Quand l’école Montessori ouvre l’horizon

Un Interview de Damien Rose, éducateur dans une école Montessori à Paris 13ème

C’est une petite école dans un quartier nouvellement construit,
non loin de la  Bibliothèque Nationale de France.
En face de l’école, il y a un square du joli nom d' »Héloïse et Abélard »,
où les enfants font entendre chaque jour leur joie de vivre à l’heure de la récréation.
L’école s’appelle « Horizon Montessori »,
son emblème : un soleil sur une ligne d’horizon,

tout un programme…

Qu’avez-vous envie d’ajouter en guise de présentation préliminaire ?
Notre école accueille seulement une cinquantaine d’enfants, mais c’est une véritable ruche. Il y a deux niveaux d’âge, les 3-6 ans et les 6-9 ans. La directrice de l’école, Véronique Payot-Rose, mon épouse, travaille dans la classe des 3-6 ans et moi dans la classe des  6-9 ans, ce qui correspond à la classe primaire (CP, CE1, CE2). Chacun est directeur de sa classe.

Comment devient-on enseignant dans une école Montessori ?

Pouvez-vous nous raconter votre parcours, comment vous en êtes arrivé là,
qu’est-ce qui vous a amené à l’enseignement Montessori ?

Tout a commencé pour moi dans une colonie de vacances, en Baie de Somme, entre 6 et 15 ans. J’ai adoré cette période, car cela m’a ouvert l’esprit sur une autre éducation. C’était un centre d’animation pilote où les animateurs étaient formés à l’écoute des enfants, il y avait beaucoup d’arts plastiques, de jeux, de grandes balades dans la baie. Je me rappelle d’un espace de liberté immense. Du coup, j’ai voulu devenir animateur, j’ai passé le BAFA à l’âge de 16 ans, puis le bac, puis deux années d’études en psychologie et sociologie à Montpellier.
Ensuite, je me suis engagé dans l’armée pour un service long, où j’ai pu choisir mon affectation : partir à l’étranger en Polynésie française, où je suis resté en définitive cinq ans. Je voulais enseigner, aussi je suis allé voir à Papeete, un inspecteur de l’éducation nationale, et très vite j’ai été affecté au service de la coopération, dans un atoll, loin, très loin, en plein milieu du pacifique, une goélette tous les trois mois et un petit avion une fois par mois. Cet atoll, c’était une étroite bande de corail circulaire, d’un kilomètre de diamètre avec 80 habitants et une petite école en classe unique de 18 enfants âgés de 3 à 12 ans. Je n’avais jamais enseigné, j’avais juste mon brevet d’animateur et d’aide infirmier, mon BAC et mon DEUG, j’avais 22 ans. Un conseiller pédagogique m’a suivi pendant un mois, puis il a fallu que je me débrouille tout seul.
En fait, j’ai d’abord beaucoup écouté les enfants, pour savoir qui ils étaient et qui pouvait transmettre quoi aux autres. Ensuite j’avais quelques jeux en mémoire, auxquels j’ai ajouté l’enseignement de l’orthographe, de la grammaire, de la conjugaison, du calcul …. Je me suis senti tellement libre, et les enfants étaient tellement contents, car si fiers de pouvoir transmettre quelque chose. Là, j’ai appris que le savoir n’appartient à personne, il circule et on le fait circuler. En fait, je découvrais par moi-même les fondements de la pédagogie active. Un jour un inspecteur est venu, il m’a félicité, il n’avait jamais vu ça. Nous avons mené alors un projet pédagogique ensemble pendant trois ans.
Puis je suis rentré en Europe, me disant qu’il y avait bien quelqu’un qui travaillait autrement avec des enfants comme je l’avais essayé sur mon atoll. Dans la région d’Annecy où habitaient mes parents, j’ai cherché un établissement appliquant une pédagogie différente. Un jour, j’ai trouvé une petite école à Grenoble rue des « eaux claires » – c’était un nom prometteur. En fait, il s’agissait d’une école Montessori, et j’ai ressenti sur le champ comme une révélation : une classe unique avec différents âges, du matériel à la taille des enfants, l’entraide comme principe éducatif de base. Pour pouvoir y enseigner, il ne me restait plus qu’à me payer une formation d’une année à Paris, une formation très complète. J’ai travaillé ensuite un an à Genève dans une école Montessori, puis je suis parti deux mois à Chicago, car le diplôme est international et  permet de travailler partout dans le monde – il faut savoir qu’il y a plus de 25 000 écoles Montessori aujourd’hui, dont la majorité se trouve en Inde, en Grande Bretagne et aux Etats-Unis. Puis, j’ai rencontré mon épouse en tant que stagiaire pour ma formation dans une école franco-américaine du 5e arrondissement de Paris. J’y ai travaillé deux ans, avant de créer en 1996 avec elle, l’actuelle école « Horizon Montessori » dans le 13ème. Cela fait donc 23 ans que je travaille selon la pédagogie Montessori.

