Les trois moines rieurs

Après le précédent article sur les gnostiques, au ton et au contenu un peu grave, je vous propose cette histoire  :

Jadis, trois moines voyageaient en Chine, anonymes et toujours contents. On les appelait simplement les trois moines rieurs.
Lorsqu’ils arrivaient dans un village, ils se postaient sur la place du marché et se mettaient à rire.
Leur bonne humeur se propageait rapidement et déclenchait la gaieté dans toute l’agglomération. Les gens aimaient beaucoup ces trois hommes qui savaient les mettre en joie.
Ils ne prêchaient pas, ils créaient simplement une situation de non-mental.
Ils riaient pour rien : ils avaient compris la farce cosmique.

Un jour, l’un d’eux mourut.
Les gens épièrent les deux moines privés de leur vieux compagnon,
se disant que cette fois-ci, on les verrait dans l’affliction.
Or les deux hommes riaient. La foule en fut un peu choquée.
« Nous rions, expliquèrent les deux compères, parce que notre ami a gagné. Nous avons souvent parié pour savoir qui de nous partirait le premier. Nous fêtons sa victoire.
Ensuite , nous avons toujours vu notre compagnon hilare. Pouvons-nous lui dire adieu en pleurant ? »

Avant d’expirer, le moine avait demandé qu’on ne procède pas à la toilette des morts :
« Ma vie a été si joyeuse qu’aucune souillure ne s’est accumulée en moi. Ne me lavez pas, ne changez pas mes habits ».
La dépouille fut placée sur un bûcher. Or le moine avait caché des feux d’artifices dans ses vêtements. Ses funérailles furent une grande fête.

extrait du livre, depuis longtemps introuvable, d’Osho Rajneesh « Techniques de méditation » ed. du Gange 1995

Rire et spiritualité

Dans un article écrit pour le magazine « Spasmagazine », il y a déjà bien longtemps, j’ai décrit les différentes dimensions du rire.
J’y insistais déjà sur sa dimension spirituelle, plutôt ignorée ou occultée dans la religiosité occidentale issue des monothéismes du désert, où c’est l’esprit de sérieux qui semble dominer.
Le rire, le rire profond me semble une vertu cardinale de toute spiritualité,
et c’est en Orient, en particulier dans la culture bouddhiste,  en Chine, au Tibet et au Japon, qu’il occupe une place de choix,
Il a même un rôle fondateur, puisque dans le dernier sermon silencieux du Bouddha, quand celui-ci arbore simplement une fleur dans sa main, suscitant  désarroi et incompréhension auprès de l’assemblée des moines,
le rire tonitruand de Mahakasyapa lui vaut d’être choisi par le Maître comme le transmetteur privilégié de la quintessence de son enseignement.
Le Dalaï Lama, au visage presque toujours enjoué, n’a t-il pas dit :
« mon passe-temps favori ?  : rire ! »
Déjà en Inde, dans les temps reculés des Upanishads  décrivant avec précision l’état d’illumination ou d’éveil appelé « samadhi« ,
cet état se caractérise par trois qualités majeures : Sat – Chit – Ananda
que l’on pourrait traduire par Présence, Connaissance et Joie ( béatitude).
C’est à cette dernière catégorie qu’appartient le rire.
Il exprime non seulement la Joie de la réalisation suprême de la conscience, arrivée au bout du chemin en sa Demeure,
mais aussi le lâcher-prise totale de l’ego par rapport à toute vérité, serait-elle la plus importante.
la Vérité, qui est la somme de toutes les vérités partielles et bien plus encore, ressemble plutôt à une farce cosmique, un Jeu mystérieux, qui donne envie de rire à gorge déployée, d’autant plus fort que la conscience est vaste et profonde.

Le rire et la mort

La deuxième partie de cette histoire évoque le lien entre la mort et le rire.
Cela peut choquer certaines personnes – d’ailleurs l’histoire le souligne.
En fait, la mort peut être appréhendée de bien des manières, suivant les différentes dimensions de notre être.
Au premier niveau, physique et émotionnel, il est légitime de ressentir une douleur extrême face à la mort, surtout quand il s’agit d’un être cher. Alors commence le travail de deuil, souvent long et ardu, où il vaut mieux être accompagné par une personne de confiance, permettant de sortir de cet état douloureux.

