Pause, silence et poésie

C’est un joli mot, ce mot pause,

un mot riche de sens multiples,
un mot devenu sacré dans ce monde agité et furieux,

un mot qui conduit au silence,

un long silence dans ce blog depuis la fin mai,
pouvant peut-être avoir questionné certains,
même s’il correspondait au temps permissif des vacances.

Dans le mot pause, il y a aussi « se poser »,
un vieux mot sanscrit désignant la méditation :
il s’agit alors de poser son corps dans l’assise immobile,
mais surtout poser le mental et son flot incessant de pensées,
afin de tout laisser se déposer au fond du silence intérieur.

Cette dernière définition me convient bien,
surtout quand elle concerne le mental et ses pensées :
l’activité de devoir écrire sans cesse de nouveaux articles pour ce blog,
d’élaborer de nouvelles pensées, se perdre dans de longs commentaires,
tout cela commençait étrangement à me peser,
aussi ai-je ressenti le besoin de me poser.

Arrive encore le vieux sage Lao-tseu, il commence le « Tao tö King » ainsi :

Le tao qui peut être exprimé
n’est pas le Tao éternel.
Le nom qui peut être nommé
n’est pas le Nom éternel.

L’indicible est l’éternellement réel.

Je ne veux pas dire par là que je suis en train de flotter béatement dans le Tao
au milieu d’un vide silencieux et éternel,
ce serait vraiment prétentieux,
mais trop de mots, trop d’articles, trop de pensées sur ce monde,
me donnent parfois l’impression étrange de m’éloigner
de ce que l’on peut appeler le Tao ou de n’importe quel autre mot,
désignant l’Essentiel, l’Origine, le Sens, la Source,
c’est à dire ce rien « qui-ne-sait-pas »,
afin de laisser la vie éclore en son mystère,
sans explication possible.

Il y a une autre raison à cette pause silencieuse,
– j’en ai déjà parlé dans ce blog – :
j’assiste avec effroi à la croissance exponentielle des informations
sur internet et autres réseaux virtuels,
C’est ce que Olivier Breteau dans son journal intégral
appelle « l’infobésité » :

Nous devenons les victimes souvent inconscientes
de ce que l’on appelle « l’infobésité »,
cette surcharge informationnelle qui est à la conscience,
ce que le surcharge pondérale est au corps.

Chacun y va de son couplet pour tenter de penser ou « panser » ce monde,
et il me semble – bien pire que « l’infobésité » -,
que trop d’informations conduisent à « l’informe »,
c’est à dire à l’annulation des informations pertinentes,
englouties dans le « cloud », ce nuage obscur de mots et d’images,
avec une régression globale des capacités cognitives de l’être humain.

De plus, ce fatras d’informations nous entraîne dans un monde virtuel, artificiel et factice,
comme en apesanteur, de plus en plus déconnecté du réel,
de sorte que cela contribuerait à la disparition progressive de celui-ci,
emporté dans le tourbillon des limbes virtuelles.
Ecrire sur internet, ce serait alors d’une certaine manière se perdre,
et participer à cette disparition de l’humain en sa réalité,
ce serait s’en rendre complice, même dans la dénonciation.

Quelquefois je me dis aussi que ces 225 articles écrits sur ce blog,
avec ses 2357 commentaires recensés,
pendant une période d’environ sept ans,
ce qui correspond à un cycle important,
je me dis qu’il faudrait les organiser pour les meilleurs d’entre eux,
les structurer de manière à rendre compte dans un livre
d’une certaine vision multidimensionnelle et intégrative de l’époque,
Ce serait peut-être une manière, grâce à l’objet livre,
de densifier et clarifier l’écriture,
de la rapprocher du réel en même en même temps que de l’approfondir.

Combien de temps ce silence de la pause va-t-il durer ?
Aucune idée,

ce qui ne m’empêchera pas, peut-être,
de laisser parfois le poème trouer la page blanche
de ses béances mystérieuses,
de ses silences :

Poésie de la Pause

Dieu est silence et le monde est le chant de ce silence
Osho  Les Upanishads (L’essence de la religion)

Etrange silence à l’intérieur de soi-même…

N’y aurait-il plus trace de cette limaille dérisoire des mots
étalée sur le billot de la page ?

S’arrêter comme en apnée sur le moment présent
figé comme une pierre, en son laconisme têtu,
sur le mystère des choses.

Ne plus participer à la cacophonie virtuelle
– pour ne pas dire « caca-phonie ! »-,
ne plus se compromettre dans ce « cloud » immense,
enserrant la planète de son brouillard épais…

Plonger avec délice dans le vide de la Grande Vacance,

un jeûne, une diète nécessaire des mots,
dérision de ces châteaux de sable érigés dans la poussière des pensées.

Vogue la barque vers nulle part
ballotée par le clapot des vagues incertaines,
au delà de ces horizons trop chargés de mots.

Disparition sans raison de l’autre côté,
délice de l’absence sans contour,
sans projet, sans but et sans mission.

Mots déchirés qui s’envolent au vent
tels des étendards devenus inutiles.

Parfois des rêves récurrents de plages lointaines
où cacher malicieusement
les questionnements de son âme inquiète dans le sable.

S’arrimer à la Nature, matrice silencieuse
en son bercement originel,
sûre d’elle-même et de sa gloire,
malgré toutes les profanations contemporaines.

Admirer le balancement élégant des arbres sous la brise,
la prouesse incessante des brindilles qui se dressent verticales,
l’envol spacieux des oiseaux messagers du ciel.

Regarder avec un sourire
la fumée des mots s’enroulant au vent,
comme fumée d’encens.

Respirer à l’intérieur de soi-même en toute conscience
pour observer la présence de ce silence tenace,
le vertige de ce vide,

et de temps en temps pour se passer l’envie d’écrire :
aller marcher le nez en l’air, n’importe où,
observer les facéties du ciel
jouant avec le duvet des nuages blancs,
dans l’insouciance de l’infiniment bleu.

Marcher longtemps le long de la mer,
recevoir la respiration originelle des vagues,
scander sur le rythme des pas, le poème,
aussitôt absorbé par les sables mouvants.

Faire la pause dans le non-faire,
en laissant le silence dessiner dans ce sable
quelques signes discrets
que le ciel s’empresse d’acquiescer de son oeil solaire.

Terminer par le moine zen Federico Dainin Jokô

rencontré au salon Zen, ce week-end à Paris.
Il a écrit dans son livre « Le chemin de la sérénité,
la voie de la méditation zen » (ed. Eyrolles)

cette conclusion inspirante, qui me convient bien:

Zazen ressemble profondément à l’expérience du prophète Elie
dans la Bible (I Rois 19).
Elie marcha dans le désert à la rencontre de l’Absolu,
et dans son expérience, ce n’est pas tant un dieu qu’il rencontra,
mais il fit l’expérience de la Présence,
cette expérience que tous les hommes peuvent faire, croyants ou athées,
religieux ou agnostiques :
se taire et commencer à être.

Elie gravit le mont Oreb, il s’installa dans une grotte pour y passer la nuit, en attendant la révélation de Dieu.
Il y eut un vent impétueux, tellement violent qu’il pouvait briser les montagnes et déchirer les rochers,
mais Dieu n’était pas dans le vent.
Après le vent, il y eut un tremblement de terre,
mais Dieu n’était pas dans le tremblement de terre.
après le tremblement de terre,il y eut un incendie,
mais Dieu n’était pas dans l’incendie.
Après l’incendie, il y eut une brise légère,
alors Elie reconnut la Présence…

Pour que le murmure de la brise légère soit entendu, il est indispensable d’apaiser l’esprit, de calmer le brouhaha (…)
Alors fermons ce livre, oublions tous ces mots qui font tant de bruit.
Il est temps de plonger dans la présence, de ne plus attendre tonnerre, incendie, vents et tremblements extraordinaires ;
c’est le temps de laisser souffler une brise légère.

C’est le temps de laisser souffler une brise légère,
d’autant plus que l’automne arrive doucement, à petits pas :

Après les éblouissements de l’été, l’automne est la saison pour entamer ce lent repli sur soi,
pour nettoyer écrans et projecteurs, laisser partir ce qui doit partir,
laisser sèves et énergies redescendre pour mieux se concentrer, se régénérer,
puiser à cette source en nous qui n’a rien à voir avec le mental, les désirs, les peurs et les aspirations égotiques.
Une source qui, tout comme la poésie en amont du langage,
met en résonance l’intérieur et l’extérieur.

C’est un beau texte d’introduction
écrit par la poète Cathy Garcia, dans le dernier numéro
de la Revue de poésie « Nouveaux Délits » numéro 55.,
dont elle est la « coupable responsable », – comme elle aime se nommer.

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101 réponses à “Pause, silence et poésie”

  1. Myreille Bédard dit :

    Cher Alain,
    Quelle étrange ironie du sort. J’avais rédigé un long commentaire et au moment de vous l’envoyer, on m’informe que mon temps avait expiré et qu’il n’a donc pas été publié…
    En bref, vos propos me rejoignent à plusieurs égards et je trouve l’idée de publier un livre, à partir de textes choisis dans votre blog, excellente.
    Je vous souhaite une belle continuation dans cette pause!
    Amitiés,
    Myreille

  2. François Degoul dit :

    Je pensais justement, Alain, au mail perso que vous m’envoyâtes il y a deux semaines pour me parler de cette pause et de votre fatigue à échanger des idées.
    Je me disais que je vous répondrais en ouvrant l’évent éventail de la quête spirituelle.

    Mais voilà! vos dires ci-dessus, poétiquement étalés, vont recouper les miens, plus denses!

    Je vois sept chemins spirituels.
    D’abord deux qu’ici ici vous semblez taire: la quête du bien par l’effort pour suivre sa conscience, et la quête du vrai par la science.

    Les cinq autres chemins, comme je les retrouve!
    L’attention à sa propre intériorité, « méditation » ou autre, découverte, dirais-je monothéistement, de « l’image de Dieu » en soi-même.
    L’attention au beau, l’art, ici poésie, et aussi chez vous photo, peinture.
    L’attention à cette harmonie entre nos sens et la nature dans la marche, la contemplation des étoiles…
    L’attention à la Parole inspirée, du Tao, du Bouddha ou de la Bible, au-delà des idées qu’on peut se faire sur l’Autre plus ou moins auteur de ces livres dits sacrés.
    Et l’attention à l’autre mon frère, en qui je découvre, dirais-je monothéistement, une autre « l’image de Dieu » que la mienne.
    Mais ces sept chemins que le temps peut soumettre à l’alternance ont à vivre en harmonie… et le dialogue, son caractère parfois conflictuel peut effrayer, noyer la sérénité de l’image du Dieu en moi… et j’ai cru sentir là chez vous un besoin de s’abriter , d’où cette « pause ».
    Et pourtant, ce retour vers autrui, à réordonner en « livre », il réhabilite ce dialogue à cultiver dans l’équilibre, l’harmonie, la modération.
    Bonnes retrouvailles avec votre rythme naturel d’une respiration entre le moi et l’autre.

    François Degoul

    • Alain Gourhant dit :

      Merci, François, de ce cours très professoral sur l’éventail de la quête spirituelle.
      Comme tous les cours, vous n’ignorez pas qu’il peut être soumis à la critique, ce que je me garderai bien d’engager, car je connais trop avec vous les impasses du mental et de la pensée quand ils veulent tout dominer.
      J’ajouterai juste : mais à quoi sert cet éventail, sinon à faire du vent ?… Car la pratique de la quête spirituelle demande justement de passer au delà du mental, des pensées et des mots.
      Il y a beaucoup de chemins, beaucoup plus nombreux que votre éventail, mais surtout, leur point commun, dès que l’on se met en route, c’est de savoir lâcher les mots, les dogmes et les pensées toutes faites, pour se plonger courageusement dans les abysses du Vide silencieux.

      • héléne BEILIN dit :

        en pratiquante de taichi c ‘est la le vrai délice de glisser en plénitude d ‘attention de tout son souffle avec un corps en mouvement et à l’écoute….. du silence comme le lent déroulement d ‘ un fil de soie Héléne

  3. biausser dit :

    Oui oui on se questionne la nuit quand il y a moins de bruit: à quoi ça sert tout ça?
    Mais au jour revenu, on repart à faire du bruit avec les autres! Difficile de pauser mais pourtant salutaire. Merci pour ces images et mots sereins

  4. hédouin dit :

    MERCI ALAIN POUR CE RETOUR,cela me fait penser à certains explorateurs qui racontent que leurs réelles aventures furent celles du retour.Tant le chemin qu’ils croyait connu ,mais qui était à l’envers en se retournant ,n’avait rien à voir avec celui de l’endroit .Donc tout à attendre de ce retour vers les 225 articles et du multiple 10 des commentaires.
    Sur le silence,la spiritualité et l’écriture,je ne peux qu’inviter ,ceux d’entre nous qui ne connaissent pas encore l’oeuvre de Roger Laporte,mort en 2001,d’en saisir l’occasion.Pour lui il était impossible de supporter une vie dont on’écrirait rien ,qui ne fut un supplément de vie ou de défaite quand souvent (?) on n’y arrive pas .Ce qui à titre personnel m’attache aussi au blog d’Alain.

    • Alain Gourhant dit :

      merci Hédouin de cette belle image « le chemin du retour, plus beau encore que l’aller », je m’en servirai sûrement…
      Merci aussi pour Roger Laporte, que je ne connaissais pas et que j’ai envie de découvrir.

  5. François Degoul dit :

    Merci, Alain de votre réponse.
    Nous avons tous nos chemins.
    Jouer poétiquement avec les mots vous charme et ce chemin spirituel de beauté ne m’est pas étranger.
    Dire en mots ordonnés et sans renier mon « mental » cette harmonie des êtres et des choses que je découvre avec émerveillement, ordre toujours provisoire, je suis désolé que vous y ayez vu un cours professoral, pour moi c’est la joie apollinienne de découvrir sans cesse, et de faire part de cette découverte.

    • Alain Gourhant dit :

      « Oui… »
      c’est une belle réponse nimbée de silence, là où se trouve la réponse véritable …

      • Alain Gourhant dit :

        J’ajouterai aussi que la poésie n’est pas pour moi « un chemin spirituel » au sens propre du terme, mais plutôt une manière privilégiée de rendre compte d’une expérience spirituelle intérieure, qui de temps en temps vient me visiter.
        Pour moi, le chemin privilégié reste la « méditation » ou « la promenade méditative », et la poésie en serait le porte-parole.

  6. hédouin dit :

    Comme souvent cette opposition entre pensée structurée didactique et pédagogique d’une part et éveil ludique ,libre,émotionnel,corporel ,sauvage d’autre part n’est -elle pas un peu factice?Montaigne à inventé la littérature en se contredisant en permanence ,les épicuriens devenaient malheureux en théorisant le bonheur et Lucrèce encensait la solitude mais ne pouvait se passer de son groupe d’initiés.
    Il ne s’agit même pas d’ambivalences,ce qui sous entendrait qu’il y a bien deux pôles distincts ,mais d’équivoques ,d’ambiguités ,de confusions,de quiproquos ,à condition qu’ils soient compris ,pas expliqués surtout ,mais qu’ils fassent sens.

  7. hédouin dit :

    Apollon &Dyonisos ,masculin & féminin, etc etc ….mais mélangés inextricablement ,surtout pas séparés,à l’envers de la genèse qui a commençé par séparer !catastrophe!!!

    • Alain Gourhant dit :

      oui, Hédouin, j’aime bien ces ambiguités, comme vous dites, ces confusions, ces « intrications »des soi-disant opposés,
      j’aime encore plus – en ce qui concerne Apollon et Dionysos, l’incontournable Nietzsche,
      ce grand esprit, ce grand lettré, cet érudit grand professeur de philologie,
      s’exprimer ainsi dans « les Dithyrambes de Dionysos » :
      « T’en souviens-tu encore, t’en souviens-tu, coeur brûlant,
      Quelle était alors ta soif ?
      Puissé-je être banni
      De toute vérité !
      Rien que bouffon ! Rien que poète ! »

      En ce sens, Apollon et Dionysos sont étroitement intriqués, comme vous le dites,
      mais il me semble que Dionysos est plus près de la Vérité,
      qui est au delà de toute vérité.
      C’est ainsi qu’il choisit la poésie, la danse et la musique,
      capables seuls (avec le silence) de transcender la pensée, le mental,
      la raison raisonnante, l’apanage triste et sérieux des professeurs…

  8. hédouin dit :

    Bien entendu Alain que Nietzsche a annoncé avec fracas et jubilation, le bienheureux retour de Dyonisos même si Hugo dans son extraordinaire roman 93 l’annonçait déjà.Ceci posé ,le chaos engendre une angoisse et une panique grandissantes,chez la grande majorité des humains .
    Pour moi,mon expérience et mes découvertes ,seule la spiritualité dans toutes ses expressions justes ,aide à contenir cette panique mortifère dans les limites du simple désarroi,en se méfiant du mental.
    Le désarroi ,c’est ce frisson à la place de la peur ,c’est cette nostalgie à la place de la tristesse,ce froncement de sourcils à la place de la colère.
    C’est la poésie ,la musique ,presque toutes les philosophies -à part celles honteuses qui vont de Hegel à Sartre-la nature,la méditation silencieuse,et pour moi par-dessus tout la peinture,l’amitié mieux que l’amour ;qui repoussent cette chienne d’angoisse .
    Com-prendre ,prendre la vie avec soi ,et surtout prendre garde aux explications ,surtout celles de la création du monde .
    Avec les vrais scientifiques ,on est tranquille sur la création du monde ,plus la science avance moins ils arrivent à l’expliquer !!!OUF

    • Alain Gourhant dit :

      oui, merci Hédouin, c’est un très beau texte ; d’accord avec vous pour dire que la spiritualité, l’accès à la transcendance, est d’abord un moyen de conjurer notre angoisse d’être ainsi tombé dans la finitude d’une vie incarnée sur cette terre, où la misère, la souffrance, l’éruption des passions mortifères semblent être la loi dominante surtout pour l’espèce humaine…
      J’ajouterai juste qu’il y a une dimension supplémentaire à cette transcendance : la possibilité de pénétrer dans un espace intérieur, où ce n’est plus « le désarroi » qui domine, mais une grande paix, un grand silence, presque une grande joie – mais n’exagérons rien !…

  9. MD dit :

    Votre texte m’a beaucoup plu, voire ému par sa profondeur… cachée dans une poésie qui n’en oublie pas pour autant l’essentiel. Méditatif j’en fus et vous en apporte ma petite touche sur ces composantes, forme et fond.

    La forme, pragmatique et tangible, est celle de l’infobésité. Trop d’information tue l’information. Un ‘téléphone arabe’ numérique où une intercommunication virale d’informations comportant implicitement des transformations « intentionnelles » (de volontairement élaborées : manipulation, jusqu’à inconsciemment assemblées : émotionnel) de leurs sources, cela se nomme ni plus ni moins que de la « désinformation ». Un embrouillamini informationnel engendrant « l’ignorance » (celle de Socrate) ou cet « informe » dont vous parlez. Ou évoquiez déjà dans vos articles – ‘La communication nous rend-elle malade’ – et l’article de Paul Virilio.

    Alors, pour sortir de ce paradis/enfer (suivant l’info) virtuel énoncé par des informations artificielles (désinfo) accréditant des Vérités factices (j’ai raison/t’as tort), il nous reste le fond.

