Il est là
seul au milieu de la grisaille des tours,
il est là pour sauver ce monde de la laideur,
lançant ses branches artistement vers le ciel,
il est la grâce
il est la beauté fragile
face à la hideur de la ville,
Il est le courage, la persévérance, la volonté inextinguible de vivre
malgré cet étouffoir des trottoirs,
malgré tous ces poisons de l’air-dépotoir,
Il danse avec ses branches agiles
célébrant crânement le moment présent,
même si personne ne le voit, personne ne le regarde,
absorbé par les médiocres affaires humaines,
car il sait de sa sagesse ancestrale d’arbre
qu’il nous sauve,
il nous sauve de la laideur.
Peut-être nous permet-il de ne pas voir que de la laideur dans la laideur. Peut-on qualifier quelque chose de laid dans l’absolu?
« Peut-on qualifier quelque chose de laid dans l’absolu? » : non, je ne crois pas, il me semble que la laideur est un jugement esthétique très subjectif, très relatif qui dépend des critères de beauté de chacun. Il y a peut-être des gens qui trouvent cet arbre laid et les immeubles derrière beaux.
Néanmoins, il y a des critères esthétiques collectifs en rapport avec l’époque : il semble que la beauté de la nature – écologie oblige – reprenne de plus en plus d’importance et à contrario, la ville, en particulier l’architecture des tours de la ville – comme dans cette photos – a perdu beaucoup de son aura, en tout cas dans une ville comme Paris.
Un des paradoxes de l’art est de transformer la laideur en beauté, par une sorte d’alchimie très étrange, comme par exemple cette exposition de photos de la grande bibliothèque à Paris, que je viens de présenter, bibliothèque que je n’aime pas, que je trouve laide ou médiocre et pourtant les photos sont belles.
J’ai eu aussi une pensée il y 3-4 jours pour 2 arbres qui habitaient un jardin d’immeuble, et dont le sort parle de la férocité des villes et des Hommes, gérant la nature avec leur tête plutôt qu’avec leur coeur…
Combien de temps faut-il à un arbre pour sortir de sa graine
Et faire de la terre, de l’air et de l’eau des racines et du bois
Combien de temps faut-il à un arbre pour parler au ciel
Et laisser le vent entrer dans ses branches larges et dansantes
Combien d’amour faut-il à un arbre pour s’offrir sans fin
Dans chaque saison renouvelée,
Pour traverser l’hiver et renaître au printemps
Accueillir les oiseaux, inviter le soleil
Et faire de l’espace une prière vivante
Combien de temps faut-il à deux arbres,
Pour grandir côte à côte
S’épouser dans la terre profonde
Et créer dans un coin de jardin
Le début d’un rêve de forêt
Personne ne répond jamais…
Mais combien de temps faut-il à deux arbres
A la saison des sèves créatrices
Pour tomber de la main de l’homme
Et se retrouver gisants dans les bras de la mère
Il faut un matin ensoleillé de printemps
Il faut deux hommes et des rires sans chagrin
Il faut moins d’un quart d’heure de temps terrestre
Soit une seconde d’éternité
Il faut des bruits de tronçonneuse
Des craquements secs et lourds
Qui déchirent le ciel et le cœur
Des vapeurs d’essence qui s’accrochent dans l’air
Comme une odeur de mort et de défaite.
MT
« Peut-on qualifier quelque chose de laid dans l’absolu? » : non, je ne crois pas, il me semble que la laideur est un jugement esthétique très subjectif, très relatif qui dépend des critères de beauté de chacun. Il y a peut-être des gens qui trouvent cet arbre laid et les immeubles derrière beaux.
Néanmoins, il y a des critères esthétiques collectifs en rapport avec l’époque : il semble que la beauté de la nature – écologie oblige – reprenne de plus en plus d’importance et à contrario, la ville, en particulier l’architecture des tours de la ville – comme dans cette photos – a perdu beaucoup de son aura, en tout cas dans une ville comme Paris.