A un deuxième niveau, c’est le système de croyance autour de la mort, qui va conditionner la manière de réagir à cet événement majeur de notre vie.
Le pire système, celui qui entraîne le plus d’angoisse, c’est le matérialisme dominant de la culture occidentale.
Dans cette vision, il n’y a rien après la mort, et avec la disparition du corps physique, s’ensuit le néant.
De là vient sans doute, cette agitation extrême, cette course frénétique aux désirs de la vie, avant que les abysses du néant nous engloutissent comme dans un trou noir, direction :  la réfrigération dans la chambre mortuaire, puis l’incinération technologique et hygiénique d’un rituel de l’époque, dont la tristesse et l’ennui sont infinis.

Les monothéismes religieux de l’Occident ne sont pas non des plus apaisants par rapport à la mort.
Cette histoire d’enfer, de purgatoire et de paradis après un jugement expéditif d’une entité divine, n’est pas pour nous rassurer – surtout que la majorité d’entre nous sent bien qu’elle est vouée aux gémonies de l’enfer ou du purgatoire.

Alors, il nous reste encore la possibilité de nous tourner vers l’Orient, dont la croyance dominante à la réincarnation est beaucoup plus sereine.
Après la mort, la vie continue sous une autre forme, pour que nous réfléchissions aux leçons de cette vie passée et que nous nous préparions à la suivante.
J’ai toujours admiré la limpide évidence de cette croyance et « Le livre des morts tibétains » a été longtemps un de mes livres de chevet, dans sa version modernisée de Sogyal Rinpoché.

Mais il y a encore un autre niveau de l’être – le niveau ultime dans lequel ces moines rieurs devaient se trouver – , où la mort déclenche le rire spirituel.
Il ne s’agit plus d’un système de croyance, mais d’une expérience existentielle irrésistible.
L’état d’éveil ou de conscience totale permet de voir la mort comme un élément essentiel de la farce ou du jeu cosmique.
Partout elle est à l’oeuvre, aussi bien dans chaque instant qui passe,  dans chaque respiration, dans le défilé ininterrompu du jour et de la nuit, dans l’expérience du sommeil après l’état de veille, dans la ronde des saisons, celle des planètes et même des galaxies, la mort partout fait partie du jeu, elle est la composante essentielle de l’être dans son déploiement infini,
et quand on contemple cela de toute sa conscience, il se peut qu’à la place de la peur ordinaire, un grand rire jaillisse du fond de l’âme.

Le meilleur entraînement à cette vision de la mort joyeuse, c’est peut-être l’expérience de la méditation,
où le fait d’arrêter pour quelques temps la course, qu’elle soit physique, émotionnelle ou mentale, pour se plonger dans l’expérience intérieure silencieuse de la pure conscience, est comme un entraînement progressif à la mort, qui non seulement l’apprivoise et la dédramatise, mais en fait ressentir l’expérience extatique.
Il y aurait beaucoup de choses à dire sur la méditation et la mort ; curieusement on n’en parle peu dans cette grande mode actuelle de la pleine conscience, ça pourrait effrayer sans doute quelques clients potentiels.

 

 

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19 réponses à “Les trois moines rieurs”

