Il y a quelques temps, je suis tombé avec bonheur, sur un superbe petit livre :
« La sagesse des oiseaux » d‘Erik Sablé.
Dès le titre, la couleur est annoncée :
il ne s’agit pas d’un nième livre d’observation sur la vie des oiseaux avec force photos,
voilà un livre qui insiste sur la dimension spirituelle des oiseaux.
C’est cela qui fait toute la différence, c’est cela qui m’a surtout intéressé,
car depuis toujours je partage cette vision des oiseaux
en tant que créatures révélatrices de la transcendance,
c’est à dire familiers d’une dimension supérieure de la création,
celle qui se trouve vers le ciel, bien au dessus des limites de la terre...
Voici d’abord quelques extraits du livre insistant sur cette transcendance des oiseaux
L’âme oiseau
Dans beaucoup de traditions religieuses, de croyances populaires, de mythologies, l’âme est un oiseau.
Si le corps appartient à la terre, l’âme se lie au ciel. Elle est un principe ailé, une conscience ascendante , fluide, libre, qui demeure tout au fond, emprisonnée dans « l’argile du corps » comme « l’oiseau dans sa cage »(…)
Pour le poète soufi, l’âme oiseau a la nostalgie du bleu du ciel. Elle aspire au grand envol. elle veut secrètement la lumière des hauteurs transcendantes. Elle est donc ressentie comme une poussée ascendante, une volonté d’échapper à la pesanteur, à la gravité. Pour cela l’homme du mythe se vit toujours tombé de quelque paradis sur une terre maudite parce que pesante.
ainsi se révèle le rêve secret de l’homme : devenir oiseau.Ornithomancie
La divination par l’observation du vol des oiseaux ou l’écoute de leur chant
fut très largement pratiquée durant toute l’Antiquité.
En Grèce elle était tellement répandue que le mot grec pour oiseau, ornis, voulait dire présage. De même, les auspices romains regardaient si l’oiseau battait des ailes ou planait, volait en suivant une courbe ou une droite, s’il venait de la droite ou de la gauche, pour en conclure des prédictions relatives aux événements de la cité.
Les oiseaux sont la parole du ciel, la parole de vérité.
Dans un article du magazine « Le journal du yoga » n°189 décembre 2017, Erik Sablé donne quelques détails supplémentaires de cette discipline qui fut pratiquée en Inde, en Perse, à Babylone, chez les Assyriens, les Incas, les Aztèques, etc ; il nous raconte aussi comment il utilise chez lui, un moineau apprivoisé, qui pour trouver la réponse à un problème, tire toujours une réponse judicieuse parmi les petits bouts de papier qu’on lui présente, où sont écrites diverses suggestions de réponses.Devenir oiseau
Si devenir un oiseau est un rêve pour l’Occident du XXe siècle, il est tout à fait réalisable dans l’ancien Tibet, du moins si l’on en croit un vieux texte de Sakya Shri, « le fou mendiant », intitulé : Le sentier du transfert de la conscience ou Po-Wa. Il faisait partie des techniques secrètes enseignées par certains maîtres.
Dans ce texte, le principe de conscience se séparant du corps est comparé à « un oiseau s’envolant d’une lucarne ouverte« . La lucarne est le Bhramaranda le centre subtil au sommet du crâne par lequel la conscience (ou l’âme) unie au souffle et aux énergies vitales, s’échappe après la mort ou durant le processus de libération spirituelle, comme un oiseau qui s’envole vers le ciel (…)
Dans la Hamsa Upanishad, « L’Upanishad de l’oiseau migrateur« , il est dit assez mystérieusement « qu’il faut méditer encore et encore sur l’oiseau (…) car c’est par la connaissance de cet oiseau que l’on devient libre à jamais »…
2. Poésie personnelle à propos des oiseaux
J’ai toujours été fasciné par les oiseaux, surtout par les oiseaux de Mer.
Voici quelques poèmes que j’ai écrit il y a déjà longtemps,
mais je pourrai toujours les écrire actuellement sans en changer un seul mot.
Tu avances
tout doucement
sur la pointe des piedsguidé par les battements d’ailes
des grands oiseaux marinsseras-tu digne de ce chemin aérien ?
seras-tu assez léger
assez transparent
pour rejoindre la portela porte grande ouverte
dans le bleu du ciel ?
