La sixième extinction, nous y sommes !

Fini, c’est fini, ça va finir, ça va peut-être finir
Samuel Beckett  (Fin de partie)

Nous sommes rentrés dans la « 6e extinction » ;
elle concerne la plupart des espèces vivantes sur terre ;
en tant qu’être humain, nous en sommes responsables en même temps que victimes.
Cette omniprésence de l’être humain, pour le meilleur et pour le pire, a donné son nom à une nouvelle ère : l’Anthropocène (1), une ère qui, si rien ne change, ne devrait pas durer très longtemps…
Tels sont quelques uns des propos de la journaliste américaine Elisabeth Kolbert, dans son passionnant livre (2), très bien documenté et illustré par une série d’enquêtes passionnantes sur le terrain.

La notion d’extinction est récente

C’est le naturaliste Georges Cuvier qui la introduit 
à la fin du 18e siècle, après avoir étudié les restes des mastodontes américains (Mammut americanum), en concluant à une extinction rapide et totale des grands quadrupèdes fossiles.
Jusqu’à là, on ne croyant qu’à une évolution linéaire, sans soubresaut, une sorte de chemin tranquille de transformation lente des espèces (Lamarck) – Darwin ne fit que renchérir sur cette idée avec l’évolution des espèces selon la sélection naturelle,
traitant avec mépris les « catastrophistes » comme Cuvier, même si de son vivant, au 19e siècle, commençaient déjà les premiers signes de l’extinction actuelle : le massacre par les hommes du Grand Pingouin d’Islande et des tortues géantes des Galapagos.

Continuant sur l’intuition prophétique de Cuvier – l’évolution des vivants serait ponctuée de  destructions périodiques par des cataclysmes – ,
paléontologues et géologues actuels ont mis en évidence cinq grandes extinctions de masse (3), annihilant brutalement la biodiversité d’une époque sur toute la planète et pendant une période de temps limitée.
Mais, alors que toutes ces extinctions étaient dues à des agents extérieurs, en particulier des collisions de la terre avec des objets extra-terrestres, la 6e extinction est différente : c’est l’homme qui en est le responsable à cause de son action destructrice sur son environnement.

Pour illustrer cela, l’auteure nous invite sur le terrain, à voyager dans différents endroits de la planète, emblématiques de la catastrophe qui s’accélère :

Visite dans la jungle du Panama, chez les « grenouilles dorées ».

Elles ont commencé, il y a une dizaine d’années à disparaître toutes inexorablement, de même que la rainette aux membres frangés, témoignant que les amphibiens sont une des espèces la plus menacée par l’extinction, à cause de la prolifération d’un micro-organisme, un champignon appartenant au groupe des chytrides, dont la dissémination dans le monde entier est due aux incessants voyages de l’homme actuel.

C’est dans les océans, que la disparition des espèces est la plus rapide, 

grâce à l’absorption du gaz carbonique (CO2) par les eaux, ce qui provoque leur acidification fatale.
Une petite plongée, comme le fait l’auteure, dans certains endroits de la mer méditerranée en est une sinistre preuve, il ne reste plus que quelques algues inquiétantes, proliférant dans une eau saumâtre, où nulle espèce animale ne s’aventure plus.
Si rien ne change, on estime qu’en 2100, le pH moyen estimé à 7,8 entraînera un effondrement global de l’écosystème marin. Les plus visés par l’extinction : les mollusques et les coraux.

Dans la grande Barrière de Corail, à 80 kms de l’Australie

Direction l’île de « One Tree Island », une petite île de sable désertique, avec une minuscule station de recherche pour étudier le désastre.
La Grande Barrière est une immense accumulation de coraux de 2500 kms de long sur 150 mètres d’épaisseurs, qui provoqua chez Darwin son plus grand émerveillement de voyageur. Mais, si celui-ci revenait actuellement, il est vraisemblable qu’il se mettrait à déchanter.
A cause principalement de l’acidification des océans, depuis une trentaine d’années, la superficie de la Grande Barrière a diminué de près de 50%.
Comme on estime à 500 000 espèces, les êtres vivants séjournant dans ses coraux (animaux, algues, etc), on imagine le « grabuge » occasionné par cette disparition si rapide.
Et le phénomène se propage pour tous les coraux de la planète ;
j’ai pu en être le témoin l’année dernière en Thaïlande, où les plongées touristiques dans les coraux, sont devenues des arnaques outrancières : la plupart de ceux-ci sont cassés et quelques  rares poissons semblent errer tristement à la recherche d’une maigre pitance.

Le voyage continue par la visite des forêts et des arbres.

Nous nous retrouvons d’abord au Pérou, au bord des Andes, dans un parc naturel,
là où la biodiversité de la planète est la plus grande – 1035 espèces d’arbres dans cette forêt tropicale.
Or, le réchauffement climatique a ici une influence tout aussi déterminante qu’ailleurs. Les espèces ne sont pas habituées à des variations de température d’une telle amplitude et surtout aussi rapides,  elles n’arrivent plus à migrer vers des régions plus propices et les prévisions moyennes d’extinction à l’horizon 2100 dans cette région tropicale (arbres, insectes et oiseaux réunis) sont pessimistes, elles oscillent en moyenne autour de 25 %.

Nous visitons ensuite des réserves expérimentales de fragments de forêt au Brésil, au nord de Manaus, dans la région d’une ancienne forêt vierge, colonisée par les éleveurs de vaches.
Ces parcelles artificielles ressemblant vue d’avion à des îles carrées de couleur verte au milieu d’un océan de broussailles ocres, servent à de nombreux chercheurs pour étudier la dynamique biologique d’une nature dévastée. Toutes les études concordent : celle-ci subit une inexorable et continue dégradation de sa diversité ;
les scientifiques ne manquant pas d’humour, désignent ce processus d’extinction par le terme de « relaxation ».

l’horrible hécatombe des chauves-souris

Nous partons ensuite constater le désastre dans une mine abandonnée au Nord-est des Etats-Unis,
Elle est due à l’introduction d’une espèce invasive – un micro-champignon venu d’Europe.
L’augmentation des espèces invasives qui se sont multipliées dans tous les continents à cause de cette super-espèce invasive – l’homme moderne -,  contribue, elle aussi, à provoquer partout un effondrement de la biodiversité, en une sorte d’homogénéisation globale des espèces appelée « Nouvelle Pangée » ;
celle-ci a le mérite de la simplicité, mais elle est surtout beaucoup plus pauvre, avec pour  conséquence pour les mammifères, une perte énorme évaluée à 66% des espèces, et pour les oiseaux 50%…

La disparition des rhinocéros

Avant dernier voyage au zoo de Cincinnati pour rendre visite à Suci, une rhinocéros femelle de Sumatra, dont l’espèce est vieille de 20 millions d’années – on la compare à un « fossile vivant ».
L’espèce est bien sûr en voie d’extinction à cause du braconnage et du rétrécissement des forêts de l’Asie du Sud-Est ; il ne resterait qu’une centaine d’individus. Une quarantaine a été capturée  pour tenter un programme de reproduction en captivité, ce qui fut un échec complet, sauf pour trois individus miraculés, dont Suci.
Toutes les espèces de rhinocéros sont semblablement menacées, de même que tous les grands mammifères sont en danger d’extinction (éléphants, girafes, tigres, guépards, jaguars, ours, etc), leurs aires naturelles deviennent tellement petites qu’elles ressemblent à de quasi- zoos.
Cette très rapide disparition actuelle des grands mammifères rappelle les extinctions successives de la mégafaune depuis quarante mille ans, dont  l’arrivée de l’homme constitue la plus sérieuse cause supposée par « surchasse préhistorique », devenue « surchasse industrielle ».

L’extinction de néandertal

Il fallait terminer le livre en Dordogne, pour la rencontre entre l’homme moderne et Néandertal. Que s’est-il passé au juste ?
En place depuis longtemps (environs 100 000 ans), l’arrivée de l’homme moderne venu d’Afrique a été fatale à Néandertal : à peine le temps de copuler un peu pour laisser 3 à 4% de ses gènes, Néandertal a disparu très rapidement.
Encore une extinction d’espèce due certainement à la prédation exacerbée de nos ancêtres humains. Et non content, d’avoir exterminé un de ses proches, il s’attaque actuellement aux grands gorilles, ses cousins, encore une espèce dont l’avenir très menacée va se confiner à leur survie artificielle dans les zoos des grandes villes.

La folie de l’homme moderne

Nous voici à la conclusion du livre, elle est succincte, une réflexion assez pauvre d’une dizaine de pages avec une question : quelle est cette folie exterminatrice qui caractérise l’homme moderne ?

Pour l’auteure, il semblerait qu’elle vienne de la capacité de symbolisation de l’homme, nettement supérieure à toutes les autres espèces, même les plus proches, et de son corollaire la communication entraînant la coopération et l’échange des progrès accomplis.

C’est un peu court, il faudrait parler aussi de la démesure, de « l’hubris » des grecs, couplée à une pulsion de prédation sans limite, capable des pires saccages :
prédation aveugle, qui serait finalement bien plus forte que la coopération, son antidote,
prédation contre toutes les espèces différentes d’elle-même, provoquant l’extinction de la nature, jusqu’à l’extinction finale autodestructrice,
car, sans son environnement naturel, l’être humain ne peut pas survivre et participe de sa propre disparition
– à moins qu’in extremis il se transforme en une autre espèce hybride mi-homme / mi robot, comme le propose très sérieusement le transhumanisme, ce qui serait une autre forme de  disparition de l’homme actuel.

A clamer ainsi l’extinction en cours, on pourrait accuser ce livre de sinistrose ou de pessimisme aigü.
Ne faudrait-il pas mieux se répandre tout simplement, comme Frédéric Lenoir et les autres, en une douce musique lénifiante sur le bonheur et la joie inconditionnelle du moment présent ?
J’aime répondre à cela, qu‘il ne s’agit pas de pessimisme, mais de réalisme, même si la réalité n’est pas toujours très plaisante à dire.
J’ai le sentiment qu’il s’agit là d’une sorte de santé psychique, que de marteler encore et encore, l’abomination de cette réalité qui nous conduit tout droit à la catastrophe.
La maladie la plus redoutable pour l’homme actuel, ce serait  le déni.

