Les facteurs communs de succès…

…de toutes les techniques psychothérapeutiques :

La PNL, dans les années 70, s’est créée sur l’idée intéressante d’étudier les facteurs de succès de plusieurs psychothérapies du moment (Gestalt, hypnose éricksonienne, systémisme, cognitivisme, comportementalisme), en modélisant leurs pratiques, pour créer une nouvelle psychothérapie, la PNL, capable d’intégrer ces facteurs.

Plus tard, des études menées sur les facteurs de changement auprès de personnes en psychothérapie (Lambert 1986, Grencavage et Norcross 1990), concluent à l’impact minime des techniques spécifiques (15%) par rapport à d’autres facteurs en jeu (voir le schéma) ; en particulier émerge la notion de facteurs communs de succès à toutes les psychothérapies (30%).
J. Frank en 1991, puis M. Young en 1992 mettent en évidence les 6 facteurs principaux de succès, communs à toutes les psychothérapies.

Olivier Chambon et Michel Marie-Cardine publient en 1999 « les bases de la psychothérapie, approche intégrative et éclectique »  reprenant à leur compte les conclusions de Young et développant chacun des principaux facteurs communs de succès avec les techniques pouvant y contribuer.

“Pour notre part, et dans la suite de ce chapitre, nous avons directement emprunté à M. Young (1992) sa catégorisation des facteurs communs et nous les avons illustré des techniques psychothérapeutiques qu’il suggère d’y associer.
Selon cet auteur, après avoir évalué le patient et conceptualisé sa problématique, la définition d’objectifs thérapeutiques doit amener le thérapeute à décider quels facteurs communs devraient être utilisés de façon prioritaire. Il devait alors choisir soit d’agir sur la nature de la relation thérapeutique ; d’accroître l’estime de soi ; d’amener à de nouveaux comportements ; d’agir sur le niveau d’activation émotionnelle ; d’induire des attentes positives et accroître la motivation ; ou, enfin, d’amener à un changement des systèmes de signification.
Une fois cette décision prise, il lui faudra encore décider du type de technique psychothérapeutique spécifique qu’il utilisera pour mettre en oeuvre le facteur curatif envisagé”.

O. Chambon et M. Marie-Cardine “Les bases de la psychothérapie” Editions Dunod

Il semblerait que toutes ces études soient anciennes (presque 20 ans) et que depuis on a mis en doute certains de leurs résultats :
D’abord, au sujet des pourcentages affichés : 15% pour les techniques spécifiques, 30% pour les facteurs communs : comment les a-t-on obtenus ? Est-ce que la notion de pourcentage statistique est une donnée fiable en ce qui concerne les sciences humaines pour l’étude de pratiques psychothérapeutiques si complexes  ?
D’autre part, est-ce que le facteur de succès « technique spécifique » (à 15% )n’a pas été sous-estimé ? Il apparait en effet ridiculement faible par rapport au facteur « rémissions spontanées » (à 40%), ce qui tendrait à donner un rôle très important à l’environnement d’une personne sur le processus de sa guérison.

En tout cas, cette réflexion a au moins le mérite de souligner la complexité des facteurs en jeu, dès qu’on parle d’évaluer les techniques psychothérapeutiques . Cela tendrait à mettre en doute certains résultats « mirobolants » annoncés en particulier par les TCC pour mettre en valeur leur technique comparativement à d’autres.
Il apparait urgent de définir une méthodologie et une épistémologie de l’évaluation des techniques psychothérapeutiques prenant en compte la complexité du domaine étudié, c’est à dire une science systémique et intégrative. Est-ce que le mot science est alors encore de mise ; ne vaut-il pas mieux parler d’art ? C’est à dire une manière de voir intuitivement la complexité propre à la situation de  chaque personne et les moyens à mettre en oeuvre pour son amélioration.

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34 réponses à “Les facteurs communs de succès…”

  1. Maarten Aalberse dit :

    Ah, grand sujet…

    Quelques premières réactions

    Déjà, il est important de ne pas faire un amalgame entre « facteurs communs » et « thèmes communs ».
    C’est vraiment pas la même chose.

    Les études qui ont voulu démontrer la primauté des » facteurs communs », sont sur le plan méthodologique très critiquables. On pourrait élaborer, mais peut-être cela devient trop technique?
    Il faudrait être plus spécifique: quelles techniques (et attitudes thérapeutiques) pour quels problèmes ?

    Et finalement: je n’ai pas envie d’entrer trop dans cette provocation, mais je regrette ta formulation:  »
    « Cela tendrait à mettre en doute certains résultats « mirobolants » annoncés en particulier par les TCC pour mettre en valeur leur technique comparativement à d’autres. »
    Mais il me semble bien, soit tu élabores et donnes des arguments au delà les slogans, soit on laisse tomber.

    • Ce serait intéressant, je crois, de différencier facteurs communs et thèmes communs ; pour moi, ce n’est pas si clair.
      par ailleurs, il serait aussi intéressant aussi, sans être trop technique, de savoir ce qui est critiquable au niveau de la méthodologie au sujet des études que je cite. Est-ce qu’il y a eu des contre-études prouvant des résultats différents.
      Enfin, il est vrai que les TCC m’agacent souvent – et je ne suis pas le seul – dans leur triomphalisme au sujet des résultats de leurs études. La méthodologie ne m’apparait pas correcte non plus, , au sens où les études sont généralement faites par des gens qui pratiquent les TCC – effet placebo oblige… Autant les études que je cite ne m’apparaissent pas justes pour leur sous-estimation de l’impact des techniques, autant les TCC pour la surestimation d’elle-mêmes.

      • Maarten Aalberse dit :

        Que l’on se sent agacé, n’est en soi pas une argument…
        C’est vrai que la plupart des études sont faits par ceux qui adhèrent à une des variantes (n’ignorons pas les différences entre les diverses formes de la TCC), et oui, cela biaise probablement les choses. Et les critères utilisées pour évaluer la pertinence d’une méthode correspond bien aux principes de la TCC de la deuxième génération. Cela biaise aussi les résultats.
        La meilleure solution pour cela serait que des thérapeutes des autres tendances fassent des études sérieuses.
        Ce qui n’est guère fait, d’après ma connaissance…
        Dévaloriser des études avec des termes comme mirobolants est trop facile, quand de son côté on ne fait rien.

    • Maarten Aalberse dit :

      Pour élaborer un peu de mon côté:

      A propos du schéma de Lambert:
      1)Je ne vois pas bien comment on peut différencier rémissions spontanées et attentes/ effets placébo.
      2)Si l’on sait que, dans le traitement de la dépression, un placébo est (presque) tout aussi performant que les antidépresseurs sauf dans le cas des dépressions très graves, on devrait se poser des questions sur le 15 % attribuées à l’effet placébo.

      Ensuite: Quand on veut mesurer l’effet des techniques précises, il est est facile de suggérer que ces techniques n’ont guère d’effet au delà les facteurs communs, quand on ne spécifie pas quelle technique pour quel problème ou quel objectif. Les techniques pour traiter une dépression ne sont souvent pas les mêmes que celles pour traiter une TOC, par exemple. Les techniques adéquates pour une personne psycho-rigide peuvent être désastreuses pour un patient borderline.
      Ce qui biaise surtout les résultats vers une pourcentage très basse du rôle des techniques: il y a des techniques qui sont inefficaces (et peut-être même contra-indiquées, pour certains problèmes), mais bien efficaces pour d’autres problèmes. Si l’on groupe tous les problèmes ensemble, c’est logique que l’importance des techniques soit proche de zéro….
      La différenciation nécessaire n’a pas été faite dans les études que tu mentionnes.