    Mais tout dépend du fond, car « La forme, c’est le fond qui remonte à la surface », Victor Hugo. L’égotique séparatiste (vrai/faux, logique exclusive, binaire) issues de nos entrailles mentales mène le monde actuel. Pourtant, tout un chacun ressent qu’il nous faudrait l’indicible et intangible source, celle qui met en résonance l’ensemble (intérieur&extérieur, logique inclusive, systémique). Seulement voilà ! Ce ressenti est d’abord capté par le sieur… pardon, le monseigneur… pardon, son excellentissime Sainteté… « Ego ». Et il nous décrète ceci ou cela, nous impose sa dicte royale, nous embrigade dans son dogme, veut nous transformer par sa technique à lui et nous convainc que même Dieu doit être à ses ordres…

    Et, parfois, fatigué et lassé par son incessante course haletante, il fait… une PAUSE. Une sorte de ‘retraite’ où l’on se « pose » face à… soi-même. Un désarroi où il n’y a plus de technique trucmuche, ni de docte auteur, ni de théorie machin, ni de conviction bidule… mais un « seul à Seul ». Tels celui de Jésus et sa traversée du désert, de Bouddha et ses années d’ascétisme ou de la période de la ‘Traversée’ dans la forêt lors de la quête du Graal. Un isolement nécessaire (que la société nous empêche d’avoir, comme le dit biausser le 10 à 19h20) pour combattre « ses démons à soi », c’est-à-dire son « ego » à soi et non pas devenir un ‘surhomme’ justicier et décapitant des démons extérieurs.

    Que peut-il advenir alors ? Soit l’ego sort vainqueur et en est amplifié, soit… comme le couple d’opposés matière/anti-matière, il en sort un photon (et non pas le néant). La fameuse « lumière », propriété émergente de la dissolution des contraires (ou de la ‘dialogique’, complémentarité des antagonismes, d’Edgar Morin). Lumière pouvant être symbolisée par Jésus se réincarnant, ou le combat final d’Arthur et Mordreid, d’Arjuna et Duryodhana (Bhagavad-Gîta), de Néo et Smith (Matrix)… Voilà cette fameuse lumière après laquelle cours sans cesse l’ego… et qu’il n’atteindra jamais s’il refuse obstinément de se fondre dans l’ensemble et de ne plus exister en tant que tel (d’où l’importance du ‘lacher-prise’ de Lao-Tseu).

    Je trouve que ce qui image bien cela, c’est le symbole du yin yang, qu’il ne faut pas ‘voir’ comme statique, mais comme dynamique. En cela, il n’y a plus de zones séparées, plus de noir ou de blanc, plus de formes précises… l’on ne voit plus rien, pourtant tout est là (un ‘non-voir’). Il ne subsiste (lumière) que « l’Être », indéfinissable, mais que j’imageais dans d’autres commentaires ici, par « l’harmonique » sensation/émotion/réflexion (nos piliers matériels et immatériels), où si l’un domine (tel le culte du corps et de l’apparence), tout part en vrille.

    Dur chemin pour atteindre ce but. Et c’est bien là l’erreur de l’ego, car l’Être advient par lui-même (une ‘maturation’ qui se fait d’elle-même, comme la croissance physique, mais qui peut être contrariée par un tas de drogues que l’ego décrète bénéfiques) : le « Tao est – à la fois – le chemin à parcourir et son but » (logique inclusive), avec son pendant zen (proverbe) « En atteignant le but, on a manqué tout le reste » (par logique exclusive).

    Alors, mon cher Alain, fasse que votre pause engendre une Renaissance… en non-Alain ! (sourire).

    Bien à vous,
    MD

    • Alain Gourhant dit :

      c’est un beau texte, Michel, qui fait réflexion…
      Deux questions ou demande d’éclaircissement :
      1 « Un embrouillamini informationnel engendrant « l’ignorance » (celle de Socrate) ». qu’entendez-vous par l’ignorance de Socrate ?
      2 « ,soit… comme le couple d’opposés matière/anti-matière, il en sort un photon (et non pas le néant). La fameuse « lumière », propriété émergente de la dissolution des contraires… »
      Je me demande si la lumière est le produit de la dissolution des contraires, car il reste alors la dualité « lumière / obscurité ». Je ressens l’intégration suprême de la dualité de ce monde, comme le passage à une transparence, un silence intérieur indicible au delà de toute lumière – et bien sûr comme vous le dites si bien au delà de l’ego, car l’ego est très friand de lumière. Est-ce que c’est ce que voulez dire ?

  10. MD dit :

    Déjà, je suis content que mon texte puisse faire réflexion. Dans ce balancement de l’un aux autres, c’est comme cela que nous nous nourrissons… et grandissons.

    – 1 –
    Oups ! j’ai été trop vite dans ma parenthèse et cela peut effectivement poser ambiguïté. Ce n’est point Socrate qui est ignorant, mais l’homme de la rue à qui il s’adresse. Dans son « Connais-toi toi-même (et tu connaîtras l’Univers et les Dieux) », est contenu « connais ton ignorance ». En cela, c’est une démarche de ‘conscience de soi’ (qui maîtrise partiellement l’ego) en s’interrogeant (maïeutique) sur son savoir : l’Homme, « Qui sommes-nous ? » (origine, constitution, histoire, évolution…) ; l’Univers, « D’où venons-nous ? » (Cosmos et Nature) ; et les Dieux, « Et où allons-nous » : ‘Devenir’ induit par l’harmonique des deux précédents avec le monde ‘spirituel’ qui nous « anime » : l’Esprit (la Conscience, universelle et individuelle) et l’âme (du latin anima, même racine qu’animer et animal : souffle, vie).
    Une sacrée prise de recul, donc. Alors l’immédiateté d’un parti pris (émotionnel qui plus est) face à l’informe dont vous parlez, nous donne des gens qui disent ‘savoir’, alors qu’ils ne savent finalement pas grand-chose, ou sont plus exactement loin d’une réalité « globale ». Tel que guerroyer à s’en crêper le chignon sur l’utilité ou non de tel ou tel article de consommation, cela paraît bien futile… et désolant.

    – 2 –
    Oui, c’est effectivement un peu ce que je voulais dire, mais là aussi je l’ai peut-être exposé de manière un peu trop condensée. De réelle à symbolique et, à défaut de néologisme, de la majuscule à la minuscule, il y a Lumière (rayonnante, Une et globale) et lumière (obscure, multiple et se subdivisant en oppositions diverses et variées, telles que « lumière / obscurité = j’ai raison / t’as tort). Plus que de Lumière, l’ego est très friand de SA lumière ! Il en reste donc dans son schéma dualiste en courant après cette majuscule ‘L’, qu’il n’atteindra jamais s’il refuse de se fondre dans l’ensemble comme je le disais dans mon commentaire précédent. Et se fondre, c’est effectivement passer d’une obscurité (fausse lumière, égotique) à une transparence (rayonnement de l’Être). Cela nous rappelle Platon et son principe de sortie (vers le flamboyant Soleil) de la caverne (avec ses ombres et lumières).

    Mais c’est à ce point, de passage, que personnellement j’apporte une nuance ou subtilité quant au sens, ressenti ou interprétation de la destination. L’ego la voit comme un but, une finalité ferme et définitive à atteindre. Hors à mon sens, la Sagesse (dans tous ses pans, origines ou auteurs) semble nous indiquer qu’il s’agit dune « maturation ‘vers’ un État » et non pas de « l’acquisition d’un état ». L’acquisition est tout de suite compréhensible (comme pour un article de consommation, on l’a et c’est tout). Hors, la Sagesse ne considère pas que le moment et vie présente, mais l’Éternel (ou un mouvement, une maturation perpétuelle). En cela, la maturation n’a pas de ‘fin’ en soi (et dépasse donc le cadre de la vie d’un individu, notamment par sa continuité collective et générationnelle, voire le principe de réincarnation), donc de ‘but’ précis. Une boucle cyclique (spirale, dont de la Conscience) où, tout comme le principe du Vivant n’est ni plus ni moins que de « vivre » (Henri Laborit), le principe de la Maturation n’est ni plus ni moins que de « mûrir ». Elle est – à la fois – le chemin à parcourir et son but. Pourquoi ? Cela vient d’où ? Et comment ça marche ? Peut-être là le plus grand des ‘mystères’…

    Voilà peut-être de quoi calmer l’ego, qui finira par se dire qu’il fait ce qu’il peut
    Au lieu d’exiger un but inatteignable, où il serait élégamment supérieur à Dieu…
    Et il comprendra qu’en voulant « atteindre ce but, il a manqué tout le reste », à savoir… lui-même !

    Bien à vous,
    MD

    • Alain Gourhant dit :

      J’ai envie de vous répondre, Michel, au sujet de Socrate.
      En fait, cela m’allait très bien de parler d’une Ignorance de Socrate, mais bien sûr, il s’agit d’une ignorance avec un « I » majuscule.
      La maïeutique consiste d’abord – et nous sommes d’accord -, à traquer l’ignorance grossière du commun des mortels, attachée à ses systèmes de croyances et de pensées illusoires, ses préjugés et formatages émotionels, etc, etc…
      Mais est-ce que Socrate propose un nouveau savoir qui serait meilleur que ceux qu’il dénonce ?
      Je ne crois pas, même si je ne suis pas un spécialiste de cet illustre personnage, dont j’ai entendu dire par ailleurs que Platon, son disciple, a déformé l’esprit, pour en faire un philosophe mettant en valeur sa propre philosophie platonicienne – ce qui est un détournement malhonnête.
      Pour moi, Socrate apparaît comme un maître de cette période « axiale » de la sagesse, pendant le 6e siècle av. J.C. – comme le dit Karl Jaspers -, où brillent les lumières de Bouddha, Lao-tseu, Zoroastre, Confucius, et dont Jésus serait un lointain héritier – lui aussi amplement déformé…
      Quelle serait alors cette sagesse socratique qui lui a valu la cigüe et qui est l’apanage de tous le grands maîtres ? L’accession à un espace de co-naissance supérieur avec le Tout, au delà du mental, des pensées et des croyances particulières d’une époque. Cet espace ressemble plus à une Ignorance essentielle relative au Mystère, qu’à une quelconque proposition philosophique sur la nature de l’être humain ou la bonne marche de ce monde, toujours à la traîne d’un système de pensée temporel.
      qu’en pensez-vous ?

  11. MD dit :

    Mon cher Alain, vous êtes comme Socrate ! En titillant doucement mes idées vers leurs retranchements, vous cherchez à « m’en faire accoucher » de la moindre parcelle ! (rires…)

    Bref, Socrate restera énigmatique de toute façon. C’est bien pour cela qu’il ne faut pas le voir que par Platon, mais aussi par les différentes études, hypothèses et recoupements qui ont pu en être faits depuis sa ciguë. Commençons alors par une gymnastique amusante liant minuscule/majuscule et superposant les cultures : le ‘savoir’ de Lao-Tseu = ‘ignorances’ (faux savoirs) de Socrate… et le ‘non-savoir’ de Lao-Tseu = « Ignorance » (Savoir) de Socrate.

    Cette Ignorance, au sens propre du terme, est le moteur même de Socrate qui « Sait » qu’il ne ‘sait rien’. Et c’est en cela qu’il est « le plus sage des mortels » selon l’oracle de Delphes, les gens communs « croyant » savoir quelque chose (= opinion), alors qu’ils « ne savent pas » (sont ‘ignorants’) qu’en fait ils ne savent rien.

    Ce Savoir/Ignorance de Socrate est à voir comme la « prise de conscience » de ce qu’il ‘ne sait pas’, plus exactement de ce que personne ne peut savoir parce que personne ne peut l’atteindre : Dieu. Et Socrate, rejetant ceux de la mythologie et de la science qui, pour lui, ne servent à rien pour expliquer le monde, préfère une ‘Providence’, au-dessus de nos raisonnements, et Inconnaissable (majuscule qui nous plonge dans l’Ignorance) par nature, par essence et qui ne peut donc être le fondement de notre connaissance du monde (cet espace relatif au Mystère dont vous parlez).

    Ainsi, par une pensée rationnelle (à ne pas confondre avec Descartes) qui se libère progressivement du mythe, il ne reste donc que… l’Homme. Et c’est précisément sur ce point qu’est le sens du « Connais-toi toi-même… ». Si sa maïeutique s’adresse (on ne sait rien, il faut parler : dialectique faisant accoucher) aux gens de la rue (l’homme), elle n’est pourtant pas une injonction ‘psychologique’ individuelle, mais s’adresse (par cycle individuel/collectif dans le sens applicable/appliqué = Vertu) à l’humanité dans son entièreté (l’Homme). C’est une ‘anthropologie’, où l’homme pense l’Homme (ce pourquoi j’ai introduit l’aporie ‘qui sommes-nous’, etc.). Une ‘science’ de l’homme (raison), modérée par la ‘morale’ (issue de la maïeutique), où le « ce qui est à penser » est le penseur lui-même. Nous n’avons pas à connaître Dieu ou le monde, mais nous-mêmes. De fait, il en introduit une certaine ‘méthodologie’, si l’on peut dire, qui pose les bases d’une approche réflexive « systémique » (en remontant par induction du particulier à l’Universel) et augure d’un « penser par soi-même » (via sa maïeutique) et non penser ce que les mythes ou autres nous dictent de penser (penser par, à travers ou comme les autres : signe flagrant du ‘cloud’).

    Et comme il n’en est pas moins spirituel, le sens de son précepte est donc à comprendre comme :
    « Connais (d’abord) l’Homme pour mieux savoir te connaître toi, et tu reconnaîtras l’Homme (matériel : issu de l’Univers et inclut dans la Nature – ET – spirituel : lien d’interaction avec le Tout) qui est en toi ».

    Ne serait-ce qu’« une quelconque proposition philosophique sur la nature de l’être humain ou la bonne marche de ce monde », pour reprendre vos termes ? En tout cas, si cela n’est pas un ‘Savoir’ à proprement parler, l’on est pourtant pas loin d’une certaine ‘résonance’ à Lao-Tseu. D’ailleurs, au 18e siècle, l’on (Voltaire entre autres) surnomma Socrate le ‘Confucius de l’Europe’ et surnomma Confucius le ‘Socrate chinois’. Ou comment réconcilier l’Orient et l’Occident : puisse leur fusion (dissolution des contraires) faire apparaître cette « Lumière »… pour (que naisse) l’Humanité.

    • Alain Gourhant dit :

      Un peu paradoxal votre message, Michel,
      à propos d’un article qui fait l’éloge du silence, de la non-pensée et du Mystère conduisant à l’Ignorance,
      un peu paradoxal pour sa longueur, où l’on peut se noyer dans la profusion des concepts…
      je crois comprendre néanmoins que nous sommes d’accord sur le fond,

      sauf pour cette conclusion, où Socrate est comparé à Confucius par le dénommé Voltaire – quelqu’un que je ne porte pas du tout dans mon coeur, pour son côté rationisant, dénué de tout accès à la Grande Ignorance.
      Pour moi bien sûr, Socrate n’a rien à voir avec Confucius, même s’il est de la même époque.
      Socrate n’a rien à voir avec ce Confucius qui prône le retour aux traditions, les régles morales et le respect de l’autorité – même si cela a pu à voir un sens au 6e siècle avant JC en Chine.
      Pour moi, Socrate est bien de la même famille que le vieux sage provocateur Lao-tseu, au langage laconique et minimaliste, dont la disparition soudaine dans les montagnes ressemble à une étrange prise de cigüe…

      • MD dit :

        De votre question à mon paradoxe de longueur, effectivement, j’en suis désolé.
        Alors, pour faire court, non, Socrate ne propose pas un nouveau savoir. Il remet simplement en question le ‘savoir’ par une exigence de justification (maïeutique) amenant une compréhension ‘juste’, celle de l’Homme (matériel et spirituel) par l’homme (ignorant). Mais je ne partage pas votre opinion de voir Socrate nous conduisant vers le Mystère, comme Lao-Tseu. Non, Socrate nous amène – d’abord – à nous connaître nous-mêmes. Puis, il passe la main à Lao-Tseu. L’un n’a pas plus raison que l’autre, ces deux compères sont simplement complémentaires. Et réconcilier l’Occident et l’Orient (le matériel et le spirituel), c’est fusionner les deux par un va-et-vient circulaire de leurs approches respectives.

        PS – pour Voltaire, j’ai dû faire une erreur : comme beaucoup d’autres, il semblerait plutôt fustiger Confucius et Socrate que l’inverse.

        Bien à vous,
        MD

        • Alain Gourhant dit :

          Je crois que vous avez raison, Michel. J’ai exagéré en comparant Socrate à Laotseu. J’aime bien votre idée qu’ils soient complémentaires et que Laotseu, après le défrichage socratique sur notre vraie nature, nous entraîne avec lui au sommet de la montagne dans le silence ultime de la clarté originelle qui outrepasse notre nature humaine :
          « Va au delà de toi-même
          va au delà du monde.
          Va au delà de toute existence.
          Lorsque tu pénètres aussi loin,
          tu brilles de la clarté originelle? »
          Tchouang tseu le disciple de Laotseu

  12. hedouin dit :

    Socrate à inventé et mis en pratique une méthode :la maïeutique ,c’est la seule méthode de recherche à ma connaissance. Platon dans Hippias majeur essaie de lui faire dire qu,il y a une différence entre « qu,’est ce qui est beau  » et « qu ‘est ce que le beau. » Toute la philosophie occidentale est néé de là…jusqu’à Nietzsche qui a renversé Platon ,mais pas Socrate. Lao tseu nous dit ce quI est est ETest vide.C’est encore de la maïeutique

    • Alain Gourhant dit :

      … »jusqu’à Nietzsche qui a renversé Platon ,mais pas Socrate » : que voulez_vous dire par là, Hédouin ? Je croyais que Nietzsche les avait mis tous les deux dans le même sac : c’est à dire des décadents ayant détruit la vision tragique du monde et son art, pour la plate rationalité de la modernité, avec sa dialectique- maïeutique.

  13. hédouin dit :

    Alain et Michel merci pour ces questions sur Socrate.Nietzche reste à son égard un philosophe traditionnel qui n’a pas vu :
    1)que Socrate est un praticien ,qui a de la philosophie une conception active ,aider les personnes à mieux vivre dans leurs idées ,leurs émotions et donc leur corps.Il propose des exercices de réflexologie,des entrainements qui vont modifier leur existence .Exactement comme la méditation,ou toute recherche spirituelle immanente (j’insiste sur immanente).Sa précision ,sa clarté )que les prof’ de philo ont décrété être de l’ironie !) sa chasse à la confusion devaient être envoutantes ,magiques ,comme celles de Lao-tseu .Rapellons qu’il fut condamner pour chercher à pervertir la jeunesse en l’ensorcelant.
    Comme le dit Pierre Hadot ,dont une partie de l’oeuvre ,consiste à rapprocher Socrate et les pré-socratiques de la méditation, la seule question qui importait à ces chercheurs de sagesse était en fait : « Comment vivre ? Comment rendre l’existence plus humaine, la volonté plus conforme à la nature, la pensée mieux ajustée au bien ? »
    2)que Platon s’était servi de Socrate pour mieux vendre le dualisme corps /âme ,qui est – il faut le reconnaitre -une sacrée trouvaille philosophique,qui a « inspiré » les 3 grandes religions monothéistes que Nietzsche renverse bien furieusement,en touchant parfois du doigt qu’il ne faut pas confondre la méthode socratique avec le contenu platonicien .

    Pour moi ,enfin,la maîeutique n’a rien à voir avec la dialectique .,Cette dernière n’est que spéculative,enfin ….elle aurait mieux fait de le rester ou de ne pas croiser les chemins d’un certain Marx.
    Alors que la première est une façon de marcher ,en zigzag,de restaurer en chacun le gout épicé de la valeur de la vie,de sa vie,comme la méditation ,la pause d’Alain et les « dits » de Lao-tseu,et bien d’autres.

