En cette cacophonie électorale
écrire sur le silence me parait une bonne chose.
En préambule cette citation de Nietzsche tirée de son Zarathoustra :
J’ai cessé de croire aux grands événements
qui s’accompagnent de hurlements et de fumée.
Et crois-moi, cher vacarme d’enfer, les grands événements,
ce ne sont pas mes heures les plus bruyantes,
mais les heures de grand silence.
Dans ce « vacarme d’enfer », ce tohu-bohu général,
se retirer à l’écart pour cultiver le silence,
apparait une solution élégante,
une sorte de sobriété heureuse dont parle Pierre Rabhi ou Patrick Viveret,
où la décroissance choisie n’est pas seulement matérielle et économique,
– à noter qu’aucun candidat à la présidentielle n’a osé parler de cela,
tellement le dogme quasiment religieux de la croissance
recouvre tous les discours –
mais où la décroissance est d’abord intérieure
dans une conscience silencieuse et contemplative,
comme le convie très bien Eckhart Tolle dans son livre » Quiétude » :
L’équivalent du bruit extérieur, c’est le bruit intérieur de la pensée.
L’équivalent du silence extérieur, c’est le calme intérieur. (…)
Avez-vous besoin d’en savoir davantage ?
Le monde sera-t-il sauvé par un surcroît d’information,
par des ordinateurs plus rapides ou par une nouvelle analyse scientifique ou intellectuelle ?
N’est-ce pas de sagesse que l’humanité a le plus grand besoin en ce moment ?
Mais qu’est-ce que la sagesse et où peut-on la trouver ?
La sagesse accompagne la capacité d’être calme.
Il suffit de regarder et d’écouter.
Rien de plus. »
Enfin, pour terminer par de la poésie,
Arthur Rimbaud a écrit dans son célèbre poème « Voyelles » :
A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu, : voyelles,
Je dirai quelques jours vos naissances latentes :
A noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,
Golfes d’ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d’ombelles …
j’ai envie d’ajouter :
Le silence est blanc
De vastes étendues de neige
Déposées sur les hauteurs.
c’est pour toutes ces raisons que je déposerai bientôt dans l’urne
un bulletin blanc .
Tags : décroissance, Nietzsche, poésie, politique, simplicité
Je comprends Alain. Bien présenté. Perso je voterai d’une autre manière mais ni bleu horizon et ni rose molasson, ni vert déjanté non plus. Il y en a un qui me semble parler vrai et qui en dérange quelques uns; il me plaît bien celui-là !
Amitié,
Pascal
Je ne sais plus quel auteur, écrivait au sujet de la France, que c’était un pays très doué pour les fêtes, les moments exceptionnels, la mobilisation autour de l’événementiel….mais, nettement moins pour la vie quotidienne…Votre texte m’y fait repenser…
J’aime bien les petites voyelles de Rimbaud, elles sont notre écriture sur l’entremêlement des consonnes qui sont nos structures! Les voyelles marquent l’orientation de notre énergie! C’est beau les voix y’elles!
J’aime bien toutes ces réactions si différentes : c’est ça aussi la poésie, la possibilité laissée à chacun d’associer librement sa richesse intérieure sur des suggestions volontairement floues