Les indiens kogis : sagesse et santé

Il est de toute urgence d’intégrer la sagesse des indiens kogis, car ceux-ci risquent de disparaître, pris en tenaille, sur une montagne de Colombie, entre les narco-trafiquants, les paramilitaires et les guérilleros des FARC, c’est à dire avec tout ce que la culture occidentale peut produire de plus abject.

Alors, en quoi consiste cette sagesse des kogis ?

Elle tient à quelques principes simples :

  • La relation respectueuse, harmonieuse et de réciprocité bienveillante entre les hommes  et la « Terre-mère » ou la Nature – tout le contraire de notre style de vie articielle et maintenant virtuelle, fondée sur la peur de la Nature, le mépris, le combat ou le déni.
  • La relation privilégiée et pourvoyeuse de sens, avec le monde des Esprits ou monde spirituel, assurée par l’intermédiaire des chamanes  (les mamus). Tout le contraire de notre culture matérialiste, enlisée dans un consumérisme frénétique, égocentrique et déboussolé.
  • La nécessité de veiller sans cesse à la cohésion et à l’harmonie du groupe ou de la tribu – c’est encore le rôle des chamanes garant de la justice et de la solidarité nécessaire. Tout le contraire de notre environnement social, délétère, basé sur la compétition, l’exploitation, et le combat de tous contre tous pour la course au profit personnel.
  • Une éducation globale, holistique qui commence très tôt  auprès des enfants pour leur inculquer de manière pratique la relation juste avec la nature, avec les esprits, avec soi-même et avec le groupe, éducation de sagesse prise en charge par des sages, les chamanes. Tout le contraire de cette éducation coupée du réel, dans l’accumulation des savoirs livresques, déconnectés de la vie.

La santé chez les kogis

J’ai eu le privilège de rencontrer récemment Eric Julien, porte-parole des kogis, pour un interview dans le journal Santé Intégrative n°13 et n°14, au sujet de leur conception de la santé. Quel ne fut pas mon étonnement, quand je lui ai demandé comment on guérissait les personnes malades chez les Kogis. Voici ce qu’il m’a répondu :

« il y a une question à se poser d’abord : est-ce qu’il y a des personnes malades chez les Kogis, au sens de personnes alitées, avec des infections, ne pouvant plus bouger, etc ? Cela arrive, mais c’est assez rare.  Les maladies sont souvent liées, soit à la réduction des territoires, ce qui génère une promiscuité trop étroite avec les animaux domestiques, des parasitoses peuvent s’installer ; soit à l’arrivée d’infections d’origine externe à leur communauté (grippes) et donc difficile à soigner par les mamus. En revanche, je n’ai pas eu l’occasion de croiser de Kogis atteints de cancer ou confrontés à des difficultés d’ordre psychologiques.
C’est une société ou la notion de « prévention » des déséquilibres est omniprésente. Les Kogis sont régulièrement invités à verbaliser leurs émotions, leurs intentions réelles ou imaginaires dans des lieux, et des instants spécifiques, adaptés à chaque situation. (conflits de voisinage, conflits familiaux, mauvaises récoltes, travail collectif non réalisé, jalousie etc..).
Dès leur plus jeune âge, les enfants sont habitués à verbaliser, mettre des mots sur leurs maux, dialoguer, poser et se poser des questions. Pourquoi ?  revient en permanence dans leurs échanges. Ils considèrent que la connaissance est au cœur de la vie juste et harmonieuse d’un être humain.Il y a des mamus spécialisés pour chaque domaine, chaque type de difficultés, et des lieux spécifiques, dont, en particulier dans chaque village, la « nuhé », une sorte de temple symbole de l’univers et du corps humain. Il symbolise aussi l’utérus protecteur d’où vient la vie, dans lequel on se sent protégé pour libérer la parole en toute confiance. C’est pour cela que pénétrer dans la « Nuhé », nécessite tout un travail préalable de purification et de « purges » de ses émotions négatives, de ses colères et rancoeurs ; on ne peut pas rentrer dans ce lieu sacré avec des énergies négatives.

