième grande fonction de ventre : le sexe voué à la reproduction de l’espèce par l’incitation au plaisir. Insatiabilité et addiction, – encouragés par les pilules de toutes sortes, sorties de l’avidité financière des labos pharmaceutiques « jouissant financièrement sans entrave » -, sont aussi facilement au rendez-vous pour des épuisements symptômatiques divers. Encore une fois, le ventre, en son ardeur instinctuelle aveugle, a besoin des tempérances de la Conscience et pourquoi pas de l’Amour…

2 « Le cerveau-d’en-bas »

J’apprécie que Giulia Anders, dans son livre cité précédemment, utilise cette expression pour désigner le ventre. Elle est bien meilleure à mon sens que celle de « deuxième cerveau », qui pourrait être la marque d’une survalorisation de celui-ci hissé au même niveau que le cerveau d’en haut.
Ce n’est pas parce que l’on trouve dans les intestins quantité de neurones et de neurotransmetteurs comme la sérotonine (95% de la production), que l’on va comparer sans discernement, l’intestin à un cerveau aussi performant ou d’égale valeur que celui d’en haut.
Ce sont deux entités dont les fonctions sont absolument différentes, même si elles sont en interaction privilégiée et que le ventre influence le cerveau supérieur et vice-versa. En effet, le ventre – l’intelligence du ventre – est dédié au bon fonctionnement du niveau instinctuel de notre être, c’est à dire à son mécanisme de survie primaire, en l’occurrence la digestion, l’assimilation et l’évacuation de la nourriture, auquel il faut ajouter la reproduction de l’espèce. C’est un système mécanique très sophistiqué, dont on découvre sans cesse l’étonnante complexité,
mais ce n’est pas une raison pour faire des amalgames, en insistant lourdement par exemple sur l’anagramme « tripes / esprit », car de toute manière ce n’est pas l’intestin qui va en apprécier l’humour, il s’agit là d’une fonction des neurones d’en haut, seuls capables d’exprimer et de symboliser des idées, des pensée ou des émotions par des mots à dire, à écrire, à lire, à imaginer, ou à rire…
Et quand Michael Gershon l’auteur de l’expression « deuxième cerveau » nous dit : « le cerveau intestinal serait capable de se souvenir ; Il participerait à l’élaboration des rêves et serait à la base de l’inconscient… », il omet de préciser le principal : non seulement il s’agit de souvenirs, de rêves et d’un inconscient spécifique, limité aux fonctions du ventre, mais de plus ce cerveau intestinal ne participe pas à leur symbolisation, cette dimension si précieuse de l’être humain, faisant qu’une mémoire logée dans l’inconscient ou dans les rêves devra être « alchimisée » – on pourrait dire digérer -, dans la dimension supérieure de la conscience par l’intermédiaire du langage en son abstraction, c’est à dire dans le cerveau d’en haut.

3 Le ventre-émotion

On retrouve cette survalorisation au sujet de la fonction émotionnelle du ventre.
Quand le Dr Olivier Soulier par exemple, dans la présentation d’une video récente sur l’intestin déclare : « toutes nos émotions naissent et meurent un jour dans nos intestins », cela me semble très exagéré.
Certes les intestins sont sensibles aux émotions, mais au même titre que n’importe qu’elle région du corps, car celles-ci sont naturellement labiles, elles visitent le corps tout entier, avec des niches de prédilection comme la gorge, la région du sternum, la tête et bien sûr le bassin et le ventre avec des organes comme l’estomac.
Rien ne dit aussi que les émotions tirent leur origine du ventre, même si certaines y sont étroitement liées comme la peur avec la constipation des intestins ou la colère avec les inflammations du colon. Quitte à spéculer sur l’origine corporelle des émotions, je préfère encore la médecine chinoise, qui, en lien avec son système énergétique des méridiens, fait l’hypothèse d’une origine de la colère dans le foie, de la peur dans les reins, de la tristesse dans les poumons et de la joie dans le coeur, détrônant ainsi les organes du ventre – hormis le foie – de cette prérogative.
Personnellement ma pratique de thérapeute émotionnel aurait tendance à privilégier la localisation originelle des émotions dans la région du plexus solaire, c’est à dire tout en haut du ventre, en relation avec le rôle capital du diaphragme. Les blocages émotionnels sont souvent logés là, et la respiration diaphragmatique est un élément capital de leur gestion. Cela vient aussi de la vision orientale d’origine hindoue des centres d’énergie du corps ou « chakras ». Les émotions auraient leur centre au niveau du plexus solaire, parce qu’il se situe au milieu, entre le centre énergétique du ventre instinctif situé dans la région du nombril, et celui du coeur au milieu du sternum, dédié à l’amour et ses sentiments. La délicate musique des émotions en leur infinie variété, serait une ennuyeuse litanie, si elles subissaient uniquement la loi du ventre et de ses organes.