Qui était Maria Montessori ?

Pouvez nous parler de l’histoire de la pédagogie Montessori, qui était Maria Montessori, sa fondatrice,
quelles étaient ses intentions de départ ?

 Maria Montessori était une femme pionnière comme il y en a eu beaucoup au début du 20ème siècle. C’était une italienne, une des premières femmes médecin, biologiste de formation. C’est intéressant de savoir qu’elle n’est pas au départ une institutrice, une éducatrice, elle est d’abord une scientifique qui fonctionne de manière empirique par essai et erreur avec des grilles d’observation pointues et une connaissance médicale poussée.
Elle a beaucoup observé les enfants, tout particulièrement ce qu’on appelait à l’époque « les enfants débiles ». Tout a commencé avec l’histoire du petit Victor, l’enfant sauvage de l’Aveyron au 18ème siècle – François Truffaut en a fait un très beau film. Cet enfant d’à peu près 9 ans ne parlait pas ; il a été mis à la Salpêtrière à Paris, en observation, et Maria Montessori s’est beaucoup intéressée à ces observations faites par les docteurs Itard et Seguin. Son travail a commencé là, car ce cas a confirmé ses intuitions sur ce qu’elle a appelé et défini comme « les périodes sensibles » de l’apprentissage des enfants : l’homme est un animal intelligent dont l’esprit est une éponge qui absorbe son milieu ambiant. L’enfant ne parlera pas s’il n’est pas en relation sociale avec son entourage à une certaine période sensible de son développement. Elle a défini différentes périodes sensibles du langage, du mouvement, de l’ordre, etc. Un immense travail d’observation a commencé avec cette question en toile de fond : le petit homme en devenir, comment en faire un homme libre et responsable ? Comment trouver les outils pour aider les enfants à se développer correctement ?
Elle a alors construit de plus en plus de matériel pédagogique et a ouvert une petite école en Italie à San Lorenzo avec des enfants de la rue livrés à eux-mêmes, en observant comment la socialisation pouvait se faire. Même ces enfants pouvaient apprendre à devenir autonomes, à se prendre en main, à aider les autres. Maria Montessori a été reconnue rapidement, elle a eu beaucoup de disciples, car c’était une période dans les années 1920, où il y avait un grand mouvement en faveur d’une éducation nouvelle : il y avait Steiner, Decroly, Freinet, des chercheurs avec des pédagogies actives différentes, mais tous avaient un même point commun : le respect de l’enfant, de ses rythmes, de ses choix et de ses besoins ; comment l’adulte peut y répondre sans imposer son point de vue. Il fallait aussi, après le choc de la guerre 14-18, travailler à une éducation de la paix, où l’enfant apprendrait à être critique, à dire ce qu’il pense, pour ne pas être une oie qu’on gave et qu’on utilise à des fins meurtrières.
Puis est arrivée la montée du fascisme dans les années 1930. Maria M. est partie en Hollande, où elle s’est installée. Elle a formé l’AMI (l’Association Montessori Internationale), a créé une école de formation, des écoles pilotes et la Hollande est restée le pays d’Europe où l’on trouve beaucoup de matériel Montessori dans de nombreuses écoles, le siège de l’AMI s’y trouve toujours. Quand les nazis sont arrivés en Hollande, elle s’est enfuie en Inde, le pays au monde avec les Etats-Unis où il y a actuellement  le plus d’écoles Montessori. Elle a connu Gandhi, elle a écrit un livre « L’éducation pour la paix » et elle est morte en 1952 à l’âge de 82 ans en Hollande où elle était revenue.

Comment fonctionne une école Montessori

Est-ce que vous pouvez nous présenter maintenant plus en détail l’école « Horizon Montessori » ,
son histoire, son fonctionnement, son originalité
?

