TAT, une technique psychothérapeutique séduisante

Il y a beaucoup de raisons pour vous partager cette  technique psychothérapeutique, venue d’outre-atlantique…

D’abord, c’est une technique intégrative, qui réunit harmonieusement  un ensemble de techniques ou courants thérapeutiques déjà existants :
elle utilise dans une posture récurrente, certains points d’acupuncture à la tête, et leurs effets énergétiques puissants ;
elle permet de nommer avec précision et sobriété le symptôme, sans vouloir l’analyser, le détailler ou le revivre ;
elle se sert d’affirmations positives pour passer rapidement dans le processus intérieur de guérison et d’intégration ;
elle encourage une posture méditative qui accompagne tout le processus, en référence à une dimension transpersonnelle ou spirituelle de la guérison ;
elle insiste sur l’importance du pardon, ainsi que sur la guérison des différentes parts de nous-mêmes qui participent du symptôme,
elle structure le processus de guérison en un protocole simple et clair – ce qui est une tendance forte de la psychothérapie actuelle avec les succès de l’EMDR, de l’EFT, de l’ACT, etc…

Il y a aussi une raison pour ainsi dire événementielle,
puisque Tapas Fleming, la créatrice de cette technique, vient en France prochainement du 8 au 12 mai 2014,
– ce n’est pas la première fois, mais c’est tout de même assez rare, et il faut en profiter.

Enfin il y a une raison toute personnelle :
le stage de formation se passe en Bretagne, à l’île de Houat,
et cette petite île, au large de la presqu’île de Quiberon,
j’en suis tombé amoureux, il y a maintenant plus de quarante ans.
C’est un lieu de toute beauté relativement préservé encore,
dont les paysages somptueux m’ont toujours inspiré la poésie, la méditation, la transcendance.

Il est à parier que le cocktail entre cette belle technique psychothérapeutique et l’environnement magique de cette île,
soit de la plus haute teneur,
de la plus délicate intégration…

Pour les modalités pratiques de ce stage, vous pouvez  consulter le site internet de Marion Stommel et Marcus Giffard, les organisateurs du stage à Houat.

Enfin, voici en prime, un interview de Tapas Fleming en personne…

 

Un interview de Tapas Fleming

Tapas Fleming a bien voulu m’accorder la semaine dernière cet interview,
par l’intermédiaire de mon ami Maarten Aalberse, qui a aussi assuré une partie de la traduction,
je les remercie tous deux chaleureusement.

D’abord qui êtes-vous ? Comment aimeriez-vous vous présenter à un public français qui ne vous connaît pas bien ?

Chaleureuses salutations ! Je suis Tapas Fleming, une acupunctrice en Californie. En 1993, alors que je me concentrais sur l’élaboration d’une approche plus simple pour guérir les allergies de mes patients en acupuncture, je suis tombée sur un moyen simple de les aider. Une nouvelle approche m’est venue ensuite en rêve . Elle s’est avérée utile non seulement pour aider à soulager des allergies, mais aussi pour la dissolution du stress post-traumatique et des croyances limitantes, ainsi que pour la création d’une santé et d’une vie désirées.

Pouvez-vous nous donner un aperçu de la technique psychothérapeutique TAT (Tapas Acupressure Technique) que vous avez développée ?

Bien sûr ! La TAT combine de façon simple un toucher de plusieurs points d’acupuncture spécifiques à la tête, et une attention sur un ensemble de déclarations qui nous aident à « décoller » de notre problème.
Nous y incluons :
– l’acceptation de ce qui fait que nous sommes coincés, avec tout ce qui s’est réellement passé ;
– mais aussi le fait que c’est maintenant terminé et que nous n’avons plus besoin de résonner, de nous identifier ou de nous connecter à cela,
– et que toutes les origines du problème sont en train de guérir maintenant,
– que tous les endroits dans notre esprit, notre corps et notre vie où nous avons été coincés, sont en train de guérir aussi ;
– enfin que toutes les parts de nous-mêmes impliquées dans cela, guérissent maintenant ;
– ensuite nous affirmons nos choix, sur la façon dont nous voulons que notre vie se réalise maintenant ;
– et nous nous rendons disponibles à l’intégration de l’ensemble de ces transformations.

Pendant le processus, le professionnel est dans un état de présence profonde avec son client, sans offrir aucune analyse, évaluation ou direction de l’expérience.

Vous avez été influencée par qui ou par quels autres techniques ou courants thérapeutiques ?

Les yogis de l’Inde, mes patients, la Technique de l’Elimination des Allergies de Devi Nambudripad et de nombreux psychothérapeutes et autres professionnels, dont j’étais l’enseignante, m’ont tous beaucoup appris.
Jane Wakefield au Canada m’a enseigné l’importance de travailler avec les parts de nous-même, et Larry Nims, créateur de BSFF (Be Set Free Fast), m’a stimulé pour donner de l’importance au travail sur le pardon .

Quelle est selon vous l’originalité de cette technique par rapport aux autres ?

La TAT amène les gens à leur centre spirituel, ou à la paix, pendant la résolution du stress que la personne expérimente. Les gens ont souvent l’impression que faire la TAT les amène à l’endroit que normalement ils auraient atteint après avoir médité pendant une heure.
La personne n’a pas besoin de parler de son problème, d’y réfléchir ou de comprendre quoi que ce soit, pour que celui-ci puisse se résoudre complètement.
De plus, plusieurs thèmes totalement différents (en apparence) peuvent s’éclaicir en même temps. Par exemple : la peur d’être dans une relation intime, le choc d’avoir été dans un accident de voiture et des préoccupations au sujet d’un nouvel emploi.
La TAT inclut aussi la guérison en relation avec nos ancêtres, nos familles, toutes les personnes liées au problème traité et tous les êtres qui pourraient en tirer bénéfice.
La guérison se fait sans aucune manipulation de l’énergie – elle arrive en changeant notre point de vue, ou notre relation avec quelque chose, de sorte que nous ne sommes plus identifiés à l’événement ou au point de vue limitant. Cette identification se dissout.

La TAT est-elle une technique qui vise tout type de symptômes, ou au contraire, est-elle à déconseiller dans certains cas, ou est-elle un outil de prédilection pour d’autres? Pouvez-vous donner quelques exemples ?