  1. Anne-Marie dit :

    Faudrait voir à ne pas s’endormir sur la proposition d’Alain ! Nous sommes là pour échanger nos expériences, il a eu la générosité de nous offrir un texte et de risquer des propos. A nous de tenter d’y répondre.
    J’ai trop fait l’expérience du v1 du Psaume 1 pour ne pas savoir que « l’esprit français » selon Mme de Staël est moqueur et je confirme. On emporte l’adhésion du groupe en faisant rire la compagnie au détriment d’un absent. Je l’ai constaté, ça me navre, mais je n’y peux rien.
    Le rire selon cette légende est un gazouillis de jeune enfant, je confirme que le bébé est en relations avec les anges, leur sourit, est heureux de leur présence. Un autre proverbe chinois dit « Pleure qui peut, rit qui veut » je reconnais que je ne suis jamais arrivé à rire autrement que spontanément, donc je ne sais toujours pas ce qui me fait rire, et je ne rirais pas, même par politesse, parce que j’aurai l’impression de « faire semblant ». Cependant, des personnes m’ont dit qu’elles appréciaient mes visites « parce qu’on rit beaucoup ». Je n’ai jamais compris, mais je ne comprends pas tout.
    Je n’arrive pas à croire à la farce cosmique. Je trouve mon environnement beaucoup trop beau pour le traiter de farce.
    Concernant la mort, j’ai « perdu » mon frère début octobre, il croyait à la réincarnation. Il y a une semaine, comme enfin le printemps se montrait, j’ai spontanément dit sans réfléchir : »quel idiot de mourir ! » car je crois que nous sommes « responsable » de ce qui nous arrive. Quand on croit à la réincarnation, il est certain que c’est plus facile de laisser parler sa fatigue. Bien sûr, j’espère qu’il en sera comme il le souhaite, je crois à la bienveillance absolue.
    La mort est une nécessité : elle sculpte l’individu par des épreuves, elle le fait avancer. Je ne confonds pas le but ultime qui est « vie »(appelé en jargon occidental Dieu) et les outils (les obscurités, les aléas, les pertes, etc.) qui peuvent nous faire douter.
    La mort (selon moi), est la preuve qu’on s’est trompé de chemin. Si on peut arriver à en rire, à le prendre à la légère, c’est peut-être parce qu’on ne croit pas que vivre est un privilège?

    • Merci, Anne-Marie pour cette introduction de votre commentaire stimulante.
      D’accord avec vous sur le rire psychologique, émotionnel et mental qui n’est le plus souvent qu’une protection de soi-même en riant des autres, à moins qu’il serve de défouloir aux tensions accumulées – ce qui est d’ailleurs une de ses meilleures utilités, car le rire est très bon pour détendre le diaphragme.
      D’accord aussi pour le rire des enfants – le rire proche de celui des anges -, rire qui est proche du rire spirituel, la conscience en moins.
      Par contre quand vous dites : « La mort (selon moi), est la preuve qu’on s’est trompé de chemin. », je ne comprends pas, à moins que vous fassiez référence au cas particulier de votre frère. Pour moi la mort est inhérente à tout chemin de vie quel qu’il soit, qu’on le veuille ou non. La vie et la mort font un, elles sont étroitement imbriquées ; à tout moment la mort est là : à chaque expiration, à chaque seconde qui passe ; toutes les cellules de notre corps meurent et se régénèrent en l’espace je crois de 7 jours. C’est la loi de la manifestation divine,
      et si l’on veut parler de Dieu. il serait au delà de la vie et de la mort, en une sorte de transcendance immobile ; il doit bien s’amuser au spectacle infini du jeu de la création.

  2. Anne-Marie dit :

    Je me suis rendue compte que je riais (toute seule) sans raison. Depuis ce matin ça turbine dans ma tête et j’ai trouvé ceci. Vous avez dit dans l’article sur les gnostiques qu’on n’avait pas essayé le « christianisme », ça a fait tilt tout à l’heure. Je sais qu’on appelle Jésus « sauveur ». Chez moi les pompiers, les urgentistes sont considérés comme des sauveurs. Donc, Jésus doit pouvoir m’aider à trouver le chemin de la vie éternelle.

  3. Anne-Marie dit :

    Le cas particulier de mon frère n’est pas si particulier puisqu’il est précédé de milliards de décédés. Vous m’avez bien compris, la mort est une exigence de la vie mais elle ne concerne pas les êtres humains. Par contre si les humains veulent s’y consacrer, qu’ils fassent ce qu’ils veulent, désirent, souhaitent. D’ailleurs, ils l’ont toujours fait.
    « toutes les cellules de notre corps meurent et se régénèrent en l’espace je crois de 7 jours » je ne vois pas là de manifestations divines, uniquement biologiques. Attention, je n’ai pas la vérité. Mais pour moi, la vérité est lié à l’esprit, pas au biologique. La connaissance est lié à l’esprit, la justice est liée à l’esprit, pas au bio. Vous me direz : » mais ça n’existe pas, la vérité, la justice et nos connaissances sont si partielles et inutilisables, qu’il vaut mieux ne pas en causer ». Je reconnais, c’est exact. Il n’empêche qu’il s’agit justement « là » de mon honneur.
    Je n’ai pas, je n’ai rien, je ne suis rien, et pourtant je résiste. Je n’ai jamais acceptai l’image des trois singes qui symbolisent la sagesse. Si je n’étais pas née en occident serais-je différente ? Je n’en sais rien. Je me souviens à 7 ans, trouver incongru l’idée que l’on peut être différent selon les cieux où l’on se trouve. Maintenant je sais très bien que je ne me connais pas plus. Mais je confirme: Il y va de mon honneur de croire que la vie ? Dieu ? l’exigence qui est en moi ? ma conscience ? quelque chose m’oblige à…….
    Même lorsque j’ai envie de me coucher et d’envier les autres qui meurent. On trouve de tout sous le soleil, ne vous l’a-t-on jamais dit ? Je sais que je me mens lorsque je crois que je n’y arriverai pas. Mais depuis hier, grâce à vous…..
    Le printemps est arrivé la belle saison.