Alain Gourhant : c’est un vrai travail psychothérapeutique collectif, permanent …

Eric Julien : D’une certaine façon, oui, sachant que ce travail est en permanence relié au vivant, à la nature dans laquelle les Kogis puisent les règles qui régissent leur société. C’est  d’après eu, une condition préalable pour penser « justement » les choses,  en tenant les émotions, et les préjugés à distance.

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16 réponses à “Les indiens kogis : sagesse et santé”

  1. Maarten Aalberse dit :

    Merci, Alain, pour cette « piqûre de rappel » qu’une autre façon de vivre ensemble soit possible.

    Cela me fait penser à une témoignage sur la dernière vraie culture matriarchale, dans des montagnes en Chine, qui me faisait rêver. Culture qui, elle aussi est menacée, heureusement dans ce cas-là par les violences qui menacent le Kogis, mais… par des touristes qui voulaient « voir ces oiseaux rares et exotiques ». Danger d’autant plus grand, parce que là aussi, il s’agit d’une culure très acceuillante.
    Heureusement le gouvernement local là-bas a vu les dangers et commandé la destruction des hotels en proximité. Pour combien de temps?
    Oui, il faut protéger ces cultures, et les shamans qui viennent chez nous et qui risquent de devenir tout aussi corrompus – t’en as probablement vu des exemples.
    Et bien-sûr il faut nous protéger des pseudo-shamans qui ont pigé nos engouements pour des spectacles ésotériques et ont découvert comment ils peuvent nous « séduire »…

    • Les kogis savent pour le moment, je crois, se protéger des touristes et nous nous devons bien sûr, je suis ok, nous protéger des charlatans- chamanes. Tout cela est très sécuritaire… Outre le fait d’aider les Kogis en participant au rachat de leurs terres avec l’association Tchendukua, afin qu’ils puissent préserver la richesse de leur culture, une question que je me pose souvent, c’est comment pouvons-nous intégrer dans nos vies occidentales actuelles la sagesse et certains savoirs-faire de ces indiens kogis et plus généralement des peuples premiers.

      • Maarten Aalberse dit :

        Cette question me touche, Alain; j’ai même rêvé cette nuit d’être traité par un chaman…
        Cette question me touche, parce les chamanes nous confrontent tellement avec ce qui ne va pas dans notre culture et ce que nous avons perdu.
        Cela me fait penser à une époque où j’étais plus engagé que maintenant dans des pratiques « chamaniques » : quête de visions, chanter, travail éenergétique. Je me sentais de plus en plus « en communication » avec les forces de la nature – et les enfants- et avait de plus en plus de mal à supporter la vie en ville et les échanges avec des adultes dites « normaux »…

        Il y a aussi une question liée aux pratiques chamaniques: comment différencier les origines prépersonnelles des visions obtenues (et des tendances « rétro-romantiques », comme Wilber les a appelé) et les inspirations transpersonnelles? Peut-être tu peux en dire plus?

        • oui, Maarten, nous sommes dans le vif d’un sujet intéressant. Comment le chamanisme peut nous influencer, nous inspirer, nous ressourcer, nous les pauvres les occidentaux « les pauvres des plus pauvres« , comme le dit si bien ce chamane kogi dans l’article suivant ?
          Je crois qu’il y a plusieurs réponses et c’est bien si tu as aussi des pistes de réflexion à ce sujet, pour avoir tâter du chamanisme dans ton passé.
          Je vois une première réponse dans le fait que les indiens peuvent nous aider à changer de vision du monde. Cette crise terrible en Occident est en profondeur une crise de la perte du Sens venant d’une vision étriquée ou réductrice de la réalité et du monde, vision datant d’au moins 400 ans avec l’avènement des sciences et des techniques fondée sur le matérialisme et le suicidaire combat contre la nature. Les indiens et les chamanes peuvent, je crois, nous aider à retrouver une vision globale de l’interdépendance, capable de nous relier de nouveau à la nature de manière saine et juste, capable de nous relier de nouveau à l’Un, à l’Esprit ou le Soi (peu importe comment on l’appelle – Dieu étant le terme le plus dangereux), capable de nous relier de nouveau à l’environnement social selon des lois justes.
          Il y a une 2e voie de réponses par rapport à un domaine qui nous concerne encore plus : le domaine des techniques psychothérapeutiques. Est-ce qu’il y a des techniques chamaniques qui peuvent inspirer notre travail de manière sérieuse et rigoureuse ? Et là nous pourrons aborder le problème prépersonnel / transparsonnel que nous avons déjà évoqué. Je te propose d’abord de réfléchir à la 1ère voie : la vision du monde. Qu’en penses-tu ?