Pour les traumatismes physiques – comme des os cassés – une personne doit aller à l’hôpital. Mais elle peut utiliser la TAT sur le chemin de l’hôpital, afin de réduire le traumatisme émotionnel.
Les symptômes pour lesquels la TAT est le mieux recommandée, sont tous ceux qui sont liées à un traumatisme émotionnel ou au stress – comme les cauchemars, la douleur, les flashbacks, la colère non résolue, le chagrin, la tristesse, les phobies et les peurs.

La TAT peut-elle prendre une place de choix au sein de la psychothérapie intégrative ? Est-elle une technique qui peut s’intégrer harmonieusement avec d’autres techniques ? Avez-vous des exemples ?

Oui, à mon avis, elle peut prendre une place privilégiée dans la psychothérapie intégrative. Les clients n’ont pas à revivre quelque chose, sentir quelque chose de spécifique  ou se dire quoi que ce soit pour que la guérison profonde se produise. Aussi est-elle très facile à intégrer avec toute autre approche.

Est-ce que la relation thérapeutique est importante dans l’utilisation de cette technique ?

Oui. Bien que la TAT puisse être pratiquée avec succès quand on est seul, la dynamique de la présence d’un professionnel ajoute une dimension puissante. La transformation est plus facile, avec quelqu’un dont l’écoute est dans le non-jugement, qui n’ajoute pas une analyse ou des interprétation, et qui se contente de guider simplement le processus avec amour et attention portée entièrement sur le client.

Peut-on dire que la TAT appartient aux thérapies transpersonnelles qui donnent une place importante à la dimension spirituelle de l’être humain ?

Oui, la TAT amène naturellement les personnes à un état de conscience élargie. Elles deviennent non-identifiées avec le sens limité de ce qu’elles sont ; les idées venant de la société, de la famille, de la religion et des amis, se dissolvent naturellement.

Comment voyez-vous évoluer la TAT dans l’avenir ? Quels sont vos projets ?

Je vois de plus en plus de gens devenir heureux et en bonne santé. Aussi, mes projets sont de continuer à enseigner, à trouver de nouvelles avenues pour partager la TAT et à encourager les gens à l’utiliser, non seulement pour la guérison des traumatismes et la douleur, mais aussi comme un outil pour créer la vie qu’ils désirent profondément.

Quel est votre souhait le plus cher ?

Que chaque individu exprime sa propre nature divine unique et puisse la partager dans des relations intimes et heureuses sur une planète saine et heureuse.

Un de mes collègues, qui a lu votre livret, comprend la TAT comme une approche dans laquelle le client reste avec certaines phrases de guérison, de sorte que la TAT dissout le stress ou les réponses « négatives » à ces phrases. Est-ce que cela vous semble juste ?

C’est juste … et le tableau d’ensemble est que la TAT nous libère des identifications et nous renvoie sans effort à notre vraie nature. Nous sentons la paix et le bonheur d’être tout simplement nous-mêmes .

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32 réponses à “TAT, une technique psychothérapeutique séduisante”

  1. Maarten Aalberse dit :

    Merci Alain, d’avoir posté cet entretien avec Tapas (femme qui semble fragile à première vue mais qui dégage une sacre et authentique présence que l’on sent nettement quand on travaille avec elle).

    Peut-être serait-ce intéressant si j’y ajoute quelques détails?

    D’abord sur « la pose TAT », dans laquelle on « enveloppe » doucement le crâne, en touchant les doigts d’une main les points d’acupuncture Vessie 1 (le nom chinois: « Yin Ming » se traduit par « yeux claires » mais aussi par: « vision claire ») et le « troisième œil », associé avec la perception non-duelle. L’autre main enveloppe l’arrière du crâne, autour de l’articulation de l’occiput et « l’axis », lieu où se situent beaucoup de chocs émotionnels (pensons aux réflexes de sursaut non résolus).
    Toucher avec douceur les points Vessie 1 aide aussi à équilibrer le système neurovégétatif, mais
    c’est un peu trop compliqué pour expliquer en quelques mots…

    Tout ceci dans l’espoir que cela aide peut-être à comprendre pourquoi cette pose peut être si efficace…

    Et si l’on y ajoute cette présence d’une personne comme Tapas, cela devient peut-être encore plus clair : comment se fait-il qu’une approche en apparence si simple peut donner de si bons résultats…

    Un peu plus tard quelques détails supplémentaires sur la dimension psychologique de la TAT, et en quoi cela pourrait devenir une partie important d’un cheminement spirituel.

  2. Maarten Aalberse dit :

    Désolé pour les fôtes ortho…

    • Merci Maarten de lancer les commentaires.
      D’abord je dois te féliciter sur tes progrès dans l’écriture du français, je n’ai corrigé que deux ou trois fôtes…Bravo !
      Ensuite tu décris bien la pose et ses résultats attendus. Pour ceux qui veulent approfondir, il est possible de se procurer sur internet, sur le site de Tapas Fleming, un petit livret en français, photos à l’appui qui expliquent très bien cette pose venant de l’acupuncture.

      Il se pose néanmoins une question : pourquoi cette pose produit des effets chez certaines personnes, quand on les interroge, alors que chez d’autres rien ne se produit, ils ne ressentent rien, d’où d’ailleurs l’envie pour le thérapeute, – peut-être un peu trop inductif que je suis -, d’induire des effets que j’ai moi-même ressentis, comme par exemple ressentir une sorte de courant d’énergie qui traverse le crâne entre les deux mains et qui est très agréable, comme s’il venait aussi toucher au passage le centre du cerveau, où se trouve la fameuse glande pinéale, dont tout le monde sait – depuis Descartes!…-, qu’elle régit sans doute des fonctions importantes dans ce cerveau.

