Poésie de la Bhagavad Gitâ

Le Mahabharata

Pour ceux qui ne connaissent pas,
la Bhagavad Gitâ est un chapitre  du Mahabharata,
le plus grand poème du monde – il compte plus de deux cent  mille stances écrites en sanscrit, soit quinze fois la Bible ou l’Iliade.
Cet immense poème épique de l’Inde raconte « la grande ‘histoire de l’humanité », une furieuse querelle de famille qui oppose deux groupes de cousins les Pandavas et les Kauravas.
Elle se termine par un calamiteux combat mettant en jeu le sort de l’univers tout entier.
Etrange force de ce texte venu du fond des âges et qui a traversé les siècles de manière indestructible,
comme s’il était toujours d’une brûlante actualité
– comme l’a montré dans les années 80 la formidable mise en scène de Peter Brook, visible actuellement sous forme de film en DVD -,
comme si nous n’étions pas encore sortis de cette grande menace du temps de la destruction,
comme si se posait toujours à l’humanité la question angoissante :
cette destruction peut-elle être évitée ?

La Bhagavad Gitâ

La Bhagavad Gitâ est, pour ainsi dire, le coeur du Mahabharata,
sa quintessence,
c’est un long dialogue en 18 chapitres et 700 vers,
entre Krishna, l’avatar du Dieu suprême, Vishnu,
et Arjuna le chef de guerre, en plein désarroi,
doutant du bien fondé de ce combat familial, fratricide et cruel.

Je ne m’attarderai pas à commenter le contenu de ce texte qui a déjà tellement fait couler d’encre,
puisqu’il s’agit en fait de légitimer la guerre,
sous couvert de « karma yoga »  (le  « yoga de l’action »),
c’est à dire de présenter une manière de combattre sans egocentrisme,
sans rechercher les fruits de l’action, de manière détachée,
en dédiant ce combat à un principe supérieur, à un Devoir de Conscience, à une vision du Tout, en sacrifiant au Dieu tout puissant son désir personnel.
On voit bien tous les débordements que cela peut susciter,
et c’est toute la sagesse de Krishna qu’il nous faut lire et relire,
pour nous imbiber de ce combat  juste,
comme l’a fait par exemple un maître en politique du nom de Gandhi.

La poésie de la Bhagavad Gitâ

J’ai préféré choisir quelques passages pour la beauté de leur poésie,
et pour le plaisir que j’ai pu éprouver en les lisant à haute voix,
pour s’enchanter de la beauté des images ;
en particulier quand Krishna, l’avatar divin, aime se décrire lui-même,
dans tout son éclat et la multiplicité de ses formes et dimensions ;
car pour moi, bien sûr, je l’ai déjà dit et j’aime à le répéter,
la poésie est vraiment la poésie,
quand elle est ce langage primordial et de prédilection, pour rendre compte de notre dimension spirituelle,
quand elle est capable de faire souffler l’Esprit  sur nos cerveaux endoloris,
encombrés et enkylosés de toutes ces choses profanes,
qui nourrissent une société de l’hyperconsommation jusqu’à l’obésité comateuse.

A noter la traduction d’Alain Porte aux éditions Arléa,
qui l’emporte vraiment sur toutes les autres, justement pour sa poésie.

Mais d’abord dans le VIIe chant  (Du yoga de la Connaissance),
écoutons Krishna se décrivant dans la multiplicité infinie de ses formes :

C’est moi qui suis, de l’univers entier
et l’origine et le terme.

Au delà de moi, rien n’existe Arjuna,
Tout l’univers est suspendu à moi
comme sur un fil
des myriades de perles.

Je suis la saveur des eaux, Arjuna,
je suis la lumière, et du soleil et de la lune,
je suis dans le Veda le mantra om,
je suis le son dans l’éther
et je suis la vitalité dans l’homme.

Je suis le parfum sacré de la terre
et je suis l’éclat dans le feu,
je suis la vie dans tout ce qui existe
et je suis l’ardeur chez les ascètes.

De ce qui est, je suis le germe, sache le Arjuna,
le germe immémorial.
Je suis la clairvoyance chez les sages,
je suis la gloire des héros,

je suis la force des forts,
affranchie de désir et de passion.
Je suis en toute chose le désir,
le désir en harmonie avec l’ordre cosmique.

Et les états de la nature, la transparence de l’aurore,
la fièvre de midi, la pesanteur du soir,
sache que c’est de moi qu’ils viennent,
mais moi je ne suis pas en eux,
c’est eux qui sont en moi (…)

Je ne suis pour personne visible,
ma propre création me cache.
ainsi abusé, le monde ne voit pas
que je suis au delà de l’espace et du temps.

Je connais les formes qui furent
et celles qui existent présentement, Arjuna,
je connais les formes futures,
mais nul ne me connait.

Surgie du combat entre désir et répulsion,
la dualité rend aveugle, Arjuna,
C’est pour cela que dans le monde manifesté
toutes les formes ont une cécité totale.

Mais ceux que plus rien n’afflige,
les êtres aux actes justes
et par là affranchis de l’opaque dualité,
ces êtres ont part à ma nature,
inébranlablement.

Voici maintenant le chant que je préfère , le XIe,
il s’appelle « De la vision de l’être incommensurable ».

A la supplication d’Arjuna :

Je souhaite contempler Krishna
ta forme souveraine.

Le Seigneur des dieux exauce son souhait :

Mais tu n’as pas la faculté de me voir
avec ton simple regard d’homme.
C’est un regard surnaturel que je te donne,
regarde moi dans ma totalité de créateur.

Alors disant cela, le créateur de toute chose,
montra à Arjuna
sa forme ultime et souveraine,

ses bouches et ses yeux sans nombre.
La voir était un pur prodige,
innombrables étaient les armes brandies.

Avec ses vêtements et ses guirlandes,
ses parfums ruisselants,
c’était une forme divine sans fin,
aux visages innombrables (…)

Alors frissonnant de stupeur
le valeureux Arjuna
inclina la tête devant Dieu
joignit les mains et dit :

(…) Tu es sans commencement
et tu n’as ni milieu, ni fin,
ta force est sans limite et tes bras sans nombre,
tes yeux sont le soleil et la lune,
ta bouche est un feu flamboyant
qui de son éclat réchauffe
l’univers tout entier.

l’espace entre terre et ciel,
c’est toi seul qui l’emplis,
tu te déploies à tous les horizons.
A voir ainsi ta forme, terrible et magnifique,
les trois mondes en vacillent, ô Krishna (…)

Ta forme touche les nuées,
elle est un arc en ciel flamboyant,.
quand je te vois bouche béante,
et quand je vois tes yeux incandescents,
je suis bouleversé jusqu’aux tréfonds de moi,
je perds toute assurance, toute tranquillité,
ô Vishnu.

Et quand je vois tes bouches aux mâchoires cruelles,
semblables au temps vorace,
je ne sais plus où aller et je me sens perdu.
Rassure-moi, Krishna, toi le maître des dieux,
toi le berceau du monde.

Mon Dieu ! voici, du roi Dhristarastra, les fils,
ils sont tous là, accompagnés
de tous les princes de ce monde (…)
et les plus valeureux de nos guerriers
sont avec eux.

A corps perdu, ils tombent
dans tes bouches horribles aux mâchoires béantes.
On en voit certains suspendus entre tes dents,
têtes broyées.

De même que les fleuves aux eaux tumultueuses,
se jettent, tête en avant, dans l’océan,
voici que cette fleur des hommes se jette
dans tes bouches en feu.

De même que les papillons
entrent dans la flamme brûlante,
poussés par un élan irrésistible vers la mort,
de même, c’est pour mourir que dans tes bouches
pénètrent tous les mondes,
mus par le même élan irrésistible.

tu te pourlèches en avalant d’un trait tous les mondes
dans tes bouches en feu.
L’univers tout entier est saturé d’incandescence
et tes flammes terribles
le transforme en brasier, ô Vishnu !

Dis-moi qui tu es dans ta forme terrible,
hommage à toi, ô Dieu Suprême,
rassure-moi,
je veux savoir ce que tu es à l’origine
car j’ignore ton rôle.

Krishna :

Je suis le temps qui fait périr les mondes
quand est arrivé l’heure.
Mon rôle est ici-bas de résorber les mondes.
sans que tu interviennes, ils cesseront de vivre
tous ces guerriers qui se font face
dans les deux armées opposées.

Debout, Arjuna, saisis la gloire,
abats tes ennemis
et goûte enfin un règne heureux.
Ils sont déjà morts dans ma main,
ne sois qu’un instrument,
ne sois que mon bras gauche (…)

Ne tremble pas et ne sois pas troublé
en voyant ma forme terrible.
contemple- la encore,
sans peur, l’esprit paisible.

 

 

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64 réponses à “Poésie de la Bhagavad Gitâ”

  1. Claudine D dit :

    Je connaissais un peu le Mahabharata à travers le résumé qu’en avait fait paraître J. Cl. Carrière, où il a d’ailleurs très bien su faire passer la poésie et le souffle épique de cette épopée.

    Les parties que vous citez sont très belles. J’aime beaucoup le chant VII, à cause de ses images, qui évoquent déjà ce que sera la luxurience de l’art indien; et j’aime bien cette idée d’un dieu à la fois créateur et omniprésent dans sa création.

    Mais j’ai été très choquée par certains passages du chant IX
    « les plus valeureux de nos guerriers
    ……….
    A corps perdu, ils tombent
    dans tes bouches horribles aux mâchoires béantes.
    On en voit certains suspendus entre tes dents,
    têtes broyées. »

    Diable! C’est pire que l’Enfer des Chrétiens du Moyen-Age; on voit sur certaines représentations, en particulier le tympan de la cathédrale de Conques, des êtres, hommes ou animaux, avalant les condamnés .

    Bien sûr ici il n’y a pas l’idée de péché. C’est l’univers entier qui disparaît, sans doute pour renaître ensuite. Mais l’image est néanmoins terrifiante, à dessein sans doute.

    Et puis, il y a plus: « ils sont déjà morts dans ma main
    ne soit qu’un instrument. »
    Cette idée que le dieu a tout décidé d’avance, que l’homme n’a rien à décider, ne laisse place
    à aucune responsabilité morale et peut donner lieu à toutes les dérives et justifier toutes les guerres.

    Que d’ambiguïtés dans ces textes !