4 « L’homme sage est celui dont l’intestin va bien« 

Passons au plan spirituel : voilà une bien étrange citation attribuée au Bouddha, et qui mérite plus ample réflexion.
Exprimée ainsi, elle donne plutôt l’impression de servir de publicité sur internet pour les cabinets de naturopathes – cela fait bien de se sentir pour ainsi dire « intronisé » par le Bouddha en personne, dans ce qui est le centre de préoccupation principale de la naturopathie.
Cela pourrait aussi donner une sorte d’aura de sagesse à l’intestin, ce qui ressemble encore une fois à de la surestimation intempestive, à moins qu’il y ait erreur de traduction ou mauvaise interprétation, ou tout simplement « usage de faux ».
Voilà qui est simplet en effet d’établir un lien de causalité entre le fonctionnement de l’intestin et la sagesse ; s’il en était ainsi, il y aurait beaucoup de sages sur cette planète, car le bon fonctionnement de l’intestin est beaucoup plus aisée à obtenir en suivant quelques prescriptions nutritionnelles basiques, que l’obtention de la sagesse ancestrale, dont la complexité multidimensionnelle est malheureusement rarissime à l’espèce humaine.
Par contre, le bon fonctionnement du ventre apparaît comme un ingrédient parmi d’autres à cultiver, car pouvant participer à sa manière, à la quête de sagesse, ne serait-ce qu’en servant de prétexte à la recherche d’une bonne et saine manière de se nourrir, prémisses d’une certaine sagesse capable de se restreindre alimentairement, vivre frugalement, jeûner régulièrement de temps en temps, etc.

Pour essayer tout de même d’aller dans le même sens que la citation, il faut souligner  l’importance positive du ventre dans le processus méditatif. Je me rappellerai toujours de ma première expérience de méditation au « dojo zen » de Paris : l’instructeur dans un enseignement minimaliste « très zen », ne donna que trois prescriptions de base : « assis immobile, la colonne vertébrale bien droite, les deux mains posées l’une sur l’autre au niveau du nombril ».
En pratiquant cela, j’ai pu vérifier expérimentalement l’importance du ventre dans le cheminement méditatif. Les deux mains placées au niveau du nombril, sont là pour vérifier l’installation progressive de la respiration ventrale ou abdominale, procurant dans la région du ventre une sensation ou un ressenti de paix ou de calme, qui bientôt se propage bientôt dans le corps tout entier. C’est une sorte de pacification sensorielle globale du corps, trouvant son origine dans le ventre ; et c’est cette pacification basique qui permet ensuite l’expansion de la conscience, même si celle-ci est d’une toute autre nature. Et quand le mental avec ses folles pensées compulsives reprend le commandement, alors on revient patiemment et gentiment au point de départ, en observant le ventre en sa placide respiration pour retrouver de nouveau la conscience.
Par contre, la représentation du bouddha chinois avec un gros ventre obèse, est une imposture, une déviation décadente du bouddhisme dans ce pays. Le bouddha indien, plutôt maigre et ascétique, prônant le nirvana, n’a rien à voir avec cet obèse devenu symbole de prospérité, de richesse, d’abondance matérielle, tourné vers l’avidité insatiable du ventre. Ce symbole conviendrait d’ailleurs très bien aux hommes d’affaires chinois actuels faisant fortune en inondant le monde entier de leurs produits bas de gamme pour satisfaire la société de l’hyper-consommation matérielle, dont l’épicentre se situe d’ailleurs dans le ventre, comme nous l’avons déjà dit.