Ici
c’est un lieu
à faire crier de plaisir
les goélands argentés
les mouettes rieuses
les pétrels agilesici c’est un lieu
pour élargir la brèche
cachée dans le cielen déployant ses ailes…
Ici,
il y a une porte
entrouvertemais pour s’en approcher
il faut rester là longtemps
seul
immobileguettant dans le ciel un signe
alors de temps en temps
un grand oiseau de mer
passe
avec aisance
en déployant ses ailesmontrant de son bec
avec précisionla direction.
Le ciel
s’est chargé d’un long sanglotle regret sans doute des splendeurs passées
quand les prières scandaient les saisons
dans les villages à l’unissonon entend alors le cri des derniers oiseaux
trouant le silence de la nuitet sur la page du poème refermée
frissonne l’effroi de leur battement d’ailes.
(Les litanies de l’île 1985)
La sagesse ailée d’ « Anny des hirondelles »
Depuis longtemps intervient sur mon blog Anny.
Un jour elle m’a envoyé ce texte, et je me suis juré de le publier un jour sur mon blog.
L’occasion est toute trouvée, il s’agit d’un chapitre important de « la transcendance des oiseaux ».
“Cessons de nous prendre pour des êtres supérieurs !
Soins palliatifs et animauxBonjour, j’ai envie de vous parler de notre action pour la nature en général, les animaux et les oiseaux en particulier…
Je pense que tout être qui veut grandir en conscience aime la faune et la flore si malmenées et mécomprises de nos jours. Combien de religions et de philosophies prônent la supériorité de l’homme sur le reste de la création ? Alors que certaines traditions plus sages parlent d’unité du vivant, d’interdépendance générale, d’un tout indissoluble.
Nous avons lancé il y a quelques années une petite association locale, La Voie de l’Hirondelle, qui avait pour but au départ de protéger les hirondelles et les oiseaux en général dans trois hectares de plantes sauvages. Puis nous avons recueilli d’autres animaux, comme des oiseaux de volière maltraités ou abandonnés, quelques chiens, un ou deux chevaux sauvés de l’abattoir, une chèvre, etc…
Nous avons en ce moment une soixantaine de bêtes, hébergeons des grenouilles et batraciens dans de petits bassins, édifions des abris à insectes ou autres petits êtres utiles à la vie, etc….
Nous avons donc étendu notre modeste action à plein de petits gestes pour inciter au respect de la vie sous toutes ses formes.Dans le même temps, j’ai étudié diverses philosophies, telles le jaïnisme, le taoïsme, le bouddhisme, qui me semblaient plus en accord avec l’amour de la nature. Cela m’a aidé à faire face à toute cette détresse, que je voyais quand de malheureux animaux arrivaient dans notre réserve refuge. Nous avons vite été au complet et comme j’avais fait des études d’auxiliaire vétérinaire, cela m’a grandement aidé à soigner les perruches ou tourterelles malades ou blessées.
J’ai donc, de plus en plus, été obligée de gérer des soins palliatifs. Surtout pour les oiseaux en fin de vie, qui avaient eu ou pas des contacts avec des vétérinaires, parfois spécialisés. Mais je me trouvais seule au moment décisif, administrant des calmants pour faciliter le passage, ou réconfortant de mon mieux la petite âme blessée.
Lors de l’envol d’Hélios, quand j’ai enterré son petit corps de perruche dans le pré, j’ai commencé à me poser plus sérieusement des questions, sur mes capacités à suivre les animaux après leur mort dans leur au-delà. J’adorais cet oiseau apprivoisé, il aimait ma petite Ity de tout son coeur. Héliou est décédé sur mon ventre bien au chaud et ça m’a chamboulée. Mais quand j’ai mis son être dans la terre, il est parti à tire-d’ailes dans les arbres et il était heureux. J’en étais sûre. C’était rassurant, magnifique. Il y avait des oiseaux sauvages qui chantaient aussi.
Ensuite, il y eu la mort de Pschitt, perruche ondulée jaune et verte, apprivoisée elle aussi, libre dans la maison. Je l’ai caressée avant son départ sur la tête, et j’ai revu son “éclat” souvent sur les mangeoires après, proche de nous.