    • Oui, c’est vrai Claudine, l’aspect destructeur des divinités dans la culture hindoue, est terrible. On retrouve la même chose chez Shiva, le redoutable Dieu de la Mort et de la Renaissance, dont les colères destructrices, récurrentes sont terribles, en particulier sous son aspect féminin, la redoutable Durga.
      Cela peut choquer nos esprits occidentaux habitués à un Dieu tout Amour, bien que dans l’Ancien Testament il puisse il puisse souvent prendre les traits d’un père fouettard.
      Personnellement j’aime bien cet aspect destructeur, car il me semble rendre compte de la réalité, aussi bien de l’histoire humaine (sans commentaire…), que de l’histoire de la Terre (les successives extinction des espèces), que de l’histoire du Cosmos et ses milliards de galaxies.
      L’émission d’hier soir sur Arte consacrée à la « Nuit des étoiles », était éloquente en ce sens :
      dans toutes les galaxies, les étoiles semblables au Soleil, sont destinées à la mort et à la destruction, aussi bien englouties par les trous noirs qui semblent s’en nourrir gloutonnement, que sous l’apparence de supernovae qui explosent en plein vol ou transformées en « naines blanches », comme des cadavres stellaires rabougris. De plus le Soleil à cours d’énergie va peu à peu s’étendre pour avaler Mercure, puis Vénus, puis la Terre, dans une sorte de compulsion cannibale, à faire pâlir de jalousie les descriptions de la Bhagavad Gitâ.
      Pourquoi, toute création semble ainsi jouer ce drôle de jeu de la destruction irrémédiable et cruelle, cela bien sûr, reste un mystère avec lequel il vaut mieux nous accommoder – plutôt que d’en faire le déni – et pour lequel Krishna demande à Arjuna, totale acceptation, détachement et connaissance.

    • Anne-Marie dit :

      Claudine, ne vous êtes-vous pas rendus compte qu’il existait bien des humains qui étaient déjà morts ? Il n’ont pas de vie intérieure, pas de vie spirituelle, ce ne sont que des images sociales, des titres, des fonctions et ça leur suffit. Peu de nos contemporains se préoccupent de leur « être profond ». Aller vers soi-même, se choisir, être à l’écoute du tout Autre, demande de l’investissement. http://www.youtube.com/watch?v=U50l-suiyiY Ne plus être uniquement dans la vie extérieure.

  2. Claudine D dit :

    Je me suis mal fait comprendre. Je ne suis pas dans le déni. Aussi vais-je être plus précise et plus incisive.

    Ce qui m’a choquée, ce n’est pas l’image du dieu avalant les hommes sans raison apparente; après tout on trouve une idée semblable en Grèce avec Kronos mangeant ses enfants – d’où l’horrible tableau de Goya retrouvé hier par François; et les dieux terribles et cruels sont légion dans les multiples mythologies de par le monde.
    Quant à savoir si cette image est une métaphore de la réalité du monde, c’est un point sur lequel je suis plutôt d’accord avec vous.

    Non, ce qui m’a choquée c’est que ce passage soit cité dans un ensemble (le chant IX) proposé à l’admiration du lecteur comme un exemple de poésie. Non seulement je ne vois dans cette image aucune poésie, mais elle aurait plutôt tendance à provoquer le dégoût et le rejet. Ce n’est pas que je sois amatrice de poésie-mignardise; mais j’aime que la poésie, comme les arts plastiques ou la musique, m’apporte quelque chose de beau, ou d’élevé, ou d’insolite, de surprenant dans les domaines de la sensibilité, du ressenti, ou des connexions inattendues.; en un mot je souhaite que la poésie m’enrichisse dans un domaine ou un autre, en exprimant ce qui, parfois, ne peut l’être à travers un raisonnement.
    Je ne crois pas exagérer en disant que ce n’est pas le cas ici, même si le chant se termine par des recommandations philosophiques.

    • Ce que vous dites là, Claudine, est tout à fait recevable pour ma part, car il s’agit d’un jugement esthétique sur la poésie et plus généralement sur l’art, où il faut laisser à chacun la plus grande liberté dans la manière de recevoir les oeuvres, à condition bien sûr, que les jugements soient encore plus qu’ailleurs modérés, car là encore, il n’y a rien de pire que la censure artistique de sinistre mémoire.
      Par ailleurs, il me semble que vous devez souffrir par rapport à l’art moderne et sa poésie, qui depuis Baudelaire et Rimbaud se plait à évoquer la part sombre de ce monde de la modernité, dans des traits bien plus violents que ceux de Krishna et que dire des nombreux artistes à la sortie de la dernière guerre – comme Antonin Artaud par exemple – qui sont allés au plus profond de la noirceur humaine…

  3. Je viens d’écouter sur France-Culture une émission fort intéressante sur Einstein et en particulier sa correspondance avec Freud entre les années 1930 et 1939 – année de la mort de Freud.
    En fait, les deux hommes face à la réalité du moment, en arrivent à faire l’hypothèse, qui ne déplairait pas au chant XI de la Gitâ, d’une pulsion destructrice des hommes, un instinct de mort d’origine pour ainsi dire naturelle, et qui se déchaîne par moment collectivement pour entraîner les pires désastres.
    A la question : « Existe-t-il une manière d’éviter la guerre ? », les deux hommes, après avoir tenté d’utiliser la SDN (la Société Des Nations) pour tempérer les nationalismes destructeurs, se rendant compte de l’échec de cette tentative, finissent par conclure à cette vision assez désespérée de la nature humaine et ses crises cycliques de destruction, dont nous parle poétiquement Krishna.
    Une autre conclusion de cette correspondance serait de croire que seule une minorité d’hommes éclairés, une élite intellectuelle, nourrie de la plus haute et la plus exigeante culture, pourrait protéger les hommes et en particulier les masses, de cette pulsion de destruction collective. Cela constitue aussi, quelque part, une des finalités de l’enseignement de Krishna envers Arjuna : en faire un guerrier conscient, un guerrier éthique, capable de définir le Sens du combat nécessaire.

  4. François Degoul dit :

    « Des goûts et des couleurs on ne discute pas », dit-on, et c’est bien le sens de votre propos, Alain (13 août à 10h27).
    En fait cet échange entre Claudine et vous nous renvoie à la distinction grecque entre « l’apollinien », forme d’art caractérisée par l’harmonie, et le « dionysiaque », marqué au contraire par l’excès sous toutes ses formes.
    Il y a deux siècles, le même débat a ressurgi entre le classicime, très apollinien, et le romantisme, plutôt dionysiaque: voir chez Victor Hugo les avalanches d’adjectifs du genre « blême » « lugubre », « sinistre », « affreux », « horrible ». Voir aussi le Radeau de la Méduse de Delacroix ou le tableau de Goya « Saturne dévorant son fils » auquel Claudine fait allusion.

    Claudine me paraît exprimer une sensibilité apollinienne, alors que vous, Alain semblez aimer le dionysiaque,
    De même Anne-Marie qui, dans l’article « Retour à la Source », citait le 10 août un texte de Cendrars offrant une longue énumération de termes liés aux désordres de l’âme.
    Ce texte m’en a rappelé un autre similaire et au moins aussi long de Lautréamont dans Poésies I:

    « Les perturbations, les anxiétés, les dépravations, la mort, (…) les abrutisssements, les hallucinations (…), les tourments, la destruction, les renversements, les larmes, les insatiabilités, les asservissements » etc. etc.

    Les énumérations interminables, forme d’excès, de révolte et de défi à l’harmonie, on en retrouve aussi chez Rabelais, autre esprit dionysiaque.

    Pour ma part, un peu de dionysiaque ne me déplaît pas dans la mesure où le contenu en est ou drôle ou émouvant parce que reflet de la vie. C’est d’ailleurs bien je crois cette puissance de la vie qu’a voulu exprimer Anne-Marie par cette citation de Cendrars.

    En revanche, je n’aime pas trop les formes d’expressionisme de l’atroce comme chez Goya, Delacroix (oeuvres citées) ou ce chant XI de la Baghavât, parcequ’il me semblent en rajouter encore aux horreurs d’un monde où la place de l’horreur me paraît tout de même plus relative, et comme discrètement anesthésiée par la vie, mais je reviendrai sur ce débat métaphysique dans un autre commentaire.

    • Cette distinction, art apollinien, art dionisyaque, me semble pertinente, François, et j’ai envie bien sûr de faire référence à Nietzsche pour la conforter.
      Personnellement, je ne vois pas cette différence comme un antagonisme, mais comme deux manières de voir le monde esthétiquement, qui se complètent. J’aime la structure d’un tableau par exemple et en même temps sa déstructuration, et je trouve cela porté à sa perfection, chez un Nicolas de Staël, que je connais bien.
      Cela fait partie aussi de la philosophie intégrative que de voir le monde de différentes manières, en tentant de les intégrer, plutôt que de les opposer.
      D’ailleurs Krishna serait d’accord avec cette manière de voir la multiplicité de ses formes : « C’est un regard surnaturel que je te donne, regarde moi dans ma totalité de créateur. »

  5. François Degoul dit :

    Merci, Alain, de ce complément intégratif sur l’esthétique.

    Revenons à la Baghavat-Gitâ.

    Le chant VII, je m’y retrouve étonnamment bien, moi venu de la tradition judéo-chrétienne et occidentale.

    Par souci de clarté je crois devoir repréciser ici ma principale référence spirituelle, surgie en 1974, se donnant comme une mise à jour des révélations déjà plus ou moins fidèlement transmises par Bible et Coran, se présentant sous le titre de « Révélation d’Arès » (ville de Gironde), et témoignant notamment de cinq apparitions parlantes d’un bâton d’une extrême intensité lumineuse.

    Cet ouvrage m’a conduit à nettoyer mon christianisme de ses prisons dogmatiques.

    Etrangement, il redit en des termes bien plus lapidaires ce qu’on trouve dans ce chant 7.
    Sans parler de l’infinité dans le temps et l’espace, j’aime dans ces deux textes la fusion entre Dieu Créateur et Dieu du panthéisme:
    « Origine » et « germe » de l’univers et en même temps « lumière », « son » « parfum » et « force », le Krishna du chant 7 me rappelle la voix du Bâton de Lumière:
    « Je suis la Mine (et) l’Eau », « Je suis la Force » , « l’aube Je (la) suis, le soir Je (le) suis », ce qui n’exclut pas une indicible force créatrice: « (De) mon Pouls sort(ent) les mondes ».

    Pour le chant XI en revanche, la différence entre les deux textes touche au fond.
    Même si « Bâton de Lumière » est synonyme de « soleil », de « feu flamboyant », d’ « incandescence », en revanche pour moi cette bouche divine avalant indistinctement hommes et mondes ne passe pas.

    A première lecture, Alain, votre argumentation par les astres s’engloutissant mutuellement m’avait paru juste. Quant à la correspondance de Freud et Einstein, elle aurait gagné, me semble-t-il à élargir le regard sur l’histoire au-delà de la dramatique période qui fut la leur.

    Ma question est la suivante: faut-il, comme ce chant XI et tout matérialisme, assimiler homme et monde, l’homme et matière et donc violence détruisant l’un et violence détruisant l’autre?

    On est là dans un domaine de foi, et comme dit Comte-Sponville, si la raison interdit de dire « je sais », l’amour pousse vers l’autre par l’échange d’arguments.

