Méditation et poésie font généralement bon ménage.
Beaucoup de maîtres en méditation utilisent la poésie
ou plus généralement le langage imagé de la métaphore
pour enseigner la méditation.
Il y a aussi les poètes, qui souvent ne connaissent pas la méditation,
mais dont la poésie est une méditation permanente et inspirante.
Je me suis d’abord amusé à citer quelques exemples,
où la poésie excelle au service de la méditation
pour en délivrer certains secrets.
Puis dans une deuxième partie,
je me suis essayé moi-même
à ce délicat exercice
d’une poésie méditative.
Morceaux choisis de poésie méditative :
« Toutes choses finissent dans le Tao
comme les rivières se jettent dans la mer. »
Lao-tseu Tao tö king 32« Prends conscience
que toutes les barques sont vides, quand tu traverses la rivière du monde,
et rien ne pourra t’offenser. »
Tchouang-tseu « L’éternelle sagesse du Tao » traduction Stephen Mitchell« Impossible d’enfiler
le fil dans l’aiguille,
je contemple le ciel bleu. »« Sur le rivage
regardant en arrière
pas la moindre trace de mes pas. »
Hosaï « Sous le ciel immense sans chapeau » haïku
« Je retourne seul dans les montagnes froides,
où nul ne parle de l’unité de toute chose.
Je cherche la rivière sans origine,
qui coule même lorsque la source est épuisée. »
Han Shan « Le chemin de Montagne Froide »« Les oiseaux ont disparu dans le ciel,
le dernier nuage s’est évanoui.
Nous sommes assis ensemble,
la montagne et moi,
Jusqu’à ce que seule, la montagne demeure ».
Li PoRêvons d’évanescence,
et attardons-nous dans la belle folie des choses.
Okakura Kakuzô Le livre du thé« Dans le pays où il n’y a ni soleil, ni lune, ni nuit, ni jour,
j’ai aimé et j’ai médité.
Sans manger, j’ai goûté la douceur du nectar ;
sans eau j’ai étanché ma soif. »
Kabir « La flûte de l’infini » XXVII« J’ai cessé de croire aux grands événements
qui s’accompagnent de hurlements et de fumée.
et crois-moi, je te prie, cher vacarme d’enfer,
les plus grands événements, ce ne sont pas nos heures les plus bruyantes,
mais les heures du plus grand silence. »
Friedrich Nietzsche « Ainsi parlait Zarathoustra »Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin
où s’ouvraient tous les coeurs,
où tous les vins coulaient. »
Arthur Rimbaud « Une saison en enfer »« Rien
seulement Rien,
« Rien » s’élève du naufrage,
Plus grand qu’un temple
plus pur qu’un dieu,
« Rien » suffit
frappant le reste d’insignifiance.
Henri Michaux « Moments »Les hommes qui vivent près du ciel sont chaque jour dans l’illumination.
Ils vivent dans la véritable éternité qui est étendue autour de la terre.
Il faut aller jusqu’à eux, monter les marches de leurs escaliers, escalader leurs échelles, jusqu’à ces places au sommet des montagnes,
où il n’y a pas d’eau, pas d’herbe, pas d’ombre.
Alors le ciel vide nous étreint, nous recouvre tout à fait…
J. M. G. Le Clézio « L’inconnu sur la terre »« Soyez un nuage blanc se déplaçant dans le ciel,
sans aucun but, n’allant nulle part,
flottant tout simplement.
Cette dérive est la floraison ultime ».
Osho « Au fil du Tao, la pêche de Tchouang-tseu »« Je les ai vus traverser le crépuscule d’un âge,
Les fils aux yeux de soleil d’une aurore merveilleuse,
Les hauts créateurs au vaste front de calme,
Les puissants briseurs des barrières du monde (…)
Leurs visages portent encore la gloire de l’Immortel,
Leurs voix communient encore avec la pensée de Dieu,
Leurs corps s’illuminent de la beauté de l’Esprit.
Porteurs du mot magique, du feu mystique,
Porteurs de la coupe dionysiaque de la joie (…)
Découvreurs des chemins solaires de la beauté,
Nageurs des océans rieurs du feu de l’amour
Et danseurs par les portes d’or du nectar,
Leurs pas, un jour, changeront la douleur de la terre…
Sri Aurobindo Savitri III, 4 (Un long poème d’environ 28 000 vers)
« Devant ma tombe, ne pleure pas ;
Je n’y suis pas. Je ne dors pas.
Je souffle dans le ciel tel un millier de vents,
Je suis la neige aux mille diamants,
Je suis la lumière du soleil sur le blé mûr,
Je suis la douce pluie d’automne.
Lorsque dans le calme du matin, tu t’éveilles,
je suis l’envol prompt et calme
Des oiseaux qui tournoient dans le ciel.