      Il y a un consensus grandissant parmi ceux qui sont compétents dans la méthodologie de la recherche que le « dodo bird hypothesis », qui propose que tous les approches thérapeutiques soient à peu près toutes aussi efficaces, soit fausse. Le nom « oiseau-dodo » vient d’une scène en « Alice au pays des merveilles » quand, après que les caractères ont couru leur cours, l’oiseau de Dodo indique,  » chacun a gagné, ainsi tous doivent avoir le prix. ». Selon les données plus récentes, l’hypothèse Dodo peut faire dodo, alors, dans le monde de la psychothérapie.

      • Maarten Aalberse dit :

        Pour éviter des malentendus: je ne critque pas les propositions de O. Chambon et M. Marie-Cardine, qui me semblent pertinents, mais les travaux mentionnés plus haut dans ton article.
        Je m’arrête là, pour le moment, en attendant tes réponses.

  2. Bonjour,

    « On ne peut pas divorcer six fois de suite du même partenaire »

    Les scientifiques matérialistes et rationalistes réclament aveuglément que les psychothérapies soient validées ‘scientifiquement’ arguant qu‘ elles doivent respecter scrupuleusement les critères en vigueur en science conventionnelle
    La validation scientifiquement reconnue des expériences sur lesquelles se construit une approche médicale, par exemple, n’est garantie que si elle répond au critère de reproductibilité : « La reproductibilité d’une expérience scientifique est une des conditions qui permet d’inclure les observations réalisées durant cette expérience dans le processus d’amélioration perpétuelle des connaissances scientifiques. Cette condition part du principe qu’on ne peut tirer de conclusions que d’un événement bien décrit, qui est apparu plusieurs fois, provoqué par des personnes différentes. Cette condition permet de s’affranchir d’effets aléatoires venant fausser les résultats ainsi que des erreurs de jugement ou des manipulations de la part des scientifiques.» (Wikipédia)

    Le Dr Pierre-Jean Thomas-Lamotte fait justement observer qu’« il est impossible d’étudier et de quantifier une cohorte de malades ou une série de cas-témoins quand il faut inclure le psychisme humain.»(1) Dans son livre (2) il précise que « l’expérimentation scientifique est impossible pour le psychisme (on ne peut pas divorcer six fois de suite du même partenaire).» L’étude des observations empiriques d’ordre psychique dépasse le cadre de la science conventionnelle, laquelle devrait enfin considérer que cela n’est pas de sa compétence et ne pas exiger que les approches, qui se basent sur de tels enseignements, prouvent leur véracité en respectant les propres critères scientifiquement admis.

    1. Dans une interview (Cf. http://www.pansemiotique.com/e107_plugins/content/content.php?content.168 ).
    2. Et si la maladie n’était pas un hasard, 2008, Le Jardin des Livres, p. 203.

    Baudouin Labrique, psychothérapeute et critique de science

    • Maarten Aalberse dit :

      La « science conventionnelle » telle que tu la décris, Baudoin, ne me semble effectivement pas pertinente. Ce genre de certitudes cherchées n’est plus (ou ne devrait plus être) de notre époque, je crois, et je connais pas des chercheurs qui y adhèraient.
      Pour éviter des discussions basées sur des « arguments homme de paille »:
      Si l’on essaye de rechercher les effets de certains approches, est-ce qu’il s’agit d’une quête de véracité, ou d’efficacité relative?
      Est-ce qu’il s’agit de véracité, ou explore-t-on des hypothèses plus ou moins plausibles, et cherche-t-on à mieux prévoir et influencer?

      • — Science conventionnelle :

        J’utilise ce terme que tu as l’air de le critiquer entre les lignes, c’est d’abord parce que le terme ‘conventionnel’ renvoie généralement au fait de l’existence de conventions qui régissent les relations entre les membres du corps médical et les organismes de sécurité sociale. Les critères précédents peuvent apparaître toutefois contestables par rapport à ce qui fonde un tel distinguo, comme on le verra plus bas (référence à la Science).
        Je préfère utiliser cette classification qui me paraît plus précise, plutôt que de reprendre les vocables flous comme, par exemple, les approches ‘officielles’ et les approches ‘non officielles’, appelées aussi ‘parallèles’, ‘complémentaires’ ou ‘alternatives’…

        Le terme de médecine non conventionnelle est d’ailleurs celui qui a été retenu par la Commission européenne pour qualifier les médecines dites alternatives (Voir la Résolution sur le statut des médecines non conventionnelles, qui a été votée le 29 mai 1997 (Cf. http://cenatho.free.fr/resolution_europeenne.htm )

        C’est en plus ce qui se révèle être bien en phase avec l’analyse suivante réalisée par un Ordre des médecins. (http://www.retrouversonnord.be/Chimiotherapie.htm#ordre ) qui s’adresse aux médecins et leur dit : « évitons le terme de médecine alternative. Cette épithète suggère une exclusivité tout à fait contraire à l’éthique comme au bon sens. La tolérance de l’autre a l’avantage de l’envisager sous l’angle d’une complémentarité qui, loin de consacrer une rupture entre praticiens, loin d’imposer au malade une dissimulation de ses démarches alternes, permet de préserver un contact utile et profitable à tous. Le débat, pour ne pas être passionnel, se doit d’être raisonné et centré sur l’intérêt du malade. Son adhésion à une démarche thérapeutique, quelle qu’elle soit, ne doit pas le disqualifier.»

        Tu constateras donc que les chercheurs tout comme le commun des mortels se doivent donc « d’adhérer » à cette terminologie car elle est on ne peut plus officielle (notamment européenne) !

        – Je ne comprends pas ce que tu entends exactement par « discussions homme de paille » ; j’y vois en tous cas l’expression d’un (gratuit) procès d’intention.

        – L’efficacité d’une approche peut être vérifié par la seule observation empirique mais à la condition qu’elle ne soit pas le fait de ce qu’on appelle un « empirisme primaire » parce qu’elle établi fallacieusement un lien de cause à effet entre deux phénomènes observés, mais pas suffisamment prouvés, car l’observation ne se fonde que sur un nombre de cas trop restreint et/ou sujet à caution. Il est faux de croire que ce qui est prouvé doit passer l’incontournable filtre de l’expérimentation scientifique.

        Voici ce que faisait effectivement et pertinemment observer ce scientifique ‘au dessus de tout soupçon’, John ECCLES, Prix Nobel de Médecine pour la découverte des processus chimiques responsables de la propagation de l’influx nerveux (1963) (Source « Psychologie » n° 100) :
        « Ils [la majorité des scientifiques] ont été formés à l’école du matérialisme. C’est un moule extrêmement rigide composé d’un ensemble de dogmes qui ne sont pas forcément expliqués scientifiquement ! Par exemple, affirmer que notre existence n’est qu’un assemblage biologique sans essayer de comprendre tout ce qui n’entre pas dans ce cadre – sous prétexte que ce n’est pas « scientifique » – est un dogme, pis, une superstition ! La science est pleine de superstitions, de croyances de toutes sortes… Le plus navrant, c’est que le public est persuadé que la science a réponse à tout… »

        Voici aussi ce que ce professeur à l’Institut de Psychologie de l’Université de Lausanne, Nicolas Duruz, fait pertinemment observer notamment par rapport à la vérification de l’efficacité des psychothérapies :
        « […] depuis quelques années, on assiste à un retour quasi fondamentaliste de type scientiste, qui cherche à nettoyer le champ psychothérapeutique de toute pratique non scientifique. […] La preuve scientifique de l’efficacité d’un traitement est considérée comme acquise dans la mesure où cette efficacité a été mise en évidence dans le cadre de dispositifs expérimentaux […] .qui exigent un groupe homogène de patients, lequel doit être comparé à un groupe contrôle sans traitement, avec placebo ou traitement alternatif, et être soumis à un processus thérapeutique standardisé et contrôlé par un manuel. […] L’application de la méthode expérimentale pour apporter la preuve scientifique de l’efficacité ne convient pas à certaines formes de psychothérapie où les critères de changement, comme la nature du processus thérapeutique, ne se laissent pas objectiver aussi simplement, voire naïvement. Utiliser ces seuls critères pourrait conduire à ce que ces psychothérapies, ne pouvant pas être l’objet de recherches dites scientifiques selon la méthode expérimentale, soient ipso facto exclues de la liste des traitements reconnus. » (« Être psychothérapeute demain » (http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=PSYS_034_0233 ).