    Pour refuser l’image d’un Dieu ou d’un Univers avalant les hommes comme les astres, je vois trois arguments:

    1) Considérant l’incroyable énergie destructrice potentielle présente dans la matière (elle-même énergie!), je trouve plutôt miraculeuse l’existence de la Vie, de l’Homme, du repos. j’y vois de la part de l' »Etre » une étonnante maîtrise, une étonnante retenue que je ne m’explique que par l’Amour.

    2) Considérant l’infiniment plus faible mais déjà énorme énergie destructrice conquise par l’homme, je trouve plutôt miraculeux de retrouver dans l’homme le même type de maîtrise et de retenue, entaché c’est vrai de redoutables accidents (Hiroshima, Tchernobyl, Fukushima, accidents de la route).
    Pourtant, malgré ces accidents et son côté « prédateur », l’homme limite énormément le chaos possible.

    On sait que l’arsenal atomique peut détruire plusieurs fois la planète et on en a eu très peur un temps, pourtant nous sommes là.

    Les carambolages, on connaît.
    Imaginons donc que l’énergie potentielle des voitures ne soit plus contrôlée, que toutes les voitures démarrent à l’improviste pour une direction aléatoire. Horreur.
    Alors quand sur une grande nationale sans chaussée séparée je vois d’interminables files de voitures rouler à 90 sans se rentrer dedans, ça me donne bien l’impression d’un reflet chez l’homme de la sagesse divine.

    3) On admet volontiers que les catastrophes naturelles ont une origine humaine, et pour ma part, je tente une réflexion sur une origine humaine de toute catastrophe naturelle ou méchanceté animale.
    De fait, le témoin d’Arès, projeté au milieu des forces effrayantes de la Création, constate qu’il reste indemne et s’entend dire:
    « les mondes ne touchent pas ta barbe »,
    comme si l’inanimé respectait en l’homme la spiritualité… non polluée par celui-ci.

    Le monde peut s’autodétruire, l’homme peut s’autodétruire, et pourtant la Vie est, invitant l’homme à éviter l’accident.

    Bouche dévorante?
    Oeil de maman aussi.

    François Degoul

  6. Catherine B dit :

    Est-ce que votre vie est lisse et tendre tout le temps dites-moi François? Ne sentez-vous pas les affres de son parfum? à la vie? vous stranguler, vous éclipser, vous rapter de vous-même? Ne peut-on dire alors qu’il s’agit de mâchoires broyantes, qui broient l’énergie qui est en nous, qui broient parce que ces énergies, nous n’avons pas su les convertir? Je me pose la question

  7. François Degoul dit :

    Merci, Catherine, de ces questions.

    Je n’ai jamais dit que pour moi « la vie est lisse et tendre tout le temps ». j’ai même dit le contraire. Relisez mon commentaire du 5 août dans « Rilke, la poésie de l’hypersensibilité ».

    Après, chacun a ses malaises, sa façon de les vivre, de les symboliser, de les interpréter.
    Les métaphores « stranguler » et « broyer » ne correspondent pas à ce que je ressens, mais d’autres ressentent les choses ainsi: vous, Isaïe parlant de « rendre vie au coeur des gens broyés ».
    Quand je suis indisposé, ce que je sens, c’est un intestin obstrué comme une tuyauterie bouchée dont la pression me remonterait jusqu’à la tête en brumes de vide et de grande tristesse.
    Mais fondamentalement ce n’est pas grave, j’attends que ça se passe, car comme dit le Bâton de lumière dont j’ai parlé:
    « (Si) la main tient Ma Main, l’oeil (peut) pleure(r), l’Eau reste dans l’oeil ».

    Tenant bien la Main de mon (Père/ Mère) des Cieux comme le bambin, le chagrin passe.

    Et ces énergies à « convertir » dont vous parlez, le chagrin passé, je m’y remets! Ce que je fais en cet instant. D’accord avec vous que c’est la meilleure thérapie.

    Soyez heureuse, Catherine et si vous voulez nous expliquer le lien entre ces mots « broyer » ou « strangulation » et ce que vous ressentez », je vous lirai avec plaisir.

    François

  8. Catherine B dit :

    Oui,broyée et strangulée, je le suis plus souvent qu’à mon tour certes!!! je ne suis plus
    là alors, je suis ailleurs,, perdue dans des méandres identitaires qui me fourvoient et du coup, la vie, la pôvre, elle souffre!

  9. Catherine B dit :

    Ce n’est pas clair ce que j’ai écrit, excusez-moi. Ce que je voulais dire c’est que tout compte fait l’énergie en soi, n’est ni bonne ni mauvaise. Mais il faut que cette énergie qui passe m’informe au-dedans de moi, que je l’intègre, que je métabolise ce qu’elle a me dire de moi et des relations de toute nature, sinon au lieu d’être liée à moi cette énergie, elle divorce de moi, et c’est là que ça fait mal. Les mâchoires terribles et hideuses dont parlent Le Chant Du Bienheureux me font penser à cela, mais, bon, c’est une lecture personnelle.

  10. Catherine B dit :

    Comme si une énergie qui n’était pas intégrée, digérée, se retournait alors contre nous et sa force colossale, nous la prenons en pleine face et ça fait mal, d’où tous les excès « artistiques »décrits, et qui ne sont pas excessifs à mon sens mais l’expression des réalités cruelles que nous vivons sur le plan personnel parfois mais aussi sur le plan sociétal, c’est patent. N’est-ce pas un monde atroce que le nôtre? Ses mâchoires ne broient-elles pas l’essence noble des hommes? Je crois bien que si… Reste donc à nous laisser informer par cette énergie même si ça bouscule certaines de nos attaches auxquelles nous sommes bougrement attachées. D’ailleurs, la matière n’est-ce-pas de l’énergie, de la substance, de l’information et de l’espace-temps? Comme si la matière était la maison de l’esprit et l’esprit sa fonction? Bon, là, je dis ça comme ça, il faudrait quand même y réfléchir davantage à cette dernière phrase.
    Bonne journée

    • Anne-Marie dit :

      Vous m’avez fait réfléchir toute cette journée et je ne suis pas encore arrivée à une conclusion claire (me concernant). Je crois que c’est l’Esprit qui crée. Il crée de nouvelles formes : la matière. Oui, pour moi, la matière vivante est bien « la maison de l’esprit ». Et j’ai conscience que pour obtenir de l’énergie, nous détruisons ces « matières ». Comme si la « matière vivante » n’avait pas de valeur. Les vivants sont transformés en bêtes à viandes, bêtes de somme, pour la fourrure, le lait, pour la construction, pour la nourriture, pour le travail, etc. Au lieu de préserver cette matière vivante et générer de la justice selon l’Esprit, nous l’utilisons pour en tirer de l’énergie. Et là l’esprit meurt. C’est le fait des humains qui se laissent incorporer à des structures légitimées par « le fournisseur historique de légitimité », l’État, ou la société actuelle qui ne veut pas avoir connaissance de sa responsabilité dans ce désordre et confusion.
      J’ai appris que dans certaine société le poulain accompagnait sa mère, les relations étaient plus « conformes » à l’idée que je me fais de ce que doivent être les vivants entre eux. Je ne m’intéresse pas à la vie, je sais qu’elle se débrouillera très bien sans moi. Par contre les vivants sont une constante question. Ce sont des formes douloureuses dans un monde intolérant, qui les exploite sans réfléchir.

      • Catherine B dit :

        Il y a un écrit qui dit: Le tout est esprit, l’univers est mental. Je vous trouve tout à fait remarquable Anne-Marie. Continuez à essaimer, faites votre miel de toutes les fleurs que vous rencontrez, belles et moins belles et distribuez-le, car il est bon votre miel, je l’aime votre miel et vous remercie d’exister

        • Catherine B dit :

          ça veut donc dire à mon sens, qu’il y a une médiation nécessaire entre les eux, l’esprit et le mental, et la médiation, c’est à nous qu’elle revient. C’est ça, à mon sens le travail prioritaire de l’homme qui se respecte. Travailler à unir ces deux dimensions sur le pont de la matière corporelle qui s’essaie alors à glisser d’auxiliaire. Ne plus « avoir » un corps mais « être « un corps. Notre travail est là, et tout le reste nous sera donné par surcroît comme il est dit dans un autre très beau texte.

  11. François Degoul dit :

    Même si intellectuellement « ce n’est pas clair », Catherine, vos trois lignes d’hier soir à 22h24, elles me fascinent par leur dense brièveté contradictoire.

    Que signifie cette intériorité contradictoirement « strangulée », comme écrasée et étouffée par l’angoisse, et en même temps étalée en « méandres identitaires » qui vous « fourvoient » comme dans une immensité « perdue »?

    Comme si la question « qui-suis-je? » vous ouvrait des espaces si ouverts que cette liberté vous effrayait, vous « angoissait », de l’allemand « eng », étroit, disait mon psy.

    Ou bien est-ce moi qui me fourvoie?

    Ensuite, ma sensibilité suit bien la vôtre sur deux points:

    1) Même si votre votre noir regard sur le monde, -« n’est-ce pas un monde atroce que le nôtre? »- regard porté sur la vie par mes vingt-cinq ans-, mes 69 ans l’ont depuis longtemps bien tempéré,
    même si cette impression d’être « strangulée » ou « broyée », je ne la ressens pas à votre façon,
    j’ai tout de même, moi aussi, des frayeurs liées à l’écrasement de la vie: nez bouché la nuit, obsession imaginaire de ne plus pouvoir uriner ( Montaigne et un grand oncle à moi sont morts ainsi)…

    2) Moi aussi j’ai souvent ressenti et ressens souvent, le soir, comme une averse brutale le malaise viscéral (« vie-serral » diriez-vous) qui me tombe dessus en un rien de temps, lié à un trop ou pas assez d’énergie: « Comme si une énergie qui n’était pas intégrée, digérée, se retournait alors contre nous et sa force colossale, nous la prenons en pleine face et ça fait mal ».

    A 24 ans, au coucher du soleil, le 1er octobre 1968, le train me débarque à Argentière, près du Mont Blanc, 1250m d’altitude.

    Devant cette douceur incroyable de l’air frais, cette rougeur du soir, ce calme impressionnant, cette joie d’explorateur à me retrouver pour la première fois de ma vie en montagne à la morte saison, un tel émerveillement me saisit et m’emplit qu’il me faudrait, ce transport soudain, l’incarner en grimpant sur les sentiers vers les hauteurs.
    Mais la nuit va tomber. C’est l’heure de se présenter au chalet, de préparer mon repas, de manger.

    Et mon énergie se défoule en dévorant ma boîte de conserves macédoine quatre personnes.

    Et vite, « ça » me tombe dessus. Dans le cirage viscéral (vie-serral diriez-vous).

    Je m’en extrais péniblement le lendemain après-midi. Mon hôte, guide de montagne, me propose une promenade au torrent, si peu gonflé en cette saison qu’il y coince un arbre sur lequel nous traversons.

    Et maintenant en 2013, le soir, empêtré dans quelque tâche intellectuelle sur écran ou dans des papiers, le clignotant fatigue s’allume brutalement.

