De toutes les photos que j’ai prises à New-York, lors de ce voyage en juin dernier, en pleine fournaise climatique et humaine,
ce sont ces silhouettes en noir et blanc, entrevues au MoMA,
qui me parlent le plus.
Elles expriment ces rencontres éphémères,
où la multitude des êtres humains croisés se dissout dans un clair-obscur, dont la beauté plastique les sauve d’un néant ontologique.
Propos
Je n’aime pas que la technique envahisse la photographie
comme pour faire écran à son essence,
car ce progrès technologique exponentiel et sans limite
en est la grande menace.
Pour moi, la photo – comme d’ailleurs la peinture – est réussie
quand elle est l’expression d’un condensé d ‘Esprit ou de Conscience humaine, dans sa dimension la plus profonde.
Tout le contraire de ce flot d’images pour la plupart inutiles, éphémères et superficielles, dont nous bombardent continuellement les médias,
au point de créer la plus grande confusion de l’esprit.
La photographie telle que je la conçois, est « un arrêt sur image« ,
de sorte que la pensée émotionnelle dans sa cacophonie, sa bousculade effrénées, puisse s’arrêter enfin paisiblement,
et que l’Esprit dont la Nature essentielle est l’immobilité contemplative,
émerge tout à coup dans la lumière de la Beauté éternelle.
En ce sens une photographie réussie est un condensé d’images
qui réunit dans sa forme immobile une multitude d’images appartenant à différentes dimensions de l’être humain ;
de même, elle permet aussi d’aller au-delà de l’image et des formes,
dans une sorte de transcendance d’elle-même.
La bonne photo, très rare, c’est celle qui vous arrête et vous fascine
– inutile de l’expliquer -,
elle est dans la quatrième dimension de l’indicible et de l’informulable.
La profusion d’images de la société informationnelle hypertechnicisée,
produit par cette profusion même, « l’informe », c’est à dire le non-sens et le chaos de la forme.
L’image d’une photo réussie produit au contraire une « sur-forme », ou une trans-forme, c’est à dire une forme qui conduit au delà de toutes les formes
pour en exprimer le Sens et l’Unité.
Une photo réussie dans sa contemplation jamais terminée,
nous protège de l’addiction à consommer des images,
c’est une sorte de sobriété heureuse, une décroissance informationnelle.
La photographie apprend à mieux voir,
mais pas seulement avec les deux yeux du monde sensible,
la grande photographie permet la Vision qui est ouverture sur l’Etre,
elle ouvre ce que l’on pourrait appeler, faute de mieux,
le troisième Oeil, celui qui donne le Sens.
La grande photographie est devenue de plus en plus rare à voir,
car elle est ensevelie, étouffée par la production pléthorique de tous ces photographes, qui, grâce à une offre technologique encore plus pléthorique,
inondent le marché de leurs clichés au plus bas du monde des apparences et des faux-semblants.
Donc, pour la photographie telle que je l’aime,
pas d’excès technologique,
juste un petit appareil de petit format que l’on peut mettre discrètement dans sa poche,
l’important c’est le coup d’oeil qui prend et dirige la photo, ce n’est pas le réglage sophistiqué pour ingénieur « numérique » ou « argentique ».
Idem, pour la présentation de la photo :
ce n’est pas le cadre somptueux, ni l’agrandissement démesuré qui donne sa valeur à l’image,
j’aime les cadres minimalistes en bois brut bon marché,
les passe-partout discrets ne trichant pas avec l’image.
Quant au traitement de l’image, ce petit trafic numérique qui consiste à trahir la réalité, il est réservé à cette dégradation suprême, cette prostitution suprême de l’art, que constitue la publicité,
une des inventions les plus folles de l’esprit occidental.
Un ennemi important par ces temps de grande décadence, c’est le « formalisme », aussi bien en photo qu’en peinture,
où le soi-disant créateur s’amuse à trafiquer des formes, dans un jeu superficiel des apparences, afin d’attirer le consommateur d’images, perdu dans sa confusion informationnelle.
A l’opposé, seule m’intéresse la recherche de cet au-delà des formes,
dans cette simplicité, dont nous avons de plus en plus un besoin vital,
au fur et à mesure que la décadence néolibérale s’accélère,
c’est à dire ce gavage nauséeux de l’hyperconsommation tout azimut.