Il y a aussi dans cette évocation de l’extinction, quelque chose de stimulant,
un défi majeur que l’homme s’adresse à lui-même, pour procéder peut-être à un bond évolutif de sa Conscience.
Quand il n’y a plus rien à perdre, quand tout va être détruit, les fins de cycle ont toujours quelque chose de passionnant ;
au milieu du désastre, il y aurait des lueurs de renaissances possibles.

Après l’Anthropocène, l’ère qui aura duré le moins longtemps, il faut déjà penser à une nouvelle ère,
avec une nouvelle espèce douée d’une nouvelle conscience,
dont l’être humain moderne n’était qu’un archaïque et médiocre maillon intermédiaire.

(1) L’anthropocène est un terme inventé par le chimiste hollandais Paul Crutzen qui a mis en évidence en 1970 la destruction de la couche d’ozone par les produits chimiques employés par l’homme (colauréat du prix Nobel pour cette découverte en 1995)

(2)  Elizbeth Kolbert « La 6e extinction, comment l’homme détruit la vie » éditions Vuibert août 2015

(3) la 1ère extinction il y a environ 450 millions d’années à la fin de l’Ordovicien ne concernant que le milieu marin (85% des espèces marines s’éteignirent), puis la 2e, il y a 350 millions d’années pendant le Dévonien tardif ; la plus grave , la 3e, il y a 250 millions d’années à la fin du Permien, ayant failli faire disparaître toute trace de vie sur terre ; puis la 4e, il y a 210 millions d’années au Trias tardif, enfin, la plus récente et la plus célèbre, il y a 60 millions d’années à la fin du Crétacés avec la fin tragique de la megafaune (les dinosaures) par chute d’un astéroïde.

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24 réponses à “La sixième extinction, nous y sommes !”

  1. anny dit :

    Cela fait très longtemps qu’on en parle et ça s’aggrave constamment. Et on ne nous dit que rarement qu’on est trop nombreux sur terre… Yves Paccalet a écrit : « l’homme va disparaître, bon débarras ». Il n’a pas tort.
    Konrad Lorenz nous annonçait « les 8 péchés capitaux de notre civilisation » en son temps. Il doit se retourner dans sa tombe, le père de l’éthologie.
    Chacun dit que ce sont les autres qui sont fautifs, ou les politiciens. Mais on trempe tous là-dedans, ne serait-ce qu’en tapant un mail électronique. Quand apprendra t’on à respecter l’intelligence naturelle ? Ruppert Sheldrake mentionne « l’Ame de la nature » et c’est super beau.
    Nous allons finir, si on continue, finissons alors en beauté, dignes, en protégeant le plus possible les derniers survivants du cataclysme que nous créons partout. Arbres et animaux, pas que humains, bien sûr. Mais a -t’on enfin quitté le cartésianisme ? On peut en douter quand on voit les millions d’homards ébouillantés vivants lors des fêtes de l’amour de Noël.
    Le vivant est un tout, et il est temps de le vivre.
    Merci de cet article, même s’il est dur à lire, j’en lis tant de la sorte qui sont si tristes. haut les coeurs, que le dernier amour triomphe.

    • Alain G dit :

      Merci Anny, vous écrivez plein de choses interessantes, dont nous aimerions avoir plus de détails :
      Quels sont les 8 péchés capitaux de notre civilisation selon Konrad Lorenz ?
      L’âme de la Nature selon Ruppert Scheldrake, c’est quoi ? Dans quel livre, il en parle ?
      Pourquoi le « cartésianisme » à propos des « ripailles » le plus souvent scandaleuses de Noël ?
      J’adhère beaucoup a cette nécessité de terminer la fin de ce cycle de la modernité devenue suicidaire avec dignité, beauté, amour et en toute pleine conscience. On ne peut pas grand chose dans la vision cyclique du monde, mais que sur un plan individuel notre conscience s’elargisse toujours plus, pour préparer l’autre monde à renaitre.

  2. Brigitte B. dit :

    Mais non Alain!
    Nous sommes à l’aurore de l’apparition de la véritable humanité! ;-)

  3. Brigitte B. dit :

    Pardon, c’est ce que vous laissiez entendre en conclusion. J’ai confondu avec le commentaire précédent.

    Anny dit « si vous devons finir finissons en beauté », mais non si nous optons pour la beauté nous ne serons pas finis car la beauté est un aspect de l’amour!

    Joyeux Noël (puisque c’est le jour)!

    Et merci Alain pour cet article.

    Cela faisait longtemps que je n’étais pas venue sur votre site et cela m’a bien fait plaisir ce soir d’y revenir!

  4. MD dit :

    Bonjour à toutes et tous,

    Entendons-nous bien dès le début de ma prose : je ne remets aucunement en doute et en question la folie destructrice et à tous niveaux de l’humanité actuelle. Cela est un fait plus qu’établi (mille fois hélas).

    Cependant, il est dommage, surtout sur un blog qui se veut « intégratif », que pour marteler encore et encore l’abomination de cette réalité pour en éviter le déni (vos termes, que je partage dans leurs fonds), cela se fasse par la promotion d’une lecture/interprétation… « désinformatrice ». L’un des risques en est que tout point clé de cette désinformation est porte grande ouverte à tout détracteur (climato-sceptique, mouton du capital économique, transhumaniste, etc.). Contrepoint qui en laissera dans le doute – et l’inaction – tout autre ‘méconnaissant’ de ce désastre.

    Ce faisant, en plus de beaucoup de termes cinglants et péremptoires (est-ce vraiment utile ? Car le danger en est l’utilisation exclusive de l’émotionnel au détriment de la réflexion), votre écrit présente plusieurs idées reçues (préjugés, subjectivités qui, sans analyse, les tiennent comme vérité inébranlable, surtout si celle-ci est accréditée par la société). Chipotage (stérile) ? Il me semble pourtant que vous-même remettez en cause ce concept d’idées reçues et autres croyances… par les conduites et désastres qu’elles engendrent.

    1-## Dinosaure, mon amour ##

    Est proposé en contrepoids de votre article, le site « http://www2.ggl.ulaval.ca/personnel/bourque/s4/extinctions.masse.html ».

    Vous (sous-entendu l’article et ses arguments et non pas vous en tant que personne que je respecte d’autant plus que je ne vous connais pas) > [Jusqu’à là, on ne croyait qu’à une évolution linéaire]
    *Site > Cela ne signifie pas que le remplacement progressif n’a pas existé : il n’a simplement pas été le seul processus impliqué.
    Moi >> La ‘pleine conscience’ ne mérite-t-elle pas de ‘tout’ intégrer ? Le petit détail qui n’a l’air de rien et qui a pourtant son importance… d’au moins dire que ce n’est pas si ‘simple’, mais… ‘complexe’ et que l’un et l’autre ne se traitent pas de la même façon. Ainsi, le verre est-il à moitié plein (opinion établie comme vérité) ? à moitié vide (détraction justicière) ? les deux (et chacun son truc) ? ou au choix (émotionnel, de culture, intellectuel, religieux…) ? C’est la partie disjonctive (binaire) pour en arriver au simple et unique : ce que ‘je’ décrète. Ou finalement, ce verre n’est-il pas de toute façon ‘entièrement’ plein, car empli de deux phases : une liquide, une gazeuse (ou solide/liquide, solide/gazeuse…) ? C’est la partie intégrative (systémique) pour en arriver au complexe et multiforme : les états de la matière, matériel/immatériel, la perception/représentation, signifiant/signifié, contenant/contenu, forme/fond, symbolique, etc. Vous suivez ?

    Vous > [Mais, alors que toutes ces extinctions étaient dues à des agents extérieurs, en particulier des collisions de la terre avec des objets extra-terrestres]
    Moi >> Toutes/extra-terrestres, c’est ce que retient prioritairement notre ‘inconscient’ (les termes les plus déterminants dans la tournure). De plus, ne serait-ce pas plutôt des « collisions d’objets extra-terrestres avec la Terre » ? Qui vient percuter l’autre ? En psychologie, l’ordre des mots a son importance me semble-t-il.
    *Site > en interne il y a des causes biologiques et des causes physiques. Quant à la première et deuxième extinction : aucune trace d’astéroïde ; les causes des deux autres restent mal cernées et rien encore n’affirme la présence certaine de météorites ; plusieurs impacts météoritiques sans extinctions et extinctions mineures sans météorites.

    Vous > [La fin tragique de la megafaune (les dinosaures) par chute d’un astéroïde]
    *Site > Impact météoritique (65 Ma), mais aussi volcanisme exceptionnel. Lequel est responsable ?
    Moi >> Tragique… snif, j’en pleure à chaudes larmes. Bref, l’on a là une vision ‘binaire’. Que deux choix possible. Et un astéroïde, c’est plus ‘vendeur’ (sphère commerciale, mais aussi peur engendrée, cataclysme, croyances… et toute ‘manipulation’ qui peut en être faite).
    *Site > On a fait aujourd’hui, sans nuance, un dogme voulant que la météorite soit la responsable exclusive de l’extinction K-T et de la disparition des dinosaures. Mais encore là, il faut éviter de se centrer sur les dinosaures et examiner l’ensemble de la faune.
    Moi >> L’on démarre une approche systémique. Autrement dit, « intégrative ». De quoi replacer au bon endroit le ‘tragique’ du début.
    *Site > Peut-être que le volcanisme à lui seul n’aurait pas été suffisant pour créer une extinction et qu’il a fallu le coup de grâce de l’astéroïde ? Peut-être, à l’inverse, que l’astéroïde seul n’aurait pas suffit s’il n’y avait eu d’abord ce volcanisme exceptionnel ? Peut-être faut-il la coïncidence d’au moins deux événements extrêmes pour causer une extinction de masse ? On aimerait bien pouvoir identifier une cause unique aux grandes extinctions de masse ; c’est malheureusement ce qui est le plus souvent véhiculé… en citant toujours le cas de la météorite de Chicxulub. C’est tellement plus simple. Mais la géologie et la paléontologie nous enseignent deux choses : 1) que les causes peuvent être multiples; 2) qu’il n’est pas certain qu’une de ces causes, aussi catastrophique soit-elle, puisse à elle seule conduire à une extinction de masse. Il est peut-être nécessaire d’avoir la coïncidence de plus d’un événement extrême.
    Moi >> un « ben, on sait pas trop finalement », ce n’est pas très ‘vendeur’, n’est-ce pas ? Mais cette incertitude a peut-être l’avantage d’éviter un certain extrémisme (de quelque nature qu’il soit, son fondement étant avant tout émotionnel) en amenant une certaine ‘humilité’ (face à soi : maïeutique) par la plus grande prise de recul nécessaire à l’examen de cet environnement. Le début de la sagesse ? C’est-à-dire une vision « juste » (verre ‘entièrement’ plein) et non choisie émotionnellement (la ‘moitié’ qui me convient). À ce stade, l’on sent déjà bien que cela détermine grandement les ‘actes’ futurs. Vous suivez toujours ?