    Je devrais obéir, tout arrêter.
    Mais je ne vais tout de même pas laisser ça en plan, en désordre.

    Rude partage entre la tête, qui aime l’ordre, et les viscères qui vous préparent à savoir tout lâcher…
    Et souvent, je ne cède pas assez vite. Et le « ça », le malaise viscéral repart pour une nuit ou un peu plus…

    Merci donc Catherine, d’être passée au style lapidaire et personnel, et merci aussi à Anne-Marie qui nous a montré la voie.

  12. François Degoul dit :

    1) « Oui,broyée et strangulée, je le suis plus souvent qu’à mon tour certes!!! » (16 août à 22h24).
    « Plus souvent qu’à mon tour ».

    D’un côté mon psy disait que, sans qu’on puisse le comprendre, certains étaient sujets à ce qu’il appelait « l’angoisse » et d’autres non.
    C’est vrai, entre gens souffrants on se comprend, alors que de la part de gens forts on peut avoir le sentiment d’être incompris voire méprisé.

    D’un autre côté, la souffrance ressentie « plus souvent qu’à mon tour » ou le « pourquoi moi? », c’est une expérience ordinaire, et je l’espère pour vous Catherine, passagère.

    C’est celle de Job, qui se termine bien, c’est celle de Hugo perdant sa fille et surmontée après quelques années, c’est celle d’une amie de mon âge qui vient de faire un gros AVC… et j’en passe.

    Pour moi je dirais plutôt « pourquoi nous? ». Pourquoi nous, humanité, devons-nous tant souffrir et tant être menacés de catastrophes pour évoluer? Allons, ouvrons les yeux, prenons-nous en mains, nous sommes capables de faire bien mieux!

    2)Autre thème, concernant aussi Alain, l’intégration.

    Avec vos « méandres identitaires », j’ai comme l’impresion, Catherine, que vous avez du mal à vous intégrer vous-même.
    Ce qui m’intéresse, plus encore que l’intégration des penseurs (intégratifs ou non), c’est l’intégration de chacun par lui-même (« sois un dans toi », dit le message d’Arès) et l’intégration collective et libre de chacun par tout groupe et par l’humanité entière.

  13. Catherine B dit :

    Cher François,
    Décidément il est bien difficile de se faire comprendre.
    Alors, je vais faire dans le lapidaire, j’aurai peut-être plus de succès.
    Ne vous inquiétez pas pour moi, je vais très bien.
    Quand je prends le « discours » à mon nom, en disant « je » c’est pour bien faire comprendre que je n’ai rien d’ héroïque et que je traverse comme quiconque veut bien les voir , car certains ne les voient pas, ces moments d’absence de l’être.
    Non, en effet Dieu m’en garde, je n’ai pas intégré tout ce qu’il y avait à intégrer et c’est tant mieux. Car les humains ne sont pas complets, ça se saurait et que mon statut d’humain, je tiens à le garder. N’empêche, ça ne m’empêche pas de voir quand je suis absente à la vie qui se propose à moi, à cause de l’occupation à des fatras qui viennent encombrer l’espace, les mâchoires qui mangent qui dévorent la vie à mon sens, c’est ça, cette occupation inadéquate due à des rôles, etc, etc . Il faut faire le ménage, débarrasser les fausses identifications, une identification, c’est prendre le faux pour le vrai, est-ce plus clair? Et quand on prend le faux pour le vrai, on se fait dévorer, ce n’est pas moi qui le dit c’est le vécu. Mais on a appris depuis qu’on était petit que la vie était morte, alors pour la faire revivre c’est dure-dure, et certains prennent la mort pour la vie!Bon, là-dessus, je réponds à ce que vous dites de l’autre côté, et puis je pars en campagne, car je suis un peu énervée je dois dire de constater cette surdité, mais bon, il faut croire que je m’exprime mal.

  14. François Degoul dit :

    Hé bien, Catherine, je vais vous faire une révélation.

    D’échange en échange , il me semble qu’à force d’essais erreurs j’arrive un peu mieux à vous comprendre.
    Je vois que j’ai fait des contresens tenant notamment à ma subjectivité.
    Après vos mises au point, voilà ce que je comprends de votre ressenti:

    Pour vous, ces mâchoires qui « dévorent la vie » ça peut faire penser aux gens qui disent « on se fait bouffer ».

    On se fait bouffer par qui? par quoi?
    Si je vous comprends bien, on se fait bouffer par des « occupation »(s), des « fatras » qui corespondent à des « jeux de rôles ».

    Ca rend de façon récurrente « absent à la vie » et il faut « faire le ménage ».

    Ce sont bien vos mots. Ou ai-je encore trahi par mégarde votre pensée?

    Maintenant suis-je d’accord avec vous?
    En ce qui concerne « les hommes en général », je dirais volontiers oui.
    C’est vrai que beaucoup de gens se laissent beaucoup « bouffer ».
    Ca me semble rejoindre par exemple ce que Marx appelait « l’aliénation »: le salarié n’est plus lui-même, il est privé de ce qu’il est au profit d’un « exploitant » qui en fait une chose.

    En ce qui me concerne personnellement, je suis, comme vous, constamment préoccupé de « faire le ménage » en moi pour laisser la Vie me pénétrer.
    Maintenant, est-ce pour moi si « dur »?

    Quand j’étais salarié professeur de lycée, c’était effectivement assez dur. Par exemple mon « jeu de rôle » m’obligeait à me concentrer sur les copies des élèves pour leur mettre une « note » pas trop injuste, pour ensuite « évaluer » chacun au conseil de classe, « orienter ». Est-ce que ça aidait les élèves à savoir accueillir la Vie?

    Quand je faisais ce travail, je ressentais bien que j’étais fortement débranché de la « Vie », malgré mon effort pour humaniser cette tâche de correction.

    Je n’ai jamais eu la force de chercher un emploi qui m’aliène moins. Il est vrai que mon métier avait aussi des facettes plus humaines.

    Maintenant que je suis retraité, par comparaison, je ne trouve pas cela très dur de surveiller et écarter ces « mâchoires », mais je dois avouer que j’ai de gros atouts dans ce travail.

    1) Je suis né dans une famille chrétienne qui ne m’a jamais dit que « la vie était morte ». On me disait que la vie, elle était « blessée » par le péché d’Adam, mais que Jésus était la Vie, qu’il fallait s’y raccrocher.

    2) Même si je me laisse parfois piéger, J’ai un esprit critique, curieux, actif, réfléchi, indépendant, une personnalité forte qui m’aide toujours à prendre de la « distance » par rapport aux sollicitations des « mâchoires » et au qu’en dira-t-on.

    3) Par exemple j’ai toujours vécu sans télévision.

    4) Ma découverte à 45 ans de la « Révélation d’Arès » (bourg de Gironde) a confirmé mon effort de chaque instant pour résister aux « mâchoires »:
    je me vois dans ce texte appelé non seulement à accueilir la Vie, en « faisant le ménage » de ce qui la bloque, mais à la rayonner activement, cette Vie, autant que faire se peut, dans chacun de mes gestes, pensées et paroles quotidiens.

    En conclusion, je suis moins occupé à déplorer ces « mâchoires » qu’à leur opposer l’accueil actif de la Vie dont elles pourraient me priver, et à dire à ceux qui peuvent le comprendre qu’il y a bien en eux autre chose que ces « mâchoires ».
    C’est bien je crois cette reconnaissance de la Vie et cet effort vers elle que je sens dans ce blog et qui m’y attache.

  15. Anne-Marie dit :

    « Mon rôle est ici-bas de résorber les mondes. » C’est ce que dit Krishna. L’omnipotence ne peut pas tout. Il a besoin de Arjuna pour créer la liberté. En effet, je suis convaincue que la liberté telle que l’a conçue Jésus est en mesure de changer, transformer radicalement le monde.

    • Alain Gourhant dit :

      C’est une bonne idée, Catherine, d’avoir choisi d’évoquer le principe de destruction partout à l’oeuvre, à l’intérieur de soi-même, à l’intérieur de chacun d’entre nous – les gnostiques diraient notre part d’ombre. Je suis aussi d’accord avec vous, de la manière dont vous décrivez ce long et toujours recommencé travail sur soi-même, qui revient à mettre toujours plus de conscience là, où il n’y en a pas assez – ce qui est d’ailleurs le travail proposé par Krishna à sa manière lui aussi, envers Arjuna plongé dans une grave crise intérieure face à l’absurdité de la guerre collective entre les hommes. Ce travail de conscience, on pourrait le retrouver de nos jours dans la nécessité du travail psychothérapeutique face aux situations d’extrêmes souffrances intérieures.
      Je n’ai pas trop compris, par ailleurs, ce qui a provoqué l’incompréhension avec François, puisque vous êtes tous les deux engagés dans ce travail sur vous-mêmes, sauf si les moyens et les méthodes pour faire venir la conscience sont trop différents ou si le langage employé n’est pas traduisible par l’autre dans son propre langage et alors, le va et vient de vos commentaires me semblent la bonne méthode.
      Par rapport à François, il me semble qu’il y a une posture de combat par rapport à « la mâchoire intérieure » nous dévorant, et que c’est peut-être cela votre différent. En tout cas c’est une différent avec moi-même, car je pense que tout combat contre l’Ombre intérieure, est peine perdue. Plutôt que « faire le ménage », il s’agit d' »éclairer » avec beaucoup de bienveillance et d’amour pour soi-même, ce Dragon qui aime nous dévorer. Alors, le plus souvent, il fond, il lâche prise.
      Je pense aussi que cette posture de combat, vient de la culture chrétienne et qu’elle n’est pas juste, car le Dragon intérieur ne peut pas être combattu ; au contraire dans ce combat, il devient plus fort – la force du refoulé, et cela conduit à la dissociation intérieure : un visage tout amour, et à l’intérieur, une bête féroce toujours prête à bondir… qu’en pensez-vous François ?

  16. François Degoul dit :

    « Je suis convaincue que la liberté telle que l’a conçue Jésus est en mesure de changer, transformer radicalement le monde », dites-vous Anne-Marie.
    Je me situe bien sur la même longueur d’onde.

    Et vous, Alain, merci de m’aider à clarifier ce que j’ai à dire.

    A propos de l’échange entre Catherine et moi vous suggérez ceci: « le langage employé n’est pas traduisible par l’autre dans son propre langage et alors, le va et vient de vos commentaires me semble la bonne méthode ».

    J’adhère entièrement à ce diagnostic, et je m’aperçois que si j’éprouve des difficultés à comprendre autrui, moi aussi je dois faire en sorte d’être compris.

    Pour moi, la clarté suppose qu’on sache de quoi l’on parle, et je vois que dans cet échange nous parlons de trois choses différentes, certes imbriquées, mais différentes, trois mondes différents, trois notions différentes.

