« Quand les algues dansent … »

C’est le titre d’une exposition photos

que je présente à la Galerie de l’Entrepôt à Paris (1)
en duo avec un autre photographe, Léonard Pietri,
sous le titre en commun : « Danses de Lumière »,
et le sous-titre : « quand les algues dansent et les reflets sur la mer… »

Poésie des algues

Quand les algues sont venues à ma rencontre
en dansant sur la Mer
un jour de Lumière,

j’ai ressenti une grande joie, une paix profonde
un étrange bonheur,

et la photo s’est imposée d’elle-même
comme une impérieuse nécessité
le témoignage obligé d’un émerveillement.

Non loin de là, peut-être le même jour
quelqu’un d’autre photographiait les reflets de cette Lumière
dansant artistement sur la Mer :

cette exposition à deux voix est née de cette mystérieuse synchronicité.

Danse première à l’origine de la création
des algues et de la Lumière sur la Mer
venant spontanément s’exposer pour la photo nécessaire
comme des « mandalas » (2) offerts à la contemplation,

Danse dernière de fin de cycle
où par ces temps troublés
le trouble de la Mer est à son paroxysme
réclamant notre vigilance la plus éclairée…

A l’origine de la création : la danse des algues

A l’origine il y a le Vide
le Vide souverain
en sa vacuité indicible.

Dans ce Vide
s’est invitée bientôt la Nuit
la nuit obscure et indifférenciée
des temps premiers.

La Terre tournait alors opaque
prisonnière de sa gangue terreuse
en sa stérilité tenace.

Son désir fut un jour d’accueillir la Mer
cette eau transparente, frémissante
capable de recevoir la Lumière.

Alors la Lumière est descendue sur Terre
amoureuse de la Mer
en son désir irrépressible de création.

De cette rencontre de la Lumière et de la Mer
est née la danse infinie
de la création sur Terre.

Mais ce sont les algues qui ont ouvert cette danse
ce sont les algues qui ont montré l’exemple.

Plus tard viendront le balancement des branches dans les arbres
l’explosion colorée des fleurs
la voltige des oiseaux dans le ciel
les balbutiements maladroits de l’homme
l’empilement pêle-mêle des villes,

mais ne l’oublions jamais :
ce sont les algues qui ont ouvert le bal de la création.

Pour réparer sans doute cette amnésie des origines :

un jour, il n’y a pas si longtemps
sur  la plage de sable blanc d’une petite île en Bretagne
sous un soleil d’été éclatant,

les algues sont venues sans prévenir à ma rencontre
m’encerclant de toute part
pour m’inviter à leur danse.

Inutile de résister à cette fête des origines
impossible de ne pas partager la pure joie d’être
de cette danse première des algues virevoltant dans la Mer.

Photographier la danse des algues

Ce fut une évidence, une impérieuse nécessité
comme une exigence venue d’ailleurs
de ces algues désireuses sans doute de témoigner.

Tout le contraire de cette déclaration prométhéenne
lue récemment dans l’exposition d’un photographe reconnu (2) :
« photographier signifie choisir et transformer »,

tout le contraire de ce qui m’est arrivé :
je n’ai rien choisi, je n’ai rien voulu transformer
juste une obéissance naturelle, sans intention particulière :

juste la joie de vibrer dans l’empathie de cette danse
afin d’en rendre compte
telle une absolue nécessité.

Mais il a fallu se dépêcher
je n’ai eu droit qu’à une vingtaine de clichés
car les algues ont très vite disparu
de la même manière qu’elles étaient venues :
mystérieusement…

Plus tard la magie s’est prolongée
la danse des algues s’est imposée
dans mon esprit d’abord,
puis dans la grande ville de pierres
pour trouver le lieu où s’exposer.

Les photos de cette danse sont des « mandalas » (3)

venus du plus lointain de la création
afin d’exercer leur magie plénière
et nous révéler à cette autre dimension
au-delà de l’espace/temps de nos pensées coutumières.

Ces images en leur immobilité hiératique
leurs poses étranges, presque abstraites
tracent dans le bleu de l’espace liquide
certaines formes d’un langage primordial oublié
révélateur de quelques ultimes secrets.