Nous l’avons créée en 1996, elle fonctionne sous forme d’une association loi 1901, avec trois cachets d’autorisation : la préfecture, le rectorat et la mairie. Tout est vérifié depuis les normes de sécurité jusqu’à la pédagogie et les diplômes. La pédagogie Montessori est reconnue depuis longtemps, mais elle n’est pas financée, nous ne sommes pas enseignants de l’éducation nationale, bien que nous pouvons avoir des inspections comme partout ailleurs.
Nous avons deux classes : la classe 3-6 ans et la classe 6-9 ans. La classe 3-6 est une classe par âges mélangés, c’est une fratrie d’une trentaine d’enfants avec deux éducatrices à plein temps et deux aides-éducatrices. Les enfants 6-9 sont une vingtaine.
Les trois grands principes Montessori de l’école sont les suivants : le premier c’est le mélange d’âges dans chaque classe, un peu comme les classes uniques de village quand elles existent encore, cela afin de constituer une fratrie où l’entraide devient importante ; les aînés aident les plus petits presque naturellement : le petit nouveau est pris en charge par les anciens dans une ambiance qui va le porter. En regardant les plus grands faire des activités, il va avoir envie de l’imiter. Le deuxième principe, c’est le matériel, c’est un matériel pédagogique spécifique, sensoriel, qui a été étudié, travaillé et validé dans une progression, où l’intelligence se construit d’abord à travers les cinq sens ; il est auto-éducatif et comporte une seule difficulté isolée avec son contrôle de l’erreur. Le 3e principe, c’est la formation spécifique du maître. On dessine ainsi un triangle avec les 3 M : le Milieu, le Maître et le Matériel ; l’enfant est au centre de ce triangle, il est porté par la fratrie, par le regard bienveillant du maître prenant en compte ses besoins, et par le matériel : comment il va s’en servir pour le faire sien, sans intervention du maître après une présentation préliminaire. Dans les écoles Montessori il n’y a pas de notes, on ne juge pas l’enfant, on l’encourage quand il en a besoin et on échange avec lui pour trouver des solutions. Depuis tout ce temps vécu avec les enfants j’ai appris qu’il est humain de faire des erreurs sans focaliser sur la faute, et d’apprendre à comprendre, échanger, réparer, s’améliorer, en sachant se remettre en question, aussi bien l’enfant que l’adulte.  Au niveau des activités « vie pratique » des 3-6 ans, il n’y a que des activités « vraies » avec des objets à la taille de l’enfant adaptés à sa motricité : comment se brosser les dents, entretenir ses chaussures, verser des graines en apprenant la mesure, le poids, comment arroser les plantes, éplucher des carottes, ouvrir et fermer des boîtes avec de petits cadenas, comment visser et dévisser, etc… c’est une éducation pratique par les sens qui évolue sur trois ans.
Une classe c’est une ruche, où les enfants font chacun des activités différentes soit seul, soit à deux soit par petits groupes. L’enfant a beaucoup de choix pour ses activités, il faut le laisser avoir envie de lire, de calculer, d’écrire, et le maître doit observer cela pour, au bon moment, lui proposer un matériel adéquat.
Pour les 6-9 ans, c’est le même principe, mais il s’agit de suivre le programme de l’éducation nationale, toujours dans l’écoute et le choix. Rien n’est imposé d’une façon arbitraire, mais tout est là, préparé, très préparé, surtout au niveau du matériel. Pour que l’enfant puisse se passer de l’adulte, il faut que le matériel mis à sa disposition soit très bien pensé. Il y a aussi un système particulier de contrôle rendant l’enfant complètement autonome. Ainsi les enfants savent qu’ils travaillent pour eux, ils prennent plaisir à travailler, car ils ont une liberté de choix à travers les matières imposées, de même ils comprennent ce qu’ils font, ils savent expliquer comment ils trouvent les règles, même pour l’arithmétique ou la géométrie.

Education et santé

Est-ce que dans cette pédagogie Montessori la santé est une préoccupation importante, la santé de l’enfant ?

Oui, il y a d’abord la santé mentale, au sens où nous reconnaissons les besoins des enfants, nous sommes à l’écoute de chaque histoire, de chaque niveau d’apprentissage, de chaque problématique psychique. Aussi, nous avons des enfants reconnus comme porteurs d’handicaps, on peut en avoir jusqu’à un tiers par classe ; ils ont besoin d’un suivi particulier, en collaboration avec des thérapeutes spécialisés, avec en plus une écoute particulière des éducateurs et une intégration des parents dans le projet éducatif. Il peut y avoir aussi des enfants hyperactifs ou des enfants avec certaines formes d’autisme, dont on refuse l’étiquette « autiste » – il s’agit pour nous d’enfants avec un développement particulier, qui nécessite une écoute particulière.
Il faut aussi parler de l’hygiène qui est entièrement intégrée dans le projet de l’école : par exemple la nécessité de se laver les mains plusieurs fois par jour, avec un travail d’information sur les microbes, les maladies transmissibles, de manière à dédramatiser ou à prévenir. Il faut parler des repas : nous tendons vers le bio – on est à 70% bio.
Il y a aussi beaucoup d’activités physiques : les petits font du yoga, des exercices de respiration pendant les pauses, des arts martiaux pour les plus grands, des activités sportives dans le square à côté, des séances de natation libre. On travaille ici un peu comme en Allemagne : le matin est centré sur les activités scolaires didactiques et l’après-midi est consacrée surtout au sport et à la culture, avec l’expression artistique, les travaux manuels, le dessin, le théâtre, la musique, l’anglais, l’art plastique avec un thème pour toute l’année – l’année dernière c’était Leonard de Vinci et la Renaissance, cette année c’est la bicyclette et l’observation de la nature pour préparer un voyage à l’île de Ré pendant une semaine. Il y a un équilibre qui est respecté entre les activités créatives, sportives et didactiques.

Comment ça se passe avec les enfants hyperactifs ?