    1) D’abord le monde de la « cénesthésie », c’est-à dire de ce que l’on ressent d’agréable ou de désagréable dans son corps. Dans mon vécu, plus que chez la moyenne des gens certainement, ce monde est très très présent, et quand Catherine utilise des mots comme « strangulation », j’ai eu tendance à interpréter ça dans ce sens: je me suis dit qu’elle se sent nouée à la gorge, qu’elle n’arrive plus à respirer, et je l’ai plainte.
    Mais non, ce n’est pas ça essentiellement qu’elle a voulu dire…

    2) Alors si ce n’est pas essentiellement le monde de la cénesthésie, du vécu dans le corps qu’expriment ces « mâchoires », elles peuvent symboliser le monde de la pression sociale, du politiquement correct, de l’éducation, du qu’en dira-t-on, ce « jeu de rôle » dont parle Catherine.
    Dans mon commentaire du 18 août, j’ai tâché de faire mienne cette interprétation qui m’a paru celle de Catherine, mais en me relisant, je vois que l’expression « faire le ménage » que je lui emprunte a pour moi un sens précis que vous n’avez pas compris, Alain, parce que je suis resté implicite et que vous avez aussi votre subjectivité.
    Pour moi, « faire le ménage », c’est faire le « tri » dans mes occupations et engagements pour écarter de mon emploi du temps tout ce qui est « jeu de rôles » ou superficiel, donc tout ce qui n’est pas à mes yeux prioritaire: je dois accueillir et faire passer la Vie.
    Ainsi j’ai au cours des ans écarté de ma vie le militantisme politique, la messe du dimanche, un lourd investissement syndical, certains comptes bancaires etc. etc.
    Voilà comment je « fais le ménage ».

    3) Au delà de cette dimension cénesthésique et de cette dimension « emploi du temps », votre message de ce jour Alain, se réfère encore à autre chose, dont Catherine et vous parlez avec aisance parce que c’est votre métier, avec un langage parfois codé et symbolique dont les mots peuvent pour un peu-initié comme moi renvoyer par erreur d’interprétation à du plus concret.

    Ainsi, ce mot « mâchoires », je l’ai, pour essayer de comprendre Catherine, interprété d’abord au sens 1) des sensations physiques, puis au sens 2) de la pression sociale, mais je m’aperçois en vous lisant, Alain, que ce que vous appelez ces « mâchoires », ça renvoie plutôt à un contexte comment dire… -psycho-religio-fantastico-métaphysique,

    ce que vous ou Catherine appelez le « dragon » intérieur.
    Pour dire ces choses avec mes mots, je dirais mon « mauvais ange » , voire mon « Satan intérieur ».

    Ce n’est pas que je sois incapable de vous comprendre, mais encore faut-il savoir de quoi l’on parle.
    Sur ce terrain, je dirai donc qu’à vingt-cinq ans, j’avais une telle frousse inconsciente de « çà » que je confiais à mon psy: « il me semble que je risque d’entraîner la fin du monde ».

    Oui mon inconscient était bien sous fortes mâchoires.

    Mais j’ai évolué.

    Cependant vous m’aidez à me rappeler que mon naturel optimiste, ma vie hyper facile et mon coeur tourné vers le bien ne doivent pas me faire oublier que ces mâchoires, que j’ai, me semble-t-il, pas mal apprivoisées et domestiquées, elles menacent toujours le monde autour de moi: guerres, meurtres, solitude, maladies, désespoir, incompréhension,

    et que notre époque pas trop affreuse ne nous met pas à l’abri de retour à des périodes catastrophiques comme celle de 39-45, où les mâchoires s’en donnent à plein.

    Cette coagulation possible des dragons intérieurs de l’égoïsme, de la prédation, de l’orgueil, du matérialisme-rationalisme épais etc. en frénésie collective et destructrice, ce que la Révélation d’Arès appelle « le péché des péchés », c’est bien une des voie offerte à l’humanité, donc les « mâchoires » virtuelles sont bien là.

    Je répondrai simplement que pour éviter l’abîme, je préfère regarder devant moi qu’en bas, et comme je ne suis pas tout seul, j’ai à donner aux autres l’envie de monter rassuré dans l’effort patient, plutôt qu’à m’obnubiler sur l’abîme.
    Je tiens fermement la « Main » qui ne me lâchera pas si j’avance et aide à avancer.

  17. François Degoul dit :

    J’ai oublié, Alain, de répondre à votre question précise de ce matin 11h50.

    Contre le « dragon » intérieur, adopter la « posture de combat » de « culture chrétienne »?
    ou alors comme vous le recommabdez, ”éclairer” avec beaucoup de bienveillance et d’amour pour soi-même, ce Dragon qui aime nous dévorer »?

    Ma réponse:
    1) je ne suis pas un dogmatique
    2) Mon intuition et l’expérience des ans me pousse nettement dans votre sens.
    3) Il faut éviter pourtant, je crois, que la « bienveillance » envers soi-même devienne complaisance excessive envers le dragon, comme le montre l’exemple d’Osho dans votre article du 9 décembre 2012. Je vous cite:

    dans l’ashram d’Osho, dites-vous, la « célébration du moment présent, point clé de la doctrine, devient une fête non-stop assez vulgaire, où sexe et argent font bon ménage dans la démesure avec une consommation de biens matériels indécente, surtout dans un pays très pauvre – voir la terrible provocation de la multiplication des rolls du gourou ».

  18. François Degoul dit :

    Anne-Marie, à 14h47 (3ème commentaire de ect article), vous avez écrit à propos des morts « Il n’ont pas de vie intérieure, pas de vie spirituelle, ce ne sont que des images sociales (…) ».
    La plupart de nos contemporains partagent votre vision.
    Elle ne me paraît pas convaincante.
    Souhaitez-vous l’argumenter?
    Ou bien alors relisons ensemble l’article « Expériences extraordinaires autour de la mort » du 11 janvier 2013?

  19. Anne-Marie dit :

    Je ne suis pas convaincue que la plupart de nos contemporains partagent ma façon de percevoir, sinon je n’aurai pas de difficulté à me faire comprendre.
    Oui, je crois qu’il y a des facteurs différents et divers qui rongent la vie de l’être humain. L’absence d’humilité en est un, le désir d’avoir une fonction, la vieillesse, la certitude d’être dans son droit. Je n’ai pas la vérité, je perçois seulement des comportements inadaptés qui me font penser que nous sommes susceptibles de mourir bien avant notre heure. Nous restons présents sur terre, mais « à côté de nos pompes » comme disent les jeunes. Il y a comme une absence de conscience. jJe ne parle pas de l’Alzheimer, c’est beaucoup plus fréquent, courant. Catherine en a parlé je crois. Je sais que mon petit-fils parlait des « morts-vivants » ou des zombis. Je n’ai jamais regardé ces films parce qu’ils sont laids, mais je me dis maintenant, que peut-être, c’était de la poésie pour attirer l’attention sur une réalité que nous ne voulons pas connaître? Je ne parle pas d’une vie éventuelle après la mort, je parle de notre quotidien.
    Trouvez-vous logique de détruire, ou d’exploiter les vivants pour en faire de l’argent ? Voilà pour moi ce qui pose le plus de questions (pour moi c’est un problème). C’est bien ce que nous faisons avec le type d’économie que nous avons, non ? Ou encore pourquoi trouver plus d’intérêt dans les symboles, les représentations que dans ce qui est palpable, gouteux. Pourquoi s’intéresser à la politique plutôt qu’au chagrin des mamans, à l’ordre établi plutôt qu’à ce qui est sous nos yeux. La réalité dépasse toujours la fiction et pourtant nous ne voyons pas la réalité, et nous justifions nos fictions. Pour moi c’est lié à notre aveuglement ou à notre inconscience.
    Je ne connais pas les « Expériences extraordinaires autour de la mort », je sais seulement que nous sommes capable de tout. Ca me suffit pour me tenir sur mes gardes.

  20. François Degoul dit :

    C’est à peine croyable, Anne-Marie, tous les contresens que je peux faire sur ce que chacun dit sur ce blog.

    Vous aviez écrit:
    « ne vous êtes-vous pas rendu compte qu’il existait bien des humains qui étaient déjà morts ? Il n’ont pas de vie intérieure, pas de vie spirituelle, ce ne sont que des images sociales, des titres, des fonctions et ça leur suffit. »

    En vous lisant, je me suis -dit : « ben oui, elle fait de l’humour noir, comme si Claudine avait oublié qu’un jour on meurt, et qu’on ne sera plus que le souvenir que les autres garderont de nos fonctions sur cette terre ».

    Mais non!
    Je ne vous avais pas compris!

    Le propos que vous développez ici, d’une étonnante clarté, me frappe d’admiration!

    Vous me confirmez encore (ça m’ennuie un peu d’en reparler souvent, mais c’est ainsi), qu’en lisant en 1989 la « Révélation d’Arès » (en Gironde) j’ai fait une découverte de poids.

    On y lit exactement ce que vous dites, avec d’autres mots: que par son comportement, le vivant peut se construire une âme ou la détruire, et que dans l’au-delà c’est tout ce qui lui restera,

    et puis, que ces comportements égoïstes et inadaptés, qui remplacent la Vie par l’expoitation de l’autre, l’ambition politique, la course à l’argent,

    tout cela effectivement nous tue physiquement, mentalement et spirituellement,

    et que l’effort spirituel de l’humanité contribuera à la longue à rallonger la vie humaine, « mille ans » comme Adam et Mathusalem…

    et qu’ainsi peut se préparer un retour de l’Eden sur terre rendant l’humanité digne de la Résurrestion des morts. Si les hommes le veulent.

    Ce n’est pas pour demain: « quatre générations ne suffiront pas ».

    Bon, Anne- Marie, vous n’avez pas la langue dans votre poche, alors vous me donnez le courage de vous imiter.
    Merci.

  21. Anne-Marie dit :

    Je ne cesse de penser à vous François. C’est si simple de se tourner vers l’Esprit et de lui dire « je sais que je suis dépendant de toi, que tu es Amour, liberté, vérité, vie. Utilise-moi selon ta volonté ». Alors la singularité de chaque être humain vient s’accorder pour construire l’harmonie à laquelle nous aspirons tous. N’imitez personne, rencontrez Celui qui est le chemin, la vérité et la vie, il vous montrera justement le chemin.
    Cet après-midi, j’ai regardé « the Artist » et c’est merveilleux ce film « muet » qui dit comme l’Homme se débat sans voir que l’amour l’accompagne. Moi tout seul dit l’Homme et il finirait par se suicider plutôt que d’abandonner sa voie (qu’il croit être la seule bonne)

    • Catherine B dit :

      C’est magnifique Anne-Marie, tout simplement magnifique, vous servez bien l’amour, merci infiniment.

  22. François Degoul dit :

    A titre personnel, comme Catherine, j’aime beaucoup, Anne-Marie, la simplicté de votre prière qui se donne au service de l’Esprit.
    Elle me rappelle à la fois les saints du christianisme et l’essence toute simple de l’Islam, qui est soumission (mais en même temps au sens de « paix intérieure ») à la volonté de Dieu, et aussi le « bakhti » en Inde.