Ces photos en leur silence extatique, prolongé
sont aux antipodes de ce flux bruyant des images actuelles
dans une « Société de Spectacle » prophétisée par Guy Debord,
dont la pléthore virtuelle le dispute à la futilité du sens.

Ces photos ne se regardent pas de l’extérieur comme un spectacle supplémentaire
prêt à défiler à la « va-vite » sur l’opacité mentale de nos écrans,

elles sont là immobiles
figées dans leurs poses provocantes
prêtes à vous ensorceler de leur présence étrange
vous entraîner irrésistiblement au partage de leur danse,

afin de vous rappeler à l’Origine de la création sur Terre
quand la Nature en fête ruisselait encore de Joie
dans l’étreinte de cette Lumière plénière venue la féconder.

5 Mais il s’agit aussi d’une danse inquiétante

comme si elle nous annonçait un grand danger :

il s’agit d’une danse pour nous rappeler sans doute la prolifération pestilentielle
des algues vertes en décomposition
envahissant chaque année les plages de Bretagne Nord,

une danse dénonçant ces gaz toxiques des algues sargasses aux Antilles
étouffées par le cadmium et l’arsenic
sinistres métaux lourds des déjections humaines,

une danse pour pointer les côtes de la Mer Jaune en Chine
envahies par l’agonie des algues filamenteuses,
une danse pour désigner les microalgues toxiques dans les eaux des Canaries
et les algues bleues de la Baltique interdisant désormais toute baignade,

une danse pour dénoncer haut et fort l’activité destructrice de l’être humain insensé
provoquant le réchauffement des eaux, l’envahissement des déchets dans la mer,
contaminant les algues d’une pandémie mortelle
semblable à celle d’un cancer végétal dont on n’a pas fini de déplorer les victimes.

Danse émerveillante des origines
se transformant en une danse macabre de fin de cycle,

nous rappelant ces danses hystériques de la fin du moyen-âge,
ou ces furieuses bacchanales de la Grèce antique,
à moins qu’elles ne relèvent de ces rave-parties actuelles
où la folie de ces danses convulsives dénoncent la folie ordinaire
d’une inconscience humaine prédatrice
devenue absurde et catastrophique,

danse inquiétante pour alerter les consciences,
déclencher peut-être le sursaut écologique de dernière heure
afin de sauver in extremis d’une asphyxie lente
la Mer nourricière et ses algues dansantes.

Conclusion multiple et complexe

Longtemps je suis resté silencieux face à ces photos,
partagé entre effroi et émerveillement.

Je me suis même demandé en écoutant les actualités du moment,
si Elon Musk n’avait pas finalement raison
de préparer, quand la terre nous sera devenue bientôt inhabitable,
le grand exil de l’espèce humaine dans l’espace, vers la planète Mars,
à l’aide de sa fameuse fusée BFR (Big Fucking Rocket),
dont l’humour noir du nom n’est pas pour me déplaire.

Je me suis même  demandé en allant voir le dernier film d’Aï Weiwei
« Human flow »
,
si nous n’allions pas tous devenir des réfugiés en déroute,
de cette terre et mer maltraitées,
errant affamés sur des plages désertes,
au milieu des algues pourrissantes et des déchets abandonnés.

Mais il m’a semblé aussi,
qu’au delà de cette dualité dérangeante induite par cette danse,
même si les temps prochains retournent à l’obscurité d’avant la Lumière,
il nous fallait danser courageusement le moment présent
avec ces algues comme modèle
venues un jour nous alerter.

Par une synchronicité supplémentaire, je viens aussi d’apprendre
la parution très récente d’un livre important :
« La conscience des plantes » de Joseph Scheppach
Il explique scientifiquement – trop scientifiquement peut-être pour moi -,
ce que j’ai ressenti poétiquement au contact de ces algues dansantes :
le monde végétal est doué d’une extraordinaire sensibilité,
on pourrait dire aussi d’une forme supérieure d’intelligence et de Conscience,
et il faut se mettre à son écoute, à son service.

