En hiver, après avoir laissé tomber leurs feuilles,
certains arbres de la grande ville paraissent bien stressés :
ils tendent désespérément vers le ciel,
leurs moignons de branches tordues.
Mais que leur est-il arrivé ?
Est-ce la qualité de l’air devenu trop délétère
qui les asphyxie doucement,
ou ce bruitage incessant des moteurs en fureur ?
Est-ce le sol truffé de tunnels, de béton, de câbles et de fils,
qui les empoisonne progressivement ?
Quelquefois nous vient l’envie de les soulager, mais comment ?
Purifier l’air ambiant – ce n’est plus trop dans l’air du temps ;
leur prodiguer massages, caresses et attention
– les hommes n’en sont pas là, trop occupés à courir derrière leurs futiles affaires ;
diminuer le bruit ambiant, assourdissant,
– elle se fait attendre cette voiture électrique, enfin silencieuse ;
leur donner des cours de méditation de la pleine conscience pour la réduction du stress
– inutile, car les arbres sont bien plus avancés que nous sur ce registre de l’immobilité méditative…
Alors les arbres de la grande ville,
souffrent en silence sans se plaindre,
en attendant des jours meilleurs,
tendant désespérément vers le ciel
leur moignons de branches tordues.