« Revivre » de Guy Corneau

J’avais une certaine défiance par rapport à ce nouveau livre de Guy Corneau. Je craignais une répétition d’ « Anticancer » de David Servan-Schreiber. La couverture narcissique du beau regard filtrant de la star canadienne ne m’engageait guère ; et puis, j’ai fait le pas et je ne regrette pas…

… car ce livre est d’abord un hymne à la médecine intégrative, et donc un ouvrage de base à mettre dans la bibliothèque de tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin à ce sujet.
Mais venons au fait : l’auteur est diagnostiqué ,en avril 2007, d’un cancer niveau 4 – le niveau le plus grave – , de type lymphome touchant la rate et l’estomac. Il va suivre pendant six mois un traitement classique de chimiothérapie, mais son but secret et toute son énergie sera de trouver des alternatives ou plutôt des compléments à la « chimio ». Il est conseillé en cela par tous ses amis : DSS en premier qui termine Anticancer, Marie-Lise Labonté une psy célèbre du Canada, Thomas d’Ansembourg et bien d’autres.

Les médecines complémentaires

Il commence par se faire aider par les médecines alternatives – déjà pratiquées à la suite de ses colites ulcéreuses, chroniques. L‘homéopathie en premier pour limiter les dégâts de la chimio et soutenir les organes atteints, puis l’alimentation bien sûr, en suivant les conseils du livre de Richard Béliveau et Denis Gingras visant à prévenir le cancer. C’était devenu pour lui, une sorte de diète avec une « une alimentation à tendance végétarienne, biologique, pratiquement sans blé, sans sucre raffiné et avec peu de produits laitiers ». Mais sur l’intervention de Marie-Lise Labonté, c’est la grande transgression :  » Tu fais une diète ? Tu ne trouves pas que ça va assez mal comme ça ? Que dirais-tu de manger ce qui te fait plaisir ? » L’auteur se remet alors au poisson, à la viande, avec de temps en temps un dessert sucré, quelquefois un petit café, en mettant au poste de commande le plaisir de vivre et la joie du partage avec ses amis. On voit là un exemple de tout l’intérêt de ce livre, qui consiste souvent à transgresser les dogmes, en particulier ceux des thérapies complémentaires, ou du moins à les assouplir.
A cela vient s’ajouter la cure de jus de verdure avec des graines germées mélangées aux jus de fruits et au sirop d’érable et enfin immodérément, la fréquentation, l’immersion dans la nature, dont l’auteur insiste beaucoup comme « faisant partie de son approche global de retour à la santé ». Voilà pour ce qui est de la dimension physique et environnemental.

La psychanalyse jungienne

Cela devient encore plus intéressant, quand le psychanalyste jungien – c’est la formation de base de Guy Corneau – commence son travail de réflexion sur lui-même pour donner du sens à sa maladie. « La maladie est l’effort que fait la nature pour nous guérir » disait Jung. Ce que disent mes intestins, ce que dit mon estomac et ma rate, ce que disent mes poumons, ce que disent mes rêves : le livre est une passionnante enquête sur le sens symbolique personnel de la maladie, et une invitation sans réserve pour toute personne malade, d’entreprendre un travail psychologique de fond sur elle-même : « le cancer représente une trop belle occasion d’évoluer pour la laisser passer« .

La médecine énergétique

Mais ce n’est pas fini, le livre s’engage ensuite dans un champ passionnant et souvent méprisé, voire dénigré par la médecine conventionnelle : le champ énergétique et spirituel. C’est son ami Pierre Lessard, auteur de nombreux livres sur le sujet, qui l’initie. En état modifié de conscience ou en transe médiumnique, il s’agit de mobiliser ses énergies de guérison et de « manifester ses pouvoirs spirituels », il s’agit d’ouvrir un pont vers la lumière, de dialoguer avec ses cellules, de les reprogrammer et de visualiser l’Etre en bonne santé, pour ressentir au plus profond de soi, la Joie inconditionnelle qui guérit. Tout cela fait du bien à lire, car on n’a pas trop l’habitude de l’entendre en France, surtout venant d’un psy parfaitement reconnu. A cela s’ajoute un long chapitre sur l’importance de la méditation – mais c’est déjà moins nouveau : DSS, Christophe André, Matthieu Ricard, nous en ont déjà appris l’importance.

Il s’agit d’être intégratif

La conclusion du livre prend presque un tiers des pages. Il s’agit d’abord de nous montrer avec beaucoup de sensibilité, d’amour et de courage, ce qu’il ne faut pas faire avec le cancer, en prenant pour exemple, son amie de coeur la plus proche,Yanna, qui pendant la même période s’est mesurée, elle aussi, à la maladie pour finalement y succomber. Cela se résume en un mot : « il s’agit d’être intégratif » et ne pas se réfugier dans les dogmes réductionistes qu’ils proviennent de la médecine conventionnelle ou, dans ce cas, des médecines complémentaires avec le refus des traitements de chimiothérapie.

Changer sa vie

Ensuite l’auteur nous montre combien le cancer l’a amené à changer sa vie du tout au tout. A passer d’une vie artificielle et agitée, dans la course à la reconnaissance sociale, à une vie plus profonde, plus authentique, plus contemplative, plus simple, dédiée à la joie du moment présent : « Je prends maintenant le temps de vivre. Je ne veux plus courir. J’en ai perdu le goût. Mon rythme de travail a diminué de moitié. Goûter à la vie, aux amitiés, à la poésie, au temps qui passe, me semble aussi important que n’importe quel accomplissement. »

Bref, encore un livre de chevet à déguster, à approfondir, à méditer, en prévention ou en guérison, tout à fait complémentaire avec l' »Anticancer » de David Servan-Schreiber.

Cet article est paraître dans le Journal Santé Intégrative n°20

Tags : alimentation, energie, intégration, livres, médecine, santé

Cette entrée a été publiée le samedi 12 mars 2011 à 18 h 56 min, et rangée dans intégration, psychothérapies, santé. Les commentaires et les pings sont pour le moment fermés.