Il y en a effectivement de plus en plus. C’est un enfant qui part dans tous les sens, qui a besoin de mouvements, à ne pas confondre avec ce qu’on appelle communément « l’enfant roi », qui lui est tyrannique. Ici, les enfants sont libres de leurs mouvements et les activités centrées autour de « la vie pratique » vont lui permettre d’être dans ce mouvement, tout en lui apprenant spontanément à s’ordonner dans un cadre bienveillant avec des repères, le contraire d’un cadre étouffant. L’enfant peu à peu prend conscience de la possibilité de voir ses progrès, de s’autoévaluer, d’être satisfait de lui-même. Cela ne va pas se faire du jour au lendemain et sans difficultés, mais petit à petit, sur trois ans, dans un milieu aussi respectueux de lui-même, l’enfant hyperactif va évoluer positivement, il va se poser et trouver une sorte de paix intérieure.

Comment se fait l’apprentissage à l’informatique, au monde numérique ?
Par rapport à tout ce qu’on a vu sur l’apprentissage par la vie pratique, avec de vrais objets, de vrais livres, l’importance de l’environnement réel, la coordination de la main et du cerveau, il n’y a pas d’informatique pour les 3-6 ans, car nous savons qu’il est de la plus grande importance pour l’enfant en bas âge qu’il se développe dans un monde sensoriel, sensible et réel, qui puisse équilibrer la vie à la maison où tout devient virtuel et médiatisé.
Pour les 6-9 ans, il y a des outils informatiques, des logiciels qui permettent aux enfants d’être autonomes avec des exercices dans toutes les matières. Mais il y a un temps de rotation assez rapide, pas plus d’un quart d’heure, afin que l’enfant ne reste pas bloqué sur l’écran. L‘écran est un outil parmi d’autres, je veille à ce qu’il y ait beaucoup de livres pour apprendre à chercher de manière active l’information, via des encyclopédies et des dictionnaires. Le problème actuel avec l’ordinateur à l’école, par exemple au collège, c’est que pour une recherche donnée, tous les enfants sortent le même document, sans même l’avoir lu.

Evolution actuelle de la pédagogie Montessori

Pour terminer, est-ce qu’on peut parler d’une évolution actuelle de la pédagogie Montessori, d’un développement  particulier?

Depuis cinq ans, à peu près, on voit un engouement énorme, « ça explose ». Déjà en France, alors qu’il y avait une trentaine d’écoles déclarées, aujourd’hui il y en a plus de 150. Un gros travail a été fait en amont avec des centres de formation, il y a eu aussi  beaucoup d’échanges avec les autres pays, et la connaissance de la pédagogie Montessori s’est démocratisée par les médias, avec des personnes connues qui y ont mis leurs enfants, avec des professions sensibilisées, comme celles tournées vers l’humain, les psychologues, les orthophonistes, les pédopsychiatres, etc. Avec internet, c’est devenu aussi plus facile de s’informer, d’échanger et de trouver une école.
Aussi, nous avons une très forte demande pour les 3-6 ans avec une liste d’attente de plusieurs années. Les parents sont prêts à faire un sacrifice financier ; c’est plus un choix, un engagement profond, qu’une mode par aisance financière, avec des gens qui ont confiance dans cette pédagogie et qui comprennent qu’à 3 ans, c’est important d’être dans un environnement protégé, attentif et bienveillant. Cette tendance est moins forte pour les 6-9 ans, où l’on pense souvent que l’enfant peut rejoindre le système classique afin de ne pas être trop différent des autres.
Beaucoup d’éducateurs Montessori sortant des écoles de formation, vont créer de nouvelles écoles, mais il y a aussi beaucoup de formations pour des gens qui travaillent déjà dans une autre branche professionnelle et cherchent des outils complémentaires : des orthophonistes, des instituteurs, des EJE (éducateurs de jeunes enfants) des pédopsychiatres, etc.
Il y a donc une reconnaissance exponentielle qui fait son chemin en ce moment. Est-ce que l’Education Nationale y est sensible ?… Ce serait bien que cette reconnaissance  puisse se traduire par une participation financière de l’état, afin que les frais de scolarité soient moins lourds pour les parents et que les écoles Montessori soient accessibles à un plus grand nombre. Nous serions au Pays-Bas ou dans les pays scandinaves, nous aurions une prise en charge importante. Mais en France, pour le moment, le clivage école publique / école privée bloque tout. Néanmoins, j’émets le souhait de pouvoir un jour enseigner dans une école publique rurale, avec mon matériel Montessori pour travailler d’une autre manière.

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16 réponses à “Quand l’école Montessori ouvre l’horizon”

  1. J.sicre dit :

    De nombreux mouvements pédagogiques permettent effectivement à l’élève de s’approprier les apprentissages dans une relation coopérative .La liberté pédagogique est une réalité. De nombreux enseignants choisissent tous les jours cette approche dans les écoles publiques. Seules nos écoles publiques accueillent sans distinction des enfants de toute catégorie socio culturelle ce qui n’est pas envisageable dans les écoles privées (voir les tarifs). La mixité est une chance et non pas un problème.

