L‘étrange effervescence actuelle des Etats Modifiés de Conscience (EMC)
J’ai mis longtemps, très longtemps, presque deux mois,
pour écrire ce texte prévu au départ dans le dossier « EMC » du magazine Santé Intégrative paru au mois de mai.
Mon intention était peut-être trop ambitieuse :
j’ai voulu faire une fresque la plus large possible des EMC,
en essayant de leur donner une cohérence,
une cohérence historique et une cohérence de sens.
Je me suis aperçu bientôt que c’était chose difficile,
il y a sûrement beaucoup de lacunes et d’approximations,
Mais je compte sur vos commentaires pour enrichir cette proposition
et que nous puissions réfléchir ensemble sur un sujet qui me parait d’importance.
« La conscience se déploie de plus en plus, se réalise de plus en plus, se manifeste de plus en plus » Ken Wilber
Petite histoire des EMC durant le siècle dernier…
La crise actuelle n’est pas seulement économique et politique, elle est bien plus profonde, c’est une crise de la conscience humaine, bloquée dans son évolution et qui tente difficilement de se transformer, en voulant s’expanser, se manifester de plus en plus dans toutes ses dimensions.
Depuis bientôt 400 ans, comme l’enseigne la philosophie des « soit-disant lumières », la conscience humaine s’est figée dans une dimension réduite : une conscience référentielle, orientée uniquement vers le monde extérieur, sensible ou matériel, avec, comme en surimpression, la puissance du mental et sa fameuse rationalité, c’est à dire la possibilité quasi sans limite de mettre un certain ordre à la nature de ce monde, le tout au service de la survie egotique de l’espèce humaine.
Ce niveau de conscience appartient à l’état de veille ordinaire, et selon les observations des ondes du cerveau par électroencéphalogramme (EEG), nous l’appellerons « l’état béta » (14Hz et plus), ce qui est une sorte de clin d’oeil du vocabulaire, car malgré ses prodiges scientifiques et techniques, malgré son intense et incessante activité ayant conduit au progrès matériel et sa sacro-sainte croissance, une certaine « bêtise » caractérise aussi cet état, qui consiste à rester coincé dans une posture unidimensionnelle, souvent dogmatique, dans l’oubli et le refus de toutes les autres dimensions de la conscience humaine. Pour le moment, là où en est l’évolution de l’être humain, cet état de conscience « béta » est donc l’état de référence.
Les premiers coups significatifs, portés à cet état « béta »restrictif, ont été infligés à la fin du 19e siècle par Nietzsche, puis par Freud. Il s’agissait de mettre en question l’état de conscience « béta » en sa rationalité triomphante, et montrer que l’être humain est d’abord dominé par un « inconscient » surpuissant, doué d’une abyssale mémoire archaïque, qui inonde et envahit sans cesse le niveau de conscience ordinaire béta, de son irrationalité tempétueuse.
C’est une vision pessimiste, car l’être humain en cette « conscience / inconscience », est d’abord un redoutable prédateur, un « va-t-en -guerre » intempestif, mû essentiellement par ses instincts et ses pulsions de survie egotique et grégaire ; c’est aussi une vision prémonitoire et explicative des grands désastres destructifs qui ont ponctué la tragique histoire humaine du 20e siècle.
De cette vision pessimiste, il en résulte une conséquence importante toujours d’actualité : « l’homme doit être guéri psychiquement », il doit intégrer par un élargissement de sa conscience, les éléments perturbateurs de son inconscient qui l’empêchent de se réaliser dignement et harmonieusement. Il s’ensuit la naissance de la psychothérapie.
Avec Freud, le problème principal de la psychothérapie devient : comment modifier l’état de conscience dominant « béta » qui n’amène que des impasses désastreuses ? Comment pénétrer dans l’inconscient humain grâce à des techniques thérapeutiques fiables, qui seraient capables de « conscientiser » l’inconscient ?
Commence alors ce grand voyage intérieur dans la dimension « prépersonnelle » de l’être humain, c’est à dire la découverte de cet immense continent de son inconscient qui sous-tend l’état de veille ordinaire en sa dimension personnelle.
Ce voyage se fera principalement en Etat Modifié de Conscience (EMC), car l’état « béta » de la conscience ordinaire n’est pas capable d’y participer.
Ainsi, à la fin du 19e et au début du 20e siècle, conjointement aux grandes catastrophes guerrières, apparaissent les premières techniques psychothérapeutiques, capables de produire des EMC de guérison, sans que jamais ce mot EMC soit prononcé – surtout par Freud qui, espérant une reconnaissance scientifique « béta », utilisera le terme d’analyse. Pourtant,la cure psychanalytique se fait en position de relaxation allongée sur un divan, dans une sorte d’état second, permettant l’association libre des pensées et des émotions, avec comme état de référence le rêve, qui est l’EMC référentiel par excellence. Conjointement, on assiste aux premiers balbutiements de l’hypnose, avec des techniques variées d’induction et de suggestion pour créer des EMC (Charcot, Bernheim, Janet), techniques dont la relaxation du corps va prendre une importance capitale comme un préalable incontournable (Schultz, Vittoz, Jacobson).
Le succès de la psychanalyse et ses diverses déclinaisons, est la première grande émergence significative des EMC dans le champ culturel de la modernité ; elle aura une grande importance dans les mouvements artistiques de l’entre–deux guerres, notamment avec le surréalisme qui cultive passionnément les EMC, en poésie, en peinture, au cinéma, au théâtre, etc, afin de laisser la place à ces puissances imaginatives de l’inconscient qui pourraient peut-être enfin transformer ce pauvre monde.
Mais la grande destruction cyclique (39 – 45) se déchaîne encore une fois en sa folie collective. Le symptôme de la guerre totale, poussé à son paroxysme semble d’ailleurs ressembler à un EMC collectif de base, un espace psychique confus et régressif, entre vie et mort, où la conscience rationnelle « béta » montre toute son impuissance.
La paix revenue, vient le temps des renaissances : reconstruction matérielle « des trente glorieuses », mais aussi à un niveau intérieur plus subtil, une effervescence tout azimut des EMC réparatrices à vocation thérapeutique.
Dans la continuité de l’exploration thérapeutique de l’inconscient prépersonnel, un vaste mouvement s’aventure plus profond encore : c’est la vague des psychothérapies humanistes des années 60, pour tenter de rendre à l’être humain son humanité bafouée et oubliée (Abraham Maslow, Carl Rogers, Fritz Perls, Victor Frankl, etc). Les EMC sont là encore en bonne place, avec en point d’orgue le génie de Milton Erickson, qui donne à l’hypnose toutes ses lettres de noblesse ;variété des méthodes inductives conduisant à la transe, ressources positives côtoyant les déficiences de l’inconscient,tandis qu’en France triomphe la sophrologie de Caycedo avec son état sophronique, une déclinaison de plus dans la grande famille des EMC guérisseuses.
Dans cette mouvance, des techniques nouvelles permettant d’avoir accès à des couches de plus en plus profondes de l’inconscient prépersonnel, se multiplient, en faisant toutes référence aux EMC, comme par exemple l’hyperventilation respiratoire permettant de descendre jusqu’aux traumas de l’inconscient intra-utérin et péri-natal, avec comme explorateurs Leonard Orr et le rebirth (1974), puis Stanislav Grof* et la respiration holotropique (1978).
Au même moment, se produit un séisme culturel très important qui fait pour ainsi dire exploser les EMC ; c’est le grand « shoot » collectif des années 60, avec pour épicentre la côte ouest des Etats-Unis et l’irruption du LSD. Un EMC collectif à grande échelle à base de substances hallucinogènes, se propage comme « trainée de poudre » dans le monde occidental, à la recherche des expériences extraordinaires de la conscience. Ces EMC puissants participent à l’émergence d’une contre-culture (hippie, new age, psychédélisme), ayant bien failli mettre à mal l’ordre établi des sociétés bien pensantes, bien calées en leur conscience « béta ».
Mais le caractère spontané, imprévisible et confus de ces EMC sous substances, provoque, outre le désordre social, tant de funestes expériences d’autodestructions prématurées (Janis Joplin, Jimi Hendrix, Jim Morrison), que bientôt sonne le glas de leur interdiction (1968).
Pourtant ce mouvement va laisser des traces en ouvrant des champs d’expérimentation inédits de la conscience humaine, en particulier dans l’émergence d‘une spiritualité nouvelle et « expérentielle ».
Stanislov Grof, après avoir utilisé le LSD en Tchécoslovaquie dans les années 50 en milieu psychiatrique, puis inventé la respiration holotropique comme substitut dans les années 60, fonde en 1971 « l‘association internationale transpersonnelle« , à laquelle vont participer les thérapeutes et philosophes les plus éclairés des Etats-Unis. Ce mouvement se donne pour mission d’explorer la dimension transpersonnelle de l’être humain, au delà du champ de conscience ordinaire béta, et tout cela de manière rigoureuse, on pourrait même dire scientifique.
Il s’agit entre autre de décrire, étudier et répertorier les EMC qui permettent ces expérience transpersonnelles de fusion avec le Tout, l’Absolu, le Soi et le monde intermédiaire des images archétypales qui y conduisent. Toute une littérature voit le jour, dont Ken Wilber sera la figure centrale avec la parution en 1977 de son premier livre « Le spectre de la conscience ».
En cette percée de la conscience transpersonnelle, outre l‘arrivée en Occident des grands maîtres de la sagesse orientale qui popularisent des formes variées de méditation (Ramana Maharshi, Shri Aurobindo, Krishnamurti, Osho Rajnesh, Mahesh yogi, Chogyam Trunpa, etc), il y a le retour en force du chamanisme.
Cela a commencé dans les années 70 par l’immense succès de Carlos Castanedaet de ses livres relatant ses expériences en EMC avec un sorcier yaqui du Mexique (« L’herbe du diable et la petite fumée »1972).
Depuis, ce courant n’a fait que s‘amplifier : le chamanisme ou plutôt le néo-chamanisme est devenu un terrain d’expérimentation clé des EMC, en proposant des voyages à vocation thérapeutique, mélangeant les dimensions prépersonnelles et transpersonnelles.
Il s’agit de produire un état de transe par des méthodes variées d’induction, avec une prédilection pour la musique et la danse (le tambour chamanique), mais aussi par la prise de substances (l’ayahuasca). Les voyages chamaniques en EMC sont puissants, ils permettent, entre autres, de se relier à ces figures archétypales du divin empruntées surtout à la nature permettant de s’émanciper de l’état béta. Mais le nombre important d’imposteurs neo-chamaniques et les voyages catastrophes sous substances ont apporté une ombre à ce succès.
Toujours à la même époque, dans cette effervescence des années 70, un autre coup de tonnerre se fait entendre dans le ciel des certitudes de la conscience béta : le très sérieux Dr Moody, professeur de philosophie et étudiant de médecine dans une université américaine prestigieuse, fait paraître un petit livre « La vie après la vie »(1974), qui est un immense succès mondial – plus de trente millions d’exemplaires vendus. Le livre est d’importance car il bouscule un dogme fondamental de la conscience béta et du matérialisme scientifique : la conscience peut continuer à vivre des expériences dans cet espace intermédiaire autour de la mort, sous encéphalogramme plat, coeur et respiration arrêtés, que l’on appelle NDE (Near Death Experience) ou EMI en français (Expérience de Mort Imminente) ; de plus, on peut répertorier méthodiquement les invariants de ces expériences comme la cartographie précise d’un autre monde sans corps, sans monde matériel. Ces EMI sont vraiment des EMC scandaleux pour la conscience béta, qui va faire beaucoup de résistances, surtout dans ce petit village gaulois qui s’appelle la France. Mais livres et congrès se succédant, il faut bien se rendre à l’évidence que les EMI / EMC existent pour révolutionner notre conception étriquée de la conscience beta.
Aussi, dans les milieux scientifiques d’avant-garde, un nouveau paradigme de la conscience se propage, où les EMC sont rois : conscience quantique, champ akashique (Erwin Laslo), conscience délocalisée avec le neurophysiologiste Karl Pribam, les physiciens David Bohm, Régis Dutheil, Emmanuel Ransford, pour n’en citer que quelques uns.
Le coup de grâce de cette émergence tout azimut des EMC,vient sans doute de l’avènement de la pleine conscience.
C’est un dénommé Jon Kabat-Zinn qui en est l’orfèvre ; professeur de biologie dans le Massachussets, ayant pratiqué durant sa vie étudiante la méditation bouddhiste « vipassana », il va, dès 1970, développer sa méthode de la pleine conscience dans une géniale intégration de la méditation et des soins médicaux, particulièrement par rapport à la gestion du stress et de la douleur, tout cela dans un souci de validation scientifique des résultats. C’est un grand succès, ce qui l’amène à créer une clinique de réduction du stress par la pleine conscience, méthode qui va essaimer aux Etats-Unis et bientôt dans le monde entier.
Mais qu’est-ce que la pleine conscience et qu’a-t-elle à voir avec les EMC ? Comme son nom l’indique, c’est une conscience « pleine », on pourrait dire une conscience pleine de tout, et d’abord de toute l‘expérience intérieure et extérieure dans le moment présent. Comment fait-on pour remplir cette pleine conscience, de ce tout ? Etrange paradoxe : il faut commencer par faire le vide : développer le vide à l’intérieur de soi-même pour connaître le tout ; voilà un authentique EMC, aux antipodes de la conscience béta ! Autant la pleine conscience s’emploie à relier, unifier, intégrer la variété de l’expérience du moment présent, autant la conscience béta, s’échine à diviser, morceler, séparer, atomiser la réalité. Il serait d’ailleurs légitime de promulguer la pleine conscience comme l’état de conscience référentiel de l’être humain à venir, car n’est-il pas plus important de relier et d’unifier la variété du monde que de la disséquer toujours plus dans la confusion d’une pluralité invivable.
Réflexions diverses en guise de conclusion
1. Les EMC, même s’ils ont toujours existé – voir le mythe d’Er dans la République de Platon ou l’importance des états mystiques à l’origine de toutes les grandes religions –, ils semblent en cette fin de modernité, devenir de plus en plus fréquents, de plus en plus importants, dans une remarquable effervescence tout azimut, avec pour secteur clé, le domaine de la santé, en particulier la psychothérapie. La plupart des symptômes psychiques (névroses, perversions, traumas, psychoses, etc) se vivent en EMC depuis les profondeurs de l’inconscient, et ce n’est la plupart du temps qu’en EMC, par des méthodes adéquates de régression, que l’on peut naviguer dans l’inconscient pour les neutraliser.
La plupart des nouvelles techniques psy (EMDR, TIPI, EFT, TAT, etc), ne fondent leur efficacité que sur des EMC, plus ou moins profonds selon le niveau d’expérience des thérapeutes en EMC. Il n’est pas très bien vu de dire cela, par souci de légitimation des psys par la conscience scientifique béta.