        C’est déjà ce qui se passe chez certains tenants du tout-au-scientifique qui rejettent en bloc les psychothérapies dans la mesure où elles n’ont pas été passées au filtre (dogmatique) de la vérification qui a recours au protocole d’expéri-mentation scientifique en vigueur.

        – Tu questionnes : « explore-t-on des hypothèses plus ou moins plausibles, et cherche-t-on à mieux prévoir et influencer ? »
        Il est un fait avéré et démontré que le fait d’émettre des hypothèses de recherche en science conventionnelle contamine les résultats ; des études ont montré que les résultats de recherches « scientifiques » étaient fortement influencés in fine par l’état d’esprit, ce que présupposait les chercheurs qui les pour

        • Je vous remercie Baudouin de participer à ce blog, en amenant une réflexion importante sur l’épistémologie et la méthodologie nécessaire à une science non-conventionnelle pour évaluer les psychothérapies, c’est à dire complexe, multifactorielle, systémique, prenant en compte l’observateur, l’observé et leur interaction fluctuante. Tu sembles d’accord Maarten avec cela, mais il faudrait pouvoir le montrer en particulier pour les TCC, où il semble que la science réductionniste, issue effectivement de la médecine et ses méthodes conventionnelles pour tester l’efficacité des médicaments, serve à tester les techniques. Je m’expliquerai demain sur le terme « mirobolant » qui fait partie de mon humour, Maarten, par contre je suis complétement ok avec toi quand tu dis « quand on ne spécifie pas quelle technique pour quel problème ou quel objectif », ce qui est d’ailleurs un fort argument de l’éclectisme et de l’intégration nécessaire de plusieurs techniques en psychothérapie, à moins de devenir un spécialiste de plus…

          • Maarten Aalberse dit :

            Grande débat, bis…

            Je crois qu’il faut différencier facteurs communs et thèmes communs dans les psychothérapies, si l’on ne veut pas se perdre dans un flou faussement consensuel.
            Un facteur c’est quelque chose qui déclenche des effets. Comme les facteurs d’une bonne relation ou alliance thérapeutique telles que décrites par Carl Rogers.
            Un thème commun est un contenu commun (comme l’estime de soi) à toutes les thérapies sérieuses, que l’on peut aborder avec des techniques différents – ces techniques sont des facteurs.

            Je crois aussi qu’il faut faire attention que le mot « sens » ne crée pas une discours trop floue. Il y a, me semble-t-il, une différence entre « signfication » et « sens de sa vie ». Il est par exemple bien différent si l’on se demande: « pourquoi ai-je peur? » vs « pour quoi (pour quel finalité ou valeur) veux-je sortir de l’emprise de cette peur? »

            Un peu plus sur le contexte des recherches sur l’efficacité de la psychothérapie: qu’il y aient des approches comme les TCC qui n’utilisent que des critères simplistes comme « réduction des symptômes = succès thérapeutique » est aussi, sinon surtout, dû au pouvoir des éditeurs des revus psy scientifiques (souvent sous l’emprise de Big Pharma), qui n’acceptent très souvent pas des études qui utilisent d’autres critères ayant plus de sens existentiel.
            C’est largement pour cela que par exemple Kabat-Zinn ou des études sur l’ACT utilisent ces critères aussi… Même si on essaye, par une stratégie de cheval de Troyes, aussi d’inclure des autres critères (par exemple des questionnaires sur la qualité de la vie, sur l’acceptation, etc.) et… l’imagerie cérébrale pour ceux qui en ont les moyens (le Dalaï Lama y est pour beaucoup). Mais cela n’avance que très doucement, et c’est à contrecoeur que beaucoup de nouvelles approches plus humanistes se refèrent encore aux critères mécanistes – si l’on ne le fait pas au moins en partie, leurs études ne sont tout simplement pas acceptées, et donc lues que par un petit cercle d’ initiés – ceux, en fait qui n’ont pas tellement besoin de ce genre d’études…
            Mais, comme je ne veux pas nourrir une discours trop « parano » sur le Big Pharma (quoi que…), regardons un peu plus profondément encore. Les recherches sur la psychothérapie doivent s’adapter, pour se faire accepter par les grandes revues, au modèle médical dominant (je ne parle pas des médecines douces ici) , et hélas, ce modèle est aussi basé sur la réduction des symptômes et un diagnostic des syndrômes peu pertinent. On ne parle pas de la santé, mais de l’élimination, réduction et prévention des maladies. Des recherches qui font une comparaison entre une thérapie humaniste et une TCC, selon des critères sérieux et pertinents proposés par des thérapeutes humanistes ou psychanalytiques, par contre, trouveront plus facilement une revue sérieuse pour la publication, justement.. parce que ce genre de recherches est bien plus rare!

            D’ailleurs, si l’on peut effectivement critiquer l’arrogance et les prétentions de certains tendances dans la TCC, il y faudrait inclure dans cette critique aussi la PNL (pour ne pas parler des « approches énérgétiques » comme l’EFT qui se présentent trop souvent comme des panacées qui peuvent être appliquées par tout le monde, sous le slogan: « essaye-la sur tout »). La PNL, avec ses promesses de maîtrise, de devenir un génie, grâce à des technologies (oui, on est dans le monde de la « programmation ») d’une efficacité inouïe – mais pour la plupart non vérifiées sérieusement.
            Pourquoi donc cibler seulement « les » TCC dans un texte où est mentionné aussi – et positivement- la PNL ? Oui, il y a des tendances critiquables dans les TCC (notamment dans les TCC de la deuxième génération), mais au moins dans ce monde-là on s’efforce de mettre les « prétentions » à l’épreuve.
            Sais-tu par exemple que, quand on a testé les liens entre les positions des yeux et les modalités sensorielles – un des présupposés de la PNL à une certaine époque – les relations présupposées étaient bien plus faible que ce que l’on a suggéré (et suggère ici et là encore)? Mais on en parle peu ou pas dans le monde de la PNL…
            Un des critiques de ceux plus proches de la psychanalyse a été que les traitements qui ne ciblent « que » la phobie (par exemple), amènent à un déplacement des symptômes. Au lieu d’entamer un débat plein d’astuces rhétoriques (réponse préféré des psychanalystes quand on les critique) on a fait des études pour vérifier cette hypothèse- qui s’est avérée largement fausse…
            Il y a bien sûr des rechutes, notamment dans le traitement de la dépression; mais ça, c’est aussi le cas chez ceux qui ont fait une longue psychanalyse, ou une thérapie profonde basée sur des approches humanistes, etc. Mais là, on n’est plus dans le domaine de substitution des symptômes… C’est probablement plutôt que la vie nous pose toujours devant des nouveaux défis qui peuvent dépasser les moyens acquis auparavant.