      La deuxième question pour ce protocole, c’est le rôle très important finalement du thérapeute, quand tu dis « si l’on y ajoute cette présence d’une personne comme Tapas ».
      Il y a là un problème, puisque le protocole est plutôt présenté, comme si le thérapeute avait le moins possible d’importance, au sens où il n’intervient que très peu dans l’explicitation du symptôme ou de sa solution. Il disparait pour ainsi dire derrière la répétition des affirmations du protocole, sans rien apporter de lui-même.
      Cela n’est-il pas contradictoire avec cette « présence  » dont tu parles ? Qu’est-ce que cette présence ? Comment s’acquiert-elle ? Est-ce qu’elle est nécessaire pour que ça marche ? Qu’est-ce qui se passe si le thérapeute n’a pas cette présence ?
      J’ai peur que là, on soit dans une sorte de pensée magique, à la recherche d’un thérapeute qui se caractériserait seulement par sa présence… Hum ! je crois que là nous tenons un sujet où nous avons beaucoup de choses à dire !…

      • Maarten Aalberse dit :

        Au moins que tu joues un peu l’avocat du diable, Alain, je suis surpris que tu vois un problème là où il s’agit presque d’une évidence pour moi et pour tout ceux qui préconisent un travail sur soi approfondi pour les thérapeutes…

        Dans le cas de la TAT : il est nécessaire que le thérapeute puisse accepter, sans être réactif, le problème tel que le patient le présente et l’histoire lourde que l’on peut soupçonner et parfois sentir (même si le patient ne le décrit pas) à la base de ce problème.
        Pour simplifier, il s’agit selon moi de la capacité de rester dans un état de pleine conscience.

        Mais OK, le « ne rien ajouter » dont tu parles, c’est probablement une des choses le plus difficile : renoncer à ces propres interprétations, besoin de contrôler au moins un peu le processus, savoir accueillir avec bienveillance ces propres réactions contretransférentielles et ainsi maintenir un équanimité.
        Ne rien faire… pour nous les occidentaux probablement parmi les défis les plus grands…
        Au moins pour moi !;)Mais cela va doucement mieux… enfin je l’espère!

        Mais, sur le fond, il n’y a pas de magie derrière cela, me semble-t-il… « Juste » un sacre travail sur soi, sur le plan personnel et aussi transpersonnel.
        Ce qui est intéressant dans la TAT, c’est que elle agit sur ces deux plans… Au moins en principe.

        C’est vrai que Tapas avait tendance de ne pas mentionner cette dimension-là, justement par modestie/ par peur que la TAT soit réduit à descapacités présumés extraordinaires de Tapas elle-même. Mais après « pression » de plusieurs de ses étudiants (dont votre dévoué M.) elle l’a finalement assumé, et depuis une condition principale pour être reconnu comme TAT-pro est d’avoir suivi une formation « cultiver la présence (par la TAT) ». Cela me semble une bonne chose.
        Car après tout, il serait absurde de croire que un technique simple suffirait de faciliter le genre de guérison dont Tapas et d’autres thérapeutes TAT témoignent…
        Vive le non-panacée ! Dirai-je..

        Je reviendrai à un autre moment sur ta première question, car il n’y a pas seulement question de la présence du thérapeute… et là je ne partage pas tout à fait l’opinion de Tapas…

        • oui, Maarten, tu sais bien que j’aime être l’avocat du diable, afin que dieu puisse s’exprimer sur des évidences, qui sans cela pourrait apparaître au commun des mortels comme de la magie,
          et je dois avouer que tu réponds fort bien à mon questionnement diabolique :
          « il n’y a pas de magie derrière cela, me semble-t-il… « Juste » un sacre travail sur soi, sur le plan personnel et aussi transpersonnel. » :
          voilà, c’est cela qui doit être dit, de manière à ne pas donner de faux espoirs à certains qui penseraient que l’apprentissage finalement très facile et très rapide d’un tel protocole comme celui de la TAT – mais on retrouve aussi le même problème dans l’EFT de Gary Graig – leur donnerait tout pouvoir de guérison. L’efficience d’un tel protocole est proportionnelle à un certain état de conscience du thérapeute et à la qualité de la relation qu’il sait tisser avec son client. On en revient presque à une vision rogérinne de la relation thérapeutique, avec l’introduction en plus de la pleine conscience – je suis content que tu la nommes – et peut-être – est-ce que tu en conviens ?- la place de la TAT parmi les thérapies transpersonnelles, surtout si la certification TAT-pro demande une formation « cultiver la présence par la TAT ». Peux-tu d’ailleurs nous en dire plus sur cette formation ? De même, que veux-tu dire quand tu nous mets l’eau à la bouche avec « il n’y a pas seulement question de la présence du thérapeute » ?

          • Maarten Aalberse dit :

            Hello de nouveau, Alain

            Je ne peux pas vraiment te répondre concernant cette formation « cultiver sa présence par la TAT » parce que, à l’époque où je me suis formé dans cette approche (càd il y a au moins 10 ans), cette formation n’existait pas encore.
            Par contre, je sais que le deuxième stage de 3 jours, dont le descriptif peut-être trouvé si l’on ouvre le lien que tu as fourni dans ton article) compte comme équivalent.
            Il y a d’autres critères pour être reconnu comme praticien TAT, que éventuellement je pourrais trouver sur le site international.

            Selon moi, il ne s’agit pas que de la présence (et la technique de la TAT, bien évidemment), mais aussi un savoir faire, dans le sens qu’il est important, surtout en thérapie, de savoir quelle élément de tout ce que le patient partage avec nous va être cible pour la TAT. Cela dépend dune capacité de « piger l’essentiel » d’une part, et de savoir ce que le patient est « prêt » à explorer.

            Là où je diverge un peu : je n’aime pas trop « imposer » un protocole standardisé comme « recette universelle » qui ne correspond peut-être pas aux besoins unique de la personne en face de moi. La « recette » par contre est très utile si l’on veut donner des moyens concrets au patient de continuer ce travail chez lui.
            Donc je préfère continuer avec les « phrases clé » du patient, aussi dans les étapes suivantes (tout en gardant le protocole « en arrière tête »).

            Je suis aussi soucieux que cela ne devienne pas une histoire trop cérébrale, désincarnée. Je trouve cette possibilité réelle (après tout, les mains du patient sont « vers le haut », ce qui risque, selon moi, une conscience réduite du reste du corps).
            Je focalise donc un peu plus sur la dimension émotionnelle que Tapas semble faire, et en plus j’utilise une forme d’aroma-thérapie, ce qui aide le patient aussi de rester mieux branché sur son vécu sensoriel/ émotionnel et donc de rester plus incarné. En plus, une odeur bien choisie peut servir comme un sacre ressource supplémentaire… Comment je fais cela concrètement dépasse un peu le cadre de ce forum, mais je vais probablement faire un clip vidéo que je mettrai sur mon site à venir.