  4. Anne-Marie dit :

    L’esprit est liberté. Longtemps, depuis toujours ? je demande à mon mari ce que signifie « spirituel » ? Je viens de lui raconter notre entretien et c’est là où je lui ai dit « l’esprit est liberté », de cela je suis certaine. La liberté est l’expression de notre engagement, elle a un sens. Quand ma mère est morte, je lui ai bien raconté ce que je vous dis, mais elle m’a dit qu’il s’agissait de « sa » liberté. Pourtant je suis certaine que la liberté a un sens. Ce n’est pas faire n’importe quoi. Elle exige le meilleur de l’être. Et quand on meurt, ça n’a pas de sens.

  5. Anne-Marie dit :

    Il se pourrait que nous soyons trop « sérieux » alors repartons sur le thème « farce ». Une farce en cuisine est un hachis composé de divers ingrédients. Oui, nos vies sont en effet très hachées, mixées, composites, savoureuses, inoubliables. Même si parfois on voudrait être ailleurs.
    J’ai lu la première et dernière liberté de Krishnamurti, il y a longtemps, j’ai même beaucoup annoté le livre je vois. Avec le recul je dirai que c’est un homme qui l’a écrit et je ne sais pas si les hommes sont capables de s’arracher à leur égo autrement qu’en étant K.O. debout. C’est-à dire vidé de leur énergie. J’espère que je ne vous ai pas plombé l’ambiance. A+

  6. Claudine D dit :

    Cette idée de « farce cosmique » me met très mal à l’aise. Je ne sais pas exactement pourquoi et je n’arrive pas bien à clarifier mes impressions.

    Cela voudrait dire que quelqu’un ou quelque chose aurait conçu l’univers par s’amuser ? Peut-être, après tout ! ou pour s’amuser aux dépends des êtres qu’il y aurait créés ? Cela me choque.
    Ou bien l’univers, s’il est une farce, n’a pas de structure rationnelle, logique ? Alors là on est en contradiction avec la science actuelle; elle ne sait pas tout, loin de là; elle pourra même encore plusieurs fois changer de paradigme en progressant; mais tout ce que l’on en sait jusqu’à présent semble montrer que l’univers pourra être compris – petit à petit – par l’homme, au moins en partie (j’ai bien dit l’univers tel qu’on peut le percevoir, pas ce qu’il y a peut-être derrière) et qu’il y a donc une correspondance entre les structures de l’univers et la manière dont fonctionne le cerveau humain. Alors où est la farce là-dedans ?

    Je veux bien accepter le doute, ou l’incertitude, ou le vide, ou la réincarnation, mais pas la farce. Je ressens l’univers comme quelque chose de trop impressionnant, organisé et en même temps tellement complexe, pour accepter cette idée de farce. En même temps je sens bien qu’elle permet d’alléger tout le côté tragique de l’existence, mais je ne peux pas y adhérer.

    • Merci claudine pour ce message. votre point de vue est tout à fait respectable et cohérent. Certains jours il m’arrive aussi d’y adhérer,
      d’autres pas, comme si au delà de la raison, de la logique, de la géométrie et de l’harmonie du monde, il y avait quelque chose de non compréhensible et de mystérieux pour ce pauvre cerveau humain qui se donne de grands airs ;
      et ce quelque chose qui nous dépasse complétement, alors mieux vaut en rire.
      Cela devient vraiment indispensable, quand les visions se mettent à différer et s’entrechoquent en conflits – je pense aux guerres de religions, dont la science à laquelle vous faites allusion est partie prenante, par son extrême esprit de sérieux.
      Quand le cerveau humain et ses différentes hypothèses sur le sens de ce monde, cessera de se prendre pour le nombril du monde et qu’il y aura un espace de rire spirituel, alors peut-être quelque chose s’allégera dans l’histoire humaine.