Un des paradoxes de l’art est de transformer la laideur en beauté, par une sorte d’alchimie très étrange, comme par exemple cette exposition de photos de la grande bibliothèque à Paris, que je viens de présenter, bibliothèque que je n’aime pas, que je trouve laide ou médiocre et pourtant les photos sont belles.
wouah ! quel beau poème Michèle ! j’ai particulièrement aimé : « Et faire de l’espace une prière vivante »
Merci au plaisir de partager. bonne soirée
Un arbre à surtout besoin d’espace aérien et racinaire , celui de la photos n’en possède malheureusement pas beaucoup , il s’étiole et recherche le peu de lumière qui émmerge entre les immeubles qui l’étouffent.
Vous avez raisons , nos élus et responsable « urbaniste » « aménagiste »ont encore beaucoup de mal à faire co-exister la vie (espaces verts , arbres) et la ville , pas assez de crédits , de volonté , de respect , de place.. DE COMPETENCE..et que sais je ? de gouts !
De la place pour les parking , supermarchés et autres aménagements gourmants d’ESPACES VITAUX.
Mettre un peu de campagne dans les grandes villes adouciraient bien le quotidien des citadins et permettrait de re-nouer avec les racines paysanes qui sommeillent , dorment et parfois meurrent en chacun de nous .
Un vrai débat qui pourrait avoir sa place dans un ambitieux programme politique en cette période pré électorale nauséabonde .
Un habitant , un arbre et non pas un habitant , une place de parking , qu’en dites vous ?
(attention à la marche à pied! )
oui, je suis d’accord, et c’est d’ailleurs incroyable comme l’écologie et particulier l’écologie de la vie quotidienne a peu d’importance dans cette campagne « nauséabonde » – comme vous le dites si bien. Les hommes politiques sont déconnectés du réel, mais malheureusement le réel va se rappeler à leur bon souvenir, ne serait-ce que parce qu’on ne peut pas vivre très longtemps dans la laideur.
En effet, l’arbre, comme beaucoup de choses, voire l’humain aussi, sont considérés comme des objets et non des co-participants à un système; c’est une méconnaissance totale de la vie et une absence de sensibilité et d’intelligence. Alors on fait un peu de déco avec un arbre dans la ville, pour se donner bonne conscience politique….
Un peu comme un coup de peinture sur façade, ça gène personne et ça fait joli.
oui, cette histoire d’objectivation de la nature et de séparation avec l’homme, a commencé il y a bien longtemps. On en voit les prémices dans le christianisme, quand Dieu assigne à l’homme le rôle d’une sorte de gestionnaire de la nature – quand on connait le peu de conscience de l’être humain, c’est une grave erreur de la part de Dieu !
Cela s’aggrave bien sûr à partir du 18e siècle avec la philosophie des lumières, qui est plutôt dans ses rapports avec la nature une philosophie de l’obscurantisme. Actuellement avec le boom des nouvelles technos, et la croyance en un progrès matériel illimité, c’est devenu une sorte de délire, une démesure, dont on commence seulement à mesurer le désastre, à tel point qu’on peut vraiment se demander, si l’espèce humaine va y survivre.
Aussi la question de l’écologie du point de vue le plus local, comme ce petit arbre isolé, jusqu’au point de vue planétaire, comme le réchauffement climatique ou le nucléaire, reste à mon sens la question primordiale que tout le monde doit se poser – sauf bien sûr les candidats politiques à l’élection qui sont dans le court terme, la démagogie et le mensonge.