2. Les EMC s’exercent dans deux grandes directions différentes par rapport à l’état de référence béta dans sa dimension personnelle : Il y a une direction vers le bas, vers la dimension prépersonnelle, qui proposeune descente vers l’inconscient à l’originedes symptômes psychiques et psychophysiques. Il y a une direction vers le haut,vers la dimension transpersonnelle, de plus en plus importante, en particulier depuis le récent développement de la pleine conscience, des différentes techniques de méditation et du chamanisme.Ce sont toujours des EMC mais d’une autre nature,elles demandent la relaxation du corps, mais surtout le voyage intérieur dans des zones transparentes, infinies, où planent des images archétypales lumineuses, mais surtout le Vide du sans-forme et de la non-dualité, permettant d’expérimenter les différentes facettes de la spiritualité, de la religiosité ou du mysticisme d’un nouvel âge..
3 Grâce à la préparation indispensable du nettoyage de l’inconscient en EMC, la mutation de la conscience annoncée dans le titre, dans son versant positif,serait l’avènement de la pleine conscience comme la conscience de référence de l’être humain à venir, qui changerait son niveau d’être et toutes ses manières de vivre. Tous les autres états de conscience, y compris la conscience « béta »,deviendraient des EMC au service de cette pleine conscience. Cela voudrait dire aussi concrètement un développement significatif d’une Sagesse unifiante, intégrative et porteuse de sens, nous protégeant de tous les débordements dangereux des autres états de conscience, dont le pire pour l’avenir de l’espèce humaine, apparaît de plus en plus comme l’excroissance sans limite de la technoscience à des fin mercantiles, rejeton monstrueux de la conscience ordinaire « béta ».
4 Car il y a malheureusement aussi le scénario catastrophe d’une mutation négative de la conscience vers le bas.Depuis la fin du 20e siècle, un nouveau « shoot » collectif de masse s’est emparé de l’humanité ; il ressemble quantitativement au shoot sous substances des années 60, mais il est en réalité très différent : il s’agit maintenant d’un EMC sous écrans proliférant dans tous les sens, de sorte que la réalité, dans sa richesse infinie et variée, est recouverte par la platitude d’un monde virtuel dûment formaté et contrôlé par les puissantes industries mercantiles des nouvelles technologies de communication (NTC). L’EMC sous écrans est tellement fort, il provoque un tel état de sidération, que plus la grande part de l’humanité se dirige allègrement, sans sourciller, vers la confiscation de sa conscience multiforme et variée, pour être remplacée par des machines aux mémoires et intelligences artificielles surpuissantes qui risquent de contribuer, péril écologique à la clé, à la disparition pure et simple de l’espèce humaine. C’est le péril du « transhumanisme », dont on commence seulement à entrevoir le funeste cauchemar à venir,entretenu par les nouveaux seigneurs du monde (Google et Co), dont l’Olympe machinique se trouve du côté de Berkeley.
5 En attendant, si vous voulez expérimenter facilement et à moindre frais un EMC agréable qui tire vers le haut,il faut voir le dernier film de Jim Jarmusch « Only lovers left alive » quand il sortira en DVD. Il est l’exemple salvateur, que les films du cinéma, participant des « EMC sous écrans », ne sont pas tous formatés par la machine à « blockbusters »hollywoodiens pour décerveler les esprits.
Prenez soin de ne pas rater le début, car l’induction en EMC est puissante : il s’agit, sur une musique très planante du groupe SQÜRL, d’un lent mouvement tournant en spirale du cosmos étoilé, suivi d’un gros plan sur une platine de disque tournant encore plus lentement, avant qu’apparaissent sur ce même mouvement spiralé, les deux corps parfaits d’Adam et Eve – les personnages principaux –délicatement allongés en position foetale, se faisant face l’un à l’autre. Si vous êtes sensibles aux EMC, en trente secondes, vous êtes déjà partis, pour un très étrange voyage de deux heures, dans la nuit en clair obscur de quelques vampires très sophistiqués, dont l’intelligence et la culture d’un niveau supérieur, contemple avec une infinie tristesse les champs de ruines que les humains – ils les appellent les « zombis » – ont laissé derrière eux aux alentours de leurs grandes villes…
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Bonjour,
Je suis très intéressée par l’élévation de la conscience et je lis votre article avec plaisir … j’ai vécu une petite NDE il y a environ 35 ans que j’ai gardé pour moi mais que le livre de Moody sorti quelque temps avant et découvert par hasard – car je ne savais pas que ces phénomènes existaient – m’a conforté dans ce que j’avais vécu et surtout m’a permis de me conforter que je n’étais pas folle …. intérieurement cette expérience m’avait changé sans que je puisse dire en quoi … En 2008 j’ai vécu – en état modifié de conscience ou je préfère dire un état d’expansion de conscience – et je corrige actuellement le livre qui sera publié chez Edilivre d’ice je pense est mois. Il faut être connu pour les les éditeurs traditionnels acceptent de publier un auteur inconnu et encore moins dans cette matière. Ce que je est que finalement ces expériences peuvent arriver sans prise de drogues ou autres … ce qui est mon cas et de plus j’étais parfaitement lucide de cette transformation intérieure et que j’ai pu er en même temps que je la vivais …. même s’il m’a fallu du temps pour l’accepter entièrement car notre cerveau n’est pas formaté pour de telles choses. En vérité ce que je pense c’est que toutes les expériences tentées
Je voulais donc dire que si l’on cherche ou plus précisément si l’on tente des expériences de façon intellectuelle c’est à dire avec notre volonté bien humaine, je crains que ce que l’on rapporte ce ne soit encore que des « réalités humaines » et donc provenant de notre propre inconscient ou de l’inconscient collectif … Il me semble (selon ma propre expérience) que ce n’est que lorsque l’on lâche prise (totalement – ce qui veut dire s’en remettre à ce qui est le plus haut et accepter sa propre mort) que l’on peut toucher ce que j’appellerai l’innommable car étant le tout et le rien dans le même temps …. Pas de mots humains pour raconter car en fait le tout est composé uniquement de possibles ou de potentialités et le rien est précisément ce qui attend d’être créé concrètement donc le vide n’est pas vraiment vide… Je n’ai pas de mots savants pour décrire ma propre expérience car de toute façon dans cette autre réalité il n’y a rien d’humain … Il faut déconnecter son intellect pour s’y rendre et la question est de savoir si l’on peut délibérément se déconnecter de celui-ci sur simple commande … Les mystiques et méditants y parviennent semblent-ils avec l’entièreté de leur Vie qui y est consacrée … Ce qui est loin d’être le cas lorsque l’on effectue des expériences dirigées … Ceci dit même si cette expérience a été, est et restera la plus belle histoire de ma Vie, je ne tenterai rien pour la reproduire car ayant acquis une certaine lucidité et je dirai une certaine connaissance suite à ce passage dans une réalité – non humaine – je n’en suis pas pour autant suicidaire et ne veux pas risquer de ne point revenir sur Terre ou nous sommes tous la précisément pour exprimer et donc créer la Vie ici.
quel message Josette ! si fort dans son témoignage d’une expérience racine en EMC dans la dimension spirituelle ou transpersonnelle. Il est vrai qu’il est alors souvent difficile de revenir sur terre dans la gadoue ou plutôt le béton d’une humanité qui piétine sur place.
Mais bon, je crois qu’il faut être alors un bon pianiste, c’est à dire savoir jouer de toutes les touches du spectre de la conscience, savoir revenir en béta, bien terre à terre, savoir explorer les dédales de son inconscient, mais surtout descendre dans le coeur et aimer, aimer, aimer le tout de cette étrange expérience du passage sur terre, où tous les ingrédients sont là pour célébrer et partager.
Je serai heureux de lire votre livre quand il sera édité. Prévenez moi, prévenez nous !
Merci pour votre commentaire. Je vous ferais part de la sortie du livre très bientôt. Je ne suis pas sûre de vouloir continuer à lire les commentaires car mon cerveau n’a pas été éduqué aux mots utilisés pour comprendre l’irrationnel …. Je suis plus terre à terre que cela n’ayant pas suivi d’études …. J’ai trouver des réponses ou du moins des explications plausibles (pour mon propre cas) avec la Science Quantique notamment les livres de Gregg Braden, Erwin Laszlo … Le livre de Jil Bolt Taylor « Voyage au Centre de mon Cerveau » et bien d’autres expérimentateurs de l’irrationnel … Je préfère en effet ces derniers que ceux qui expérimentent sous drogues. Le livre de Stanislaz Grof « Quand l’impossible arrive » est certes très intéressant mais je ne ressens pas les mêmes émotions que pour des récits vécus. ..
Bonne continuation pour la mutation de conscience dont l’humanité à tant besoin.
Désolé Alain pour les quelques commentaires critiques qui vont suivre… Mais je ne peux pas apprécier ton article si j’ignore mes réserves sur quelques points-clé de ce texte qui contient aussi beaucoup que je trouve très intéressant et pertinent.
En tout cas, en lisant ce texte, je comprends mieux pourquoi je ne suis vraiment pas friand de la façon dont « on » parle souvent des présumés EMC’s ; brèf, tu m’as aidé de mieux me comprendre ;).
« Depuis bientôt 400 ans, comme l’enseigne la philosophie des “soit-disant lumières”, la conscience humaine s’est figée dans une dimension réduite : une conscience référentielle,orientée uniquement vers le monde extérieur »
L’introspection serait donc presque oubliée dans cette époque ? « On » ne priait ni chantait plus, dans cette période, par exemple?
« Ce voyage se fera principalement en Etat Modifié de Conscience (EMC), car l’état “béta” de la conscience ordinaire n’est pas capable d’y participer. »
Donc, selon ce perspective, par exemple l’état « alpha » est autre que la conscience dit ordinaire ??? (et presque absent dans la « phase » de la philosophie des lumières???).
L’état alpha a pas grande chose d’extra-ordinaire, quand-même… dès que l’on ferme ses yeux pour se détendre ou reposer un peu, les « ondes alpha » se manifestent de plus en plus…
Pour ne pas parler des états plus rêveurs qui sont liés à une émergence plus forte des « ondes thêta » …
Autre grand problème de ce genre de classification est que c’est « normal » que différentes régions du cerveau fonctionnent, au même moment, aux fréquences différentes… Cela me fait penser à cette autre simplification qui s’est avérée intenable : celle du « cerveau droit » et « cerveau gauche » et tout ce que l’on attribue à ces présumés catégories.
Ceci dit, je répète : il y a plein d’autres choses que tu as mentionné que je trouve fort intéressants.
non Maarten, tes réticences critiques ne me froissent pas. Tu as raison, j’ai certainement un peu forcé le trait pour dévaloriser l’état béta, cela par une sorte d’humour peut-être un peu douteux, parce que « béta » me fait penser à bêtise et qu’il me semble vrai que nous souffrons tous d’une sorte d’excroissance sans limite de cet état de conscience qui privilégie seulement l’expérience du monde extérieur matériel et sensible en y adjoignant la sacro-sainte raison qui serait seule capable de rendre compte et de transformer ce monde par les formules mathématiques, physiques, chimiques, etc et maintenant numérique…
Pour ce qui est des autres états de conscience alpha, théta, delta, gamma, je n’ai pas voulu me lancer dans cette classification, car elle m’a semblé être remise en question actuellement par ce que j’en ai lu sur internet. Il y a effectivement des états alpha qui flirtent avec le béta ou de l’alpha avec le théta, si bien qu’on ne sait plus trop bien où on en est ; ce n’est pas une classification pertinente.
Par contre, je suis très intéressé par ta remarque sur plusieurs zones du cerveau différentes qui travailleraient au même moment sur des états de conscience différents ; si tu peux nous en dire plus long ?
Bien vu Alain cette rétrospective sur les états modifiés de conscience. Cette prise de conscience que ce « label » :états modifiés de conscience est devenu un peu une tarte à la crème tellement on ne sait pas trop ce qui est évoqué, Des manipulations de la conscience par quelques psychanalistes « bien intentionnés, qui se situent volontairement du côté du « bon » parent,de saisir le transfert et contre transfert comme LA solution , sans tenir compte des interférences énergétiques d’un individu à un autre, des nouvelles (EMDR, TIPI, EFT, TAT, ou encore tantrique ) qui prétendent avoir tout découvert sans nommer ce qui est en fait une copie de bien des approches de yoga ou de chi gong ou d’acupuncture (approches qui ont pour mérite d’avoir fait évoluer la conscience ET le concept d’énergie, cela fait bien longtemps), en passant par tous « les nouveaux chamans tous aussi doués les uns que les autres, en passant par les manipulateurs de communication et de consommation, etc… il est effectivement difficile de s’y retrouver entre la basse et et la haute conscience. Dans votre article, peut-être aurait-il été souhaitable d’éclaircir ce sujet « Basse ou Haute conscience ? »
On aurait pu s’attendre aussi à une différenciation d’avec d’autres états de conscience des drogués, alcooliques, prisonniers, fêtards, drogués du travail ou de l’attention particulière des chirurgiens ou infirmières et de ce qui se passe dans leur tête au moment de l’acte… comme dans d’autres actes comme celui de « FAIRE » l’amour, par exemple.
oui, Serge, pour ce qui est de la différenciation « basse et haute conscience », je me suis servi de la différenciation de Ken Wilber entre dimension prépersonnelle (vers le bas) et dimension transpersonnelle (vers le haut), l’état de conscience personnel étant l’état de conscience béta, c’est à dire centré sur la perception ordinaire du sujet par lui-même ou état egotique.
La dimension prépersonnelle représente ce qui fait l’inconscient du sujet, il surtout a été visité, outre certains mythes, par les psychothérapies depuis Freud avec des méthodes variées, dont j’énumère quelques unes. Cet inconscient prépersonnel reste egotique au sens où il nourrit le moi de ses différents déterminismes, même si ces déterminismes sont archétypaux, psychogénérationnels, ou relatifs à des vies antérieures.
La dimension transpersonnelle de la conscience, transcende le moi, au sens où ce sont des expériences dans d’autres dimensions qui dépassent complétement l’univers étriqué du moi ; ce sont les expériences chamaniques, religieuses, mystiques et de la non-dualité du sans forme.
Cette classification peut aider à y voir plus clair et à dénoncer les impostures, comme par exemple les expériences transpersonnelles qui narcissisent l’ego des expérienceurs. Mais bien sûr comme toute classification elle peut prêter à critiques ; Ken Wilber en connait quelque chose…
J’avais écrit un commentaire concernant cette histoire d’ondes, et ensuite mon ordi a bloqué…
Donc je vais faire court (aussi parce que je suis nettement moins « neuro-friand que je ne l’étais, auparavant…).