          • Maarten Aalberse dit :

            Les mots « c’est vous qui êtes pauvres, pas nous » résonnent encore (et les mômes qui ont vu et aimé le film Pandora s’en rendent compte à leur façon).
            Ils me donnent de l’espoir aussi, dans le sens qu’ ils clarifient combien notre peur actuelle de (re)devenir pauvre est basée au moins en partie sur une idée absurde, là où la vraie richesse humaine serait à chercher.
            La richesse des Kogis ne demande sur le fond « qu’ » une réorientation, un autre engagement qui, quand on fait un bon bilan, ne pèse pas plus sur nos finances – pour ne pas dire nettement moins, si l’on prend tout en compte..
            Ce qui me donner de l’espoir aussi, c’est de voir combien de jeunes qui « ne réussissent » pas dans le système, créent des réseaux de troc et de solidarité.

            • Est-ce que tu veux parler du film « Avatar » et de la très belle évocation de cette tribu onirique qui vit en symbiose avec la nature dans une sorte de fraîcheur et de sagesse faisant penser effectivement aux « peuples premiers », tels les Kogis – la métaphore étant d’autant plus parlante qu’eux aussi sont traqués par les forces les plus destructrices de notre civilisation occidentale.
              La richesse des Kogis est effectivement une richesse intérieure : une réorientation d’ordre spirituel basée sur un triple lien harmonieux (et non de combat) avec la Nature, avec les autres (la tribu) et avec soi-même (gestion harmonieuse des émotions et du lien avec l’Esprit et les esprits). Est-ce que les jeunes se tournent vers cela actuellement, vue l’impasse dans laquelle se trouve le Système occidental ? Je ne sais pas, mais comme toi je l’espère.
              Il y a maintenant la 2e question : est-ce que la psychothérapie peut s’inspirer du chamanisme et intégrer certaines techniques ? Un livre vient de sortir : « Le chamane et le psy » d’Olivier Chambon et de Laurent Huguelit. Je ne l’ai pas encore lu, mais je crois que c’est une bonne réflexion sur le sujet, car Olivier Chambon est un psychiatre de renom qui, en particulier, a écrit avec Michel Marie-Cardine un des premiers livres sur la psychothérapie éclectique et intégrative (voir l’article sur mon site).

              • Maarten Aalberse dit :

                A propos de ta deuxième question: j’ai assisté à une très belle présentation de Jeanne Achterberg et Carl Simonton.
                Jeanne fait du travail remarquable avec l’imagerie mental (pas l’imagerie cérébrale!) et utilise des techniques chamaniques (percussion notamment) pour induire un état de plus de réceptivité aux images.
                Dommage que l’anglais est un obstacle pour toi, mais je donne quand-même le titre de son livre:

                « Imagery in Healing: Shamanism and Modern Medicine »

                dans sa présentation elle a montré un nombre de tableaux faits par des personnes atteints par une cancer, et de leur évolution en psychothérapie: les différences dans les desseins étaient frappantes.