            J’espère que cela répond un peu à tes questions, comme d’hab très pertinentes.

            • Décidément, nous sommes bien en phase en ce moment, Maarten :
              Telle qu’elle apparait dans sa présentation, la TAT semble souffrir d’une sorte de déficit cognitif, sensoriel et émotionnel par rapport au symptôme et sa recherche.
              Tu as raison quand tu dis qu’il y a tout un art du thérapeute quant à la recherche de la cible, de la formulation du problème, qui outrepasse la simple présence – présence qui serait comme un raccourci de toutes les compétences qui font la qualité relationnelle de celui-ci.
              Dans les raccourcis, il y a peut-être plus ennuyeux encore : quand le problème est trop compliqué, ce serait son emballage dans une valise du style « cela est arrivé ». Personnellement, je crois que ce raccourci peut s’employer quand il y a eu déjà un large travail préalable d’explicitation et de nominalisation du problème. Sinon, il y a le risque de travailler sur un non-dit ou un brouillard. Même questionnement sur le travail avec les origines du problème, où il n’est pas obligatoire de les connaître, idem pour les parts de soi-même relatives au problème. Qu’en penses-tu ?
              Ok aussi avec toi, pour le déficit corporel, sensoriel et émotionnel ; mais, est-ce que dans la pratique telle qu’elle est enseignée, cela n’est pas différent ? Qu’arrive-t-il par exemple, si le protocole entraîne une abréaction émotionnelle ? Comment cela se traite ? Par la simple présence et la répétition de la pose ? j’en doute un peu. Dommage que Tapas ne puisse pas répondre à ces questions, en maugréant sur ces français qui ont trop l’esprit critique.
              Pour terminer sur une note positive, je suis d’accord aussi quand tu dis : « La « recette » par contre est très utile si l’on veut donner des moyens concrets au patient de continuer ce travail chez lui. » C’est ce que j’ai souvent fait en donnant le résumé des 9 parties du protocole visible dans le livret, à travailler chez soi. J’ai fait d’ailleurs la même chose avec l’EFT.
              Quant à ta pratique d’aromathérapie, j’ai hâte de lire ton site à venir. L’odorat est effectivement l’expérience sensorielle la plus archaïque et la plus profonde, largement oublié en psychothérapie.
              En conclusion, j’ai envie de dire que le protocole TAT est un bon protocole à la fin d’une psychothérapie, quand il y a déjà eu tout un travail préalable cognitif, émotionnel et sensoriel. C’est aussi un bon passage ou un chemin vers une dimension transpersonnelle ou spirituelle de la psychothérapie, à mettre en relation avec des exercices de pleine-conscience thérapeutique.

              • Maarten Aalberse dit :

                Pour répondre à tes conclusions, Alain, j’ai envie de t’écrire une petite étude de cas, très résumée, avec une femme américaine, qui n’avançait pas dans sa thérapie +/- rogerienne, purement verbal (hélas, je ne sais plus depuis combien de temps, mais si je ne me trompe pas, c’était depuis quelques mois.
                Elle souffrait de stress post-traumatique, depuis que son partenaire ait mis son revolver (on est bien aux Etats-Unis…), lui disant : « je vais te tuer ». Elle voyait son doigt sur la gâchette… Qu’il a tiré ensuite. Il n’avait pas de balle dans le revolver (ce que ce monsieur savait, son objectif était.. bon on le devine).
                Avant la séance avec moi, elle avait fait une séance préparatoire qui l’a fait découvrir la TAT qui l’a permis d’avoir quand-même un peu de confiance dans cette approche. Mais cette événement terrifiant n’a pas encore abordé, ce qu’elle voulait faire avec moi.
                Elle était d’accord de travailler sur les mots « le doigt sur la gâchette ». Bien évidemment elle était vite dans une panique énorme.
                Après deux minutes dans la pose, elle me reportait qu’elle était plus calme (ce qui était perceptible pour moi aussi) mais sorti de son corps. Je lui ai demandé où elle était alléé, et s’était en haut et à gauche de son corps. Je lui demanda : « En allant là-bas, qu’est-ce que tu veux protéger ainsi ? », « Mon coeur ».
                Je lui demanda de revenir dans la pose TAT, avec la phrase : « Je fais ceci pour toi, mon cher coeur ».
                Elle resta un bon moment avec « cela », et c’était beau de voir la couleur revenir dans son visage, et des larmes qui commençaient à couler. En sortant de la pose elle resta avec ses larmes, et moi avec elle.
                Enfin elle disait : « Que cela fait du bien de sentir ces larmes, plutôt que cette panique »…
                Et suivant ma suggestion, elle rentra de nouveau dans la pose pour dire à ces lames comment elles étaient de bienvenues.
                Bien évidemment elle se sentait très vulnérable après, mais aussi plus proche d’elle-même et quand-même plus en paix, en me disant : « Maintenant je sais que je peux m’en sortir, et aussi que je peux mieux profiter de mes séances thérapeutiques (avec son thérapeute rogerienne). Et elle savait aussi que, si besoin, elle pouvait reprendre contact avec moi par téléphone (Skype n’existait pas encore, à l’époque) où mieux peut-être, avec un autre thérapeute TAT certifiée. D’après que j’en sache, elle n’en a pas senti le besoin…

                Et pour, en très bref, revenir à tes réflexions sur les souvenirs… je crois que là, effectivement, beaucoup dépend du savoir-faire et savoir-être du thérapeute. Mais l’expérience générale est que, avec un thérapeute compétent, les souvenirs reviennent, quand la personne est prête à les accueillir. Donc je ne crois vraiment pas que c’est à priori nécessaire d’attendre jusqu’à la fin d’une thérapie pour introduire avec succès la TAT…