  7. sabine dit :

    Merci Alain pour ce trés beau texte et aussi pour toutes ces réflexions.
    Dommage que la méditation ne soit pas une pratique courante dans notre société; mais l’homme « croit » avec la science et « décroit » avec la spiritualité. Notre conscience n’est-elle pas, comme le dit Olivier Chambon, indépendante de notre corps physique; ne prend-elle pas un corps en location lors de son passage sur terre. Alors, tout devient expérimentation, dans le détachement, dans l’instant présent et dans cette farce cosmique.
    Rions; pleurons; pleurons de rire.
    Oublions notre ego.
    Apprenons à méditer, à contempler la nature toujours trés riche d’enseignements, à vivre dans l’instant, à mener nos actions avec détachement.
    Simplement.

    • merci Sabine, c’est exactement cela, il n’y a rien à ajouter. Qui donc mieux que vous peut parler de cela ? Je suis sensible à à ces pleurs mêlés de rire. Je crois qu’il y a de cela dans le rire spirituel.
      L’Occident dans sa spiritualité larmoyante n’a fait que privilégier les pleurs de la souffrance, l’Orient a privilégié le rire, en fait il s’agit peut-être, comme vous le dites, des pleurs et du rire mêlés, ça me semble plus juste. Une belle intégration !

  8. Anne-Marie dit :

    « l’homme “croit” avec la science et “décroit” avec la spiritualité. » Comme il n’y a pas d’accent circonflexe, j’ai besoin de comprendre. Croire signifie chez moi, penser, imaginer, c’est au niveau mental. L’homme croit avec la science signifie-t-il l’homme pense, imagine connaître avec la science, et se rend compte qu’il ne sait rien avec la spiritualité ? Ou encore l’homme agrandit son champs d’investigation avec la science et accepte sa dépendance, vulnérabilité, fragilité avec la spiritualité. Ou alors l’homme devient vaniteux avec la science et vide, incompétent, voire inutile avec la spiritualité.
    « Notre conscience n’est-elle pas, comme le dit Olivier Chambon, indépendante de notre corps physique; ne prend-elle pas un corps en location lors de son passage sur terre » Je n’ai jamais pensé ça, mais je confirme qu’il y a quelque chose de cet ordre. Oui, tout est expérimentation parce qu’il y a détachement mais en même temps « faire le mieux possible de ce qu’on a compris » sans rien attendre en retour. Oui, l’égo est un fichu menteur, mais il est tellement rusé que je ne dois pas l’oublier.

  9. François Degoul dit :

    Cette entrée me plaît, Alain. Elle reflète bien votre spiritualité, a priori étrangère pour moi.

    Mais justement j’ai toujours progressé spirituellement par « intégration » de ce qui m’était étranger.
    Après un grand-père chrétien très anticommuniste, une entrée dans la vie professionnelle en milieu communisto-gauchiste.
    Après une mère très réfugiée dans le christianisme pour éviter les abîmes intérieurs, une cure psychanalytique.
    Après une formation très « classique » en langues anciennes, la découverte d’une révolution linguistique, l’espéranto.
    Après une fréquentation de « clans » religieux et politiques, la découverte du Coran et de la Révélation d’Arès, qui aplatissent les différences culturelles de notre occident pour se centrer sur l’effort confiant et déterminé à construire un monde fraternel.
    Et puis avec ce blog, après l’occident, l’orient.

    Non que j’en ignore tout.
    A quarante ans (?), déjà, j’ai suivi pendant une semaine un cours en espéranto sur le thème « mode de pensée occidental, mode de pensée oriental », dont j’ai retenu par exemple ceci: « quand un occidental a froid, il achète un radiateur électrique. Quand un oriental a froid, il se concentre ».