Comme il y a à presque chaque moment des régions du cerveau activées et d’autres désactivés, on peut en principe mesure des fréquences différentes dans des zones différents.
D’ailleurs, dans des mesures plus sophistiqués, on voit toujours différentes fréquences, soit-ce dans des proportions différentes.
Le grand problème de mesures basées sur les EEG’s c’est que l’on n’arrive guère à mesurer (sauf après intervention chirurgicale) l’activité des régions plus profondes. Et on sait par exemple très peu sur l’activité du cervelet, région dont la grande importance pour le fonctionnement humain (les capacités cognitives incluses) a été longtemps sous-estimée.
Et finalement, je crois avoir lu à l’époque que des régions différents ont une « fréquence optimale » différente aussi. Je n’ai pas le temps pour vérifier cela, hélas…
» Mais bien sûr comme toute classification elle peut prêter à critiques ; Ken Wilber en connait quelque chose… »
Oui, c’est vrai, mais hélas la façon de Ken Wilber d’y répondre a été trop souvent non seulement défensive, mais aussi très agressive voire dévalorisante et démagogique.
Si l’on veut vraiment avoir une opinion informée sur l’état du lieu de la pensée Wilberienne, je conseille vivement une visite régulière à ce site de mon compatriote Frank Visser:
http://www.integralworld.net/ Frank est devenu de plus en plus critique, certes, mais ces critiques sont très bien argumentées et appuyées, je trouve.
oui, Maarten, je pense que ce n’est pas le sujet de discuter actuellement de Ken Wilber, surtout que je prépare un article sur lui, nous aurons alors à loisirs d’en parler.
Pour le moment, le sujet c’est : est-ce que cette division tripartite prépersonnel / personnel / transpersonnel est pertinente pour mieux comprendre les différents EMC et leurs niveaux.
Par synchronicité, je viens de découvrir le dernier numéro du magazine de l’INREES « Inexploré », où il y a un dossier consacré aux EMC. C’est très intéressant mais ça nage au sujet de leur classification…
OK Alain, je me limiterai au « modèle pré-trans », alors…
Ce qui me gêne dans la façon assez récurrent de cette distinction entre pré-personnel et transpersonnel:
Le présupposé plus ou moins implicite que le « trans » est mieux que le « pré » (et donc que le Vrai Bonheur n’est pas ans le pré) – et je sais bien que tu n’es vraiment pas friand de ce genre de pensée hiérarchique et binaire. Mais à ce moment-là on peut se demander en quoi c’est encore utile de maintenir cette conceptualisation?
Le présupposé que un bébé n’aurait pas accès à des expériences « transpersonnelles ». C’est basé sur un modèle développemental psychanalytique qui est considéré un peu has been.
A.H. Almaas a, de son côté, donné un excellent réplique à Wilber, hélas seulement accessible en version anglaise (et trop nuancée pour résumer en quelques mots).
Et je crois que Almaas l’a très bien vu.
Tu dis Maarten : « Le présupposé plus ou moins implicite que le “trans” est mieux que le “pré” , ce n’est pas tout à fait cela à mon sens.
Dans un langage évolutif cela veut dire que ce n’est pas une hiérarchie au sens classique du terme, c’est une holarchie, c’est à dire, et cela peut se vérifier par l’expérience personnelle, que les EMC en transpersonnel – les expériences spirituelles, religieuses, mystiques – sont plus vastes, plus profondes, plus subtiles que les expérience d’EMC en direction de l’inconscient d’une personne.
Cela veut dire aussi, pour parler plus crûment, que bon nombre de grands méditants de la pleine conscience ou d’autres courants, feraient bien de faire au préalable un travail basique sur eux-mêmes en direction de leurs traumas, névroses ou perversions (le prépersonnel) ; leur mysticisme est plus que douteux et sent le narcissisme ou la névrose grave. Je crois que tu en connais quelque chose, toi aussi…
Je me sens bien en phase avec ton interprétation de cette distinction, Alain.
Et je crois aussi que tu es d’accord avec moi que le processus thérapeutique n’est pas linéaire, et que, même après un travail assez costaud focalisé sur « le prépersonnel », quand on s’engage dans des processus orientés vers « le transpersonnel », on devra faire face aux thèmes « prépersonnels » pas encore « traités » ou (comme on découvre parfois à sa grande déception) pas encore suffisamment « traités ».
Mon désaccord avec Wilber (et mon accord avec Almaas et d’autres) est plus avec la théorie développementale qui sous-tend cette façon de penser.
oui, nous sommes bien en phase Maarten ; je suis d’accord pour dire que cette distinction EMC prépersonnels et transpersonnels n’est pas mécanique, ni dogmatique ; c’est un jeu subtil de va et vient, c’est parfois un étrange mélange laissant le plus souvent perplexe.
Je dirai que c’est une cartographie intelligente, qui peut aider à y voir plus clair dans ce pays intérieur, où on peut facilement se paumer, à condition de se dire que c’est l’expérience multiforme du territoire qui prime sur la carte.
Bravo Alain pour ce panorama ambitieux et assez complet… d’autant plus que c’est un sujet complexe sur lequel les mots glissent facilement… l’utilisation de mots nous poussent a categoriser (voire implicitement a hierarchiser) les concepts, a les dissequer… alors que les EMC appellent en effet plutot a tisser les choses entre elles dans toutes leur richesse et leurs interactions…
J’aime bien a ce propos la tendance d’Edgar Morin a cree de nouveaux mots, a associer plusieurs mots ensemble pour generer de nouveaux concepts (meme si certains mots semblent un peu barbares au final) ou son utilisation de fleches pour presenter les mots/concepts en termes de circuits, de cycles… Son oeuvre est vraiment structurante sur ce point…
Concernant les differents scenarios proposes, j’ai egalement beaucoup aime la lecture du livre Web Spiritus, de Jean-Christophe Issartier… Ca se lit tres bien, difficile de lacher avant la fin… et developpe de maniere tres stimulante les enjeux lies a l’AI,aux nanotechnologies… avec toujours des citations de Teilhard de Chardin ou de Bill Joy (le mal nomme :))… une lecture riche egalement…
Je n’ai rien a ajouter sur le contenu de l’article, ou il me faudrait prendre plusieurs heures pour rediger quelque chose de veritablement constructif. A defaut, voici mon dernier poeme (en lisant le titre de l’article, je m’etais dit que cette fois mon dernier poeme ne collerait pas forcement, mais apres avoir lu l’article, je realise qu’il est en phase :)
Bien joyeusement,
marko
Equilibre
Personne n’est fou,
On est tous en déséquilibre.
Partagés entre plusieurs mondes,
A l’ouvrage entre les mailles de nos fibres.
On frise avec les abysses du connu
Et du contentement.
Reconnaissance et Joie
Propulsent à la surface du vivant,
Au-delà des falaises de l’inconnu.
Vertiges d’Icare sans orgueil.
Argonautes embrassés par l’appel.
L’appel des autres mondes,
Qui rendent fou le non-initié,
Qui trompent les âmes en manque d’acuité.
Car le mental est pauvre en ces contrées.
Seul le cœur est capable de dompter
Les démons des colères ;
Troisième œil en chacun,
A peine voilé par l’évidence
De nos mystères.
Les lunettes de la raison
Répandent leurs points morts,
Leurs limites, leurs souffrances.
Elles s’obstinent à empêcher
La lumière de pénétrer.
Brisons les intermédiaires
Grossiers ou réducteurs.
Il n’est qu’à fermer les yeux sensibles
Pour ouvrir le regard de l’indicible.
Parcourir les fresques de l’univers,
Témoignages de l’éternel éphémère…
Spirales de lumière,
De souplesse en nos sphères.
Retrouver le centre des silences,
Là où les mondes coopèrent,
Se rencontrent, s’enrichissent,
Tissent la fable génésique.
Toujours inachevée dans ses commencements.
Toujours élancée par delà ce que l’on comprend,
Réveillant nos cœurs d’amnésiques
Aux beautés de l’existence,
A la lumière de nos espérances.
Si on investit trop d’énergie dans le visible,
On se laisse noyer par l’invisible.
Si l’on dispense son énergie aux quatre vents,
Notre âme souffle les démons, les parasites,
Brûle les interférences subtiles,
Qui s’attachent à nos traces,
A nos faiblesses, à nos transes,
A l’arrogance pressée des rapaces,
A la routine qui nous enlace
D’un velours douteux.
Doutons un peu, suffisamment,
Pour que tremble le moment,
Que craquent les continents
De nos conditionnements.
Tectonique de la Vie
Où sans prévenir crachent
Les volcans de l’amour et de l’imprévu.
Ils se jouent des apparences stables
De ce que l’on a vu ici ou là,
Sans conscience…
Doutons un peu…
Sur le pouvoir de nos pensées,
Les choix de nos destinées.
L’observateur observé
Doit s’affranchir des conflits internes.
Témoin au service
Du témoignage de son entièreté.
Créer l’histoire que l’on se raconte,
Vivre l’histoire que l’on crée,
Raconter l’histoire que l’on vit.
A la croisée des mondes,
Savoir que l’on n’est pas fou,
Mais en équilibre avec le Tout.
ML (2014)
Desole pour l’horrible coquille: ‘l’utilisation des mots nous pousse…’
Il y en a plusieurs en fait… je relirai plus attentivement la prochaine fois… desole.
merci Marko pour ce beau poème complètement en phase.
Les coquilles, on ne les voit même pas, elles sont brassées dans le tourbillon de lumière !
Après une petite conversation par mail privé avec Alain, je me suis rendu compte que je n’ai pas assez clair dans ma critique de termes comme « l’état bêta ».
Donc en plus bref (et j’espère plus clair):
Ce qui est une erreur, c’est de confondre l’état bêta avec la « conscience normale » /quotidienne / habituelle.
Ce qui est une erreur aussi (mais une erreur bien répandue, hélas…) de considérer qu’il y a un « état bêta ».
oui, Maarten, je vois.
Néanmoins pour que nous puissions discuter sereinement, il faudrait que tu élabores un peu plus ces vérités que tu assénes et qui résonnent un peu comme des dogmes ou un paradigme indiscutable.
je te rappelle mon point de vue qui est un axe de toute la démonstration de mon article :
pour moi l’état bêta c’est :
1 de l’humour, parce que ça me fait penser à bêtise
2 un état de conscience qui fait référence à des observations sous EEG (14 Hz et plus)
3 un état que l’on appelle communément l’état de veille ordinaire par différence avec l’état de rêve et l’état de sommeil.
4 cet état de veille ordinaire se caractérise par la conscience d’être tournée vers le monde sensible, matériel, l’environnement immédiat
5 sur cet état se greffe communément, surtout depuis le 18e siècle, l’empire de la raison et du mental, qui étudie, organise et transforme cet environnement sensible au profit de l’espèce humaine – cela vient de ce que j’appelle la philosophie des « soi disant lumières »
6 cet état se caractérise aussi par une forte emprise de l’ego, du moi, de la personne (le masque), au service de sa survie et de celle de l’espèce humaine
7 cet état est à l’origine de l’excroissance invraisemblable de la science et de la technoscience occidentale, qui dans son dogmatisme dénie ou dévalorise tous les autres états, en particulier les EMC
8 cet état de conscience est, par sa domination depuis 400 ans, devenu l’état de conscience référentiel, à partir duquel on parle d’états modifiés pour tous les autres états de conscience. C’est cette suprématie référentielle que je conteste dans l’article.
Voilà, à toi de jouer !
J’assène, en apparence parce que
1) je n’ai pas le temps d’en écrire un article, et cette espace de commentaires ne s’y prête pas
2) Si je nuance plus (ce que j’aimerais faire), les détails risquent de faire en sorte que l’on s’y perd ou que l’on commence à lire en vitesse supérieure et de survoler ce qui me semble l’essentiel.
Donc je continue dans cette veine:
« 1 de l’humour, parce que ça me fait penser à bêtise »
oui, il y de l’humour là dedans, de l’humour un peu bête. Sans des régions du cerveau qui « travaillent en bêta » (et avec d’autres régions qui, simulatnément, travaillent en d’autres fréquences!), personne ne pouvait comprendre le texte que tu as posté…
« 2 un état de conscience qui fait référence à des observations sous EEG (14 Hz et plus) »
Comme j’ai illustré plusieurs fois, c’est un simplification (et les simplifications alimentent la bêtise, justement…)
3 « un état que l’on appelle communément l’état de veille ordinaire par différence avec l’état de rêve et l’état de sommeil. »
OK, mais sache que, une fois de plus, dans cet « état de veille ordinaire » il y a plein d’autres zones du cerveau qui travaillent – ou se reposent) dans une autre fréquence.
« 4 cet état de veille ordinaire se caractérise par la conscience d’être tournée vers le monde sensible, matériel, l’environnement immédiat »
Encore une fois, cela me semble une grosse simplification, désolé d’être un peu abrasif, ici.
Dans l’état de veille on n’est pas seulement orienté vers l’extérieur (car on réfléchit aussi, par exemple, on s’appuie sur des souvenirs, on se laisse guider par des craintes et objectifs que l’on vise, non?
« 5 sur cet état se greffe communément, surtout depuis le 18e siècle, l’empire de la raison et du mental, qui étudie, organise et transforme cet environnement sensible au profit de l’espèce humaine – cela vient de ce que j’appelle la philosophie des « soi disant lumières »
C’est que l’on a cru depuis un bon moment, mais tu te rappelles ce que Damasio a écrit là-dessus, dans son bestseller (et pour cause) « L’erreur de Descartes »?
En bref: Si l’on est coupé de ses émotions, on ne peut pas être rationnel.
« 6 cet état se caractérise aussi par une forte emprise de l’ego, du moi, de la personne (le masque), au service de sa survie et de celle de l’espèce humaine »
La survie est tout autant servi par le « ça » non?
« 7 cet état est à l’origine de l’excroissance invraisemblable de la science et de la technoscience occidentale, qui dans son dogmatisme dénie ou dévalorise tous les autres états, en particulier les EMC »
Je ne crois pas que l’on peut parler de LA science.
Et je ne vois pas en quoi la soit-disant « technoscience » dénie ou dévalorise des autres états, ce n’est plutôt pas son domaine de recherche…
Mais j’entends bien que dans le rationalisme il y avait une réaction excessive (mais en soi nécessaire?) aux dogmes plus mythiques et/ou romantiques.
« 8 cet état de conscience est, par sa domination depuis 400 ans, devenu l’état de conscience référentiel, à partir duquel on parle d’états modifiés pour tous les autres états de conscience. C’est cette suprématie référentielle que je conteste dans l’article. »
Il y avait toujours aussi des romanciers, des peintres, des poètes, et d’autres artistes, même dans cette période, non? Crois-tu vraiment que tous ceux étaient universellement dévalorisés, comme tu sembles impliquer?