                Bonne fin de journée, Maarten

                • Quel bel exemple Maarten et comme tu as raison : il n’est donc pas nécessaire d’attendre la fin d’une thérapie pour utiliser la TAT, autant pour moi.
                  Par contre, ce que je perçois, c’est que tu utilises la TAT de manière très créative et non conventionnelle, sans passer mécaniquement par toutes les étapes du protocole, ce que j’admire encore plus, car c’est un peu comme cela que j’aime procéder moi aussi, c’est comme cela que j’ai souvent aussi complétement changé le protocole EMDR.
                  D’ailleurs tu commences comme avec l’EMDR en cherchant la cible du SPT, puis tu fais la pose TAT ; le rapide retour au calme après 2 minutes, est-ce que tu l’attribues à l’efficience de la pose TAT avec ses points d’acupuncture, ou à un ensemble d’éléments plus complexe ?
                  Ensuite, tu détournes beaucoup le protocole TAT, en faisant venir l’attention sur le corps et ses sensations et en induisant une très belle suggestion « je fais ceci pour toi mon cher coeur » ; du coup je comprends beaucoup mieux ce que tu veux dire par rapport à ton message précédent sur le fait d’utiliser beaucoup plus la sensorialité du corps que ce qui semble préconisé à la lecture du protocole, tout en insistant sur le pouvoir de suggestion du thérapeute – ce qui ne me semble pas non plus très orthodoxe.
                  Ce que je voulais savoir, c’est si tu as l’impression de faire toujours de la TAT dans cet exemple, ou si c’est une belle illustration de la psychothérapie intégrative et créative qui mélange avec bonheur des techniques différentes dans un moment de grâce intuitive du thérapeute ?

  3. Maarten Aalberse dit :

    Parmi les choses que nous avons en commun, Alain, c’est que l’orthodoxie ne nous réussit pas très bien…

    Je crois que ce genre de travail que je viens de décrire et l’effet obtenu était dû à plus que « seulement » la TAT, et un peu par respect pour cette belle rencontre – car c’est comme ça que je l’ai vécu – je suis réticent à l’analyser plus…

    Concernant ta dernière question, il reste vrai que, quand je propose la TAT, même dans ce forme « libre » et comme tu dis à juste titre « intuitive », je me sens toujours « lié à Tapas », pas nécessairement consciemment d’ailleurs. C’est une femme qui m’a profondément marqué.
    Et cette re-présentation d’elle induit un état en moi que je considère l’essentiel de la TAT.
    Tu comprends ce que je veux dire?
    Ce n’est pas un truc de gououisation, ni sectaire…

    C’est de l’inspiration, et de la gratitude pour cette inspiration.

    • Comme je comprends Cela et comme c’est bien dit, Maarten !
      Il y aurait beaucoup de choses à dire sur Cela, sauf que Cela dépasse largement le pouvoir des mots, mais essayons tout de même de balbutier…
      Il s’agit de l’impact que peut produire un enseignant, un instructeur, voire un maître, – mais pour le maître, nous arrivons sur des terrains mouvants -, par rapport à son enseignement, selon la dimension de conscience où il se trouve au moment de l’enseignement. S’il se trouve à un niveau élevé que nous nommons spirituel, transpersonnel, etc, la transmission est tout autre et donne à l’enseigné une incroyable liberté intérieure, une grâce intuitive, une créativité qui va bien au delà du contenu de ce qui est enseigné, comme par exemple ce protocole TAT en 9 ou 10 étapes. Ce qui n’enlève rien au bien fondé du protocole qui permet à des dimensions inférieures de la conscience – le mental surtout, mais aussi l’énergétique, l’émotionnel, le physique de se structurer, de se préparer.

      Ton exemple pose aussi la question du fantasme de n’importe quel thérapeute qui guérit un symptôme grave comme le STP en deux minutes. Je crois à ton exemple, je crois que c’est possible et que cela peut arriver dans certaines conditions exceptionnelles, où il y a justement une transmission qui se fait à un haut niveau de conscience (transpersonnelle). Me vient bien sûr alors à l’esprit la métaphore de la cible et du tir à l’arc – surtout que la cible est le terme que tu emploies très justement au sujet du problème. Le thérapeute, ainsi que le décrit Herrigel dans « Le Zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc », doit être un bon tireur à l’arc…
      Bonne journée de pleine lune avec éclipse totale … Wouah, c’est très fort !

      • Maarten Aalberse dit :

        Hello, une fois de plus, Alain

        Il y a trois détails/nuances que j’aimerais mentionner encore…

        1)Tapas travaille beaucoup avec des croyances/ le niveau cognitif. « tout ce qui m’a a amené à croire que… »
        Un alternative (qui est bien faisable, sans provoquer des abréactions parfois difficiles à gérer, en incluant dans la pose TAT une ressource olfactive, comme décrit plus haut) est : « Tout ce qui m’a amène à sentir … »

        2) Quand cela semble juste, un étape vers le pardon peut vraiment être une délivrance. Sauf que le thème de pardon est souvent pénible. Mais il suffit pleinement de focaliser sur « j’espère qu’ils vont bien et s’épanouissent dans leur vie ». Au lieu de la rancune (qui fait en sorte que nous restons coincé dans des relations -intériorisées- douloureuses) on commence à se sentir bienveillant, et de sentir un soulagement voire joie, en imaginant l’autre dans un meilleur état. Une joie qui peut être palpable en nous. Une joie que, personnellement, je ne ressens guère quand je « pratique le pardon ».
        Cela implique aussi le principe que, quand quelqu’un nous fait mal, c’est parce qu’il ne va pas bien….

        3) Cette joie rend aussi accessible une authentique gratitude « vers tous ceux qui nous ont inspiré et aidé sur notre chemin de vie ».