                Autre chose « hallucinante » : elle pouvait, en utilisant ces images, mieux diagnostiquer la gravité de la maladie et prognostiquer son évolution, au moins aussi bien et parfois mieux que les diagnostiques médicales standards (de l’époque, càd il y a 5 ans)…

                PS une de mes premières formations en psy se dénommait: « la trance créatrice », animé par le regretté Jay Stattman. Et c’est vrai que le travail avec l’imagerie mental et le travail néo-reichien que l’on faisait à l’époque était fort et profond. Le seul problème: cela pourrait « ouvrir trop », problème avec les personnes avec des troubles de personnalité…

                • oui, Maarten, voilà un chemin très important proche du chamanisme et de certaines de ses techniques, celui de l’imagerie mentale, de la visualisation des symboles et des archétypes et de leur intégration dans l’inconscient à des fins thérapeutiques. Tu as raison de faire référence à quelqu’un d’un peu oublié : le Dr Simonton et ses protocoles de guérison ou d’amélioration du cancer (voir un article que je lui ai consacré).
                  Il y a un autre chemin, c’est celui emprunté par un certain nombre de thérapies psycho-corporelles, en particulier celles qui cherchent un état modifié de conscience par le souffle et l’hyperventilation. Je pense en premier lieu à la respiration holotropique de Stanislav Grof (voir l’interview et la page que je lui ai consacré sur mon site). La force de la respiration holotropique c’est l’association de l’hyperventilation à des musiques et des rythmes capables de créer un état de transe ou état modifié de conscience – d’ailleurs beaucoup de ces musiques sont empruntées aux tambours chamaniques. Et seuls ces états modifiés de conscience permettent d’aller dans les couches les plus profondes de l’inconscient, en particulier au niveau pré-verbal et périnatal, afin de conscientiser les traumas possibles et de s’en libérer. Stanislav Grof a bien sûr largement emprunté aux traditions chamaniques et il ne s’en cache pas comme dans son livre : « Quand l’impossible arrive, aventures dans les réalités non ordinaires » ed. Trédaniel 2007). Eric Julien dans un interview que j’ai réalisé avec lui et que je mettrai prochainement en ligne parle d’un travail des kogis sur les rythmes respiratoires à des fins thérapeutiques (c’est à dire l’hyperventilation).

                  • Maarten Aalberse dit :

                    Je connais la respiration holotropique que de ouï dire, Alain, et je suis un peu biaisé par mes expériences avec le rebirth animé par Leonard Orr (le développeur du rebirth). Travail que je n’appréciais pas du tout.

                    ce que j’ai entendu (et sûrement interprété selon mes expériences avec le rebirth) de la respiration holotropique me semblait assez violent: hyperventilation, musique évocatrice à grand volume…

                    L’impression que j’en garde un peu, c’est d’une ouverture forcée – comme en quelque sorte, les substances hallucinogènes le peuvent être. Et donc la question se pose: ne s’agit-il pas en partie d’une programmation des « souvenirs à découvrir », au lieu d’une évocation?

                    Est-ce vraiment nécessaire de forcer « la porte vers de couches les plus profondes »?

                    Je ne mets pas du tout en cause la richesse du travail avec l’imagerie mentale, au contraire, mais je me demande si, dans une relation thérapeutique où la confiance grandit par l’empathie, l’humilité et authenticité du thérapeute, ces portes ne peuvent s’ouvrir aussi, quand le patient – et la relation thérapeutique – y est prêt?