Cette prise de conscience végétaliste, ainsi qu’animaliste et antispéciste (5)« ,
explique aussi peut-être la création récente d’un nouveau parti écologiste : le REV
prenant enfin en compte la dimension profonde et radicale de l’écologie,
où ce n’est pas seulement l’être humain que l’on protège de sa folie et de ses excès,
mais d’abord en priorité les autres espèces, c’est à dire le monde végétal et le monde animal, en grande souffrance, voire pour beaucoup en voie de disparition.

(1) Exposition du mercredi 14 février au vendredi 23 mars 2018 (vernissage le mercredi 21 février de 18h à 21h) , Galerie de l’Entrepôt  7 rue Francis de Préssensé Paris 14e
(ouvert tous les jours de 10h à 18h sauf samedi et dimanche sur rendez-vous).
(2) mandala: image utilisée comme support de méditation dans la tradition orientale
(3) il s’agit de Nino Migliori dans son exposition « La matière des rêves »  à la Maison Européenne de la Photographie à Paris.
(4) « La conscience des plantes » de Joseph Scheppach éditions Marabout (sortie le 7 février 2018)
(5) « Antispéciste » veut dire simplement que l’on est contre la hiérarchie ancienne des espèces, où c’est l’espèce humaine qui domine en haut de l’échelle, ce qui lui donne tous les droits pour détruire et asservir les autres espèces animales et végétales. Toutes les espèces sont « une » et se doivent soutien et respect mutuel ; cela s’appelle être « unispéciste« , c’est à dire se sentir appartenir à l’Unité du grand Tout de la création multiforme et oeuvrer en ce sens.

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14 réponses à “« Quand les algues dansent … »”

  1. biausser dit :

    Hélas je ne suis pas parisienne…C’est dommage mais je cultive la biodiversité géographique!!
    Merci quand même
    evelyne Biausser
    http://www.evelynebiausser.fr

  2. Wilhem dit :

    insécable est un terme qui image énergiquement mais finement cette notion d’unicité, me semble-t-il, d’autant plus qu’il désigne en fait un espace entre deux mots, un blanc qui se lit en creux comme un interdit absolu à séparer, un lien invisible qui lie ces mots, les rendant interdépendants. Après avoir dit cela, je me sens tout petit petit et perdu également. Tout petit.

    • Alain Gourhant dit :

      Merci pour ce commentaire qui me semble définir très exactement la poésie réussie :
      il est vrai que c’est cet espace entre les mots, ces blancs de la page qui font lien et l’unicité invisible du propos, comme vous dites,
      que se produit parfois la poésie réussie,
      celle qui permet de cheminer bientôt vers l’UN, vers la Source de l’Etre, chacun à son rythme, chacun à son pas, en toute liberté.
      Certaines images bien sûr n’ont même pas besoin de mots, elles conduisent encore plus sûrement vers Là-bas, elles nagent dans l’espace blanc à grandes brassées.
      et le moi se sent tout petit, dérisoire, presque de trop, « perdu » au bon sens du terme …
      Merci de ce ressenti, c’est exactement cela que je cherche à traduire par ces photos et la poésie qui les accompagne.

  3. sabine dit :

    Merci pour cette poésie d’images et de mots! le ciel féconde la terre et les algues dans l’eau sont comme une incarnation de l’énergie. Cette énergie de vie et d’union avec le tout…

    • Alain Gourhant dit :

      merci Sabine pour ce message, je rajouterai juste : « le ciel féconde la terre »… par l’intermédiaire de l’eau, en l’occurrence la « mer », sinon la terre reste comme stérile, ainsi que semblent l’être la plupart des planètes de notre système solaire.
      C’est par la mer et par l’eau que l’énergie de la vie explose, et c’est cela qui nous interroge le plus actuellement au niveau de l’écologie : si la mer est trop polluée, si l’eau vient à manquer, alors la vie sur terre va devenir très vite impossible.
      Les réfugiés actuels sont pour la plupart des réfugiés de la guerre mais aussi de la sécheresse, de la désertification de la terre devenue sans eau dans de nombreuses régions.