    Mais j’avais provisoirement laissé tombé l’orient pour deux raisons.
    1) Une petite brochure d’initiation au bouddhisme présentait dans la langue d’origine les concepts concernés, et mes efforts se sont vite heurtés à une évidence: les différents sens et connotations de ces mots n’ont rien à voir avec les différents sens et connotations des mots dans nos langues occidentales, d’où pour l’esprit une grande impression de flou.
    2) Par la suite, j’ai lu ceci dans la Révélation d’Arès (Gironde, 1974-1977), qui se présente structurellement comme une suite des deux Testaments et du Coran, avec invitation à une spiritualité fraternelle débarrassée des dogmes et hiérarchies:
    j’y ai lu, donc, que, la progression spirituelle de l’humanité se faisait par zones géographiques encore actuellement séparées, chacune ayant ses « prophètes »: spiritualité africaine, spiritualité orientale, spiritualité occidentale, à laquelle seule s’adresse la Révélation d’Arès.
    Ainsi l' »intégration » satisfaisante de la spiritualité orientale pour nous occidentaux, et réciproquement, serait encore en général prématurée, parce que l’effort culturel et intellectuel de dépaysement serait excessif.
    Cela ne signifie pas que cette intégration ne doive pas venir un jour, ni avoir dès maintenant ses pionniers.

    Ce blog me révèle que dans une petite mesure, je peux faire partie de ces pionniers.

    Ce qui m’y pousse, notamment, c’est cette question du rire, sur lequel la spiritualité occidentale ne dit à peu près rien, alors que personnellement j’aime bien rire, et j’ai un côté moqueur qu’on me reproche, mais dont parfois aussi la distance humoristique est appréciée.

    Je garde pour une autre fois une réflexion, disons un questionnement, sur le sens du rire et sa valeur spirituelle.

    En tout cas, cette réflexion sur le rire, liée à la spiritualité orientale, me permet de progresser dans l’utile travail intégratif tendant à l’unité de moi-même.
    Merci donc et à bientôt.

    • vous dites François : « cette question du rire, sur lequel la spiritualité occidentale ne dit à peu près rien, ». Il faudrait ajouter, je crois, la spiritualité occidentale depuis l’avènement du judéochristianisme, c’est à dire les religions du désert, qui, – peut-être environnement désertique oblige -, ne sont pas drôles.
      Mais il y a eu le courant des polythéismes et des chamanismes antérieurs, et ceux-la révéraient des divinités joyeuses et hilares, comme pour les grecs : Dionysos, un personnage haut en couleur qui aimaient danser et rire lors de ses fêtes du printemps. C’est d’ailleurs le plus grand mérite de Nietzsche d’avoir restauré l’importance de ce dieu pour tenter de régénérer ou transmuter l’esprit de sérieux des rationalismes, des religions régnantes et d’Apollon. « Dieu est morte » : ça veut seulement dire seulement : « ce Dieu là est mort en son omnipotence projective beaucoup trop sérieuse », il nous faut inventer une nouvelle religiosité.

  10. gab dit :

    bonjour,

    moi je ris beaucoup car je pense que c’est essentiel pour vaincre les aléas de la vie.
    J’ai perdu mes parents en 2003, longues maladies, et la mort à mes yeux était une délivrance.

    Je m’oriente vers la réincarnation au fil des ans, je suis chrétienne, mais croire en dieu à vrai dire j’ai bcp de mal, vu comment mes parents ont été accablés par la maladie.

    Le jour de l’enterrement de ma mère, il y avait 2 jolis papillons qui papillonnaient au-dessus de la tombe, peut-être un signe de réincarnation, en tout cas çà m’a fait très plaisir de voir ce signe.
    Mes parents adoraient les fleurs, le potager, la nature , un signe peut-être.

    La mort, j’avais bcp de mal à l’accepter quelques années avant, mais en choisissant le chemin de la sérénité, et d’une vie après la mort, je me torture bcp moins et l’épreuve du deuil est bcp moins difficile que le terre à terre.

    Quelques mots en passant et à bientôt

    rosy

  11. Anne-Marie dit :

    Oui, je ne sais si c’est le thème ou le groupe, mais ça me donne beaucoup à penser et je vous en remercie, tous.
    J’ai écouté une conférence qui m’a beaucoup plu et je vous donne la référence. Cyrulnik le « découvreur » de la résilience parle de son livre : « sauve-toi la vie t’appelle ».
    Je trouve aussi que le moine rieur qui a mis des feux d’artifice dans son vêtements est généreux jusque dans sa mort. Je trouve ça merveilleux de faire la fête quand il n’est pas possible de changer le cours des évènements. Car tout reste une question d’interprétation.