Il m’arrive quelquefois de tomber en arrêt, dans des expositions, devant certaines de ces photos,
qui permettent l’immobilité contemplative de l’Esprit,
mais c’est très rare.
Un seul photographe émerge finalement du lot, de toute sa grandeur,
c’est Henri Cartier-Bresson,
il faut dire qu’il avait longuement médité « l’art Zen du tir à l’arc« ,
dans le célèbre petit livre de E. Herrigel, avec sa préface de D. T. Suzuki :
« c’est un art dont on n’attend pas uniquement des jouissances esthétiques,
mais on y voit un moyen de former le mental, et même de le mettre en contact
avec la réalité ultime ».
Voici une citation magistrale du maître photographe, tireur à l’arc d’exception :
« Photographier, c’est mettre sur la même ligne de mire la tête, l’oeil et le coeur.
c’est une façon de vivre ».
C’est à dire un art intégratif qui harmonise plusieurs dimensions de l’être humain.
Un autre photographe que j’apprécie aussi, c’est Raymond Depardon,
surtout dans ce génial livre « Errance » paru en 2000 aux éditions du Seuil,
où la poésie du texte le dispute aux compositions minimalistes en noir et blanc, qui sont comme des révélations sur l’esprit de l’époque,
et un témoignage de la clarté d’un regard quand il est pleinement dans le moment présent,
face à la cible de l’Etre :
« J’ai le pressentiment que quelque chose ne sera plus comme avant. C’est peut-être la vraie définition de l’errance, de sa quête, avec sa solitude et sa peur. C’est le désir que je cherchais, la pureté, la remise en cause, pour aller plus loin, au centre des choses, pour faire le vide autour de moi. Je me doids de me laver la tête, pour rencontrer le centre d’une nouvelle image, ni trop humaine, ni trop contemplative, où le moi est aspiré par les lieux quand le lieux n’est pas spectacle, ni surtout obstacle… Pour être juste, cette errance est forcément initiatique. »
Quant à la photographie de masse, telle qu’on la voit pratiquer au sein des grandes hordes touristiques,
elle est sûrement pleine de bonnes intentions,
mais je ne peux m’empêcher d’y voir aussi le réflexe archaïque de l’homme prédateur, qui mitraille à bout pourtant et à répétition,
afin de mieux prendre, capter, ingérer et faire sienne sa proie de territoire ou de portrait. – et je comprends certains peuples premiers qui refusent de se faire photographier pour ne pas se faire voler leur identité.
A l’inverse, on peut aussi dire aussi, qu’il y a progrès ou évolution sensible de l’espèce, puisque ce mitraillage est virtuel et non-violent, dans sa touchante vélléité d’atteindre à la dimension esthétique.
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En toute honnêteté, ce n’est pas tellement ce genre de photos qui me fait « kiffer », Alain. Mais tu es productif et le fais avec talent. Alors… Bravo ! Quant au côté intégratif ou vivant de l’acte de photographier (ou quoi que ce soit d’autre d’ailleurs ?!), je ne puis que te suivre là à 100%.
Amitié
oui, Pascal, je comprends que tu ne « kiffes » pas à ces photos dont le sens est finalement très subjectif, puisqu’elles symbolisent pour moi les rencontres que j’ai pu faire à New-York, c’est à dire un clair-obscur de silhouettes lointaines, figées dans un décor métallique et artificiel, c’est à dire des non-rencontres.
Quant à la dimension intégrative de la photographie, tu l’as compris, c’est un acte qui engage la qualité de l’être de son auteur, c’est à dire toutes les dimensions intérieures, dont les plus profondes au poste de commande. En ce sens c’est un acte thérapeutique et méditatif, un chemin de vie, où il me semble que c’est l’esthétique et la beauté qui dirigent.
Oui, la non-rencontre, le non-être en fait ! Là, je te suis pleinement, ces photos symbolisent un monde métallique où l’homme-machine est roi ou esclave plutôt d’ailleurs.