        • Merci Maarten, d’introduire le thème du pardon, très important bien sûr dans toute thérapie qu’elle soit individuelle ou mieux collective, le ressentiment, la rancune, la vengeance étant les maux les plus graves qui rongent l’humanité depuis sa création.
          Je doute un peu qu’un simple affirmation couplée à la pose TAT puisse guérir comme par enchantement de cette profonde maladie aux racines quelquefois, le plus souvent, psychogénérationnelle ou peut-être karmique.
          Mais bon, il faut essayer et j’ai envie de dire que c’est une autre culture psychothérapeutique, où en deux minutes il y a promesse de guérison. Moi, je suis de la culture de la psychothérapie humaniste des années 60 (Reich, Gestalt, Pnl, Erickson, Maslow, etc), où le processus thérapeutique prend du temps, surtout par rapport à des questions profondes comme le pardon.
          Personnellement, j’utilise le long protocole de Colin Tipping sur le « Pardon radical » ou un autre protocole tout aussi long du Dr Laskow, avec en conclusion au bout de ce processus la phrase magique de Ho’oponopono « Désolé, Pardon, Merci, je t’aime » qui permet parfois une grande détente suivie d’un sourire de compassion pour notre vie humaine, trop humaine…

          • Maarten Aalberse dit :

            Continuons encore un peu, donc, Alain…
            Tu t’en doutes, je partage tes réserves sur « la guérison cocotte minute ».
            Déjà, je suis très réticent à utiliser le mot « guérison » dans ce cadre – une traduction un peu approximative de l’anglais « healing » (ce dernier avec une connotation de devenir plus « whole ») comme processus d’une vie entière – pour ne pas dire plusieurs vies…).

            Ce n’est pas un secret, car Tapas l’a mentionné ouvertement : quand elle était diagnostiquée avec une cancer du sein assez grave, elle s’est mis à un travail sur elle encore plus intense et… elle a découvert combien de colère non reconnue elle portait en elle. Cela ne m’étonnerait qu’une pratique de pardon un peu trop « imposée », forcée, a aussi renforcé un refoulement de cette colère… C’était pour elle une réalisation cruciale.
            Tu sais que c’est un sujet qu’Alice Miller a élaboré en détail, et pour cause…
            (D’ailleurs, Tapas a pu « guérir » – la le mot est à sa place – avec beaucoup moins de chimiothérapies que prévue par l’oncologue, entre autre grâce au TAT intensifiée et d’autres approches parallèles).

            Par contre, là où je suis peut-être un peu moins sceptique que toi, c’est sur le bienfait de « s’ouvrir à un champs de pardon », se connecter à quelque chose en nous qui « pardonne d’avance »…
            Où.. à cette bienveillance profonde qui est, je crois, une dimension intrinsèque de notre être…
            C’est ainsi que je vis ces étapes dans le protocole de TAT… Pas comme une « guérison à la va-vite », mais comme porte d’accès à quelque chose de plus profond en nous, toujours là, mais si souvent ignorée…

            • « où je suis peut-être un peu moins sceptique que toi, c’est sur le bienfait de « s’ouvrir à un champs de pardon » non, Maarten, je ne suis pas vraiment sceptique, je pense juste que le pardon est le résultat d’un long processus, avec au début la nécessité d »évacuer la colère refoulée en « catharsis » par exemple, puis dans une plus profonde libération intérieure passer progressivement dans une dimension compassionnelle qui n’est pas à la portée de tous et qui de toute manière ne légitime pas les actes commis.
              Sûrement que la TAT aide à sa manière à l’émergence de ce niveau de conscience, au milieu d’un ensemble de techniques et de réflexions sur cette essentielle. Connais-tu « Larry Nims », le créateur de BSFF (Be Set Free Fast), qui a stimulé Tapas Fleming pour le travail sur le pardon ?

  4. Maarten Aalberse dit :

    Concernant ce «  »long processus »…

    Hier j’ai reçu un message de Tapas qui aborde ce thème très bien, et rectifie des impressions que la TAT serait un « quick fix ».
    Je le traduirai ce weekend et le posterai ensuite.
    Car il s’agit d’un thème essentiel, qui devrait être clarifié.

    • oui, Maarten, c’est une question importante, que la TAT donne parfois l’impression d’un « quick fix », alors que j’ai plutôt la vision de la thérapie comme un processus de longue haleine, peut-être même jamais fini – sans pour autant partager l’interminable psychanalyse pour laquelle j’ai beaucoup trop donné…
      Comment pourrait-on traduire « quick fix » ? : une fixation rapide (du symptôme) ? J’ai tendance à utiliser pour cette idée le terme de « protocole » pour lequel je n’ai pas que de la sympathie, puisque je suis passé par une longue formation à la PNL, où le protocole est roi – une idée reprise même parfois en hypnose éricksonienne, ce qui est un comble ! L’EMDR m’a donné parfois aussi l’impression d’un protocole comme une mécanique lourde et j’ai tendance à utiliser l’EMDR, de manière créative, en dévoyant sans cesse le protocole.
      En lisant le protocole TAT, je retrouve un peu mes réticences : qu’en penses-tu et surtout qu’en pense Tapas, j’ai hâte de lire son texte.

  5. Maarten Aalberse dit :

    Une fois de plus, on est bien d’accord sur l’essentiel, Alain.
    Et comme toi, je suis ravi d’avoir lu que Tapas elle-même rectifie ce tir…

    « Fix », c’est de l’argot américain pour « réparation ».

    Et oui aussi sur les limites des protocoles; il me semble que celle-là sont utiles (voire nécessaires?) dans l’apprentissage d’une nouvelle approche, pour faire en sorte que l’on ne retombe pas trop sur des anciennes habitudes. Mais une fois que l’on « maîtrise » le protocole, il est grand temps de la renvoyer dans un lieu en arrière-tête, pour moi se laisser guider par ce qui se passe réellement, ici et maintenant, et d’oser son intuition – tout en restant curieux sur ce qui se produit et respectueux du feedback (verbal et surtout non-verbal) de nos patients.

  6. Maarten, je me pose une question au sujet de la TAT : est-ce que la pose induit une sorte d’ EMC « Etat Modifié de Conscience) ?
    C’est important pour moi en ce moment, car j’écris un article sur les EMC et j’ajouterai bien un petit paragraphe sur certains protocoles style EMDR, EFT et TAT.
    J’espère que ça ne va pas trop interférer sur la suite de notre discussion sur les « quickly fix ».
    Bon WE

  7. Maarten Aalberse dit :

    La réponse courte, Alain: oui.

    Tapas elle même détaille un peu comment la pose facilite la pleine conscience et une dissolution de points de référence fixe.

    Il y a des bonnes raisons sur le plan psychophysiologique pour expliquer en quoi la pose a un effet (souvent profondément) apaisant et fluide.