Dernièrement, il se passa encore d’autres départs d’oiseaux et l’un des plus marquants fut le cas de Bubu, perruche violette disparue suite à un grave problème intestinal. Dans la cage où on l’avait mise pour la soigner plus facilement, sur son minuscule corps défunt, un “feu” de couleur s’est élevé, très gros, environ 50 cm de haut. Il était d’un bleu magique. Je sais que c’est mon “filtre” personnel et mental qui a identifié du bleu mais cette façon de jaillir ainsi ne semblait pas venir de mon imagination. C’était comme une “fumée” qui montait dans la pièce. J’ai voulu dessiner le corps de Bubu, mais je n’ai pu faire qu’un ensemble de “flammes” qui ressemblaient à des gaz translucides.
Je ne trouve pas de mots pour décrire cela, car on n’a pas le code linguistique de cet état de conscience. C’était de toute façon trop splendide pour le réduire avec des phrases.Tous ces témoignages n’engagent que moi mais je sais que d’autres en ont plein. C’est aussi pour dire que les animaux, bien sûr, ont aussi un “corps de lumière” comme aiment le nommer les humains en parlant de leurs âmes. Non, ce ne sont pas des êtres inférieurs qui ne souffrent pas, sont peu intelligents, peu sensibles, qu’on peut torturer sans scrupules dans les laboratoires ou dans les abattoirs. Je pense que je pourrai voir l’aura d’une mouche défunte, d’un arbre coupé, d’ici peu. Je n’en parlerai pas à n’importe qui, car on me traiterait de folle à lier. Rire !
Bien des communicateurs animaliers relatent la vie au-delà des bêtes que nous côtoyons et ont écrit des livres dessus, je vais sans doute les consulter pour voir si cela correspond à ce que je vis de plus en plus, côtoyant si souvent leur mort, qui ne serait dans ce cas, qu’une naissance dans un autre état de conscience. Mais je laisse cela à tous les chercheurs qui s’y intéressent de plus en plus sérieusement à notre époque.
Voilà en résumé ce dont je voulais vous parler ici, en toute confiance et loyauté car je vous assure qu’il faut aussi du courage pour dire qu’on voit les “fumées qui s’échappent des cadavres et qu’on discute avec les animaux défunts“ !
Si vous avez aussi des expériences de ce genre, n’hésitez pas à nous les confier. Je ne prétends pas détenir une vérité, ni une science. Je dis ce que je vois, c’est tout, et cela me dépasse déjà beaucoup car il règne une omerta sur ces sujets tabous, ce qui est vraiment dommage.Si vous voulez aider notre association , vous êtes aussi les bienvenus. La Voie de l’Hirondelle, fugier.annie@bbox.fr.
Nos animaux, handicapés, rescapés, perdus ou autres, vous transmettent tous leurs voeux.
Soyez aussi philosophes et heureux de vivre qu’eux. Et face à l’épreuve, prenons exemple sur leur immense courage (hein, petite Bubu !) et leur ferme dignité. Ce sont des maîtres en la matière, si je puis dire avec un certain esprit de dérision face à ce dernier mot
« Anny des hirondelles”
Le moment me semble venu de conclure,
j’espère avoir oeuvré pour nous rappeler à la profondeur spirituelle des oiseaux, telle qu’elle a été décrite et si souvent chantée, dans la plupart des grandes cultures originelles du monde entier.
Il n’y a que cette petite culture arrogante de la modernité occidentale, issue du 18e siècle, centrée sur la matière et la raison pragmatique, qui a refusé et méprisé ces attributs spirituels des oiseaux, de même qu’elle a refusé tout émerveillement et poésie de la Nature, se croyant sans doute infiniment supérieure, au point de mettre en péril l’ensemble de la création sur terre, y compris elle-même.
On appelle cela la 6e extinction des espèces de la nouvelle ère de l’anthropocène, ère où c’est l’espèce humaine qui régit désormais les lois de l’évolution ou plutôt de l’involution de notre planète.