Il y avait aussi les religieux et les églises, qui n’avaient pas perdu tour leur pouvoir (euphémisme…).
Voilà…
Suis-je toujours trop dogmatique?
Suis-je plus dogmatique que toi?
Ou suis-je tout simplement trop (?) réactif?
Un dernier remarque de ma part (qui peut-être illustre aussi une partie du pourquoi de mes commentaires, et leur ton): cet article me semble un peu trop franco-française, à mon goût non-français ;)
oui, Maarten; Tu comprends bien que je ne vais pas défendre « mordicus » l’état bêta, puisque c’est justement l’état référentiel de la vision occidentale classique que je combats dans cet article,
et tes remarques ne font que « mettre de l’eau à mon moulin », finalement.
Non seulement c’est un mauvais état référentiel, mais encore comme tu le montre bien, c’est un état illusoire, que l’on ne peut fixer en tant que tel, puisqu’il est changeant fluide, absorbé par d’autres dimensions de l’intériorité, en particulier les émotions.
Reste valides selon moi la distinction pré / transpersonnel. Cet état de veille ordinaire est fortement contaminé par les remontées de l’inconscient prépersonnel (mémoires émotionnelles, instinct et pulsions de survie, traumas, etc), le tout dans un total déni de la philosophie classique dont Damasio effectivement a fait une bonne critique.
Quant au transpersonnel, il brille par son absence dans cet état bêta ordinaire !
Je tiens aussi à l’excroissance de la rationalité qui se greffe sur cette conscience ordinaire pour accoucher des monstruosités de la technoscience actuelle. Cela beaucoup ont l’air de comprendre, je crois, et le partager. Il y a en même qui apprécient l’humour, auquel je tiens aussi, même si ce n’est pas de ton goût.
En tout cas merci pour tes réflexions qui enrichissent la réflexion de base, sans en enlever à mon avis l’essentiel.
Pour revenir à ton article, Alain:
Dans un de ces moments que je trouve délicieux de rêveries matinales, je me suis demandé :
Pourquoi pas, au lieu de parler des «états modifiés de conscience », parler en termes de « autres états de conscience naturels » ?
C’est un peu dans l’esprit d’un Milton Erickson, et peut-être encore plus un nombre de personnes qui ont poursuivi les chemins balayés par lui, pour qui tout le monde entre d’un transe en un autre, toute la journée. Et qui a même mené des hypnothérapeutes, dans un esprit provocateur que je trouve très pertinent et intéressant, de parler de « hypnose sans transe ».
Ainsi ils rendent explicite que des états hypnotiques divers sont tout à fait naturels et disponibles à tous.
Et qu’il ne s’agit pas de les « induire », mais les « évoquer ».
Il s’agit d’une nuance que je trouve effectivement très pertinent – et qui pourrait changer les rapports de force entre le thérapeute et le patient, vers une relation plus collaborative.
je suis ok, Maarten, avec ce commentaire et Milton Erickson a naturellement raison. Pas besoin de grandes transes spectaculeires à coup de tambours chamaniques, la conscience est sans cesse en état de modification et parler d’un état référentiel par rapport à des modifications est peut-être mission impossible.
Aussi ai-je proposé dans la conclusion de prendre comme état référentiel : la pleine conscience et tous les autres états sont des modifications incessantes, dont seule la pleine conscience peut rendre compte car elle les observe et les intègre tous.
Pour ton article précédent je n’ai pas le temps d’y répondre en ce moment, mais qu’entends par un article franco-français ?
C’est bien technique, cette discussion!
Merci en tout cas à toi, Alain, d’avoir lancé le problème, et à vous, Maarten, d’avoir fait sentir que la réalité du vécu individuel et collectif est bien plus nuancée que n’en donne l’impression le texte d’entrée.
Moi-même, assez intériorisé, distrait et « dans la lune », je sens bien que la conscience vécue n’est pas que rationalité, et comme prof de lettres je sais que les quatre derniers siècles ne sont pas non plus que rationalité!
Merci Maarten d’avoir une fois utilisé l’adjectif « romantique ».
Oui, le romantisme a été un phénomène culturel de grande ampleur qui s’opposait à la rationalité. Pour partir dans le mystère, Victor Hugo n’avait pas attendu qu’on parle d’EMC et d’état bêta, il n’avait même pas attendu Nietzche. Et puis vinrent Baudelaire, et le « Bateau ivre » de Rimbaud et sa « Saison en enfer »….
Ce qui me paraît juste tout de même, c’est qu’avec les progrès du rationalisme… dont Descartes n’est qu’une expression plus lumineuse que d’autres, et du reste une expression nuancée…, c’est qu’avec surtout la machine à vapeur et le scientisme, la dimension intérieure et « romantique » de l’humanité a été et demeure très dangereusement marginalisée… et du coup rééclate dans les enfers des drogues, addicts et destructions de masse.
J’ai un peu l’impression qu’en parlant d’EMC, vous, les psy concernés, négligeant artistes, poètes et inspirés divers, vous faites parfois un peu comme si vous étiez les seuls à avoir redécouvert la lune,
à avoir redécouvert précisément, que nous sommes autant mystère lunaire et féminin qu’oppresssante rationalité mâle de l’astre du jour.
merci François, comme je suis d’accord avec vous, quand vous faites allusion au romantisme et aux poètes qui figurent parmi mon panthéon personnel, bien au dessus de tous les philosophes – Nietzsche excepté, qui est pour moi plus un poète plus qu’un philosophe, voir son Zarathoustra.
Quant aux psys il faut bien sûr les remettre à leur place dans leur volonté d’hégémonie pour explorer l’inconscient prépersonnel.
En fait pour explorer cet inconscient redoutable, je ne vois que trois voies principales :
il y a l’Art que je mets au dessus de tout et j’ai passé beaucoup plus de temps à lire « une saison en enfer » et les « Illuminations » de Rimbaud, que les méditations cartésiennes. C’est aussi pour cela que je remercie particulièrement Marko et ses poèmes.
il y a aussi ensuite toutes les méthodes d’accompagnement de la psychothérapie pour voyager et se guérir de cet inconscient. Mais là, je balaie très large, il y a toutes les techniques qui ont vu le jour depuis Freud, dans lesquelles je peux inclure les techniques du neo-chamanisme, quand les chamanes tiennent la route – ce qui est d’après mon expérience assez rare.
Enfin il y a toutes les référence aux mythologies anciennes. Joseph Campbell occupe pour moi, une place de choix.
Donc merci encore d’avoir rappelé l’importance de l’Art et de la poèsie que je mets en premier.
Merci Alain pour cet article qui reprend un peu l' »historique » de ces phénomènes…
J’ai vu le film « only lovers left alive », j’ai beaucoup aimé vraiment! de plus, il y a de l’humour ce qui n’était pas évident pour un tel sujet, sans risquer de décrédibiliser le message…
Oui, ce que tu rappelles au sujet des EMC par écrans interposés est effrayant. L’homme « augmenté », comme ils disent!!!
J’avais lu une enquête (je ne sais plus où) qui exposait les liens indubitables entre les tueries gratuites, faites en majorité aux E-U., souvent dans des écoles, et des « over-doses » de jeux videos, elles-mêmes associées à des prises de médicaments anti-dépressifs.
Est-ce que tu as eu vent de ces informations ?
C’est intéressant, Brigitte, de regarder aux USA, pour voir ce que nous pourrons apprendre sur nous, en Europe – et ainsi nous pourrons peut-être aussi aller au delà une interprétation trop franco-française.
Ce que je crois que l’on peut voir aux USA :
Des réactions violentes à l’effondrement de la mythe de la « suprématie blanche » (appelé white supremacy aux USA). Le droit de porter des armes aux feu est presque exclusivement défendu ardemment par des blancs qui veulent regrédier (une forte exemple des dangers d’un retour vers le pré-personnel?) vers l’esprit des pionniers. Quand on défend ce mythe, difficile de ne pas devenir, non seulement raciste, mais aussi paranoïaque…
Lié à ce mythe est aussi le mythe du capitalisme néolibéral, mythe qui s’effondre aussi, surtout que maintenant on voit combien ce néolibéralisme est en train de détruire notre écologie (et la majorité des américains maintenant le reconnaissent depuis peu).
Un des risques d’un critique au rationalisme (ce que Alain aime associer avec l’état bêta/ bête, ce qui me semble une raccourci dangereux si l’on y tient trop) est que cela risque d’alimenter ce genre de régressions vers le pré-rationnel (terme que je préfère à celui du pré-personnel).
Le transrationnel (une intelligence qui peut transcender la rationalité binaire) devrait, presque par définition, *inclure* le rationnel.
Ce qui veut dire aussi, dirai-je, qu’il faut apprécier la place de la rationalité dans l’évolution humaine -et avec ceci les sciences dures et les technologies y associées).
Et je crains que, dans l’engouement pour des EMC, on risque aussi de dévaloriser la rationalité.
Ce qui me semble très dangereux…
Pour revenir aux jeux de vidéo etc : y aurait-il un lien entre « une fuite dans des EMC’s » et une fuite dans les jeux vidéo ?
Et une chose de plus sur l’USA : je crois que nous devrions pas nous plaindre d’un président comme Obama. Et Obama est, me semble-t-il, un bon exemple d’un homme qui inclut (et transcende?) la rationalité et la technologie.
d’accord avec toi, Maarten, pour nuancer le propos, au sujet de ces meurtres de plus en plus fréquents, commis par des ados et des pré-ados, aux USA, mais aussi chez nous déjà ou bientôt.
Il y a bien sûr cette crise sociale venant de la crise économique et idéologique du néo-libéralisme dans son n’importe quoi. Les NTC (les Nouvelles technos de communication) font partie de ce n’importe quoi et pour moi, elles sont à l’origine de cette régression monstrueuse de l’esprit humain, surtout perceptible actuellement chez les ados et pré-ados qui sont la cible privilégiée des NTC.
Ensuite tu dis : « Ce qui veut dire aussi, dirai-je, qu’il faut apprécier la place de la rationalité dans l’évolution humaine -et avec ceci les sciences dures et les technologies y associées).;Et je crains que, dans l’engouement pour des EMC, on risque aussi de dévaloriser la rationalité. Ce qui me semble très dangereux… » Là tu imagines bien que je ne suis pas d’accord. Bien sûr, on ne peut pas rayer la rationalité, les sciences, et la technoscience de la cartographie de la conscience humaine, mais il s’agit pour moi d’en combattre l’hégémonie qui dure depuis trop longtemps, et surtout la monstrueuse excroissance de la technoscience actuellement, qui système capitaliste à l’appui, fait courir actuellement le risque, tout simplement, de la disparition de l’espèce humaine, soit par anéantissement pur et simple à dominante écologique, soit par mutation dans le « transhumanisme » ce qui est une autre horreur.
Quand à ton admiration pour Obama, je ne la partage pas : il est « faiblard », prêt à toutes les compromissions, il ne fait que laisser la situation dégénérer. Mais peut-il faire autrement ? ça, c’est une autre question…
OK, on devrait être d’accord de ne pas être d’accord, Alain… (j’abstiens à mon envie de défendre Obama, car on risque de sortir trop loin du cadre).
Pour revenir au pré-trans…
Je suis un peu étonné que tu classes (fermement, me semble-t-il) le chamanisme parmi les approches trans…
A nuancer peut-être, là aussi?
Juste le temps de répondre à ta question, Maarten,
le chamanisme me semble être pré / trans à la fois, d’où d’ailleurs souvent des confusions et des dangers ; ça va dépendre du chamane et de son niveau d’évolution. Le chamanisme explore les mondes d’en haut et les mondes d’en bas ; il vaut mieux commencer par les mondes d’en bas avec des techniques différentes que pour le monde d’en haut. Une fois passées ces étapes préliminaires, le monde d’en haut, le monde des dieux et des divinités est le plus important ;
c’est pour cela que dans mon article je l’ai mis du côté du trans, mais c’est un raccourci venant du fait du fait que j’ai voulu faire synthétique. Les commentaires servent à enrichir. Merci de ta question.
Concernant la place à accorder au rationnel, je ne vois pas vraiment de contradiction entre vous, Alain, et vous Maarten sur « la place dela rationalité dans l’évolution humaine ».
Bien sûr vos positionnements respectifs mettent l’accent sur deux points à mes yeux justes et complémentaires :
Vous, Alain, vous mettez l’acent sur les terribles dangers que fait courir à l’humanité « l’hégémonie » pas encore brisée de la rationalité, et je suis d’accord
Vous, Maarten, vous mettez l’accent sur l’importance de cette rationalité pour les hommes, et en même temps sur le devoir de « l’inclure dans le transrationnel », et je suis d’accord aussi.
Pour moi, je vis le rationel comme mon « bras droit »; il m’est utile, par exemple pour comprendre et faire se comprendre des gens différents, comme je le fais ici. J’en remercie le Ciel et ne souhaite pas devenir manchot.
Mais si le rationnel devient la tête, se veut hégémonique, alors oui, l’humanité revient à une sorte de bestialité superoutillée, et c’est la catastrophe.
La tête, pour moi, c’est cette intuition d’une intériorité follement heureuse coexistant avec le tout proche abîme d’une librement possible et tentante annihilation par hubris, infinie volonté de puissance.
La tête, c’est l’écoute de ce chant intérieur qui d’en haut vous tend les bras vers le bonheur possible, d’humilité, docilité à la Vie simple.
Quand le bras se prend pour la tête, il sombre dans cette hubris, orgueil dévastateur.
Ce combat pour remettre la raison à sa place de bras, c’est l’histoire de Socrate, c’est celle de toute la Bible, c’est celle de bien des penseurs, des romantiques … et de la découverte des EMC…
merci François, je reconnais là vos talents de fin diplomate aimant synthétiser les propos de chacun pour tenter de les réconcilier.
Mais il y a des choses dans votre synthèse qui me gênent : d’abord le terme de « transrationalité » qui ne me convient pas, car il soustend l’idée qu’il y a une raison supérieure capable de penser la dimension transpersonnelle, la dimension spirituelle. personnellement je ne le crois pas : pour le niveau transpersonnel, la raison doit se taire, le silence ou le coeur en sa volonté d’amour d’unifiante n’ont que faire de la raison. Le transpersonnel a son langage à lui qui n’a rien à voir avec la raison, c’est pour cela que les mystiques ont eu tant de mal à se faire comprendre…
je continuerai tout à l’heure
Il me semble que nous entendons pas la même chose par « trans-rationnel ».
Est-ce que ceci clarifie un peu? :
1) « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point. »
Tout comme un Hollandais a des difficultés de se faire comprendre par un français – j’en sais quelque chose! – sauf quand il sait correctement parler français et connaît la culture française, ainsi un mystique a du mal à se faire comprendre par un non-mystique.