    Pourtant je subodore et comprends que certains trouvent cette attitude puérile voire masochiste à cause notamment de l’arrière plan du « sacrifice de la croix ».

    Quand, au Mont des Oliviers, Jésus, pris d’une sueur de sang, finit par dire à son « Père »: « non pas que ma Volonté soit faite, mais la tienne », étant donné que Jésus est mort, un chrétien en conclut que Dieu peut vouloir pour nous les souffrances et la mort (voir les « mâchoires » dont nous parlions).

    Je lis à l’inverse dans la Révélation d’Arès (bourg de Gironde) dont témoigne Michel Potay que

    Dieu compatit à la souffrance de ses créatures,

    imputable… à ce cadeau dangereux qu’il a fait aux hommes de la liberté,

    et que sa « Volonté », c’est qu’ils (re)trouvent ensemble et librement la voie du boheur:

    « (…) la soumission à Ma Volonté de rétablir le temps où s’écoulaient dans Mes jardins le Tigre, le Pichône, le Guihône en Asoour (…) » (= les fleuves du Paradis Tesrrestre).

    Soucieux pour ma part d’être, autant que possible, en dialogue avec tout homme soucieux d’ascension spirituelle, il m’ a semblé utile d’apporter cette pierre à notre édifice.

    • « certains trouvent cette attitude puérile voire masochiste à cause notamment de l’arrière plan du “sacrifice de la croix”. » Non, François, ce n’est pas vraiment ça, je trouve plutôt le discours d’Anne-Marie décalé et de plus en plus envahissant, au sens où elle se servirait de ce blog, pour faire son blog personnel, c’est à dire asséner toujours le même discours qui n’a le plus souvent qu’un lointain rapport avec les articles proposés. Comme elle a trouvé deux « fans », de même culture « néo-chrétienne », cela semble sans limite et redondant, tourne à un dialogue à trois, clos sur lui-même, repoussant à mon sens toute possibilité de réelle réflexion collective, ce qui expliquerait les vacances aidant, la désaffection des autres commentaires. Même moi, je n’ai plus envie d’intervenir, par une sorte de lassitude…

      • Catherine B dit :

        Le Chant Du Bienheureux, la BG, ne parle que de cela Alain, ce dont parle Anne-Marie, et c’est tout de même fort de café de prétendre que ça entretient un rapport lointain avec le sujet. Bizarre!
        Une chose juste est juste et on ne va diversifier le discours au prétexte qu’il faudrait presque faire de la variété!!!

        • idem que pour Anne-Marie, Catherine : si vous voulez montrer que le discours chrétien se rapproche de la Gitâ, il faut l’expliquer explicitement à l’Autre qui ne comprend rien, en l’occurrence moi, qui ne suis pas de culture chrétienne et qui ne connait même pas ce qu’est le Chant du Bienheureux – je suppose que vous faites allusion à un texte chrétien, car il y a une manière – à mon avis erronée – d’appeler aussi la Gitâ, le chant du Bienheureux. On ne peut pas dire que Krishna soit le Bienheureux, il est bien plus que cela…
          « Une chose juste est juste et on ne va diversifier le discours » : là, je ne suis vraiment pas d’accord, Catherine, il faut toujours justifier sa justesse relativement à… sinon on tombe facilement dans le fanatisme, l’intégrisme, l’aveuglement. La justesse est toujours relative, il n’y a pas de Vérité ou alors la Vérité c’est la somme de toutes les vérités.
          cCest ça qui me gêne dans votre monologue à trois, c’est comme si vous pensiez que tout le monde pense comme vous, que votre justesse est la Justesse pour tous. Non, non, je regrette, ce n’est pas si simple …
          Je ne cherche pas la variété pour la variété – je n’aime pas ce mot, je préfère la diversité – pour pouvoir établir des liens dans la diversité, des ponts, une réflexion, un dialogue : c’est une définition de l’esprit intégratif.

  23. Anne-Marie dit :

    Qu’appelez-vous « réelle réflexion collective », Alain ?

    • C’est un réel dialogue, qui prend vraiment en compte la différence de l’autre, en l’occurrence la Gitâ. Je vois souvent chez vous, Anne-Marie, un monologue autour de vos croyances religieuses, qui n’amorce pas vraiment une réflexion collective intéressante, qui ne permet pas une ouverture sur ce qui ne serait pas votre vérité. Le commentaire du 19 août à 10h 02, en est par exemple emblématique.

  24. François Degoul dit :

    j’ai préféré, Alain, vous répondre personnellement.
    j’aimerais aussi m’adresser à Anne-Marie personnellement.

    Accepteriez-vous, Anne-Marie, de me donner votre adresse e-mail, la mienne étant l »frdegoul@wanadoo.fr »?

    A trop accaparer un blog en petit cercle on peut effectivement créer le vide autour de soi.

    Des crises momentanées sur ce blog peuvent s’avérer fructueuses, mais votre mise en garde, Alain, rejoint mon inquiétude.

  25. Anne-Marie dit :

    Je suppose que c’est le texte du 19 08 à 10h02 puisque ma réponse à Claudine je l’ai explicitée le 20 pour François. Donc j’écris que Krishna a besoin d’Arjuna au point qu’il accepte de « se » révéler, de se montrer. Pourquoi a-t-il besoin d’Arjuna ? Parce que l’omnipotence ne peut pas tout. Pourquoi l’omnipotence ne peut pas tout ? Parce que l’omnipotence est un fantasme humain, alors que la liberté relève du devoir, c’est un détachement total de son désir, de ses émotions pour que s’accomplisse ce qui doit advenir. Dans cette version du « devoir » à accomplir, les plus hautes qualités humaines sont requises : le dépassement de soi donc la justesse du geste où l’intention est parfaitement pure. Il est possible à ce moment là d’agir avec douceur, miséricorde, tendresse. S’il faut faire mourir, que ce soit (non par vengeance, peur, haine ou colère) mais d’un geste précis qui mettra à mort sans violence et sans faire souffrir inutilement.
    Concernant Jésus, nous savons qu’il dit « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé » c’est le « comme » qui est important car il est vient juste après que Jésus ait lavé les pieds de ses disciples. Nous savons donc que c’est pour servir les autres et non aimer comme le monde aime. C’est un amour inconditionnel, non émotionnel. C’est là que se retrouve Arjuna et Jésus. C’est l’Esprit qui guide et nous qui sommes les vecteurs de l’action.

    • Bien, Anne-Marie, c’est un peu plus explicite, mais je regrette que cela reste un monologue, de plus, asséné avec tellement de certitude qu’il ne laisse la place à aucun dialogue possible.
      Au moins pouvez-vous reconnaître que vous avez une vision subjective de la Gita, qui est intéressante certes, mais qui ne correspond pas à la culture portée par la Gita ? Avez-vous pris le temps de lire vraiment la Gita et ses 700 vers ?
      Krishna n’a nul besoin d’Arjuna, il vient en thérapeute parce que ce dernier est perdu et l’implore. Que vient faire l’omnipotence là dedans ?
      Arjuna n’est absolument pas libre, au contraire, il se soumet avec connaissance et détachement à la loi de la guerre que lui propose Krishna et qui reste un mystère. Nulle douceur, ni miséricorde ni tendresse n’est demandée dans son acte, mais de faire la guerre avec courage et confiance, sans se poser de question, sans penser à sa petite personne et aux fruits de cette action.
      Arjuna ne ressemble pas à Jésus, il n’est pas un emblème de l’Amour, cela est réservé au Bhakti yoga, ici nous sommes dans le karma yoga, le yoga de l’action, nul amour n’est demandé.
      Ce que vous faites ce n’est pas de l’intégration, cela s’appelle de la récupération ou de l’amalgame. Pire, en disant cela, c’est le contraire de l’Amour que vous prônez : vous ne reconnaissez pas la différence d’une autre culture spirituelle. C’est comme si votre Voie était l’unique voie que vous plaquez sur toute différence. C’est la racine du fanatisme spirituel.
      Le but est le même dans toutes les traditions spirituelles : faire évoluer l’homme vers plus de conscience et d’amour, mais il y a des milliers de voies pour y arriver ; un premier pas consisterait à le reconnaître, pour s’émerveiller de ces milliers de voies en leurs lumineuses différences. Mon blog ne sert qu’à cela ; je n’aime pas que quelqu’un s’en serve comme une tribune pour sa voie unique.
      J’ai déjà fait la remarque une fois à François au sujet des révélations d’Arès, il a compris avec beaucoup d’intelligence. J’espère que vous ferez de même.

  26. François Degoul dit :

    Je suis content, Alain, de voir qu’un dialogue s’esquisse entre vous et Anne-Marie.

    J’en suis content, parce que à côté de « l’intégration » des idés, idéaux, spiritualités… à laquelle vous visez à votre façon, à laquelle je m’intéresse aussi, et qu’essaie de réaliser à un niveau pédagogiquement plus simple un homme comme Frédéric Lenoir,

    à côté de cette intégration des idées, je suis un passionné (comme vous sans doute, le métier que vous avez choisi le montre), un passionné donc de l’intégration des personnes.

    Dans ce que vous appelez notre « monologue à trois », avec Catherine et Anne-Marie, je suis content d’avoir pu « intégrer », c’est à dire comprendre (com-prendre dirait Catherine) le fonctionnement intérieur d’Anne-Marie, et à peu près celui de Catherine (plus complexe). Vous, je vous comprends assez bien je crois.

    Mais, Alain, pourquoi faire de moi un tel éloge en écrivant à votre dernière ligne : « il a compris avec beaucoup d’intelligence… ». Je comprends que par souci pédagogique, vous invitiez Anne-Marie à trouver quelqu’un qui sait comme moi prendre un peu de recul, mais je ne suis pas un modèle!

    Les reproches que vous adressez à Anne-Marie me touchent aussi!

    Certes je ne suis pas un « fanatique », mais la « récupération » de votre blog, moi aussi j’en fais sacrément!

    Et l’envahissement donc! A compter le nombre de lignes dans cet article, qui est le plus envahissant? Anne-Marie ou moi?

    Parlons de la « voie unique ». Certes je ne considère pas « les » Révélations d’Arès comme « voie unique », mais ne peux cacher ma conviction que c’est pour notre époque et pour le monde occidental la voie la plus satisfaisante.

    Et puis chacun ne peut pas être intellectuellement universel et un affichage de la culture et des convictions personnelles est inévitable.
    Nous sommes tous bornés avec nos limites, et je crois que cet épisode du « monologue » à trois vient du fait qu’Anne- Marie, Catherine et moi avons en commun une solide culture chrétienne (que vous dites très mal connaître) et un idéal exitentialiste valorisant la liberté,

    et en même temps nous avons un petit vernis de connaissance de la Baghavad Gita (je ne l’ai lue que deux fois), et pour moi, avec mon vernis superficiel, quand Catherine dit « Chant du bienheureux », j’ai tout de suite compris « Baghavad Gita ».