Oui, l’esthétique, la beauté, la conscience d’être en vie et de témoigner de celle-ci et de ses empêchements aussi. Un art méditatif mais aussi contestataire. Tout cela à la fois…
est-ce que c’est vraiment de la non-rencontre ? Plutôt une rencontre avec des « zombies » – comme disent les préados – mais ceux-ci ont le mérite d’être beaux vus de loin et en clair-obscur ; et cette beauté finalement me sauve, elle me rend heureux d’avoir été là au bon moment pour toucher la cible… Transfiguration possible grâce à l’esthétique …
Oui, en accord avec toi Alain. Amitié
Le noir et blanc offre une densité que la couleur dilue je trouve.
Elles renvoient,ces photos en noir en blanc, tout le côté ombre et énigmatique qui est en chacun de nous et que l’on retrouve en chaque croisement quel qu’il soit, ne trouvez-vous pas?.Ce sont des photos qui parlent, elles nous font entrer dans le mystère, c’est ça que j’aime en elles, elles ouvrent!
oui, Catherine, je suis d’accord, le Noir et Blanc et tout le spectre des gris, renvoient à une intériorité plus profonde de l’âme humaine, et les résonances sont plus fortes chez celui qui contemple. Ils permettent quelquefois d’éviter le piège de la couleur qui est de se perdre dans la confusion, la superficialité et la facilité des formes extérieures du monde sensible.
Bien vu Catherine ! Et la lumière aussi, la luminosité et l’espace présent.
Quand est-ce qu’on sait qu’une rencontre est une rencontre ou une non-rencontre? J’avoue que je n’en sais fichtrement rien. Car c’est difficile de savoir(ça-voir) . Parfois c’est parce qu’ on sent quelque chose qui cloche en nous, après, qui nous chiffonne au-dedans de nous, qui coince quelque part dans le ventre ou dans la gorge, qu’on se dit, cette rencontre semblait de prime abord ne pas être une rencontre mais elle est en réalité une rencontre avec le méconnu qui est en moi et qui vient frapper à la porte de la possible re-co-naissance à travers ce mal-aise, et du coup, c’est une rencontre avec une ombre de moi-même et du coup cette non-rencontre est possiblement une vraie rencontre même si elle ne prend pas les atours de la rencontre
projetée, ne trouvez-vous pas?
« c’est une rencontre avec une ombre de moi-même et du coup cette non-rencontre est possiblement une vraie rencontre même si elle ne prend pas les atours de la rencontre »
Je suis vraiment d’accord avec cette belle formulation, Catherine, qui me rencontre. La non-rencontre fait partie en effet des multiples formes de rencontres, et la rencontre avec son ombre intérieure est sûrement une des rencontres les plus intéressantes : il s’agit de reconnaître les rencontres que l’on déteste ou les non-rencontres, comme des rencontres avec des parties de soi-même que l’on a niées ou refoulées dans l’ombre. C’est tout un travail thérapeutique qui a à voir en particulier avec le pardon. Sûrement ces photos ont un lien avec cela et je vous remercie de l’avoir pointé.
Bonjour Alain,
J’aime beaucoup ce texte, la technique est bien envahissante en effet… j’aime beaucoup le souffle du texte… tellement d’images fortes, le mitraillage… l’agression d’un contexte d’ombres ressenties trop fortement parfois… ou pas, c’est indéniablement part de nos apprentissages, la formulation de Catherine est en effet très explicite… il y en a tellement des rencontres, à tous les niveaux… Je me permets de partager un petit poème, écrit aussi dans un contexte très fort de techniques et d’ombres, à Londres…
Concrete Jungle
Un peu de calme dans le chaos agité de la cité ;
Rythme terrible qui détourne les âmes de leur asile,
Ronde débile qui forme à la servitude,
Course continue sur le carrousel des absurdes.
Les phares et les néons effacent la lumière
Et sous les paillettes, c’est la nuit qui porte
Les pas lassés des passants.
Un asile dans le bruit, un asile dans la nuit.
Abri pour mon cœur meurtri,
Refuge pour mon esprit assailli de nuisances
Et de messages qui perturbent sa voix.
Combien de forces contraires dansent
Et assiègent mes sens de leurs viles sciences ?
Chasser ces agressions en silences inspirés.
La Nature me manque en cette jungle de béton ;
Citadin fils de la Terre, je creuse mon chemin
Dans les sillons de l’éther.
La joie en mère compagnie,
La foi en mère de l’esprit,
Qui protègent ma danse et élancent mes sens.