Nous mêmes, ne sommes-nous pas des arbres en « mouvement » ??? ou des « oiseaux » en partance? De l ‘énergie dans une forme, douée d’une possible réflexivité, qui nous fait possiblement perce-voir, dans au-delà de la prime vision, un voisinage pas si lointain avec les arbres, les oiseaux et même pourquoi pas les immeubles aussi hideux soit-il, comme si ce qui nous différenciait c’était seulement le fait de savoir d’où nous venons et donc d’in-former au sens strict du terme notre matière et notre énergie. En effet, es arbres, les oiseaux et les immeubles ne sont-ils pas fait eux-mêmes des mêmes poussières d’étoiles que les nôtres?
si je vous comprends bien, Catherine, vous faites allusion à une sorte de vision unitaire des choses qui donne à tout cela une sorte de sérénité : tout est « poussière d’étoiles » ou tout fait partie du Tao, ou du grand Tout, de Cela qui n’a pas de nom et qui unifie « les dix mille choses » de ce monde.
je pense qu’effectivement c’est important de développer aussi cette vision « holistique », afin de donner à l’indignation ou à l’engagement devant le désastre, une sorte de détachement paisible et précieux.
En fait c’est autre et pas tout à fait autre mais autre quand même. Je ne suis pas un arbre mais dans l’infiniment petit tout est uni, lié, homogénéisé je crois. Au niveau macroscopique, les distinctions opèrent bien sûr. Une distinction qui me permet de dire que je ne suis pas un arbre dans ce plan de réalité macroscopique, mais dans un autre plan de réalité, celui du microscopique, c’est tout autre chose, tout est lié, voilà ce que j’essayais de dire Alain!
oui, ce que vous dites là me fait penser à la physique quantique, en particulier au champ quantique qui unifie et sous-tend toutes les émergences impermanentes des ondes, corpuscules, quanta, etc…
Un monde finalement très poétique.
Oui , notre combat mené contre la nature c’est accentué dès la préhistoire sans jamais fléchir.
Dès l’avènement de l’agriculture l’homme s »est férocement battu contre la nature pour survivre.
Les méthodes modernes dénommés nos outils de travail , ou autres matériel qui nous procurent le confort nous permettent d’anéantir rapidement ce qu’il convient d’appeler notre habitat , terres arrables , air pur , les rivières , les océans , forêts primaires , aliments contaminés , l’espace poubelle. Notre sentiment de puissance est tel que nous croyons pouvoir nous passer de tout cela.
L’industrie nucléaire ne peux pas se poser de question , cette technologie si destructrice doit être soumise à un référendum , nous n’avons pas le droit d’ambarquer sur notre navire qui coule des pays qui ne sont concernés par ce délire de puissance .
L’homme à survécu aux différentes glaciations , il pourra survivre au réchauffement climatique , quant aux catastrophes nucléiaires , le plus grand danger de l’humanité se trouve sans doutes là , ce point de vue est d’ailleurs partagé par le Dalai Lama , dans son ouvrage : « L’art du bonheur dans un monde incertain «
« notre combat mené contre la nature c’est accentué dès la préhistoire » bien que je ne sois pas un spécialiste de cette période, je crois que les avis divergent : les premiers hommes, les chasseurs-cueilleurs, se seraient montrés au contraire très respectueux de la nature, en symbiose physique et spirituelle avec elle, comme en témoignent les peuples premiers encore vivants aujourd’hui (voir mes articles sur ce blog au sujet du peuple des Kogis).
https://blog.psychotherapie-integrative.com/les-indiens-kogis-sagesse-et-sante/
Le combat, la prédation généralisée et sans limite contre la nature serait assez récent et de toute manière aurait sombré dans la démesure et la folie que par cette croyance au progrès matériel et illimité, provenant il y a 400 ans de l’avénement sacralisé des science et des techniques.
http://www.ecoattitude.org/accueil/node/863
merci Michèle, si j’habitais Genève j’irai écouter cette conférence le 18 avril sur l’arbre dans la ville. Ce site ecoattitude est aussi très intéressant, en particulier sur les expériences de potagers en ville.
je suis moi-même un arbre, je me porte bien. En vieillissant je deviens plus forte même si le monde autour s’agrandit et mes possibilités rétrécisses, la vue s’agrandit, tout cela est possible grâce aux bêtises; les miennes et celles des autres en effet être mit au pied du mur agrandit cette réalité si décevante et infiniment ouverte.
Merci d’offrir un lieu d’échange.
La lecture du « Mythe de la liberté » qui me fait voler au secours de Chögyam Trungpa .Merci à lui pour avoir été.