    Et la réponse la plus prévisible que j’obtiens quand les personnes entrent dans « la pose »: que cela fait du bien, que c’est apaisant » – et leur façon de le dire illustre bien que, pour eux, il s’agit d’un EMC..

    • J’en étais sûr, et je trouve, de plus, intéressant, que Tapas considère la pleine conscience comme un EMC, cela n’est pas souvent dit, non plus, et cela fait un chapitre de cet article que je prépare sur les EMC.

  8. Maarten Aalberse dit :

    Je ne crois pas que Tapas pense en termes d’ EMC, Alain.
    Par contre, sur l’aspect méditatif/ pleine conscience/ non attachement et la dissolution de points de vue fixes, là elle est explicite.

    Donc ce rapprochement avec les EMCs, cela vient plutôt de votre dévoué.
    Après, tout dépend de comment on définit les EMCs…

  9. Maarten Aalberse dit :

    Je sens la nécessité de revenir à ce sujet, quelques semaines après le stage de Tapas sur la magnifique Île de Houat.
    Ceci surtout parce que, là où auparavant j’avais quelques réserves sur la façon de travailler de Tapas, mais aussi beaucoup d’appréciation pour son approche, je suis rentré très, très critique, avec un sentiment de « plus jamais ça ».
    Le fait que les séances en individuel qu’elle a fait, surtout les deux premiers jours, n’étaient pas très convaincants n’est pas la raison la plus importante. Après tout, chaque thérapeute a des bons et moins bons moments, et Tapas était fatiguée et malade, surtout au début de cette formation (assez chère, d’ailleurs). Donc sil ne s’agissait que de cela, on pourrait encore dire, OK.

    Sauf que son slogan « real change, real easy » est une leurre. Le changement cherché n’était pas si facile que cela. Pas un scoop pour nous, mais raison pourquoi je me demande comment on peut maintenir un tel slogan?

    La fait que Tapas est californienne est probablement une partie de la réponse, mais quand-même…
    Il y a autre chose. Pour moi c’était aussi une illustration du danger de trop s’identifier avec son côté lumineux, joyeux, aimant. Le danger étant, bien évidemment, que ainsi on occulte aussi ses côtés « ombre ». Qu’ensuite on risque de projeter sur des autres et sur des dimensions disons paranormales / occultes . Et je crains que c’est le cas avec Tapas.

    ce qui me ramène à l’autre sujet que je « dois » aborder: le travail avec des « entités attachés », voire des « entités parasitaires », termes utilisés par Tapas, et sujet abordé très à la légère, avec des conséquences loin de positifs.

    Je vais m’y mettre, cela nécessite un peu de temps de réflexion de ma part.

    Comme tu l’as dit, Alain, on touche là le thème du « néo-chamanisme », sujet qui va au delà la TAT, et qui mérite sûrement une discussion séparée aussi. Mais c’est aussi, je l’ai compris pendant ce stage, un thème directement lié à la TAT. Et j’y ajouterai: « hélas ».

    Ce qui va être le sujet de mon prochaine commentaire.

  10. oui, Maarten, le thème des « entités » est important, car j’ai l’impression qu’il circule pas mal, par les temps qui courent, dans le petit monde psy.
    L’influence neo-chamanique, mais aussi religieuse au sens judeo-chrétien, me semble manifeste avec le désenvoutement, les rituels de dépossession, etc…
    Inutile de te dire que je n’aime pas du tout cela et cela m’attriste que Tapas se laisse aller sur cette pente douteuse et glissante.
    Ce qui me gêne le plus là-dedans, comme je l’ai déjà dit, c’est l’omnipotence du thérapeute, qu’un tel système de croyance implique ; et en cela par rapport au courant humaniste de la thérapie occidentale, je crois que c’est une profonde régression liée au « n’importe quoi » de l’époque actuelle, à la recherche du spectaculaire, du rapide, du protocolaire, avec surtout ce qui le sous-tend : le « business », car j’ai remarqué que plus une méthode est spectaculaire, rapide et nécessitant les pouvoirs surnaturels d’un thérapeute, plus elle est chère.
    Quelle régression pour nous qui avons été formés sur l’importance de l’écoute, de la relation, de la nécessité d’un long travail sur soi-même pour accéder à l’autonomie, etc.
    Il y a deux exceptions à ce point de vue pour moi :
    j’admire certains chamanes des peuples premiers et le récit de leurs méthodes de guérison, en particulier en Mongolie et chez les indiens Kogis ; je crois qu’au sein d’une culture tribale traditionnelle, ces méthodes sur les entités, les esprits peuvent avoir un impact important, mais quand elles sont colportées mécaniquement dans la culture occidentale, cela me parait le plus souvent ridicule et non advenu, à moins d’une longue intégration élégante et profonde qui ne nous rappelle pas les souvenirs d’un judeo-christianisme obscurantiste.
    La deuxième exception, c’est quand je reçois un client qui croit dur comme fer qu’il est possédé. Je respecte sa croyance, mais je lui dit que je ne suis pas la bonne personne pour lui et dans mon carnet d’adresses je l’envoie à quelqu’un qui n’a pas l’air de faire trop de grabuges. Puis je lui demande de revenir me voir éventuellement pour faire un autre travail en profondeur.

  11. Maarten Aalberse dit :

    Il y a beaucoup à dire, à ce sujet épineux, Alain.

    D’abord, pour être juste avec Tapas : elle croit pouvoir donner des moyens à ceux qui la consultent, de libérer (donc pas seulement SE libérer) des présumés entités, et dans ce sens-là je ne crois pas qu’elle alimente une dépendance malsaine.
    Mais le mot clé est « présumé », et c’est en partie là, où le bât blesse pour moi.
    Car un « voyant » devrait, selon moi, avoir la modestie de dire ouvertement que les « informations » acquises par des moyens disons « autres » ne sont que ses impressions à lui. Il ne s’agit que des hypothèses. Et bien évidemment, on ne peut pas exclure :
    des projections de la part du « voyant »
    des métaphores prises comme « réalités occultes ». Par exemple une femme qui avait le droit d’entendre (dans un état très fragilisé par un processus thérapeutique bouleversant) qu’il y avait des « entités » qui la influençaient de façon disons pas très bénéfiques. Il se trouve qu’elle était abusé dans sa jeunesse, qu’elle était puni par son père quand il était intervenu, qu’il n’y avait pas moyen pour elle pour en parler ensuite, etc. L’image des entités « perçues » devrait être d’abord considéré comme une métaphore pour cette réalité douloureuse.
    Des métaphores pour des désirs pas avoués du patient.
    Malheureusement Tapas (qui n’est pas très au courant des « psychologies de la profondeur ») n’a pas respecté ces précautions.
    Et cela a eu des conséquences néfastes, qu’elle a du mal à reconnaître (au moins pour le moment).
    Là on est dans des problèmes iatrogènes… ou dans le domaine de l’effet « nocebo » ?