Est-ce que les mystiques entre eux ont une telle difficulté à se faire comprendre ?
2) Il y a, me semble-t-il un domaine au delà la raison « normale », qui connaît ses rythmes, formes et lois (ou patterns) à lui. Comme me semble suggérer ces mots-ci: « Que votre volonté soit faite »
« Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu » me semble indiquer cela, aussi.
Je pourrais donner d’autres exemples, mais je crois que cela suffit pour clarifier un malentendu?
cela signifie pour moi, Maarten, que dans le domaine transpersonnel, la raison doit abdiquer. Aussi le terme « transrationalité » est impropre, car il peut prêter à confusion, il y a toujours le mot « rationalité » à l’intérieur, comme s’il pouvait y avoir une rationalité transcendante, ce que je récuse.
La Parole de dieu, c’est le logos, rien à voir avec la raison. Celui qui s’en rapprocherait le mieux, ce serait Héraclite, encore un poète illuminé.
Merci, François…
Peu–être j’aurais dû dire plus explicitement que « inclure et transcender » la rationalité n’est par définition pas compatible avec une « hégémonie de la rationalité » ?
J’aime beaucoup ta présentation originale de la tête comme » l’écoute de ce chant intérieur qui d’en haut vous tend les bras vers le bonheur possible, d’humilité, docilité à la Vie simple « .
Serait-ce une belle métaphore pour une trans-rationalité?
en attendant la réponse de François, j’ai envie de réponds : « inclure et et transcender la transcender » la rationalité qui est le mouvement holarchique ou holonique par excellence, signifie évidemment que la rationalité perd non seulement son hégémonie, mais sa référentialité, L’état bêta auquel la raison est associée, rétrograde, il doit perdre sa prétention à comprendre et changer le monde et accepter ses terribles limites, faute d’une vision holistique.
Pour ce qui est de la métaphore de la tête – c’était la 2e remarque que je voulais faire à François -, je ne l’aime pas trop, car pour moi la tête est trop connotée le mental, la raison, le cerveau, instances dirigeantes de la culture occidentale. Or la Conscience intégrative ou pleine conscience est délocalisée ainsi que les recherches sur le monde quantique le démontrent, de même que les EMI. Cela veut dire que « cette intuition d’une intériorité follement heureuse coexistant avec le tout proche abîme d’une librement possible et tentante annihilation par hubris, infinie volonté de puissance », ne vient pas seulement de la tête, mais de toutes les cellules de mon corps, de mon Souffle et du cosmos.
Mais oui bien sûr, Alain et Maarten, il faut s’entendre sur le sens qu’on donne aux mots « transrationnel » et « transrationalité ».
Vous, Alain, vu le sens que vous donnez à ces mots, (ce jour 15h56), je comprends et accepte que vous refusiez ces termes.
Mais visiblement Maarten, qui cite Pascal (ce jour 17h33, « le coeur a ses raisons ») se réfère, lui, à un autre sens de ces mots:
un sens inspiré de Pascal et d’ autres penseurs postérieurs sur la même longueur d’onde que lui.
Pour ce courant de pensée, en métaphysique, la raison doit par constat raisonnable reconnaître ses limites et céder la place à la foi, comme l’a souligné Kant.
C’est exactement ce que je pense, et c’est bien aussi je crois votre avis, Alain et Maarten: que la raison n’est pas à la hauteur du mystère et doit le reconnaître.
Mais revenons au mot « transrationalité ».
Non rodé par l’usage, ce terme reste ambigu et susceptible de deux interprétations différentes.
On peut en effet le comprendre comme vous, Alain : y voir une « rationalité trans », c’est-à-dire une rationalité qui serait au-delà de la rationalité habituelle.
On peut aussi comprendre, comme Maarten et moi, « une qualité X qui est au-delà de la rationalité », la qualité incernable de ce qui est transrationnel, de ce qui est au-delà de la raison.
Je m’explique.
Comme la « bon-té » est la qualité de ce qui est bon et la vér-ité la qualité de ce qui est vrai, la « transrational-ité » est la qualité de ce qui est « transrationnel », de ce qui dépasse la raison.
Dans ce genre de néologisme, Il n’y a pas vraiment de règle grammaticale en français permettant de trancher le débat sur le sens :
seul l’usage le fera.
En l’état actuel de la discussion, je ne vois donc plus la nécessité de ferrailler sur le fond, à moins de vouloir toutefois se positionner sur des formules, comme à Nicée:
Jésus était-il d’une nature semblable à Dieu (omoiousios) ou de même nature (omoousios)?
C’est ce qu’on a appelé la querelle pour un iota.
Qu’en pensez-vous, Alain?
oui
Je vois, Alain que nos messages (18h20 / 18h42) se sont croisés.
Le vôtre confirme notre accord à trois sur le fond : « la raison doit abdiquer ».
Quant au sens des mots, j’ai le regret de vous dire qu’en grec le mot « logos » signifie A LA FOIS « Parole » et « raison », d’où une interminable histoire de métaphysique religieuse amplifiée par l’Evangile de Jean, et développée au cours des siècles, et selon laquelle le monde a été rationnellement organisé par la Parole créatrice de l’intelligence divine.
Sans cette confusion, Descartes n’est pas possible, ni le christianisme.
Quant au mot « transrationalité », nous sommes bien d’accord qu’il est ambigu. Je n’interdirais toutefois pas son usage.
Pourquoi?
Simplement parce que je ne vois pas par quel autre mot dans notre langue exprimer l’idée de ce qui est au-delà de la raison, trans-rationnel.
ce n’est pas le lieu ici de poursuivre ma réflexion sur l’ambiguité du langage.
Heureux que nous nous comprenions, j’ajoute simplement un merci, Alain, pour vos pespectives de ce jour à 18h51.
Certes la tête n’est qu’une métaphore.
Un jour, je le crois je vivrai sans corps, ni tête, ni cerveau.
En attendant, ma pensée relie inévitablement « intuition » à « tête »parce que l’intuition passe par « idéation » et monde des sens, dont cerveau, yeux et oreilles.
Mais naturellement je ne vais pas défendre l’ « hégémonie » cérébrale de l’intuition.
Tant que l’on est la (le sens donné aux mots) :
Il me semble, Alain, que tu donnes un autre sens au mot « pleine conscience » que celui y donné plus communément. J’aime beaucoup l’originalité, mais cela aide quand même de se rendre compte que l’on utilise un concept répandu de façon originale, non ?
« La pleine conscience » est une traduction malheureuse de l’anglais « mindfulness ». Sachez que, pour les anglais, « être mindful » ne veut pas dire plus que, « être attentif » (« Mind the gap », peut-on entendre dans le métro londonien, l ne s’agit pas d’un rappel à la Vide Bouddhiste:-)
Et « mindfulness » est une traduction, fait pour la première fois en 1881 (donc bien avant Thich Nhat Hâhn), du mot (sanskrit) « Sati ».
Avant que l’on démonise trop vite les jeux vidéo (qui activent aussi des EMCs, non?) et l’accusent trop facilement d’être à la cause de violence, voici une étude de cette semaine qui suggère que, là aussi, il convient de nuancer et de regarder au delà les apparences :
« De nouvelles études suggèrent qu’un comportement odieux joué dans un environnement virtuel peut conduire à une augmentation de la sensibilité de joueurs vers les codes moraux qu’ils violaient pendant le jeu ».
C’est la découverte surprenante d’une étude menée par Matthew Grizzard, PhD, professeur adjoint à l’Université de Buffalo Département de la communication, et co-écrit par des chercheurs de la Michigan State University et l’Université du Texas, Austin.
«Plutôt que de mener les joueurs à devenir moins moral», dit Grizzard, « cette recherche suggère qu’un violent jeu de jeux vidéo peut effectivement conduire à une augmentation de la sensibilité morale. Cela peut, comme il le fait dans la vraie vie, provoquer les joueurs à adopter un comportement volontaire qui bénéficie d’autres personnes. »
http://medicalxpress.com/news/2014-06-bad-video-game-behavior-players.html
Ne t’en déplaise, Maarten, mais je ne crois pas un mots de ces études scientifiques signés par de grands professeurs américains des plus prestigieuses universités.
Depuis longtemps, tout le monde sait que ces études ne sont pas neutres – il en sort tous les jours pour montrer l’innocuité des OGM ou le leurre du changement climatique. Donc, il faudrait savoir surtout d’où sortent ces chercheurs, par qui ils sont payés , par quels lobbies de la communication qui veut vendre toujours plus ces saletés pour le profit sans limite ; il faudrait savoir aussi le système de croyances de ce jeune chercheur « bon chic bon genre » qui pose fièrement sur la photo, il faudrait enfin quels jeux video ils ont testé, car bien sûr il y a différents niveaux de l’ignominie, il y a des jeux qui ont un semblant de moralité, même si la plupart sont « trash » et nullisimes.
Il faudrait connaître aussi l’environnement social des jeunes qui ont été testés. Il peut y avoir bien sûr, et c’est souhaitable, une influence neutralisante ou positive des parents ou de l’école pour inoculer un peu de sens et de morale à cette sous-culture qui nous prépare la prochaine barbarie…
Apparemment, je n’étais pas suffisamment clair dans mes lignes avant le résumé de cette étude, et je le redirai donc de façon plus provocatrice.
Mon but n’était pas de suggérer que ces chercheurs « ont raison », mais de relativiser des clichés, soient-elles « intégratives » ou « alternatives », et de contribuer à des échanges plus nuancées.
ok, Maarten, ta contribution, comme d’habitude, est intéressante, même si nous ne sommes pas d’accord sur ce point.
C’est la nuançiation qui compte pour moi, au delà (ou éventuellent en deça) d’un accord pas d’accord…
Et j’ai apparemment du mal à communiquer cela…
Bon, ainsi soit-il…
je comprends, Maarten, mais la situation du monde me semble tellement grave, que je ne peux plus « faire dans la dentelle » sur certains sujets, comme les NTC (Nouvelles Technologies de Communication).
Qu’est-ce que tu vas dire si j’écris un article sur le « transhumanisme » ?
Probablement un truc pareil:
que la situation est tellement grave que l’on ne peut plus se permettre de simplifier les choses en « voyant rouge »… ;)
Pour moi, tu le sais, une perspective transrationnelle n’est pas compatible avec la binarité…
(ce qui est d’ailleurs aussi parmi les plus grands problèmes aux USA – ce qui empêche beaucoup le champ d’action d’un Obama. Enfin, c’est mon impression, basée sur ce que je lis et entends d’outre-atlantique… Je le mentionne en tant que métaphore, pas plus, car bien sûr il y a des choses à critiquer aussi chez Obama, mais ce n’est pas le cadre pour entrer dans ce genre de détails-là).
oui, Maarten, en théorie nous ne sommes pas bien sûr binaires, comme tu le dis, mais intégratifs, multidimensionnels, holarchiques, etc. En théorie, avec nos mains blanches d’intellectuels, car dans la vie réelle, tout s’est tellement détérioré ces dernières années, que nous sommes obligés de prendre parti, de nous engager dans une sorte de sauve-qui-peut général, qui peut sembler un peu binaire.
Finis les beaux rêves de Joël de Rosnay sur le village planétaire grâce aux NTC salvateurs, nous en sommes à lire avec attention « L’obsolescence de l’homme » de Gunther Anders qui sait de quoi il parle pour avoir vécu les deux holocaustes majeurs du 20e siècle (Auschwitz et Hiroshima). Nous voyons bien que se prépare activement le 3e et qu’il aura sûrement à voir avec le développement dément des technosciences, NTC en tête. Ce n’est pas être binaire, c’est être lucide.
Je suis allé voir hier soir le beau film de Pascale Ferran »bird people », c’est un beau film dont la deuxième moitié se passe en EMC, puisque le personnage principal se transforme en petit moineau, comme si on y était.
J’ai l’impression (et peux me tromper) que tu diabolises les NTC.
Donc la question se pose : est-ce que nos échanges sur ce blog ne sont pas, elles aussi, devenues possibles grâce aux Nouvelles Technologies (pour ne mentionner que ça) ?
Pour sortir de la binarité (ou dualité), il convient selon moi que d’un part on ne nie pas les côtés obscures et potentiellement néfastes des toutes les nouvelle technologies, mais que l’on ne nie pas non plus les bonnes applications (potentielles et réelles) de ces nouvelles technologies.
Je peux en donner un autre exemple. Il y a plein de raisons pour maudire Facebook. Et ben, il se trouve que, grâce à Facebook, je peux rester informé sur des événements importants qui m’auraient échappé autrement, d’entamer des discussion importantes et de rester en contact avec des amis qui souvent vivent à l’autre bout du monde, de façon autre que par exemple aurait été possible par mél… (Presque) tout dépend de l’usage que l’on fait de ces technologies, selon moi…
Un dernier exemple: il y a quelques semaines, j’ai pu participer à une formation qui s’avère essentielle pour moi, grâce à… tu peux devenir la suite.
oui, Maarten, cela va dépendre du point de vue ou de la perspective dans laquelle on se place. si on se place du strict point de vue individuel, on peut effectivement se faire sa petite niche avec les NTC, et plus particulièrement sur internet, facebook, etc, comme par exemple ce blog. Mais d’un point de vue global, le monstre informationnel est à la solde de la marchandisation du monde et du système capitaliste. Cela devient un immense appareil de contrôle et de formatage des esprits.
Je continue donc à nuancer..
Oui, il y a c e que tu décris.
Mais il y a aussi, par exemple, « les colibris » de Pierre Rabhi qui se font connaître par ces outils que tu considères monstrueux, il y a aussi des initiatives financées par le « crowdsourcing » ou « crowdfunding » (possible grâce à ce que tu désignes comme ce « monstre) comme par exemple la création de ce projet dont tu devrais te réjouir aussi http://www.kisskissbankbank.com/demain-le-film , il ya des « gamers » qui construisent des yeux pour changement social qui commencent à gagner d’envergure, il y a (comme je mentionnais déjà) des formations mises en ligne pour que ceux qui normalement n’auraient pas pu accéder à celles-là, il y a des universités (surtout américaines » qui mettent des études entières en ligne pour que des personnes vraiment pas privilégiées à l’autre bout du monde peuvent s’instruire, etc. etc.
Ce n’est pas pour rien que les « gouvernements » le plus dictatoriaux cherchent à bloquer l’accès à beaucoup de sites qu’ils considèrent (à juste titre, d’ailleurs) subversifs…
Tu appelles cela « faire sa petite niche »?
chacun a le droit de penser ce qu’il veut, Maarten, sur ce sujet qui devient peu à peu un sujet de controverse, après le bel optimisme du départ. Je préfère arrêter là et goûter le silence. Bonne nuit.