    Vous, vous connaissez très bien la Baghavad Gita, et ce blog qui est le vôtre m’a au départ semblé valoriser surtout la culture orientale. Nos heurts récents s’expliquent ainsi, par l’apparition à contre courant culturel d’une famille d’affinités contrecarrant sur ce blog la tendance à préférer l’orient à la culture chrétienne.

    Moi, occidental et l’assumant, je suis néanmoins venu à ce blog, parce que son esprit « intégratif », son ouverture extrême et ses préoccupations profondément humaines me touchent.

    Mais cet « existentialisme chrétien » que vous nommiez » (est-ce adéquat?) « néo-christianisme », je préfèrerais que la greffe dans ce blog en prenne, ne soit pas rejetée.
    Avec l’entrée en lice d’Anne-Marie, ça a tangué sérieusement, mais ouf…

    Nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge, mais pour le court terme et pour redonner à d’autres l’envie de s’exprimer, je vous fait confiance, Alain: au retour des vacances, vous allez nous proposer tout autre chose, et les fruits de l’épisode « monologue » que nous venons de vivre mûriront patiemment je l’espère.

  27. Anne-Marie dit :

    J’ai besoin que vous m’expliquiez ce que peut bien signifier: »affranchis de l’opaque dualité, »
    Merci

    • Cette question, d’Anne-Marie, me fait sortir de la vacance, où j’avais délicieusement disparu.
      J’ ai d’abord envie de répondre à François sur son intelligence, qui a consisté à savoir pour ainsi dire mettre une sourdine aux « révélations d’Arès », après que je lui en ai fait la remarque, au sens où trop clamer sa vérité, finit par la desservir aux regards des autres. Il y a une sorte d’intelligence supérieure pour moi à douter sans cesse.
      Quant à la question d’Anne-Marie, je ne sais pas si elle s’adresse à moi et dans quel contexte cette phrase a été écrite, mais je m’y retrouve bien.
      La dualité est pour moi une dimension de la réalité dans son incarnation terrestre et matérielle ; elle est opaque au sens où la matière, ou le monde visible, est opaque par rapport à une dimension supérieure de l’esprit qui me semble claire et lumineuse. Il me semble que les hommes sont majoritairement embourbés dans cette opacité de la dualité qui les entraîne au conflit, voire au chaos.
      L’esprit dans sa clarté infinie intègre et unit toutes les dualités, un peu comme le Tao intègre le Yin et le Yang, dans son vide souverain.

  28. François Degoul dit :

    Bon, ça sort d’où, Anne-Marie, cette expression « affranchis de l’opaque dualité »?
    Prenant le temps de relire plus haut tout l’article, j’ai fini par trouver: c’est à la dernière strophe du chant 7 de la Baghavad, citée plus haut.

    Vous connaissant, Anne-Marie, je me dis que peut-être vous avez votre idée sur l’interprétation de ces mots. Alors qu’en pensez-vous?

    A vrai dire ce poème est si riche!

    Que de commentaires nous avons faits à propos de ces cruelles « mâchoires » et des façons d’y résister!

    Et la relation Krishna / Arjuna!
    A l’avant dernière strophe du chant XI, Krishna considère Arjuna comme son « instrument », son « bras gauche ». Sont-ce ces mots, Anne-Marie, qui vous ont inspiré l’idée qu’il voulait sortir de son omnipotence? Ca me semble aller un peu loin, car il dit « tu n’es QUE mon instrument, QUE mon bras gauche. » Mais il y a tout de même là un indice expliquant votre intuition, en partie subjective.

    Et puis, Alain, j’ai pensé aussi dans un premier temps « interprétation subjective » quand j’ai lu dans votre intervention du 25 août ligne 7 le mot « thérapeute »: j’ai eu l’impressison de vous voir projeter votre métier sur Krishna. Toutefois la façon dont vous argumentez ce terme me paraît assez convaincante.

  29. Anne-Marie dit :

    Arjuna est l’instrument de Krishna comme j’en suis moi-même son instrument. La différence entre la matière et l’esprit, c’est que nous sommes la matière, que l’esprit nous rend vivant, et que donc « ces êtres ont part à ma nature, inébranlablement. »
    L’idée que nous sommes des primates n’a rien de péjoratif, puisque l’Esprit a décidé de nous utiliser. Je ne vois pas où est le scandale puisque l’Esprit a jugé bon de nous utiliser. Je suppose que vous serez d’accord si je dis que nous sommes incompétents pour juger de notre incompétence à juger les choix de l’Esprit.
    En fait c’est un problème de temps et de vanité. Je crois que c’est ça qui fait la dualité

  30. Anne-Marie dit :

    Je ne suis pas là pour vous damer le pion mais pour participer comme tout le monde.
    « Il y a une sorte d’intelligence supérieure pour moi à douter sans cesse. » Moi aussi, je ne voulais pas, absolument pas me laisser aller à accepter une intelligence supérieure. Mais un jour, alors que j’avais fait état de mon incrédulité pour des croyances comme la résurrection, en sortant du débat, je me suis dit que j’étais malhonnête, puisque ma sincérité cachait mon manque de recherche. 40 ans plus tard je suis heureuse d’être Arjuna : un instrument, son bras gauche.
    De quel trois mondes s’agit-il dans cette phrase : »A voir ainsi ta forme, terrible et magnifique,
    les trois mondes en vacillent, ô Krishna » ? la terre, les dieux, le temps ?

    • « Je ne suis pas là pour vous damer le pion… », j’espère bien, Anne-Marie, sauf si cette expression a un deuxième sens, qui consisterait à transformer le pion en dame, c’est à dire finalement à le féminiser, à le rendre plus ouvert, plus à l’écoute, moins toujours prêt à défendre sa vérité pour gagner…
      Je ne suis pas trop d’accord, encore une fois avec votre vision d’un Arjuna instrumentalisé. Je pense plutôt, qu’Arjuna a pour ainsi dire une marger de manoeuvre, comme tous les être humains, qui consiste à participer à l’évolution de leur conscience. Personnellement, je ne me ferai jamais à l’idée d’être un prédateur, seulement un prédateur. Je reconnaîtrai cela dans un premier temps, pour pouvoir ensuite mieux le transcender et l’intégrer, en étant conscient, car un prédateur conscient ne peut plus être un prédateur, il a perdu de son idiotie, il a suivi le chemin de l’évolution qui est proposé à l’espèce humaine, où il y a une étroite marge de liberté – la seule liberté qui compte : l’évolution de la conscience.
      En ce sens Krishna est un thérapeute – enseignant qui montre ce chemin de l’évolution possible, afin de devenir un guerrier spiritual et non un vulgaire soudard. Il intervient pour enseigner, afin qu’Arjuna prenne sa responsabilité d’être humain doué de conscience.
      Dans cette situation de la guerre, on voit bien que rien n’a changé : faut-il faire la guerre à Bachar el Assad, et de quelle manière ? ce serait quoi dans ce cas là faire une guerre spirituelle, éclairée par la conscience ? Obama me semble bien seul au milieu des prédateurs de toute espèce et des couards…
      Il est temps que Krishna intervienne encore une fois pour montrer le chemin de l’évolution humaine et d’une guerre qui fasse sens.

  31. Anne-Marie dit :

    Arjuna n’est pas instrumentalisé, mais c’est quand même Krishna qui lui dit, pour qu’il n’ait pas peur : »ne sois qu’un instrument, ne sois que mon bras gauche (…) »
    Vous écrivez « un prédateur conscient ne peut plus être un prédateur ». Vous n’avez peut-être pas réalisé que notre société a créé des personnes juridiques qui elles, sont incapables d’être conscientes. Et ce sont elles qui détruisent la planète. Bien sûr elles sont manipulées par leurs intérêts, mais comment enrayer cette prédation sans délégitimer ces entreprises qui ont été crées par l’État ? C’est là où j’essaie de faire comprendre que nous avons à agir « gratuitement ».
    État est aussi une séquelle des phantasmes masculins. C’est pour ça que j’ai écrit ce matin au conseil d’état. Ma fin de lettre est très claire: » Veuillez croire à ma sollicitude pour tous mes contemporains. Oui, les vivants ont ma compassion mais les institutions ne sont que des « outils » légitimés par une bande de pervers qui se sont appropriés notre patience, douceur, tendresse. Vous êtes parfaitement autorisés à diffuser cette lettre auprès des élus quelque soit leur fonction »
    Je ne m’en prends jamais à un être humain, il est un autre moi-même. Par contre ce que nous avons créé au cours des siècles doit disparaître.

    • Ah, vous recommencer à vouloir « nous damer le pion », Anne-Marie, avec vos affirmations péremptoires, réductrices et excessives : « État est aussi une séquelle des phantasmes masculins », « des « outils » légitimés par une bande de pervers », « ce que nous avons créé au cours des siècles doit disparaître. », etc,
      dont la violence est exactement le contraire de ce que vous prônez – tendresse et douceur féminine.
      Quant à ces actions sous forme de missives aux institutions, leur inutilité me semblent rivaliser avec leur puérilité, puisqu’il y a de fortes chances qu’elles terminent au panier.
      En tout cas je ne vois pas beaucoup de lien avec la Gita dans ce que vous nous racontez là…

  32. Anne-Marie dit :

    C’est étrange, Alain que vous ne puissiez faire la parallèle. Vous acceptez ce que dit Krishna à Arjuna, vous avez vu la crainte d’Arjuna de ne pas bien comprendre Krishna et Krishna le console en lui disant que ces formes sont déjà mortes. Pour moi qui me sens comme Arjuna, appelée et que plus rien n’afflige, je peux quand même ressentir de l’angoisse et donc, même si je ne demande rien je dois faire ce que j’estime devoir faire, et tant pis si pour vous cela semble puéril.
    Concernant la bande de pervers je repensais à Chirac capable de dire « les promesses n’engagent que ceux qui y croient » ou encore qu’est-ce que ce monde qui oblige l’être humain à se prostituer pour survivre ? Car qu’est-ce que la prostitution ? Dans mon dictionnaire il est écrit : action d’avilir, de dégrader. N’est-ce pas pour cette raison que tant de nos contemporains sont obligés d’aller voir des thérapeutes ?

  33. François Degoul dit :

    Intégrer les contraires dans un équilibre dynamique, ah! ce dialogue tendu y invite!

    Ecrire des lettres aux instances ou pas?
    Mon expérience: de telles lettres sont parfois inutiles, et parfois on en recueille beaucoup de fruits. Mais tout dépend des circonstances et de la manière de dire les choses.

    Et sur cette manière de dire les choses, là, je rejoins, Alain, vos propos de ce soir à 17h52: Anne-Marie, vous avez des choses intéressantes à dire, mais une grosse difficulté à vous faire entendre parce que
    1) Votre vocabulaire paraît souvent insultant (« bande de pervers… »).
    2) Votre manque de nuance donne le sentiment d’un manque de réflexion empêchant de vous prendre au sérieux. Il ne s’agit pas d’être un tiède, mais de respecter l’immense complexité du réel.
    3) Vous jetez trop d’idées à la fois, pas forcément bien liées au sujet (j’y ai tendance aussi).