 

Pour conclure, malgré les nombreuses critiques, réserves et mises en garde de cet article, cette revanche du ventre, après un si long déni, apparait plutôt comme une chose assez positive. Elle permet surtout à la science d’en faire un passionnant sujet d’étude et d’émerveillement avec sa complexité époustouflante, en plus de la possibilité de soigner nombre de maux autrefois incurables. Il s’agit juste alors, de ne pas oublier les autres dimensions humaines qui ne demandent qu’à s’harmoniser avec le ventre dans une vision et une pratique,que nous appelons « intégrative ».

Mais il y a encore une redoutable part d’ombre de cette revanche du ventre.
Dans cette trajectoire du progrès scientifique, voici poindre à l’horizon la folie d’une techno-science qui nous conduit vers le « transhumanisme »(2) .
Or les sciences médicales sont à la pointe des recherches, avec le ventre comme sujet d’intérêt majeur : il s’agit de remplacer tous les organes précieux mais trop fragiles et éphémères du ventre humain, par des ersatz artificiels d’une durée de vie illimitée, permettant à la nouvelle espèce hybride, mi- humaine mi-technologique, de survivre indéfiniment.
On appelle cela l’ « hubris », la démesure du rêve scientiste, voulant tout contrôler et tout transformer de la nature.  C’est aussi le sacrilège humain le plus grave et le plus sévèrement puni par les dieux chez les grecs anciens.
Avec le transhumanisme, les perspectives sont sombres, la voie intégrative de la sagesse ne semble pas peser bien lourd face aux armadas de chercheurs qui se démènent du côté de chez « Google ».
Son ventre va-t-il finir par dévorer l’être humain ?

(1) « Le charme discret des intestins, tout sur un organe mal aimé » Giulia Anders éditions Actes Sud, 2015
(2) Santé Intégrative n°44 mars-avril 2015

 

 

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10 réponses à “La revanche du ventre”

  1. anny dit :

    je confirme : dans le passé, j’ai jeuné 29 jours pour soigner une dépression. J’ai retrouvé le moral. Je suis plus tard devenue vegétarienne, presque végétalienne, et je n’en suis pas morte. Cette décadence actuelle est significative de notre éloignement de la nature.
    Nous sommes déconnectés du monde sain et normal.
    Tout est lié dans l’univers, nous et les autres êtres, animaux ou plantes. Tout est lié dans notre corps qui est un univers à lui tout seul. Arrêtons de classer et hierarchiser sans cesse.
    Et ces élevages industriels, mouroirs à animaux, sont une honte.
    Changeons; Merci de ce bel article. A diffuser largement.
    Anny

  2. Annick Chaudouët dit :

    Connaissez-vous les livres de Ghislain Devröde?

    • Alain Gourhant dit :

      Non, nous ne connaissons pas ; ce nom n’est même pas référencé sur Google ! Il faudrait nous en faire une présentation. Merci

  3. François Degoul dit :

    Cette « valorisation du ventre » me semble poser le problème de tous les addicts.
    Il en est de pire, il en est de meilleurs.
    Dans les sociétés moyennes, le ventre, avec sa convivialité et sa base naturelle, paraît culturellement le bon addict si on n’en connaît pas de meilleur, ce que remarquait déjà St Paul il y a 1960 ans :
    « leur Dieu, c’est leur ventre ».
    Lui avait sur le chemin de Damas trouvé un autre addict, une passion de faire partager sa foi, qui a eu aussi ses avantages et ses inconvénients.
    On peut se demander s’il y a un type d’addict meilleur que le ventre pour servir de référence à nos sociétés, comme les droits de l’homme sont plus ou moins devenus une référence.
    Au point où j’en suis, il me semble qu’on peut proposer l’amélioration de soi-même pour que le monde s’améliore.