    2-## Néandertal, mon frère (homme moderne, mon ennemi) ##

    Est proposé en contrepoids de votre article, le site « http://www.hominides.com/html/dossiers/disparition_neanderthal.php ».

    Vous > [L’arrivée de l’homme moderne venu d’Afrique a été fatale à Néandertal : à peine le temps de copuler un peu pour laisser 3 à 4% de ses gènes, Néandertal a disparu très rapidement. Encore une extinction d’espèce due certainement à la prédation exacerbée de nos ancêtres humains]
    *Site > (conclusion) Au fil des années, les hypothèses pour expliquer l’extinction de Néandertal s’enrichissent et font appel, de plus en plus souvent, à des facteurs multiples. Il n’est plus question de trouver une seule explication car généralement celle-ci ne résiste pas à la critique… Les modifications du climat et de la faune, l’arrivée de Sapiens, les avancées technologiques, la démographie en berne de Néandertal font certainement partie de l’explication globale. C’est certainement l’accumulation de plusieurs raisons qui ont réussi à décimer Néandertal…
    Moi >> Des causes multiples et cumulées. Il n’y a donc pas une seule et unique raison : l’homme moderne (c’est-à-dire nous) et sa prédation, ou comment haïr son prochain avec tout ce qui va avec (je vous laisse le soin de cogiter là-dessus, avec comme indice : « Mon cher, prônons l’Amour entre nous. Oui, mais l’embêtant, c’est que vous n’êtes qu’un archaïque et médiocre maillon ! »). Mais la balade n’est pas finie. Partant pour la suite ?

    3-## L’eusses-tu cru qu’il n’y avait pas de fêlés dans l’humanité première ? ##

    Vous > [C’est un peu court, il faudrait parler aussi de la démesure, de « l’hubris » des grecs, couplée à une pulsion de prédation sans limite, capable des pires saccages]
    Moi >> L’idée reçue selon laquelle l’homme fut de « tout temps » ‘barbare’ a la vie dure. Bien que complexes et sous hypothèses, l’on peut quand même dégager deux grandes périodes : le paléolithique et le néolithique. Pour la première, la nature sauvage était ressentie comme une amie, il n’y avait pas d’enclos et c’est plutôt l’empathie (Rogers (et plusieurs écoles psy) a établi que tout le monde naît empathique et en a d’ailleurs fondé une psychothérapie basée sur ce principe), la coopération, la transmission du savoir qui régnaient alors. En (re)voir d’ailleurs en première approche votre article « Le 13 novembre, la COP21 et la poésie… » où vous dites « La Poésie de la Nature […] quand les chasseurs-cueilleurs faisaient fusion avec Elle », ainsi que les Amérindiens et autres peuplades encore existantes (sont-elles un ‘archaïque et médiocre maillon’ ou l’expression de ce qu’est ‘réellement’ l’Humain ?). Et en deuxième approche, le documentaire « L’odyssée de l’espèce » de Jacques Malaterre et liens « http://www.hominides.com/html/prehistoire/prehistoire-perception-representation.php » ; « http://www.hominides.com/html/references/prehistoire-de%20la-violence-et-de-la-guerre-0763.php ».
    Pour la deuxième période, une ‘rupture’ (avant tout psychologique) s’est lentement mise en place : la nature sauvage est ressentie comme une ennemie, protection par enclos des champs et habitations, défense absolu de l’acquis et son accroissement (réserves pour l’hiver, ou en cas de mauvaises récoltes, intempéries, ou angoisse du ‘manque’, laquelle engendre une « peur » de l’autre (y compris dans le même clan), de l’inconnu ou de l’étranger et « orgueil » (égocentrisme) de s’agrandir et donc de ‘se’ grandir, d’être le plus fort, le meilleur, un « dieu » à qui l’on doit tout) par vol, pillage, colonisation… 

    Vous > [J’aime répondre à cela, qu’il ne s’agit pas de pessimisme, mais de réalisme]
    Moi >> Par des interprétations erronées (je n’en ai soulevé que quelques-unes), la ‘réalité’ est qu’il s’agit ici d’une ‘illusion’ (n’est pas un élément qui n’existe pas, mais un élément qui n’est pas ce qu’il semble être) engendrée par cette désinformation (ici) ou beaucoup d’autres (médiatisées) et qui en forge, entre autres, des erreurs de raisonnement (« http://www.charlatans.info/logique.shtml »), avec leurs lots de convictions émotionnelles qui tournent en rond sur elles-mêmes (à en creuser une tombe). Est-ce cela qui fera « évoluer la conscience » (‘c’ minuscule, restons modestes) ?
    Vous > [l’Anthropocène, une ère qui, si rien ne change, ne devrait pas durer très longtemps] et [Après l’Anthropocène, l’ère qui aura duré le moins longtemps]
    Moi >> Ceci est une affirmation gratuite (terme inventé et durée non évaluée, d’autant qu’elle passe dans sa conjugaison (ou subjectivité) du début à la fin du texte, d’un conditionnel à un passé). Doit-on quand même se baser sur elle ? Mais alors, c’est faire abstraction de « l’avant » cette ère (inventée) : le paléolithique. Ou comment retrouver ce que nous avons perdu… Lorsqu’un sage montre la Lune du doigt, l’idiot regarde le doigt (l’Anthropocène). Eh oui, car ayant oublié ses « Origines », l’humanité est coincée sur elle-même en ne vivant que dans son passé et sans aucune vision de son devenir. Basée sur une logique d’exclusion (binaire), sa mentalité génère une société à structure nivelée par le bas écrasant la ‘personnalité’. De fait, le seul ressort échappatoire devient l’intérêt individualiste et le plaisir égoïste. Ainsi, les ‘valeurs’ en sont complètement éclatées et l’on court après l’hégémonie sur tout et tous dans une ‘injuste démesure’…

    4-## Être à la fois le chemin à parcourir et son but ## (ce qui vous rappellera sûrement quelqu’un… sourire)

    La Vie est complexe et c’est notamment par une pensée complexe (conférer Edgar Morin, sa ‘dialogique’ et un entretien en rapport au sujet : « http://www.ecolechangerdecap.net/spip.php?article60&lang=fr »), autrement dit « intégrative », que l’on peut aboutir à une vision globale. C’est elle qui déterminera les actes à accomplir qui ne sont pas si « simples » (y’a ka, faut kon, vrai con…) que cela à caractériser (quant à une action sur l’environnement, voir par exemple l’équation de Kaya, site « http://www.manicore.com/documentation/serre/kaya.html »).

    Et alors ? me direz-vous… On en arrive où avec tout ça ? Eh bien, à une métaphore :
    – une voiture, ce n’est que quatre roues, un habitacle et un moteur. En panne, vous faites quoi ? Rien d’autre qu’une émotionnelle désolation, assis sur le talus… à espérer un ‘justicier’ extérieur.
    – une voiture, c’est… beaucoup d’éléments en interdépendances, interactions, feedbacks… et en bon mécano, vous trouvez ‘la’ « vis » à resserrer, puis reprenez la route… d’une refonte de ‘soi-même’. Ou comment dire autrement ce que vous dites vous-même dans votre article « Edgar Morin : vers la métamorphose », chapitre « Pour une pensée complexe et globale » (‘un changement radical dans la manière de penser’) et article suivant avec “éduquer au sens de la complexité et à l’esprit de la science”. Lesquels (sens/esprit) ne se basent pas sur des données falsifiées ou modelées au goût du jour (dinosaures et Néandertal, par exemple), alors que les médias…

    Et la « vis » de cette vie de vice, n’est que « l’ego » (siège entre autres de l’émotionnel). Celui qui mène le monde actuel. Alors, « une nouvelle espèce douée d’une nouvelle conscience » (c’est mégalo), ou simplement la ‘maturation’ d’un ego récalcitrant (c’est plus humble) ? Que nous disent toutes les Sagesses du monde entier depuis des lustres ? Maîtrisez votre ego ! ni plus, ni moins…

    Et, dans le sens de ces Sagesses, je ne défends point la ‘raison’ à tout crin, mais l’émotionnel à sa ‘juste’ place (harmonique tri-partite corps/âme/esprit ou sensation/émotion/réflexion). Or, la « société » actuelle est avant tout, pour ne pas dire exclusivement, « émotionnelle »…

    Bien à vous,
    M.