  4. wilhelm dit :

    Je n’en reviens pas d’avoir découvert ce bloc de fraicheur pour qui revendique ses soifs, pour qui veut se désaltérer au torrent de conscience. Tellement d’accord avec vos propos sur l’art (poésie, peinture, photo… ) et le reste, que s’en est presque troublant pour moi et probablement pas très générateur de contradiction constructive pour vous, j’en suis désolé. Ne m’en voulez pas trop de vous offrir ce petit vers, qu’une pudeur laxiste laisse échapper en reconnaissance à votre beau travail et qui est un peu ma devise au jour le jour, pour empêcher chaque jour de tomber dans un autre.  » Tu dois être ton ancre, ton œillet des poètes, chaque jour la vie qui vient, le nez en trompette « . Merci.

    • Alain Gourhant dit :

      J’aime beaucoup, Wilhem, votre devise au jour le jour : elle est suffisament mystérieuse pour être poétique et me plaire :
      « le nez en trompette » me va très bien pour mieux humer l’air du temps…
      et je suis allé voir sur internet « l’oeillet des poètes » ; j’ai trouvé ce texte que je trouve pas mal du tout, car à multiple sens…

      « Une vivace éphémère

      L’œillet de poète est une plante facile de culture qui ne demande qu’un entretien restreint une fois bien installée. Choisissez un lieu de passage, par exemple le long d’une allée ou devant une entrée afin de pouvoir profiter pleinement de la suavité du parfum de la plante. En massif, plantez les œillets de poète en nombre pour réaliser de belles tâches de couleur.

      Installez vos Dianthus barbatus au plein soleil dans un sol bien drainé, enrichi de compost ou de fumier bien décomposé. Cette plante a pour particularité d’accepter un pH basique c’est à dire une terre calcaire. Veillez à ne pas enterrer les feuilles basales lors de la plantation pour éviter les risques de pourriture. Arrosez régulièrement pour assurer une bonne reprise. En été arrosez une à deux fois par semaine et laissez faire la nature en hiver excepté s’il ne pleut pas durant une longue période. Supprimez les fleurs fanées afin de prolonger la durée de floraison et de préserver la plante. En fin de saison, il est possible de tailler le feuillage à 20 cm du sol pour allonger un peu la durée de vie de la plante et la conserver une année de plus…

      Le genre comprend plus de 300 espèces
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      Les dangers du jardinage
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      La guérilla du jardinage : place à la rébellion végétale !!! »

      « Place à la rébellion végétale » : j’adorre l’expression et je l’attends avec impatience cette rébellion végétale … car pour moi, la poésie est toujours une forme de rébellion. Une forme sophistiquée de rébellion, imprévue et surprenante comme pourrait l’être la rébellion végétale.

  5. Alain Gourhant dit :

    Pour terminer sans doute en beauté cette exposition de photos, il se trouve que dans la galerie de l’Entrepôt à Paris 14e – le lieu de cette exposition -,
    a lieu le jeudi 22 mars à 18h 30 une conférence importante en droite ligne, ou plutôt en symbiose, avec ces images d’algues dansant dans la mer.
    Il s’agit de la présentation par Maxence Layet, dont j’ai déjà ici parlé : https://blog.psychotherapie-integrative.com/orbs-un-ovni-de-toute-beaute/,
    du numéro spécial de la revue Orbs consacrée à l’eau et qui paraît ce même jeudi 22 mars.
    Une belle synchronicité qui je l’espère sera porteuse d’un sursaut de Conscience de plus en plus nécessaire au sujet de l’eau et de toutes les manifestations de la vie qu’elle nourrit, avec en premier lieu bien sûr, l’eau de la mer, la mère originelle.

    Voici le texte de Maxence Layet que j’ai reçu récemment par courrier sur internet :

    « Orbs Special Eau vient d’être imprimé. Ce numéro special de la revue Orbs, haut en couleurs et très réussi, a suscité l’admiration de l’équipe technique. Les pages, maintenant, sont en train de sécher avant d’être assemblées et de fabriquer ainsi la revue proprement dite.