    • Je ne voudrais pas tomber dans la vieille querelle entre école privée et école laïque, une vieille spécialité franco-française datant du 19e siècle, et cela dans un blog intégratif qui prône au contraire la complémentarité des différences.
      Cela d’autant plus, si vous avez bien lu le dernier paragraphe de l’interview, que la personne interrogée déplore cette ségrégation par l’argent au niveau des écoles Montessori, ségrégation qui n’existe pas dans d’autres pays comme les Pays-Bas ou les pays scandinaves, où l’état a compris le bien fondé de ces méthodes pédagogiques et les encourage.

  2. J.sicre dit :

    Merci pour votre réponse . Les différences sont présentes dans toutes les écoles même en France. La pédagogie coopérative a toute sa place, cela est du choix de l’enseignant. La coopération qui doit être au cœur des apprentissages n’est elle pas plus pertinente quand elle permet de créer du lien dans les écoles qui accueillent un public hétérogène? Montessori est également présent dans de nombreux établissements publics, pourquoi ne pas le dire ? Mon propos n’est pas de remettre en cause la compétence des professionnels qui enseignent dans cette école mais plutôt de me poser des questions sur la véritable motivation des parents d’élèves . La mixité n’est elle pas indispensable pour une société intégrative ? Je pense être en cohérence avec les valeurs que vous défendez fort bien dans votre blog.

  3. Votre réponse est intéressante, mais j’ai l’impression que vous faites confusion entre la pédagogie Montessori et la pédagogie coopérative. Bien que je ne sois pas un spécialiste de la question, il me semble que la pédagogie Montessori outrepasse la pédagogie coopérative, au sens où, intégrant la ccopération inter âge entre élèves et le travail coopératif entre l’enseignant et ses élèves, dans une relation d’entraide et non de domination, elle s’intéresse aussi à l’autonomie d’apprentissage de chacun à son rythme naturel et pour cela elle a inventé un matériel pédagogique spécifique, très original. De plus elle privilégie l’apprentissage en relation avec le monde extérieur, en particulier la nature, en organisant beaucoup de sorties, d’enquêtes, etc…
    Il se peut bien sûr, comme vous le dites, que cette pédagogie Montessori existe dans certaines petites classes du primaire de l’école laïque, mais je crois bien que cela reste l’exception et que les parents qui sont sensibles à ces méthodes soient malheureusement obligés de se tourner vers le privé. Par contre la pédagogie coopérative, style Freinet et autres, il me semble, comme vous le dites qu’elle soit plus répandue dans l’école laïque.

  4. François Degoul dit :

    De son outre tombe, Maria Montessori rira sans doute aujourd’hui de bon coeur de la mésaventure linguistique qu’elle connut dans une conférence en Suisse francophone.

    Il se trouve qu’en italien skier se dit « sciare » prononcé chi-ya-re, et que sa pédagogie, comme vous le dites, Alain, « privilégie l’apprentissage en relation avec le monde extérieur, en particulier la nature ».

    Lors d’une conférence en Suisse, elle expliquait donc sur un ton distingué l’intérêt de ces contacts avec la nature, et crut bon d’ajouter à propos de ces chers petits qui goûtaient aux plaisirs tous nouveaux des descentes dans la poudreuse:

     » Et l’hiver nous les amenons chier sur la montagne ». Elle ne comprit pas pourquoi la salle se pouffait et reprit doctement:
    « Et l’hiver nous les amenons chier sur la montagne ».

    Pour calmer l’hilarité, il fallut un entracte. A la reprise, si j’en crois l’un des deux récits convergents qu’on m’a fait en Suisse de cette histoire, chacun tentait en vain de se retenir de pouffer, mais on dut interrompre la séance…

    Ceci n’enlève rien aux mérites de cette femme extraordinaire dont j’ai aussi une école sur ma ville, et dont je viens par curiosité, de lire la présentation Wikipédia.

  5. Claudine D dit :

    Bonjour,

    Cela ne m’étonne pas que la demande pour les écoles Montessori, ou d’autres non conventionnelles, explose. J’ai vu de près ces dernières années la situation dans les écoles maternelles et primaires laïques à travers ce qu’on t vécu mes petits enfants. Ca n’est pas attrayant ! Trente petits de trois ans dans une même classe ! Est-ce raisonnable, même si l’institutrice est aidée par une « dame de service » pour les tâches matérielles ?
    En primaire, l’aînée de mes petites filles s’est beaucoup ennuyée pendant les deux ans où elle a fréquenté l’école, et elle n’a pas appris grand chose. Heureusement que la maman était derrière pour consolider les connaissances.