  12. Anne-Marie dit :

    Les mots parlent à chacun et donnent des sens particuliers à chacun. A force de réfléchir, me concentrer, méditer, m’interroger, infuser, je découvre que je veux tout simplement mettre un terme à la farce cosmique. Ça m’étonne cet hybris, ce « no-limit » cette démesure. A 17 ans je me suis engagée dans cette voie de changer le monde mais je ne pensais pas que ça reviendrai à 70.
    Rions, frères et sœurs, rions à gorge déployée. Et ce qui m’interpelle c’est l’abîme entre la sollicitude (ou miséricorde) et la radicalité de ma décision. Si je peux faire le vide, réduire à néant cette planète, parce qu’elle n’arrive pas à comprendre qu’elle avait le devoir en dominant sur toutes choses d’offrir plus de vie, de liberté, de bienveillance, je le ferai. Ils sont toujours à calculer, ils s’appuient sur les lois qu’ils ont écrit, ils n’imaginent pas la liberté. Et pourtant ils l’ont reçue. Que fallait-il faire ?
    J’ai demandé à mon petit-fils, il m’a dit de l’aider à trouver du travail. Je vais chercher, peut-être que ça va retourner le monde. Qui sait ?

  13. Anne-Marie dit :

    D’abord, j’ai entendu que « la conscience » pouvait se retourner, celle d’Eichmann avant la conférence du Wannsee. Et c’est Hanah Arendt qui l’explique et je la comprends.
    Je suis donc allée chercher du travail et voici ce que j’ai écrit (comme bilan)
    « Ce matin j’ai demandé à mon petit-fils en quoi je pouvais lui être utile. Sa réponse fut « me trouver du travail ». En sortant, j’ai trouvé un homme avec une caméra.
    Je suis donc allée à Pôle-emploi. Mais j’ai commencé par aller rue Thiers, puis à Malemort, pour être renvoyée à la « Marquisie ». Pour vous, c’est clair, tous les services sont réunis là. Pour un chômeur, cela signifie « on ne veut pas nous voir ». Pour la salariée qui m’a renseignée : on délocalise, pour moi, « mais que veut l’Etat ? » Si vraiment c’est que chacun ait un emploi, pourquoi avoir mis les bureaux au diable vauvert ? En arrivant j’ai constaté que c’était l’entreprise Vauban qui avait construit le bâtiment. J’espère que ce sera aussi solide que les places fortes construites en leur temps mais que leur utilité sera très vite rendu inoffensive. Car un être humain n’a pas vocation à être asservi à l’argent, à l’économie.
    J’ai même constaté qu’il n’y avait pas de parking. Offrez-vous des tickets de bus au chômeurs ?
    Une fois entrée, j’avise un ordinateur. Disons que ce sont les demandeurs qui me renseignent et m’expliquent le fonctionnement.
    Mes conclusions au bout d’une heure de recherche.
    Les collectivités locales font le maximum pour créer des emplois grâce au CDD d’insertion. Merci. Mais que fait l’Etat, c’est-à-dire la préfecture ?
    Je rentre chez moi il y a encore un caméraman dans la rue, et un autre plus loin. Je demande ce qu’ils font ? La réponse me stupéfie : 3 individus de l’ETA ont été arrêtés.
    Je me demande alors si l’Etat a bien pris en compte ce qu’est un être humain ? et la demande de l’ETA ? Quelle est cette demande ? Négocier pour la reconnaissance de la région basque.
    Je crains que la France se croit toujours comme au temps de sa splendeur. Alors sachez qu’en 1977, une circulaire de la préfecture de Limoges(je suppose qu’elle émanait de l’Etat) voulait savoir si les salariés de l’entreprise où je travaillais (Bernis)savaient bien quelle caserne ils devaient rejoindre en cas de conflit (Nous étions en pleine guerre froide). La réponse fut éloquente. Tous les routiers m’ont répondu qu’en cas de conflit « ils se tiraient à l’étranger ». J’ai donc dû faire le deuil de « ma » France. En 2003/4, la politique de Raffarin me choquait tellement que j’ai demandé à ne plus être française. Le juge de la famille m’a répondu (art.15 de la charte universelle des droits de l’homme) qu’il ne pouvait accéder à ma demande. Cela signifierait-il qu’on ne peut résilier un droit ? Devons-nous nous plier aux lubies du législateur ?
