Continuons la promenade à travers l’obsolescence programmée de notre époque et les mégalithes de Carnac, vieux de 7000 ans ; quelle superbe opposition, pour nous ouvrir les chemins de traverse de la réflexion !
L’obsolescence programmée
Non ce n’est pas le titre d’un poème un peu précieux, c’est le nom d’une des plus odieuses pratiques de notre société de consommation débridée.
Il s’agit encore d’une émission d’Arte, du mardi 15 février, sous le titre « Prêt à jeter » de l’allemande Cosima Dannoritzer, et dont vous pouvez voir quelques extraits sur Dailymotion : http://www.dailymotion.com/video/xh1v71_pret-a-jeter_tv
Cela commence par les débats éthiques que ce principe de l’obsolescence programmée, a suscités parmi les ingénieurs, à l’aurore de la société de consommation, entre les deux guerres aux Etats-Unis, puis ensuite au début des trente glorieuses en Europe, principe qui permettait de trouver un moyen de soutenir la « production-consommation » et ses marges de profit, en évitant le spectre des crises de surproduction.
Nous plongeons ensuite dans la société actuelle, où l’éthique a disparu, de sorte que l’obsolescence programmée est un état de fait et que nos objets de consommation sont, soit programmés en cachette pour une existence éphémère, – comme par exemple les imprimantes ou les chaussettes – , soit destinés à disparaître rapidement pour laisser place à de nouveaux produits, grâce à la pression publicitaire entraînant la compulsion d’achat.
Mais que fait-on de cette marée d’objets trop rapidement obsolètes ? Elle inonde surtout l’Afrique, toujours l’Afrique, qui devient l’ immense poubelle de notre société d’abondance matérielle, avec ses montagnes de déchets polluant les sols, l’air et la population misérable, condamnée à la récupération – l’Afrique, qui décidément depuis l’esclavage, apparait comme le continent sacrifié, la face cachée, l’ombre de toutes les barbaries de notre société occidentale, dont la dernière est cette opulence matérielle dont l’obsolescence programmée est la fine fleur.
Formidable ! On vient de m’annoncer que cette émission d’Arte est visible dans son intégralité sur Youtube : http://www.youtube.com/watch?v=iB8DbSE0Y90
Les mégalithes de Carnac : une intelligence révélée
C’est le titre d’une conférence de Howard Crowhurst, à laquelle j’ai eu la chance d’assister récemment à l’Entrepôt, dans le 14e à Paris – cet endroit multiculturel de haute qualité (conférences, musique, poésie, cinéma, expo de peinture, etc), où il n’y a que de bonnes surprises.
J’ai appris médusé, avec photos et croquis géométriques à l’appui, que les alignements de Carnac étaient disposés selon une intelligence géométrique, incroyable, participant d’une géométrie sacrée que l’on retrouve sur de nombreux sites archéologiques les plus anciens comme Khéops en Egypte ou Sumer.Il s’agit en fait d’un immense temple à ciel ouvert, où rien n’est laissé au hasard, où tout s’ordonne avec harmonie selon des mesures très précises.
A la fin de la conférence, s’est posée la question fatidique qui mobilise toutes les imaginations : quelle était cette civilisation complétement disparue, d’il y a 7000 ans, qui a érigé ces pierres dressées, dont certaines pèsent plusieurs dizaines de tonnes, et dont nous commençons seulement à découvrir le génie, grâce à nos techniques actuelles de mesure les plus sophistiquées ? Et pourquoi cette civilisation a-t-elle complétement disparu sans laisser de trace, hormis ces alignements énigmatiques et quelques tumulus enfouis sous la terre ?
Les hypothèses vont bon train : cette civilisation, d’un niveau d’intelligence qui apparait supérieur au nôtre, aurait-elle été brutalement envahie par des populations barbares venues d’ailleurs ? Certains survivants ont-ils fui par la mer, très loin, vers l’Egypte et le Moyen Orient, pour continuer à mettre en valeur leur savoir d’origine sacrée, et en construisant 2500 ans plus tard, pyramides et temples d’une énigmatique beauté ?
Mais cette hypothèse met à mal beaucoup de croyances et de dogmes scientifiques actuels, en particulier ceux relatif à l’évolution de l’espèce humaine, dont nous serions le dernier maillon le plus intelligent, alors que, venus après des civilisations au niveau culturel bien supérieur, nous serions peut-être, en réalité, les héritiers de tribus prédatrices de seconde zone, dont la violence est le langage principal au nom de l’adaptation des plus forts, et dont l’évolution est particulièrement lente, comme nous le montrent par exemple les tribulations tragiques de notre histoire.