    L’eau est partout, à la fois source de vie, courants impétueux et mémoire de l’univers.

    À l’échelle de la planète, l’eau sculpte nos paysages, baigne nos cellules, irrigue nos cultures, intrigue les savants et résonne avec nos jeux d’enfants. Nous sommes tous eau. Il est apparu ainsi comme une évidence de réaliser un numéro thématique de référence, associant tous les univers de l’eau.

    Encore une semaine et nous pourrons enfin l’avoir dans les mains ! Le jeudi 22 mars en effet, Journée Mondiale de l’Eau, de 18h30 à 21h, aura lieu dans la Galerie à l’Entrepôt, Paris, la soirée de lancement de Orbs Special Eau. Cette soirée, ouverte à tous, permettra de nous retrouver et d’échanger avec les amis d’Orbs.

    Patrick Fischmann, notre beau conteur et contributeur de ce numéro, nous fera l’immense plaisir, à 20h, de présenter un conte issu des récits de l’eau.

    D’autres visages, auteurs et photographes de ce numéro sur l’eau, comme Thomas Dietrich, Hélène Bernet, Yann Olivaux, Franck Vogel, Philippe Brizon, Elia Rodière, Michèle Decoust, Hubert Blavier, Isabelle Guérin seront aussi présents…

    Orbs Special Eau : Nous sommes tous eau !

    « La Galerie » de « L’entrepôt »
    7/9 rue Francis de Pressensé
    75014 Paris

    le 22 mars, de 18h30 à 21h. Contes de l’Eau, avec Patrick Fischmann, à 20h.

  6. Degoul Claudine dit :

    Bonjour,
    Je suis allée voir cette exposition hier, et j’en suis revenue ravie. Le bleu, ce bleu des origines, toujours le même et toujours différent, dans lequel on souhaiterait s’immerger, devient hypnotique. Il met particulièrement bien en valeur les arabesques improbables des algues, elles aussi toujours recommencées. En même temps le contraste est fort avec l’autre partie de l’exposition, ces jeux de lumière aux confins du sable et de l’eau, couleur toujours changeante au gré de la lumière, couleur souvent irréelle et féérique. Un très bon moment passé hors de la grisaille de la grande ville.

    A propos de votre commentaire, il y a un sujet qui m’interroge depuis longtemps. Depuis longtemps les anthropologues ont remarqué que les mythes d’origine font souvent référence à la mer comme étant au commencement de la création. On trouve cela dans la bible, au début de la Genèse: les eaux existent avant la terre, elles n’ont pas été créées par Dieu. On trouve la même idée – l’eau originelle – dans les mythologies babyloniennes, dans les mythes de création égyptiens. Ceci se retrouve encore chez des peuples indiens d’Amérique du nord, et chez les Polynésiens bien entendu. De même la représentation du monde chez le géographe égyptien du II° siècle, Ptolémée, dont le moyen-âge va hériter, à savoir des continents entourés par un océan global, peut s’expliquer par la transposition de ces mythes d’origine.

    Or on sait aujourd’hui, comme vous le soulignez, que la vie est apparue dans l’océan.
    Peut-on établir un lien entre les deux faits précédents? C’est tentant, mais comment? Y aurait-il eu comme une sorte de réminiscence inconsciente chez les hommes de la préhistoire – beaucoup plus proches de la nature que nous – , de l’origine de la vie, comme engrammée à tout jamais dans nos cellules? Bien sûr les scientifiques, de quelque spécialité qu’ils soient, sont incapables de l’expliquer. On peut aussi penser que l’homme, héritier de millions d’années de vie sur terre par ses prédécesseurs animaux, a eu tout naturellement l’intuition que l’eau, dont il ne pouvait pas se passer, avait une importance primordiale dès les origines. Quoiqu’il en soit, la coïncidence, pour employer un mot neutre, ne peut qu’interroger.

    Quant à la situation de la mer actuellement, je ne peux que partager votre point de vue. L’homme est en train de tuer ce qui lui a donné naissance. Il faut regarder les nombreux reportages qui passent actuellement sur le 5° continent, ou sur la décomposition des plastiques qui, par l’intermédiaire des poissons, arrivent jusque dans nos estomacs.