    En-dehors des problèmes purement pédagogiques, il faut souligner aussi la fatigue des enfants, qui se traduit par beaucoup d’énervement et même d’agressivité le soir, à cause tout simplement du bruit et du trop grand nombre d’enfants par classe.

    Les parents sont aussi devenus plus exigeants pour leur(s) enfant(s). Ils sont mieux éduqués qu’autrefois et pour eux le choix n’est pas simple. Ils peuvent soit faire suivre à leurs enfants le cursus ordinaire, quitte parfois à compléter eux-mêmes ou par des cours particuliers ce qui leur semble poser problème; soit chercher une école qui réponde mieux aux besoins de leur enfant, quitte à payer très cher, ce qui est en effet tout à fait regrettable; soit enfin préférer la solution de l’école à la maison comme l’a fait ma fille. Là aussi le développement est important, et c’est bien le signe que quelque chose ne va pas dans l’enseignement traditionnel qu’il soit public ou privé.

    Mais là encore ce n’est qu’un pis aller qui est loin d’être accessible à tous. D’abord , que ce soit assumé par le père ou la mère, il faut aimer rester à la maison et enseigner chaque jour. Il faut avoir le bagage intellectuel suffisant pour faire face à tout. Il faut aussi pouvoir assumer financièrement le fait de n’avoir qu’un salaire dans la famille, l’achat de plusieurs ordinateurs, d’un matériel pédagogique adéquat.
    Pour l’instant les enfants sont satisfaits de cette solution; on voit qu’ils sont heureux. C’est la maman la plus fatiguée.

    Mais… il y a plusieurs mais :
    – il y a en effet le problème de la mixité sociale, qui n’est pas du tout envisagé dans le dernier cas de figure;
    – il y a le problème de la sensibilisation de l’enfant à la vie en société; là aussi c’est aux parents d’y veiller en les faisant participer à des cours extérieurs de formation artistique, d’expression corporelle de diverses formes, ou à des groupes de jeunes;
    – il y a enfin une question que je me pose depuis longtemps: comment ces enfants, qu’ils sortent de l’école Montessori citée ou d’une autre forme d’éducation, réagissent-ils quand ils intègrent de nouveau, ou pour la première fois, l’enseignement classique, avec ses contraintes lourdes d’horaires, de nombres, de contrôles avec des notes parfois dévalorisantes ? Il me semble que leur adaptation doit poser des problèmes à certains.
    A ce sujet, le directeur de l’école a-t-il des informations ? A-t-il fait un suivi de ses anciens élèves pour voir ce qu’ils deviennent ?

    Nous avons déjà, hélas, un enseignement à deux vitesses, en fonction du lieu d’habitation des parents et de leurs revenus. Il serait bénéfique pour tous , en effet, que les pouvoirs publics s’intéressent davantage et soutiennent plus activement les écoles qui sortent du moule pour permettre à tous ceux qui le désirent d’y accéder.

    • merci Claudine de cet apport très intéressant que je partage dans ses grandes lignes : un constat inquiétant du système d’éducation traditionnel : surcharge des programmes, sureffectif, ennui généralisé, enseignants débordés par une mixité sociale ingérable souvent, on pourrait ainsi allonger la liste.
      Les solutions ne sont pas évidentes comme vous le montrez très bien.
      J’ai demandé à Damien Rose de vous répondre quant à l’intégration des enfants Montessori quand ils regagnent le système traditionnel.

  6. J.sicre dit :

    La pédagogie Montessori a le vent en poupe et c’est une bonne chose mais il me semble que cela reste insuffisant pour répondre aux problématiques actuelles de l’éducation et créer les conditions d’une école pleinement intégrative.
    Le site ecolechangerdecap entre autres propose des pistes de réflexion pertinentes pour accompagner cette mutation.
    Un des objectifs prioritaires ne serait il pas tout d’abord la prise en compte de l’intelligence émotionnelle dans les apprentissages pour permettre le vivre ensemble pendant l’école et à l’âge adulte ? (Apprendre à accueillir ses émotions et accepter celles des autres )