Au loin, au plus profond de la galaxie,
Résonnent mes envies et s’effacent mes ennuis.
Au plus près, au cœur de l’atome,
Scintille le soleil des Hommes.
Science de l’espèce, chaleureuse lumière,
Qui disperse les ombres du béton
Et infuse en nos âmes sa sagesse.
La paresse embrasse mes sens,
Ravive mon essence et me porte à l’infini.
La bonté du révélé, la clarté de l’été,
Brillant même au cœur de nos hivers.
Un peu d’écoute, un peu de paix
Et l’essence abreuve nos veines de son miel enchanté.
La conscience à l’épreuve du fiel de l’Ombre à chasser.
A l’approche de nos vérités, elle s’anime et exprime
La clémence de nos entièretés.
Sur les chemins de la révélation, l’agitation dessine nos prisons,
Mais le mouvement immobile assure nos évasions.
Vision de nos Êtres connectés, maillages de la liberté.
Tous en lien dans l’indicible,
Ensemble nous sommes invincibles.
Le chant des anciens accompagne nos fées
Pour nous mener à la source de nos vérités.
Histoire ancienne et pérenne, Histoire des futurs,
Que l’on distingue à peine sous les brumes de nos peines.
Et pourtant c’est elle, toujours, qui prend le dessus
Et anime les dessous de nos existences.
C’est d’elle que provient l’eau qui abreuve nos rêves
Et ses échos fluides résonnent en nos fibres.
Elle est l’eau qui abreuve la Terre, sœur de notre espèce,
Partagée entre ses bouillonnements barbares
Et ses vapeurs délicates.
Brûlante et insaisissable, transportant ses messages,
Qui chassent les présages de la nescience prétentieuse.
Au plus profond des galaxies de nos atomes,
Elle vibre au rythme de nos transes sacrées.
Le verbe créateur s’abreuve de l’eau véritable pour grandir
Et bourgeonner en fleurs d’expérience.
Croissance continue adressée au soleil,
Présence continue dans nos éveils,
Transperçant les goudrons, fleurissent les bétons,
Sublimant ces masses d’alliages barbares.
Les fleurs de nos vérités démasquent
Les mensonges de ces sombres nuits éclairées
Par les glauques lumières de la vanité sapiens.
La clarté de nos origines ne saurait pourtant tromper
Sur la nature de nos destinées.
Esprits voués à une vie féconde en expériences profondes,
A même de révéler les dessous du grand mouvement.
Éternel, il nous invite à réaliser et dépasser
La finitude de nos enveloppes charnelles,
A nous parer d’étoiles pour prolonger nos ailes.
L’envol est quotidien pour les amants enchantés,
Qui chantent les refrains d’une prière à l’été.
ML (2012)
merci Marko c’est un beau poème avec quelques fulgurances : « La conscience à l’épreuve du fiel de l’Ombre à chasser », dont je me sens proche en sensibilité, même si je préfère, au niveau de la forme l’incision du poème court dans le blanc de la page.
En pensant à votre poème Marko, j’essayais de me souvenir de ce que j’avais entendu il n’y a pas si longtemps que cela sur les ondes d’une radio. Et ça disait quelque chose de très juste à mon avis. Qu’on ne commence uniquement à être artiste ou créatif, entendez-le comme vous voulez, que lorsque l’on comprend que ce qu’il y a à écrire, et bien, c’est ce qu’il y a d’inatteignable, qu’on ne peut pas écrire en mot JUSTEMENT, mais qui pourtant doit passer par les maux, réellement j’ai écrit maux mais c’est « mot » bien sûr. Inatteignable, car si l’on croit capter, rapter, enfer-mer quelque chose dans un mot, on idolâtre, on emprisonne, on enferme, et pourtant sans lui, ce mot, rien de possible. Bref, on s’essaie, et vous vous essayez fort bien, à dire ce qui n’est pas définissable. La vie sert à cela essayer de donner sens à quelque chose dont on ne pourra jamais s’approprier même dans les filets des mots, j’entends le mystère. Le poème est créatif et plein, quand il laisse le texte vibrer et respirer les scansions de la vie qui se cherche dans les coins sombres de ce qui nous habite, enfin, je crois,merci encore
C’est bien beau ce que vous nous écrivez là, Catherine. Vous dites :
« Le poème est créatif et plein, quand il laisse le texte vibrer et respirer les scansions de la vie qui se cherche dans les coins sombres de ce qui nous habite, »
mais pourquoi seulement « dans les coins sombres » ?