            Pour nuancer cette discussion: il est dans la nature des choses, me semble-t-il, que chaque école se croit mieux que les autres- au moins dans quelques domaines. C’est sa raison d’être!
            Si elle ne se croit pas mieux, pourquoi essayer contribuer quelque chose d’autre ou nouveau? La psychothérapie intégrative n’y échappe pas: elle se croit mieux (selon ses critères à elles, tout à fait respectables) que les autres approches.

            • Je trouve intéressant Maarten l’explication que tu donnes au réductionisme de certaines études psy, voulant se faire reconnaître par la science médicale pure et dure : effectivement c’est une tactique, mais il faut faire attention de ne pas perdre son âme…
              Je suis d’accord aussi sur tes critiques de la PNL et ses nombreux dérapages – dont le pire fut Anthony Robbins. Si j’ai cité la PNL en début d’article, c’est pour souligner une sorte d’esprit intégratif qui a présidé à ses commencements : rechercher tout ce qui marche dans les psychothérapies de l’époque et en faire une intégration que je trouve personnellement intéressante, car elle cherche une unité assez élégante entre des choses venant de diverses horizons (l’hypnose , la gestalt, etc… : voir la page sur mon site consacrée à la PNL).
              Mais je ne voudrais pas qu’à propos d’une réflexion sur les facteurs communs de succès à toutes les techniques psy, cela tourne à la querelle entre les différentes techniques et leur supériorité respective. Cela va complétement à l’encontre de l’esprit de cet article. C’est une discussion qui ne m’intéresse pas, et quand tu dis : « il est dans la nature des choses, me semble-t-il, que chaque école se croit mieux que les autres- au moins dans quelques domaines. C’est sa raison d’être! », je suis un peu inquiet, ce n’est pas du tout ma posture, mon d’esprit, ma philosophie. C’est justement cette « nature des choses » qui m’attriste profondément : elle pousse les psychothérapies dans des querelles vaines et stériles qui ne peuvent que les affaiblir, surtout en ce moment. Je crois qu’il faut au contraire s’élever au dessus « de cette nature des choses » connotée cerveau reptilien (attaque et défense du territoire), pour réfléchir à l’unité dans cette diversité. Don Beck dirait passer du Mème Orange et Vert au Mème Jaune d’Or ; les neurosciences parlent de la bascule reptilien-limbique / préfrontal.
              Quand je propose ce blog, je veux modestement participer de cela, de cet esprit. Je l’appelle intégratif, mais on peut l’appeler de toute autre manière, ainsi que Baudoin nous en donne un exemple intéressant.
              Je n’ai pas encore eu le temps d’expliquer le terme « mirobolant » pour les statistiques TCC – qui a peut être mis le feu au poudre. Ce sera pour demain.

              • Maarten Aalberse dit :

                « (Que) tourne à la querelle entre les différentes techniques et leur supériorité respective. Cela va complétement à l’encontre de l’esprit de cet article. C’est une discussion qui ne m’intéresse pas, »

                Moi non plus, Alain. Ce que je veux seulement, c’est que les discussions soient basées sur des vraies arguments bien appuyés. Ce qui peut paraître « une défense » du comportementalisme se veut surtout une clarification, là où – et encore plus dans les pays francophones – il y a des désinformations et préjugés parfois ahurissantes -comme moi aussi je les ai eu jusqu’à il y a +/- deux ans…

                Et à propos de ton inquiétude: je crois qu’il s’agit d’un malentendu. Je crois que c’est possible de vouloir être « mieux que les autres » ou les écoles précédentes, tout en restant en dialogue et en restant ouvert aux critiques. « Mieux », c’est toujours relatif, et laisse plein d’espace pour « encore mieux », non?

              • Renvoyant à une page de son site à propos de la PNL, on peut lire : « La carence intégrative de la PNL demeure, à mon sens, l’expression émotionnelle, le travail sur le ressenti. »

                On est bien d’accord !
                Pour ces raisons, la PNL n’est pas pour moi une vraie psychothérapie : comment peut-on prétendre accompagner psychothérapeutiquement les gens en faisant l’impasse de l’expression (libre) de ressentis, propres à libérer la mémoire émotionnelle et par là même offrir de réelles possibilités pour que le soigné se guérisse de ses blessures profondes ?

                Exemple : les « thérapeutes en ‘décodage biologique’ » (Biologie-Totale) se targuent d’avoir comme suffisant outil psychothérapeutique, la PNL : en plus de se poser en (incompatibles) maîtres à penser, ils confinent alors le soigné dans sa sphère mentale : prétendant avoir pu mettre la main sur l’origine du ‘conflit’ (concept dogmatique), ils assènent un « lâchez donc le conflit » et/ou lui proposent des « phrases guérisseuses » !

                • Maarten Aalberse dit :

                  Je crois qu’il est très important de différencier « travail sur l’expresion émotionnelle » et « travail sur le ressenti ». Ce dernier, presque tous les formateurs en PNL avec qui j’ai travaillé ont fait assez régulièrement, tout en enrichissant le ressenti avec les images visuelles, les sons auditives, et les « sous-modalités de ceux-ci.

                  La nécessité d’une « libre » expression émotionnelle (encore une fois, souvent pas si libre que ça, car la plupart des thérapeutes qui font ce travail expressif sont bien directifs – et souvent par nécessité) est peut-être un sujet de débat à un autre moment. Mais ici je ne peux que témoigner que dans la PNL, telle que je l’ai apprise, on peut très bien accéder aux blessures anciennes, comme par exemples les protocoles « pour changer son histoire » en témoignent.

                  Et je partage, Baudouin, ton critique sur le décodage biologique.

                  • Tout cela est intéressant, mes amis, mais nous sommes hors sujet. Nous sommes rentrés dans des comparaisons interminables entre techniques, des jugements péremptoires sur les lacunes de chacune, bref dans les sempiternelles querelles de chapelle qui affaiblissent tellement le monde psy.
                    Par exemple, Baudouin, si la PNL a un déficit dans le travail émotionnel, ce n’est pas une raison pour la condamner et cela ne pose aucun problème dans une perspective intégrative ; au contraire, c’est une raison de plus pour compléter ce déficit par l’intégration d’une autre technique, comme par exemple la Gestalt, à l’intérieur d’un protocole PNL ou à une séance suivante. Mais cela est un autre sujet, c’est l’intégration par association créative de techniques complémentaires. J’en parle un peu sur mon site et sûrement j’écrirai un jour un article la dessus, puisque c’est quelque chose que je pratique tous les jours.
                    Mais aujourd’hui, nous sommes sur les facteurs communs de succès à toutes les techniques psy et je trouve que nous n’avons pas dit grand chose à ce sujet. Il est vrai que c’est un sujet un peu tabou, surtout en France. C’est pour cela que je croyais, Maarten, que tu nous apporterais quelques lumières. Je suis un peu déçu et je regrette que tu es pris encore « la mouche » sur mon attaque des TCC faisant référence aux TCCistes français, particulièrement belliqueux.
                    Quand je parle par exemple des statistiques « mirobolantes » des TCC pour certains symptomes, comparativement à d’autres techniques – ce qui va complétement à l’encontre des facteurs communs de succès »-, je fais référence à une expérience malheureuse qui m’est arrivée il y a une dizaine d’années. C’était à la Cité des Sciences de la Villette, où se déroulait un colloque destiné principalement aux médecins psychiatres. Je fus attiré par une conférence où officiait un gros homme qui comparait l’efficacité des principales techniques psy par rapport à certains symptômes : phobies, TOC, dépression, attaque de panique, etc… Il passait ses « slides powerpoint » à toute vitesse, et à chaque fois les TCC caracolaient loin en tête des autres techniques avec des scores « faramineux » – du style 90% de succès pour les TCC et 10% pour les th. psychodynamiques ou humanistes. Après un tonnerre d’applaudissement de la salle, au moment des questions -réponses, comme personne ne prenait la parole, j’osais demander à l’orateur, comment ces études avaient été réalisées. Il me répondit d’une manière assez abrupte que c’était lui-même dans le laboratoire de recherche de son université. Je lui demandais alors quelle était la technique que lui-même pratiquait, il me répondit éberlué que c’était bien sûr les TCC. J’eus l’audace alors de lui dire que ses études statistiques n’étaient pas épistémologiquement valables puisque lui-même, l’observateur, n’était pas neutre mais partie prenante d’une technique qu’il voulait valider. Le gros homme devint tout rouge, il prit un coup de sang et en guise de réponse il m’apostropha brutalement en me faisant comprendre que ma remarque était vraiment déplacée pendant cette messe à la gloire des TCC. Ce fut ma première rencontre avec les TCC et j’appris par la suite que ce monsieur était la tête pensante des TCC en France et qu’il avait écrit de nombreux livres à leur sujet. Je dois avouer que je ne me suis encore vraiment remis de cette rencontre, ce qui peut expliquer mon adjectif « mirobolant ».
                    Aussi c’est à toi Maarten de soigner cette vieille blessure, en me montrant par exemple que les TCC actuelles, loin de se prendre pour la meilleure des techniques en comparaison des autres, sont tout à fait ouverts aux autres courants psy et capables d’analyser leurs facteurs communs de succès…