Je suis l’étoile douce qui brille dans la nuit.
Devant ma tombe, ne pleure pas,
Je ne suis pas là.
Ken Wilber « Grâce et Courage » poème anonyme pour la mort de TreyaImaginez la plus belle des montagnes du monde,
celle dont la forme vous plaît particulièrement.
Concentrez vous sur l’image de cette montagne dans votre oeil intérieur,
en observant sa structure, sa cime altière, ses versants abrupts et ses flancs en pente douce.
Remarquez l’immobilité de sa masse, sa beauté unique, les qualités universelles de sa forme.
votre montagne aura peut-être de la neige sur son sommet et des arbres à sa base,
elle sera formée d’une seule cime proéminente, ou bien d’une série de cimes et d’un haut plateau.
Quelque soit sa forme, tranquillement assis, respirez avec cette image de la montagne en vous.
Quand vous serez prêt, essayez de faire entrer la montagne dans votre corps,
de manière que votre corps assis là et votre vision de la montagne ne fasse plus qu’un ».
Jon Kabat-Zinn « Où tu vas, tu es »« La grenouille est un curieux animal.
Elle peut faire des bonds énormes,mais elle peut aussi rester très tranquille.
Elle remarque tout ce qui se passe autour d’elle, mais elle ne réagit pas.
Elle respire et se tient tranquille.
Comme elle ne se laisse pas entraîner par toutes sortes d’idées lui passant par le tête,
elle reste calme, elle est complétement calme pendant qu’elle respire.
Son ventre gonfle et se dégonfle, il va et il vient.
Ce que peut faire une grenouille, nous le pouvons aussi.
La seule chose dont tu as besoin, c’est de faire attention à ta respiration.
Eline Snel « Calme et attentif comme une grenouille ».« C’est un incroyable tableau sonore,
mais ce qui résonne en celui-ci, c’est le silence, comme dans tous les tableaux de La Tour.
aucune parole, aucun mouvement, aucun bruit, ni dans cette pièce , ni alentour.
Nous sommes au plus profond de la nuit.
Un seul dialogue, celui de l’ombre et de la lumière, de la flamme et de son reflet.
La chandelle comme métaphore de la fragilité de toute vie humaine.
Le reflet comme conscience de cette fragilité.
Tous deux, chandelle et reflet, entourés de ténèbres.
Si l’on pince la flamme entre les doigts, ténèbres partout… (…)
Pour l’instant dépouillement, apaisement, intensité de l’instant présent.
Madeleine a déposé ses mains sur le crâne.
Son visage se détourne du spectateur, se détourne du monde.
Que regarde-t-elle ? Le miroir ? La bougie ? Non.
Madeleine ne regarde rien, ses yeux sont plongés dans le vide et le néant du mur,
au dessus du miroir.
Christophe André « Méditer jour après jour » sur un tableau de Georges La Tour : « La Madeleine pénitente ».« Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par-delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde,
tu sillonnes gaiement l’immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté… »
Charles Baudelaire Les fleurs du mal, « Elévation »
poème cité dans le livre de Fabrice Midal « Etre au monde, 52 poèmes pour apprendre à méditer »
Poésie méditative
Le poète est un mystique irrégulier,
un étrange mystique qui parle tout en sachant que le silence est à la base de tout…
Roberto Juarroz
S’en aller avec la foule comme chaque matin,
rouler à toute allure sur l’autoroute des désirs…
Un jour, s’arrêter,
changer de vitesse,
se mettre « au point mort »,
immobile sur le bas-côté,
observer ce qui se passe :
Au coeur de la grande ville, sur la place du marché, le règne du tintamarre,
alors, s’asseoir jambes croisées, les yeux fermés,
pour que surgisse à l’intérieur la négation de cette folie ambiante…
S’en aller très loin, courir à l’émerveillement du monde :
recevoir une pluie de cristal poudroyant du ciel,
des gouttes de nectar plus lumineuses que rosée,
se sentir fleur fragile en floraison éphémère,
Devenir bientôt l’ami des arbres,
se blottir tout contre leur tronc,
plonger dans la terre plus profond que leurs racines,
s’élancer avec leurs branches rejoindre l’azur du ciel,
Observer cette couronne se déposant délicatement sur la tête,
antenne transparente pour capter l’éther,
rester là longtemps à la lisière de la plage,
face à l’océan plein du vide luminescent,
là où l’obscurité sait si bien jouer avec la lumière…
Un jour, par une étrange décision :
tous les mots prononcés depuis le premier jour,
les mettre dans un grand sac en toile de jute,
et les jeter résolument au plus loin dans la mer.