Pour plus d’informations sur les révélations passionnantes de Howard Crowhurst, lire ses deux livres :
– Mégalithes, principes de la première architecture monumentale du monde (éditions Epistemea)
– Carnac les alignements (éditions Epistemea 2010)
sites internet : www.epistemea.fr et www.megalithes.info
Tags : archeologie, catastrophes, consommation, economie, evolution, pollution, préhistoire
Le seul rempart à cette peste galopante, je crois, Alain, c’est de cultiver l’esprit et donc notre petit jardin, faire en sorte que notre terre soit légère, pour que puisse s’y poser possiblement une belle graine qui pourra dès lors » s’expanser » ( j’sais pas si ça se dit?) généreusement.
Sentir ce qui n’est pas bon pour nous, vous savez tous ces encombrants qui asphyxient la semence, et bien c’est oeuvrer dans le discernement du bon grain de l’ivraie, être un bon jardinier quoi, et à force d’enlever ce qui n’est pas bon pour notre petite pousse, il se peut que ce qui reste, ne soit pas si mauvais que cela, non?
Oui, la Pierre est sacrée, et c’est la nôtre, notre petite pierre à nous, qu’il nous faut polir pour en-tendre ce qu’elle tente de nous dire cette Pierre de Carnac, mais qui demeure ab-surde de notre propre surd-ité construite par un ordre dévié, c’est son Ordre à elle, à cette majestueuse et noble et belle Pierre, qu’il faut ré-inviter à la noce et dès lors la vie, la danse, le chant, tout se remettra à vivre comme dans le baiser du Prince( princeps- le principe, le béréshit!) qui réveille la belle endormie et anime dès lors toute la maisonnée!
C’est merveilleux, tout simplement merveilleux!
superbes photos!!!
Je suis d’accord avec l’appréciation élogieuse sur les photos; elles sont en effet très belles et m’ont rappelé des vacances anciennes qui m’avaient conduite à Carnac.
Mais la fin du texte qui évoque la possibilité de civilisations anciennes plus avancées que la nôtre et qui seraient plus ou moins cachées m’a fait réagir vivement.
Il faudrait d’abord définir ce qu’on entend par là. Sur quel(s) plan(s) seraient-elles plus avancées ? Technique, moral, éthique, intellectuels ? Ces plans ne se recouvrent pas et le concept reste donc très flou. Les Mayas, par exemple, avaient des connaissances avancées en astronomie, mais utilisaient peu l’écriture et pas du tout la roue , si je me souviens bien.
Vos propos me font penser au mythe de l’âge d’or,présent chez les grecs, mais aussi chez beaucoup d’autres peuples, selon lequel la civilisation des Anciens aurait été forcément meilleure que celle des contemporains. Ce mythe a parcouru les siècles, malgré les efforts du christianisme pour aller en sens inverse (l’âge d’or est an contraire devant nous). Aujourd’hui il s’exprime de manière récurrente lorsqu’on est devant une énigme historique. Ce mythe ne fait qu’exprimer à sa manière l’insatisfaction des hommes devant leur condition humaine difficile et fragile.
Pour ma part j’adhère beaucoup plus volontiers à la vision de l’évolution de l’humanité présentée de manière poétique par Teilhard de Chardin, ou de manière plus anthropologique par Ken Wilber, dont je viens de prendre connaissance, et que je trouve particulièrement adaptée à son sujet. L’évolution de l’humanité est faite à la fois de progrès (technique, moral…) et de retours en arrière nombreux (les invasions mongoles, le nazisme); et cela en dissociant les différents plans civilisationnels. Mais le « trend » global (pour parler comme les économistes) est bien un développement vers plus de conscience.
Pour le cas particulier de Carnac:
1° Je ne connais pas l’ouvrage auquel vous faites allusions, mais les quelques indications que vous en donnez ne m’ont pas surprise: l’alignement en fonction des positions du soleil est connu depuis longtemps; on retrouve la même chose au cromlech de Stonehenge en Angleterre, ainsi qu’à Malte où des constructions mégalithiques en forme de temple plus élaboré ont été trouvées récemment. Les observations du ciel, et en particulier du soleil, sont le fait d’un grand nombre de peuples anciens, bien avant l’invention del’écriture.
2° De fait nous ne savons rien de cette civilisation mégalithique. Pour la science historique, ne pas savoir, c’est se taire, et non émettre des hypothèses plus ou moins hasardeuses. Nous ne savons pas non plus comment elle a disparu. Il peut s’agir en effet d’invasions « barbares »; mais alors le lien établi implicitement avec nous est tout à fait anachronique, et donc sans valeur. Mais il peut aussi s’agir de transformations lentes (comme ce fut le cas de la civilisation chinoise), ou bien d’un effondrement plus ou moins rapide sous l’action de facteurs internes, comme des déséquilibres sociaux de plus en plus graves (chez les Mayas sans doute), ou des déséquilibres écologiques (à Angkor ou à l’île de Pâques)L Il est bien clair pour l’historien qui prend un peu de recul que toutes les civilisations sont mortelles, et la disparition de la civilisation mégalithique n’a rien pour étonner.