                    • Maarten Aalberse dit :

                      Pour répondre un peu à ta critique, Alain, sur les échanges entre moi et Baudouin: quand j’adresse l’illusion de la non-directivité, je le fais aussi parce que justement une directivité intègre et respectueuse est pour moi un des facteurs communs de la psychothérapie. J’aurais dû mieux expliciter cela.

                      Merci d’avoir expliqué d’où vient ce qui me semblait un peu ton allergie pour « les » TCC, et je suis d’accord avec toi que le comportement de ce monsieur n’est pas louable. Et je suis d’autant plus content que, malgré cette très mauvaise expérience, tu puisses apprécier ce que la Therapie de l’Acceptation et Engagement veut apporter comme évolution dans ce monde qui a été trop longtemps été très mécaniste.

                      « Aussi c’est à toi Maarten de soigner cette vieille blessure, en me montrant par exemple que les TCC actuelles, loin de se prendre pour la meilleure des techniques en comparaison des autres, sont tout à fait ouverts aux autres courants psy et capables d’analyser leurs facteurs communs de succès… »

                      Je dois avaler un moment ici, car le comportementalisme sérieux est bien plus qu’une série de techniques. Mais bon, pour ne pas trop compliquer le débat:
                      Je commence par l’ACT, que je connais le mieux et apprécie le plus, et les techniques utilisés dans cette approche. Les développeurs de l’ACT sont très clairs qu’elle emprunte de la thérapie Rogérienne (dimension relationnelle, l’importance de l’acceptation de son propre expérience au lieu de vouloir manipuler son vécu), les thérapies expérientielles comme le focusing et le Gestalt, (contact avec le ressenti), la psychosynthèse (notamment les approches utilisées en psychosynthèse pour la dés-identification), le travail sur le sens de la vie selon Victor Frankl, et bien sûr tous des travaux faits par Kabat-Zinn et al. sur la pleine conscience.
                      Il y a une autre variante de la TCC troisième génération qui emprunte beaucoup des idées fournies par la psychanalyse sur le transfert, i.e. comment les problèmes du patient se manifestent dans sa relation avec son thérapeute et comment cette relation permet aussi l’ouverture vers des nouvelles façons de (inter)agir. Elle s’appelle « Functional Analytic Psychotherapy » FAP et est peu connu en France encore, sauf… comme élément des formations en ACT.
                      Le FAP a aussi beaucoup influencé la pratique de la Thérapie Comportementale Dialectique de Masha Linehan; une approche qui a fait ses preuves avec des patients borderline parasuicidaires/ automutilants, et pour laquelle Thich Nhat Hahn a été une source d’inspiration très importante..
                      La Therapie des Schémas est plus une TCC de la deuxième génération (« substitution des pensées erronnées »), elle sussi surtout appliquée dans le traitement des troubles borderline. Cette approche intègre beaucoup d’éléments venants la psychanalyse et la guérison des anciens traumatismes, souvent résumés sous le nom « réparentage ».
                      Je pourrais aussi mentionner l’EMDR ici, qui suit des protocoles directement empruntés de la TCC, tout en utilisant une théorie plus proche de la psychanalyse, mais j’ai déjà beaucoup dit aujourd’hui…

                      Est-ce que cela répond un peu à ta question?

                    • Maarten Aalberse dit :

                      Apparemment, cette discussion court à sa fin… Dommage.

                      Mais avant que l’on adresse autre chose sur une autre page: Encore un épître!

                      D’abord Alain, encore sur ta déception: je ne me sens pas bien capable de te répondre, tant qu’il n’y a pas une disctinction entre thèmes communs et facteurs communs. J’ai essayé de clarifier ce que j’entends par ces deux termes.
                      Sans cette différenciation, j’ai l’impression de répondre un peu en vrac. Ce que j’ai fait, alors…
                      Car, il me semble évident que les techniques diverses ont un impact divers (ce qui était presque nié dans les études qui prônaient « l’effet Dodo »), qu’elles sont parfois indiquées et parfois contra-indiquées. Ce qui ne veut pas dire, justement, « mieux » ou « pire » en général. Dans ce sens-là, il ne s’agit pas de maintenir des querelles entres écoles, mais de mieux préciser: quoi, quand, et sa question annexe: quoi PAS, quand?

                      Il faut aussi, quand-même, que je revienne à tes réactions sur le « gros homme » (c’est sûrement de l’humour de ta part de parler de gros homme, mais je le trouve quand-même un peu limite, surtout dans ce contexte. Le risque me semble que, subtilement, le lien entre gros et grossier, soit établi…. Pas sûr si c’est voulu de ta part on non?).

                      Qu’une approche TCC soit nettement plus efficace que celle d’une psychanalyse pour traiter les phobies, les attaques de panique et les TOCs ne devrait pas être un scoop, ce n’est guère contestable, d’après ma connaissance. Ne pas accepter ces données, aussi confirmées dans la pratique quotidienne, frôle le déni, je crains. Un déni dont les patients, qui n’ont pas l’ambition de s’explorer de fond en comble, risquent d’être victimes. On n’a quand-même pas le droit d’obliger les patients de faire cela (une longue thérapie dite « de profondeur »), avec le faux argument que ce soit la seule façon de « vraiment » guérir de sa panique.
                      La dépression est plus complexe: tout dépend de quel genre de dépression; et il y a des données quand-même assez fortes qui montrent l’efficacité relative des traitements TCC dans le traitement de la dépression non psychotique. Là beaucoup dépend de la demande du patient: veut-il entamer un processus plus globale ou se limiter à sortir de l’emprise de la dépression? C’est au patient de faire ce choix, pas au thérapeute, je trouve. Mais je parle bien d’efficacité relative: il y a beaucoup de progrès à faire encore, car il restent trop d’échecs et rechutes.
                      Là où une thérapie psychanalytique (pas sur le divan, mais en face-à-face) semble, selon les données, plus efficace qu’ une approche TCC, c’est dans le traitement des Troubles d’Anxiété Généralisée.
                      Le traitement des troubles alimentaires pose problème et pour la psychanalyse et pour les TCC. Mais j’ai entendu et lu des bonnes choses de la Thérapie Narrative (une très belle approche développée par White & Epston), notamment à propos de l’anorexie, surtout quand cela est fait dans un cadre d’une thérapie familiale.
                      Pour les Troubles de Stress Post-Traumatiques, il y a des bons résultats avec des variantes de la TCC, mais l’EMDR s’avère moins exigeant, pour des résultats pareils, donc…
                      Ce qui serait un domaine important à explorer – notamment pour les thérapies humanistes / psychocorporelles – se sont les problèmes psychosomatiques. Je crois que surtout dans ce domaine-là, les méthodes psychocorporelles sont très pertinents.
                      J’aimerai beaucoup lire des études sur les résultats de l’hypnothérapie. Et je me demande pourquoi j’en trouve si peu…