    Ne désespérons pas de notre école, nombreux enseignants ont intégré cette réflexion dans leur approche éducative ( notamment à travers les intelligences multiples de Gardner) . L’évaluation par notes tend à laisser la place à l’évaluation par compétences à l’image de la pédagogie institutionnelle.
    D’ailleurs la psychothérapie institutionnelle a permis l’émergence de la pédagogie institutionnelle chère à Fernand Oury. Pourquoi la psychothérapie intégrative n’ouvrirait -elle pas la voie à la pédagogie intégrative ?
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    • Je suis touché et intéressé par cet autre écho plutôt positif que vous apportez « J.sicre » sur la pédagogie telle qu’elle se pratique dans le système éducatif laïque. Je souhaite et j’espère comme vous que cela bouge et que les innovations ne restent pas confidentielles, ultraminoritaires et finalement étouffées, comme cela s’est déjà produit à d’autres époques – je pense surtout aux années 70 dans l’effervescence post-soixanhuitarde ouverte à beaucoup d’expériences nouvelles.
      D’ailleurs la pédagogie institutionnelle, que je connais mal, a eu ses heures de gloire à cette époque, je crois ; n’est-elle pas retombée depuis la disparition de Fernand Oury en 98 ?
      Pour la question que vous me posez au sujet de la pédagogie intégrative ou intégrale, je sais qu’il y a des personnes qui y réfléchissent dans le cadre de « l’Université Intégrale » à Paris. vous pouvez aller voir sur leur site internet, mais c’est assez difficile de s’y repérer. Je suis moi-même intervenu sur le sujet il y a cinq ans déjà et cela m’apparait très lointain et très intellectuel, faute de pratique.
      Dans l’éducation intégrale, il s’agit de développer chez l’enfant les dimensions essentielles de son être qui sont oubliées et méprisées par le système d’éducation traditionnel. Je suis d’accord avec vous, je mettrai en premier l’éducation émotionnelle, en particulier l’apprentissage à la gestion des conflits, et les manières de gérer colères, peurs et tristesses – ce qui relève directement de la psychothérapie intégrative appliquée aux enfants.
      Je suis obligé d’arrêter ce commentaire, mais je le continuerai volontiers dès que j’aurai le temps.

      • Pour continuer mon commentaire et après réflexion, je crois que la psychothérapie quelle qu’elle soit n’a aucune légitimité pour inspirer une éducation. Le fait qu’une psychothérapie institutionnelle aie pu promulguer une éducation institutionnelle est un facteur de doute sur le bien fondé de cette dernière. Les champs de compétence sont très différents. Tout au plus, un psychothérapeute peut il ponctuellement intervenir par rapport à des cas difficiles rencontrés par des éducateurs, des enfants ou des adolescents en relation avec le système éducatif. Le choix d’intervention privilégiée est la dimension émotionnelle d’un problème, où les psychothérapies disposent de certaines techniques efficaces.
        Donc pour moi la psychothérapie intégrative, même appliquée aux enfant, ne peut pas être à l’origine d’une éducation intégrative.
        Par contre la psychothérapie, comme l’éducation, comme n’importe quel champ d’activité, peuvent s’inspirer d’une philosophie ou d’une vision intégrative ou intégrale, que ce soit la politique, l’économie, la médecine, la spiritualité, l’écologie, etc… C’est ce que Ken Wilber le philosophe ou le visionnaire de cette philosophie intégrale s’est d’ailleurs employé à faire dans la dernière partie de son oeuvre – voir un de ses derniers livres paru récemment aux éditions Almora « Une Théorie de Tout », livre dont j’espère un de ces jours trouver le temps de commenter.

  7. Jean sicre dit :

    La psychothérapie institutionnelle a trouvé son champs d’action dans l’institution. Jean Oury et Le catalan Francois Tosquelles, psychiatres, ont compris qu’il fallait avant tout « soigner » l’institution et remettre de l’humanité au cœur du dispositif. C’est en créant du lien entre soignés et soignants et en remettant en question le cadre institutionnel que se joue la prise en charge thérapeutique . Il en va de même dans n’importe quelle institution. L’école ne déroge pas à cette nécessité. Pour faire court, la pédagogie institutionnelle repose également sur le constat qu’il faut réfléchir au cadre éducatif pour permettre à chacun ( enseignant et enseignés) de trouver sa place dans le dispositif.
    Le conseil de classe détermine les actions et la place de chacun dans le groupe. De nombreux écrits racontent la réalité quotidienne de ces classes ouvertes et vivantes notamment les très bons livres de René Laffitte.
    Toutefois, cette pédagogie reste encore marginale bien que reconnue car elle demande une remise en question de la place et du rôle de l’enseignant.

    • Merci Jean de cette très claire explication.
      Mais par expérience et peut-être aussi par apriori, je me suis toujours méfié des psychothérapeutes qui investissent un champ autre que celui de leur domaine de compétence. Ils me semblent qu’ils plaquent ou projettent souvent des théories et des pratiques venant de leur fréquentation des domaines pathologiques dont ils sont coutumiers. Je ne connais pas bien comment cela s’est passé pratiquement en psychothérapie institutionnelle, mais il me semble que cela pourrait expliquer en partie pourquoi, elle est tombée dans les oubliettes.
      Actuellement on assiste à un phénomène de ce type avec le coaching en entreprise et dans d’autres domaines d’activité. Il y a beaucoup de gens de gens venant du monde de la psychologie et de la psychothérapie qui pour des raisons multiples tentent de se reconvertir. Les résultats sont souvent problématiques à ce que j’entends.
      Ce que j’aime bien chez Maria Montessori, c’est que c’est une scientifique d’origine médicale qui a expérimenté pour ainsi dire ex nihilo le domaine de l’éducation, en inventant tout par expérience.