    Le droit est une bonne chose pour apprendre la liberté. Il sert de socle. Il appartient à l’être humain de dépasser ces limites. « la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui » ainsi l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société, la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi. Oui, si je veux être libre il me faut aller plus loin, plus haut que ce que le légiste interdit. (je me méfie des majuscules : pourquoi Membres et Société ont des majuscules sinon pour faire croire que les personnes morales sont des entités juridiques dont le point de vue est de commander aux simples citoyens ?)
    Je sais que l’Etat est l’expression de notre égo. Nous projetons dans ce champ social nos illusions. L’égo a toujours peur et déteste l’inédit. L’être humain par contre est sensible à l’air du temps. Dans le pays que j’habite, les élus et l’Etat sont déconnectés de l’air du temps.
    Si j’ai bien compris l’engagement des collectivités locales pour la création d’emploi, alors, il serait souhaitable que des bénévoles se mettent au service des demandeurs d’emploi. Pourquoi des bénévoles ? Parce qu’il faut avoir l’esprit ouvert (ne pas chercher la rémunération ni la reconnaissance) Parce que nous vivons un temps de déliquescence généralisée. Les institutions ne servent plus à rien. Elles font illusion. Parce que nos valeurs ne sont pas l’argent mais nos contemporains. Si les institutions veulent résister, il faut immédiatement faire comprendre que chacun est appelé à demander à son prochain « que puis-je faire pour toi ? ».
    Car les institutions que nous avons créé au cours des siècles ne sont que des outils (juridiques ou autres) et l’argent n’est aussi qu’un outil. Il n’est pas bon que les humains soient asservis à des outils.
    Il faut réorienter toute l’économie au service des vivants et non au service de l’argent.
    Pensez s’il vous plaît à bien écouter le désir des populations du pays basque, tant en France qu’en Espagne. Nous ne savons pas ce que sera demain, et je ne veux pas de violence. Les Etats ont eu le temps de nous démontrer que le mensonge faisait parti de la politique et les élections de 2014 pourraient être surprenantes.
    Veuillez accepter mes encouragements à ne rien craindre et mes vœux les plus chers pour que nous dépassions ce temps de déréliction en gardant confiance, non pas dans notre force, astuce, histoire, mais dans la vie qui nous veut attentif au plus faible, vulnérable, dépendant. Nous sommes des êtres humains et la liberté est la vocation de chacun. »
    Les 5 lettres(au Conseil Général, à la préfecture, aux ministres de l’intérieur, de la justice, et Ayrault) sont déjà parties
    Et maintenant, voilà ce que je trouve à l’instant. Jésus lui déclara : Moi, je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et quiconque vit en moi et croit en moi, ne mourra pas, à jamais. Crois-tu cela ? Elle lui dit : oui, Seigneur, moi je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu. Jean 11, 25-27. Et je pense à la phrase écrite sur la mosquée Al-Aksa : Dieu n’a pas de fils. Non, il en a 7 milliards.
    Je me demande ce que peut bien signifier le mot résurrection ?

  14. Anne-Marie dit :

    J’ai appris hier soir en regardant « la Montpensier » que le rire étais la fonction de la femme de cour. Maintenant je comprends mieux. Tourner tout en dérision puisque les intérêts économiques sont tout-puissants au point de faire fi des êtres humains !
    Si ce sont les outils (créés pour améliorer notre bien-être et notre bien commun) qui dominent les décisions du gouvernement, il est logique et nécessaire de prendre tout…… à la légère.

  15. eric dit :

    Le lâcher prise face a tout événements et a toutes réflexions. Vivre simplement le moment, l’apprécier a sa juste valeur . Accepter le ressenti, qu’il soit triste ou joyeux, le vivre en pleurant ou en riant, les deux faces d’une même pièce. Je ne crois pas a tout l’un ou tout l’autre. Nous sommes un tout..