Je complète un peu ma réponse, Maarten, ce soir.
Je voudrais te dire que je suis OK avec toi pour saluer les contenus positifs et porteurs d’espoir de la « toile », en ce qui concerne les perspectives intéressantes de sortie de crise ; et comme toi j’aime bien Pierre Rabhi, Colibris, et Cyril Dion dans son nouveau projet de film, dont j’avais déjà entendu parler. Merci d’en avoir indiqué le lien.
Mais ma critique ne se place pas à ce niveau informationnel, ma critique est pour ainsi dire « ontologique », elle vise l’être de la toile et plus précisément l’excroissance sans limite du monde virtuel – là, j’aime bien quand François parle de « l’hubris » grec, c’est à dire la démesure, presque le monstrueux.
Car cette démesure du monde virtuel peut mettre en péril jusqu’à l’existence de l’être humain dans la variété des niveaux de son être. Certains parlent même de sa disparition ou de son « obsolescence » – voir Gunther Anders : il commence son livre par cette belle phrase : « rien désormais n’a d’intérêt, si ce n’est le fantôme du monde et la consommation de ce fantôme ». J’ajouterai que le fantôme transforme progressivement l’être humain en un « zombi » plus intéressé par la virtualité du monde que par sa réalité.
C’est une piste intéressante de réflexion, non ?
Oui, Alain, je trouve que tu as raison et quand tu cites Gunther Anders, cela renforce la pertinence de tes propos.
« … le fantôme transforme progressivement l’être humain en un « zombi » plus intéressé par la virtualité du monde que par sa réalité » : tout à fait juste!
Je crois qu’en ce moment, il y en a quand même qui commencent à se réveiller, à sortir de leur monde fantomatique… c’est en tout cas une impression assez nette que j’ai…
Le réel du monde commence à frapper fort pour se rappeler à l’ordre!!!!
Ces propos sur les nouvelles technologies me rappellent dans ce blog ceux d’Anne-Marie sur l’argent.
A mes yeux l’un comme l’autre sont des outils utiles, mais majoritairement utilisés à de mauvaises fins, et donc globalement nuisibles.
Je ne crois pas qu’il faille supprimer ces outils, mais mettre à la mode le bon usage des choses, pour résumer mettre à la mode ce qu’on appelle le « bien ».
Je crois que ça demandera beaucoup de patience et de temps, mais que c’est possible.
Seulement je sais que présenter ma foi sur ce blog crée des problèmes.
François
« Seulement je sais que présenter ma foi sur ce blog crée des problèmes. » ???
Quels problèmes, François ?
réponse à Alain 2 juillet 12h35:
Ce n’est, Alain, un secret ni pour vous ni pour moi que le livre de chevet que je privilégie faute de mieux ou par défaut,
mais qui malgré tout me fascine,
j’y ai un moment sur ce blog fait référence d’une manière qui, par sa fréquence insistante, vous a paru, si je ne m’abuse, donner de votre blog inexacte et trop monolithique.
Un peu déstabilisé, j’ai dans un premier temps choisi de me taire.
Seulement voilà.
Il arrive sur votre blog que des intervenants réfléchis, tel Maarten, engagent avec vous un dialogue sur les problèmes fondamentaux de la vie.
70 ans d’existence dont 25 en compagnie du dit ouvrage, m’ont convaincu que si l’état du monde oscille dangereusement au gré du temps,
malgré tout, l’humanité reste capable d’un progrès spirituel indéfini,
source de tout bonheur,
si un nombre suffisant d’êtres humains font durablement cet effort d’ascension intérieure.
Je le fais donc et y invite.
Après, questions de détail…
comme l’intérêt médias…, comme le fait de savoir si c’est vous ou Maarten ou moi qui voyons le plus clair…, comme le fait de savoir s’il est plus dangereux de chercher la nuance ou de la fuir…
questions sans fond, mais sur lesquelles il est utile de s’interroger dans le dialogue, l’amour et le juste milieu.
Au quatrième alinéa de mon message 11h38, j’ai oublié le mot « image ».
Lire » J’y ai un moment (…) donner de votre blog une image inexacte et trop monolithique ».
Au début de l’avant dernier alinéa, j’ai oublié le mot « des ». Lire « comme l’intérêt des médias »
oui, je comprends, François,
Ce qui m’a fait problème à un certain moment de votre foi ou plutôt de votre profession de foi, ce n’est pas celle-ci proprement dite que je respecte, c’est son caractère répétitif et peut-être invasif ou peut-être – hum … son « hubris ». En tant que modérateur ou régulateur, il m’a fallu poser des limites pour la variété des propos et des différentes professions de foi, car je suis de ceux qui pensent que de ce creuset multiforme de l’intelligence humaine en recherche, peut jaillir parfois la vraie Lumière, en dehors de tous les sentiers battus.
Le mot grec « hubris », excès orgueilleux, démesure, que j’ai lancé ici le 27 juin à 12h46 pour désigner une tentation humaine extrêmement générale, il vous a plu, Alain, et vous nous le reservez deux fois pour notre dîner d’hier soir, à 18h31, puis à 18h44, mais dans des contextes trop particuliers pour que je les accepte tels quels.
Que mon attitude de « profession de foi » vous ait suggéré ce mot, je ne vais pas nier votre ressenti!
Mais si vous me le dites, cela ne peut me profiter que dans la mesure où vous référeriez aux termes précis qui vous ont paru excessifs, pour m’aider à réfléchir aux mots que j’emploie.
Quant à l’hubris que vous attribuez à la toile, je vous comprends, car il y a chez les maîtres de la toile une volonté de publicité sans limite voulant mettre l’humanité entière au service de sa propre rapacité, quitte à faire miroiter du « virtuel ».
Mais, je le redis, pluôt que d’incriminer la toile, je préfère incriminer les excessives rapacité et volonté de puissance qui avant d’inventer la toile avaient déjà inventé bien d’autres moyens parfois moins recommandables encore: mensonge, meurtre, armements, exploitation, bureaucratie, esclavage…
Le problème est bien en nous-mêmes.
oui, François, vous me dites au sujet de l’hubris (la démesure)
« cela ne peut me profiter que dans la mesure où vous référeriez aux termes précis qui vous ont paru excessifs, pour m’aider à réfléchir aux mots que j’emploie. »
Je crois qu’il ne s’agit pas pour moi des termes que vous avez employés, mais plutôt d’une certaine insistance, d’une répétition des messages qui m’ont fait penser que vous vouliez nous convertir à votre foi. Mais tout cela est déjà ancien et ce n’est qu’une impression.
Le terme ‘hubris » étant d’ailleurs un peu exagéré, il s’agit de mon humour parfois un peu … grinçant. Il vaudrait mieux parler d’insistance comme si vous déteniez la Vérité, or pour moi, mais ce serait une longue discussion, il n’y a pas à proprement parlé de Vérité.
Bonjour,
J’arrive peut-être un peu tard…
J’étais partie ailleurs et je viens seulement de lire les échanges entre Alain, Maarten et François. Plus je lisais, plus je pensais aux écrits (que je trouve merveilleux) de G-K. Gibran, ce poète, peintre et philosophe libanais que vous connaissez j’en suis sûre.
Je n’aime pas les mots « tout faits » par d’autres qui ne sont pas des poètes; seuls, eux, ont le droit, à mon avis… Les trucs comme « transhumanisme », « transrationnel » ne me plaisent pas du tout!
Khalil Gibran a écrit un très beau texte sur la raison et la passion (ce qui me paraît le centre de cette discussion). Et, je le trouve beaucoup plus clair, lumineux même, que toutes les tentatives d’explications d’intellectuels.
Je vais juste en reprendre un extrait :
« Votre raison et votre passion sont le gouvernail et les voiles de votre âme qui navigue de port en port.
Si votre gouvernail ou vos voiles se brisent, vous ne pouvez qu’être balloté et aller à la dérive ou rester ancré au milieu de la mer!
Car la raison, régnant seule, est une force qui brise tout élan et la passion, livrée à elle-même, est une flamme qui se consume jusqu’à sa propre extinction!
Ainsi, laissez votre âme exalter votre raison jusqu’aux hauteurs de la passion pour qu’elle puisse chanter!
Et laissez-la diriger votre passion avec raison, afin que la passion puisse vivre au travers de son incessante résurrection et, tel le phœnix, renaître de ses propres cendres!
Lorsque, parmi les collines, vous êtes assis à l’ombre fraîche des peupliers blancs, partageant la paix et la sérénité des champs et des prairies qui s’étendent au loin, alors laissez votre cœur dire en silence : « Dieu se repose en la raison ».
Et quand la tempête arrive et qu’un vent fort secoue la forêt, et que le tonnerre et l’éclair proclament la majesté des cieux, alors laissez votre cœur dire avec respect : « Dieu agit dans la passion »!
Et puisque vous êtes un souffle dans la sphère de Dieu, vous devez reposer en la raison et agir avec passion! »
Qu’en pensez-vous ? Même si l’on n’est pas croyant, on peut admettre la pertinence et la sagesse de cette réflexion.
Personnellement, jose dire simplement, comme d’autres l’ont dit déjà : « Les poètes ont toujours raison »!!!
Bon week-end!
Brigitte
merci Brigitte pour ce beau texte de Khalil Gibran qui nous fait tous réfléchir du bon côté.
K. Gibran a bien raison de nous expliquer à sa manière que « raison » et « passions », ne sont que des outils au service de l’âme et de dieu ; je traduirai dans mon langage que la rationalité issue du mental et les émotions doivent être reliés à quelque chose de plus profond, de plus vaste qui les intègre et les transcende en leur donnant du Sens ; sinon quand elles sont coupées de cette transcendance, elles se mettent au service de l’ego, le petit moi qui veut absolument avoir raison et oublie que des vérités différentes peuvent très bien coexister à des niveaux différents. C’est sûrement un peu ce qui a dû se passer dans nos conversations passionnées avec Maarten et François.
Par contre je n’aime pas trop votre défiance par rapport à des termes comme « transhumanisme » ou « transrationnel » ; vous traitez ces termes d’intellectuels, mais l’intellectualisme à mon sens fait partie de la raison et ces propos pourraient aller à l’encontre de ce que dit K. Gibran, qui ne condamne pas la raison en tant que telle.
De plus, il me semble aussi que ces termes nouveaux essaient de rendre compte d’une réalité nouvelle, complexe qu’il nous faut tenter de réfléchir rationnellement en créant des mots nouveaux pour en rendre compte. Le « transhumanisme » par exemple, il y a 10 ans personne ne connaissait, maintenant il s’agit à mon sens de s’y intéresser, car il représente une dérive nouvelle de l’être humain coupé – on est bien d’accord – de toute transcendance, coupé de son être par le tout technologique.
Bien sûr, Alain, l’intellectualisme fait partie de la raison et je ne me défie aucunement de la raison!
Je conçois complètement que d’autres, comme vous, fassiez ce travail de « rendre compte » et je pense que c’est très important, en effet, afin de pouvoir s’intéresser aux réalités nouvelles et y réfléchir.
Je me suis emportée un peu vite!
Il n’empêche que je ne me sens pas capable, moi, de faire ce que vous faites. Je manque certainement d’un certain « intellectualisme ».
Pourtant, j’adore la discussion, lorsqu’elle est possible, et vous êtes quelqu’un de précieux dans ce sens car vous faites toujours tout pour la rendre possible. Et c’est loin d’être facile car vous avez à faire à des personnes qui vont loin!
Bien à vous,
Brigitte
Merci Brigitte, et de plus vous êtes le 2000e commentaire de ce blog depuis sa création !
Ah. J’en suis flattée!
Dois-je y voir un signe ? ^-^
Le 3 juillet à 18h44, vous avez écrit à propos de votre blog, Alain:
« de ce creuset multiforme de l’intelligence humaine en recherche, peut jaillir parfois la vraie Lumière, en dehors de tous les sentiers battus ».
Ca m’a fait réfléchir et revenir à notre propos, celui des EMC.
Cette « recherche » permettant de faire » jaillir la Lumière », elle me renvoie en effet à cette « dimension ascensionnelle » dont vous parlez à la fin de votre entrée.
Vous proposez donc deux voies d’ascension vers la « Lumière », d’un côté l’échange verbal à visée ascensionnelle, d’un autre les EMC, et jusque là je suis entièrement d’accord.
Votre approche des EMC en revanche, ne me satisfait pas bien.
Pourquoi?
Vous y parlez surtout de techniques permettant d’accéder à la Lumière, dans une optique qui me semble renvoyer à notre société de consommation, comme dans un marché des techniques permettant de retrouver la « Pleine conscience », c’est-à-dire cette Lumière transcendante que chacun porte en soi.
Attention! Je crois comme vous que notre conscience recèle bien un trésor de Lumière intérieure à découvrir!
Mais pourquoi trop techniciser le chemin, en semblant oublier que la Vie spirituelle est aussi surprise, abandon à ce qui n’est pas moi?
Heureusement je crois, les deux premiers commentaires, ceux de Josette, font écho à cette réalité d’EMC surprise, comme ont été surprise ces multiples expériences collectées par le docteur Moody.
Le mot « mystique » utilisé ici et là dans cette entrée, me semble confus justement parce qu’il ne distingue pas, d’un côté le mysticisme de la volonté par ascèse, et d’autre part lesEMC survenant à l’improviste, comme chez Josette ou chez le docteur Moody.
Pour moi, depuis l’enfance, je me passionne pour tous les témoignages d’EMC surprises, et, j’ai vite remarqué que ma religion catholique n’aimait pas ça, sauf quand ça confirmait son enseignement.
En clair « toi, Dieu’, prière de la boucler si tu veux nous contredire ». Ca me rappelle l’histoire du Grand Inquisiteur chez Dosto.
Et pourtant, de Jeanne d’Arc à Mahomet, à Bernadette de Lourdes, aux prophètes bibliques , à la shintoïste Nao Deguchi , -et ce ne sont que quelques exemples- , combien de gens auraient pu dire comme Amos:
« voilà, j’étais laboureur, et maintenant pourquoi viens-tu me faire entendre ta voix et m’envoyer parler à mon Peuple? »
Ce phénomène mériteraiet une étude dans le genre Moody;
seulement les religions censurent, les gens concernés ont souvent eu peur de parler, la philosohie dissertant sur Dieu ne se sent pas concernée par l’hypothèse qu’Il puisse parler,
et la psy, qui a, bien entendu, le droit de considérer tous ces témoins comme des illuminés, ne s’est pas encore bien intéressée au problème.
Que de questions pourtant derrière tout ça!
Je ne peux pas négliger cette autre voie d’ascension vers la Lumière.