Dans ce grand mouvement d’extinction de la nature, les oiseaux malheureusement n’échappent pas à leur disparition progressive. Tous les indicateurs sont au rouge pour de nombreuses espèces : de 15 à 35% sont en danger d’extinction.
Les causes sont multiples :
le réchauffement climatique bien sûr,
mais surtout l’utilisation massive des pesticides et des insecticides,
la désertification des terres par monoculture intensive,
la déforestation, la disparition des friches et des haies, qui entraînent la disparition des insectes et par voie de conséquence celle des oiseaux,
les lignes à haute tension et les poteaux téléphoniques,
la chasse intensive et le braconnage,
la collision avec les avions, etc, etc…
De plus la France paraît très mal placée dans la liste des pays où le grabuge est le plus fort.
Même les oiseaux les plus communs sont touchés : le pinson, le chardonneret, le verdier semblent de plus en plus absents ; même à Paris le moineau se fait rare, faute d’insectes pour se nourrir. Il ne reste que les pigeons pour remplir leur rôle d’éboueurs des déchets, et sur la Seine quelques goélands et mouettes égarés.
Alors bien sûr, la plus grande mobilisation est nécessaire pour tenter d’arrêter ce désastre, et sauver les oiseaux ;
ce n’est pas seulement une histoire d’écologie, investie déjà souvent par la science et les puissances financières et politiques, il s’agit aussi d’une question de Transcendance :
sans les oiseaux, notre âme se sent un peu plus encore, séparée du Ciel d’où nous venons,
C’est MAGISTRAL. Pas d’autre mot qui me vient à l’esprit.
C’est de l’amour pur et net et beau.
C’est de la magie.
C’est sublime.
Il y a deux jours, j’ai aidé un modeste canari, il était enfermé seul à vie dans une cage minuscule, comme des milliers de canaris dans le monde. En souriant, j’ai enseigné à ses maîtres comment le rendre un peu moins malheureux, en le faisant vivre en petite volière et en lui achetant une copine, par exemple.
Puis j’ai parlé à un monsieur qui me disait que les corneilles portent malheur, noires et habitant les cimetières (!!!!!!). Je lui ai fait abandonner ses préjugés en souriant et en parlant de ces animaux merveilleux. Si intelligents.
Ensuite, une cinquantaine de corneilles sont venues au-dessus de moi, comme pour me remercier de mes propos pour les aider. En criant très fort. Je leur ai donné à manger, comme je fais toujours, et j’ai pleuré de bonheur et d’amour tant la synchronicité était merveilleuse !
J’ai toujours un oiseau sur moi ou presque, une perruche, par exemple, (en liberté chez moi).
(parmi 40 autres dont la plupart recueillis). Dehors, où que j’aille, il se trouve toujours un moineau pour surgir de nulle part à mes côtés. (J’ai toujours de quoi manger dans mes poches pour le remercier ENSUITE )
Notre planète se meurt par notre faute.
Les oiseaux sont des anges, des fées. Ils nous parlent du ciel. Ils viennent quand on les appelle, toujours à point nommé.
Ce sont mes ame-ies… Vos ames-is…
Alain, votre article me touche, puissent plein de personnes le lire, je vais vous diffuser !
anny des hirondelles dite Plumette ity.
Je viens de vous lire sur cet article que je découvre tout bonnement. Personnellement, j’ai fait une expérience particulière qui peut déranger, celle d’avoir vu un oiseau multicolore, exotique, dans mon jardin en mars 2015, qui ressemblais à s’y méprendre à un chardonneret mais avec un bec différent. Alors j’ai été acheté une encyclopédie dans un superu près de chez moi pour essayer de voir de quelle race il était, mais échec total, impossible de le retrouver y compris sur internet. Quelques mois plus tard de la même année en novembre 2015, j’ai été opéré d’une tumeur au cerveau que j’avais depuis plusieurs années (entre 4 ans et 6 ans) quand on me l’a diagnostiqué grâce à une crise d’épilepsie, opération en urgence et aujourd’hui je me considère comme une survivante chanceuse surtout que j’ai eu à suivre une magnifique petite fille non prévue mais très aimée croyez-moi ! J’ai eue la surprise deux ans plus tard d’achèter un livre « les humeurs insolubles » de Paolo Giordano, les premières pages parlent d’une femme atteinte d’un cancer incurable, qui voit dans son jardin un oiseau que l’auteur qualifie de oiseau de paradis, il est de couleurs chatoyantes, et le personnage lui aussi s’interroge et va achèter un dictionnaire comme moi-même je l’ai fait ! Il m’est arrivé d’autres choses aussi auparavant mais j’en parlerai pas ici. Alors je m’interroge, les oiseaux passeurs d’âmes ?