    • Alain Gourhant dit :

      Merci MD, je voudrais commencer par saluer le sérieux et la pertinence de votre commentaire critique.
      Vous avez bien raison de secouer les idées toutes faites et trop simples provenant de la pensée journalistique à la mode, que j’ai reprise à mon compte de manière un peu – beaucoup – irréfléchie, et cela en mettant en exergue l’explication trop simpliste mais médiatiquement émotionnelle de la cause supposée unique des cinq premières extinctions d’espèces : en l’occurrence le seul impact des astéroïdes et autres objets extra-terrestres.
      Votre article proposé en contrepoint ( http://www2.ggl.ulaval.ca/personnel/bourque/s4/extinctions.masse.htm ), est tout à fait intéressant et j’invite tous ceux qui sont intéressés par ce sujet, à le lire.
      Les causes supposées de ces 5 extinctions sont multiples, multidimensionnelles, complexes et, à la pensée journalistique simpliste mais spectaculaire, vous faites bien d’opposer la pensée complexe, prônée par Edgar Morin.
      Je n’ai pas eu le temps de lire l’article que vous proposez au sujet de l’extinction de Néandertal, mais je suppose qu’il en est de même et que vous avez raison.
      Je me suis laissé influencé, voire séduire, par cette journaliste américaine, qui n’est pas n’importe qui : voir l’article à son sujet dans Télérama du 23/12/15 : http://www.telerama.fr/livre/les-animaux-malades-de-l-espece-humaine,135916.php.
      Tout ce qu’elle dit au sujet des 5 premières extinctions, de même qu’au sujet de l’extinction de Néandertal, doit être soumis au grill de la critique.

      Par contre, la seule remarque que je peux vous opposer – mais elle est de taille – c’est que ces deux sujets sont des sujets annexes de son livre : une sorte d’arrière plan paléontologique qui n’est pas vraiment le coeur de sa démonstration.
      Le but principal de ce livre, c’est de participer à sa manière, à la mobilisation de l’être humain au sujet de son action catastrophique actuelle, sur son environnement naturel en l’occurrence l’extinction ou la disparition très rapide de nombreuses espèces.
      A ce propos, je crois qu’il est plus difficile de lui reprocher de travestir médiatiquement la réalité : les amphibiens disparaissent, de même que les chauve-souris, les coraux, les arbres de l’amazonie, les grands mammifères, etc ;
      nul ne peut au nom de la pensée complexe s’y opposer, au risque de tomber dans le camp des climato-sceptiques, dans un déni de la réalité, qui consiste à rien faire, en défendant le satatu quo et les privilèges des industries polluantes du système économique actuel.

      Cela pourrait d’ailleurs trahir chez moi – j’en conviens – une sorte de suspicion de la pensée et de la rationalité, au sens où un trop plein de pensées complexes peut provoquer une sorte d’inhibition de l’action et de l’engagement.
      A un certain moment, le niveau émotionnel est précieux lui aussi ; il permet de mobiliser et de faire basculer dans le bon sens la grande masse des êtres humains qui ne vivent que sur ce plan.
      Il me semble qu’à ce moment de la mobilisation nécessaire du plus grand nombre, pour tenter de sauver notre belle planète, ce livre va dans le bon sens et qu’il est réellement important de prendre le temps de le lire.
      Quant à vous, MD, au plaisir de vous lire de nouveau, bien sûr.

      • Alain Gourhant dit :

        De bon matin, à la meilleure heure, voici ma réponse au sujet de Néandertal.
        J’ai lu avec attention l’article sur internet que vous nous conseillez :
        « http://www.hominides.com/html/dossiers/disparition_neanderthal.php »
        Effectivement, il me semble sensé de dire que la cause de la disparition de Néandertal soit multifactorielle ;
        mais pourquoi ne pas dire aussi tout simplement, que nous ne savons rien, que cette disparition est mystérieuse, afin d’accepter humblement notre ignorance et que nous sommes condamnés à faire des hypothèses, qui sont souvent le reflet de nos dispositions et projections intérieures du moment, qu’elles soient mentales ou émotionnelles. En ce sens, la science m’a toujours apparu limitée et du coup prétentieuse et infatuée d’elle-même voulant absolument avoir réponse à tout et incapable de mettre des limites à sa prétention de tout savoir et de tout transformer par les techniques qui en découlent – cela constitue un des grands problèmes actuels auquel l’humanité est confrontée… mais nous digressons.

        Pour revenir à Néandertal, même si j’admets la multifactorialité de sa disparition, je n’ai aucun problème pour persister dans ma croyance que l’instinct de prédation d’homo sapiens dans sa propension à détruire tout ce qui n’est pas lui-même, est le facteur décisif de cette disparition.
        Et je pourrais ajouter que cette croyance vient de l’observation actuelle de l’espèce humaine confrontée à la nature et aux espèces différentes d’elles-mêmes – voir par exemple la manière dont les animaux sont traités actuellement dans les abattoirs industriels, ou les peuples premiers de l’Amazonie en voie de disparition rapide.
        Pour moi, l’histoire d’homo sapiens avec Néandertal serait comme une histoire fondatrice de l’être humain actuel dans sa folie de destruction extrême, qui fait dire avec justesse à Elisabeth Kolbert que nous sommes résolument entrés dans un processus d’extinction des espèces, dont la responsabilité humaine est première et trouve ses fondements dans ce qui est sa triste histoire depuis Néandertal – celle-ci devenant alors comme une sorte de mythe fondateur de l’histoire humaine.
        Quelle conséquence cette vision pessimiste et négative, peut- elle avoir ? Est-ce uniquement la haine pour soi-même et ses semblables, comme vous semblez l’avancer ?
        Il y a effectivement un risque, vous avez raison. Mais heureusement, il peut y avoir aussi un autre chemin : une sorte de déclic individuel et collectif pour ne pas retomber éternellement en cette programmation prédatrice mortifère.
        Pour moi, il s’agit alors du travail de Conscience et de son évolution qui ne peut partir que du constat d’une souffrance fondatrice de soi-même et des autres en tant qu’être humain inaccompli. Ceci constitue le début difficile et nécessaire du travail d’évolution qui est demandé à chacun,
        et je pense encore une fois – je suis têtu – que ce livre, malgré toutes ses inexactitudes scientifiques, participe de cette évolution devenue de plus en plus urgente, de ce chemin de conscience brûlant.

  5. MD dit :

    Bonjour,

    Également merci à vous de me permettre d’amener quelques réflexions d’ensemble. Nous partageons finalement le même fond (arrêtons cette folie suicidaire), seules les formes (mobiliser les foules pour ce faire) semblent un poil divergentes. Alors, commençons…

    Vous > [Je n’ai pas eu le temps de lire l’article que vous proposez au sujet de l’extinction de Néandertal]
    Moi >> Ce pourquoi (temps de lecture), tout en citant le lien (pour approfondissement), j’extrais par copié/collé des termes des articles (les *site >) pour, ou avant, en faire un commentaire (les Moi >>). En l’occurrence, cet article recense et analyse les différentes hypothèses pour en arriver à une conclusion, celle que je cite (en l’indiquant entre parenthèses). C’est donc la conclusion du site que j’indique et non la mienne.

    Vous > [la seule remarque que je peux vous opposer – mais elle est de taille – c’est que ces deux sujets sont des sujets annexes] et [Le but principal de ce livre, c’est de participer à sa manière, à la mobilisation]
    *Site Télérama > Si les dinosaures ont disparu à cause de la chute d’un astéroïde, entraînant une importante modification du climat, l’homme porte cette fois la responsabilité de sa propre extinction. « Aujourd’hui, nous sommes l’astéroïde », résume la journaliste.
    Moi >> Votre remarque n’est pas tant – de taille – que cela… sourire

    Vous > [je crois qu’il est plus difficile de lui reprocher de travestir médiatiquement la réalité]
    Moi >> Si vous dites qu’aussi bien au sujet des 5 premières extinctions que de Néandertal, elle doit être soumise au grill de la critique, qu’est-ce qui vous permet d’affirmer haut et fort que pour le reste ce n’est pas le cas et que l’on doit lui faire une confiance absolue, pour ne pas dire aveugle ? Étant influencée par cette idée reçue, qui dit qu’elle n’en amalgame pas d’autres, même si c’est en ‘toute bonne foi’ ?

    En contrepoids, je propose l’article (long, mais remet les choses à leurs places quant à ce travestissement potentiel) ‘Les média et le changement climatique : diffuser correctement l’information, mission impossible ?’, « http://www.manicore.com/documentation/serre/journalistes.html », avec l’extrait :
    *site (copié/collé) > « Qui s’intéresse à la diffusion large de l’information doit donc se demander, avant tout, si les journalistes font correctement la synthèse des éléments disponibles. Ont-ils pris le temps (ou ont-ils eu le temps) de bien comprendre ce qui leur est expliqué ? Nous présentent-ils les faits, ou leur conclusion personnelle à partir de ce qu’ils en ont compris ? Si c’est une conclusion qu’ils nous proposent (ce qui est en fait très souvent le cas), cette dernière est-elle basée sur une investigation suffisamment approfondie, ou bien se base-t-elle sur une information partielle, voire sur quelques slogans de-ci de-là ? Comment savoir, vu de l’extérieur, dans quelles conditions s’est faite l’élaboration de l’information ? Et enfin, quand le sujet traité comporte un volet technique important (ce qui, en matière d’énergie et de changement climatique, est assurément le cas !), la formation – ou la culture – de nos amis des media leur permet-elle d’être à l’aise dans la manipulation des informations qu’ils ont à traiter ? »
    * site (copié/collé de la conclusion) > « Bref, armé d’un moteur de recherche et d’un peu de patience, il ne sera pas rare de retrouver la trace de l’information originelle. Et rien n’empêchera alors le lecteur de se faire sa propre opinion, un peu plus éclairée ! »
    Moi >> Comme sur la disparition des dinosaures, par exemple… Ne dit-on point d’ailleurs qu’il vaut mieux s’adresser à Dieu qu’à ses saints ?

    Vous > [les amphibiens disparaissent, de même que les chauve-souris, les coraux…]
    Moi >> Certes ! J’en conviens plus qu’il n’y paraît et je ‘milite’ pour que l’on arrête le massacre ! Mais pas n’importe comment, car pour être « efficace », il s’agit de cerner une « globalité » et non un seul élément constitutif (l’extinction d’espèces) et cela par une approche « systémique » (ce qui rejoint le principe de pensée complexe d’Edgar Morin) des phénomènes et des sciences impliquées : c’est comme cela que travaille entre autres le GIEC.