Ecouter le silence ondulant de nouveau à la surface des eaux…
A la nage, rejoindre l’horizon,
disparaître mystérieusement,
dans les nuages de brume aux alentours,
Au fond de ces limbes vaporeuses,
envoyer des messages aux vagues de la mer,
pour qu’ils s’inscrivent sur les galets de la plage…
Revenir un jour dans la grande ville vorace et giratoire :
la caresse de la nuit berce désormais le vacarme des moteurs,
au milieu de la foule, noyade dans une amphore d’amour,
une grotte mystique au fin fond d’un bar,
Le monde est devenu flottant même sur les trottoirs,
l’esquisse d’un sourire dans le ciel d’hiver,
Se cacher derrière les écrans, blaguer avec l’opérateur,
mettre un grain de poussière dans la machine folle des algorithmes,
souffler fort sur le « cloud » menaçant du virtuel,
en attendant le grand « Flop »,
qui nous propulserait enfin dans la réalité vermeille…
Découvrir émerveillé ce saut quantique décisif et aléatoire
à l’intérieur de soi-même,
Direction le Vide,
écartelé par tous les possibles…
Etre happé par la Source dans un tourbillon divinatoire,
sentir l’attraction de l’Oeil impassible surveillant le grand Tout…
Tentation ultime :
passer de l’Autre Côté,
Fuite délicieuse et volatile dans l’absence…
Refuser cet appel,
Revenir sur la place du marché dans la cacophonie,
la foule est toujours là, de bon matin,
toujours pressée, toujours obscure,
rien n’a changé.
S’installer au centre du cercle,
là où il y a un trou de Vide à l’intérieur.
Elargir jusqu’aux confins du ciel le sourire du silence,
là où résonne parfois une musique venue d’Ailleurs,
L’envie d’un pas de danse :
la fin d’un monde en dansant :
bacchanales de l’obsolescence déchaînée,
le cycle nécessaire de Mort et Renaissance,
moment décisif pour méditer encore plus fort,
Refuge au coeur de soi-même,
les vagues sont devenues celles de la compassion,
quand l’infini berce toute chose,
Etrange Renaissance :
dans chaque cellule du corps, la Lumière miroite joyeusement,
mutation nécessaire,
rire cosmique
sur le champ des ruines,
où repoussent déjà les fleurs…
Tags : ciel, meditation, poésie, sagesse, spiritualité
J’aime bien cette idée de jeter les mots au loin. Dans la mère.
Ce souffle quantique qui devient aussi une mode dans le développement personnel, une méthode, le retrouver tel quel si pur.
Et puis cette mort que chantent les poètes de la vie, qui n’en est plus une, ou une vie de plus.
Va savoir, toi le poète.
Jean Giono écrivait des choses si belles sur la nature et l’homme, tous ces poèmes me le rappellent un peu.
Merci pour cette page si belle qui résume si bien ma quête de Sans Nom, d’Abandon et d’Acceptation, de Béatitude et d’Authenticité.
Je crois que l’homme moderne a bien besoin de tous ces sages !
Oui anny, la thérapie quantique est à la mode : ça fait bien, ça fait pseudo-scientifique, comme si c’était du sérieux …
Pour moi, à la fin d’une méditation, c’est tout juste balayer l’ensemble de son corps, de l’intérieur, par la Conscience, et allumer de Lumière toutes les cellules de ce corps, qui se mettent à danser.
Et par dessus le marché je parle alors du « chant quantique » ! Ce n’est pas sérieux du tout !
J’avais pour ma part écrit ceci, à lire aussi sur mon blog nounedeb.eklablog.com
Le Poète est coupable.
Lui qui a dit les mots.
Il ressent l’indicible
Et le fait exister.
Les Sages se sont tus,
Le Poète a parlé.
Le Poète est coupable.
Il a creusé des gouffres
Offerts à la folie.
Il éveille aux mystères
Qui troublent la raison.
Il enfonce sa vrille
Au plus profond de nous.
Le Poète a écrit,
Les Sages ont écouté.
Magnifique poème, merci !
Il y a beaucoup à dire de cette « intermittence mystique » du poète comme le dit si bien Roberto Juarroz. Elle est à double tranchant je crois : d’un côté c’est une sorte de fulgurance mystique des mots qui les dépoussière, et à ce moment là, cela peut régénérer la sagesse souvent enlisée dans les traditions, de l’autre cela peut être dangereux pour le poète ou ceux qui le suivent, car c’est une mystique qui peut conduire par son intermittence à une sorte de folie.
L’exemple le plus parlant, c’est bien sûr Rimbaud. Quelle folie, après les « Illuminations », l’a conduit à Aden, dans ce désert chaotique où les trafiquants d’armes sont rois – ce qui d’ailleurs n’a pas beaucoup changé ?