    • Alain Gourhant dit :

      merci Hédouin pour ce message,
      c’est clair, je partage votre vision de Socrate, finalement plus proche de Lao-tseu que de Platon, plus proche d’une sagesse bien incarnée, bien existentielle, que d’une philosophie spéculative de type platonicienne. « Comment vivre ? » et non pas « Comment penser la vie ? ». Et dans ce « comment vivre ? » il y a comme une provocation indicible, insupportable et dangereuse du sage qui pervertit la jeunesse prisonnière des moules et programmations dominantes de la société du moment avec ses faux-semblants, ses richesses factices et son goût du pouvoir.
      Rien n’a changé d’ailleurs et ne sommes-nous pas toujours dans l’attente d’un sage de la trempe de Socrate qui viendrait mettre un peu de provocation vitale dans cette longue décadence de notre société actuelle – et ce n’est malheureusement pas Pierre Rabhi qui pourrait tenir ce rôle, comme je l’ai entendu récemment quelque part, même s’il y a une certaine sagesse vitale certes, en ce retour provocateur à la « Terre – Mère », mais pas assez percutante sans doute ni profonde, pour inquiéter qui que ce soit des pouvoirs actuels, et mériter la cigüe…
      Tout cela donne envie de lire Pierre Hadot comme vous nous le conseillez. Son « Eloge de Socrate » aux éditions Allia sera une de mes prochaines lectures.

      Mais en attendant, la mort de François Roustang, jeudi dernier à 93 ans, qui était un des thérapeutes actuels que j’admirais le plus, en particulier dans sa compréhension et pratique de l’hypnose, en attendant, cette mort m’a donné envie de relire ses livres et en particulier celui sur Socrate « Le secret de Socrate pour changer la vie » aux éditions Odile Jacob 2009.
      La vision de François Roustang va tout à fait dans le sens de celle que nous partageons, voici un extrait de sa conclusion intitulée « la Transe » :
      « Se retirer comme il l’a fait tant de fois, dans le vide de la parole réfutée, par toute parole vidée de son sens. Se tenir à l’écart pour exercer le non-savoir, se mettre à l’écart pour retrouver le commencement. Le degré zéro de l’existence, lorsque la pensée n’a pas encore commencé, lorsqu’il n’y a pas eu de sentiment, ni d’intention, ni d’émotion, l’existence nue (…)
      Se réduire à cela, c’est à dire ne rien dire, ne rien penser, ne rien faire, être là simplement en tant qu’humain, ou mieux encore être là comme on est, identique à ce qu’on est et bien sûr sans savoir ce que l’on est.
      La « transe » si ramassée sur elle-même que, sous aucune forme, elle n’a encore déployée ses possibles.  »
      Un Socrate en transe à méditer…

  14. François Degoul dit :

    Bonsoir Alain,

    Je viens de revoir l’Apologie de Socrate pour me remémorer ce qu’on lui reprochait: corrompre la jeunesse et croire non pas aux dieux auxquels croit l’Etat, mais à des divinités nouvelles et différentes ». Comme vous dites le 4 novembre, ce qui « lui a valu la ciguë », c’est « l’accession à un espace de co-naissance supérieur avec le Tout au delà (…) des pensées et des croyances particulières d’une époque. »
    Mais je viens de tronquer votre citation : là où j’ai mis mes points de suspension, vous aviez écrit « au-delà du mental ».
    Que penser de la récurrence péjorativement connotée de cette expression chez vous et dans un certain milieu orientalisant?
    Sur ce sujet je vous avais récemment envoyé quelques lignes à titre personnel, et vous m’avez répondu ceci :

    « Je ne comprends pas pourquoi désormais vous communiquez ainsi avec moi par mail, de manière confidentielle, pour ainsi dire.
    Je préférerai que vous mettiez vos messages sur le blog, suite à mon dernier article sur le silence,
    cela permettrait peut-être à d’autres personnes de profiter de nos confrontations,
    en tout cas il faut l’espérer.
    bien à vous
    alain »

    Certes, relisant nos échanges passés, je vois la distance qui sépare nos repères: à l’aristocratique taoisme des origines je préfère l’espérance active d’un monde meilleur par rayonnement des efforts individuels (où la méditation prend place).
    Je sais aussi nos différences de personnalité, et le risque de me voir censuré quand votre imparable rappel à fuir ce « mental » sifflera la fin de la récréation.

    Mais puisque vous m’y invitez, je reproduis ici l’essentiel de ce que je vous avais écrit
    Le 01/11/2016

    « Dans ce dénigrement du mental, au delà du paradoxe que vous repérez (N.B. se servir du mental pour donner le désir de l’évacuer), un autre me semble plus grand encore :

    Si, comme il me semble, dans la « hiérarchie » des niveaux humains, chez Ken Wilber par exemple, le mental se situe certes au-dessous du « sprirituel » mais au-dessus du « physique », alors pourquoi le mental serait-il paradoxalement moins digne que le physique, auquel le yoga et les techniques respiratoires font un si grand honneur?

    Corps physique et mental me semblant tous deux capables du meilleur et du pire – l’écrasement de l’autre, qu’on joute verbalement ou « casse la gueule » -, je ne vois pas pourquoi faire porter toute la responsabilité de ce pire au « mental » :

    Voilà pourquoi ce dénigrement du mental m’interroge et voilà pourquoi je suis curieux d’en connaître l’historique :
    Pasionné par l’histoire des idées, je découvre là une faille dans mes connaissances. »

    Suite à ce mail, j’ai trouvé sur Google un site sur cette façon à la mode de dénigrer le mental et ses origines. Ca rejoint une discussion que nous avons eue sur ce mail du 18 au 20 mars, et où j’ai eu le sentiment que vous ne souhaitiez pas m’entendre…

    Mais du coup je vois encore mieux ce qui chez moi, outre ce que je viens de dire, passe mal dans ce « dénigrement du mental ».
    Ca me renverrait à la fois au commentaire de MD le 23 janvier et à ce que j’ai trouvé sur internet.
    A votre gré je choisirai de le dire brièvement ou, comme vous, la pause d’un long silence.
    Cordialement
    François

    • MD dit :

      Mon cher François,

      Pour vous aiguiller dans votre questionnement, je vous suggère de reprendre le deuxième point du commentaire de ClaudineD le 20 janvier : « … observer les affrontements… illustrait très bien le choc des ego… suivre ces affrontements avec un peu de recul… apporter le regard de quelqu’un d’extérieur au débat ». Quelle ‘substance’ tirer de sa remarque ?
      Qu’il s’agit d’un « ego »… qui se veut toujours vainqueur (j’ai raison). Ou d’un ‘mental alité’, parce que malade de lui-même. Mental… Si Platon a l’avantage d’avoir popularisé sa caverne, Socrate nous demanderait d’abord : « Mais qu’est-ce que le mental ? ». Ou comment appliquer sa maïeutique à nous-mêmes : une prise de recul face à nos opinions (faire table rase) pour entreprendre une ‘investigation’ (matérielle et spirituelle), tel un chercheur extérieur à notre tourment intérieur. Bien que surprenante, une évidence pointe doucement son nez : l’ego (cette partie mentale qu’Alain ‘dénigre’) se calme et admet que finalement il ne sait pas grand-chose par rapport à ce qui lui reste à apprendre, à comprendre, à ressentir en soi. Une humilité ‘naturelle’ qui permet de s’ouvrir aux autres, à l’inconnu, au Mystère… Une ‘Conscience’ (cette partie Mentale vers laquelle Alain tente de nous conduire) qui englobe et dissout les opposés et les hiérarchies, le physique et le mental, l’adulation ou le dénigrement… dans un Tout qui se perçoit dans le « Silence ». Pour reprendre mes propres termes (ceux justement du 23 janvier) : « Tel qu’être assis devant l’océan ou un paysage et où l’on ne ‘pense’ à ‘rien’ en se sentant pourtant en fusion avec Tout ». Ce qui est en écho aux mots d’Alain (21 janvier) : « la Conscience capable de prendre du champ ou de la hauteur et voir que les opposés venant de la pensée se complètent » et (11 novembre) « Laotseu, après le défrichage socratique sur notre vraie nature, nous entraîne avec lui au sommet de la montagne dans le silence ultime ». Ou, peut-être de manière plus perceptible et pragmatique, ce qui distingue un état mental ‘enfant’ (capricieux, colérique et qui se prend pour le nombril du monde), d’un état mental ‘adulte’ (sensé, lucide et responsable) : une ‘Maturation’. Et pour celle-ci, certaines « Pauses » sont utiles… (sourire). Entre autres, elles peuvent nous permettre de sortir du système de pensée ‘binaire’ (dualité, dans laquelle vous êtes trop impliqué), pour en découvrir de nouveaux : tétravalent, relativiste, systémique (complémentarité des antagonismes), 4D… tout en y adjoignant différentes ontologies : naturaliste (société actuelle), animiste, totémique… Puis, petit à petit, faire entrer tout cela en résonance, tel un kaléidoscope, une fractale ou un hologramme. Et le « Silence » se fait de lui-même…

      Bien à vous,
      MD

  15. Alain Gourhant dit :

    Je vous remercie Michel dans ce que je crois comprendre être ma défense,
    et je voulais dire à François que cela ne m’intéresse plus de discuter avec lui ; je préfère lui répondre par un grand Silence avec un sourire au milieu, plutôt compassionnel…

    Plus intéressant me semble être dans le journal « Le Monde » daté d’aujourd’hui (mercredi 30 novembre), le bel éloge d’Elisabeth Roudinesco au sujet de François Roustang.
    Je ne résiste pas à la tentation de citer la fin de son article qui montre l’importance considérable de ce dernier :
    « Ayant abandonné la cure freudienne pour se tourner vers l’hypnothérapie, il reste le trouble-fête de la psychanalyse en refusant, à juste titre, les cures interminables qui ne servent selon lui, qu’à enfermer le patient dans un repli narcissique (…)
    il explique que la meilleure manière de transformer sa vie, c’est d’effectuer un « retour au présent », de s’asseoir dans un canapé pour y trouver un nouvel espace existentiel, de cesser de se lamenter sur son passé et, enfin, ne rien faire d’autre que d’accepter sa souffrance pour mieux l’évacuer par un cheminement intérieur et un éveil au monde. »

  16. François Degoul dit :

    J’aimerais répondre, Michel D. à votre bon message du 27, mais il y aurait, Alain, après votre réponse du 30 , quelque chose de cavalier à le faire sur ce blog, qui vous appartient.
    Puis-je donc répondre personnellement à Michel, et comment ?
    François

    • Alain Gourhant dit :

      « cavalier » ?
      je ne comprends pas, mon cher François,
      ce ne serait pas la 1ère fois que deux personnes discutent entre elles sans mon intermédiaire sur des messages qui les concernent sur ce blog… ?

  17. François Degoul dit :

    J’ignorais, Alain, cette fonction conviviale de votre blog, l’apprécie, et la mettrai en œuvre.
    Amitiés.
    François

  18. hédouin dit :

    Merci Alain pour ces forts rappels suite à la disparition de François Roustang.A cette annonce ,je me suis replongé dans ma bibliothèque à la recherche du fameux « comment faire rire un paranoïaque » ,qui, il y a 20 ans au cœur de mes activités de consulting ,fut un vrai choc .Entouré de collègues lacanophiles ,j’étais enfin libéré de leur domination.
    Avec Roustang il ne s’agissait plus de construire des discours d’idées ,de pensées clos (même quand ces discours faisaient semblant d’être ouverts ) mais d’initier d’autres manières -non pas tout de suite d’agir -mais d’aider à installer des fondations plus solides ,d’autres chemins de vie pour nos responsables d’entreprises .
    Quand certains rechignaient ,je me revoie leur dire , « ok, si vous vous voulez des châteaux de cartes,je peux aussi vous en donner et des … très bons ! » .
    Ils revenaient ensuite en me disant « mes collaborateurs ont rebattu les cartes ….. »
    Et le responsable me disait , « mais moi je ne me retrouve plus dans leur mélange de cartes…. »
    C’était risqué pour un consultant.
    Je lui disais , « êtes vous prêt à donner mon n° de téléphone à chacun en leur disant que j’attends que l’un d’entre eux m’appellent…. »
    Et moi ,me disait le responsable « je peux aussi vous rappeler ….. »!!!

    • Alain Gourhant dit :

      Cette métaphore du jeu de cartes et d’oser rebattre ses cartes intérieures (du mental), me semble être une excellente métaphore, aussi bien pour une entreprise que pour un individu.
      Et c’est dans ce passage confus et embrouillé entre deux jeux de cartes, que peut advenir sans doute la création, l’inopiné, le non-savoir et le non-connu.
      C’est un peu à ce jeu que je joue en ce moment avec mon blog : je rebats les cartes et je me demande bien où je vais ?… Il se peut que l’âme de François Roustang en frétille d’aise !…

  19. Alain Gourhant dit :

    A ajouter dans le dossier de Socrate du côté de Lao-tseu, Bouddha et tous les éveillés illuminés, ce passage écrit par Osho dans le livre « Contemplations du soir » éditions Almasta VII, 15 :
    « Socrate disait à la fin de sa vie :
    – « Je ne sais qu’une seule chose, c’est que je ne sais rien. »
    C’est alors qu’il est devenu le plus grand sage de l’Occident.
    Il n’était plus un philosophe. Il s’éveilla et devient illuminé. Il fit alors partie de la grande compagnie des bouddhas. »

  20. hédouin dit :

    ….à lire aussi le très bel article François Roustang dans La Croix « Socrate ouvrait aux autres chemins de vie ».Dans mon précédent post ,je raconte l’histoire des chateaux de cartes ,je ne sais plus où je l’avais trouvé ,mais très efficace pour troubler les marchands d’idées….

    • MD dit :

      Suite à l’échange avec Hédouin sur le rebattage de cartes, ci-joint ma pensée du jour…

      Très intéressant ce ‘rebattre’ les cartes… dans le sens où c’est avant tout la société qui a rangé ces cartes – en nous – dans un ordre bien précis et qu’elle veut inamovible. Par un ‘battage’ idéologique et médiatique, c’est dans un ‘casino’ du bonheur artificiel qu’elle nous fait jouer une ‘belote’, où l’atout est la carte consommation, individualisme, égoïsme… Nous ne sommes peut-être donc pas les premiers responsables.
      En citant François Roustang, « les cures interminables qui ne servent selon lui, qu’à enfermer le patient dans un repli narcissique », cela ne me semble pas concerner que la psychanalyse, mais aussi tout ce coaching de ‘développement personnel’ actuel… qui, finalement, ne vise qu’à replacer nos cartes dans le sens décrété par la société : n’être qu’un ‘esclave’ dont le ‘temps de cerveau disponible’ ne doit être consacré qu’à un certain soda pour être ‘heureux’.

      Alors que déjà, en plus de sa maïeutique, la « morale » de Socrate est justement faite pour être une antie-[introspection narcissique et égotiste], cela me rappelle aussi Des‘cartes’ qui avait quand même une bonne idée à la base. À savoir que son « cartésianisme » (à ne pas confondre avec la notion actuelle d’esprit cartésien) dit à peu près quelque chose comme « Pour atteindre à la vérité, il faut une fois dans sa vie se défaire et reconstruire, et dès le fondement, tout le système de ses connaissances ».
      Et nous avons tous cette carte de la « conscience » en nous… Alors sachons la jouer en « atout » pour mettre capot l’adversaire !
      –MD–

      • Alain Gourhant dit :

        Je me demande, Michel, si Descartes illustre bien ce que Jean-Pierre Hédouin veut nous faire comprendre avec cette métaphore du jeu de cartes, qu’il est indispensable de « battre  » pour se retrouver en position de « non-savoir », de non-vérité », de « non-croyance », etc…
        Certes, Descartes a commencé par le doute, en battant ses cartes, mais il est revenu un peu vite, au galop, il me semble, dans le culte « des idées claires et distinctes » et de la « vérité », il a figé avec beaucoup trop de hâte son jeu, pour devenir un bon, « massif » et ennuyeux philosophe, loin de cette sagesse socratique déconcertante, comme François Roustang l’aimait :
        « les certitudes du passé sont jetées dans un fond d’incertitude, dans un chaos, où l’indétermination de toute pensée et de tout agir vont pouvoir faire place à des possibles jamais soupçonnés (…) Comme le chamane, Socrate fait perdre la tête (…) Il s’agit d’une transe (que l’on nommerait aujourd’hui état hypnotique), donc d’un passage, donc d’un moment de vide inquiétant. Et il arrive à Socrate de laisser son interlocuteur dans le désarroi, sans nul souci de lui venir en aide. »
        article de François Roustang au journal « La Croix » cité par Jean-Pierre Hédouin « Socrate ouvrait aux autres chemins de vie » et que l’on peut trouver in extenso sur internet en tapant ce titre.

        • MD dit :

          Descartes et des maux… des cartes et des mots

          « Je me demande, Michel, si Descartes illustre bien ce que Jean-Pierre Hédouin veut nous faire comprendre avec cette métaphore du jeu de cartes »
          Alain, même s’il avait un sens philosophique, l’axe général de mon commentaire était avant tout « humoristique » et, à défaut de métaphore, Descartes n’était point illustration, mais calembour (Des‘cartes’) ! Et il prenait sens au discours, non pas par toute sa philosophie, mais par « une » de ses idées qui, dans son textuel (et pas forcément sens), a un certain écho à Socrate (maïeutique amenant à s’affranchir des idéologies et théologies).

          « Et c’est dans ce passage confus et embrouillé entre deux jeux de cartes, que peut advenir sans doute la création, l’inopiné, le non-savoir et le non-connu »
          Et l’humour ! Car, point n’est besoin d’être ‘trop’ sérieux pour battre nos cartes. Bien au contraire, la « Joie » est un ferment « constructeur ». Sinon pourquoi donc notre cher Lao-Tseu était si… goguenard ? (sourire). La docte autodérision est sûrement un des meilleurs outils au ‘lacher-prise’ de l’ego. Parce que si c’est lui qui bat les cartes, ce n’est qu’un retour à la case départ : à la place d’une ‘belote’, ça sera les machines à sous et à la place d’un ‘casino’, ça sera une banque ! (rires).

          Cependant, sincèrement désolé si cela perturbe un certain hommage à François Roustang.
          –MD–

  21. hédouin dit :

    Reparlons de Descartes ,qui est ET qui n’est pas cartésien.Il l’est lorsqu’il entreprend d’expliquer par quelle méthode Galilée est devenu Galilée,soit un scientifique ou plutôt un physicien ( notons au passage ce goût des philosophes pour expliquer ce qu’est la science …sans en faire bien sûr!).Mais il ne l’est pas (cartésien )quand dans le « je pense »,il cherche surtout à approfondir le JE.Sans parler du « JE doute » ,où la peur ,la rêverie,l’imaginaire ,mettent tout » hors jeu » ,rebat des cartes et « rabat » Descartes,notre penseur presque au rang d’un poëte!Je crois me souvenir de quelques pages saisissantes où il explique que la vertu sans le plaisir n’est pas le bonheur!Comme il est dit souvent ici le mental seul ne produit pas d’idées de vie,mais le contraire.

    • Alain Gourhant dit :

      Socrate, c’est bien, Descartes ce sera plus difficile de le positionner comme un sage, même avec tout l’humour ou la dérision nécessaire, et je ne vois pas très bien François Roustang se lancer dans ce plaidoyer impossible.
      Car quel est la grande différence entre Socrate et Descartes ?
      Contrairement à Descartes qui était un bavard comme tous les philosophes, Socrate n’a rien écrit, il n’a pas laissé de traces pour figer sa pensée dans des dogmes et des croyances. Il a préféré le silence afin de laisser la place à la postérité pour échafauder des hypothèses sur le sens de sa présence dans la cité athénienne,
      présence énorme, à l’origine de la philosophie occidentale via Platon,
      mais surtout présence à l’origine d’une certaine forme de sagesse, via Diogène, mais surtout via Lao-tseu qui vivait à la même époque, à l’autre bout du monde.