                      Au lieu de dire que les données présentées par « l’ homme fort» ne soient « pas épistémologiquement valables », je dirai plutôt qu’elles sont biaisées, ce qui n’est pas la même chose (dire à un chercheur que ses travaux ne sont pas épistémologiquement valables équivaut lui donner une claque énorme).
                      Qui plus est: si je suis ta logique, les études de Carl Rogers méritéraient aussi d’être mises dans la poubelle (car très largement faites par lui et ses étudiants)!
                      Tandis qu’elles ont révolutionné la psychothérapie…

                    • oui, j’ai un problème de temps, Maarten, pour te répondre et aussi de ciblage de toutes les questions posées.
                      Au sujet de ta remarque sur la directivité / non-directivité de ton commentaire précédent, tu as raison c’est un chapitre important des facteurs communs de succès, à mettre à l’intérieur du chapitre plus important encore de la qualité de la relation thérapeutique et de l’art (ou des compétences) du thérapeute. Il me semble que c’est primordial, au sens où un expert TCC avec une mauvaise relation à son client pourra rater sa thérapie, même pour une phobie, tandis qu’à l’inverse un excellent relationnel psycho-humaniste – disons PNListe ou gestaltiste pourra remporter un succès pour cette même phobie. C’est dans ce sens que je pense que les facteurs communs sont plus importants que les techniques en elles-mêmes. Il n’y a pas d’étude là dedans, il n’y a que du bon -sens.
                      Au sujet du niveau d’intégration de l’ACT (toujours dans le commentaire précédent), je suis ok avec toi. C’est une technique à fort niveau d’intégration, en particulier ce qui est important pour moi, une intégration du champ transpersonnel avec la pleine conscience et la recherche des valeurs et de l’engagement. On peut dire aussi cela de l’EMDR (voir mon interview) qui fait une belle intégration de plusieurs techniques, on peut dire aussi cela de la Gestalt ou de la PNL, (comme je le montre dans les pages de mon site), ou même de la sophrologie. En fait, plus le niveau d’intégration d’une technique est grand, plus celle-ci est efficace.
                      Mais ce que j’ai remarqué aussi, c’est que, dès qu’une technique s’institutionialise et ouvre par exemple une école, elle a tendance à se fermer aux influences extérieures, se comparer, se défendre et transformer la belle intégration unitaire du départ en querelles de territoire, technique contre technique.
                      Je suis obligé de m’arrêter là pour ce matin. La pratique m’attend.

                    • Commentaire de Maarten Aalberse : Juste quelques mots sur ton dernier point (que je partage), j’y ajouterai: quand un thérapeute s’identifie trop à son approche (qu’elle soit d’une école reconnue, ou dans la marge dans une variante très perso), le même risque est très présent. J’en sais quelque chose!

                    • Continuons un peu Maarten, sur ton avant-dernier message. Je vois que tu n’apprécies pas mon humour, c’est dommage. Je l’ai fait sans intention particulière, comme si je dessinais une BD, qui à distance me fait bien rire. Pourquoi, ne pourrait-on pas faire d’humour sur les stars de la psychothérapie en les caricaturant un peu, comme on le fait pour les hommes politiques, surtout quand ils sont tellement dans le pouvoir comme eux ?
                      Ensuite, tu pars dans une grande digression sur les avantages de chaque technique par rapport à certains symptômes. C’est une rengaine que j’ai déjà souvent entendue et avec laquelle je suis carrément contre, car ça va à l’encontre du paradigme intégratif. Je m’en expliquerai une autre fois à propos d’un autre article, car nous sommes là vraiment hors sujet.
                      Tout à fait d’accord sur ta dernière remarque : l’unité entre les différentes techniques ou courants psy ne peut se faire que dans une non-identification à une technique particulière quelle qu’elle soit – une sorte de « défusion ». On pourrait dire qu’il est demandé alors un saut de niveau de conscience capable de transcender et d’inclure – j’aime bien aussi la métaphore de la bascule du cerveau reptilien-limbique vers le préfrontal seul capable de prendre du recul par rapport aux réflexes archaïque de défense du territoire. Il est paradoxal et amusant de constater que dans la corporation des psys, il est si difficile de trouver l’unité entre les différents courants et techniques, alors que leur travail psy avec les autres et avec eux-mêmes pourrait faire croire et attendre le contraire.

                    • Maarten Aalberse dit :

                      « dans le chapitre plus important encore de la qualité de la relation thérapeutique  (…) Il me semble que c’est primordial, au sens où un expert TCC avec une mauvaise relation à son client pourra rater sa thérapie, même pour une phobie, tandis qu’à l’inverse un excellent relationnel psycho-humaniste – disons PNListe ou gestaltiste pourra remporter un succès pour cette même phobie. C’est dans ce sens que je pense que les facteurs communs sont plus importants que les techniques en elles-mêmes. »

                      Bien évidemment. Il y a un grand consensus sur l’idée que les « conditions rogériennes » sont nécessaires, mais … souvent vraiment pas suffisants.

                      « Ensuite, tu pars dans une grande digression sur les avantages de chaque technique par rapport à certains symptômes. C’est une rengaine que j’ai déjà souvent entendue et avec laquelle je suis carrément contre, car ça va à l’encontre du paradigme intégratif. Je m’en expliquerai une autre fois à propos d’un autre article, car nous sommes là vraiment hors sujet. »

                      Pas sûr, Alain. Tous les deux nous travaillons avec des personnes. Des personnes qui ont certains symptômes qui leur empêchent d’établir des relations plus riches, d’aller plus loin vers le sens de leur vie, etc. Quand la personne est moins sous l’emprise de ce symptôme, quand elle veut aller plus loin, alors une autre approche (approche, pas technique!!!, différence importante pour moi; une partie du désaccord que tu mentionnes me semble lié à cette confusion entre techniques et approches) est probablement indiquée.

                      Je crois que notre différence est ailleurs: je n’adhère plus au modèle développemental de Wilber – que la plupart de thérapeutes qui se basent sur les données du développement précoce rejettent aussi ; l’idée de stades de développement bien différenciables est de plus en plus considérée comme obsolète. Par exemple le thème de l’autonomie relative commence à jouer presque tout suite après la naissance – en alternance avec la symbiose. C’est une des plus grandes faiblesses du modèle de Wilber, je crois.

                    • Pour les nuances « approches – techniques », nous en reparlerons ailleurs.
                      Je ne comprends pas bien pourquoi, tu pars sur une nouvelle idée relative au modèle développemental : quel est le lien ?
                      Sinon, je crois que Wilber s’est beaucoup basé sur le modèle de Piaget. Piaget est-il obsolète ?

  3. Merci Alain pour ton feedback !

    TCC : il s’agit donc de psychothérapies qui ne mettent en jeu que le comportementalisme ; d’un point de vue de l’observation « scientifique », il paraît dès lors beaucoup plus facile de « prouver » leur efficacité car on peut en effet constater que suite à tel accompagnement thérapeutique le comportement de la personne pourra changer par rapport à une problématique particulière. Les TCC sont très proches de l’allopathie et du symptomatique : elles croient guérir via le changement de comportement apparent, analogue au symptôme physique, mais pas en PROFONDEUR !