    Ainsi et par exemple, la biodiversité et l’influence que l’homme exerce sur la nature : plutôt que de présenter une simple comptabilité de la disparition constatée d’espèces, prendre en compte (recherches faites, en cours ou à venir), en cadrant les écosystèmes par l’approche des aspects permanents (habitat et constructions, rejets atmosphériques, maritimes (Valls vient d’en autoriser dans les calanques), fluviaux, terres cultivées, plantations diverses, etc.) et accidentels (pollutions, déversements, etc.) :
    — les espèces qui seraient disparues de toute façon, sans la présence de l’homme (il y en a et c’est un processus ‘Naturel’)
    — les espèces qui sont apparues sans que l’homme y soit pour quelque chose (il y en a et c’est un processus ‘Naturel’)
    — les espèces non encore connues (il y en a beaucoup, maritimes et terrestres, sachant que les disparitions sont ‘pourcentées’ sur les connues)
    — les espèces que l’homme empêche de disparaître (en les surprotégeant de manière abusive, tels les éléphants au Kenya, dont la surpopulation induite amena (décision du gouvernement) à en tuer une partie et déplacer une autre… par hélicoptère, histoire de rétablir un équilibre démographique, mais les braconniers ont faussé les espérances)
    — les espèces que l’homme s’acharne à éradiquer pour son ‘bien-être’ (telles les limaces des jardins bio qui ont pourtant une énorme utilité pour le biotope et autres mauvaises herbes, qui ont aussi leur utilité)
    — les espèces qui sont apparues grâce (races de chiens, chats, tulipes, roses et autres) ou à cause (bactéries résistantes aux antibiotiques, virus et autres) de l’homme
    — les espèces domestiquées (stables ou en augmentation) ‘colonisant’ une place dans la biosphère, dont chiens, chats et autres (tels les ‘NAC’, nouveaux animaux de compagnie, avec fermes d’élevage)
    — et sans oublier l’espèce humaine elle-même, qui par sa surpopulation, comme le suggère anny en premier commentaire, induit des dommages aussi bien sur elle-même que sur le reste de la nature
    — tout en cadrant cela (non exhaustif) par ce qui n’est encore qu’hypothèses ou études contradictoires, manque de budget pour le préciser, le fait de scientifiques attachés à un lobby ou ceux qui ont envie de voir leur nom en haut de l’affiche…

    Il n’y a donc pas que les causes supposées des 5 extinctions à être multiples, multidimensionnelles, complexes…

    Vous > [Je me suis laissé influencé, voire séduire, par cette journaliste américaine, qui n’est pas n’importe qui]
    Moi >> Chauvin, qu’en est-il de Nicolas Hulot, Hubert Reeves et beaucoup d’autres… dont Edgar Morin ?!
    Vous > [nul ne peut au nom de la pensée complexe s’y opposer, au risque de…]
    Moi >> En liant vos deux phrases, suggérez-vous qu’Edgar est un peu n’importe qui, qu’il s’oppose à la disparition d’espèces, déni la réalité, voire est un climato-sceptique et, pire, qu’il ne fait rien ? Cela semble être le cas :
    Vous > [Cela pourrait d’ailleurs trahir chez moi – j’en conviens – une sorte de suspicion de la pensée et de la rationalité, au sens où un trop plein de pensées complexes peut provoquer une sorte d’inhibition de l’action et de l’engagement]
    Moi >> La pensée complexe est une notion qui n’est pas intellectuelo-masturbatoire, mais le principe d’une approche « systémique », laquelle est la conjonction de différentes sciences (dont la biologie) dans une méthodologie croisée afin d’apporter une compréhension élargie de notre Monde pour une plus grande efficacité de l’Action, aussi bien dans la recherche scientifique… que dans l’organisation de la société. Et Edgar s’est engagé, impliqué dans beaucoup de domaines, tels médiatiques (avec Stéphane Hessel), politiques (dont instrumentalisé par Sarko récupérant ses idées sans le citer (2007), ou son approche de l’actuel président), ou pour l’éducation (l’UNESCO lui a demandé d’exprimer ses idées sur l’essence même de l’éducation du futur dans le contexte de sa vision de « la pensée complexe » et il en a mit en avant 7 principes clé, dont ‘Enseigner l’identité terrienne’, voir site http://www.ecolechangerdecap.net).

    Vous > [au sens où un trop plein de pensées complexes peut provoquer une sorte d’inhibition de l’action et de l’engagement] et [A un certain moment, le niveau émotionnel est précieux lui aussi]
    Moi >> Certes, mais reprenez votre article « La communication nous rend-elle malade (2) ? » avec en extrait : « Aussi Paul Virilio, face aux perspectives de ce monde qui ne semblent pas très réjouissantes – surtout en terme écologique et environnemental – craint-il une amplification émotionnelle sans précédent d’un réflexe de panique collective au niveau planétaire, démultipliée par la communication numérique, au point de devenir aussi destructrice qu’une b… nucléaire ». Autrement dit, à inhibition (surpensée complexe), inhibition et demie (suramplification émotionnelle).

    Trop de raison tue la raison, trop d’émotion tue l’émotion, trop d’information spectaculairo-cataclysmique tue l’information. Le « juste » milieu, c’est ce que je prône. L’émotion, pour se sensibiliser… et la raison pour s’attaquer ‘efficacement’ au problème, le tout dans un va-et-vient constructif.

    Vous > [Le but principal de ce livre, c’est de participer à sa manière, à la mobilisation de l’être humain]
    Moi >> Ce que j’en vois, lis, résume quant à l’article de Télérama, c’est que c’est une ode à Elizabeth Kolbert pour… Elizabeth Kolbert. Le dithyrambe d’une sorte de ‘Martine aventurière’. Journaliste politique, spécialiste de la disparition des espèces, spécialiste de l’environnement, son métier consiste à répertorier les victimes… Que de lire les magazines de ses enfants, elle en a écrit ce livre avec son mari (professeur de littérature médiévale), présentement dans la pièce voisine, en train de regarder un match de foot… Elle a ainsi voyagé dans le monde entier (note perso : bonjour le coût carbone !) pour en façonner un best-seller mondial (200 000 exemplaires aux États-Unis, plus de douze traductions, prix Pulitzer du meilleur essai en 2015, des éloges de Bill Gates, de Barack Obama et une pleine page dans le New York Times signée par Al Gore… La femme du siècle ? En tout cas, à côté Edgar Morin (et autres ‘vrais’ acteurs de l’environnement) semble subitement riquiqui, c’est sûr !

    Et de citer Télérama la citant : « Je n’ai pas de programme, aucune solution à proposer, il faudrait cent ans pour résoudre le problème. Je décris simplement la situation. Mon rôle consiste à mettre les gens au courant. Le savoir est une fin en soi. Pour l’action, il revient à d’autres de prendre le relais. ». Ah bon ?! Tout ça pour ça ?! Du style qu’elle serait la première à mettre les gens au courant ?! Mais au courant de quoi au fait ?

    Pour y répondre, je vous suggère l’article (court et qui date de février 2014 et où elle est ici spécialiste du changement climatique, que de spécialisations cumulées !) ‘L’homme aussi catastrophique que l’astéroïde qui a tué les dinosaures ?’, « http://www.slate.fr/life/83457/sixieme-extinction-masse-homme-cause ».
    Ainsi, en le lisant finement, l’on s’aperçoit d’une certaine confusion, voire contradiction dans ce qu’elle avance. Et surtout, elle « pose également la question de savoir s’il s’agit effectivement d’une nouvelle extinction massive de la vie sur Terre, ou si on a affaire à une simple augmentation passagère du taux d’espèces disparaissant, le phénomène n’ayant été jusqu’ici étudié qu’a posteriori. Le débat est ouvert » (rappel du vous>[je crois qu’il est plus difficile de lui reprocher de travestir médiatiquement la réalité]… ).

    ## Comment voulez-vous ‘mobiliser’ le plus grand nombre avec un discours pareil ? ##
    D’autant plus que (article Télérama) : « je pensais un peu naïvement que la prise de conscience de l’opinion publique pourrait faire fléchir la politique du gouvernement. Or je suis devenue plus sceptique […] j’aime penser que mon livre y est peut-être pour quelque chose, mais je ne me fais pas trop d’illusions ».

    Vous > [ce livre va dans le bon sens et qu’il est réellement important de prendre le temps de le lire]
    Moi >> D’une part, à partir d’idées reçues, elle est surtout « spécialiste » de ce qu’a envie de prôner le/la journaliste parlant de cette journaliste parlant d’elle-même. Rappelez-vous d’ailleurs l’article ‘journaliste’ que je cite plus haut (manicore), avec en extrait : ‘Si chaque expert du changement climatique en France (admettons que je m’auto-adjuge ce titre, puisque tout le monde semble vouloir me le coller sur la bobine)’. D’autre part, elle laisse finalement tout en suspens : c’est le meilleur moyen pour ‘ne pas’ agir. Ce n’est tout de même pas à un psychologue qu’il faut expliquer cela ? Alors je donne un coup de pied dans la fourmilière… Dont de dire que l’impact de ce bouquin, par la médiatisation journalistique qui en est faite, « profite » avant tout à son auteure (gains financiers, amour, gloire et beauté). Mais guère à l’environnement… Vous me dites au début de votre réponse, « Vous avez bien raison de secouer les idées toutes faites et trop simples provenant de la pensée journalistique à la mode ». Ou au coup marketing auriez-vous pu ajouter. Bref, que vous aimiez ce bouquin, c’est votre ressenti, votre choix et je n’ai rien à redire là-dessus. Mais que vous le brandissiez comme étant la référence, l’outil de sauvetage, l’indispensable… là, j’apporte la nuance ! et – de taille – elle aussi !