  22. hédouin dit :

    J’entends bien sûr l’étonnement d’Alain sur Descartes ,mon propos (que je vais expliciter un peu plus loin )dépasse lui seul pour s’étendre aux quelques philosophes que je connais un peu .Descartes est souvent peu cartésien par exemple dans les bien nommées Méditations (eh oui !) Métaphysiques où le doute ,le rêve,le Malin Génie ,l’imagination ,les passions …occupent une grande place et troublent ses règles de méthodes .Spinoza tellement rigoureux ,exhaltant de concepts forts parle encore mieux de la joie ,de la béatitude ,des affects.Même Hegel dans son Esthétique est fort peu dialecticien me semble-t-il .Et Freud nous dit F.Roustang, parle si profondément de l’inconscient …quand il n’en parle plus en psychanalyste !et Marx est peu marxiste dans son évocation subjective de la douloureuse souffrance humaine !
    Ne serait-ce pas les commentateurs académiques de ces philosophes ,qui en ont fait des fous de raison mentale alors qu’ils n’étaient que des fous de sagesse passionnée .
    Oui .Rebattons les cartes indéfiniment.

    • Alain Gourhant dit :

      oui, je suis d’accord avec vous, Jean Pierre, pour souligner l’importance des commentateurs académiques ou autres, qui déforme une oeuvre philosophique vers leurs projections personnelles.
      Pour nuancer, on pourrait peut-être dire qu’il existe des voies d’accès à la sagesse fort différentes et que Socrate fait partie de ceux qui proposent une voie plus existentielle, une manière d’être qui se méfie des mots, des pensées, des croyances, et que dans la tradition philosophique occidentale, ils sont plutôt rares ceux qui s’aventurent sur ce chemin, ce qui est une grande différence avec l’Orient.

      • MD dit :

        Alain et Hédouin,

        Quelle que soit l’époque, je pense qu’il ne faut pas essayer d’assimiler les différents philosophes avec les grands Sages. Ceux-ci étaient en parfait écho avec le Tout. Ce qui est loin de n’être qu’un symbole, mais bel et bien l’humain tel qu’il est constitué, fonctionne et ‘devrait’ vivre, de façon Naturelle : le principe de dominance et sa loi du plus fort n’est qu’une invention de psychopathes égocentristes.
        À mon sens, les philosophes ne sont que des ‘apprentis’ de la sagesse et à partir d’une intuition Naturelle, tournent sans cesse autour de ce pot du Tout sans vraiment l’atteindre. À leur décharge, et à la nôtre d’ailleurs, leur cheminement est en partie contradictoire (comme vous le précisez, Hédouin) parce qu’inconsciemment parasité par la doctrine ambiante. En Occident, elle reste imprégnée de croyance matérialiste dans un arrière-plan judéo-chrétien, et en Orient, reste sous l’effluve d’un certain impérialisme.
        Bref, ils rebattent sans cesse les cartes, alors que les Sages n’ont plus à le faire…

        J’aime bien votre idée, Alain, de Socrate qui n’a rien écrit pour ne pas figer sa pensée dans des dogmes et des croyances. Trop facile de suivre une méthode en 10 leçons (développement personnel à la mode) sans comprendre ou ressentir l’essentiel, l’essence même de nous-mêmes. Et du coup, l’ego en resterait roi… du monde.
        Non, au contraire Socrate réalise le plus beau tour de force qui soit : nous placer « face » à nous-mêmes. Sans leçon, sans dogme, sans récompense, sans punition, sans… ‘rien’. Un vide, un silence, une pause. Celle ou l’ego ne peut que mourir (bouddhisme) ou lâcher -prise (taoïsme) pour ressentir et « Vivre » en harmonie et Juste mesure de ce Tout, spirituel et matériel :
        – la « Sagesse », dont le précepte général est que « Le sens inné de la Totalité est universel et s’exprime par l’organisation de la nature, son unité et l’interdépendance de tous les êtres, minéraux, végétaux et animaux » ;
        – la ‘Science’ actuelle, qui confirme que nous ‘portons’ l’Univers en nous, car tous les noyaux des atomes qui nous constituent ne sont pas nés sur Terre, mais ont été engendrés il y a plusieurs milliards d’années lors du déclin d’étoiles bien antérieures au Soleil (‘Poussières d’étoiles’, Hubert Reeves, astrophysicien).

        Nous sommes les enfants de ces étoiles… Une pensée qui peut prendre vie dans un profond Silence.

  23. hédouin dit :

    Merci pour vos réponses Alain et MD.Depuis une douzaine d’années,je satisfais mes désirs de spiritualité dans ce monde -çi ( j’insiste sur ce monde d’ici et non de là)par la méditation ,l’hypnose ,l’auto-hypnose,le yoga vocal sur l’alphabet sanskrit et le mouvement.Ces pratiques ont renforcé ma spititualité jusqu’alors sarisfaite, par mon amour de la beauté naturelle et artistique ,la musique ,la peinture et surtout la poésie.Paul Valéry :  « Les mots sont des planches jetées sur un abîme, avec lesquels on traverse l’espace d’une pensée, et qui souffrent le passage et non point la station ».
    Les mots et les sons exhalés ne sont que de passage ;une trace fugitive dans la poésie ,je retrouve dans la respiration et surtout dans l’expiration ,une trace encore plus éphémère et plus naturelle.Ces mots et ces sons ,du seul présent ,sont là pour me donner la sensation du Vide ,qui est l’inverse du Néant ,mais qui construisent une vibration ,qui elle reste sinon pour l’éternité du moins pour le reste de ma vie.
    Cette vibration se substituera dans l’Energie vitale à la peur et à l’angoisse ,face aux difficultés ,comme par miracle !
    Voici pour quelle raison en ce qui me concerne ,je n’ai pas l’expérience du Tout ,ni de la Totalité;qu’en matière de sagesse je m’en remets plus au Vide de l’Expiration ou de l’Art,fidèle en cela je crois au Tao, et aux signes donnés par l’Art.
    Voici aussi pour quoi je n’oppose pas l’Orient et l’Occident,où ses philosophes ont produit des systèmes (parce que la religion leur demandait, et ensuite la science,?),tout en ayant la sagesse (l’éthique ) de ne pas se les appliquer à eux -mêmes,dès la première occasion.

    • Alain Gourhant dit :

      Merci Hedouin, c’est un beau message qui rend bien compte de votre cheminement personnel vers le Spirituel, la Transcendance, le Transpersonnel, etc, – peu importe comment on appelle ce niveau d’être, qui heureusement intéresse encore pas mal d’êtres humains, malgré le lavage de cerveau mondialisé de notre « économicotechnoscience » contemporaine, qui conduit l’être humain à cette catastrophe, dont nous voyons exploser les signes multiples chaque jour.

      Cette recherche je m’y retrouve ;
      par contre je ne vois pas trop de contradiction à ce niveau d’être, dont nous parlons, entre le Vide et le Tout. Je ressens qu’ils s’interpénètrent ;
      d’aillleurs certains ont eu raison de traduire le Vide « Shunyata » en sanscrit, par Vacuité et les tibétains parlent de vacuité lumineuse, tandis que d’autres parlent de vacuité ténébreuse. C’est à chacun son expérience, dans le bonheur de partager la diversité de ces expériences spirituelles.
      Où le bats blesse, c’est quand n’importe quel système qu’il soit philosophique ou religieux s’en mêle, alors on voit arriver le petit et redoutable prédateur humain, qui veut défendre « bec et ongle » son territoire « symbolique » contre les autres territoires.
      Complétement en phase avec vous au sujet de la poésie et de l’art, comme meilleur langage pour rendre compte de l’expérience spirituelle. C’est une part importante de ce que j’ai voulu exprimer dans ce blog : il y a 71 articles qui parlent de poésie…

  24. hédouin dit :

    Un retour sur la place du mental.Ce qui fait problème ce n’est pas tant le mental en soi,c’est la croyance en son omnipotence.Montesquieu voyait dans la séparation des pouvoirs ,l’un des principes fondateurs de la démocratie .Il en est sans doute de même ,de la vie bonne.Le mental ne peut pas être juge et partie de nos idées.Il sait produire des idées ,comme la poule sait produire des oeufs.Toutefois la poule ne sait ni préparer ni faire cuire une omelette ,elle ne sera jamais la Mère Poulard.Il en est de même du mental qui sait pondre des idées ,mais pas les utiliser ,les faire agir ,les supprimer,j’irais même plus loin ,le mental ne sait pas mettre ses idées AU monde.Il le croit ,mais c’est une faute grave.D’où la folie actuelle des sociétés et leurs impasses mortifères ,par intrusion permanente du mental dans le vécu même le plus banal (qui ne l’est d’ailleurs jamais !).
    En disant cela nous limitons le mental à une usine de production .Les philosophes de la transcendance (c’est à dire 90% d’entre eux ) vous traitent alors d’utilitariste,de fonctionnaliste ,de pragmatique anglo-américain et autres insultes dans leur bouche .Et pourtant l’oeuf n’EST (nait ) QUE dans l’omelette,même s’il n’existe plus avec sa coquille séparée du blanc ,lui même séparée du jaune .
    Vous avez des stylos qui, pour vous n’en sont pas ,car vous n’écrivez pas BIEN avec ,ce sont des objets et non une chose du monde (écrit ,lu,rêvé,aimé ..).Ce stylo objet n’a aucune valeur ,comme toutes ces idées ,qu’aucun geste du coeur ,n’accompagnera jamais …. »ce n’est pas le cadeau qui compte mais le geste » dit le sens populaire.
    Le mental de Hegel peut produire la dialectique ,mais mon corps quand je nage ne perçoit rien de rien de cette dialectique.Je rectifie en permanence mon corps ,mes sensations ,mes émotions et c’est comme ça que je nage de mieux en mieux et surtout avec de plus en plus de plaisir .
    En sortant de la mer ,je suis incapable de « penser » la mer et l’air en même temps ,c’est mon corps qui s’adapte dans cette sensation chaque fois inédite,où je ressens bien la mer et l’air en même temps.Mon attention n’y est jamais la même ,elle échappe à ma connaissance personnelle .En écoutant plus tard LA MER de Debussy, ce sont ces sensations qui rendront à ce moment là ma posture d’écoute pleine de joie.Il se peut qu’à mon corps consentant le conscient et l’inconscient aient quelque chose à voir là- dedans,voire la dialectique (respectons aussi les fétiches des mentaux!),mais l’essentiel n’est pas là .

  25. MD dit :

    Hédouin, je perçois et partage ce que vous exprimez. Cependant, je pense utile de clarifier un point « essentiel » sur ce ‘mental’. Si ses différents discours peuvent partir un peu dans tous les sens, ce n’est pas pour rien : ce terme de ‘mental’ n’est ni plus ni moins qu’un substantif ‘fourre-tout’.

    Car, par une certaine table rase socratique (maïeutique), l’on arrive aux constatations (non exhaustives) que ce ‘mental’ n’est ni un organe à part entière, ni une entité précise, ni une fonction déterminée, ni un concept précis, unique et délimité, qu’il a plusieurs définitions suivant ce que l’on considère (biologie, psychologie, intellectualité, philosophie…), que l’ego n’est qu’une ‘partie’ autocentrée sur la conception de ‘soi’, qu’il génère une ambiguïté lorsqu’il est synonyme ou confondu avec l’Esprit, l’âme ou l’intellect… Bref, qu’il est « multidimensionnel ».

    Et que de ce fait, il y a des centaines de façons d’en parler, de le concevoir, définir et délimiter par des ‘repères’, choisis pour le coup… par l’ego lui-même. En effet, pour ne pas tergiverser sur tous ces possibles et s’y perdre, il enferme alors ce mental dans une seule et unique dimension qui le rassure et qu’il décrète en évacuant les autres dimensions. Même si cette dimension est variable selon ce dont cet ego parle, elle est en tout cas et à chaque fois extraite et séparée de l’ensemble des possibles. De fait, l’accession à une « mentalité » reliant la pluralité à l’unité nous échappe et l’on se retrouve avec un ‘mental alité’, parce que malade de lui-même : ses choix sont d’abord orientés par un principe de « dualité » qui, ‘excluant’ des possibles, ne peut donc rien relier. Et c’est là un point clé pour une évolution potentielle : soit l’ego en reste là et trucide (folie de la société) qui n’est pas d’accord avec lui, soit il accepte une démarche lui permettant de s’orienter vers un principe… « inclusif ».

    Celui pour lequel Alain nous propose une voie (parmi d’autres). Ou celui que vous, Hédouin, « vivez » et nous racontez : « Je rectifie en permanence mon corps, mes sensations, mes émotions et c’est comme ça que je nage de mieux en mieux et surtout avec de plus en plus de plaisir ». Il s’agit là ni plus ni moins que d’une « maturation » des différentes perceptions qui, pour mûrir, s’organisent (le sens ‘Harmonique’) dans leurs interactions pour une efficacité optimale (le sens du ‘Juste’). Et pour ce faire, il n’y a plus de ‘dualité’, mais de la nuance, de la subtilité, de la complémentarité, du bon sens… Et pour vous convaincre qu’il s’agit bien là d’une ‘non-dualité’, posez-vous la question de savoir quel élément ‘domine’ les autres dans votre organisme. L’ego ? Il ne domine pas, il ‘dérive’ : par un emballement narcissique au détriment des autres et de l’environnement, il en devient maladivement « imbu de sa personne » en décrétant des convictions « morales » (j’ai raison / t’as tort) qui légitimeront son principe de « domination » régi par sa ‘loi du plus fort’. Ou plutôt du plus fou…

    Bref, mental ou pas mental, ego ou pas ego, l’« Essentiel » est une démarche « inclusive ».

    • Alain Gourhant dit :

      C’est un joli paradoxe que de se lancer dans une discussion sur le mental, pour un article dédié au silence et à la poésie.
      Le danger, comme MD le souligne, c’est de se perdre dans une multiplicité de définitions ou de points de vue, de sorte que le mental en sorte renforcé en sa nature de porte-parole de l’ego de chacun, dans une prolixité de mots et de pensées, où il sera bien difficile de s’y retrouver.
      Je regardais hier soir Michel Onfray à l’émission TV de la Grande Librairie ; c’était un exemple typique de ce mental fier d’avoir réinventé à lui tout seul dans son dernier livre, l’histoire du judeo-christianisme, dans une sorte de logorrhée verbale ne souffrant aucune contradiction dans la défense acharnée de son territoire symbolique.

      Une manière peut-être de couper court à ce danger egotique du mental, c’est de prendre du recul en proposant par exemple des « images » ou des métaphores, qui en rendent compte de manière « inclusive » comme le dit MD.
      Une image intéressante consiste à comparer le mental à « un miroir brisé », tandis que la Conscience capable de « l’inclure et de le transcender », serait un grand miroir intact, capable de refléter le Tout dans la diversité de ses manifestations.
      Les brisures de ce miroir cassé du mental, ce sont toutes ces bribes de pensées et de mots qui sous l’emprise des pulsions prédatrices de l’ego, deviennent autant d’armes dangereuses pour attaquer ou se défendre.
      La nécessité se fait alors pressante de se tourner vers la Conscience originelle, ce grand miroir lumineux capable de refléter toute chose en son étreinte unifiante. On pourrait même dire que cette quête vers la Conscience afin de transcender le mental, représente le chemin évolutif privilégié de l’être humain.

      Mais comment faire ? Comment retrouver ce chemin, quand c’est partout le mental qui règne dans son débordement sans limite, comme actuellement avec l’explosion du monde virtuel, sa pléthore infinie de signes formant un nuage inquiétant, voire asphyxiant ? Comment sortir de cette emprise délétère du mental mettant régulièrement en danger le devenir de l’espèce humaine ?

      La principale méthode préconisée, la plus simple mais aussi la plus difficile, consiste à observer avec attention, dans l’immobilité silencieuse de la Conscience témoin, les manifestations intempestives du mental, tous ces morceaux de miroir brisé qui s’accumulent comme de dangereux déchets .
      Cette observation en toute conscience, chacun individuellement, de la folie contagieuse du mental, permet de créer peu à peu à l’intérieur de soi-même, des espaces de « non-mental », c’est-à-dire des traces, d’abord fugitives, de ce grand miroir lumineux de la Conscience, afin qu’il devienne de plus en plus présent et recouvre de son paisible reflet notre être réconcilié et unifié.

      Vaste programme de cette évolution intérieure au-delà du mental, dont la meilleure méthode d’accès à la Conscience, préconisée depuis des millénaires, est sans doute la méditation, à condition qu’elle devienne quasi permanente, comme notre véritable Nature enfin retrouvée.