  12. Merci Maarten, tu dis :
    « Car un « voyant » devrait, selon moi, avoir la modestie de dire ouvertement que les « informations » acquises par des moyens disons « autres » ne sont que ses impressions à lui. Il ne s’agit que des hypothèses. » tout à fait d’accord, c’est que j’appelle dans mon langage « l’omnipotence » du thérapeute, qui entraîne la plupart du temps la dépendance, car il n’y a aucun travail personnel en profondeur qui est demandé au client, celui-ci doit s’en remettre aux pouvoirs magiques du « voyant » pour qu’il le débarrasse de ses entités.
    Tu dis aussi : « L’image des entités « perçues » devrait être d’abord considéré comme une métaphore pour cette réalité douloureuse. » Encore une fois tout à fait d’accord, Maarten. Je dirais que c’est la métaphore malheureuse et dangereuse d’une partie intérieure de la personne souffrante, que l’on appelle communément dans une thérapie qui donne du pouvoir à la personne, « sa part souffrante », car à partir de là, la personne a une prise sur sa souffrance par les techniques habituelles de régression dans son inconscient archaïque, ou sa mémoire la plus ancienne.

  13. Maarten Aalberse dit :

    Hello Alain, on est très largement d’accord…

    J’aimerais juste ajouter quelque chose à propos de ce que tu dis ici :
    «  à partir de là, la personne a une prise sur sa souffrance par les techniques habituelles de régression dans son inconscient archaïque, ou sa mémoire la plus ancienne. »

    Il me semble que le plus important est que la personne découvre que, ici et maintenant, il est capable de faire (de nouveau) ce qu’il n’a pas pu faire dans cet état de pétrification qui caractérise souvent ce genre de traumatisme. Par exemple qu’il découvre, dans son corps, qu’il peut fuir, qu’il peut dire « non », qu’il peut demander de l’aide, qu’il peut dire « sa vérité » et que cette vérité soit validée par un témoin bienveillant.

    Il s’agirait donc de bien plus (ou autre?) d’un « catharsis » ou d’une « décharge émotionnelle ».

    • oui, Maarten, ce que tu dis là complète très bien ce que j’ai dit : il y a le travail de régression afin de retrouver l’origine du symptôme pour une reviviscence neutralisante – je pense plutôt à l’EMDR, TIPI, le changement d’histoire PNL, etc -, il y a ce que tu dis afin que la personne trouve dans l’ici maintenant les ressources nécessaire, et il y a la catharsis pour évacuer le trop plein émotionnel ; le trait commun à tout cela c’est de donner à la personne du pouvoir pour dépasser son symptôme, lui donner une marge d’autonomie consciente, tout le contraire des méthodes magiques neo-chamaniques qui finalement privent la personne de son pouvoir et ne lui donnent que des rémissions éphémères, tout en flattant le narcissisme du thérapeute.

  14. Maarten Aalberse dit :

    Personnellement, je ne vois en quoi dans par exemple le Tipi, la dis-association Visuel & kinesthétique (le traitement PNL indiqué quand il s’agit de vrais traumatismes), le changement d’histoire (dans les cas des traumatismes moins sidérants), etc. il s’agit d’une approche dite « cathartique ».
    Pourrais-tu en dire plus, Alain ?

    • houla ! ça devient très technique Maarten, j’ai peur que nous importunions quelques lecteurs potentiels, pas forcément psys.
      Pour moi TIPI et le changement d’histoire PNL ne sont pas très cathartiques, surtout la PNL comme je l’ai apprise, qui n’aime pas trop les émotions et se satisfait d’une simple prise de recul conscientisante.
      Pour moi la catharsis émotionnelle fait partie d’un autre chapitre avec des méthodes différentes que j’appellerai neo-reichiennes ; mais bon, il y a des possibilités d’intégration afin de passer sans problème d’une approche TIPI ou PNL à quelques « hurlantes » reichiennes, tout dépend du niveau d’intégration du thérapeute. Est-ce que je suis suffisamment clair ?

  15. Maarten Aalberse dit :

    Oui, merci Alain

    Sur le fond la question ne me semble pas trop technique: est-ce qu’il est nécessaire de s’appuyer pour des techniques « cathartiques » pour guérir des traumatismes – comme on l’a cru dans la majorité des approches dites « humanistes, dont les techniques « néo-reiciennes »?

    Je suis content que tu sembles être d’accord avec moi que ce n’est pas, ou au moins pas toujours, nécessaire.

    Ceci est important parce que pour un bon nombre de troubles une approche cathartique est risquée, pour ne pas dire contra-indiquée (par exemple pour des patients dits « borderline »).

    Jai vu trop de personnes pour qui les problèmes devenaient (encore plus) ingérables parce qu’elles croyaient qu’il était nécessaire de « décharger » leurs émotions intenses. Ensuite, elles se sentaient souvent encore plus envahies par leurs émotions et devenaient aussi plus intrusives envers leur entourage…

    Il y a aussi le risque que cette quête de « décharge » devienne une nouvelle façon de ne pas accepter ses émotions…

    • Je suis d’accord, Maarten, avec toutes ces critiques sur la catharsis émotionnelle, qui d’ailleurs ont un air de déjà vu, voire rabâché.
      Par contre, ce qui me réjouit, c’est que nous soyons amenés à parler « catharsis », au milieu de ces protocoles clean et aseptisés, comme la TAT, protocoles bien à la mode dans une époque qui se ment sur l’essentiel, car derrière ce monde de plus en plus virtuel, j’entends les émotions qui grondent et vont tout balayer…