    En conclusion, j’ai envie de citer anny (premier commentaire) qui, par un ‘ressenti’ foudroyant, résume à elle seule la ‘complexité’ de tout cela :
    Cela fait très longtemps qu’on en parle et ça s’aggrave constamment […] Chacun dit que ce sont les autres qui sont fautifs, ou les politiciens. Mais on trempe tous là-dedans, ne serait-ce qu’en tapant un mail électronique […] Quand apprendra t’on à respecter l’intelligence naturelle ? […] Mais a -t’on enfin quitté le cartésianisme ? On peut en douter […] Le vivant est un tout, et il est temps de le vivre.

    Bien à vous,
    Michel :D

    • Alain Gourhant dit :

      bonsoir MD,
      Je trouve ce 2e message de nouveau intéressant et digne de figurer sur ce blog.
      Mais je me garderai bien d’y répondre au risque de tomber dans le stupide jeu, dont l’être humain raffole – depuis… Néandertal ?- : « j »ai raison et tu as tort », et qui est finalement à l’origine de tout ce grabuge actuel, dont, il semble, que nous partageons tous les deux le funeste constat – ce qui est en vérité le plus important.
      Par ailleurs, en poète plus qu’en scientifique, j’ai envie de conclure par ces quelques mots de Lao-tseu, qui est pour moi le Maître des maîtres :

      « les Maîtres anciens
      n’essayaient pas d’instruire les gens mais leur enseignaient le non-savoir. (65)

      Ne pas savoir est la vraie connaissance.
      Présumer savoir est une maladie.
      Prends d’abord conscience que tu es malade ;
      alors tu pourras recouvrir la santé.
      Le Maître est son propre médecin.
      Il s’est guéri de tout savoir,
      aussi est-il véritablement sain. (71) »

      Pour la petite histoire, il est intéressant que Socrate, à peu près à la même époque, ait renchéri :
      « Je sais qu’une seule chose, c’est que je ne sais rien ».

      Je me demande bien ce qu’un scientifique de votre trempe peut répondre de nos jours à Lao-tseu et à Socrate :
      cela pourrait être amusant… et c’est un sacré défi que je vous adresse…
      Très cordialement.

  6. François Degoul dit :

    Elle m’amuse, Alain, votre expression de « sacré défi » (13 janvier, fin du texte).
    J’aurais beaucoup à dire sur la notion de défi et ses liens avec la rivalité, à la fois dangereuse dans ses excès « prédateurs » et utile à la Vie comme force évolutive.

    Mais ce qui m’amuse, dans les mots « sacré défi », c’est la distance que je ressens entre votre ton, qui suggère un défi quasi insurmontable, et la facilité de la réponse.

    Amusons-nous donc avec l’histoire du « non savoir », pour répondre à Lao-Tseu et à Socrate.

    Dans l’antiquité, il y a donc eu en Chine Lao-Tseu, et aussi en Grèce Pyrrhon et ses disciples dits « sceptiques », et déjà avant eux, Socrate.

    Mais, plus qu’au « savoir » lui-même, c’est à la prétention des faux savoirs que Socrate s’en prend. Si l’on suit les dialogues de Platon, principale source sur Socrate, on voit que Socrate croit à un vrai savoir, qui est le monde des idées, par exemple les idées mathématiques, savoir qui selon lui ne s’enseigne pas, mais dont, par « réminiscence » on fait accoucher l’élève, un peu comme la mère de Socrate, sage-femme elle-même.

    Ainsi le Ménon, dialogue de Platon, nous montre Socrate à l’œuvre avec un jeune esclave, à qui il parvient aisément, simplement en lui posant des questions à faire démontrer le théorème de Pythagore.
    Déjà donc dans l’antiquité les mathématiques apparaissent comme un savoir solide.

    Avec la Renaissance, la naissance de l’astronomie moderne et Galilée, on arrive à un tournant où l’Eglise elle-même va être obligée d’admettre la notion de savoir scientifique: tout nouveau tout beau, et les fruits produits pas l’enthousiasme scientifique de Descartes seront de valeur très inégale…

    Malgré tout, le scepticisme subit alors une mutation, dont Montaigne témoigne déjà. Sans plus prôner dogmatiquement le « non-savoir », il pose honnêtement la question devenue célèbre : « que sais-je? ».

    Cette question va mûrir chez Kant, qui en 1781, deux siècles plus tard, donne à cette question la forme « que puis-je savoir? » et écrit sa « Critique de la Raison pure » pour tenter d’y répondre.

    Il est amené, comme Socrate, à distinguer deux savoirs : le vrai savoir qui est celui des mathématiques, et le faux savoir, qui est domaine des croyances, pour lui pratiquement raisonnables mais non objet de savoir.

    Quant à la physique, à l’astronomie, voire à la biologie, Kant, bien de son temps, les considère comme de vrais savoirs parce qu’elles s’appuient à la fois sur les mathématiques et sur l’expérience.

    Au XXème siècle, le relativisme d’Einstein, la physique quantique, l’observation médicale et l’apparition des sciences humaines montrent à foison que la connaissance scientifique est une connaissance approximative. C’est bien dans cette connaissance approximative que se situe honnêtement Michel D.

    La question « que puis-je savoir? » me paraît assez bien posée par Kant, mais je l’approfondirais par une attitude « probabiliste » se situant ainsi:

    Toute science a un degré de « probabilité » à évaluer par les critères de l’expérience, du consensus et de sa polarité, mathématique ou humaine, avec une fiabilité plus grande côté mathématique. Toute croyance a aussi un degré de probabilité à évaluer notamment selon ses fruits, mais c’est un autre débat.

    Je suis un peu confus, Alain, de relancer un débat intellectuel auquel peut-être vous espériez par votre « défi » pouvoir mettre un terme. Je ne vous défie pas, je donne simplement mon point de vue personnel sur cette vaste question.

    François D.

    • Alain Gourhant dit :

      Il doit bien rigoler là-haut Lao-tseu, s’il lui arrive de nous observer parfois goguenard.

      Bravo François pour votre savoir, qui est un peu à côté de la plaque tout de même en ce qui concerne le défi,
      mais d’accord pour dire que Socrate n’était peut-être pas de taille à côté de Lao-tseu,
      au sujet de ce silence au delà du savoir,

      Par contre, je trouve que leur disparition à tous les deux a quelque chose de semblable;
      je peux comprendre que déclarer « ne rien savoir » mérite à l’époque d’être banni de la cité et de boire la cigüe,
      un peu comme Lao-tseu, qui a du quitter la cour de l’empereur pour disparaître définitivement dans la montagne.
      Silence de la cigüe, silence des montagnes,
      ultime sagesse !

  7. MD dit :

    Lao-Tseu, Socrate… et pourquoi pas Platon ?
    Peu importe de savoir qui a tort ou a raison.
    Et comme il est de ma composition,
    Ce poème sera ainsi ma conclusion
    Quant à cette… sixième extinction !

    Je le dédie à toute l’Humanité,
    Car je veux croire en sa bonté.
    Même si elle dérive de par certains fêlés,
    Espérons que cela ne soit pour l’éternité…

  8. François Degoul dit :

    Bien d’accord, MD, pour « croire en (…) l’humanité » et lui « dédier » notre travail.
    Bien d’accord aussi, MD et Alain, avec la modestie intellectuelle prônée par Lao-Tseu et d’autres…

    Mais alors pourquoi ma gêne, Alain, devant votre réaction du 18 janvier à 13h02?

    Bien sûr que vous pouvez ne pas être d’accord avec moi, mais si vous estimez que je suis « un peu à côté de la plaque », j’aurais aimé que vous me disiez pourquoi, d’autant que j’ai beaucoup réfléchi avant d’écrire ce que j’ai écrit…

    Et puis me dire « bravo pour votre savoir » tout en prônant le « non-savoir »…..

    Je ne crois pas que de votre part ce soit ironique, simplement, si j’ai bien compris, il y a des moments où vous avez envie de savoir, où vous êtes comme nous tous content de partager votre savoir relatif, et d’autres moments où, comme nous tous, le savoir des autres vous lasse…

    Mais pour dire ça, faire dans ce blog un éloge pur et simple du « non-savoir », ça me donne un sentiment d’incohérence… incohérences que nous partageons aussi tous plus ou moins.

    D’où l’intérêt de ce blog : « frotter et limer sa cervelle contre celle des autres » comme disait Montaigne

    François

    • Alain Gourhant dit :

      Mon cher François, j’ai dit très exactement : « Bravo François pour votre savoir, qui est un peu à côté de la plaque tout de même en ce qui concerne le défi, ».
      Cela veut dire tout simplement qu’au niveau de votre savoir sur Socrate, Platon, Descartes, Kant, etc, votre réponse est m’apparait intéressante et représente un point de vue qui me fait réfléchir comme tout un chacun.
      Par contre au niveau du défi qui consistait à citer Lao-tseu en réponse à un commentaire qui accumulait le savoir pour mon compte un peu indigeste, votre réponse est à côté de la plaque, c’est à dire qu’elle ne répond pas à ce défi qui consiste de temps en temps à renoncer au savoir, pour passer dans un autre espace de conscience, au delà du mental, où le mystère reste entier et le silence son seul langage.

  9. Claudine D dit :

    Bonjour,
    Je souhaiterais faire part de deux remarques à propos de ces échanges.

    Premier point: merci beaucoup à Alain de nous ‘avoir fait connaître l’ouvrage d’E. Kolbert. Je l’ai lu avec profit, mais en le trouvant néanmoins inégal et assez décousu, parfois faible et superficiel, comme à propos de Néandertal, pour lequel j’avais remarqué qu’elle n’était pas au courant des dernières recherches. Je ne sais pas si ce livre mérite vraiment son engouement médiatique.
    Merci également à MD de nous avoir fourni la possibilité de trouver facilement des compléments d’informations fort intéressants. J’ai trouvé tout cela fort enrichissant.

    Le deuxième point est d’une autre nature: je me suis bien amusée à observer les affrontements (certes fort courtois, mais néanmoins réels) de ces messieurs en discussion; j’ai trouvé que cela illustrait très bien le choc des ego; et suivre ces affrontements avec un peu de recul était assez réjouissant. En disant cela, je ne souhaite mettre personne mal à l’aise, je ne souhaite pointer du doigt personne en particulier, mais simplement apporter le regard de quelqu’un d’extérieur au débat.