      S’invite alors la possibilité de transfigurer le mental à la lumière du miroir de la Conscience, de sorte que les mots et les pensées ressemblent à de la Poésie enveloppée de silence…

  26. hédouin dit :

    Merci à vous deux de m’accompagner par ces échanges ,dans la poursuite d’une catharsis , tantôt comique ,tantôt tragique ,qui me permet de me dégager de cette vision de la supériorité du
    mental .
    Cette supériorité venait d’une part de ma formation universitaire en philosophie et en sciences économiques et sociales et de par ma pratique de consulting en stratégie et management dans des grandes entreprises.La conception platonicienne et chrétienne – que la supériorité de l’homme résiderait dans l’enveloppement de ses idées (et plus encore dans les idées construites par les philosophes! et plus tard par les statisticiens ! la modélisation coûts-avantages- ,a été ma référence jusqu’il y a une quinzaine d’années .
    Une caricature s’est imposée à moi,le mental est une machine à produire des idées,c’est pas mal , mais si ce n’est que cela et laissé seul à seul ,le résultat n’est la plupart du temps que cette « folle du logis » dont parle Montaigne,la diarrhée verbale d’un Onfray parmi tant d’autres,le délire des médias.
    Le mental a son principe majeur en lui même .Comme tout processus de production il se détraque souvent, sous la direction d’un petit chef qui s’appelle l’ego ,les solutions sont pires que le problème .Il produit alors des idéologies presque toujours mortifères ,qui dévorent le monde ,comme Chronos dévore ses enfants.
    Entre parenthèse vous demandez ce qu’est le mental (je n’en ai qu’une réponse ), le mental c’est Chronos ,sinon le temps du moins la mesure du temps .Au diktat du temps compté correspond le diktat du mental dominant .
    Tout à fait d’accord Alain, le dégagement s’est fait à partir des images ,des métaphores ,des méthonymies ,de toutes les belles figures stilystiques ,des plus populaires aux plus sophistiquées; beaucoup de la contemplation , la peinture ,plus encore du théâtre Le théâtre a crée chez moi une jubilation joyeuse de tous les instants ,en étant le miroir du monde …qu’il brise en 1000 éclats en le représentant ,pour nous dire tout simplement que la vraie vie n’est pas représentable (ce que fait aussi pour moi la peinture).
    Avec deux/ trois amis , Roger Laporte déjà évoqué ,Max Pagès ( qui dynamitait les dogmes managériaux auxquels je formais les cadres d’entreprise) et aussi de belles relectures :non Pascal n’est pas angoissant ,non Nietsche n’est pas nihiliste ,et sutout Spinoza , »naturellement ,il y a une sqpiritualité immanente! »
    La Peur ,la Peur ,la Peur …quand même!
    Je dus bien me rendre à l’évidence que produire des idées n’a rien à voir avec les intégrer jusqu’à dilution au vivant .Avec ce qu’est le vivant: les sensations ,les affects ,la corporalité ,le vide,l’imaginaire .La pensée alors se trouve naturaliser ( je reste spinoziste !)dans les lois du vivant,au point de ne plus les distinguer ,les séparer .Même pas un roseau pensant mais le vent qui enveloppe le roseau ,qui siffle alors? réponse impossible donc question inutile.
    Comme des miliers d’autres.
    Ce qui me permit comme le dit Alain « de créer peu à peu à l’intérieur de moi-même, des espaces de « non-mental », c’est-à-dire des traces, d’abord fugitives, de ce grand miroir lumineux de la Conscience, afin qu’il devienne de plus en plus présent et recouvre de son paisible reflet notre être réconcilié et unifié ».
    La méditation ,certaines formes de yoga,l’auto -hypnose furent des activateurs de puissance dans cette voie.
    Naturaliser le mental .Inscrire le mental dans la vie active et affective .Remettre le mental dans le vivant,non en surplomb mais les mains dans les émotions et les pieds dans la corporalité ,la vitalité alignée sur les origines du monde.
    Et pour aller plus loin ,il est vrai que le mental dans le vivant-vivant n’est jamais aussi bien à sa place que lorsqu’il s’oublie ,qu’il oublie qu’il est le mental avec sa lourde histoire des idées mort-nés .
    C’est comme la perception qui ne perçoit plus rien ,à force d’habitude ,c’est en ne percevant rien de précis qu’elle commence à percevoir l’imprecis ,l’éphémère ,une couleur qu’elle ne reverra jamais plus ,merci la peinture de nous offrir des sessions de rattrapage à bon compte.Le mental qui oublie d’être le mental entre en symbiose avec la corporalité ,les émotions ,les affects ,sa part imaginaire et c’est vrai qu’alors sa part rationnelle est un peu riquiqui mais il doit payer le prix de son outrecuidance à jamais perdu et fort heuresement.
    il existe un film turc que j’aime bien , »Winter sleep » ou Sommeil d’hiver ,qui raconte bien cette métamorphose douloureuse « ,Le Guépart » aussi ,celle de Visconti lui même.
    Je cite Alain reprenant Francois Roustang sur la continuité et la prise en compte de tous nos liens avec le monde. « La perceptude ne peut être circonscrite et mise à distance. Elle est l’aire où nous ne sommes plus des observateurs fixes faisant face à des objets ; elle est le territoire dont nous participons pour en devenir une part insécable. »
    Voilà,c’est mon « …. » parcours initiatique,il est loin d’être achevé ,bien entendu

    • MD dit :

      « Supériorité ». Comme pour le mental, le problème est cette notion de supériorité que l’on colle pareillement à toutes les sauces. Avec généralement une seule perspective, celle de « se dépasser » : un emballement ‘égotique’ qui veut être « plus », plus ‘conscient’, plus fort, plus de plaisirs… jusqu’à être un « Surhomme ». Lequel voudra bien évidemment plus de bien-être, de conscience, de pouvoirs… Bref, à moins de savoir fixer des « limites » par la conscience même de la finitude (qui rejoint le principe de ‘Mort et Renaissance’ d’Alain, article sur le déluge), la machine s’emballe… jusqu’à exploser.

      L’ego, encore et toujours, qui, dans son « narcissisme », veut que tout soit pareil à l’humain pour être digne d’intérêt, ou plutôt que rien n’égale l’humain (auto-choisi et auto-légitimé), lequel d’ailleurs fait tout pour que rien ne puisse lui être… « supérieur ». Un « anthropomorphisme/centrisme égotiste » qui l’extrait, le sépare et l’isole de tout le reste : une évolution ‘horizontale’ du Vivant où, par ‘recyclage’ de l’existant, il n’y a ni centre, ni haut, ni bas, ni supérieur, ni inférieur, ni linéarité progressiste verticale, mais spécialisation par différenciation rétroactive d’adaptation aux contraintes du milieu environnant. L’exemple ‘métaphorique’ le plus évident est celui de nos circuits neuronaux où en permanence aucun ne domine en particulier, des chaînes se forment, se spécialisent, se rompent et se reconnectent autrement en fonction de différents paramètres, dont ‘mentaux’, mais pas seulement. Un ‘rebattage’ de cartes permanent pour une ‘complémentarité’ parfaite et évolutive où aucun neurone ne veut dominer l’autre, sous prétexte qu’il est ‘supérieur’. Et dans notre ‘entièreté’, nous sommes l’écho de ce principe du Vivant : un neurone parmi tant d’autres… « inclus » et actif au sein d’une ‘unité’.

      « Comment Vivre ? Comment rendre l’existence plus Humaine, la volonté plus conforme à la Nature, la pensée mieux ajustée au Bien ? » est la question des philosophes aviez-vous dit. La Sagesse (Spiritualité) et certaines sciences, philosophies et principes d’éducation (www.ecolechangerdecap.net) entrent en résonance pour nous répondre. Le point « essentiel » n’est donc pas de tergiverser sur le ‘mental’ et encore moins sur une quelconque ‘supériorité’, mais de voir que même s’il y a donc différentes ‘Voies’ d’évolution, elles ont toutes la même perspective ‘unitaire’, celle de remplacer les « ou » (dualité) par des « Et » (complémentarité). L’« Essentiel » est de prendre conscience de cette ‘indivisibilité’ (ou inclusif, complexe, intégratif, bref le ‘Tout’) pour pouvoir/savoir la « Vivre ».

      Ce faisant et en conclusion, quelle ‘substance’ tirer des (précieux) conseils d’Alain dans son commentaire précédent ? Qu’il s’agit de laisser faire la Nature : « … notre véritable Nature enfin retrouvée ». Nature telle qu’elle s’offre à nous, telle qu’elle nous a constituée aux origines – et qui se contrefiche royalement dudit ‘mental’… contrairement à l’ego qui passe son temps à tergiverser dessus et, pour reprendre votre citation de François Roustang, en devient ce qu’il ne devrait pas être, à savoir un « observateur égotique fixe faisant face à son objet : le mental », c’est-à-dire lui-même. Or, ‘transcender’ ce mental, n’est-ce pas plutôt regarder « hors » soi ? Et le ‘regard’ ne dit mot, il ‘englobe’ dans le silence…

  27. hédouin dit :

    Il me semblait n’avoir recensé que mon cheminement personnel à la fois facile et maladroit ,mais avec la Joie de là où j’en suis ici et maintenant .Pour moi l’ego n’a jamais été la question,( MD vos discours sur l’ego m’indiffèrent) .Le seul discursif qui vaille lorsque j’écris ,est de narrer ,quel véhicule j’ai pu trouver à certains moments pour avancer -notamment en débrousssaillant le mental- mais la majeure partie s’est faite à pied ,à petit pas ,avec des affects ,dans la nature et grâce aux artistes .Bien sur la mise en perspective ( qui est pour moi la Sagesse), change presque tout sur les hiérarchies .Sauf le primat que je donne à la Contemplation ,au Silence ,à la Joie.

    • MD dit :

      Oups ! Plutôt vacharde votre sanction, mon cher (Jean-Pierre) Hédouin… (sourire).

      Votre cheminement ? C’est bien, c’est bien… continuez.

      Est-ce tout ce qu’il y aurait à en penser ? Ou, sur un blog d’échange philosophique, ne pourrions-nous en saisir un point fondamental, toujours en questionnement pour tout un chacun, parce que très flou : l’ego.

      Vous en parlez pourtant de cette bestiole, littéralement ou en tout cas beaucoup plus que vous ne croyez. Et il est partie intégrante du… ‘mental’ : « Les brisures de ce miroir cassé du mental, ce sont toutes ces bribes de pensées et de mots qui sous l’emprise des pulsions prédatrices de l’ego, deviennent autant d’armes dangereuses pour attaquer ou se défendre », dixit Alain dans son commentaire précédent. Pourquoi s’attarder dessus ? D’abord parce qu’il est le primo-générateur de ce qui va devenir une ‘pensée’ et par là même, le ‘fondement’ dudit mental. Vous dites d’ailleurs exactement la même chose, à votre manière : « une machine à produire des idées ». Et ensuite, individuel et collectif, c’est lui qui gère le monde actuel et le mène à sa perte.

      Personnellement, mon cheminement (qui vous indiffère aussi ?) traque cet ego dans ses moindres recoins. Ce n’est pas votre tasse de thé ou vous n’en êtes pas encore là dans votre recherche. En ce cas, désolé.

      Sinon, ce n’est qu’en rebond à vos dires que j’amène certaines réflexions sur le fond (partageables par tous, contrairement aux formes contraintes aux goûts et vécu de chacun) qui, je l’espère, peuvent vous servir un jour ou l’autre (‘intégrer’ d’autres idées ou connaissances, principe même de ce blog). Bref, une simple ouverture… vers vous et tout autre. Maintenant, si vous m’en claquez la porte au pif, ne serait-ce point là une réaction… égotique ? (sourire…)

      • Alain Gourhant dit :

        Hé oui, mes amis, je pressentais que ce serait très difficile, cette discussion à trois – heureusement nous ne sommes que trois ! – sur le mental, pour essayer de le définir et peut-être par la même occasion l’apprivoiser.
        D’où mon embarras se traduisant par un silence persistant, qui n’est pas pourtant de mon habitude.
        La première difficulté de cet exercice de définir le mental, c’est qu’il s’agit du mental qui parle du mental » avec les mots et les pensées, dont il est le champion toute catégorie.
        En est-il capable ? Peut-il faire preuve de pertinence et de vérité sur lui-même ?
        J’en doute, comme l’on doute de quelqu’un qui est juge et partie, et nous venons d’en avoir une nouvelle fois la preuve en lisant Hédouin et MC, mais je parle aussi pour moi-même, car mon silence embarrassé, n’est pas meilleur et pourrait ressembler aussi à une stratégie pas très glorieuse du mental.
        Mais pourquoi le mental ne pourrait-il pas ainsi parler à son sujet ? A première vue, cela semblerait plutôt le contraire, tellement il se montre prolixe, tellement il va élaborer texte sur texte, souvent d’une longueur imposante. Mais, très rapidement cette prolixité va se faire au détriment de la clarté, de la concision, de la simplicité, qui pourrait donner sens et compréhension de sa nature. Le mental va pour ainsi dire « noyer le poisson », parce qu’au fond de lui-même, je crois, qu’il n’est pas très fier « du poisson » – une sorte de mauvaise conscience peut-être, qui aime l’enfumage des mots pour mieux se cacher à lui-même.
        Une autre stratégie favorite du mental, pour biaiser la réflexion profonde à son sujet, serait de rentrer en controverse, en opposition, voire en conflit avec un autre mental, en choisissant dans la fumée des mots, un propos qu’il n’a pas bien compris ou lui paraît contradictoire à son opinion. Le mental adore cette stratégie préférée « attaquer et (ou) se défendre ».
        Cela nous donne deux caractéristiques importantes et intéressantes du mental : l’enfumage de lui-même pour se cacher son inconscience et donc sa fragilité, et l’agressivité conflictuelle à fleur de peau, pour se défendre ou attaquer au moindre danger qui le mettrait en cause, comme un mot de travers, une expression malheureuse ou incomplète. Alors, il puise dans sa stratégie préférée de primate – attaquer / se défendre – et je parle aussi pour moi, et je parle pour tout le monde.
        Est-il possible alors de continuer un dialogue entre nous, où le mental de chacun va se trouver nécessairement dans des stratégies guerrières largement inconscientes ?
        Je crois pourtant qu’il y a un chemin, un chemin étroit, un chemin difficile et paradoxal : le mental est obligé d’accepter et d’accueillir dans un premier temps sa nature, sa nature essentielle, avec lucidité et sans concession sur lui-même – ce qui n’est pas facile, car ce n’est pas très glorieux.
        Le plus fort camouflet vient même des neurosciences qui montrent avec le fonctionnement de notre cerveau, que le mental correspondant au cortex, est toujours en étroite relation avec le cerveau limbique des émotions et le tronc cérébral de nos pulsions archaïques reliées aux besoins du corps. On pourrait dire dans un autre langage, que le mental est un certain niveau de conscience étroitement imbriqué dans le ternaire essentiel de la nature humaine : « corps / émotions / pensées », et que ce ternaire est essentiellement au service de la survie et de la prédation collective et individuelle, ce qui a permis à l’être humain de triompher sur toutes les autres espèces et de régner sur cette terre sans partage.
        On pourrait dire aussi que ce mental producteur de pensées et de langage, dont l’être humain est si fier, car il assure sa supériorité, est en réalité sous emprise d’une trinité plutôt décevante et dangereuse. Même sur le plan purement symbolique, comme la philosophie, le mental est tout aussi décevant et redoutable, malgré ses grands airs : l’histoire des religions et l’histoire des philosophies sous emprise du mental, est un long et affligeant spectacle de conflits impitoyables autour de croyances et d’idéologies différentes, ne supportant justement pas cette différence – on est sur une stratégie de défense de territoire , et l’on n’a pas le temps ni l’envie d’examiner et de comprendre la différence.

        Avec cette piètre vision du mental, voilà la cause de mon embarras, voilà pourquoi je pense que c’est une affaire très difficile entre nous trois de parler du mental avec notre mental respectif, afin de nous entendre et dégager un consensus qui nous satisferait tous pleinement. Même là, en ce moment, malgré l’application que j’y mets, je vois déjà se soulever les contradictions et je me vois déjà partir en guerre pour défendre mordicus mon propos.
        Faut-il alors retourner au silence en abandonnant le mental à ses errances, en revenant au point de départ de mon article ? Cela me semble difficile aussi et pourrait témoigner d’une stratégie de « fuite » tout à fait primate elle aussi, (attaquer / se défendre / fuir).
        C’est pourquoi pour ne pas être trop long aujourd’hui, dans un prochain commentaire, je parlerai d’un autre silence que celui de la fuite, un silence, que je ressens comme une étape absolument nécessaire, si on veut parler sereinement du mental autrement que par le mental sous emprise du cerveau ternaire. Je veux parler de cette instance supérieure, plus profonde et plus subtile que le mental, que l’on pourrait appeler la « Conscience », avec un C majuscule.

        Je sens déjà mon mental qui frétille d’impatience (rire),
        mais il va falloir vraiment encore se méfier, car le mental qui a réponse à tout, et qui sent le danger de la rétrogradation hiérarchique,
        le mental a déjà ses multiples réponses toutes faites pour embrouiller la chose….
        Nous ne sommes pas sortis de l’auberge, mes amis !

  28. hédouin dit :

    Merci Alain.Il n’y a sans doute rien de plus intime (pas personnel ,mais intime ) et aussi cosmologique que de peindre bêtement (sans intelligence !) ,son cheminement spirituel ,surtout quand il relève de l’immanence .Ce que j’ai fait .Maintenant je vais retourner à la Contemplation,au Silence et à la Joie.

    • Alain Gourhant dit :

      Merci Jean-Pierre pour la description de ce cheminement personnel vers le spirituel. J’avais d’ailleurs préparé un élément important de mon propre cheminement pour faire contrepoint, mais la petite controverse avec Michel (MC), m’a poussé à répondre à chaud au plus pressé – ce qui n’est pas forcément d’ailleurs la meilleure chose, le mental est toujours prêt à s’emballer pour un oui ou pour un non.
      Voici le texte que j’avais écrit :

      « Le plus intéressant dans votre texte, m’a semblé c’est cette sorte de « généalogie » personnelle de vos doutes et questionnements sur le mental et comment vous avez peu à peu réussi à sortir de son emprise.
      Cela m’a beaucoup parlé, car pour moi aussi, bien sûr, cette sortie fut difficile. Je partage avec vous l’handicap de la formation universitaire en philosophie, sa tyrannie mentale et la difficulté de s’en extraire, si l’on veut obtenir diplômes et carrières.
      Heureusement, j’ai été aidé précocement comme par un déclic, en classe de terminale, par un merveilleux professeur de philosophie – Pierre Thuillier, au sujet duquel, j’ai écrit un texte d’hommage sur mon site internet dédié à propos de son dernier livre : http://www.psychotherapie-integrative.com/pierre-thuillier.htm
      Pierre Thuillier était un superbe et lumineux nietzschéen, capable d’enthousiasmer à chaque fois sa classe, par un verbe qui ne venait pas uniquement de son mental de professeur, mais d’une sorte d’enthousiasme lumineux venant d’ailleurs. Il m’a ouvert la porte d’une autre philosophie possible, plaçant la vie sensible et son expérience dionysiaque, au-dessus du verbiage nauséeux de la rationalité philosophique dominante. C’est là que j’ai commencé à lire « Zarathoustra » et sa poésie éclatante. A partir de cette rencontre avec ce professeur, avec Nietzsche puis ensuite avec Antonin Artaud au théâtre, s’est ouvert au fond de moi-même, l’aspiration à une autre dimension intérieure, au-delà du mental, qu’il me fallait à tout prix rechercher et nourrir, comme une nécessité vitale, au risque de me retrouver parfois en complet décalage avec la culture occidentale me demandant souvent des comptes et ne me pardonnant pas ma trahison. « 

      • MD dit :

        Alain et Hédouin,

        Avant que d’entrer dans le vif du sujet de ce mental, j’aimerais lever cette controverse, pour peu qu’elle soit encore ‘ressentie’ comme telle. En contrepoint de vos parcours, si mon cheminement est autre (peut-être même inverse) que les deux vôtres, il est pourtant quelque part similaire. Dans ses grandes lignes, je pourrais déjà me définir comme étant plutôt un ‘penseur’, tel celui de Rodin, qui s’est toujours demandé “Mais qu’est-ce que je fous là et qu’est-ce que c’est que ce monde de dingues ?”. Ainsi, depuis l’enfance, mon cheminement a toujours eu en perspective de vouloir « comprendre ». Le monde, les autres, les processus relationnels… et en retour, bien évidemment ‘moi-même’.

        Passionné par les mystères du Vivant, ce sont d’abord les sciences qui m’ont enthousiasmé à ce sujet (jusqu’à des diplômes universitaires et vie professionnelle). Pourtant, comme vous, une certaine ‘tyrannie’ d’un mode de penser et de diktat établi, aboutissant à un certain dogmatisme inébranlable (Alain fustige d’ailleurs souvent la science en ce sens, sourire…), faisait barrage à mes nombreux questionnements sur le « Sens », premier ou fondamental de la Vie, de l’Univers, de nous… Et je me retrouvais à critiquer vertement cette science… tout en l’adorant passionnément. Position plutôt inconfortable, dont la philosophie et certaines sagesses, par diverses entrées autodidactes, m’a permis, petit à petit, de fusionner les deux aspects. Je me définissais alors, et très maladroitement, comme étant ‘un rationnel de l’irrationnel tout en étant un irrationnel du rationnel’. Une sorte d’envie de globalité, d’unité, de forme et de fond, d’intérieur et d’extérieur… qui me motivait et qui persiste avec le temps.

        Plus actuel, je me préoccupe, comme beaucoup, d’établir un monde plus ‘Humain’. Et, dans mon cheminement, ma pancarte privilégiée depuis quelques années est celle de l’axe Ego (dans sa partie ‘autocentrée’ qui, exacerbée, détruit le monde : égoïsme, amour-propre, orgueil, vanité…) — Capacité d’amélioration, de maturation vers un état reliant la pluralité à l’unité, dans « l’Harmonie et la Juste mesure », suivant un certain chemin de ‘sagesse’.