Ben, les coins pas ombrés, ma foi, en général Alain, on les voit, non? je rigole, excusez-moi de n’avoir pas été précise!!!
Là, avec cette possible rencontre de l’ombre et sa confrontation via le poème, c’est toujours un possible espace plus grand qui est préfiguré, pro-posé, et nous sommes libres, entièrement libres d’ouvrir la porte ou de la laisser fermée, c’est ça qui est beau, il n’y a aucune contrainte, juste une invitation douce ou remuante, ça dépend des poèmes.
Le poème n’est pas une description de ce que l’on voit sinon ce n’est plus un poème pour moi, il dit plus que ce que l’on peut voir, il invite à aller derrière le rideau. C ‘est qu’il s’y passe des choses, et l’audace est bienvenue alors!
oui, Catherine, je suis la plupart du temps en phase avec ce que vous écrivez, mais là quelque chose a tressauté en moi pour dire « pourquoi les coins sombres, si j’ai bien compris, à l’origine de la création du poème ? », alors que je ressens plutôt l’émergence de la poésie comme l’expression de flashs de lumière au milieu – là, nous sommes d’accord peut-être – d’un océan sombre de mots confus, ce qui serait la prose de ce monde prosaïque.
Cette idée de coins sombres me semble très intéressante et j’y vois plusieurs sens dans ma perception des choses… Comme le dit Catherine, la poésie est l’exploration de ce qu’on ne connaît pas, finalement, on est poète à partir du moment où l’on n’oublie pas qu’on ne sait pas, qu’on ne sait pas non plus vraiment ce qu’il y a à savoir d’ailleurs. En ce sens, très d’accord avec Alain et cette idée d’avoir des flashs de lumière au milieu de la nuit, des flashs pour prolonger l’exploration…
Par ailleurs, par ombres, j’entends aussi ces indicibles et indescriptibles (comment dire justement! :)) « menace », « souffrance », « absence », « ignorance », « inconscience », « néant destructeur », « oppression technicienne », un peu tout çela et autre chose avant tout… ces ombres sont en fait souvent moteurs dans mon écriture, comme un moyen de les affronter et les transcender, de les mettre à jour à coups de flashs de lumière, de les identifier et les repousser, les dépasser, entre l’histoire qu’on se raconte et l’histoire qui nous est contée… :)
J’aime bien l’idée que l’expression nous permet d’étendre nos lumières conscientes sur les ombres infinies de l’inconscience…
A ce propos, sur la poésie, je recommande cette conférence de Fabrice Midal et Michel Cazenave sur le thème de Poésie et Psychologie: http://www.youtube.com/watch?v=CmJ9N_CBKI8
Une des conférences les plus pertinentes que j’ai pu voir sur le sujet sur internet…
Bien beau cadeau que cette conférence, merci Marko!
Marcher dans les pas d’Orphée, pousser la porte de nos enfer-mements, de nos certitudes, nos « ceci »et nos « cela », oui, oui, c’est complètement cela pour moi la poésie. C’est prendre un risque, c’est avoir l’audace du saut sans filet, c’est se laisser porter par quelque chose de plus grand que nous!
« J’aime bien l’idée que l’expression (poétique) nous permet d’étendre nos lumières conscientes sur les ombres infinies de l’inconscience… » oui, c’est ça Marko, nous sommes bien en phase : c’est ce que j’appelle l’intégration créatrice de l’ombre et de la lumière ou l’initiation mort / renaissance pour laquelle la poésie excelle et toutes les formes du Grand Art. L’idée qu’il n’y a pas création sans souffrance et que cette création nous délivre dans son aspiration à la beauté qui est Lumière.
Les virgules, les points, et les blancs des espaces « entre » les mots, ôh comme ils parlent mieux que la pleine densité des mots et pourtant et pourtant, sans la densité des mots, les espaces raccourcis que sont les virgules, les blancs, les conjonctions et tous ces petits là que j’aime tant ne sauraient être sentis, ressentis comme il se doit et donc donner sens au reste. .. merci pour cela marko!