Je suggère à tous de lire l’exceptionnel « Oiseaux », de St John Perse.
Depuis quelques mois je lis de près vos écrits singuliers. Je suis heureux chaque fois qu’un témoignage-courage vient rendre compte d’une certaine réalité de la vie (bien trop profonde pour s’exprimer sans la subtile pudeur de l’âme des choses). Je vous en remercie. Je prends note des bibliographies afférentes aux oiseaux. Relié avec eux depuis mon enfance, je consacre beaucoup de temps à les étudier, les protéger, mais aussi les défendre envers et contre tout (le sifflement doux du magnifique bouvreuil pivoine ne résonne plus dans nos campagnes) et j’en suis à ce point identifié qu’avec l’aide de mon homéopathe, je suis amené à prendre Bubo Virginianus pour me débarrasser des somatisations douloureuses logées dans mes épaules, comme un frein à mon envol par-delà les contingences. Annie des hirondelles, Nathalie et Nounedeb… Il bien faut s’élever par-dessus ailes.
Merci à vous quatre, c’est un très grand bonheur pour moi de vous lire,
et j’ai comme l’impression que ce n’est pas fini :
les oiseaux là haut ont pris les choses en main ou plutôt en ailes,
et nous n’avons pas fini de planer très haut avec eux, en dépit des terriens aux pas souvent trop lourds…
Par rapport au commentaire très pertinent de « Nounedeb », je ne peux reculer au plaisir de recopier un passage de « Oiseaux » par Saint-John Perse, ce poète aux envolées si formidables, dont on ne parle plus beaucoup à une époque de gens numériquement pressés… Bien sûr, pour que le Sens descente et s’imprègne, il faut lire cela plusieurs fois et à voix haute de préférence, pour que la musique des mots les dépasse…
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« Oiseaux, lances levées à toutes frontières de l’homme !…
L’aile puissante et calme, et l’oeil lavé de sécrétions très pures, ils vont et nous devancent aux franchises d’outre-mer, comme aux échelles et Comptoirs d’un éternel Levant. Ils sont pélerins de longue pérégrination, Croisés d’un éternel an Mille. et aussi furent-ils « croisés » sur la croix de leurs ailes… Nulle mer portant bateaux a-t-elle jamais connu pareil concert de voiles et d’ailes sur l’étendue heureuse ?
Avec toutes choses errantes par le monde et qui sont choses au fil de l’heure, ils vont où vont tous les oiseaux du monde, à leur destin d’êtres créés… Où va le mouvement même des choses, sur sa houle, où va le cours même du ciel, sur sa roue – à cette immensité de vivre et de créer dont s’est émue la plus grande nuit de mai, ils vont, et doublant plus de caps que n’en lèvent nos songes, ils passent, nous laissant à l’Océan des choses libres et non libres…
Ignorants de leur ombre, et ne sachant de mort que ce qui s’en consume d’immortel au bruit lointain des grandes eaux, ils passent, nous laissant et nous ne sommes plus les mêmes. Ils sont l’espace traversé d’une seule pensée.
Laconisme de l’aile ! Ô mutisme de forts… Muets sont-ils et de haut vol, dans la grande nuit de l’homme. Mais à l’aube, étrangers, ils descendent vers nous : vêtus de ces couleurs de l’aube – entre bitume et givre – qui sont les couleurs même du fond de l’homme… Et de cette aube de fraîcheur, comme d’un ondoiement pur, ils gardent parmi nous quelque chose du songe de la création. »
Washington, mars 1962
Saint-John Perse « Amers suivi de Oiseaux » collection Poésie/ Gallimard
Merci. « Oiseaux » et « Amers » sont mes textes préférés de St John Perse. « Oiseaux » est sa seule oeuvre de commande, écrite à l’occasion d’une expo de peintures de Georges Braque sur la série oiseaux. 13 chapitres qui louent et l’oiseau vivant dans son ardeur à vivre et sa configuration ornithologique, et l’œuvre du peintre.