    C’est pourquoi faire prendre conscience de la beauté de cet univers, comme vous le faites, est essentiel.

    • Alain Gourhant dit :

      Merci beaucoup Claudine pour cette appréciation esthétique positive de mon exposition de photos.
      Vous posez avec justesse la question du lien entre les lointaines mythologies et discours religieux de l’humanité, avec les récentes réflexions actuelles d’ordre scientifique et expérimental, en ce qui concerne l’origine aquatique de la création sur Terre,
      y compris d’ailleurs l’être humain puisque l’eau occupe une place prépondérente et essentielle dans le fonctionnement de son corps (65% de son poids), – ce qui expliquerait d’ailleurs le succès actuel du film « La forme de l’eau » où le héros est un être humain d’origine aquatique. Peut-être bientôt la science pourra confirmer ce rêve ou cette mythologie venue du plus profond de notre inconscient.

      A cette question que nous avons déjà rencontré dans mon expo de photos précédente au sujet du déluge :
      https://blog.psychotherapie-integrative.com/antediluviens-memoires-d-avant-le-deluge/
      je répondrai toujours dans le même sens :
      il y a d’un côté une mémoire profonde dans l’inconscient de l’être humain qui peut remonter à tout moment, à certaines époques, et délivrer des messages très clairs sur l’origine de la création sur Terre, y compris la nôtre,
      et de l’autre des textes anciens mythologiques et religieux qui vont dans le même sens et sont le fruit des voyants ou des sages qui peuvent par une sorte de méditation intérieure profonde, retrouver des réponses à cette question des origines.

      Il se trouve qu’actuellement les progrès importants des sciences et en particulier en anthropologie et archéologie retrouvent par un autre canal de la connaissance les intuitions antérieures, et ces confirmations bien sûr ne sont pas finies.

  7. Annie Fugier dit :

    Si vous sauvez des moucherons dans les abreuvoirs.
    Si vous achetez les fleurs les plus minables pour les sauver.
    Si vous parlez aux arbres et aux herbes dites mauvaises.
    Si vous souriez à un nuage.
    Si vous cherchez à toujours venir en aide au plus faible, au plus mal aimé.
    Si vous voulez faire de petites choses anonymes au lieu de grandes choses qui vous feraient bien voir de la société.
    Si vous savez être vous-même face à l’adversité méprisante devant vos petits gestes quotidiens,
    alors nous sommes du même groupe sans gain.

    • Alain Gourhant dit :

      Il y a beaucoup de choses à dire sur ce texte, merci Annie.
      D’abord ce petit côté taoïste avec cette citation sur laquelle je tombe ce matin :
      « Tous les fleuves se jettent dans la mer
      parce qu’elle est plus basse qu’ils ne sont.
      L’humilité lui confère sa puissance. »
      On pense aussi bien sûr à Saint François d’Assise et au « Très bas » de Christian Bobin,
      à la « sobriété heureuse » de Pierre Rabbi, etc.
      S’effacer, accepter d’être rien, gommer ce moi qui cherche toujours le « toujours plus » des expériences extraordinaires.
      C’est aussi le sens le plus profond sans doute de la Méditation : mourir à soi-même, plonger dans le silence dans le vide intéreiur, effacement du moi et de toute forme…
      C’est sûrement ce travail intérieur difficile, qui est le passage obligé de toute évolution « humaine trop humaine » embourbée dans « l’hubris », la démesure de notre époque,
      mais qui a toujours été là de toute époque,
      – peut-être depuis que le soi-disant « homo sapiens, sapiens » s’est caché derrière cette étiquette, pour masquer sa barbarie du génocide fondateur de Néandertal…