3° quant à l’hypothèse selon laquelle ces « mégalithiques » se seraient transportés en Egypte, elle traîne dans la littérature pseudo historique depuis longtemps, au même titre que l’histoire de la 12° tribu d’Israel partie au Mexique y construire des pyramides. Rien ne permet de l’étayer: le décalage chronologique est trop grand, les types de construction sont totalement différents, et enfin il est maintenant acquis grâce aux recherches archéologiques récentes que la civilisation égyptienne est autochtone, issue par évolution interne de la civilisation préhistorique des régions environnantes.
Voilà. J’espère ne pas avoir été trop longue, mais j’avais besoin d’exprimer mon désaccord sur certains points.
merci Claudine pour ce texte intéressant, bien argumenté : c’est l’objectif de ce blog que de susciter de tels débats de qualité, et faire mentir la communication numérique en ce qui concerne sa superficialité.
D’abord, les chemins que l’emprunte ici, comme le titre l’indique, sont des chemins de traverse, c’est à dire que volontairement je me permets des réflexions impertinentes en dehors des sentiers battus ou des boulevards, constituant les dogmes ou les mythologies dominantes de notre culture occidentale actuelle.
Parmi ces dogmes, il y a le dogme de l’évolution. Vous avez raison de souligner que, finalement, il a ses racines dans la culture judéo-chrétienne, – puisqu’il s’agit par l’évolution de notre âme de gagner le paradis,- pour ensuite prendre toute son ampleur avec le dogme darwinien de l’évolution matérialiste par la sélection naturelle, mais il y a eu aussi Hegel, Marx, Bergson, etc… Vous avez raison de souligner l’importance actuelle du versant spirituel de cette notion d’évolution, en particulier avec la philosophie de l’américain Ken Wilber, dont mon site internet s’est fait par ailleurs l’ardent propagandiste depuis longtemps – et Ken Wilber parle souvent de l’importance pour lui de la vision évolutive de Teilhard de Chardin et de celle du maître indien Aurobindo.
Je prends bien soin d’employer le terme « dogme » ou « vision », car il s’agit bien d’un discours collectif subjectif, essayant de se valider sur des expériences ou des données objectives, mais il y a plein de faits, d’expériences, de données, qui ne peuvent pas être intégrés à cette vision. C’est très clair pour Darwin, qui ne peut expliquer les solidarités ou les caprices de la nature, bien loin de l’idée utilitariste de compétition généralisée, mais aussi pour Ken Wilber qui s’est fait largement critiqué dans son pays, en particulier par un penseur important, Stanislav Grof, qui lui reproche par exemple de ne pas tenir compte dans ses beaux schémas évolutifs, de l’importance spirituelle de la naissance et de la vie périnatale, à l’origine de l’évolution individuelle, et de l’importance de certaines cultures chamaniques – dites primitives – beaucoup plus évoluées que nous dans les domaines spirituels, au niveau collectif. Il est d’ailleurs assez intéressant de voir que Ken Wilber s’est montré alors très dogmatique et presque agressif par rapport à toutes ces critiques.
Mon point de vue sur l’évolution de l’espèce humaine, c’est qu’il y a plusieurs visions, plusieurs schémas et en fin de compte un profond mystère que nous n’avons pas élucidé. Cette incursion à Carnac au milieu des mégalithes et du travail impressionnant de Howard Crowhurst, c’était l’occasion rêvée de sortir du dogme dominant, qui ne peut pas expliquer tant d’intelligence de la géométrie, du nombre, de la mesure, de la connaissance des astres, sans parler des lignes énergétiques de la terre, etc, etc. Dire que les peuples de la préhistoire et du néolithique étaient des primitifs ne peut plus tenir la route. Refuser aussi d’en parler, en en faisant le déni, parce que c’est embarrassant, – ce qui est la position du dogme dominant actuel – ne peut pas non plus satisfaire notre esprit.
Alors pourquoi pas se permettre des hypothèses stimulantes pour la santé de cet esprit ? Pourquoi ne pas sortir des sentiers battus et laisser parler notre imagination, nos intuitions, en sachant que nombreux progrès des hypothèses scientifiques dont nous sommes si fiers ont souvent été la conséquence de ces rêves, de ces intuitions créatrices – ainsi que nous le montre par exemple Einstein.
Bien sûr, je suis d’accord, il faut ensuite affuter les hypothèses à la confrontation du réel. Aussi n’ai-je parlé que d’hypothèses, je ne leur donne absolument pas la qualité de certitude. Dans un pays comme la France tellement marquée par l’esprit dogmatique et les certitudes toutes faites, je trouve que nous avons besoin de telles hypothèses entretenant la controverse et je vous remercie d’y avoir participé.