        Sagesse pour laquelle je viens m’instruire sur ce blog… via mes ‘véhicules’ préférentiels que sont les sciences ‘intégratives’ et la philosophie dans ce qu’elles ont de commun. Ce commun que, finalement, nous partageons tous les trois.

  29. MD dit :

    « Même là, en ce moment, malgré l’application que j’y mets, je vois déjà se soulever les contradictions et je me vois déjà partir en guerre pour défendre mordicus mon propos. »

    Pour nous rappeller sans cesse notre bêtise ‘mentale’, voilà ce qui pourrait être inscrit sur le fronton, non pas du temple de Delphes, mais sur celui de cette instance supérieure, la « Conscience », pour que y pénétrions lentement et penauds, à défaut d’être humbles. Peut-être alors que la Pythie acceptera de nous apprendre son langage… pour ‘penser’ sereinement ce mental.

    Car ‘penser’ vient du latin pensare, de pendere, ‘peser’. Ou comment peser nos mots, le poids des virgules, la masse du discours, la chasse à trop de lourdeurs… Un sacré programme ! Frétillant aussi, mon mental… subitement déterre la hache de guerre avec ‘sa’ flagrante contradiction : mais qui va équilibrer la balance ??? Arg ! Comme vous dites, nous ne sommes pas sortis de l’auberge ! (rires…)

    • Alain Gourhant dit :

      Merci Michel de ces témoignages qui me touchent.
      Ce qui me semble le plus intéressant, c’est ce passage où le mental par l’intermédiaire de son expression dominante actuelle, les sciences, rentrent dans le champ de votre critique, voire de votre défiance. Que s’est-il passé exactement ? Qui vous a mis sur la voie ? Ou par quelle instance intérieure, le mental a perdu subitement, ou peu à peu, de sa valeur, de son aura, de sa crédibilité ? Ce passage est primordial et il peut être très varié suivant l’expérience de chacun.

      Pour mon compte, d’après mon expérience, il me semble que le mental ne lâche jamais de lui-même son emprise. Il faut la conjonction de deux facteurs :
      d’un côté, la souffrance due à une sorte d’échec, ou de doute du mental sur lui-même, qui le fait vaciller dans ses certitudes, ses dogmes, ses croyances, ses conditionnements et programmations plus ou moins conscients,
      de l’autre, l’irruption d’une instance intérieure, supérieure au mental – que j’appelle la Conscience -, souvent dans une transmission vécue, vivante par l’intermédiaire de quelqu’un d’éclairé (par exemple pour moi l’importance de ce prof de philo en terminale, puis d’un prof de yoga, puis des rencontres en Inde avec différents maîtres spirituels).
      Pour moi, la seule instance capable de s’opposer vraiment au mental, pour le démasquer et s’en différencier de manière radicale, c’est la « Conscience ». D’ailleurs, dire qu’elle s’oppose n’est pas juste, il vaut mieux nuancer, en disant qu’elle va «transcender et inclure» le mental, et cela se fait le plus souvent en douceur, pendant une longue période de temps, avec des allers et retours, quand le mental résiste ou reprend de sa force.
      La Conscience ne s’oppose pas frontalement au mental, en l’écrasant de sa supériorité ; au contraire, elle commence par l’observer dans ses contorsions compliquées, avec attention, bienveillance et patience. Prendre de la distance et du recul par rapport à soi-même et ses programmations mentales, est le chemin privilégié de l’accession à la Conscience, chemin assez peu emprunté, assez rare, souvent à l’écart, loin des boulevards des grandes villes, encombrés de la folie dominante du mental, qui a toujours sévi comme une caractéristique dominante de l’espèce humaine.
      Une fois que cette distanciation du mental est devenue possible, – souvent elle doit être accompagnée par quelqu’un qui a déjà fait le chemin – la présence de la Conscience peut devenir plus stable, le mental se calme et laisse un espace intérieur conséquent pour que le témoin silencieux s’installe et prenne ses aises, afin que commence la longue ascension intérieure vers un espace de vacuité paisible, dont la méditation sous de multiples formes, sera le terrain d’apprentissage privilégié.
      Cet espace intérieur me semble fragile et jamais gagné, il peut sans cesse rechuter vers le bas, sous les assauts d’un mental furieux d’avoir été détrôné.
      Ce détachement, ce recul nécessaire, qui permet l’émergence de la Conscience est finalement un sacré défi pour l’évolution de chacun et celle, peut-être, de l’être humain.

      • MD dit :

        Oh, je n’ai pas eu précisément de déclics majeurs, mais plutôt un ensemble de stimuli (je vais y revenir), telles des petites lumières qui s’allument de-ci de-là et qui, au cours du temps, ont fini par éclairer un ensemble (une certaine vision holistique). D’abord, l’émerveillement, la fascination de l’enfant avec son questionnement et sa recherche de sens sur la beauté de la Nature et du Vivant (ces tonnes de ‘pourquoi’ qui finissent par énerver les adultes) ont commencé à trouver réponse par le directement plus accessible : les sciences (chimie, biologie, paléo-anthropologie, astronomie…).

        Puis, effectivement, une sorte de ‘souffrance’ frappa de plein fouet cette passion. Surtout tout ce qui concerne ou tourne autour d’un certain eugénisme. Notion de races inférieures, avec toutes ces mesures de crâne, de QI et autres. Bref, un certain déterminisme biologique engendrant un racisme barbare que la science édictait de bon aloi, avec sa continuité par des chimistes et médecins nazis. En superposition à cela, une certaine même considération raciste et eugéniste envers les animaux et la nature. Et même jusqu’à la science-fiction qui en rajoutait une couche et qui n’avait (généralement) qu’une seule optique : détruire ces méchants extraterrestres, aussi nuisibles que ces races inférieures terrestres…

        Je ne pouvais pas être complice d’une telle horreur, je m’y refusais. Alors, il fallait soit que j’abandonne ma passion parce que j’étais trop ‘bisounours’… soit que j’aille « au-delà » des sciences. Ce que j’ai fait par une incursion dans la métaphysique, la parapsychologie, voire l’ésotérisme dans un premier temps. Puis dans un deuxième la philosophie et les sagesses. Et dans un troisième les sciences plus ‘intégratives’. Enfin, dans un quatrième, plus actuel, un ‘tissage’ (qui n’est pas une ‘addition’) global de tout cela.

        Quant à l’irruption d’une instance intérieure (la Conscience), je pense qu’elle n’a pas exactement fait irruption, mais qu’elle était toujours présente en toile de fond (inconsciente) tout le long de mon parcours. Et de la vie de tout un chacun, d’ailleurs : nous avons en nous les bribes de l’Universelle. Et, en termes de transmission vécue, je pense qu’à certains moments nous la ressentons tous. Moments privilégiés (par exemple, méditation), ou subits et où l’on ressent comme un contre-Nature qui nous agresse. Par exemple, le fait que beaucoup des tentatives contemporaines de coopération, partage, auto-organisation collective, principes éducatifs… ne sont pas que de simples ‘réactions’ aux affres du système, mais semblent une évidence, un besoin, une attente que chacun ressent au plus profond de lui-même (ou Soi-même).

        En ce qui concerne les intermédiaires à ce ‘tissage’, de nombreux voyages et différents lieux d’habitation m’ont permis d’éviter de devenir misanthrope. L’on dit que « les voyages forment la jeunesse ». Et je le confirme : cela développe la curiosité, l’esprit de découverte, l’ouverture d’esprit et le respect de cultures ou régionalismes différents. De l’antiracisme ‘vécu’ et non pas seulement théorisé par le ‘mental’.
        Et ce sont aussi des auteurs, scientifiques et plutôt intégratifs, tel Hubert Reeves (astrophysicien) qui sait majestueusement et avec ‘passion’ (ce qui rassure la mienne) nous raconter l’Univers. Des philosophes-sociologues, Edgar Morin, mais aussi Pierre Bourdieu, ce contestataire qui à mon sens est celui qui a su le mieux décrypter et dénoncer la réalité sociale qui, hypocrite et fabriquée, rejoint ce principe eugéniste par la ‘reproduction’ (‘Les héritiers’, 1964) d’une classe qui se dit ‘privilégiée’ (par la nature et l’argent) et de fait, nécessite pour son maintien la soumission de la classe prétendue inférieure. Ces principes de domination et hiérarchies avec lesquels l’on nous formate… avec la loi du plus fort, parce que le plus nanti.

        Une digression qui n’en est pas une, car pointant directement ce que l’on nous ‘colle’ (de force) dans le… ‘mental’. Et pour ce faire, je terminerais par Henri Laborit, personnage très ‘intégratif’ (médecin, chirurgien de guerre, neurobiologiste, éthologue (comportement animal), eutonologue (comportement humain), sociologue et philosophe), qui est celui qui à mon sens a su le mieux décrypter et dénoncer la réalité des ‘dérives’ (établies en diktat sociétal) de notre fonctionnement Naturel. Son bouquin ‘Éloge de la fuite’ (analyse les aspects fondamentaux de la vie en société) m’a servi de livre de chevet pendant des années…

  30. hédouin dit :

    Pour reprendre le fil de nos échanges, je commencerai Alain par dire que vous faites la part trop belle au mental .Il ne produit ni de sciences, ni même de techniques (qui sont des essais /erreurs d’adaptation continue, physiques et émotionnels, depuis la préhistoire -dont les techniques sportives sont le parangon) .Et plus tristement, il ne produit que des algorithmes ….et des guerres. Le mental est une machine à idées mathématiques et aussi à idées noires !.
    Soit il collecte des données, les entrepose et les transforme en informations comme son artefact l’ordinateur .L’ordinateur a jeté une lumière crue sur le mental, c’est la même chose .Une intelligence tout ce qu’il y a d’artificiel .Des algos’ qui sont la version moderne des plans (soviétiques),des programmes ( de l’économie libérale ) des idées (platoniciennes), des chimères (utopiques) etc.
    Soit il produit des idées noires ,car il ne jouit que d’attaques et de défenses face à ses congénères, pas pour manger comme les animaux ,mais pour rien. C’est l’Histoire de l’Humanité.Ce sont les petites histoires douloureuses de chacun d’entre nous, ici ,et là bas ,et ailleurs,et encore ailleurs.
    Mais Alain ,il n’est pas nécessaire d’en appeler à une conscience supérieure pour s’en sortir du mental .A chaque fois que cet empereur pervers intérieur ou extérieur a capitulé ,c’était devant la Liberté. .De Shakespeare à Nietzsche, du Bateau ivre de Rimbaud ou au Misanthrope de Molière ,nous avons des milliers de représentations de cette sortie des crises existentielles douloureuses, par la réponse univoque à la question « suis-je libre d’être libre? ».Oui ,en faisant confiance à la Vie. Corps ,Emotions , Affects.
    Alors la psychologie nous dit « attention le jardin d’Eden est miné  » .Mais les réponses autour de la Conscience sont plus déifiées que naturelles .Je n’ai pas suivi cette voie,c’est pour cela Michel que les concepts psychologiques freudiens ou autres ( à part Jung,)ne me concernent pas ;je les lis comme concept obscurs mais pas comme guide.La conquête de la Liberté n’est pas psychologique ,le mental aurait vite fait de la rattraper ,Il faut changer radicalement d’espace ,ce n’est pas de psychologie dont on a besoin ,mais c’est l’élan vital .
    A un moment donné , c’est vrai que la liberté se consolidera avec la conscience de la liberté.Ce sera l’étape suivante , c’est une aide nécessaire ,mais ce n’est pas elle qui donne le branle (comme aimait le dire Montaigne ).Ce qui donne le branle ,c’est de s’imaginer et de s’éprouver libre,naturellement libre ,la connaissance de la liberté existentielle viendra ensuite.C’est là où nous avons besoin de supports ,de guides non, mais d’encouragement à la lucidité.
    Je mets comme Spinoza la conscience ,après l’exercice de la liberté sans conditions ,( il l’a payé d’une excommunication vieille de 4 siècles!).Une fois que j’ai accepté une fois pour toutes ,que c’est le mental qui me fait souffrir ,cet empereur pervers ,que j’ai expérimenté que lorsque je devenais un peu plus en accord ,en harmonie (oui ,Michel tout à fait ) avec la Nature ,cela me redonnait une force vitale ,je deviens conscient que ma Liberté est l’expérience toujours reprise de son ajustement dans le présent .
    Vivre sa vie .
    C’est dans ces conditions que le mental remis à sa petite place ,peut être maintenant naturalisé .C’est à dire se laisser inscrire dans les lois du vivant changeantes ,mystérieuses,relatives :aidant à regarder le vieillissement comme un processus naturel ,à s’amuser à se dire qu’une intelligence mécanique c’est plus bête qu’une bêtise qui sait rire d’elle même ,que l’incertitude ce n’est pas angoissant ça oblige à cultiver son attention respiratoire,que la tolérance c’est très difficile mais réaliste,qu’un geste en dit plus qu’un discours ,que c’est vrai et faux que les grands diseux ça vaut mille fois moins que les petits faiseux ,que marcher dans la rue en criant son propre nom comme si l’on appelait quelqu’un d’autre sans la censure du mental ,c’est que notre mental a vraiment trouvé sa vraie raison de vivre!

    • MD dit :

      « Alors la psychologie […] Je n’ai pas suivi cette voie,c’est pour cela Michel que les concepts psychologiques freudiens ou autres ( à part Jung,)ne me concernent pas ».

      Hédouin, nous avançons ! Et dans le bon sens…

      Un manque de précision de ma part… aboutissant semble-t-il à une certaine erreur d’interprétation de votre part. Car dans mes discours sur ce blog, je ne parle « pas du tout » et à aucun moment de l’ego en tant que concept « psycho-psychanalytique », surtout selon Freud que j’exècre autant que vous, préférant aussi Jung sur ces sujets. L’erreur vient peut-être du fait que ce terme ‘ego’ est primitivement associé, dans notre mental ‘ordinaire’, celui de tous les jours, à cette notion psy. Il s’agit là d’un « angle » de vue.

      Or il y en a d’autres (voir Wikipédia, qui à défaut d’être fiable, a au moins l’avantage de donner un court ‘aperçu’ de ces angles avec leurs nuances). Et je parle, en permanence, de l’ego en tant que ‘tissage’ (superposition, assemblage, résonance…) de son concept philosophique, concept spirituel (voir Wikipédia pour ces deux là) et concept des neurosciences intégratives (comme en parle Alain à propos du tronc cérébral/limbique/cortex). Tout cela à des années lumières de Freud, que je n’ai d’ailleurs jamais cité.

      En reprenant Wikipédia pour faire court, philosophiquement l’ego est un ‘je’ sans la conscience (celle dont nous parle Alain ?) et spirituellement l’ego est la représentation fausse qu’un individu se fait de lui-même et faisant écran à sa vraie nature. Le ‘tissage’ (ou croisement) de ces deux angles (philosophique et spirituel) peut-il alors nous amener à dire qu’il manque quelque chose à cet ego pour être en écho à sa vraie nature ? Ce quelque chose est-il la Conscience ? La Liberté dont vous parlez ? Ou faut-il éliminer ce ‘Je’ (ego bouddhiste) au profit de la Conscience… ou tout bonnement de la Vie ? Mais les neurosciences nous apprennent que cet ego (partie reptilo-limbique, je n’entre pas dans les détails) est une partie « vitale » de notre neurophysiologie. Une bête noire dont on se passerait bien, mais qui est pourtant nécessaire. Il ne s’agirait donc point de l’éliminer, ni de le dépasser, mais de le « réguler ». Philosophiquement et spirituellement parlant, en ce qui concerne ce blog et mes discours.

      Et le ‘mental’ dans tout cela ? Comme en a parlé Alain à sa manière et moi à la mienne, c’est un assemblage de différentes facettes. L’ego n’en est qu’une, parmi d’autres. Car ce mental est à la fois instinctif, intuitif, associatif, séparateur, inconscient, conscient, rationnel, abstrait, intellectuel, émotionnel, existentiel, utopique, régressif, anticipatif… Du coup, même philo-spirituellement parlant, pas si facile que cela d’en causer ! Tel le cas où vous m’en parleriez instinctif, que je comprends séparateur et vous en réponds inconscient, que vous comprenez intellectuel… bonjour la crise ! (rires).

      • Alain Gourhant dit :

        Merci Hédouin,
        merci de vous sacrifier ainsi pour nous donner un éclatant exemple du fonctionnement du mental, toujours prêt à en découdre pour un oui ou pour un non, toujours prêt pour opposer sa vérité à une vérité adverse. Cela est un bien meilleur exemple que n’importe quelle réflexion distanciée sur le mental,
        Evidemment je ne vous ai pas répondu de suite : aucune envie de me défendre et de batailler avec vous.
        J’ai préféré faire silence à l’extérieur, mais surtout à l’intérieur de moi-même,
        le temps de débrancher mon mental en effervescence.
        Retrouver progressivement le calme… Retrouver la Conscience…
        Jusqu’à ce que le regard amusé de la Conscience puisse se placer à la bonne distance, à la bonne distance du mental.
        La tentation fut grande alors de continuer ce silence agréable en comptant les point de l’extérieur, par exemple entre vous et MC, me réservant le beau rôle pour la fin, en tirant une conclusion synthétique pour diagnostiquer les nombreux symptômes cette maladie grave de notre mental surpuissant.
        Mais ce n’est pas dans mon caractère – peut-être ce soleil en Bélier qui aime descendre dans l’arène, surtout quand il sent les premières lumières printanières…

        Merci donc de me confronter de cette manière un peu abrupte, cette spécialité du mental : attaquer au nom de ma vérité qui n’est pas la vérité de l’autre «… vous faites la part trop belle au mental .Il ne produit ni de sciences, ni même de techniques… etc…»
        La distanciation de la Conscience me dit qu’il ne faut pas commencer par là entre nous : la science et la technique, sont peut-être des sujets trop sensibles entre nous, qui nous embarqueraient trop loin, avant de pouvoir trouver un terrain d’entente…

        D’ailleurs le maître mot est lâché : « un terrain d’entente…  » – et j’en profite pour saluer les efforts de MC pour aller aussi dans ce sens avec vous.
        Je crois qu’une des plus grandes différences entre le mental et la Conscience, c’est que le mental aime s’opposer, discuter, se disputer, se confronter, etc, cela afin de défendre son territoire (réel ou symbolique) contre le territoire de l’autre. En ce sens le mental est la fonction la plus importante de notre cerveau au service de la prédation originelle. C’est grâce à ce mental surpuissant que l’espèce humaine a réussi à s’imposer comme l’espèce dominante sur la nature et toutes les autres espèces. Cette fonction prédatrice comme un mécanisme largement inconscient, déborde sans cesse du mental à tout propos, même dans une conversation amicale comme la nôtre.

        La Conscience c’est tout le contraire : elle cherche avant tout la vision unitaire, la vision du Tout unifié, c’est l’Intention unificatrice, qui pourrait réunir la multiplicité des formes et des points de vue. Cette Conscience est difficile d’accès car elle ne vient pas du cerveau comme le mental ; elle vient d’ailleurs, d’un Tout extérieur à l’être humain et à la planète Terre, que l’on pourrait appeler avec des noms différents (le Soi, l’Etre, Dieu, etc), à condition que ces mots ne soient pas récupérés par le mental qui aime tant la bagarre sur ce sujet de dénomination et de définition de ce Principe premier, qui vient parfois visiter l’être humain.