      Mais quel est le rapport de tout cela avec mes photos d’algues ?
      Je les considère comme des photos d’une absolue simplicité,
      d’abord dans la manière dont elles ont été prises, à l’improviste, dans une sorte de spontanéité sans aucune réflexion ni projet, ni intention, ni technique particulière,
      seulement un petit appareil photo de poche pour témoigner de la beauté absolue d’une apparition fugace,
      à laquelle personne d’ailleurs n’a prêté et ne prête généralement attention :
      des algues …
      de petites algues ordinaires, – tout ce qui a de plus ordinaire -,
      venant flâner près d’une plage, pour tracer des arabesques dans le bleu de la mer un jour de soleil.
      J’ai d’ailleurs été surpris par la réaction de certaines personnes venues voir l’expo :
      « mais ça représente quoi au juste ces formes ? C’est de la peinture ? Ce sont des tableaux abstraits ? » venaient-ils me demander intrigués.
      « Ce sont des algues » leur répondais-je.
      « Des algues ? Mais comment avez-vous fait pour les photographier ? »
      « je ne sais pas très bien » leur ai-je toujours répondu, « j’ai couru chercher mon appareil photo et après je ne sais plus très bien ce qui s’est passé…
      « j’ai juste demandé à la technicienne qui a développé ces photos pour les imprimer, de mettre en valeur au maximum le mouvement de la mer sur lequel ces algues évoluent.  »
      Je crois que certains ont été un peu déçus de cette banalité criante, ils auraient préféré que ce soit des tableaux d’une abstraction figurative sophistiquée. Peut-être même alors, ils auraient acheté…
      Mais c’était de petites algues de rien du tout, comme des « moucherons dans l’abreuvoir », comme de petites fleurs non point minables – aucune fleur n’est minable – mais coutumière, banales,
      comme de « mauvaises herbes » de la mer…

      Mais c’est alors, quand ce « presque rien » de la Nature souveraine simple et silencieuse, est pleinement accepté, qu’il se passe peut-être une sorte de « transmutation » intérieure et extérieure :
      à l’intérieur : une sorte de grande joie, comme une ivresse d’avoir répondu présent « à ce presque rien » qui ne demande jamais rien,
      a l’extérieur, j’ai senti aussi que les algues répondaient à mon attention et admiration,
      et d’algues communes elles sont devenues d’incroyables danseuses aux gestes très beaux et sophistiqués.
      le rien s’est transmuté en Tout…
      et nous avons formé « un groupe sans gain »…

  8. annie fugier dit :

    Merci Alain, c’est tout-à-fait ça / le rien et le tout unis pour la gloire de » l’Etritude.  »
    Au-delà des mots, des concepts, l’infini qui nous dépasse.
    Pour la petite histoire, je suis de plus en plus vegane, tellement émerveillée de voir la vie en oeuvre si intelligente partout. C’est une sorte de cohérence interne qui me vient, un besoin de me fondre. Je ne veux pas manger d’algues non plus, même si c’est très à la mode !!!!!!!!!!!!!!!
    Les insectes dansent dans un rai de lumière solaire. Les algues tressautent d’allégresse bercées par l’onde quantique et cosmique. Le Cantique des quantiques m’interpelle !
    Nous sommes heureux inconditionnellement, heureux au sens de présents, comme dirait Nicolas Go, dans « l’art de la joie ». Sans cause extérieure, comme dirait le sage Spinoza. Sans personne ni rien, pour nous dire d’être comme ci, d’être comme ça. Libres et heureux en penseurs décalés de la société bien pensante !

    • Alain Gourhant dit :

      « Heureux » ?
      pour mon compte, je ne sais pas,
      je me sens ni heureux, ni malheureux,
      équanime peut-être,
      c’est à dire au milieu,
      ou en-deçà, ou au -delà,
      observateur attentif du bonheur et du malheur qui se succèdent sans cesse,
      dans une sorte de bal étrange.

      Pour la joie c’est pareil :
      je me sens ni triste ni joyeux,
      je trouve même une sorte d’indécence à la joie, ou une inconscience, idem pour la tristesse,
      je me sens autant distancié de la joie que de la tristesse,
      dans un état intérieur pour lequel, les mots manquent,
      quelque chose entre calme, distance, détachement amusé,
      le mot manque… c’est inexprimable…
      il y a comme un sourire, un étrange sourire inqualifiable
      devant ce spectacle de la réalité
      entre démence et toute beauté.