                    • D’abord, je voudrais rendre hommage à la belle émission télé d’hier soir sur M6 à 23h, consacrée aux guérisseurs. Nous étions en plein dans notre sujet, à savoir si les techniques chamaniques ou dérivées du chamanisme pouvaient être intégrées avec efficacité aux techniques médicales classiques. Merci à Stéphane Allix qui dirige l’association de l’INREES dédiée aux expériences extraordinaires – dont j’ai déjà parlé aussi sur mon site -, d’avoir mis l’insistance sur les expériences de collaboration fructueuse entre la médecine conventionnelle et les techniques chamaniques. Même en France, à l’hôpital de Thonon, les compétences extraordinaires d’un « barreur de feu » sont utilisées dans le traitement des brûlures, suite par exemple à la radiothérapie du cancer. Au Mali, au Pérou, en Suisse et surtout à la fin de l’émission dans un hôpital américain à la pointe du progrès médical technologique, où une énergéticienne participe au confort des grandes opérations chirurgicales par l’imposition de ses mains, nous avons assisté à l’efficacité de l’intégration de ces médecines traditionnelles, le plus souvent basées sur le champ énergétique, à la médecine occidentale, conventionnelle. Il faudrait maintenant faire la même émission en ce qui concerne la psychothérapie et la psychiatrie – peut-être le Dr Olivier Chambon y pense ou Thierry Janssen.
                      Maintenant, je réponds briévement, Maarten, à ton questionnement sur une certaine violence de ces techniques basées sur l’hyperventilation et venant d’un fond chamanique très ancien, qu’on retrouve chez les kogis. Je dirai que tout va dépendre de la relation tissée entre le thérapeute et son client. Ce qui est vécu par certains comme une violence, peut être vécue par d’autres comme une induction insistante, nécessaire pour explorer les tréfonds de l’inconscient. Pour ma part je n’ai eu que des bonnes expériences, il faut dire que j’ai eu la chance de travailler avec Stanislav Grof lui-même et Patrick Baudin (voir l’interview que j’ai fait avec lui). Il est vrai aussi, comme partout, avec n’importe quelle technique, il y a des gens qui exagèrent et ne sont pas bons, on les remarque au niveau relationnel ; j’ai fait aussi du rebirth avec quelqu’un qui ne m’a pas du tout enthousiasmé. Mais cela ne met pas en cause, pour moi, la technique elle-même du rebirth, très utile dans certains cas pour aller voir en profondeur, en particulier du côté du périnatal.

                    • Maarten Aalberse dit :

                      Merci, Alain, pour ces nuances. C’est ainsi probablement avec toutes les techniques, non?
                      Après un peu de réflexion de ma part, il m’est devenu évident que les personnes qui trouvaient cette approche trop violente, étaient aussi des personnes que l’on pourrait qualifier de « dominants », qui ne supportent pas ne plus pouvoir contrôler l’influence venant « de l’extérieur », ou d’une technique, ou le feedback de leurs proches, quand celui-ci remettait en cause une certaine façon de fonctionner…
                      Il reste alors la question: pour qui, quand ? Quelles sont les préconditions pour entamer un tel travail?
                      Il y a une toute autre approche qui amène, elle aussi, à une exploration des profondeurs des mondes de l’imagination, cette fois-ci en tout douceur, développé par le Néo-Zélandais David Grove. David était (il est décédé, hléas, il y a un an) d’origine Maori, et ce n’est probablement pas un hasard… cette approche, aussi enseigné en France, est bien décrit ici: http://www.cleanlanguage.fr/8.html

                      J’ai hélas râté l’émission de hier, et espérais qu’il y ait un moyen de la revoir sur le site. Pour le moment je n’ai vu que ce clip: http://www.dailymotion.com/video/xd7u9v_enquetes-extraordinaires-les-gueris_news

                      C’est bien que le débat devienne de plus en plus ouvert… Au lieu de tout classer d’avance comme « dérive sectaire ». Une telle manque d’ouverure – qui devrait rester critique, bien évidemment – est exactement ce qui amène à des dérives…

                    • « Il reste alors la question: pour qui, quand ? Quelles sont les préconditions pour entamer un tel travail? » Pas tout de suite, de toute manière, il faut comme tu dis des préconditions, des préalables : une bonne alliance thérapeutique, un travail préalable de renforcement des ressources de la personne, une investigation pour savoir si ça vaut la peine de descendre ainsi dans les profondeurs de l’inconscient avec des techniques relativement inductives et un sensibilité de la personne propice à explorer son monde intérieur en profondeur.
                      tu as raison de citer David Grove : je connais mal, mais c’est sûrement très puissant.
                      Il faut aller voir sur le site de l’INREES, si l’émission est disponible. Elle est vraiment très bonne.