        Passons à une application de ces belles théories : vous me parlez de l’importance pour vous de l’expérience du corps et des émotions au sujet de cet espace intérieur supérieur, que j’appelle la Conscience.
        Figurez-vous que je suis d’accord, je suis complétement d’accord avec vous !
        Cette Conscience, tant que nous sommes incarnés, a besoin de se manifester de différentes manières, et bien sûr dans le corps en priorité, dans la Présence corporelle. Quand Elle est là, il y a comme une ivresse cellulaire, corporelle, émotionnelle – comme une Joie supérieure qui s’empare aussi de ces fonctions d’ordinaire dédiées à la survie.
        Idem pour « la Liberté » : comme je suis encore d’accord avec vous ! Merci d’amener sur le tapis une nouvelle modalité de cette Conscience ; elle seule en effet peut prétendre à la Liberté, au-delà de tous les conditionnements répétitifs du mental prisonnier de son atavique inconscience.

        Pas d’opposition, pas de fausse controverse,
        Nous sommes d’accord en toute conscience, chacun apporte un complément d’information, une facette complémentaire de la Conscience et se « tisse » peu à peu – merci MC pour ce terme judicieux -, un terrain unitaire d’entente.

        Alors, le mental peut se sentir un peu bête…
        Il n’aime pas ça du tout !
        C’est trop simple,
        Par où pourrait-il bien ré-attaquer ?
        Comment tout complexifier de nouveau ?
        surtout sur ce sujet qui lui tient tellement à cœur : la définition de lui-même ?…

        • MD dit :

          Dans la continuité d’Alain, avec « Ici nous parlons de l’accession au silence spirituel, il est cherché, il est voulu, il apparait comme une libération par rapport au mental », j’en cite Lao-Tseu avec son « non-agir ».

          Celui-ci signifie, dans son ‘Sens’, dans son essence, « s’abstenir d’activité contraire à la Nature ou à sa propre nature ». Mais « s’abstenir », ce n’est pas se forcer ou se contraindre à, ou avoir la ‘volonté’ de, c’est au contraire laisser notre ‘Intuition’ agir, cette ‘essence’ (de la Conscience ?) qui est en nous. D’ou cette notion de « silence » du mental, qui se tait sur ses prétentions de contrainte ou volonté et laisse agir la Nature. Or, le mental, comme l’on en parle ici, fait barrage à cette Intuition/Conscience et agi ‘contre’ la Nature (dévastation actuelle) et même contre sa propre nature (racisme, guerre et autres), c’est-à-dire contre le fonctionnement Naturel du Vivant qui possède et met en action des ‘régulateurs’ (principes de l’homéostasie) permettant à la fois de maintenir et déployer ce Vivant.

          Un exemple (ou métaphore) simple, même si le trait est un brin forcé. Lorsque l’on a envie d’un pipi, l’on ne réfléchit ou tergiverse pas (vide, silence ‘mental’), l’on y va. Mais il y a beaucoup de circonstances (entretien d’embauche, conférence, etc.) où l’on se ‘retient’. Pour tout un tas de raisons sociales construites (plein, bruit ‘mental’), l’on décrète que l’on ne peut satisfaire (du moins immédiatement) ce besoin ‘Naturel’. Mentalement, l’on se ‘contraint’ à ne pas le satisfaire avec la ‘volonté’ de se retenir et par là même l’on agit contre notre propre nature en bloquant ce principe organique d’élimination. Et la Nature, dans son principe de ‘régulation’, nous signale, par la douleur (et de graves perturbations si la rétention forcée est répétitive), que ce « discours mental » est « contre-Nature » et qu’il ferait mieux de « se taire ». Par cet exemple, l’on peut en comprendre aussi le sens de certaines injonctions, telles que savoir ‘écouter’ (dans le silence des pensées perturbatrices du mental) notre ‘intuition’, ou ‘écouter’ notre corps, etc. Écouter. Dans un brouhaha infernal, que réclame-t-on pour ce faire ? Le silence !

  31. François Degoul dit :

    Cher Alain, cher Hédouin, cher Michel,

    Avez-vous lu dans le dernier SANTE INTEGRATIVE (n°53, janvier/février /mars 17 p.14 la chronique d’Isabel Pineau LE MUTISME « NECESSAIRE » OU LA VIOLENCE DE SE TAIRE?

    Cet article, très émotionnel dans sa forme, me paraît néanmoins aborder implicitement la question du mental d’une manière opposée à la vôtre, comme si l’appel à se délivrer du mental, équivalent d’un « appel au mutisme « nécessaire » » portait une redoutable « violence de se taire ».

    Je cite une seule phrase « le mutisme ne sauve pas, il soulage temporairement mais tue à long terme ».

    Que faire de tout ça??? Que sais-je ? (Montaigne).

    François Degoul

    • Alain Gourhant dit :

      Je n’ai pas lu cet article, François, mais je pense qu’il s’agit d’un tout autre silence que celui dont nous parlons :
      c’est un silence qui est le résultat d’un conflit émotionnel et qui est subi. Dans ce cas bien sûr, l’accession aux mots du mental peut être un progrès. Idem pour les silences dû à la peur. Il y a beaucoup de sens différents du silence, si nous commençons à les envisager tous, nous ne sommes pas sorti de l’auberge.
      Ici nous parlons de l’accession au silence spirituel, il est cherché, il est voulu, il apparait comme une libération par rapport au mental.

    • hédouin dit :

      bonjour François,Merci pour cette référence à cette revue que je ne connaissais pas SANTE INTEGRATIVE;Pour moi qui intervient beaucoup sur le Burn Out ,la prévention des risques -sociaux et de façon plus générale toutes formes de stress /mal être au travail dans des ateliers et collectifs différents ,c’est une source de connaissances et expériences supplémentaires .bien cordialement.

      • Alain Gourhant dit :

        bonjour Hédouin,
        Juste pour votre information, j’ai fait partie pendant 10 ans, depuis la création de ce magazine, de son comité de rédaction ;
        ce qui explique que beaucoup d’articles de ce blog sont des articles qui sont parus dans ce magazine, comme par exemple « La 6e extinction, nous y sommes ! » (décembre 2015) ou « la revanche du ventre »(octobre 2015).
        Il y a un numéro avec un dossier sur le « burn-out » oct / nov / dec 2016, que vous pouvez commander sur le site internet.
        bonne lecture

  32. hédouin dit :

    A vous deux Alain et Michel :ma conscience ne peut que modestement constaté a posteriori:
    1) qu’un mental naturalisé , integré au vivant prend soin au mieux et dans la joie de mon Être;
    2)ma spiritualité relevant totalement de l’immanence, je ne peux pas déifier la conscience ,ni la mettre avant l’action;
    3)que cette métamorphose du mental fut initiée par l’instinct animal de répondre oui à la question :je suis devenu libre d’être libre.
    4)j’appelle donc mental transfiguré ,ce que vous appelez conscience ,
    5) ce n’est pas qu’une question de de sémantique ,bien qu’en l’occurrence elle soit substantielle
    6) cette transmutation du mental revient à perservérer dans son Etre ( je ne crois pas aux thérapies du changement ) ,par une mutation radicale en soi ,par soi ,gentiment ,non seulement par le silence mais par la contemplation et l’émergence de la joie
    7le test de cette mutation du mental dominateur et pervers au mental naturalisé (on pourrait trouver d’autres mots ?) ,me semble être l’humour et le rire joyeux à l’inverse de la moquerie et de la dérision
    J’en ai décrit mon cheminement par fragment.
    Michel ,j’avais compris ,même sans la leçon du pipi,l’élimination étant aussi un marqueur parmi cent autres de la transmutation du mental (Thanatos /Eros ,pourquoi pas ?)

    • Alain Gourhant dit :

      A ce message, Hédouin, je pourrai faire un copié / collé de mon message précédent,
      en en rajoutant peut-être « une louche »…
      Je préfère répondre par Bouddha et Lao-tseu interposés :

      « Meilleur que mille mots sans utilité, est un seul mot bénéfique
      qui pacifie celui qui l’entend.
      Meilleur que mille versets de mots inutiles est une seule ligne bénéfique
      qui pacifie celui qui l’entend »
      (Dhammapada Les dits du Bouddha)

      Le mot ce serait « Aum… »
      La ligne : « Peux-tu détourner ton mental de ses errances et rester dans l’Unité originelle ? »
      (Tao tö king 10)

      • MD dit :

        « Michel ,j’avais compris ,même sans la leçon du pipi,l’élimination étant aussi… »

        Tant mieux, quoique accolé à ce terme de « leçon », du pipi qui plus est, alors que je parle de métaphore, semblerait plutôt me signifier de ne pas insister bêtement. Bon, quand bien même y verrais-je un mal où il n’y en a pas (halala, sacré mental), l’Être est unitaire, alors que le mental ne pense qu’à lui. En cela, nous ne sommes pas en comité fermé et cette ‘métaphore’ peut aider tout autre lecteur de ce blog qui, amusé, intéressé ou intrigué, cherche à s’y retrouver dans ce méli-mélo de concepts et, pourquoi pas, lui donnerait envie de participer. Ou à répondre indirectement à François Degoul pour son commentaire à propos de « la violence de se taire » et où Alain répond par la notion de « silence »… Bref, comme l’a dit Alain, les ‘métaphores’ (et non pas les leçons) aident beaucoup à se sortir les doigts du mental. Alors, sans dire pour autant qu’il faut en abuser (quoique), elles ont leur raison d’être. Re-bref, mon mental vient présentement de s’ériger en véritable donneur de ‘leçon’, ce coup-ci ! Arg ! Alain, vous comptez toujours les points…? (rire)

  33. hédouin dit :

    Ah! »méli-mélo de concepts » encore une expression très respectueuse d’autrui.Bon j’ai opté ,sinon pour la violence de se taire ,du moins fidèle à ce que j’ai essayé de traduire de mes émotions ,affects ,instincts :liberté de me taire.Je garde le silence pour des lieux plus synchrones.

  34. François Degoul dit :

    « je garde le silence pour des lieux plus synchrones ».
    ???
    j’hésite entre deux interprétations, que je tâche d’approcher ainsi :
    1) « je garde le silence pour que ces lieux (ce blog) restent « synchrones », non troublés par mes éventuelles divergences.
    2) « je garde ici le silence, me réservant pour des lieux de parole plus conciliants, plus « synchrones » que ce blog.
    ou flou volontaire?

    ???

  35. hédouin dit :

    C’est la seconde ,ni la 1) ni la 3)…..Adieu

  36. hédouin dit :

    Puis – je me permettre de vous proposer en Adieu , » Les Epiphanies d’Henri Pichette « !!!

  37. MD dit :

    [ Ah! »méli-mélo de concepts » encore une expression très respectueuse d’autrui ]

    Oui, Jean-Pierre, cette expression est parfaitement respectueuse d’autrui, vous en l’occurrence.
    Dans cet article et ses commentaires, tous autant que nous sommes, nous avons sorti un sacré nombre de concepts, souvent ambigus, tel l’ego qui peut être psychologique, philosophique, spirituel…

    Et quand je dis tous autant que nous sommes, je me compte dans le nombre. Revoyez d’ailleurs la remarque d’Alain le 8 novembre : « Un peu paradoxal votre message, Michel […] un peu paradoxal pour sa longueur, où l’on peut se noyer dans la profusion des concepts ». Alors, aurais-je l’outrecuidance de ne point me ‘respecter’ ?

    Pourquoi, Jean-Pierre, quel que soit le mot, tournure ou notion que j’apporte, vous vous sentez automatiquement… « agressé » ?

    Car Alain, lui, le lit et le comprend autrement (15 février) :
    « D’ailleurs le maître mot est lâché : « un terrain d’entente… » – et j’en profite pour saluer les efforts de MC pour aller aussi dans ce sens avec vous ».

  38. hédouin dit :

    « ….il abandonne le char
    Et poursuit son chemin
    C’est à dire qu’abandonnant le mot
    Déterminé par le genre ,la quantité ,etc.
    Il s’avance vers le mystère
    De la résonance,
    Au delà de toute articulation »

    • Alain Gourhant dit :

      Merci Hédouin pour ce « show », dont la fin, je trouve, a un certain panache :
      – Ce message final qui peut laisser place à l’ambiguité : ce « silence pour des lieux plus synchrones »… Merci pour ce retour au silence, avec lequel le mental n’est jamais très à l’aise, surtout quand il y a ambiguité, tandis que la Conscience au contraire se plaît à imaginer le champ de tous les possibles…
      – puis les « adieux » un peu emphatiques, un peu théâtral avec conseil de lecture…
      Henri Pichette ? Une vieille connaissance pour moi, lui aussi partagé entre les affres du silence et le verbiage léger d’une poésie séduisante : « Le poète entend le coeur du silence » (…) puis page suivante : « un rire suivi d’un rire suivi…
      coassement tic tac de réveille-matin vent coulis… »
      J’aime assez ce mélange.
      Puis encore une citation : « il abandonne le char… » : je traduirai le char du mental,
      « il s’avance vers le mystère… » oui, c’est une belle sortie ce mystère,
      comme si vous aviez compris le sens de ces quatre vingt commentaires mystérieux, tout juste là pour s’amuser, pour passer le temps, pour conjurer le silence, pour ne pas se prendre au sérieux dans les contorsions de ce mental compliqué, pour prendre leur place dans ce monstrueux cloud numérique, où c’est encore le silence de l’oubli qui les attend.
      Les mots ? Oui, à condition que ce soit un jeu et que nous n’oublions pas le mystère silencieux, ce cadeau du mysticisme : la seule posture spirituelle qui pour moi ait de l’allure.

      J’espère que je ne vous ai pas trop importuné en vous prenant à votre insu comme « cobaye » du fonctionnement du mental. C’est à moi aussi que je parlais, personne n’en est indemne de ce foutu mental. Il n’y a que le rire, le rire de la dérision pour s’en vacciner, car nous sommes dérisoires.
      Une autre leçon pour moi de cet article et de ses commentaires, c’est que je ne ferai pas silence, cela m’est impossible pour le moment ;
      je continuerai donc de temps en temps à écrire sur ce blog, et si jamais vous vient l’envie de trahir votre adieu, vous serez le bienvenu, Hédouin.

  39. hédouin dit :

    merci ….je vous laisse avec le bon souvenir de ….mon « mental naturalisé » ,qui est en l’état actuel l’expression que j’ai trouvé la plus imagée (sans doute un peu incomprise)pour traduire ce désapprentissage de mon mental professionnel vers autre chose ,synchrone avec le roseau pensant !

    • Alain Gourhant dit :

      « mental naturalisé » ? Pour moi cela ne veut pas dire grand chose et ce n’est sûrement pas de cela que je garderai le souvenir.
      Ce serait plutôt le souvenir amusé d’un « mental hypertrophié »…
      Bon vent !

  40. François Degoul dit :

    AMUSONS-NOUS

    DIALOGUE FICTION

    André

    Je commençais à m’ennuyer. Je reviens m’amuser parmi vous. Je me croyais fort tout seul dans ma Méditation, mais pas assez tout de même…
    Alors bonjour !
    Que c’est beau la Méditation ! On médite à Sion ! C’est dur ! « Mes dix stations » du chemin de croix dirait le Christ au Golgotha ! Oui c’est le Gotha, la méditation, le Gotha du silence, du non-mental !

    Bernard

    Ah ! cher ami, vous revoilà ! quel plaisir ! je vous croyais parti pour toujours quand vous m’avez lancé un beau défi, celui de me taire…
    Il faut dire que je vous comprends, parce que de fait… Ouh là là, je me laisse encore emporter par mon mental… Rires.

    Charles

    Il semblerait André que vous ne soyez pas très cohérent.
    Vous n’arrêtez pas vos éloges de la méditation et du non mental tout ça pour jouer le gourou qui infériorise ses disciples au lieu de rester chez vous à faire ce que vous prêchez.
    Et puis, vous prétendez jouer, mais qui fixe la règle du jeu ?
    « Chacun critique le mental chez lui-même, sauf moi qui ai le droit de le critiquer chez tout le monde. La partie dure tant qu’on veut, sauf quand j’en ai marre et que je siffle la fin… ».

    André

    Charles, vous voulez toujours avoir raison. Vous avez un mental hypertrophié. Suffit. Ciao. Bon vent.

    Denis

    Moi je vais vous raconter ma vie. C’était affreux le mental. Heureusement j’ai touvé le vécu, l’émotion, l’intime. Ca c’est l’indicible. Une voie qui s’éprouve.

    Bernard

    Peut-être faudrait-il distinguer le mental de l’Ego, car ce n’est pas exactement la même chose, encore qu’apparemment on pourrait les confondre tout en évitant de le faire. Ouh là là ! je me fais encore piéger par le mental (rires). On n’élargit pas assez son champ de vision. Il faut chercher le vrai par tous les bouts possibles… mais ne suis-je pas encore en train de tomber dans le mental ? (rires).

    André
    Je vous suis, Bernard, le mental n’est pas une chose si simple qu’il n’y paraît.

    Denis

    Ah ! non alors ! le mental c’est nul. Point final. Terminé. Moi j’ai vécu tout ça.

    André

    Quelle joie pour moi, Denis, de trouver chez vous ce merveilleux exemple de mental en action, qui ne vise rien d’autre que l’affirmation de soi en rentrant dans le lard de l’autre…

    Denis

    Bernard me reproche mon méli-mélo, et puis maintenant c’est vous qui vous y mettez, André !
    Adieu. Il y a des sociétés plus sympas que la vôtre.
    Et puis moi aussi je sais effleurer la lyre …

    André

    Oui Denis, ça a du panache votre chant. Vous reviendrez un jour peut-être ?
    ———————
    Rideau

  41. Alain Gourhant dit :

    J’ai envie d’ajouter à cette conversation, le message que je viens de recevoir d’Annie, qui intervient quelquefois dans les commentaires de ce blog.
    C’est un message du Coeur, de la spontanéité et de la simplicité du Coeur et de la Concience qui l’accompagne toujours.
    Pour moi c’est une grande leçon d’humanité, car le sort que nous réservons actuellement aux animaux à cause de la folie de notre mental prédateur, est un des plus grands scandales que je connaisse :

    « Le gavage : une torture pour les animaux, une honte pour l’humanité.

    Plus de deux millions de malheureux canards seront abattus cette année à cause d’une grippe aviaire qui n’en aurait jamais tué autant.
    Quand arrêterons-nous de manger du foie gras et du magret, foies cirrhosés et malades qui ne valent rien pour la santé et témoignent d’un non respect absolu de la vie ?
    Cela fait dix ans que je ne mange plus de viande pour ma part, et nous sommes de plus en plus nombreux.
    Quelle misère dans les abattoirs en outre, dénoncée par l’asso L214, qui filme en caméra cachée ; gavages cruels et malsains, et la surpêche industrielle en mer :
    Le génocide de la planète dépend aussi de notre conscience individuelle. Sans devenir sectaire, on peut cependant dire non, en soi et pour soi, à certaines pratiques inhumaines et irréfléchies. On a toujours le choix en son âme.
    Si vous doutez encore de ces vérités, allez consulter : le gavage, une souffrance pour les animaux.
    Pour mes amis à 4, deux pattes ou nageoires : merci.
    En plus, on nous parle des polluants dans les produits, mais bien peu de l’abus de viande ou de poisson, crustacés…
    Et si l’amour nous aidait à mieux vivre ???
    Question que nous sommes nombreux actuellement à nous poser ! »

  42. MD dit :

    François Degoul,

    Depuis des lustres et avec une persistance vindicative, vous « dénigrez » le ‘dénigrement du mental’ (ou Silence), tel qu’il peut se faire en partie sur ce blog. En vous citant (23 novembre) : « Certes, relisant nos échanges passés, je vois la distance qui sépare nos repères […] et le risque de me voir censuré ».