Je suis d’accord François avec ce que vous dites, avec cette distinction très importante entre les EMC que j’appelle sous contrôle et les EMC spontanés ou surprises comme vous dites. Comme vous je privilégie les EMC spontanés, surtout quand ils appartiennent au niveau transpersonnel ou spirituel. Je pense même qu’à l’origine de toute religion se trouve des EMC spontanés vécus et transcrits par des hommes d’exception (Moïse, Jésus, Bouddha, etc…) et ensuite ces EMDC perdent leur force pour devenir un système de croyances ou des dogmes que l’on répète machinalement.
Par contre pour les EMC du niveau prépersonnel, s’adressant aux puissances de notre inconscient, il vaut mieux que les EMC soient induits par des techniques sous contrôle d’un thérapeute, c’est plus prudent. Beaucoup d’EMC spontanés sous substances hallucinogènes,par exemple, font des dégats parce qu’ils ne sont pas accompagnés.
le 9 juillet à 22h32 vous m’avez destiné, Alain, une réponse que j’ai trouvée fort intéressante, et qui me pousse à rebondir sur deux questions.
Avant de les poser, j’ai tenu à relire attentivement votre entrée, dont j’ai à nouveau apprécié la précision concernant l’historique des dernières décennies.
La première de mes deux question, la voici :
Je pars de vos termes :
« Comme vous je privilégie les EMC spontanés, surtout quand ils appartiennent au niveau transpersonnel et spirituel. Je pense même qu’à l’origine de toute religion se trouvent des EMC spontanés vécus et transcrits par des hommes d’exception (Moïse, Jésus, Bouddha etc…) et qu’ensuite ces EMC perdent leur force pour devenir un système de croyance ou des dogmes que l’on répète machinalement. »
C’est exactement ce que je pense, et ma question est la suivante :
Si ce sujet vous paraît important, comment se fait-il qu’à part quelques esquisses orientales et quelques systématisations genre Ken Wilber, ni votre blog ni votre site ne se réfèrent à la masse des témoignages, notamment occidentaux, permettant de s’orienter dans cette problématique?
Par exemple le seul livre d’Isaïe serait d’un intérêt inouï pour ce genre d’étude.
Quant à ma deuxième question, elle rejoint celle de Serge Blanchard 24 juin à 11h57.
Il s’agit de définir les mots.
Et là deux sous questions :
qu’est-ce qu’un EMC « spontané »?
Peut-on comme vous parler « d’EMC spontanés sous substance hallucinogène »?
A mes yeux s’il y a prise de drogue, il ne s’agit pas d’EMC spontané, mais d’effet recherché.
Seconde sous-question:
où situer la limite entre EMC et état de conscience normal?
Pour vous, l’exemple type de l’EMC intéressant, c’est la « pleine conscience », terme dont Maarten discute le sens le 27 juin à 7h49.
Mais quand ma conscience est vide de mots et que j’éprouve simplement la joie d’exister,
je ne vois pas très bien en quoi cet état se distingue ou ne se distingue pas de ce que vous appelez « pleine conscience » ou inversement de ce que j’appellerai un état de conscience normal.
Pour approfondir ce point, il me faudrait citer le très poétique et musical passage où dans sa Cinquième Rêverie, Jean jacques Rousseau décrit si bien un état similaire, produit chez lui au départ par le rythme musical des flots.
Ce sera pour plus tard.
Je trouve le perspective comportementaliste intéressant (pas un scoop pour Alain…) :
plutôt que de parler des « états de conscience modifiée », parlons de « réponses modifiées » (dans ce cas-ci, des réponses aux « stimuli » (vibrations, par exemple) qui viennent d’une « ailleurs ».
Je proposerais aussi que la différence entre pré-personnel et transpersonnel n’est pas tellement dans le contenu de ce qui « vient à la conscience », mais dans la façon d’y répondre (pour simplifier : avec bienveillance/ouverture, ou avec jugement, condamnation, avidité).
Qu’en pensez-vous ?
Pourquoi pas, Maarten ! la perspective comportementaliste peut être intéressante en ce qui concerne les EMC, au sens où elle apporte un éclairage complémentaire aux discours dominants de l’intériorité et de la subjectivité, à condition que cet approche ne devienne pas dogmatique, en guerre contre les représentations de l’inconscient prépersonnel et la conscience transpersonnelle.
Tu sais que je n’ai pas trop apprécié cette sorte de hold-up du comportementalisme sur la pleine conscience, au prix d’un appauvrissement de celle-ci en tant que technique antistress ou de bien-être. Mais le côté positif c’est que cela a permis à la méditation de pénétrer dans des champs de la culture occidentale qui lui étaient jusqu’ici hostiles (la psychothérapie, la psychiatrie, l’éducation, le coaching d’entreprise, etc).
Par contre je ne comprends pas ta 2e remarque ; l’expérience des EMC en « pré » ou en « trans » demandent à mon sens autant d’esprit de bienveillance et d’ouverture.
Comme tu sais, probablement, Alain, dans le monde comportementaliste je fais des plaidoyers pour le travail sur le (contre)transfert, les recherches sur le développement précoce, etc.
Ceci pour dire que je suis d’accord qu’il s’agit d’une intégration et que, idealiter, aucune école, ne devrait avoir le monopole sur ce thèmes essentiels de l’existence humaine.
Je peux peut-être te rassurer: cette histoire de la « banalisation » et commercialisation de la pleine conscience est régulièrement discuté (et de façon sérieuse) parmi « les » comportementalistes intègres. Au moins dans la communauté de l’ACT…
Je reviendrai à ta deuxième question plus tard, cela va me prendre un peu plus de temps que je n’aie disponible pour le moment…
Pour répondre à François dans son commentaire précédent, j’ai envie de me défendre en lui disant que dans ce blog, en cherchant bien, il y a pas mal d’exemples d’EMC, ne serait-ce que par la place laissée à la poésie, car pour moi l’expérience poétique et sa transcription en mots est un exemple privilégié d’EMC en son désir de partage.
Par contre, il est vrai que ce blog est assez pauvre en ce qui concerne les expériences religieuses des mystiques occidentaux transcrits dans les textes bibliques, au sens où ma culture en ce domaine est très pauvre, puisque je ne m’intéresse vraiment qu’à la spiritualité venant d’Orient, mais je ne suis pas réfractaire à des témoignages de ce champ culturel, à condition qu’ils ne deviennent pas du prosélytisme;
Pour la deuxième question, il me semble que l’EMC spontané est une expérience dont le caractère inattendu vous submerge et qu’il n’y a aucun moyen de contrôle ou de soutien d’une personne extérieure participant de l’expérience. Ainsi les EMC sous hallucinogènes sont dans ce sens les plus redoutables, car leur contenu est le plus souvent totalement imprévisible, et cela se vit avec une telle force hallucinatoire, que la personne si elle n’est pas soutenue et accompagnée par une autre personne qui est déjà passée par là, peut se trouver en difficulté, c’est à dire dans l’angoisse de ne pas pouvoir revenir à un état de conscience ordinaire ou de partager ce qu’elle vit ou ce qu’elle a vécu. C’est la même chose pour ce qui est des EMI ou NDE : elles sont totalement spontanées, c’est à dire inattendues et imprévisibles, et il faut pouvoir ensuite les partager et trouver une écoute bienveillante, c’est à dire plutôt qu’un contrôle, un accompagnement.
Il y a aussi beaucoup de techniques pour provoquer des EMC, par exemple les techniques d’hypnose ou de méditation, c’est ce que j’appelle les EMC sous contrôle qui nécessitent une sorte d’apprentissage avec accompagnement d’un thérapeute ou d’un instructeur ; mais ces EMC sont d’autant plus fortes qu’elles sorte du champ de référence culturelle de l’expérimentateur, d’où là encore la nécessité du partage ou de l’interprétation;
Merci, Alain de cette réponse, et de votre simplicité à avouer votre « très pauvre » culture biblique.
D’un façon plus générale, ce qui me met souvent en porte à faux dans ce blog, c’est bien la différence de nos références culturelles.
Ainsi, dans l’onglet de votre site intitulé « l’esprit intégratif » où vous accumulez des listes de noms, vous ne citez aucun penseur ni artiste occidental sur les vingt-tois siècles séparant Héraclite de Nietzsche!
De mon côté, beaucoup des penseurs contemporains que vous citez, je ne les connais que très superficiellement ou même pas du tout.
Dans la démarche intégrative qui nous est commune, il va de soi que notre échange est un moyen pour vous comme pour moi de se familiariser un peu avec la langue de l’autre, langues d’ailleurs communes à bien d’autres sur cette planète!
C’est en ce sens que j’ai cité Isaïe, parce que dans le fourre-tout qu’est la Bible, c’est lui qui représente le mieux un type bien particulier de témoignage d’EMC :
comme plus tard Muhamad, Michel Potay, ou au Japon la veuve Nao Deguchi, Isaïe affirme, récit des circonstances à l’appui, rapporter des propos précis entendus d’en Haut et attribués à la Divinité.
Comparer de tels témoignages sans a priori suppose une démarche « intégrative », voire empathique, admettant que ces textes puissent décrire des EMC réels avec sincérité, à l’inverse de toute appropriation intégriste.
On constate alors, chez ces quatre « prophètes » (et d’autres), étrangers l’un à l’autre, d’étonnantes convergences de fond dans les propos « reçus », et aussi des différences culturelles s’opposant à tout intégrisme.
Vous qui préférez l’Orient, peut-être pourriez vous un jour regarder du côté d’Oomoto, mouvement japonais né avec l’expérience de la shintoïste Nao Deguchi.
Merci aussi pour vos précisions sur les rapports entre spontanéité des EMC et techniques de méditation.
Et pour en revenir à nos sources culturelles, je trouve pour ma part qu’entre Héraclite et Nietsche, notre culture occidentale nous a laissé des tas de précurseurs
intéressants de l’esprit intégratif et des EMC, surtout si l’on range comme vous la poésie parmi les EMC!
J’ai parlé par exemple de la très poétique rêverie au bord du lac chez Jean-Jacques Rousseau.
Les dix lignes concernées, ce sera pour un autre jour.
Une autre fois aussi nous parlerons d’autres écrivains et artistes en qui je vois des préintégratifs de génie.
J’attends avec impatience, François, les dix lignes de J.J. Rousseau, comme illustration d’un EMC.
EMC , Rousseau, 5ème Rêverie:
« Quand le soir approchait, je descendais des cimes de l’île et j’allais volontiers m’asseoir au bord du lac, sur la grève, dans quelque asile caché; là le bruit des vagues et l’agitation de l’eau, fixant mes sens et chassant de mon âme toute autre agitation, la plongeaient dans une rêverie délicieuse où la nuit me surprenait souvent sans que je m’en fusse aperçu. Le flux et reflux de cette eau, son bruit continu, mais renflé par intervalles, frappant sans relâche mes oreilles et mes yeux, suppléait aux mouvements internes que la rêverie éteignait en moi, et suffisaient pour me faire sentir avec plaisir mon existence, sans prender la peine de penser. De temps à autre naisssait quelque faible et courte réflexion sur l’instabilité des choses de ce monde dont la surface des eaux m’offrait l’image; mais bientôt ces impressions légères s’effaçaient dans l’uniformité du mouvement continu qui me berçait, et qui, sans aucun concours actif de mon âme, ne laissait pas de m’attacher au point qu’appelé par l’heure et par le signal convenu, je ne pouvais m’arracher de là sans efforts…
De quoi jouit-on dans une pareille situation? de rien d’extérieur à soi sinon de sa propre existence. (…) »
Si vous le souhaitez, Alain, j’ajouterai à mon retour de vacances les lignes suivantes, où Rousseau explique l’intérêt de cette expérience, mais ça doit se trouver aisément par google (le monstre!).
Merci François, c’est tout à fait ça l’expérience d’un EMC, d’ailleurs le fait de marcher le long d’un rivage en écoutant le bruit des vagues, est une induction classique pour produire un état de transe hypnotique à la Milton Erickson. Comme quoi Rousseau était un grand précurseur de ce genre d’état, avec tous les Romantiques d’ailleurs, le courant culturel de loin le plus intéressant du 19e siècle.
Merci Alain de votre confirmation.
j’avais bien l’intuition de fortes ressemblances entre ce que vous dites de l’EMC et ce texte.
Un correctif cependant :
d’après ce texte, Rousseau ne marche pas, mais reste assis:
« j’allais volontiers m’asseoir sur la grève, dans quelque asile caché. Là le bruit des vagues… ».
Pour les EMC, les techniques d’induction sont diverses, et ici l’immobilité qui le « berçait » me semble évoquer l’état foetal, probabale source inconsciente, chez Rousseau d’une attirance pour les lacs que, dans ses Confessions, il reconnaît lui-même, l’attribuant à divers souvenirs et « peut-être quelque cause plus secrète enore ».
Désolé pour ce retard, j’avais d’autres priorités, ces derniers temps.
Mais je veux quand-même essayer de mieux répondre à ta question, Alain.
Je commence par donner le contexte:
Maarten (ancien) : Je proposerais aussi que la différence entre pré-personnel et transpersonnel n’est pas tellement dans le contenu de ce qui « vient à la conscience », mais dans la façon d’y répondre (pour simplifier : avec bienveillance/ouverture, ou avec jugement, condamnation, avidité).
Qu’en pensez-vous ?
Alain : Par contre je ne comprends pas ta 2e remarque ; l’expérience des EMC en “pré” ou en “trans” demandent à mon sens autant d’esprit de bienveillance et d’ouverture.
Maarten (nouveau) : je comprends que tu ne comprends pas, Alain, entre autre (mais peut-être pas seulement) parce que je ne me suis pas bien exprimé.
Je vais commencer par un exemple concret : si l’on accueille, avec ouverture et bienveillance, une expérience de haine primitive, sans se perdre dans les histoires et pensées y associées, tôt ou tard cette expérience se transforme en une expérience de force ou puissance que l’on peut (avec Almaas) appeler « essentielle ».
Une même chose avec une expérience de vide dite « déficiente », un sentiment de manque profond et souvent douloureux ou autrement aversif, et qui est très probablement lié à des expériences d’abandon précoce et « pré-personnel » : si (et c’est un grand « si ») l’on l’accueille avec ouverture et bienveillance, et l’on peut renoncer à l’étiquetage (« labeling », interprétation, etc), on ne s’accroche plus aux concepts, cette expérience se transforme dans une expérience qui pourrait être décrit, pour essayer des mots quand-même, comme : « vide et plénitude à la fois ».
Donc, des expériences qui, selon le classification de Wilber devraient être « labelisées » comme pré-personnel, peuvent évoluer en des expériences profondément transpersonnel…
Est-ce que cela explique un peu mieux ce que je veux dire ?
je suis d’accord avec cela Maarten, les expériences de régression prépersonnelles, quand elles sont bien accompagnées peuvent effectivement se transformer en expériences fondatrices transpersonnelles, comme tu le décris très bien.