    Nous avons à porter témoignage, clairement et humblement, et ce n’est facile pour personne.

    En ce qui concerne la distinction entre personnes humaines et « personnes juridiques » ou « Etat » et autres « entreprises », j’ai déjà entendu des marxistes faire cette distinction. C’est oublier que derrière toute instance anonyme il y a des personnes humaines qui se cachent. Comment nous comporter avec elles? C’est avec joie, Anne-Marie, qu’en attendant de voir la question d’actualité sur ce blog, j’échangerais avec vous sur la question à titre privé.

    • Bonne réponse François,
      pour mon compte la nuit m’a dit ceci :
      « puérile » cela veut dire pour moi qui n’est pas adapté à la réalité, c’est à dire inefficace, inutile, même si soi-même on peut en tirer un plaisir personnel, comme cherche à le faire d’ailleurs l’enfant dans toutes ses actions, et l’adulte a le devoir de le rappeler à la réalité. Pour prendre la métaphore Krihna / Arjuna, c’est un peu si, en tant qu’Arjuna, vous partiez seule au combat, l’épée dressée contre l’immense armée adverse. Vous n’avez aucune chance, il est du devoir de Krishna de vous arrêter et de vous faire réfléchir en adulte, si Celui-ci tient à vous. Dans ces actions que vous voulez mener contre les autorités au pouvoir – et je peux partager votre révolte – il s’agit de ne pas être seule, de rallier un collectif ou de savoir par votre intelligence et la force de vos argument rallier autour de vous un groupe conséquent. A partir de 1000 signatures, ils – les hommes (et les femmes) de pouvoir – vont commencer à ne pas jeter au panier votre lettre, à partir de 5000 signatures, ils vont la lire.
      En ce qui concerne le thème « prostitution et thérapie », cela me semble encore une fois un langage déplacé, sur lequel je ne m’appesantirai pas. Je préfère dire simplement que les gens viennent me voir en thérapie, parce qu’ils sont en souffrance pour x raisons et que cette souffrance va leur permettre d’évoluer, si je suis un bon thérapeute.

  34. Anne-Marie dit :

    Je réfléchis sur la dualité et j’émets l’hypothèse qu’elle vient de la tension, du jeu, de l’opposition entre désir et volonté.
    Merci pour vos conseils

    • pour moi, Anne-Marie, il n’y a pas de véritable opposition entre désir et volonté, c’est la même famille, à la différence que la volonté est plus compliquée, plus sophistiquée, c’est une sorte d’alliance entre l’énergie du désir et la raison, le mental, la pensée qui se fixe des objectifs raisonnables, d’où les possibles conflits avec un désir brut de décoffrage, plus pulsionnel ou émotionnel.
      La vraie opposition, ce serait entre le désir et le non-désir, tel qu’il est bien décrit dans les états de contemplation, de méditation ou chez les sages taoïstes par exemple.Ce sont des états très relaxants, car ils nous délivrent de la tyrannie des désirs et de la volonté, pour ouvrir sur le lâcher-prise…

  35. Anne-Marie dit :

    Pour moi la volonté c’est me mettre à l’écoute de l’esprit : je suis disponible donc je n’ai pas à avoir de désirs, envies et autres caprices. « Surgit du combat entre désir et répulsion la dualité… »
    Votre explication Alain me semble trop intellectuel. Je me souviens en effet du temps où j’étais aveugle. Je l’attribue à quelque chose de l’ordre du pouvoir. J’ai bien crû qu’il était impossible d’agir autrement que par la volonté. Or c’est faux. Comme j’étais atterrée de constater que tout ce que j’avais souhaité, voulue, désirée, n’était qu’exercice d’une certaine violence (manipulation, séduction, désir de domination, etc.), il m’est arrivée (de l’extérieur) une effluve de « liberté ». Je ne comprenais pas et je me suis relevée et me suis mise à chercher la liberté. Je soulevais les coussins en constatant qu’elle n’y était pas(ça c’est parce que j’étais de mauvaise foi). Je ne sais pas combien de temps ça m’a pris pour enfin ouvrir un dictionnaire et trouver l’article 4 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Elle était là et m’attendait. La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. Attendu que j’avais conscience que tous mes actes précédents avaient été liées, de près ou de loin à la violence, j’ai compris que ce qui était écrit là, sous mes yeux, était la vraie liberté. C’est pour cette raison que je demande que nous agissions gratuitement …..

  36. François Degoul dit :

    Ce dernier message, Anne-Marie, renforce mes impressions.

    D’un côté vous avez eu une vie riche d’expériences, intérieures, mais pas seulement.
    Avoir été aveugle, ce n’est pas rien!

    D’un autre côté, quand vous vous exprimez, vous ne vous demandez pas assez, je crois, si vos propos sont clairs pour les autres. Par exemple, quand, le 9 septembre à 10h51, vous vous référez (à ce que j’ai compris) à des propos d’Alain sur la « dualité », je ne vais quand même pas relire toutes ses interventions pour retrouver le mot dualité et comprendre ce qu’il voulait dire! C’est à vous d’indiquer la date des propos auxquels vous vous référez.

    Merci, donc, de vous mettre à la place de vos lecteurs (Evangiles de Matthieu 7/12, et Luc 6/31).
    Il me semble avoir remarqué aussi que, quand vous passez d’une idée à l’autre, « de fil en aiguille » ou par « associations d’idées », moi, lecteur, je perds le fil et n’ai plus envie de chercher à vous comprendre.

    Quand vous passez d’une idée à une autre, ne pourriez-vous pas, dans ce même souci fraternel de clarté, vous demander où est le lien et le préciser un peu? Vous retrouverez facilement des exemples dans vos interventions ci-dessus.

    J’en viens donc à me demander quelle est votre expérience du DIALOGUE par écrit, et plus largement, de la vie en groupe en dehors de la famille, par exemple dans le secteur associatif etc., qui oblige à être attentif à ce que comprennent les autres.

    C’est là où je rejoins le propos d’Alain , qui, le 8 septembre à 10h41, vous parlait de « rallier un collectif » ou de « rallier autour de vous un groupe » pour sortir d’un action politique qu’il qualifie de « puérile » à cause de son carctère trop individualiste et donc, dirais-je, plus ou moins subjectif.

    Comme disait Montaigne, apprenons à « frotter et limer notre cervelle contre celle d’autrui ».

    Si je me permets, Anne-Marie, de vous tenir ces propos publiquement, c’est parce que je vous crois capable de les comprendre, d’en tenir compte, et d’y répondre au besoin.

    Je complèterai ce propos le moment venu à titre privé, et par ailleurs, je suis content de voir, Alain, que votre nouvelle entrée rouvre ce blog aux voix qui provisoirement avaient cru bon de se tenir à l’écart.

    • oui, je suis d’accord avec François, ce n’est vraiment pas clair ce que vous écrivez, du coup on a l’impression que vous soliloquez, l’autre n’existe pas, ça va vous être difficile de trouver des émules à votre gratuité, surtout qu’elle est toujours violente, quoique vous en disiez.

  37. Anne-Marie dit :

    C’est très étonnant ce blog ! J’ai eu des visions! Catherine B Commentaire : Il y a un écrit qui dit: Le tout est esprit, l’univers est mental. Je vous trouve tout à fait remarquable Anne-Marie. Continuez à essaimer, faites votre miel de toutes les fleurs que vous rencontrez, belles et moins belles et distribuez-le, car il est bon votre miel, je l’aime votre miel et vous remercie d’exister » puis dans un autre message je reçois Catherine B Commentaire : ça veut donc dire à mon sens, qu’il y a une médiation nécessaire entre les deux, l’esprit et le mental, et la médiation, c’est à nous qu’elle revient. C’est ça, à mon sens le travail prioritaire de l’homme qui se respecte. Travailler à unir ces deux dimensions sur le pont de la matière corporelle qui s’essaie alors à glisser d’auxiliaire. Ne plus « avoir » un corps mais « être « un corps. Notre travail est là, et tout le reste nous sera donné par surcroît comme il est dit dans un autre très beau texte
    Je confirme ce que vous écrivez Catherine

  38. François dit :

    Pour faire la différence et en parler, (ou l’écrire) entre avoir un corps et être un corps, il s’agit d’être conscient de la dualité. Ce que nous sommes tous !
    Essai : quand je suis un corps, il n’y a plus de dualité, je suis au delà , et silencieux il me semble. Au moins à l’intérieur, même si ce n’est pas le calme total.
    Qu’en pensez-vous ?
    Ne dites rien!

  39. Anne-Marie dit :

    La forme c’est le fond qui remonte à la surface pensait V. Hugo. Vous subissez l’injonction de l’illusion référentiel.

    • Catherine B dit :

      Oui, la forme c’est ce qui révèle le fond.

      Car nous sommes tous « possiblement » des formes susceptibles de manifester ce qui nous origine au plus haut de ce qui nous origine. C’est à dire s’essayer à sortir du cadre étriqué de nos matrices identificatoires auxquelles nous nous attachons tant, pour refonder notre énergie vers celle qui n’aurait jamais due nous quitter.

      L’enjeu, c’est bien de lier, de conjoindre le haut et le bas dans une incarnation hyperconsciente. Et pour cela la taille de notre arbre est nécessaire. Pour donner des fruits, ne coupe-t-on pas les branches superflues qui stérilisent à force de se déployer trop?

      Couper, sacrifier, faire le sacré c’est ça à mon sens, la forme qui « sert » le fond, tailler dans nos fausses identifications pour aider à donner la forme qui révèlera le fond le plus glorieusement possible, et parce que glorieux, humble, parce que cette beauté sera assumée comme n’étant pas « nous » mais ce qui nous traverse « possiblement »…

      Juste un bout d’espace dans une forme pour révéler la beauté de l’espace infini. Le fini au service de l »infini qui dès lors se fait par flammèche infini, un fini qui touche parfois, contacte cet infini, microcosme dans le macrocosme et macrocosme dans le microcosme… c’est beau!

  40. Anne-Marie dit :

    C’est très beau ce que vous écrivez. Oui, c’est ce que j’ai trouvé. Je préfère me taire, ce que vous écrivez est suffisant.

  41. François Degoul dit :

    Un mot pour « François » (12 septembre à 15h24).

    Moi qui m’appelle aussi « François » et signe « François Degoul », je suis toujours gêné de voir sur ce blog apparaître la (votre) signature « François » sans précision.
    J’ai toujours la première impression fausse que c’est moi, et même si nous sommes assez d’acccord, ce n’est pas moi.

    Ne pourriez-vous ajouter à votre signature la première lettre de votre nom de famille (ou un peu plus si votre nom de famille commence ausi par D!)?

    Merci.

    Amitiés.

    François Degoul