    François Degoul

    • Alain Gourhant dit :

      bonjour François,
      je vais tenter de vous répondre point par point, selon mes convictions :
      Vous dites au sujet des addictions : « Il en est de pire, il en est de meilleurs. »
      Oui, je suis d’accord, « mieux vaut être addict au chocolat qu’à l’héroïne », cela se mesure au degré de nocivité de chaque substance, ce qui est d’ailleurs quelquefois pas facile à évaluer ;
      un ami me disait hier que des études scientifiques viennent de sortir sur la nocivité des sucres sur le cerveau, ils sont aussi dangereux que l’héroïne pour les dégâts causés – il prépare un article pour le prochain numéro de Santé Intégrative.
      « Dans les sociétés moyennes, le ventre, avec sa convivialité et sa base naturelle, paraît culturellement le bon addict ». Très discutable, mon cher François, c’est une convivialité qui devient de plus en plus dangereuse pour la santé, vue les produits toxiques que nous ingurgitons gaiement, et que l’industrie alimentaire se fait un plaisir de nous offrir, tellement elle est addict à l’argent – d’ailleurs je pense que c’est l’addiction la plus dangereuse actuellement pour notre société.
      J’arrête là pour le moment, je continuerai plus tard.

      • Alain Gourhant dit :

        Je voudrais revenir sur une idée supplémentaire, en relation avec votre affirmation, François, comme quoi l’addiction du ventre serait la meilleure addiction.
        Pour moi, toutes les addictions sont néfastes en tant que telles, parce que leur nature ou leur essence est d’être un mécanisme inconscient, provenant d’une archaïque programmation du prédateur humain, consistant à prendre plaisir à l’ingurgitation de la nourriture après les périodes de manque saisonnières ou dues à des raisons politiques et économiques – voir les grandes famines du moyen-âge.
        Il y a un mécanisme inconscient, supplémentaire à l’addiction alimentaire – ainsi qu’à toutes les addictions -, c’est le plaisir du « toujours plus » et c’est le mécanisme le plus redoutable.
        Au niveau de la santé, convivialité ou pas, cette addiction à la « grande bouffe », est une addiction redoutable car elle plonge l’être humain en son inconscience mortifère – la plupart des grandes maladies chroniques actuelles (cancers, maladies cardiovasculaires, diabètes, maladies neuro-fonctionnelles et auto-immunes, etc) – ont partie liée avec la manière de se nourrir et les addictions gustatives ;
        et la France, le pays de la « Grande bouffe », par tradition culturelle (peut-être gauloise), est particulièrement menacée par cette addiction, aussi je trouve cela important de la dénoncer encore plus vigoureusement que les autres addictions.
        bon dimanche frugal !

  4. François Degoul dit :

    Je me suis mal fait comprendre Alain. Je ne voulais pas dire que choisir l’addict du ventre, c’était le meilleur choix. Ma dernière phrase disait le contraire. Je voulais simplement constater qu’aux yeux du grand nombre, culturellement, dans les « sociétés moyennes », le plaisir alimentaire paraissait le meilleur addict. Je soulignais le point de vue général, pas le mien.

    Je suis content de voir que cette méprise vous a permis de vous exprimer.
    Globalement mes idées et pratiques alimentaires vous suivent, même si, en bon épicurien, je dois à ma frugalité quotidienne d’apprécier d’autant plus les rares occasions d’un bon repas en joie et fête.

    • Alain Gourhant dit :

      oui François, ce n’était pas clair et ce n’est pas très clair non plus : « dans les « sociétés moyennes », le plaisir alimentaire paraissait le meilleur addict. » Société moyenne ? qu’est-ce que c’est ?
      De toute manière je crois qu’actuellement l’addiction au ventre est en train de se faire doubler par l’addiction au monde virtuel – facebook et compagnie… Cela nous promet quelques belles régressions culturelles d’envergure, n’est-ce pas ?

  5. François Degoul dit :

    J’entendais par « société moyenne » un groupe humain ni particulièrement idéaliste ni particulièrement belliqueux.
    Je me situais cependant dans les sociétés traditionnelles, de fait pas ou peu encore touchées par les portables, ordinateurs et jeux video.

    François D.

    • Alain Gourhant dit :

      c’est drôle cette distinction belliqueux / idéalistes.
      Il y a beaucoup d’idéalistes qui aiment faire la guerre pour leurs convictions : guerres de religion ou le communisme de guerre ?…