    Pour moi et selon ma pratique professionnelle de psychothérapeute qui prend en charge la vision GLOBALE de la personne, une psychothérapie est d’autant plus efficace qu’elle met en œuvre des investigations analytique, systémique et comportementaliste. Voici un texte que je donne à mes patients et qui leur permet de le comprendre en termes accessibles :

    ANALYSE : il est important d’aider le patient à rechercher les causes réelles de ses maux et qui se trouvent toujours en AMONT, et à lui permettre ensuite d’agir par rapport à elles de manière bien ciblée. Ne pas les résoudre en profondeur, c’est s’exposer tôt ou tard à des rechutes qui s’enchaîneront, tant que n’aura pas été entrepris avec succès un travail porté à la racine des problèmes qui causent les symptômes. C’est un peu comme si on désirait arrêter une chute d’eau en se limitant à lui faire barrage en bas.
    En revanche, il est hors de question de s‘adonner à de la psychanalyse (car elle ne compte que sur le temps pour que des résultats apparaissent), mais plutôt de pratiquer l’art de la cible (plus respectueuse de la loi universelle d’économie d’énergie). [NB. Freud lui-même avertissait que la psychanalyse n’était pas une « thérapie curative », face aux sévères critiques déjà alors formulées.]

    « Une grande partie des thérapeutes offrent des thérapies comportementales pour combattre les symptômes des patients sans chercher leurs significations et leurs causes, parce qu’ils sont persuadés qu’elles sont introuvables. Pourtant, dans la plupart des cas elles le sont mais elles sont toujours cachées dans l’enfance, et rares sont les personnes qui veulent la confronter. » Alice MILLER (psychothérapeute célèbre et qui vient de décéder, le 14 avril 2010)

    Rares sont les (psycho)thérapeutes qui ont la capacité de faire ce type d’accompagnement et ce, pour plusieurs raisons dont une qui est incontournable : l’absence d’un réel travail sur soi (et continuer à le faire) pour pouvoir alors, non seulement garder la distance suffisante (pour ne pas faire notamment de la projection), mais, en plus, pour se comporter empathiquement, pour éviter aussi d’autres effets iatrogènes (générés par l’approche ou l’attitude inappropriées du soignant).

    >>>>

  4. Suite

    SYSTEMIQUE : nous faisons tous partie de différents systèmes (familles proche, éloignée, travail, société, pays, planète, univers) et suivant les découvertes de la Physique Quantique, ils sont, non seulement en communication, mais en profonde interaction. La mise au jour de tels systèmes est destinée à identifier les causes cachées de comportements indésirables, de malaises et de maladies, ainsi que les règles de fonctionnement de ces systèmes et leurs conséquences pour soi, la place que l’on y occupe, le « rôle » que l’on y joue et les jeux de pouvoir qui y règnent, et de devenir rapidement plus libre, en axant davantage sa vie sur la réalisation légitime de ses besoins.
    « Nous sommes les autres, c’est-à-dire que nous sommes devenus avec le temps ce que les autres – nos parents, les membres de notre famille, nos éducateurs – ont fait de nous, consciemment ou non. Nous sommes donc toujours influencés, le plus souvent à notre insu, par les divers systèmes dont nous faisons partie. (…). »
    « Il n’y a pas que les maladies psychiques et psychosomatiques qui soient du ressort des comportements individuels en situation sociale (…), sans doute toute la pathologie en dépend. (…) Il faut regretter que le clinicien lui-même n’agisse généralement pas autrement en soignant un ’cœur’, un ‘estomac’, un ‘foie’, etc. ce qui consiste à l’isoler du contexte familial et socioculturel où vit l’organisme auquel il appartient. » Pr Henri LABORIT ( in « Inhibition de l’action », 1979, Masson).

    COMPORTEMENTALISME : se concentrer sur le comportement observable de façon à prendre conscience de la manière dont il est déterminé par l’environnement et l’histoire des interactions des systèmes. Cependant, on déplore bon nombre de psychothérapeutes qui ne mettent en jeu que ce seul aspect des choses, comme le regrettait à juste titre Alice MILLER (voir page précédente).
    Faisant l’impasse sur les causes profondes, le (seul) comportementalisme n’apportera qu’un bien-être illusoire : ce qui est programmant (qui n’a alors pas été solutionné) se réactivera à la faveur d’événements déclencheurs et, selon l’observation empirique, plongera alors davantage les personnes dans un plus grand sentiment d’impuissance, voire de dévalorisation accrue (elles ont alors, par exemple, l’impression désastreuse qu’elles ne sont pas capables de guérir, voire qu’elles ne le méritent manifestement pas !).

    On aura donc compris qu’il est incontournable d’offrir un accompagnement psychothérapeutique performant, respectueux des lois naturelles (économie d’énergie, adaptation harmonieuse et heureuse au milieu…), c’est-à-dire qui offre la capacité d’intégrer alors analyse, systémique et comportementalisme dans un souci d’optimiser leurs apports. Il s’agit donc bien d’une psychothérapie stratégique et, de ce fait, très performante et économe en temps et donc en coût.

    • Maarten Aalberse dit :

      Sur le fond je suis bien d’accord avec toi, Badouin. Ce que je veux pas élaborer ici, car ce n’est pas le sujet (et ce n’est pas non plus mon objectif de défendre le comportementalisme comme « la seule approche », sinon je ne participerai pas à ce forum), le comportementalisme (le comportementalisme sérieux, pas les vulgarisations que l’on trouve dans trop de bestsellers) est plus complexe et systémique que l’on ne croit souvent – et en pleine évolution.

      Un peu plus sur « les causes profondes » de la maladie (aussi en relation avec le site du livre du Dr Pierre-Jean Thomas-Lamotte):
      Si l’on cherche chez un malade des antecédents il nous décrira toujours des évènements douloureux voire traumatiques. Et bien évidemment ces expériences méritent tout notre empathie et l’engagement de tous nos compétences.
      Mais… on peut aussi devenir « trop psy » et croire que « donc » ces évènements étaient les causes.
      On reste encore dans un modèle dualiste et simpliste. La réaction de « l’autre côté », tout aussi dualiste, pourrait bien être: c’est normal, car quand le système biologique est fragilisé, des évènements que « normalement » on peut bien resoudre, deviennent traumatiques pour quelqu’un déjà fragilisé…
      Il me semble mieux de partir d’une idée de co-émergences de plusieurs facteurs sur plusieurs niveaux et que, idéaliter, on adresse tous ces niveaux pour faciliter « la guérison ».

      • Maarten Aalberse dit :

        Une question sur les « causes profondes » qui me semble cruciale: qu’est-ce qui fait en sorte que ces causes-là sont toujours -ou de nouveau- si actives, maintenant, pour ce patient-ci? On peut très bien dire, me semble-t-il, que c’est la relation actuelle que le patient entretient avec ces évènements précoces, qui est déterminante. Et je ne crois pas que l’on peut affirmer à priori que, pour changer cette relation-là, il soit nécessaire de faire un « retour en arrière », comme par exemple Alice Miller le suggère. Et la même chose si l’on veut aider le patient de co-créer une vie plus riche en sens et valeur.