                    • Maarten Aalberse dit :

                      Je me suis endormi, hier soir, avec la question: pourquoi suis-je souvent si ambivalent quand je vois des reportages sur les guérisseurs? Car c’est vrai, cela me touche beaucoup, quand je vois ces gens, qui dégagent une telle bonté et beauté (au moins intérieure), quand ils soulagent les personnes des souffrances qui n’ont pu être soulagées par la médecine allopathique et mécaniste. Mais il y a souvent quelque chose qui dit en moi : « oui, mais… ».
                      Ce matin, une ancienne phrase, un peu désuette peut-être, m’est revenue : « la guérison est un don, pas un pouvoir ». Obsolète, ou plutôt d’une sagesse trop oubliée par certaines tendances new age ?
                      Car c’est vrai que des phrases genre: « le pouvoir de guérir » m’attristent, à cause des dérives que nous avons vues tous les deux: ces potentiels vont être mis au service du narcissisme et de l’égoïsme.
                      Quand on considère la capacité de guérir comme un don on est peut-être mieux protégé contre cette tendance de l’égo de s’approprier tout, et de tirer « le haut » vers « le bas »?
                      Les catholiques parlaient de « charisme » – ce qui approche de la grâce et de la charité; et il y a quelque chose de très beau et très juste, là-dedans.

                    • Ta remarque, Maarten, a le mérite de souligner une grande différence entre le chamanisme et la plupart des courants psychothérapeutiques : son extrême interventionisme – et cela se voit surtout chez les guérisseurs qu’ils soient dans le contact ou à distance. Par contre, la psychothérapie est d’abord et surtout écoute, accueil, réception d’une souffrance, tandis que le guérisseur – comme le médecin – va s’employer à faire disparaître la souffrance et son symptome associé. Cet interventionisme explique peut être les problèmes de pouvoir, voire d’omnipotence que l’on retrouve aussi chez le médecin (pouvoir de vie et de mort).
                      Tu as raison on reconnait peut être le vrai chamane du charlatan, à son humilité, à sa simplicité du coeur, comme si son pouvoir émanait en fin de compte d’une forme de profondeur spirituelle, proche de l’amour, de la grâce ; c’est ce qui semble émaner des mamus kogis.

                    • Je voudrais encore faire une remarque sur l’extrême diversité du chamanisme et de ses techniques de guérison : utilisation des images mentales, des métaphores, du symbolisme, emploi des techniques psychocorporelles, de la danse, de la musique, de la transe, interventions sur le corps énergétique (imposition des mains par exemple), utilisation du champ d’énergie informationnelle pour les guérisons à distance (voir le champ akashique d’Erwin Lazslo pour une tentative d’explication), utilisation des substances psychédéliques, (dont certains dangers ont souvent fait écran pour condamner le chamanisme en bloc) – à ce sujet je conseillerai le dernier livre d’Olivier Chambon, la médecine psychédélique ed. les arènes 2009.
                      Cette diversité me fait penser à la diversité des techniques et courants psychothérapeutiques actuels et je crois que c’est cette diversité qui pose problème aux pouvoirs en place, arqueboutés à une conception monolithique et unidimensionnelle de la technique de guérison mentale (la psychopathologie du DSM IV associée principalement à la consommation de médicaments). Les pouvoirs médicaux actuels réagissent de la même manière face aux psychothérapies, que les pouvoirs religieux de la religion monothéiste chrétienne, quand ils ont découvert à partir du 16e siècle la diversité du chamanisme, c’est à dire en leur déniant toute réalité.

  2. Maarten Aalberse dit :

    J’ai vu, hier-soir, la ré-émission de cette belle reportage sur les guérisseurs. Et effectivement, si une « énergéticienne » peut travailler en équipe avec un chirurgien à Harvard, pourquoi pas en France?

    Un grand problème pour les médecins généralistes et psychiatres en France me semble que, souvent faute de temps (les conditions de travail pour le généralistes sont bien pénibles et les bons psychiatres ont souvent aussi du mal à bien répondre à la demande des patients, ils ne se renseignent que par les études publiés dans les « grands revus » – études largement financées et contrôlées par Big Pharma…
    C’est donc une bonne nouvelle pour moi, cette info du dr. Chambon!