Que c’est beau tout ça ! L’histoire de l’oiseau multicolore me fait penser à une expérience de mort imminente ou de choc traumatique, on a des visions à un moment crucial de nos vies, et ensuite toute notre vision du monde s’en trouve chamboulée, voire améliorée, on révise nos valeurs !
Par ailleurs, il faut aussi remercier les associations qui aident concrètement les messagers ailés : la LPO, Charente Nature, Credo Pigeons, etc etc etc…Et aussi la nôtre hiiiiiiiiiiii
Merci à tous ceux qui les nourrissent l’hiver, luttent contre les pesticides, mettent des nichoirs, remettent les idées en place : les corneilles ne portent pas malheur, les chouettes noires non plus, par exemple !!!! Car on en est encore là au 21ème siècle. Et se battre contre les élevages en batterie des poules, des canards, des oies, etc… NE PAS MANGER DE FOIE GRAS POUR LES FETES. Signer les pétitions pour défendre les plumés, lutter contre les chasseurs, etc etc…
Bref, diffuser le message spirituel des oiseaux mais aussi les aider sur le terrain du concret, car ils sont menacés, massacrés, maltraités… Combien de petits retraités ont un pauvre bengali dans une cage minuscule ???? Hein ?
L’oiseau est un signe du ciel, ainsi aujourd’hui, un vol de grues cendrées m’a dit qu’un évènement allait trouver son dénouement dans ma vie, m’a demandé la vigilance mais m’a redonné courage, car il venait à point nommé. Demandez au peuple oiseau, et il vous répondra à sa manière si vous savez voir et écouter la vie, les signes de la mère nature.
Les oiseaux, ce petit peuple ailé qui s’engouffre un jour dans l’échancrure de l’oreille à l’écoute.
Merci à tous ces artistes des mots, des sons et des couleurs de laisser un jour s’envoler
« à leur façon » dans un rayon de lumière sublime, ces messages dont ils sont l’otage.
Alors, Saint-John Perse, bien sûr.
Quel rafraichissement sublime de pouvoir s’y abreuver pour qui revendique le choix de ses soifs.
Alors que les mots atteignent de telles altitudes, les oiseaux eux, quand-même, gardent la gorge
vibrante et la plume diaphane. Ils restent des oiseaux.
Et pour apporter une petite contribution à cette plage inspirante où les oiseaux marins glissent
dans les brouillards mauves des étales, quand chuchotent tant de nuances délicates… laissées à
la discrétion de « la page du poème refermé », J’ai sous la main qui offre, ce petit texte de
Fred Deux – Traits d’union (L’Atelier des Brisants) – qui est un oiseau lui aussi, me semble-t’il.
La couleur me sauve.
Je prends sa route chaque jour,
comme les hirondelles le soir tournent
autour de la maison.
De toutes les façons
comme elles, je reviens le soir
à l’éventail de la vie.
Le mien, le sien, le leur.
La chair que je remue du bout de mon crayon
m’inonde.
La mine du crayon
l’encre dans ma plume
me noient d’une peur
où la joie éclate
du bord au centre de la cible
vers laquelle je me dirige aveuglément.
Un peu comme si
je retournais vers l’utérus de ma naissance.
Merci tous les amis. Mon ordi est en panne, c’est un appareil d’emprunt. Demain on aura une tempête dans le sud ouest. Alors j’ai mis des boules, de la margarine, du grain, des pommes, en double sur les mangeoires dehors, car les oiseaux vont souffrir, être projetés à terre. Quels humains vont penser à eux tous, plutôt qu’à leurs panne edf, ordinateurs, réseaux divers ? Eux sont dehors dans le vent, affrontant tout et chantant ensuite s’ils ont survécu.
Mes petits maîtres, tenez bon. O mes arbres, tenez bon. Toi le vieux poirier, toi le chêne de l’entrée, toi le buisson aimé, tenez bon. Que la destinée soit avec vous, qui montrez la voie royale de l’humilité, de la force intérieure, de la paix, de l’harmonie.