    Tout cela m’aura en définitive beaucoup intéressée.
    Bien cordialement.

    • Alain Gourhant dit :

      Merci Claudine pour ce commentaire plein de sagesse…
      Le deuxième point me semble le plus intéressant et vous touchez là une des finalités principales de ce blog : le partages des idées et des croyances différentes, mais surtout comment gérer les différences sans que cela débouche sur « le choc des ego », comme vous le dites si bien – et cela n’est malheureusement pas l’apanage des seuls « messieurs » avec un problème de testostérone, mais surtout, comme je le crois, un réflexe très ancien de défense de son territoire (symbolique en l’occurrence) partagé par tous et toutes.
      Quel remède ? Vous proposez une sorte de distanciation, un recul intérieur amusé, et je suis d’accord avec vous, à la nuance près que c’est plus facile pour le spectateur que pour l’acteur, – même si cela procède toujours de même nature : la Conscience capable de prendre du champ ou de la hauteur et voir que les opposés venant de la pensée se complètent. C’était d’ailleurs mon intention en faisant rentrer sur scène Lao-tseu en un défi qui n’a pas très bien bien compris « ne pas savoir est la vraie connaissance… ».

      • François Degoul dit :

        Effectivement, Alain, je n’avais pas bien compris votre « défi ».

        Vous aviez écrit en effet :

        «Lao-Tseu (…) « ne pas savoir est la vraie connaissance » (…) Socrate (…) « Je sais qu’une seule chose, c’est que je ne sais rien « .
        Je me demande bien ce qu’un scientifique de votre trempe peut répondre de nos jours à Lao-tseu et à Socrate : cela pourrait être amusant… et c’est un sacré défi que je vous adresse…»

        J’ai alors tout de suite pensé ceci:

        « si Lao-Tseu et Socrate étaient vivants aujourd’hui, j’aurais plaisir à leur répondre qu’aujourd’hui le problème du non-savoir ne se pose plus dans les mêmes termes qu’à leur époque, et que déjà il ne se posait pas dans les mêmes termes pour Socrate que pour Lao-Tseu, et il serait facile de leur montrer comment la problématique a évolué au cours des siècles ».

        C’est cette mienne réponse imaginée que vous avez lue sur mon blog.

        Je n’avais pas compris, alors, que vous considériez comme inadéquate une réponse rationnelle à Lao-Tseu.

        Et de fait maintenant je vous comprends, parce que, vous l’avez humoristiquement suggéré, ma réponse s’appuyait sur une forme de « savoir » historique, même si vous avez apprécié ce savoir et même si je ne prétends pas qu’il soit absolu!

        Et puis, nous avons eu un deuxième malentendu, parce que le début de cette mienne réponse à
        votre « défi », j’avais écrit ceci:
        « J’aurais beaucoup à dire sur la notion de défi et ses liens avec la rivalité, à la fois dangereuse dans ses excès « prédateurs » et utile à la Vie comme force évolutive ».

        Alors quand, dans votre réponse du 18 janvier, vous avez parlé de mon
        « savoir, qui est un peu à côté de la plaque tout de même en ce qui concerne le défi »,
        j’ai cru que ce qui, pour vous, était « un peu à côté de la plaque » dans mon » savoir (concernant) le défi », c’était cette introduction où je reliais le « défi » à la rivalité et à ses excès.

        Mais, je comprends maintenant que ce qui vous semblait « à côté de la plaque » c’était, si je vous ai bien compris, l’idée même d’un échange rationnel avec Lao-Tseu. MD et Claudine l’avaient tout de suite compris.

        A +
        François

  10. MD dit :

    Bonjour à toutes et tous,

    D’abord merci à François pour son déroulé historique qui, même s’il n’était encore en écho à Alain, à l’avantage de nous rappeler l’évolution de la ‘pensée’ au cours du temps. Merci aussi à Claudine qui, à pas feutrés et avec un œil perspicace, a mis le doigt sur le nœud du problème… Et merci à Alain pour ces ‘épiques’ échanges, mais ô combien enrichissants.

    À ce propos, je présume qu’Alain s’est servi de Lao-Tseu et Socrate pour me signifier qu’au lieu de continuer dans mon discours, indigeste à ses dires (puisque nous étions d’accord sur le fond, tourner en rond sur les formes n’était que dualité égotique), je ferais mieux de re-trouver cet état de « plénitude » (le ‘silence’, absence de bruit, de discours, de parasite), non intellectualisé, non verbal, non ‘pensal’, non dual, non mental… bref, non « moi » (ego). Un ‘Soi’ témoin et non un ‘je’ acteur. Un silence ‘intérieur’. Ce faisant, la ‘pensée’ se fait plus ‘intuitive’ et la présence à ‘Soi’ est ressentie. Tel qu’être assis devant l’océan ou un paysage et où l’on ne ‘pense’ à ‘rien’ en se sentant pourtant en fusion avec Tout.

    Et il m’en lança un défi… Un piège, plutôt : le relever, c’est ‘répondre’ et en cela ne pas faire ‘silence’ (l’idée même d’un échange rationnel avec Lao-Tseu, selon les termes de François). Défi raté. Faire ‘silence’, c’est ne pas répondre. Défi relevé, mais sans répondre à la question d’Alain : en ce sens, défi raté aussi. Cela me rappelle le « face, je gagne ; pile tu perds ». Un sacré filou ce Alain ! rires…

    Mais voilà que se présente la possibilité de ne prendre ni la face, ni le pile… mais la tranche ! À savoir répondre à François, dans le sens d’un partage de réflexions philosophiques, à propos de ces grands maîtres historiques.

    Ainsi, il me semble qu’il y a un même discours (le fond) entre Lao-Tseu et Socrate, mais avec des mots différents (les formes).
    Lao-Tseu > [renoncer au savoir, pour passer dans un autre espace de conscience, au delà du mental, où le mystère reste entier et le silence son seul langage]
    Socrate > [« savoir » qui ne s’enseigne pas (note, comme les Maîtres anciens) mais dont on fait accoucher l’élève par « réminiscence »]

    Ce faisant, « autre espace de conscience » (silence) / « réminiscence » (silence aussi), n’est-ce pas ce que l’on peut appeler (plutôt de nos jours) « l’intuition », celle qui amène une ‘plénitude’ par la sensation d’être en écho avec le « Tout » ? Sensation (d’Être) qui fait que cette intuition ou « Conscience (en est ainsi) capable de prendre du champ ou de la hauteur et (de) voir que les opposés venant de la pensée se complètent » ? en ce sens, cela me rappelle d’ailleurs la « dialogique » d’Edgar Morin, laquelle est la « complémentarité des antagonismes ».

    Et en faisant écho, correspondance, superposition (qu’importe le terme) entre Lao-Tseu, Socrate, Edgar Morin et la pensée contemporaine, il me semble que :
    > savoir (de Lao-Tseu) = faux savoirs (de Socrate) = en mots actuels, croyances, idées reçues, idéologies, dogmes, mus surtout par l’émotionnel (donc l’ego) dans la dualité.
    > non-savoir (de Lao-Tseu) = savoir (de Socrate) = Connaissance par ‘Conscience’ (termes de l’époque), ou par ‘raisonnement’ (terme des philosophes suivants, « que sais-je ? »/« que puis-je savoir ? »), ou, en termes actuels, par ‘réflexion’ systémique (ou pensée complexe, conjonction au Tout).

    Réflexion qui tente de conserver cette ‘Conscience’ par une approche ‘approximative’ (du latin proximus, très proche), en n’établissant pas une « vérité définitive » (croyances, dogmes), mais relative (la question demeure. Réservée auparavant aux philosophes, la science actuelle tend à la réintégrer).

    En conclusion, chaque époque a ses mots, mais toutes ont la même quête (comprendre ce qui nous dépasse / nous dépasser pour comprendre). Le problème est le blocage actuel de la ‘société’ (et non des penseurs ou chercheurs… de vérités) quant au principe relationnel de va-et-vient (ou Yin-Yang, ou spirale de la conscience) entre le matériel (Connaissance) et le spirituel (Conscience).

    Ne rester que dans le matériel (Occident) et on en arrive au transhumanisme, ne rester que dans le spirituel (Orient) et on en arrive aux différentes ‘chasses aux sorcières’ que l’Histoire et l’actualité du 20 h nous rapportent. Et plus qu’un équilibre à établir, il s’agit de se ‘surpasser’. Autrement dit, faire taire l’ego. Ce que je fais…

    Bien à vous,
    Michel :D

    • Alain Gourhant dit :

      Merci Michel D
      sauf peut-être la conclusion :
      « Et plus qu’un équilibre à établir, il s’agit de se ‘surpasser’. Autrement dit, faire taire l’ego. Ce que je fais… »
      Aïe !
      Voilà ce que Lao-tseu pourrait nous répondre du haut de sa montagne, toujours aussi roublard et l’oeil amusé :
      « Le Maître permet aux choses d’arriver
      Il façonne les événements comme ils viennent.
      Il fait deux pas en arrière
      et laisse le Tao parler pour lui-même. » 45
      Bref après le casse-tête du non-savoir, voilà que pointe le « non-faire »… qui est pire qu’un défi, presque un pied de nez !
      « Pratique le non-agir,
      et chaque chose prendra sa place. » 3
      Laisser l’ego se contorsionner en l’observant avec intérêt,
      et devenir « comme un nouveau né avant qu’il ne sache sourire ». 20

  11. MD dit :

    Bonjour,

    À mon sens, le non-savoir (tout comme n’importe quel autre non-quelque chose, d’ailleurs) est inhérent au non-faire. L’un procède de l’autre et inversement réciproquement. Le non-faire est « l’état » (cause) permettant le non-savoir (résultat), lequel en retour (cause) amplifie, modifie, ajuste le non-faire (résultat). Plus qu’une ‘boucle’, je le vois plutôt comme un hologramme, tels par exemple les états de la matière, où chacun contient « en lui » les autres et s’exprime non pas par ‘potentialité’ (possibilité de, avec une nécessité d’expression) mais par « contingence » (qui peut se produire ou non, par l’effet d’un ‘hasard’, sans nécessité).