  5. Maarten Aalberse écrit : « Mais… on peut aussi devenir « trop psy » et croire que « donc » ces évènements étaient les causes. »

    En fait, la relation d’aide empathique et non directive qui devrait présider à tout accompagnement psy place le soigné en position d’être le seul à donner le « sens de ses maux ». Le thérapeute ne peut partir d’aucun a priori ni croyance induite : que ce soit le tout-au-psychologique ou le tout-au-physiologique voire du tout-au-scientifique !

    J’ai pu constater que la relation thérapeutique est d’autant plus efficace que le patient reste de bout en bout le vrai chef d’orchestre de sa thérapie : il doit se sentir compris et mettre librement des mots sur ses maux, sans subir quelque dogmatisme de la part de celui qui l’accompagne.
    J’ai actuellement un patient qui aurait déjà du être mort depuis deux ans : cancers du pancréas et du foie ; il est en rémission. Je le suis efforcé de ne partir de ce qu’il m’exposait au départ : ses peurs de mourir et petit à petit il en est venu à parler des liens qu’il faisait librement avec son vécu (très souffrant) d’enfant. Selon mon observation, l’accompagnement psychothérapeutique est comparable à une sorte de processus de facilitation de l’alchimie intérieure du patient, strictement en phase avec ce qu’il amène mais sans moule ou ‘contention’ psy que ce soit : je considère qu’ayant participé à l’origine de ce qui a créé ses maux, le patient sait bien mieux que moi ce qui lui convient et si je suis capable de « lui permettre d’entendre ce qu’il dit » (Jacques Salomé), il accouchera de sa propre guérison (si désirée) ; j’aime beaucoup le concept socartique de la Maïeutique à cet égard.

    « Le patient a le droit au soulagement le plus rapide, le plus complet et le plus durable possible de sa souffrance et ce de la façon la moins envahissante qui soit. Je ne lui demanderai rien d’illégal, rien d’immoral, rien d’impossible. En contrepartie il fera tout pour me rendre inutile aussi vite que possible. » Nicolas Cummings.

  6. Erratum :

    Je me suis efforcé de ne partir que de ce qu’il m’exposait au départ

    • Maarten Aalberse dit :

      Ce que vais dire ici, Baudouin, n’est aucunément un critique de ton travail que tu décris ci-dessus qui, vu de loin, me semble exemplaire.

      Mais je dois quand-même fermement remettre en question l’idée de la non-directivité (que Rogers lui-même à laissé tomber dans ces derniers travaux), la possibilité de s’engager sans aucune à priori et de la non-contamination de la part du thérapeute.
      Ces notions me semblent bien illusoires; des illusions qui parfois peuvent être bénifiques, peut-être, mais aussi dangereuses – quand elles nous amènent à ignorer notre influence et donc notre grande responsabilité. Par exemple ignorer notre contribution au transfert du patient me semble une des choses responsables pour des dérapages dans les psychanalyses traditionnelles.
      Je ne vois vraiment pas comment on ne peut pas influencer et co-diriger le processus.
      Et les souvenirs qui émergent (et peut-être encore plus ceux qui pour ainsi dire « n’émergent pas ») sont en fait des re-constructions façonnées par le contexte antérieure et… actuelle, dont le thérapeute fait une partie très importante.

      PS: J’aime beaucoup cette citation de Cummings.

      • Maarten, je ne nie pas que bien évidemment le soignant exerce certaine directivité sur le soigné MAIS il doit éviter, en relation d’aide authentique, tout ce qui est volontairement directif !
        Sinon c’est la porte ouverte au « gourou tu te goures où » !

        Il serait machiavélique de s’autoriser à exercer volontairement des manipulations sur le soigné sous prétexte que de toutes façons le simple fait de l’existence du couple soignant-soigné entraînera de la part du soignant de la directivité (inconsciente) et ne fut-ce que par le fait des attentes du soigné par rapport à ce qu’il pense que le soignant pourra lui apporter (ce qui n’est pas toujours exprimé d’ailleurs, loin s’en faut !).

        • Maarten Aalberse dit :

          1) Veux-tu dire, Badouin, que pour toi la directivité inconsciente est mieux que la directivité consciente et pleinement assumée? Si oui, peux-tu en dire un peu plus?

          2) Je suis bien d’accord avec l’importance de ne pas devenir trop gourou.
          Pour cela nous (et je crois pouvoir t’inclure là-dedans) nous prenons en compte les retours non-verbaux du patient, qui nous incitent de ralentir, de laisser tomber un certain questionnement, de reformuler nos propos voire les reprendre, nous proposons des interpetations mais ne les imposons pas, etc. Ce qui « dirige » le patient vers son propre ressenti, ces valeurs, etc.
          Mais souvent je suis inductif voire plutôt directif pour stimuler le patient à me donner son feedback, même si cela lui semble « pas correct » – et parfois je dois bien insister (tout en explorant avec lui sa peur)!
          C’est une directivité pour éviter la gourouisation!

  7. Maarten Aalberse dit :

    C’était peut-être un peu hors sujet, scusi. J’y pensais parce que Wilber, si je l’ai bien compris, proposait des approches différentes pour des thèmes développementaux différentes.
    Pour revenir à ta question: j’ai des doutes sur Piaget, mais je ne me prononcerai pas trop sur lui, car là je ne suis qu’un pauvre amateur (car je ne vois pas trop la pertinence de son modèle pour la pratique intégrative); mais je vais me reseneigner chez ceux qui peuvent m’en dire plus Le problème que je voulais signaler est que Wilber s’est appuyé aussi beaucoup sur les idées du développement précoce de Margareth Mahler, Kernberg etc., et ce sont celles-ci qui sont obsolètes. Les théories du développement précoces ont beaucoup évolué depuis 1975…
    A élaborer un autre moment?

    Donc OK, revenons au sujet précis. Pourquoi ai-je parlé de la pertinence relative de divers approches – discours avec lequel tu n’es pas d’accord? Parce que ce que l’idée des facteurs communs peut amener – et a amené- à l’dée que toutes les approches sont toutes bonnes, si le thérapeute est capable d’empathie. N’est-ce pas vrai que toutes les approches connus travaillent sur la relation thérapeutique et l’estime de soi ; élaborent de nouveaux comportements ; agissent sur le niveau d’activation émotionnelle ; induisent des attentes positives et accroître la motivation ; amènent à un changement des systèmes de signification? Au moins, tous les proponents de tous les modèles le diraient, je crois.
    Ce qui me semble logique, car comment peut on croire que ces 6 « facteurs » soient autre que fortement interdépendants?
    Ce qui m’évoque la question (pénible, j’en conviens) suivante: ce modèle, n’est-il pas trop consensuel et ne crée-t-il plus de flou que des clarifications sur les différences qui comptent?
    Donc je dois rectifier ce que j’ai écrit le 28 mai et admettre que je me pose de plus en plus de questions sur la pertinence pratique de ce modèle des facteurs communs.
    D

    • Je crois qu’il nous faut travailler sur l’art de l’intégration des contraires : et travailler sur les facteurs communs, ils existent, c’est une évidence et le livre d’Olivier Chambon est vraiment intéressant à ce niveau, et travailler la différenciation de chaque technique ou courant ou approche. Les facteurs communs seuls ou surévalués : c’est flou, la différenciation seule : c’est les querelles de territoire et de comparaison à n’en plus finir, qui ont tellement affaibli les psychothérapies et dont nous payons actuellement le prix fort (voir le récent décret).

      • Maarten Aalberse dit :

        Je suis entièrement d’accord avec toi, Alain, que reconnaître les facteurs communs aide à respecter les approches utilisées par « les autres », et que ce respect manque parfois cruellement.
        Peux-tu dire ce que le modèle des facteurs communs contribue au delà ce respect?
        Et ce que tu entends plus concrètement par « travailler sur les facteurs communs »?