    Alors, soyez — ‘conscient’ du « CONTEXTE » — dans lequel vous diffusez votre discours :
    un blog qui se veut « intégratif », c’est-à-dire qui souhaite ‘relier’ les idées entre-elles afin d’avoir une « vision plus élargie » (évolution des consciences) de nous-mêmes et du monde. Et si l’arrière-plan en est plutôt spirituel, oriental et philosophique à tendance taoïste, c’est parce que c’est la vie d’Alain, son choix et son blog. Son blog bien à lui et dont il est le ‘meneur’, l’orientateur et le censeur, comme tout autre webmestre sur n’importe quel autre blog et qui, de fait, en fixe « la règle du jeu ». L’on apprécie, l’on reste. L’on déteste… l’on va voir ailleurs !

    Et si l’on y reste, il est bien évident que d’y venir « imposer » rageusement l’idée que votre pensée est la seule et unique « Vérité », qu’elle a le droit de citer dans un blog à penchant contraire, que le créateur du blog doit non seulement l’accepter, mais carrément s’y soumettre… vous vaudra fatalement un rejet. Et ce, quel que soit le blog !

    Sur un blog du Parti Socialiste, essayez donc d’aller imposer l’idée que l’on ne doit pas « dénigrer » une idée du Parti Républicain que le Parti Socialiste, lui, dénigre… vous en seriez sûrement plus que censuré !
    Un blog, c’est comme une Association (loi 1901) : elle rassemble des personnes aux mêmes idées, penchants, actions ou discours. Et les perturbateurs ou autres semeurs de zizanie, on les vire.

    En conclusion, si les idées d’Alain ne vous conviennent pas, si son discours (ou le mien, d’ailleurs) est contraire au votre, s’il veut dénigrer le mental alors que vous voulez le mettre à l’honneur, si de fait vous l’en prenez pour un p’ti con prétentieux qui n’en fait qu’à sa tête… CHANGEZ DE BLOG !

    Car persister ici jouera fatalement contre vous : personne n’est dupe et fait facilement la différence entre simple controverse d’opinions et règlement de compte « infantile ». Alors trouvez un blog (ou créez-en un à vous, fait pour vous) plus en écho à vos idées, il y a un large choix sur Internet… Bon vent !

  43. François Degoul dit :

    Un grand merci, Michel, de poser franchement les problèmes.
    j’ai deux autres blogs, dont un de qualité exceptionnelle.

    Votre intervention est dure en apparence, mais je suis dur aussi.
    Elle me paraît assez juste, et surtout amicale et profonde.
    Elle mérite réponse, mon expérience étant un peu différente de la vôtre.

    Mais où vous répondre?
    Sur ce point là je suis d’accord avec vous :
    pas sur ce blog, je crois.

    Accepteriez-vous de me donner votre adresse e-mail personnelle?
    Rien ne vous y oblige.

    Bien cordialement.

    François Degoul

  44. François Degoul dit :

    Dans le « contexte » de ce blog, j’ajoute ceci.
    Mon intervention ci-dessus du 22 février, humoristique et moqueuse, jouait sur la caricature… des quatre protagonistes … y compris moi-même.
    j’ai quelque peu caricaturé mon côté petit chef avec ce « Charles » reprochant au webmaster de « fixer la règle du jeu ».
    Le Charles du « Dialogue Fiction » est une présentation à la Plantu de « François », comme sont présentés à la Plantu les différents comparses…
    L’humour n’est pas toujours évident…
    Donc, bien d’accord avec vous, Michel, sur la logique du webmaster fixant les règles…

    François Degoul

    • Alain Gourhant dit :

      Je voudrais d’abord remercier MD pour son message très clair, auquel je souscris intégralement.

      En ce qui concerne François Degoul, ses deux derniers messages illustrent encore, hélas, de manière très claire, cette question que j’ai posée précédemment au sujet de la nature du mental, quand il n’y a pas la Conscience au poste de commande.

      En effet ces messages sont des chefs-d’oeuvres de ce que j’appellerai la « perversion » du mental.
      Le premier consiste à dénigrer, comme d’habitude, ce blog et ma personne dans la manière de le gérer, mais cela se fait de manière perverse, c’est à dire détournée, en reprenant une idée d’Hédouin, sous forme d’une scénette qui se voudrait drôle et humoristique.
      L’idée d’Hédouin n’est pas mauvaise en soi – l’humour, à condition qu’il soit relayé par la Conscience pour ne pas trop blesser, est un procédé tout à fait acceptable – mais quand il devient lourd, répétitif et d’intention malveillante, comme dans le message de FD, cela ressemble trop au mental prédateur, criant vengeance, parti une nouvelle fois en guerre contre ce blog et contre les personnes comme MC qui l’apprécient.

      Quant au deuxième message de FD, qui consiste à remercier MC pour son commentaire pourtant assez virulent contre lui, il me laisse songeur en terme de perversion du mental, surtout quand il est suivi d’une invitation à échanger les adresses mail. Mais je laisse d’abord ce dernier y répondre.

  45. MD dit :

    « Un grand merci, Michel, de poser franchement les problèmes. »
    Je pose que VOUS êtes un problème sur ce blog : la même jérémiade contre Alain qui tourne en boucle.

    « Elle me paraît assez juste — et surtout amicale — et profonde. »
    Alors pas besoin de chipoter dessus — pas du tout amicale — et objective, « juste », comme vous le dites.

    « Elle mérite réponse — mon expérience étant un peu différente de la vôtre. »
    C’est vous qui le dites (pour vous en sortir indemne) — tout un chacun a une expérience différente.

    « Sur ce point là je suis d’accord avec vous : pas sur ce blog, je crois. » : d’où sortez-vous cet accord ???

    « Accepteriez-vous de me donner votre adresse e-mail personnelle? »
    Si je vous ai dit d’aller voir ailleurs, ce n’est pas pour entamer une causerie au coin du feu avec vous.

    « j’ai deux autres blogs, dont un de qualité exceptionnelle. » : alors, comme je vous l’ai dit… Bon vent !

    « Dans le « contexte » de ce blog… mon côté petit chef… sur la logique du webmaster fixant les règles »
    Cette persistance infantile est « hors » contexte : nous ne sommes pas sur le divan d’un psy ou une cour de récréation, mais sur un blog philosophique, avec son orientation taoïste.

    « Mon intervention ci-dessus du 22 février, humoristique et moqueuse, jouait sur la caricature »
    Pour qui connaît l’affaire, il est facile de voir qu’il s’agit du même règlement de compte dissimulé sous couvert de caricature. D’ailleurs, il y a un a contrario entre ce soi-disant humour et le fait que dès le départ vous dites que mon intervention est ‘juste’. Vous me faites penser au flic méchant / flic gentil : un coup cassant / un coup caressant. Technique des manipulateurs pour déstabiliser

  46. François Degoul dit :

    chers amis,

    Si vous étiez à ma place, que répondriez-vous?

    • Alain Gourhant dit :

      Quel silence, mon pauvre François !
      Vous devez vous sentir bien seul…

      Vous voulez « un conseil d’ami », si je puis me permettre ?
      Le mieux est de commencer par présenter vos excuses :
      à moi-même, mais surtout aux personnes de ce blog, que vous avez importunées,
      par vos commentaires déplacés sous le signe du dénigrement systématique.

      Ensuite il serait préférable que vous vous en alliez vers des blogs qui vous conviennent mieux, comme vous l’avez signalé à MC.
      Il devient de plus en plus évident que ce blog n’est pas pour vous,
      et vous entraîne dans des contorsions perverses, dont le spectacle, même s’il est riche d’illustration pour le fonctionnement délétère du mental, n’est pas digne de vous.
      Bon vent !

  47. François Degoul dit :

    Merci, Alain, d’avoir relevé le défi de ma question.
    Les excuses, avant même votre réponse, elles se sont présentées dans ma tête sous la forme suivante: « comment ai-je pu me fourvoyer quatre ans et trois mois dans ce blog? »
    Cordialement
    François

  48. anny dit :

    Moi j’aime ce blog profondément. Vraiment. Il m’enrichit parce qu’il est ouvert sur l’univers.
    J’y butine souvent, de ci, de là. Effrontément, libre, oublieuse, ravie de lire des mots sans les maux. Les mots sont si petites choses, faut pas les prendre au sérieux.
    Quand les arbres nous écoutent, en silence, ils pouffent.
    Ils sont si intelligents, les arbres.
    Ils rient de nous. Leur langage est si subtil, si léger… Nous, on est de gros lourds en comparaison.
    Moi, j’aime lire, j’aime réfléchir, je ne suis pas un végétal, mais ça me change les idées, j’en ai besoin pour avoir l’esprit libre, ne pas être soumise. Je lis en silence ce blog. Je lis vos mots.
    Là ce sont des maux. Des maux pour le dire. On n’est pas aussi purs que mes arbres chéris, il faut bien l’accepter.
    Et puis : silence mes amis, silence et empathie. J’aime ce blog. Voilà. Oui, profondément, j’y distille mes folies douces !

  49. François Degoul dit :

    Plus léger qu’un bouchon j’ai dansé sur les flots
    Qu’on appelle rouleurs éternels de victimes,

    porté par vos ondes, chers Alain et Anny,

    onde du retour sur soi portée par Alain,
    onde de l’émerveillement portée par Anny.

    Retour sur soi.
    EXamen de conscience,
    EXcuses
    EXtraction du corps étranger, moi-même peut-être.

    Ou s’émerveiller,
    De ce blog qui est ce qu’il est
    Avec moi-même comme élément indissociable…

    Et je me sens comme Arjuna:

    Une voix me dit:
    Quitte ce combat « pervers ».
    Toute guerre est perverse.
    Tous sont tes victimes.
    EXcuse-toi.

    Une voix me dit:
    Tout ça te dépasse.
    La Vie qui combat en toi, en sais-tu le sens?
    Laisse opérer en toi le flot de la Vie
    sans y chercher avantage.

    Et ceux que tu as blessés au combat?
    Mais qui? Le sais-tu bien?
    T' »EXcuser », à la Fillon:
    dire « J’ai fait ça parce que… »?

    Je dis plutôt
    « Je compatis.
    Votre blessure vient de moi.
    Pourquoi? peu importe.
    Je vous demande pardon. »

    La Vie blesse et reblesse,
    pardonne et repardonne.

    Episode en ces ans de blog,
    mieux compris peu à peu mais encore à comprendre.

    Ce que déjà j’ai compris :
    Peut-être, de vous et d’autres, Alain,
    J’exige trop,
    en voulant donner en modèle
    Cette mienne distance envers mes convictions.

    Provisoires, ma morale, mes convictions,
    Ce bâton pour avancer,
    A toujours changer pour un meilleur
    En « intégrant » l’évolutif.

    François

  50. anny dit :

    Pour faire court, un jour, je regardais la nature, et soudain une pensée m’a traversée comme une révélation : Tout est vrai et tout est faux à la fois. Si tu dis qu’un arbre est grand, il est petit par rappport à l’univers. Si tu dis que cet homme est un pervers, tu sais qu’il a aussi un bon côté quelque part même si tu ne vois en lui que de l’horreur. Si tu dis que la guerre est stupide, tu sais aussi que la guerre est quasiment inévitable chez les humains parfois. Tout est contrebalancé, même dans un dialogue. Il nous faut toujours regarder le monde sur les ailes d’un aigle.
    Ce n’est même pas taoïste, c’est une évidence folle. Le mental existe, on doit juste le faire tenir tranquille parfois quand il bouffe tout. Sans mental, on n’existe plus ; avec trop de mental, on n’existe plus aussi. Je ne sais pas bien dire les choses mais je sais observer mère nature. L’animal, par exemple, vit avec tout : la paix, la peur, la souffrance, la lutte… Il se pose des questions mais il intègre l’harmonie ou la disharmonie.
    Nous, on s’est créé une bulle d’ego et de mental qui nous dévore trop. (« Je pense trop » dit un livre).
    Pas facile d’être un humain en paix, acceptant le haut et le bas, le relatif et l’absolu, la dualité et la non-dualité, l’unité et la différenciation…

  51. hédouin dit :

    Anny ,ton dit me faire rompre pour quelques instants le silence dans lequel j’avais décidé de m’installer ,suite justement à des incompréhensions repétées, sur l’illustration que je faisais, d’un mental métamorphosé. J’appelais cela le « mental naturalisé »,c’est à dire un mental complètement inscrit dans le vivant .Avec les retournements ,ambiguités ,mouvements anarchiques … du vivant que tu exprimes aussi fort bien.Le mental ne nous aide alors qu’à vivre sa pensée ,comme nous vivons nos émotions ,nos affects ,notre corps etc …Merci pour ce partage.

    • MD dit :

      Anny,

      Si bucolique et coloré, votre superbe message m’a beaucoup touché. Un arbre de Sagesse qui, telles des feuilles, laisse nos mots s’envoler au vent que vous soufflez… pour les faire tourbillonner dans une majestueuse danse qui nous fait oublier nos maux…

      Loin d’être douces folies, vous distillez votre Conscience pour nous en offrir l’essence, celle de l’Amour… Merci.

  52. anny dit :

    Mes amis, vous me faites tous un immense plaisir, je vous remercie dans l’infini, car je crois que les pensées virevoltent comme les feuilles d’automne, se posant où elles ont envie, et amenant une poussée de vie avec elles. J’ai la chance immense d’avoir une âme simple et de parler aux arbres et aux nuages. Plus facilement qu’aux humains, je l’avoue, pourtant, je pense en être un.
    Et, ne riez pas, je vous en prie, mais quand je fais la causette à un gros tronc qui n’intéresse que moi -enfin je le suppose, faut pas que je pète plus haut que mon derrière !- j’ai toujours des réponses. Toujours. Souvent, même, des intuitions.
    La tempête, ici, a abattu deux de nos arbres. L’un d’eux m’a dit qu’il souffrait, il n’était pas vieux, je l’ai rassuré en lui suggérant qu’il allait faire des branchioles avec sa grosse souche plus tard. Et là, ne vous foutez pas de moi, je suis sûre qu’on s’est compris, le végétal et moi.
    Vous parlez de conscience, et dans ce chapitre sur la pause-silence, cela importe pour moi. Je crois en une Conscience universelle, une intelligence-mystère qui nous dépasse, qui fait pousser l’herbe, chanter les rouges-gorges, naître les bébés ou les planètes… Quand je me sens paumée, en colère, en désespoir, je me connecte sur ce gros bidule qui circule autour de nous et en nous, invisible ou visible… C’est là que l’arbre intervient, si je puis dire : son aura pénètre dans la mienne, et il me calme. Il est pur, près de la conscience originelle, lui. Petite conscience personnelle se «  »branche » » dans Grande conscience et hop, le tour est joué !
    Branchons-nous, « arbrons-nous », ou trouvons ce qui nous convient pour nous oublier et vibrer avec la sève du monde. Alors, après la pause silence, nous trouverons les bons mots pour nous connecter les uns avec les autres. Frédéric Lenoir a écrit « l’âme du monde », c’est un peu le même genre de choses qu’il exprime ? Encore merci, je vous aime.

    • MD dit :

      Anny,

      Parler aux arbres et aux nuages, c’est ce que faisaient les Amérindiens et ce que font encore certaines peuplades. Ils sav(ai)ent écouter la Nature et l’Univers. Un animisme qui aurait beaucoup à nous apprendre… Le pire, c’est qu’il est décrié de nos jours, mais pourtant toujours en vogue : au lieu de parler aux arbres, l’on vocifère contre sa voiture qui ne veut pas démarrer ! Triste non pas évolution, mais involution…

      Et, d’avoir rassuré l’un de vos deux arbres que la tempête avait abattus, me rappelle une expérience que j’ai vécu… dans la « forêt des fées », dans le sud de la France. Par des chemins pentus et un brin arides, une toute petite percée, insignifiante, est présente sur un côté boisé. Pour peu que l’on y aille voir… d’un coup, l’environnement change ! Un chemin aux allures mystiques et magiques, où l’on ne trouverait pas incongru de croiser Merlin, ou de voir une épée plantée dans un rocher. Ce qui m’a fait dire que cette forêt était la véritable Brocéliande. Et, plus loin, après de tortueux petits chemins, trône un « Arbre-lyre ». Un simple arbre qui, couché au sol par la tempête de 99, ne voulait pas mourir. Il a créé des bourgeons le long de son axe horizontal, bourgeons qui ont évolué grandement verticalement, jusqu’à un ensemble imposant rappelant une grande lyre. De cet instrument qu’il nous offre, il ne tient qu’à nous d’en savoir ‘jouer’ avec lui pour qu’ensemble nous vibrions dans cette musique, cette harmonie de la Nature…
      Mais son aura n’est pas la seule à nous envelopper, ‘toute’ la forêt nous parle. Plus près de l’entrée, une sorte de carrefour, avec des rondins en demi-cercle : un ‘vortex’ y réside dit-on. Plus haut, sur une large pierre plate en hauteur, je me suis assis. Calme, en silence, connecté à l’ensemble pour écouter cette nature. Et j’ai entendu « respirer » la forêt. Un chououOUOUOU… CHOUOUoououu… hyper synchrone. Un métronome tellement régulier, sans fausses notes, pas une feuille contestataire qui frissonne au vent comme elle veut, pas de bruissement de branches s’entrechoquant, non… une « respiration » d’ensemble. Et pendant longtemps, je me suis mis à respirer avec elle, sans mots, sans pensée, à son rythme, à son écho, à son cœur, à sa vie dont je faisais partie… Et, sans mots, je lui ai pourtant dit Merci en repartant.

      • Alain Gourhant dit :

        Merci Anny pour vos trois messages superbes,
        qui ont fait l’unanimité et l’humanité,
        quand le mental querelleur nous emmenait tous dans ses ornières.
        Merci Hédouin, merci MC, merci François Degoul, tous vos messages en réponse à Anny étaient contaminés positivement par une sorte de grâce,
        et dans le « cloud » obscur d’internet, comme un filet de lumière en a tressailli d’aise.

        Vous feriez une excellente modératrice de ce blog, Anny, ce qui me permettrait de faire enfin silence, ce qui était le souhait premier de mon article,
        article qui par un clin d’œil de la vie, dont elle est coutumière, a battu tous les records de commentaires :
        nous fêtons le centième message, mes amis ! « La poésie de Kabir » avec ses 94 commentaires invaincus a rétrogradé à la deuxième place !
        Continuons la danse inspirée des mots, quand le mental s’est libéré de son fond prédateur,
        et se laisse inspirer par en haut, par la poésie de l’infini ;
        Ce mental est alors transfiguré et je vous parlerai plus tard de cette dualité qui le caractérise.
        Pour le moment je n’ai pas le temps, car je suis moi-même plongé dans la magie de la Nature,
        à me promener émerveillé dans les montagnes recouvertes de leur somptueux manteau de neige.

  53. anny dit :

    Vous me faites tous un immmmmmense plaisir. Vous êtes magnifiques dans ce blog, ce jour, ici, maintenant, toujours, permanents dans votre impermanence comme diraient des sages.
    Mais moi je ne suis pas un sage, je suis la sagesse même, car je m’en moque totalement.
    Je vais donc essayer de faire pousser des petits pruniers sur ma grosse souche à terre.
    Je continuerai ma vie d’une façon ou de l’autre, mort ou vivant, mort et vivant et je sens que ça va vous plaire à tous. Savez-vous que ce blog m’a aidé ? Car moi, le blessé par la tempête, j’ai reçu vos mots quelque part dans mes racines, et je me suis dit : « Tiens, y’a donc des zumains qui ne se moquent pas de ma souche étalée ? « . Elle m’a insufflé que j’étais son maître de zénitude. Je suis content de vous tous : vous allez m’aider à repousser quelque part. Pour une fois, zumains et arbres discutent d’egal à égal. C’est chouette, ça, disait le hibou cette nuit.
    Merci mes potes. Signé l’arbre.