Les Moaïs et le Qi Gong

Revenons aux Moaïs de l’île de Pâques, puisque ce sont les vacances, la saison des voyages.
Les Moaïs, rappelez-vous, ce sont ces statues géantes, érigées il y a bien longtemps par un peuple inspiré, dont les prêtres-sculpteurs devaient être des initiés pour avoir conçu des formes d’une telle présence, d’une telle intensité, et tellement porteuses de sens.

Ce qui caractérise ces statues, outre leur visage au long nez effilé et à la moue renfrognée, c’est la verticalité de la posture.
Or cette verticalité nous rappelle irrésistiblement la première posture de base du Qi Gong venant de Chine, la posture énergétique par excellence,
celle qui équivaut à une méditation debout, immobile, pour se relier à l’énergie de la Terre par les pieds et à l’énergie du Ciel par la tête,
afin de la faire circuler le long de la colonne vertébrale et en remplir le corps tout entier.
Comme il n’y a aucune trace écrite sur la signification de cette verticalité des Moaïs, écoutons la culture chinoise traditionnelle nous en parler.

L’enracinement vertical du Qi Gong

Voici ce que dit Karfung, la personne qui m’a enseigné le Qi Gong :

L’espèce humaine, dans sa longue évolution, à travers maints tâtonnements, a progressivement développé une indépendance corporelle.
Une des grandes étapes de son évolution est la découverte de l’étirement vertical, grâce à la pose des pieds, parallèlement sur le sol.
En s’approchant du ciel par cette verticalité, en laissant tomber tout le poids de son corps dans les talons, il se sent mieux inscrit dans l’espace, ce qui lui permet de diminuer sa peur archaïque du monde extérieur, et de réduire son instinct de dévoration.
En même temps, par la prise de terre de ses pieds, il prend du recul et il libère la crispation de son visage, due à la survie. La dilatation du Souffle remplit les orifices résonateurs et lui donnera le désir de glorifier à haute voix les merveilles qui l’entourent (…)

Pour les maîtres du Qi Gong, la vraie confiance en soi est construite par la plantation du pilier central à partir de la maîtrise de la bipédie.
Pour ces maîtres, la racine du souffle se trouve dans les talons, « avoir les pieds sur terre » en est le premier signe, et à partir de là, le centre de l’être se forme et se prolonge, comme une colonne invisible, jusqu’à la fontanelle, en passant par le coccyx, tel un fil à plomb, bien verticalisé, donnant au corps une sensation de stabilité intérieure très précise. Ce qui permet à toutes nos énergies d’irradier autour de ce centre, sans obstacle et sans effort.

Un poème sur la posture verticale du Qi Gong

Dans un interview récent de Bernard Besret en relation avec la parution de son dernier livre « A hauteur de nuages » éditions Albin Michel, voici aussi ce que celui-ci dit de cette posture verticale à travers un très beau poème taoïste :

Au cours de l’un de mes séjours dans le sud de la Chine pour pratiquer le zhineng qi gong, le qi gong de la sagesse, j’ai appris un poème que j’aime beaucoup réciter avec attention, en l’intériorisant, pour moi c’est déjà pratiquer le qi gong :
« La tête au ciel
Les pieds à la terre
Tout le corps se détend
La conscience se dilate
A l’extérieur l’abandon
A l’intérieur la paix
Le coeur est comme un lac d’eau limpide
J’adopte une attitude humble
Plus une seule pensée ne traversant l’esprit
L’esprit s’identifie au vide infini de l’espace
Quand l’attention revient vers l’intérieur
tout est dans la paix, tout est est harmonie. »
AG : C’est tout à fait l’idée que j’ai de la poésie : des mots efficients, capables de relier immédiatement à la « spiritualité-santé », au sens où nous l’entendons…
« effectivement, grâce à ce poème, où il n’est question ni de Dieu ni de religion, je me situe de suite entre ciel et terre, comme un aimant entre deux pôles, je me branche et l’électicité – les énergies – se mettent à mieux fonctionner. La conscience se dilate, je m’identifie au vide infini du ciel. Autrefois dans la chanson, c’était la rate qui se dilatait, maintenant c’est la conscience… (rires) . Et à la sortie : paix, sérénité, bien-être y compris le bien être corporel. »

En tout cas, la comparaison entre la posture verticale des Moaïs et celle du Qi Gong me semble pertinente, surtout quand on sait la fonction de ces statues, qui était sans doute de capter les énergies de la Terre et du Ciel, pour ensuite les distribuer aux hommes dans une finalité de protection, d’évolution et d’éveil intérieur.

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2 réponses à “Les Moaïs et le Qi Gong”

  1. bonjour, j’ai beaucoup apprécié le poème taoïste, étant céramiste, je vais m’en inspirer pour réaliser un
    personnage dans la verticalité, dédié à ces quelques phrases réconfortantes, me rappelant ainsi la réalité de notre passage ici bas, en communion totale avec l’univers. Une bonne journée à vous, et merci encore pour vos messages d’éveil.

  2. Corinne dit :

    Cette relation entre la maîtrise de le bipède et la confiance en soi me paraît fondamentale et pourtant peu mise en avant dans le développement de l estime de soi
    Le thème du manque d estime personnelle à t il été traite par les maîtres de gi gong ? Que ce soit par des pratiques corporelles ou mentales?

    La question est très intéressante quand on pense à la stabilité et à la force que peuvent déployer les pratquants des arts énergétique externes, qui appartiennent quand même à la tradition du « qi ».

    Sans avoir l intention de faire du kg fu ou autre, une attitude physique doublée d une attitude mentale adéquate basée sur une saine gestion du qi doit pouvoir aider à solutionner des défaillances récurrentes de confiance en soi, alors que les techniques de PNL ou de psychothérapie ne donnent guère de résultat

    Une anxieuse timide qui essaie de guerir