    Et si on tire ce non-faire jusqu’au bout du mot, le seul état possible c’est la mort. Ce qui est juste, dans le sens « Esprit », celui de la conscience universelle. Laquelle « s’exprime » par multiples contingences dans le Vivant (‘hologrammique’). Laborit disait que le principe du Vivant n’est ni plus ni moins que de « vivre ». En cela, il se maintient par l’instinct de conservation, c’est-à-dire l’ego (reptilien+limbique). Et ce « non-faire », Lao-Tseu l’exprime par l’action même du Tao, hors ego.

    Pourtant cet ego a une fonction vitale, celle du maintien. De lui-même (individu), mais aussi et surtout du principe d’hologramme lui-même, qui s’auto-générant/régulant (Tao), s’amplifie. Se ‘complexifie’ plus exactement (clin d’œil à nos précédents échanges). Et il me semble que ce non-faire est la ‘régulation’ de cet ego, non faite par lui-même, mais par le Tao, c’est-à-dire somme toute, par le principe même du Vivant tel que par lui-même. Autrement dit, laisser « faire » la ‘Nature’ (non-faire égotique) et non pas vouloir en faire ce que l’on veut (faire égotique). Hélas, ce lâcher-prise nécéssaire, c’est pas de la tarte… Pourtant, se laisser ‘porter’ par la Vie, c’est ce à quoi tout le monde aspire finalement. Mais cet ego fait tout l’inverse, quel ‘chieur’… Certaines écoles psy ou sociologiques montrent notre état actuel (mentalité) comme celle d’un enfant. Il serait temps de mûrir, bon sang de bonsoir !

    Bref,
    Non-agir = Nature (matérielle ET immatérielle)
    Agir = ego (sans commentaires…)

    Bon, p’têt un peu confus mon discours, mais faut dire que Lao-Tseu prend un malin plaisir à nous embrouiller les neurones ! rires…

    Bien à vous et cordialement,
    Michel

    • Alain Gourhant dit :

      merci Michel pour ce commentaire éclairant.
      J’aime particulièrement l’opposition / complémentarité entre l’ego et la Nature (le Tao) – notre vieux Lao-tseu doit en frétiller d’aise…

      Je ferai juste quelques remarques supplémentaires sur le non-faire :
      Il me semble que le non-faire absolu nous est impossible, nous sommes toujours obligés de faire, tant qu’il y a incarnation en ce corps. En ce sens la mort est le non-faire par excellence, dont nous pouvons avoir un petit aperçu dans le sommeil profond ou mieux dans la méditation, où il s’agit de s’immobiliser dans le silence pour mourir au faire – on n’insiste pas beaucoup là-dessus dans le mouvement à la mode de la pleine-conscience, peut-être parce que cela ferait peur…
      On peut par ailleurs parler d’un « faire dans le non-faire », comme vous le décrivez très bien dans cette relation hologrammique entre les deux. En ce sens quand Lao-tseu quitte la cour de l’empereur pour partir prendre refuge dans la montage, ce « faire » n’a rien à voir avec le « faire » d’un voyage touristique dans la montagne, tel que l’organiserait une agence de voyage, même à caractère spirituel. Il y a dans ce départ taoïste vers la montagne, un certain parfum de « faire / non-faire », une certaine immobilité, une plénitude, un silence même dans la marche. De sorte que l’on peut dire, que non seulement ce faire est imbibé du Tao, comme vous le dites, mais dit d’une autre manière il est imprégné de l’Etre, tout en sachant dans le non-savoir que là encore les mots nous manque et que cela relève de la poésie ou du silence…

      En ce qui concerne l’ego, puisque nous sommes partis de là : impossible de faire quelque chose avec l’ego pour le faire disparaître ou le « surmonter ». Pour combattre l’ego, il y a des centaines de techniques volontaristes même méditatives, comme rester des heures à réciter un mantra pour le faire disparaître.
      L’ego va peut-être s’éclipser quelques secondes, mais c’est pour renaître encore plus fort. Dans ce combat contre lui il est toujours gagnant, car c’est toujours lui qui combat lui.
      La seule méthode possible est paradoxale : il s’agit juste d’observer et d’accueillir l’ego avec beaucoup de bienveillance, avec l’oeil équanime de la Conscience. Il est à parier qu’au bout d’un moment l’ego va se lasser et s’en aller quelque part ailleurs, peut-être visiter quelqu’un d’autre qui le prendra plus au sérieux, car l’ego est toujours très sérieux ramassé sur sa pulsion de survie individuelle et collective. Il n’aime pas du tout être observé ainsi avec la distanciation souriante de la Conscience.
      Mais il faut être patient, c’est un long travail intérieur qui est d’ailleurs le coeur de tout travail thérapeutique mené jusqu’au bout, même si le moment « travail » est alors totalement inadapté. Il faudrait parler plutôt de la nécessité d’un long dialogue intérieur jamais fini, toujours recommencé, qui est la nécessité de notre évolution de Conscience en tant qu’être humain né d’abord primate et prédateur, donc obligé d’évoluer car doué aussi d’une possibilité de Conscience – une toute petite lumière intérieure qu’il nous faut entretenir, sinon nous restons des machines (cf le Transhumanisme, là où l’ego est actuellement le plus fort).

  12. MD dit :

    Bonjour,
    (rire) Sans vouloir faire davantage frétiller d’aise notre cher Lao-Tseu, mais simplement être en accord avec lui… et vous-même, j’apporterai simplement une petite continuité à vos remarques.

    Effectivement, la mort est le non-faire par excellence. Et si elle fait peur, c’est sans doute qu’elle n’est vue ‘que’ comme destruction finale et irrémédiable de soi (y compris ‘dans le mouvement à la mode de la pleine-conscience’ ? je ne connais pas trop). Mais en la replaçant dans son cadre ‘hologrammique’, elle n’apparaît plus comme une destruction, mais comme un « DEVENIR » : le ferment d’un nouveau début (l’avenir) par régénération (le passé) et recombinaison (le présent) des constituants. Et ce devenir est lui-même ‘évolutif’ par la complexification de la répétition (boucles) de structures analogues (fractales) à différentes échelles (hélicoïdes). Bien compliqué tout ça ? C’est pourtant comme cela que fonctionne notre organisme (et notre psychologie) : chaque jour des cellules meurent et se régénèrent dans un ensemble qui « mûrit ». Et la maturation est une certaine courbe de Gauss avec un début (la naissance), une évolution (la croissance), une maturité (« l’optimal », l’adultie, la plénitude, l’épanouissement…), un déclin (la référence du passé pour les jeunes avec la transmission d’un savoir : « si jeunesse savait, si vieillesse pouvait ») et une fin (avec sa « mémoire » dynamique : un ‘souvenir’ du passé individuel, intellectuel, culturel… servant à ‘agir’ dans le présent pour ‘anticiper’ l’avenir). Cette mort nous est intrinsèquement nécessaire pour vivre. Héraclite disait d’ailleurs : « vivre de mort et mourir de vie ».

    Et pour rejoindre ce qui nous occupe, j’en dirai « vivre de non-faire et mourir de faire ». Savoir, par le non-savoir, faire ‘mourir’ notre ego (bouddhisme oriental), pour, tel le Phénix, le faire ‘renaître’ de ses cendres (bouddhisme occidental). Un voyage à la fois magique et mystérieux… que vous présentez comme « un long dialogue intérieur jamais fini, toujours recommencé, qui est la nécessité de notre évolution de Conscience ». Individuellement, mais surtout collectivement.

    Mais, comme vous le dites aussi par ailleurs, de mécréants et mercantiles coachs se plaisent à nous ‘vendre’ du bonheur par une ‘idéalisation’ de soi (tels vos termes ‘va peut-être s’éclipser quelques secondes, mais c’est pour renaître encore plus fort’), dont le transhumanisme. Là où l’ego est actuellement le plus fort, dites-vous. Je dirai carrément le plus ‘fou’. Et pour se sortir de là, le temps nous est malheureusement compté, maintenant. ‘Minority report’ n’est plus une science-fiction, à moins que je sois trop pessimiste.

    Ainsi, pour Edgar Morin (et beaucoup d’autres), « cette réforme de l’esprit touche à tout. C’est un aspect nucléaire mais de quelque chose qui est relié à tout le reste du contexte humain ».

    Et à mon sens, pour que cette ‘toute petite lumière intérieure’ ne s’éteigne pas, il faudrait que ce « travail » soit orienté par le principe de la hache de Thésée, à double tranchant. L’un pour (non-)agir sur ‘soi’, l’autre pour agir (l’obligation de notre incarnation) dans le monde, la société, les rapports humains. Une alternance « Vitale ». Une évidence tellement évidente qu’il semble inopportun de la préciser. Pourtant, lesdits mécréants de tous poils font tout pour nous la faire oublier… notamment par la « peur ».
    Bien à vous,
    Michel :D

    • Alain Gourhant dit :

      merci Michel,
      c’est intéressant, même si je n’ai ps très bien compris le raisonnement hologrammique, trop éloigné de mes références intellectuelles.
      Par contre à votre remarque :
      « il faudrait que ce « travail » soit orienté par le principe de la hache de Thésée, à double tranchant. L’un pour (non-)agir sur ‘soi’, l’autre pour agir (l’obligation de notre incarnation) dans le monde, la société, les rapports humains. Une alternance « Vitale ». »
      j’aimerai ajouter que cette dualité non-agir sur soi et agir dans le monde, peut être dépassée aussi par un « agir non-agir » même dans la société, au sens d’agir sans être attaché aux résultats de son action, comme le décrit fort bien d’ailleurs la Bhagava Gita ; un « agir – non-agir » dans la décontraction, dans la détente, sans ego, donc sans conflit possible, juste des dualités qui s’amusent à se résorber dans l’Etre, bref un monde devenu edenique.