Promenades sur les chemins de traverse

J’aimerais,  de temps en temps,  sur ce blog, faire des promenades sur les chemins de traverse, hors des sentiers battus, dans l’immense et cacophonique champ de l’information. Un peu comme le faisait autrefois, le journaliste Patrice van Eersel dans une rubrique de l’ancien journal « Nouvelles Clés », avant qu’il ne vende son âme  à l’esprit mercantile du nouveau magazine « Clés ».  Il appelait cela « Et si c’était vrai ? ». C’était toujours le premier article que je lisais, tellement celui-ci savait, à chaque fois, en quelques lignes, sortir des sentiers battus de la pensée toute faite et prédigérée.

D’abord il y a une belle rencontre sur le web :

le site internet du CICNS (Centre d’Information et de Conseil des Nouvelles Spiritualités).

« Au CICNS, l’expression « nouvelles spiritualités » désigne tout groupe à vocation spirituelle, éducative ou thérapeutique qui aspire à répondre honnêtement aux questions essentielles que se pose l’homme, à améliorer l’existence individuelle et les sociétés dans lesquelles nous vivons ».C’est ainsi que ce présente le site.
Comme son nom l’indique, ce site propose une autre manière de voir l’existence des groupes à vocation spirituelle, éducative et thérapeutique, groupes de plus en plus nombreux dans une société en crise –  en crise de sens –  cherchant des réponses alternatives, surtout au niveau spirituel, pour contrebalancer le matérialisme consumériste et réducteur qui désenchante notre monde. C’est aussi une autre manière de voir, pour  équilibrer « cette chasse aux sectes et aux charlatans » », dont la France s’est malheureusement faite une spécialité, dans une sorte de réflexe moyen-âgeux faisant penser parfois à la rhétorique simpliste de l’Inquisition.
La lecture de certains articles de ce site m’ont rempli d’aise, comme l’on peut faire parfois la découverte, au détour d’un chemin, d’un lieu inspirant, ressourçant, revigorant.
Je recommande particulière l’article « A la recherche du bon psychothérapeute« , avec un dialogue entre la Miviludes et Serge Hefez.

Mais j’ai vu aussi dernièrement sur Arte, – cette chaîne TV qui tente parfois de relever le niveau d’une insigne médiocrité de notre paysage audiovisuel -, une émission intéressante qui visite l’Ombre – comme dirait Jung – de notre société de l’abondance matérielle, hypnotisée par une course à la consommation, dont la face cachée est terrible, pour ne pas dire abjecte.

Le film  « Blood in the mobile »

« Qu’y a-t-il de commun entre un téléphone portable et la guerre civile au Congo ? C’est le sang » Cette formule résume très bien ce documentaire inquiétant, que j’ai vu le mercredi 9 février, à une heure tardive, pour ne pas trop effrayer, sans doute, le bon peuple avec les cauchemars de notre réalité présente. 
Il se trouve que les minerais rares (cassérite et coltan) qui sont nécessaires à la fabrication de nos téléphones mobiles, se trouvent dans une région reculée de l’Afrique, au nord du Congo, et que cette région est depuis vingt ans en proie aux massacres et à la barbarie de bandes armées incontrôlables, qui régissent le travail inhumain dans les mines et le transport de ces minerais vers les ports conduisant à l’Occident. Cet état de guerre chronique aurait fait déjà cinq millions de morts !
Mais qui cautionne tout cela, dans le silence du non-dit et la complicité douteuse des intérêts d’argent ? C’est Nokia, la grande multinationale finlandaise, faisant pourtant de l’éthique son image de marque, mais qui en même temps refuse toujours de rendre publique sa chaîne d’approvisionnement -comme le demande l’ONG Global Witness -, en mettant en avant des arguments fallacieux de concurrence (sous-entendu de profit).
Voilà ce que raconte ce terrible film du danois Frank Piasecki Poulsen, qui a mis sa vie en jeu, pour aller filmer au Congo, les enfants surexploités qui travaillent au fond des mines et les bandes armées jusqu’au dent, spécialisées dans le racket – mais qui le laissent passer. Par contre, quand il voudra demander des explications à Nokia, « il ne passera pas » dans ces bureaux climatisés du siège social, suant  la prédation la plus éhontée derrière l’hypocrisie de façade.
Dommage que la video ne soit plus disponible en ligne sur Arte, en attendant, je l’espère, une rediffusion.

Mais depuis que j’ai vu ce film, je ne regarde plus de la même manière mon téléphone portable.


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