Cela souligne à mon sens l’importance d’un bon accompagnateur pour les EMC prépersonnels ; c’est lui qui induit l’accueil, l’ouverture, la bienveillance.
Les EMC prépersonnels par exemple sous drogues peuvent être dangereuses, par ce qu’il n »y a pas le plus souvent, cette qualité d’accueil.
On est bien d’accord sur la nécessité d’un accompagnement adéquate, Alain.
Et tu es sûrement d’accord que la même chose est vrai pour les EMCs que tu qualifierais comme « transpersonnel ». Car elles aussi peuvent être bigrement déstabilsants, soit dans le moment-même, soit après, comme tu l’as mentionné en relation des expériences de mort imminente.
Qui plus est: « une MCE peut en cacher une autre », c’est à dire qu’une ouverture dite « transpersonnelle » pour faire remonter des expériences refoulées dites pre-personnelles…
Tout cela pose pour moi la question de la pertinence clinique de cette « distinction pré-trans »…
Ceci d’autant plus quand l’attitude de l’accompagnateur doit être le même qu’il s’agit d’une expérience dite « pré » ou « trans »…
Etant donné (?) tout cela, qu’est est pour toi, Alain, la pertinence (dans la pratique, pas sur le plan philosophique) de cette distinction?
Pour moi, dans ma pratique thérapeutique, cette distinction reste pertinente, très pertinente même.
Comme son nom l’indique, l’espace intérieur prépersonnel est en relation avec la personne, il s’agit de tous ses déterminismes pour la plupart inconscients qui donnent forme à sa personnalité actuelle. Il s’agit donc d’une intention de proposer des voyages en EMC à la personne, pour qu’elle prenne conscience de ces déterminismes afin de les guérir.
L’intention d’un voyage intérieur en transpersonnel est tout autre : il s’agit de proposer la possibilité à la personne d’explorer des espaces qui excèdent totalement les limites d’elle-même : par exemples voyages chamaniques en EMC pour explorer des archétypes, ou tout simplement l’expérience de l’aspect illimité de la pleine conscience ou conscience pure ; il s’agit là au contraire de se défaire de sa personne, de l’oublier momentanément.
Les techniques, les moyens d’induction pour voyager sont aussi différents : dans le premier cas il s’agit des nombreuses techniques de régression dans l’inconscient prépersonnel, de l’autre ce sont les techniques transpersonnelles.
Par contre tu as raison quand tu dis que cette distinction n’est pas étanche et qu’il peut y avoir des expériences prépersonnelles qui deviennent transpersonnelles, en particulier des régressions intra-utérines, oo l’inverse des expériences transpersonnelles qui débouchent sur de grandes angoisses de dissolution ou d’abandon.
Tu as raison aussi d’insister sur le fait que l’attitude de l’accompagnateur ou du thérapeute est primordiale faite d’ouverture et d’accueil inconditionnels et c’est la même pour le pré et le trans.
Merci Alain
Tu t’en doutes, les différences entre nous concernant l’utilité de cette distinction « pré-trans » me semblent liées au fait que notre approche thérapeutique et sa théorisation sont bien différentes.
On en parlera peut-être un peu plus à une autre occasion ?
Pour clore ces échanges-ci, une question encore :
Est-ce que les techniques utilisées (par exemple : de régression genre rebirth, ou de « progression » (par exemple certaines pratiques chamaniques, des techniques contemplatives, etc.) en soi déterminent de façon significative si la personne entre une « espace » dite « prépersonnelle » ou plutôt une espace « transpersonnelle » ? Je peux me tromper en cela, mais suite à ton dernier message mon impression est que pour toi la réponse semble largement « oui ». De mon côté, j’ai des graves doutes là-dessus. Et je me demande, lié à cela, jusqu’à où des classifications genre « pré » et « trans » servent surtout un besoin du thérapeute de «moins d’incertitude » ? Et si cela serait le cas, on pourrait se demander : jusqu’à où ce besoin ressenti par le thérapeute pourrait-il entraver l’évolution du client ?
Mais sur le fond je suis heureux (et pas tellement surpris) que, comme tu mentionnes à la fin de ton message, que sur ce qui importe le plus, nous sommes en phase.
Dans l’espoir que cela clarifie un peu plus le pourquoi de ces dernières questions:
Alain, je te pose cette question des effets présumes des techniques faites pour « stimuler et accompagner des MCE’s prépersonnels ou transpersonnelles », car il me semble que la distinction pré-trans est importante pour toi dans ton choix de techniques.
Tandis que pour toi aussi l’attitude du thérapeute souhaitée est plutôt identique dans les cas « pré » et « trans », donc à ce niveau-là cette distinction pré-trans ne me semble pas importante, ni pour moi ni pour toi…
Pour répondre à ta question Maarten, j’ai envie de dire que cette attitude d’ouverture et d’accueil du thérapeute est valable tout du long de la thérapie, elle va bien au delà des expériences proposées en EMC, elle pour ainsi dire inconditionnelle.
Par contre j’ai envie aussi de dire que l’intention du thérapeute varie en fonction des expériences qu’il propose suivant des techniques différentes. Il y a une intention d’approfondir quelque chose en prépersonnel en relation avec l’histoire de la personne, qui est différente d’une intention de travailler en transpersonnel.
Mais il est vrai que l’on ne sait jamais ce que cela va donner et une intention d’aller en prépersonnel peut se transformer en « trans » et vice versa.
Par contre je crois qu’il est important que le thérapeute connaisse bien, de manière expérientielle sur lui-même, cette distinction « pré / trans »,pour pouvoir rapidement évoluer les résultats.
Plus généralement il est important que le thérapeute aie une bonne connaissance de l’être humain en ses différentes dimensions et états de conscience, de même qu’une sorte de hiérarchisation de ces dimensions. En cela le système de classification de Ken Wilber peut être une aide, mais ce n’est pas le seul système, bien sûr ; chacun choisit l’efficience qui lui convient le mieux.
Bonjour Alain et à tous,
j’aimerais vous faire part d’une EMC particulière qui est arivée dans le cadre de mon travail et que l’on nomme « burn out ».Ceci arrive généralement dans les professions qui font face à un surcroit de stress et de fatigue.Il peut s’agir de chirurgiens comme des membres du personnel de l’aviation (ce qui fut mon cas)Il n’y a pas de d’énormes différences dans le vécu, mis à part qu’au lieu d’expériences transpersonnelles, l’on utilise des termes plus psychiatrisant comme délires où dépersonnalisation.Mais le champ d’expérience est semble-t-il le même dans le sens où la personne se voit naturellement propulsée dans une autre dimension.En ce qui me concerne, cela prit une forme totalement mystique, comme il m’est arrivé de les retrouver dans certaines NDE, par exemple le sentiment de fusion avec le tout, le fait de « tout comprendre », de se sentir « la science infuse » comme je l’ai entendu dire d’un témoin de Stéphane Allix.Cette expérience se termina dans un hôpital où l’on me fit « redescendre » si je puis dire, mais au gré des différents dialogues que je put avoir avec les psychiatres,
un seul me posa la question à laquelle je pouvais véritablement répondre: il me demanda : »Avez vous le sentiment d’avoir parlé avec Dieu? »Je répondis: »oui, c’est cela ! c’est exactement cela. Voilà Alain le descriptif de cette expérience restée encore dans le domaine de « l’inclassable »..
SENS ET ETATS DE CONSCIENCE MODIFIES
L’approche philosophique et anthropologique conduit au –delà de toutes les nombreuses définitions qui ont pu être données de l’ humanité de l’homme à poser que l’homme est un vivant qui s’interroge sur lui-même c’est-à-dire qui pose la question du sens qu’on ne cofondera pas avec celle de la signification davantage réservée à la dénotation ,à l’identification et à la communication
La question du sens est liée à la capacité d’une conscience qui, étant toujours conscience de quelque chose, peut elle-même se prendre pour objet sans pour autant pouvoir l’isoler comme pure conscience. Cette conscience de la conscience instaure ou nécessite un jeu comme deux pièces font jeu l’une sur l’autre ou l’une avec l’autre. C’est dans cet interstice que se glisse et émerge la question du sens de la vie et la forme qu’il est possible de lui donner. C’est pour cela que la vie est appréhendée comme existence c’est-à-dire étymologiquement comme capacité à sortir de soi, à se tenir devant soi, hors de soi, à distance de soi ; comme pro-jet disait J-P Sartre et peut être même comme projectile…
D’autre part cette question du sens a pu se déployer grâce au développement de la faculté de parler et de construire des langues complexes qui ont pu faire surgir à côté des images de l’homme comme subjectivité et celles des choses comme objets ce monde intermédiaire qui réunit, les symboles, la vérité, la liberté, la justice, etc. ,monde qui lui aussi existe d’une certaine manière.
Enfin cette question du sens n’aurait pu s’amplifier si la capacité à transmettre n’était pas venu compléter la reproduction génétique propre à chaque espèce en lui adjoignant la capacité généalogique c’est à dire la capacité à mémoriser et à transmettre des expériences individuelles et collectives faisant entrer l’homme dans le monde de l’histoire ; ce mot pouvant alors trouver sa place dans le monde intermédiaire cité au paragraphe précédent.
Peut-être comprenons-nous mieux à présent les motifs ou les conditions qui poussent l’homme à chercher à se transformer et à se modifier ; ce qui peut aussi s’entendre comme perfectionnement. Tout comme nous comprenons comment les mythes ,les religions, les arts, les technologies entendues comme fabrication d’outils ou de supports mémoriels ont pu se développer plus ou moins sous les différentes civilisations pour répondre à ce désir de perfectionnement en prenant la forme de la sagesse ou du salut ou de la rédemption ou du progrès, tout au moins en ce qui concerne le monde occidental et qui a conduit aujourd’hui à celle du développement et du perfectionnement personnel qui prend appui sur les états de conscience modifiés. Ces états ne sont pas une découverte récente. Ils accompagnent l’homme depuis le début en ayant recours aux substances hallucinogènes ou à la danse ou à différentes pratiques sur soi individuelles ou collectives : cf. les bacchanales de Dionysos ou les pratiques chamaniques.
Aujourd’hui deux courants contemporains prennent le relai et s’inscrivent dans ce mouvement historique de perfectionnement :
-celui qui repose sur l’idée que nous n’utilisons qu’une faible partie des capacités de notre cerveau ,entre 10 et 30% et qu’il est donc possible et nécessaire d’en accroitre les performances par différents exercices, comme les mystiques orientaux et occidentaux les pratiquaient, jusqu’à une entière maitrise de soi et du monde grâce à la puissance de l’esprit .Le dernier film de Luc Besson « Lucy » avec Scarlett Johannsen ,aussi envoutante que dans « Under the skin » illustre cette tendance.
-celui des Trans humanistes qui pensent que grâce aux sciences neuro-techno- biologiques nous allons approcher le surhomme ou plutôt selon leurs propos le transhomme et vaincre la mortalité. Les superhéros des blockbusters de la firme Marvel peuvent s’inscrire dans ce courant-là : cf. les succès des Avengers ou du dernier Superman.
Un troisième courant continue son chemin, celui qui s’enracine dans les capacités de mise en transe ou de pratiques hypnotiques (lesquelles n’ont pas grand-chose à voir avec les cures psychanalytiques), capacités à produire ces états modifiés de conscience qui remontent à l’aube de l’humanisation de l’animal. Mais cette fois ci l’esprit comme la volonté ou la maîtrise de soi ne jouent aucun rôle bien au contraire ;il s’agit de rendre au corps sa dynamique et sa puissance, libéré de l’emprise intellectuelle et conceptuelle pour lui permettre de résoudre lui ses problèmes ( qui bien sûr ne se posent pas en tant que problème à résoudre) grâce à une vigilance qui ne doit rien au langage mais tout aux sens et à l’imagination qui ensemble provoquent une explosion de sens et de nouveaux rapports à la vie.
Cependant ,d’une façon générale dans les EMC restent en abondance des résidus d’une métaphysique quand l’idée de pleine conscience ne parvient pas à s’exonérer des entités classiques de tout, de totalité ,d’absolu, de Soi ou quand l’immortalité redevient un but ,rétablissant ainsi les droits de la cause finale ou quand la spiritualité se passe du corps rappelant ainsi les approches gnostiques ou quand est réhabilité le couple être-néant comme modalité d’une conscience chargée de porter et dire la vérité ou quand le sujet devient en tant que microcosme l’image du macrocosme. Ce sont peut-être là les dernières façons de lutter contre le nihilisme contemporain.
Ces courants de pensée s’enracinent dans cette exigence de sens. Mais à présent faute d’en trouver un ou d’en accepter un, nous assistons à une fuite en avant qui sous un optimisme affiché témoigne en fait du désespoir immense d’un narcisse prisonnier de sa névrose hypocondriaque de la peur de mourir ou d’une vieillesse dépendante ; narcisse victime de l’hallucination d’une fausse conscience qui désire paradoxalement être libérée du désir pour rejoindre l’ataraxie ; ne plus exister mais simplement vivre.
merci Alain, c’est un beau texte qui pose des questions philosophiques d’importance.
Tu dis : « d’une façon générale dans les EMC restent en abondance des résidus d’une métaphysique… », c’est peut-être sur ce paragraphe qu’il faut préciser les choses.
En fait, pour moi les EMC n’appartiennent pas à la métaphysique au sens classique du terme, comme une partie important de la philosophie occidentale. Les EMC sont des expériences qui projettent dans des états au delà de la conscience conventionnelle philosophique capable de raisonner et de mettre des mots sur l’expérience. C’est une dimension hors raison, hors langage coutumier, hors de tout repère de la conscience habituelle. Le problème des personnes qui ont des EMC, c’est d’ailleurs de pouvoir les communiquer aux autres, en particulier par le langage. Beaucoup d’EMC transforme le vie de leur expérimentateurs de fond en comble, avec l’angoisse de ne pouvoir partager cette expérience.
Pour comprendre les EMC, il faut donc faire effort pour changer de paradigme, accepter d’accepter une dimension de l’homme qui n’a pas besoin des mots, du langage, de la raison, de la pensée, ni du corps d’ailleurs, mais dans une moindre mesure – surtout pour les EMC prépersonnels. Il y a un côté impensable des EMC qui donne à l’être humain cette dimension supplémentaire de l’inconcevable, de l’inouï, du vide sidéral dans lequel finalement il nous faut bien avouer que nous n’y comprenons pas grand chose.
Peut-être parfois seule une certaine Poésie peut rendre compte des bribes de cette dimension, mais c’est pour cela qu’on a appelé Héraclite, l’Obscur…