Superbe poeme :)
Dans le fond, il me semble que les silences sont le liant qui garanti l’equilibre entre terre et ciel, entre l’incarnation dans la Matiere, l’enracinement, et les respirations de l’Esprit, la Vie…
Le danger est surtout grand pour ceux qui suivent a mon sens, se perdre dans la folie d’un autre est tragique… mais se perdre (ce qui est parfois synonyme de se (re)trouver) dans sa propre folie me semble un moindre mal… ou du moins me semble largement preferable a la stagnation dans des reels impersonnels construits par d’autres (attention, on peut distinguer interieurement l’impersonnel de l’Unpersonnel… )… :)
Merci Alain pour cet article qui me parle profondement…
Il me fait penser a un article du Journal Integral que j’avais particulierement apprecie: La meditation c’est l’integralite (http://journal-integral.blogspot.cz/2014/04/la-meditation-cest-lintegralite.html)
On peut notamment y lire que ‘La méditation, c’est la perception de toute chose en relation avec la totalité’…
En cela, la poesie ne consiste pas a ecrire des poemes, mais constitue plutot l’expression d’un regard, d’une demarche continue de chaque instant… un mouvement interieur nourissant l’expression poetique, qui vient a son tour stimuler notre ouverture, nos connexions a la totalite…
De meme, on pourrait dire que la meditation, ce n’est pas s’asseoir en tailleur pour gerer son stress ;) …
Le poeme est toujours en soi un risque en ce qu’il flatte l’ego, mais il est aussi une chance de catalyser celui-ci dans une approche plus connective des reels… dans le fond un moyen repete d’inviter le Soi/Moi a s’incarner davantage au coeur du petit moi… un (r)appel a la verticalite, a la transcendance…
Pour finir, je me permets de partager un de mes derniers poemes…
Bien amicalement,
marko
A l’Instant
Chacun envoyé par la vie en cet instant.
Chacun invité à vivre les rumeurs du temps.
En un élan s’émerveillent les sens de la Présence.
En un leurre se limite l’essence par l’inconscience.
Tout est symbole, potentiel d’action à l’instant.
Exorciser les limites des aimants
Physiques, psychiques ou familiaux,
Tant de couleurs à nos étaux.
Pourtant, nous sommes bien plus
Qu’une simple combinaison d’atomes.
Imagination dévoile le Réel au sein de la grande illusion.
Perceptions qui ouvrent à la cervelle d’autres dimensions.
Ici, la Joie se moque de nos paresses,
La foi nous libère de la tristesse :
Pas une foi dans le potentiel,
Mais l’expérience de l’inactuel.
Pourquoi attendre la mort
Pour accomplir le réveil de notre Or ?
Libérons les dragons des autres mondes,
Observons le superflu, les ombres crues de nos démons.
Laissons-nous traverser par l’accompli,
Par les bourgeonnements de la Vie,
Soyons le terreau de toutes les magies,
Visibles ou invisibles, inspirées et invincibles.
ML (2016)
Merci Marko pour ce poème,
à lire lentement, plusieurs fois, à voix haute, ce qui est en soi profondément subversif, à une époque où il faut accumuler le plus d’information, le plus vite possible, jusqu’à l’informel – qui n’a rien à voir avec le sans-forme.
Merci aussi pour le lien avec le Journal Intégral d’Olivier Breteau pour découvrir cette femme Vimala Thakar qui parle si bien de la méditation comme voie d’accès privilégié au Tout.
D’ailleurs aux dernières nouvelles, Ken Wilber ne fait plus que cela : méditer avec quelques maîtres Zen dans une approche intégrale de la méditation.
Cela me va bien, je crois qu’actuellement la meilleure chose à faire, c’est de méditer afin d’apprendre le non-faire, afin d’être pleinement en paix dans ce chaos ambiant…
Je ne saurais trop vous conseiller la relecture du blog intégratif, tous les articles font des synthèses magnigiques de notre évolution en matière de conscience et de vie pratique.
Quand je cherche quelque chose, je suis quasiment sûre de le trouver sur ce blog.
Là, en visant chamanisme, j’ai relu la poésie, puis les états de conscience des uns et des autres, les sagesses de tous temps, le dualisme monothéisme, etc…
Si vous cherchez une voie pour vous améliorer, fouillez sur ce blog, il est une symbiose parfaite de tout, il ne sépare pas mais unifie, rassemble avec non violence.
Vous y trouverez votre voie propre nourrie d’autres expériences intelligentes.
Merci Alain !
Pour réponse à cette magnifique page, je vous répondrais par ces quelques mots de William Blake :
Dans un grain de sable voir un monde
Et dans chaque fleur des champs le paradis
Faire tenir l’infini dans la paume de main
Et l’éternité dans une heure