  8. Jean sicre dit :

    Il y a un léger malentendu Alain dans votre réponse. Les pédagogues qui s’investissent dans la pédagogie institutionnelle ne sont pas des « psy » mais ils ont compris eux aussi que l’institution scolaire est souvent le problème pour nombreux élèves ( voir le commentaire de Claudine). On ne peut pas mettre l’enfant à la porte de l’établissement pour accueillir l’élève. C’est la même personne.
    Je suis enseignant spécialisé en collège auprès d’élèves en situation de handicap. Depuis de nombreuses années, je m’appuie (entre autres) sur certaines institutions de la pédagogie institutionnelle et j’en constate les bienfaits. Chacun est reconnu dans sa globalité. En prenant appui sur les intelligences multiples et en diversifiant les approches pédagogiques ( théâtre, sorties, jardin, poésie,…coopération, …) on s’approche simplement mais sûrement de l’éducation emotionnelle .
    Certaines problématiques humaines, dès qu’elles sont accueillies, sont rapidemment apaisées. Ce n’est bien sûr pas un travail psychologique mais il est évident que le groupe (et non pas l’enseignant) est une entité qui permet certains changements.
    Je ne connais pas bien la pédagogie Montessori qui reste pour moi (peut être à tord) une accumulation d’outils efficaces et adaptés à chacun mais si l’on ne s’appuie pas sur la dynamique de groupe, quels que soient les outils, on ne libère pas le potentiel de l’individu ( à travers les relations intra et interpersonnelles).
    Bien à vous.

  9. Je viens d’apprendre dans le journal Le Monde daté du samedi 17 dimanche 18 mai 2014, que Jean Oury, psychiatre, psychanalyste vient de s’en aller dans l’Autre Monde à 91 ans.
    L’article qui lui est consacré explique bien son travail important pour une psychiatrie humaniste, en particulier pendant 60 ans dans la mythique Fondation de La Borde, dans le Loir et Cher. C’est là qu’il expérimente la psychiatrie institutionnelle dès 1953 et son frère Fernand Oury va en reprendre les principes dans l’institution scolaire ; cela aura une grande répercussion autour des événements de 68.
    Cette synchronicité, suite à la discussion avec Jean Sicre, se devait d’être signalée.

  10. Jean Sicre dit :

    Merci Alain pour cet hommage. Sur le site des éditions « champ social », de nombreux ouvrages rappellent le combat de ces deux frères dont le tout récent « l’école, le désir et la loi » édité en 2014
    qui explique pourquoi la pédagogie institutionnelle a encore de très beaux jours devant elle. A noter que Fernand Oury luttait contre « l’école caserne », mais pour autant il ne défendait pas le modèle libertaire qui laissait « la liberté ensauvagée à sa propre pente autodestructrice ».

    Une bonne synthèse de cette aventure fraternelle qui peut donner envie à certains d’en savoir plus à l’adresse suivante.
    http://genepi2.pagesperso-orange.fr/annexes_createurs/note_11_oury.pdf

    • Quelques réflexions me viennent suite à ces commentaires :
      cette intégration harmonieuse entre psychothérapie institutionnelle et pédagogie du même nom, provient comme vous le dites très bien d’une « aventure fraternelle » entre deux frères Jean et Ferdinant Oury, aventure fraternelle qui reste exceptionnelle, car par ailleurs les deux champs d’activité sont assez éloignés et se pratiquent dans des environnements relativement différents : entre un asile psychiatrique et une école, il y a quelques différences, même si le fonctionnement institutionnel peut présenter des similarités (poids de la hiérarchie, passivité et instrumentalisation des patients ou des élèves, etc), et que bien sûr si on agit sur le fonctionnement de ces institutions dans un sens de responsabilisation, autonomie et pouvoir de décision des patients / élèves, on arrive à des résultats éducatifs et thérapeutiques signifiants. Mais je pense que cela ne suffit pas et qu’il y a aussi des méthodes spécifiques et différentes dans chacun de ces champs pour agir plus efficacement.
      Par ailleurs, je vois une confusion entre psychothérapie et psychiatrie. La psychothérapie se pratique majoritairement en libéral dans une relation duelle entre le thérapeute et son client / patient / thérapisant. Le poids institutionnel est donc moins fort, surtout depuis l’avènement des psychothérapies humanistes et des psychanalyses, où l’accent est mis sur l’autonomisation et la responsabilisation du client face à ses symptômes. Par contre, une grande partie de la psychiatrie se pratique dans des institutions médicales lourdes, face à des personnes souffrant de symptômes graves d’ordre psychotique, là où effectivement se pose le problème des dérives institutionnelles autoritaires et méprisantes pour les malades. Je crois donc qu’il faudrait mieux parler de psychiatrie institutionnelle et voir dans quelle mesure cette psychiatrie a continué son chemin depuis les années 60, mise à part la Fondation de la Borde, où vivait Jean Oury.